Chapitre 4 : Les filles du Démon et le nouveau roi
Bella
Entre pierres et plantes, le château de Créatine s'élevait au-dessus de la capitale de l'Empire. Les murs étaient un complexe entrelacement de pierres et de plantes, le bâtiment entier semblait être partagé entre les lois de la nature et les lois de l’Homme. Le château était prisonnier de cette lutte incessante entre l'Homme et Dame nature tout en approchant cette note parfaite de l'équilibre entre l'humanité et la nature. Le cloitre, couvert de roses jaunes symboles de l'inconstance, jouait avec la lumière du soleil. Pourtant cette chaleur dégagée n'arrivait pas à calmer la tempête qui faisait rage dans ma tête. Je n’étais plus sur Terre mais dans un autre monde et ma mère venait de m'annoncer comme si de rien n'était que je n'étais pas humaine. J’avais l’impression que j’allais exploser.
-Églantine, intervint Érable, je ne pense que c’était vraiment la meilleure manière de lui annoncer ça. J’imagine que ta fille doit être un peu sous le choc. Il faudrait mieux y aller doucement tu ne penses pas ?
Ma mère toujours souriante hocha la tête et dit :
-Bella je suis vraiment désolée mais les événements se sont enchainés trop vite pour que je puisse les contrôler et d’une certaine façon je dois payer pour ce que j’ai fait.
Le visage de ma mère s’assombrit, pendant quelques seconde son air triste ressemblait étrangement à celui du sosie de mon frère. Je frémis en pensant à Fakelolo. J’ignorai ce que ma mère avait pu faire dans le passé mais je sentais ma confiance envers elle s’émietter tout à petit. Ma mère me demanda de la suivre. Je la suivis avec mon oncle à travers un long couloir où le ciment tenant les pierres semblait avoir été remplacé par de longues et sinueuses racines.
-Est-ce que tout le bâtiment est envahi par la végétation ? Demandais-je curieuse.
-Il y a longtemps lors de la construction du château, fit Érable, les ouvriers firent une grave erreur en abattant un arbre millénaire pour en faire le trône du Créateur. Hors le siège devint fou et commença à répandre à travers tout le château une végétation très dense. Le château menaçait de s’écrouler. Le Créateur alors passa un pacte avec le trône dans lequel aucun habitant de l’empire ne couperait un arbre millénaire et que la végétation qui avait envahi les bâtiments devait être entretenue. En échange l’arbre promit d’aider l’empire et de soutenir le château de Créatine grâce à ses plantes.
-C’est une belle histoire, acheva ma mère, une histoire qui nous rappelle que la nature est toujours la plus puissante.
Nous arrivâmes devant une grande porte dorée dont la poignée était une pomme de pin argentée. Ma mère ouvrit la porte et nous entrâmes. La pièce dans laquelle nous pénétrâmes était immense, des centaines d’étagères remplies de parchemins s’étalaient en formant des centaines d’allées immenses. D’immenses tables longeaient le long des couloirs de parchemins. Je levai la tête et découvris que le plafond était une grande voute tenue par deux pins sylvestres. Toutes ces plantes me donnaient faim. J’en avais marre de vouloir manger tout le temps.
-Voici les archives de l’Empire de Daeheart, fit mon oncle, c’est ici que sont gardés les plus vieux documents de ce monde.
J’observais la pièce quand mon regard s’attarda sur l’une des grandes tables. Quelqu’un y était avachit surement en train de dormir. Ma mère me fit signe de la suivre et nous nous approchâmes de l’individu en question. De plus près je vis qu’il s’agissait surement d’une femme qui portait une longue robe grise. Tout ce que je pouvais distinguer, c’était une impressionnante masse de cheveux dorés avec d’étranges mèches grises.
-Acédia, dit ma mère, nous avons besoin du livre des légendes des Daehearts.
La dénommée Acédia ne bougea pas d’un poil. Nous restâmes une minute silencieux.
-Dommage, lâcha ma mère, je pensais au moins que tu voudrais rencontrer ma fille, Bella.
Je vis l’un des doigts d’Acédia frémir. Elle releva sa tête. Alors que je pensais que j’avais affaire avec une vieille femme, je découvris une fille qui ne devait pas être bien plus âgée que moi. Son œil droit était caché par ses cheveux doré parsemé de filaments argent. Elle me fixa avec son seul œil doré visible qui me faisait penser à celui d’un chat.
-Bella je te présente Acédia Belphégor, dit ma mère, Acédia je te présente ma fille Bella.
