Le soleil se couchait. Un dernier rayon de soleil traversa le jardin des Tuileries. Assise sur un banc, une jeune fille observait deux enfants en train de donner à manger aux canards. L'astre solaire s'était endormit, sa chaleur disparaissait tout à petit pour laisser place au froid d'une nuit de décembre. Mais la jeune fille n'avait pas froid, trois étoiles brillaient entre ses mains. Trois étincelles de vie qui reflétaient chaleur et amour. Personne sauf elle ne pouvait les voir. La mère des deux enfants les appela. Les Tuileries se vidaient tout à petit. Des japonais s'entêtaient à prendre chaque pigeon en photo. Une des étincelles tressaillit.
-Ce sont de jolies âmes, dit subitement une voix masculine.
La jeune fille se tourna vers son interlocuteur. Elle dévisagea l'homme et sourit:
-Elles ne sont pas jolies, répondit-elle, elles sont tout simplement magnifiques.
L'homme sourit et observa cette jeune fille. Elle semblait ne pas avoir plus de vingt ans, les cheveux bruns coupé en carré, sa frange cachée une paire de yeux gris. Il avait du mal à croire que cette créature puisse cacher un tel pouvoir, un tel secret. Il s'assit près d'elle.
-Je veillerai sur ces trois âmes, dit l'homme, je vous le promets.
La jeune fille leva ses yeux gris vers le ciel, ils se remplirent de larmes.
-Je n'arrive pas, murmura-t-elle, ils vont tellement me manquer.
Les étoiles tournèrent autour de son visage comme si elles cherchaient à la réconforter. La jeune fille essuya ses larmes qui coulaient à présent sur ses joues.
-Soyez heureux mes amis, murmura-t-elle aux étincelle de vie, on se reverra je vous le promets même si vous ne vous souviendrez plus de moi.
A ces mots, les trois étincelles s'envolèrent vers le ciel. L'homme resta à fixer le ciel pendant plusieurs minutes.
-Maintenant seul le Maitre pourra nous éclairer vers les ténèbres de l'avenir, murmura l'homme, ou peut-être le Créateur.
L'homme reporta son regard vers la jeune fille pour voir sa réaction mais celle-ci avait déjà disparut. Il soupira. Une femme tenant par la main une petite fille rousse apparut. Il sourit et rejoignit la femme. Peu importe ce que serait demain mais il comptait remplir sa mission jusqu'au bout pour protéger ceux qu'il aime.
*
Bella
Depuis que je suis née, je passe mon temps à manger. Je suis comme dévorée par une faim inassouvissable. Seul point positif dans cette histoire c'est que je ne grossis pas. Mon frère se moque tout le temps de moi, il affirme que si je continue à autant manger je finirais rongé par le diabète et le cholestérol. Mais est-ce ma faute si j'ai faim en permanence? De plus je ne supporte pas le gaspillage de nourriture, je perds tous mes moyens quand je vois du gaspillage. A l'école maternelle j'avais tabassé un garçon qui avait jeté par terre ses haricots à la cantine. Pour moi jeter des haricots était un véritable sacrilège. J'avais était viré de l'école pendant une semaine. Mais la faim n'était pas le seul problème, j'avais toujours envie d'acheter, mon psy appelait ça la fièvre acheteuse. Heureusement Cathialine souffrait des mêmes symptômes de la fièvre acheteuse, elle s'achetait une paire de chaussure par semaine. Mais grâce à mon self-control, j'avais réussis à surmonter mes pulsions. Même si en ce moment j'avais envie d'assassiner mon frère et ma cousine qui étaient en train de se lancer des petits pois.
-Allons, allons on se calme Loïc et Cathialine, protesta ma mère aussi efficace que d'habitude.
Mon frère envoya une nouvelle volée de petits pois qui atterrirent dans l'assiette de Cathialine. Ma cousine furieuse, se leva de sa chaise et attrapa la carafe. Elle envoya le contenue dans la figure de Loïc. Ma mère continuait à sourire de sa façon enfantine.