Acédia à ces mots s’avachit de nouveau sur la table. A croire que cette fille passait son temps à dormir. Elle leva subitement son bras droit et montra du doigt une étagère. Acédia reposa son bras sur la table mollement. Ma mère la remercia et se dirigea vers l’étagère en question. Elle revint avec entre ses bras un épais livre avec une couverture de cuir rouge. Ma mère posa le livre sur la table près d’Acédia et déclara :
-Ce livre retrace toute l’histoire des Daehearts depuis la nuit des temps ma chérie. Ouvre-le, le livre te mènera directement à ce que tu dois savoir.
Elle me tendit le livre. Hésitante je l’attrapai et l’ouvrit au hasard. Je me penchai pour lire mais…
-Maman…, dis-je en soupirant, je ne connais pas cet alphabet.
Une longue et dense écriture couleur or s’étalaient sur les pages. Cet alphabet étranger me rappelait vaguement le cyrillique ou l’hébreu.
-Ah ! Suis-je bête, me répondit ma très chère mère, j’ai complètement oublié que le livre contient un alphabet complètement différent. Vois-tu cet alphabet fut créer par le Créateur lui-même. Très peu de gens même dans cet Empire son capable de le lire.
Elle ne pouvait pas y penser avant ? La stupidité de ma mère était parfois terrifiante.
-Et c’est qui ce fameux Créateur ? Demandais-je curieuse d’entendre ce nom sans savoir de qui il s’agissait.
-Justement ce livre était censé te l’enseigner, rétorqua ma mère, mais tu ne peux pas le déchiffrer. Acédia ?
L’interpellée ne bougea pas d’un poil. Je jetai encore un coup d’œil au fameux livre en tournant les pages, il n’y avait même pas d’images.
-Acédia je t’en prie, supplia ma mère, c’est ton travail de trouver une solution.
-Pourquoi tu ne me lis pas maman ? Demandais-je.
Érable intervint à son tour :
-Le livre ne dévoile que les pages dont tu as besoin. Si ta mère te lisait, les passages qu’elle lirait n’auraient un sens que pour elle. Tu dois effectuer seule la lecture de ce livre.
-Acédia tu dois bien connaitre d’autres documents pouvant dévoiler à Bella ce qu’elle doit savoir, pleurnicha ma mère en mode gamine pourrie gâtée.
La jeune fille aux yeux de chat ne bougeait toujours pas. Bizarrement elle me donnait envie de dormir cette fille.
-Acédia, fit mon oncle, on t’a donné ce travail car il n’est pas trop fatigant. Tu passes tes journées entières à dormir. Alors quand on a besoin de toi tu pourrais un peu te bouger.
J’arrêtai de tourner les pages du livre car Acédia venait enfin de se lever. Elle marcha lentement vers le fond d’une allée pour disparaitre. J’espérais qu’elle n‘était pas allée dormir dans un coin. Je regardai de nouveau l’épais bouquin en courir rouge. Mais pendant quelques secondes je crus avoir déchiffré une phrase. Surprise je me penchai de nouveau sur le livre, mais non, le texte me paraissait toujours aussi mystérieux. Alors pourquoi durant quelques secondes cette phrase s’était-elle imposée à mon esprit :
Les enfants des ténèbres cherchent celle qui leur permettra de détruire le monde. Elle est la clef vers l'obscurité. Cachée depuis sa naissance, elle n'aurait jamais dû exister et c'est sous trois noms qu'elle vivra jusqu'au jour de l'avènement du mal. Alors seul les Trois pourront la mettre en échec.
A mon avis, j’étais totalement en train de délirer. Avec tous ces évènements n’importe qui aurait perdu la boule. Je me demandai comment Loïc aurait réagi à ma place. La seule chose qui me rassurait c’était que mon frère était en sécurité sur Terre loin du psychopathe aux yeux rouges.
Acédia réapparut avec un autre livre dans les mains. Elle posa ce livre sur la table devant moi.
-Ce livre, dit-elle d’une voix très douce, peut être lu par tout le monde quel que soit sa langue ou son niveau intellectuel.
Elle s’assit de nouveau et se remit à dormir sur la table. Je pris le livre, sur la couverture je réussis à lire : L’Histoire des Daehearts pour les petits enfants.
Je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’impression qu’elle se foutait de ma gueule. Je jetai un coup d’œil à mon oncle Érable qui se retenait d’éclater de rire. Ma mère toujours dans ce monde remercia Acédia et déclara ravie que ce livre était parfait pour moi.
Merci maman, ça faisait toujours plaisir !
Rien que la couverture me donner la nausée avec ses dessins niveau école primaire. Ma mère ouvrit le livre et me demanda de commencer la lecture à voix haute. Je commençai à lire :
-Autrefois, il y a plus de quatre mille ans, un démon prit l’apparence d’un humain pour se rendre sur Terre. Mais sa route croisa celle d’un ange qui lui transperça le cœur. Mourant, il rencontra une jeune fille qui tenta de lui porter secours…si c’est un énième remake d’un démon amoureux d’une humaine j’ai déjà vu mieux, dis-je agacée.