Pourquoi on ne pouvait jamais dîner normalement dans cette famille? Je poussai un profond soupir. Désespérée je me tournai vers ma mère. Des cheveux châtain en bataille, de grands yeux caramels encadrés un visage juvénile; ma mère ressemblait vraiment à une gamine. Les gens la prenaient souvent pour ma petite sœur, d'ailleurs c'était très vexant. Ma mère semblait avoir arrêté de vieillir après ses quinze ans. Son air maladif renforçait encore plus son aspect de petite fille.
-Maman, tentais-je en voyant mon frère déchiqueter le pain, tu devrais peut-être les arrêter.
Mon frère et Cathialine avaient une nouvelle arme: la mie de pain. La lutte pouvait reprendre. Je sentais mes cheveux se dressaient sur la tête, si ça continuait comme ça j'allais commettre un double meurtre. Loïc et Cathialine passaient leur temps à se battre, je ne savais pas qui avait commencé entre mon frère et ma cousine, mais ils méritaient tous les deux une bonne paire de claque. Ma mère se tourna vers moi et me demanda si c'était bien ce soir notre soirée DVD entres filles.
-Oh oui, dit-elle toute excitée, on regardera pleins de films romantiques!
Malgré son apparence physique enfantine, ma mère aurait pu être une femme mûre du moins intérieurement...et bien non, ma mère était une véritable gamine aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle était heureuse et souriante en permanence. Je ne l'avais vu que très rarement triste ou en colère.
Soudaine Cathialine se leva de table et quitta la cuisine en grommelant que mon frère était un idiot, sur ce point là j'étais d'accord avec elle. Mon frère se leva à son tour de table. Je me retrouvai seule avec ma mère toujours riante. Soudain, un nouveau rugissement retentit du couloir. Je vis débouler dans le couloir et passer à toute vitesse devant la porte de la cuisine mon frère. Ma chère cousine apparut à son tour en poussant d'horrible rugissement. Ma mère se mit à rire stupidement. Je me levai de table avec ma mère pour voir ce qui se passait encore. Je rejoignis ma cousine dans le salon qui tabassait mon frère.
-Faites un peu moi de bruit, dis-je, on a tout de même des voisins, on vit en appartement.
Cathialine envoya un coup de pied dans les jambes de Loïc, celui-ci s'écrasa dans le canapé. Il n'eut même pas le temps de se relever que ma cousine était déjà sur lui en train de l'immobiliser.
-Ne restez pas planté là, dit mon frère en s'adressant à moi et ma mère, sauvez-moi de cette brute!
-Qu'est-ce qu'il a encore fait mon roudoudou? Demanda ma mère souriante.
Cathialine relâcha mon frère. Elle se frotta la main comme si elle venait de toucher quelque chose de dégoutant. Mon frère toujours sur le canapé fit haletant:
-Cette folle m'a sauté dessus car je lui ai dit qu'elle était une brute. Franchement, aucune fille normale ne possède une force pareille! Et son seul argument c'est de me tabasser. Je ne pensais pas que tu étais aussi susceptible Hulk!
Cathialine ne répondit rien, elle rejeta sa chevelure rousse en arrière, avant de quitter la pièce elle jeta un regard méprisant à Loïc. Ma mère continuait de rire, son petit rire enfantin commençait sérieusement à me taper sur le système. Mon frère se releva l'air penaud.
-Je sais à quoi tu pense Bella, dit mon frère, je vais m'excuser.
J'acquiesçai de la tête. Loïc quitta à son tour le salon. Je m'assis sur le canapé en soupirant. Ma mère souriante s'assit et se blottit contre moi. Dans l'histoire je n'avais pas fini mon repas. Je me mis à rêver d'un bon plat de pâte. Je regardai ma mère, elle s'était endormit. C'était mort pour la soirée DVD. Cathialine arriva dans la pièce.
-Ton frère est venu s'excuser, dit-elle.
-Tu l'as puni? Demandais-je riante.
Ma cousine me fit un clin d'œil complice et remit une de ses mèches rousses derrière l'oreille. Elle jeta un coup d'œil sur ma mère. Cathialine s'approcha délicatement de ma mère et la prit doucement dans ses bras comme si ma mère ne pesait pas plus lourd qu'une plume. Cathialine me sourit et sortit avec ma mère.