Ma mère secoua la tête et me demanda de continuer la lecture sans interruption cette fois-ci.
-Le démon savait que cette jeune fille souffrait d’une grave maladie, continuais-je à lire, elle allait bientôt mourir. Il lui proposa alors un marché. Le démon lui offrait la vie éternelle s’ils s’échangeaient leurs cœurs. La jeune fille qui s’occupait seule depuis la mort de ses parents de ses sept sœurs accepta. Après l’échange de leurs cœurs, le démon disparut. Mais les autres démons ne tolérèrent pas un tel événement. La jeune fille partagée entre son humanité et son cœur de démon développait d’étranges pouvoirs et une inquiétante puissance. Les Sept démons représentants chacun l’un des sept péchés capitaux se mirent à sa poursuite. La jeune fille trouva refuge chez ses sept sœurs et tendit un piège aux démons. Usant de ses nouveaux pouvoirs la jeune femme emprisonna les sept démons et les força à échanger une partie de leur corps avec chacune de ses sept sœurs. La jeune femme voulait voir ses sœur vivre longtemps et heureuses. Les sept démons acceptèrent. Étrangement les démons tombèrent amoureux et épousèrent chacun l’une des sept sœurs. Leurs descendants développèrent de nombreux pouvoirs sous le regard bienveillant de la jeune fille qu’on appelait désormais l’Impératrice. Ainsi naquit la race des Daehearts, mi- démon mi- humain.
Après avoir achevé ma lecture je dis :
-Donc je…enfin nous sommes des Daehearts. Cette histoire s’est déroulée dans ce monde ?
Ma mère répondit que non et que toute cette histoire s’était déroulée sur Terre. Elle tourna de nouveau les pages et me demanda de lire de nouveau.
-Les siècles ont passé, commençais-je à lire, les Daehearts étaient rejetés par les Hommes. L’Impératrice pour sauver son peuple qui se faisait massacrer usa de tous ses pouvoirs pour créer un autre monde. On la nomma ainsi le Créateur. Les Daehearts colonisèrent ce nouveau monde mais à leur suite s’engouffrèrent non seulement des humains mais d’anciennes races oubliées.
Maintenant je comprenais tout, enfin presque, je ne comprenais pas pourquoi j’étais spéciale pour cet Empire.
-Le Créateur est toujours en vie n’est-ce pas ? Demandais-je. Où vit-elle ?
Ce fut mon oncle qui me répondit :
-Elle vit dans les Montagnes à l’ouest de l’Empire dans un lieu qu’on appelle la Tour d’Or. Personne ne la vue depuis longtemps mais c’est une vieille et sage-femme qui médite, prie et protège l’Empire. Elle intervient rarement dans les affaires de l’Etat.
-Et…demandais-je hésitante, pourquoi selon ma mère je suis quelqu’un de spécial ? Est-ce que c’est pour ça qu’on m’a enlevé ?
Ma mère m’ouvrit le livre à une nouvelle page. Je lu:
-Les descendants des sept sœurs de L’Impératrice fondèrent sept familles qui aidaient à diriger le pays. A chaque génération nait sept filles de chaque famille qui a leur naissance portent une marque sur le front.
Je mis ma main sur le front instinctivement car je me rappelais d’avoir vu sur des photos quand j’étais bébé une sorte de cicatrice sur mon front.
-Ses sept filles doivent rester vierges pour recevoir l’organe originel du démon, continuais-je à lire à voix haute, sur leur peau est alors tatoué un symbole où se situe l’organe du démon. Ces sept jeunes filles héritent d’anciens pouvoirs mais elle porte le fardeau des péchés de leurs ancêtres. Chacune d’elle porte l’un des sept péchés capitaux : L’avarice pour la famille de Mammon, l’orgueil pour la famille de Lucifer, la luxure pour la famille d’Asmodée, l’envie pour la famille Léviathan, la paresse pour la famille Belphégor, la gourmandise pour la famille de Belzébuth et la colère pour la famille de Satan. Ces sept femmes élisent l’empereur et dirigent chacune l’un des sept territoires qui constituent L’empire de Daeheart. Mais ensemble elles peuvent réveiller le pouvoir originel que seuls les dieux peuvent arrêter.
A la fin de ma lecture j’avais une étrange boule au fond de la gorge. Je savais que j’étais l’une de ses sept filles.
-Une guerre se prépare Bella, me dit ma mère, les Daehearts ont besoin de toi. Autrefois certains humains ont fait sécession avec l’empire de Daehearts et ont fondé le royaume de Locaria. Depuis des centaines de générations nos deux pays se sont battus. Une haine ancestrale oppose les humains aux Daehearts. Et aujourd’hui le royaume de Locaria va obtenir une arme qui sera capable de détruire notre Empire et même peut-être notre monde.
-Les humains sont nos ennemis, m’exclamais-je surprise, mais alors papa était…
-Ton père était un humain, dit ma mère tristement, c’est pour ça que je suis allée sur Terre. Car un amour entre un humain et une Daehearts est impossible dans ce monde ci. Mais aujourd’hui ce monde a besoin de moi et de ma fille alors je dois à présent assumer mes responsabilités.
-Nous ne sommes pas les ennemis des humains, intervint Érable, mais du royaume de Locaria. De nombreux humains vivent en paix dans notre pays depuis des générations et même depuis la fondation de ce monde.
Acédia leva alors subitement sa tête.
-Je suis, dit-elle d’une voix endormie, l’une de ses sept filles.
-La paresse je présume, m’avançais-je.
Elle acquiesça de la tête. Elle souleva alors la mèche de cheveux qui cachait son œil droit. Sur sa paupière était tatoué un lézard doré.
-Mon ancêtre, fit Acédia, celle qui donna la naissance à la lignée des Belphégor et qui était sœur du Créateur avait échangé son œil droit avec le démon de la paresse. Cet œil que je porte vient de la nuit des temps, c’est l’œil du démon.
-Vous voulez dire que cet œil est âgé de plusieurs milliers d’années ! Criais-je surprise.
Acédia hocha la tête et ajouta :
-Nous les Sept sommes appelées les Filles du démon.
A ces mots Acédia se remit à dormir. Ma mère, mon oncle et moi sortîmes des archives. Tout en marchant ma mère me dit :
-Autrefois moi aussi j’étais l’une des sept filles.
-La gourmandise, dis-je machinalement.
Ma mère me sourit et continua :
-Exactement, tu as deviné. Quand je suis partie sur Terre j’ai dû renoncer à mon statut et j’ai rendu l’organe originel du démon. Seulement aujourd’hui, Locaria nous menace avec une arme terrifiante et le seul moyen de la contrer et de réveiller le pouvoir ancien des Daehearts.
-C’est le pouvoir dont parlait le livre ? Demandais-je.
-Ce pouvoir, fit Érable, est la concentration de tous les pouvoirs de Daehearts morts. Plus le temps passe, plus ce pouvoir devient puissant et dangereux. Pour le réveiller nous devons réunir les Sept Filles du démon. Notre famille, les Belzébuth, depuis le départ de ta mère n’avons plus de représentante. Mais aujourd’hui tu es de retour et l’espoir pour notre Empire renait.
Je ne savais pas pourquoi mais j’avais l’impression que quelque chose clochait.
-Maintenant que je suis arrivée, m’avançais-je, vous allez pouvoir battre le royaume de Locaria n’est-ce pas ?
-Malheureusement non, me répondit mon oncle, il manque une autre fille, celle de la famille de Satan, le péché de la colère. Les membres de la famille de Satan ont toujours été des excités, il y a dix-sept ans ils se sont massacrés les uns les autres. Aujourd’hui il n’existe plus aucun individu de cette famille. Nous recherchons activement des descendants à travers d’autres branches de cette famille mais pour l’instant sans succès.
-Mais pour l’instant nous devons célébrer ton arrivée ma chérie, s’exclama ma mère toute joyeuse, demain tu vas recevoir l’organe originel…
-Attendez deux secondes, l’interrompis-je, déjà premièrement je n’ai jamais dit que j’étais d’accord, deuxièmement c’est quoi cette histoire d’organe originel ? On va me donner genre un vieil estomac âgé de plusieurs milliers d’années !
Ma mère sourit, ça signifiait oui.
-Ne t’inquiète pas mon ange, me répondit-elle, et je suis sûre que si tu lis au fond de ton cœur, tu sais que c’est ton destin.
Non mais je te jure on se croirait dans une mauvaise adaptation de Star Wars ou du Seigneur des Anneaux.
-Je veux bien vous aider, répliquais-je, mais à une seule condition : je veux que Loïc nous rejoigne.
Ma mère me répondit qu’il n’y avait aucun problème est que mon frère viendrait dans ce monde au moment voulut. Mais que je devais être patiente car les chemins entre les deux mondes sont peu nombreux.
Je fus éblouit par le soleil. Nous étions arrivés sur une vaste terrasse. La vue était impressionnante, une grande cité s’étalait à nos pieds. Mon oncle m’apprit qu’il s’agissait ce Créatine la capitale de L’Empire des Daehearts. A l’horizon se dessinait une chaine de montagnes couvertes de neige.
-Tiens elle est réveillée, s’exclama une voix familière, ce n’est pas trop tôt.
Je me retournai et reconnu la fille brune que je surnommais affectueusement poupée Barbie. Je me souvins alors qu’elle m’avait assommé comme elle avait fait avec le lion. Je sentis la fureur m’envahir mais je me retins.
-Je sais que vous n’êtes pas en très bon terme, fit mon oncle, mais je voudrais vous présenter correctement. Bella je te présente Superbia Lucifer, Princesse Superbia voici ma nièce et la fille d’Églantine, Bella.
-Tu es l’une des filles du démon, n’est-ce pas ? Demandais-je.
La jeune fille aux yeux verts répliqua hautaine :
-Je suis l’orgueil, souvient-en car personne ne peut me surpasser. Surtout par toi une demi.
Une demi ? Je ne savais pas de quoi elle parlait mais je savais que dans sa bouche ce mot était une insulte.
-Princesse Superbia, gronda Érable, Bella partage peut-être le sang des Daehearts et des humains mais il n’en reste pas moins qu’elle possède des pouvoirs de Daehearts. De plus elle est sans aucun doute l’un des Sept filles du démon.
Donc comme ça ; être à moitié humaine était une honte ici. Je comprenais mieux leur stupide guerre. Quel que soit ce monde il y avait toujours des gens pour être raciste.
-Avec ses yeux bleus personne ne l’acceptera comme représentante de la famille de Belzébuth ! s’exclama Superbia.
Qu’est-ce qu’elle a contre mes yeux celle-là ?
-T’as un problème avec mon physique ? Lui demandais-je hargneuse.
-Oui, j’en ai un, rétorqua Superbia, seuls les humains ont les yeux bleus, aucun Daehearts ne peut les avoir de cette couleur.
-Non mais je t’emmerde ! Criais-je furibonde. Si c’est comme ça espèce de fasciste à la con tu vas voir de quoi est capable une demi ! Je vais devenir une fille du démon et je serai tellement puissante que tu devras t’agenouiller devant moi !
Je me tournai vers ma mère qui était tout sourire. Mon oncle, lui, était décomposé sur place.
-Maman, fis-je, je veux recevoir cet estomac pourri maintenant !
Je me mettais rarement en colère mais cette Superbia avait poussé le bouchon trop loin. J’étais censée être la gourmandise mais j’étais aussi capable de piquer de bonne crise de colère. Je souris en pensant que ma meilleure amie Stella serait fière de ma voir répondre de cette manière, moi qui n’osais jamais rien répondre. J’avais l’impression que dans ce monde je pouvais être réellement moi. Superbia allait bientôt découvrir qui était la véritable Bella.
*
Les mains sur ses deux poignards respectifs, Laïos attendait. Il était là pour assassiner le nouveau roi de Locaria mais il devait rester sur ses gardes, le roi de Locaria était connu pour sa redoutable magie. Tarn se tenait près de lui immobile, il attendait aussi. Laïos dévisagea ce fameux roi. C’était un adolescent banal avec des cheveux châtains ondulés et des yeux bleus typique des humains. Le roi de Locaria le dévisageait aussi incrédule. Laïos sentit le doute l’envahir, et si cet adolescent pré pubère n’était pas le roi.
-Êtes-vous le roi de Locaria ? demanda-t-il.
Le jeune homme ne répondit rien, il semblait être en état de choc. Laïos pris ce silence pour un aveu.
-Je suis venu vous assassiner roi de Locaria, lâcha Laïos.
Le jeune homme resta interdit. Laïos commençait à s’impatienter devant ce silence. Il n’avait pas envie de tuer un innocent. Sa mission était de tuer le roi de Locaria. Le seigneur Érable lui avait bien fait comprendre qu’il ne devait pas rentrer au pays tant qu’il n‘aurait pas accompli sa mission. Même si pour ça il devait se coltiner Tarn ce gros boulet. Laïos se mit à rêver un bref instant de son château dans les Terres de Léviathan avec sa jolie sœur qui lui préparait un délicieux plat traditionnel de l’Empire des Daehearts. Laïos sortit de sa rêverie et demanda une seconde fois :
-Êtes-vous le roi de Locaria ?
Le jeune homme eut l’air de paniquer. Il demanda mal à l’aise :
-Et…euh…pourquoi voulez-vous me…euh…tuer le roi de Locaria ?
Laïos resta bouche bée, jamais de sa vie de chasseur de prime, il n’aurait pensé qu’on lui poserait cette question.
-Le royaume de Locaria est notre ennemi, répondit Laïos ; et nous devons vous empêcher par tous les moyens d’obtenir l’étoile bleue.
-L’étoile bleue ? C’est quoi ça ? demanda le pseudo roi surpris.
Non cet individu ne pouvait pas être le roi pensa Laïos. Comment le propre roi de Locaria pouvait-il ignorer ce qu’était l’étoile bleue ?
Soudainement l’unique porte de la tour de verre s’ouvrit. Vontz pénétra dans le tour suivit par une horde de soldat.
-Votre Majesté, hurla le général de l’armée de Locaria, des assassins ont pénétré dans le palais.
Laïos jeta un dernier regard à l’adolescent. Donc ce garçon était bien le nouveau roi de Locaria. Le tuer à gage sourit, il sentait qu’il allait bien s’amuser. Il fit un geste à Tarn. Celui-ci ferma les yeux. Quelques secondes plus tard ils avaient tous les deux disparut.
*
Loïc
C’était quoi ce délire ?! Pourquoi des assassins voulaient-ils me tuer ?! Ce n’était pas censé être compris dans le contrat ! Moi je ne veux pas être roi si c’est pour être poursuivit par des assassins !
-Heureusement que Vontz ait pu intervenir, fit Thémis l’excité de la justice, je pense que le Maitre n’aurait pas apprécié que l’Empire des Daehearts tue son nouveau protégé.
-Sommes-nous sûre qu’il s’agit d’un assassin envoyé par l’Empire ? Demanda Phronêsis. Le roi du royaume de Rubis peut être aussi à l’origine de cette tentative d’assassinat.
Les Quatre cardinaux discutaient depuis maintenant deux heures dans la salle du trône pour savoir qui avait bien pu tenter de me tuer. Moi j’étais encore sous le choc. Il semblerait que mon couronnement n’aurait pas lieu.
-Je pense qu’il ne faut pas faire un drame de cette histoire, soutint Lady Kraft, mon frère l’ancien roi a failli se faire assassiner cent quatre fois et pourtant il est toujours vivant !
-Attendez, intervins-je à mon tour, comment ça l’ancien roi de Locaria est toujours en vie ?!
-Mon frère en avait assez de régner, me répondit lady Kraft, alors il a demandé au Maitre de choisir quelqu’un d’autre à sa place.
-Heureusement d’ailleurs, fit Thémis, ce type était une véritable calamité.
Alors c’était parce qu’un imbécile en avait eu marre d’être roi que je me retrouvais à la tête d’un royaume.
-Mon frère nous a quand même sauvé de la crise économique, répliqua Lady Kraft, alors que toi tu étais prêt à rentrer en guerre une nouvelle fois.
-Nous ne sommes pas ici pour juger les actes de notre ancien roi, dit calmement Vontz, mais pour soutenir notre nouveau roi.
Enfin quelqu’un de censé dans ce conseil ne put-je m’empêcher de penser.
Les Quatre Cardinaux continuèrent leur conseil sans moi. Phronêsis était dans tous ses états, Vontz et Thémis étaient plutôt calme et Lady Kraft semblait s’ennuyer fermement. Cependant je n’écoutais que d’une oreille. J’espérai que Bella – où qu’elle soit – était en sécurité. Je repensai à ces deux hommes qui avaient tenté de m’assassiner. Sur le moment je n’avais rien compris quand cet homme aux longs cheveux noirs était tombé du ciel. Pourquoi avait-il voulu me tuer ? Et qu’est-ce que c’était cette histoire d’étoile bleue ?
Une chaise crissa. Thémis venait de se lever. Persuadé qu’il allait encore sauter sur la table et hurler, je retombai dans ma léthargie. Mais je fus mauvaise langue, le cardinal de la justice déclara :
-L’ennemi tente de nous déstabiliser. Je pense que nous devrions couronner notre roi pour montrer à notre ennemi que nous nous ne laisserons pas impressionner.
Finalement il s’avérerait que je serai bien roi aujourd’hui.
La Chapelle ou le Sanctuaire du palais de Mémo-Ria se trouvait à l’opposé de la tour de verre. Légèrement à l’écart, le Sanctuaire était un bâtiment de grès rose qui ressemblait à un vieux temple grec. Situé sur une petite colline, il dominait le palais et la ville. Vontz m’avait accompagné de la salle du trône au Sanctuaire. L’intérieur était un véritable labyrinthe de couloirs. Nous avions croisé quelques femmes portant une étrange robe noire, ça me rappelait vaguement l’excitée de la messe noire. Nous arrivâmes dans une pièce immense. Deux rangées de piliers s’alignaient parallèlement. De chaque côté des piliers une foule compacte nous dévisageait. Au bout de l’allée, une femme portait une longue robe noire, un cercle en argent posé sur sa tête retenait ses longs cheveux blonds. Je dévisageai la femme. Je le reconnaissais surtout ses yeux azures, c’était celle de la messe noire qui m’avait jeté dans un baptistère en me conseillant de rester poli. Vontz me chuchota d’avancer dans l’allée jusqu’à la femme. Je me souvins des recommandations de ce cher Phronêsis. Premièrement : marcher le regard droit dans l’allée des colonnes jusqu’à l’Oracle. Deuxièmement : s’agenouiller devant elle et attendre. Troisièmement : après le discours de l’Oracle et avoir reçu la couronne, déclaré qu’on restera fidèle au Maitre.
Je commençai à avancer vers l’Oracle ou devrais-je dire l’inconnue de la messe noire. Malgré les conseils de Phronêsis je jetai un regard à la foule. Je reconnu Lady Kraft me faire un clin d’œil, son fils Alexandre était près d’elle, l’air renfrogné. Je continuai d’avancer. Arrivé devant l’Oracle je m’agenouillai. Celle-ci s’agenouilla à son tour. Dans un murmure je l’entendis me dire :
-Je sais que sur Terre, vous avez croisé la route de ma petite sœur.
Avant que je puisse répondre, elle se releva. Je ne pus m’empêcher de relever la tête pour regarder ces yeux bleus si fascinants.
-Autrefois les hommes opprimés par les Daehearts se rebellèrent contre leurs bourreaux, commença à discourir l’Oracle, mais ils échouèrent. Alors apparut un homme aux cheveux d’or et aux yeux de rubis doté d’étranges pouvoirs.
Soudain le tableau de l’église où j’avais été entrainé dans une messe noire me revint. Le tableau représentait un homme blond aux yeux rouges. Je frémis, je me souvins aussi du ravisseur de ma sœur et de ses yeux rouges sang.
-Cet homme apprit la magie, le Locaria aux hommes, continua l’Oracle, une grande guerre débuta. L’étranger appelé le Maitre vainquit en combat singulier le Créateur chef des Daehearts. Les hommes fondèrent alors le Royaume de Locaria où tous les Hommes vivraient libres et heureux.
Un tonnerre d’applaudissement retentit dans la salle.
-Roi Loïc, fit l’Oracle une fois que les applaudissements cessèrent, le Maitre vous a choisi pour devenir le Roi de Locaria. Vous devrez diriger ce pays avec l’aide des Quatre Cardinaux. La Maitre sera là pour guider ainsi que pour choisir votre future femme. Loïc vous êtes à présent Loïc Ier.
Qu’est-ce que c’était que cette histoire de future femme ?! Mais je n’eus pas le loisir de me pencher plus sur la question. L’Oracle posa quelque chose de lourd sur ma tête. La foule applaudit. Mal à l’aise je me relevai. J’avais une couronne horriblement kitsch sur la tête. La foule continuait d’applaudir. La femme aux yeux azures me souriait. Maintenant c’était officiel, j’étais roi de Locaria.
-Je déclare, dis-je d’une voix mal assuré, que je resterai fidèle au Maitre.
D’après ce que je me souvenais des conseils de Phronêsis, on devait m’amener à la salle des trésors de Locaria. En compagnie des Quatre Cardinaux et d’Alexandre je retournai au palais. Après avoir descendu un long escalier de pierre grise, nous arrivâmes devant une lourde porte en bois gardé par une dizaine de soldat. Nous entrâmes dans la fameuse salle des trésors. La pièce était une vaste cave au plafond vouté, éclairée par quelques torches. Phronêsis me présenta un bâton en m’expliquant qu’il s’agissait du bâton avec lequel le premier roi de Locaria s’était battue, il me parla ensuite d’une assiette expliquant qu’il s’agissait du royal plat dans lequel mangeait la cinquième épouse du douzième roi de Locaria. En fait Phronêsis profitait juste de cette visite pour me faire un cours d’histoire. Je sentis mes paupières se fermer. C’était un système automatique chez moi, dès qu’on me parlait du passé, je m’endormais. Brusquement je trébuchai sur un objet non identifié. Je me serai étalé par terre si Vontz ne m’avait pas retenu. Phronêsis commença à engueuler les soldats qui selon lui auraient dû prévoir que sa Majesté allé se faire mal.
-Tu pourrais faire attention, grogna Alexandre en ramassant l’objet, tu parles d’un roi.
-Alexandre soit plus poli envers sa Majesté, dit Phronêsis, et qui t’a permis de tutoyer sa Majesté ?!
Alexandre leva les yeux au ciel. L’objet qu’il avait ramassé était un coquelicot emprisonné dans un cube de verre transparent. Pourquoi est-ce qu’à ce moment ma mère et sa folie des fleurs me revint. Elle adorait le jardinage et connaissait toutes les significations secrètes des fleurs, celle du coquelicot était le passé. Alexandre reposa l’objet sur une étagère et Phronêsis continua sa longue explication sur un ancien pot de chambre du deuxième prince de Locaria.
Après je ne sais combien de temps, Phronêsis déclara que selon la tradition je devais choisir l’un des objets de cette salle du trésor. Cet objet serait mon symbole tout le long de mon règne. Je demandai ce qu’avait choisi le précédent roi. Phronêsis me dit qu’il avait choisi un jeu de carte appartenant à la septième fille de je sais plus trop qui. Mon prédécesseur paraissait être un gros flemmard qui passait son temps à s’ennuyer. Je ne savais pas trop quoi choisir. Je me rappelai alors du coquelicot. Je me dirigeai à l’endroit où Alexandre l’avait posé.
-Je choisis cet objet, déclarai-je, pour que mon règne soit à jamais inscrive dans l’histoire.
Soudain je me sentis aspirer, je vis un ciel étoilé puis un ciel bleu. Avant que je puisse réagir, je me retrouvai assis au milieu d’un champ vert.
Non !!! Je n’étais tout de même pas encore perdu en pleine cambrousse !!!
« Tu n’es pas perdu en pleine cambrousse jeune roi, fit une voix grave dans ma tête. »
Ça y est je débloquai totalement j’entendais des voix comme cette pauvre Jeanne d’Arc. J’allais finir au bucher, déjà que je m’étais retrouvé en pleine messe noire, ça ne m’étonnerais même pas.
« Mais non imbécile, s’énerva la voix dans ma tête, tu ne perds pas la boule et tu es toujours dans la salle des trésors du château de Mémo-Ria. »
Ah…donc c’est normal que je voie de l’herbe verte autour de moi.
« Je suis le coquelicot du passé, continua la voix, en me choisissant tu m’as activé. Je suis capable de te montrer le passé et les souvenirs enfouis. C’était le souhait du Maitre.»
Donc je suis dans un souvenir ou dans le passé. Trop de la balle, on se croirait dans un de mes jeux vidéo.
-T’es qui toi ? Me demanda une voix enfantine.
Je vis deux enfants qui ne devaient pas avoir plus de six ans. L’enfant qui avait parlé était un petit garçon roux au visage couvert de tâches de rousseurs, le second était une petite fille avec de grands yeux bleus et d’adorables boucles blondes qui lui tombaient délicatement sur les épaules.
-Personne ne vient jamais par ici, t’es un voleur, dit le petit garçon, je vais le dire à notre Intendante !
Il s’enfuit en courant. Je restai une minute hébété avec la petite fille.
-Comment tu t’appelles ? me demanda la petite fille avec un sourire malicieux.
-Loïc, répondis-je sans réfléchir.
La petite fille me demanda de la suivre. Sans trop savoir ce que je devais faire, je l’écoutai et lui emboitai le pas. La voix dans ma tête s’était tue. J’arrivai dans le jardin d’une grande villa. Nous accroupîmes derrière une haie.
-Ne fais surtout pas de bruit, me dit la petite fille, normalement personne de l’extérieur n’a le droit de rentrer ici. Mais je sais que tu es quelqu’un d’important et que quelque chose de très triste va bientôt arriver.
« Écoute cette petite, fit le voix, dans ce souvenir tu comprendras qu’elle est ta véritable mission. »
Le jardin qui nous entouré était magnifiques. Ma mère serait devenue folle avec autant d’espèces de fleurs. Mais une étrange boule s’était formée au niveau de mon estomac. La petite fille avait raison, quelque chose allait arriver, quelque chose de très triste.
*
Les Quatre Cardinaux, Alexandre et les gardes restèrent interdit devant ce qu’il venait de se passer. Leur nouveau roi avait attrapé le coquelicot et s’était aussitôt volatilisé. Le coquelicot dans sa prison de verre était retombé silencieusement sur le sol.
-Phronêsis, dit Thémis qui semblait sur le point d’exploser, peux-tu me dire quel est le pouvoir de cet objet ?
Le Cardinal de la prudence mal à l’aise expliqua :
-Cet objet ne peut être activé que par une personne possédant un fort taux de Locaria en lui. D’après ce que je sais, cet objet montre les souvenirs de la dernière personne qui l’a touché. Notre roi est pour l’instant prisonnier d’un souvenir mais j’ignore si…
-Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, fit une voix douce féminine, le Maitre en a décidé ainsi. Notre roi reviendra d’ici peu. Il y a cent cinquante ans un événement similaire s’est produit.
L’Oracle venait d’entrer dans la salle des trésors. Malgré les paroles de l’Oracle, Phronêsis ne pouvait s’empêcher de se ronger les ongles, Thémis contenait sa colère, Lady Kraft avait l’air de follement s’amuser et Vontz paraissait soucieux. L’Oracle jeta un regard à Alexandre qui avait étrangement pâli.
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