Ma cousine n'avait que deux ans de plus que moi et mon frère, pourtant elle s'était occupée de nous depuis que nous étions tout petit. Aussi loin que je m'en souvienne, elle avait toujours vécut avec nous. Je savais juste que ses parents étaient divorcés mais cela avait toujours été un sujet tabou dans la famille. Après la mort de mon père et la maladie de ma mère, Cathialine nous avait élevé mon frère et moi.
Mon frère apparut avec un paquet de Mikado dans ses mains au moment où mon ventre gargouilla. Il s'arrêta quand il me vit. Avec toute la délicatesse qu'un garçon pouvait mettre dans une phrase, il me demanda:
-Ben t'as encore envie de bouffer bouboule?
J'avais envie de le tabasser.
Il s'assit prés de moi et recommença à grignoter ses Mikados. Je savais qu'il faisait ça exprès pour m'embêter. Avant Loïc et moi étions très unis comme tous les jumeaux mais depuisl'incidentune sorte de barrière invisible s'était installée entre nous. Je regardai ma main puis celle de Loïc pleine de chocolat fondu. Voyant mon regard, mon frère me dit:
-Si tu veux on peutjoindrenos mains.
Ma main trembla.
-Tu sais bien qu'on ne peut pas, répondis-je, alors laisse tomber...
Je repensai à hier soir.
Je m'étais réveillée en sursaut. Toute transpirante je m'étais levée de mon lit. Mon cœur battait à tout rompre. J'avais encore fait ce cauchemar. Ses yeux rouges me hantaient encore. Le cauchemar semblait s'être gravé sur ma rétine. Je n'arrivais plus à me rendormir. Ma cousine s'était retournée dans son lit. Les battements de mon cœur avaient finit par se calmer. Je n'avais plus que entendu le souffle régulier de Cathialine. J'avais jeté un coup d'œil à mon portable, il était trois heures du matin. Sur la pointe des pieds, j'avais quitté sans bruit ma chambre. Je m'étais arrêtée devant la porte de la chambre de mon frère. J'avais ressenti cette terrible peur et cette horrible envie de pleurer. Quand j'étais petite je n'aurais jamais hésité à dormir avec mon frère mais les yeux rouges continuaient à me hanter. J'étais en train de repartir en direction de ma chambre quand un grincement m'avait arrêté. Mon frère avait ouvert la porte, l'air complètement endormit. Les yeux rouges m'étaient revenus à l'esprit. Et je m'étais enfuie dans ma chambre.
Je regardai mon frère. Il ne semblait pas se rappeler de la nuit dernière. Je me levai brusquement.
-Où tu vas? demanda mon frangin.
-Je vais dans ma chambre, répondis-je, et fiche moi la paix abrutis.
Une fois dans ma chambre, je m'assis à mon bureau et alluma mon ordinateur portable. J'avais besoin de t'chater avec Stella ma meilleure amie. Elle était la seule personne à qui je pouvais vraiment me confier. Mais Stella était quelqu'un d'assez spécial, elle s'énervait toujours pour un rien surtout quand il s'agissait de mon frère. Loïc et elle avaient eut des batailles vraiment virulentes pire qu'un combat Loïc vs Cathialine. Je crois qu'elle avait le béguin pour mon frangin. Je jetai un coup d'œil dans le miroir de ma chambre, j'avais encore les cheveux complètement décoiffés. Mon ordinateur mettait trois plombs à s'allumer. Faisons la part des choses, si cet ordinateur est lent c'est que logiquement il a un problème. Hypothèse la plus plausible, mon frère à réinstaller son jeu débile en ligne. Solution, aller sur sa partie et faire battre son nain des montagnes niveau 54 par un elfe rouge niveau 1. Solution certes sadique mais tellement jouissive. Un message apparut sur l'écran de l'ordinateur, cet abruti me demandait le mot de passe...Non!!! Mon frère n'avait tout de même pas osé mettre un mot de passe. S'il voulait se prendre un poing dans la figure, il avait réussi. Je me levai furieuse de ma chaise de bureau, j'allais sortir de ma chambre quand un détail m'arrêta. J'avais un grand miroir dans ma chambre, d'habitude un miroir était censé refléter. Mais la surface de mon miroir était devenue grise. J'avais déjà vu des bizarreries dans ma vie mais là c'était vraiment étrange. Je me frottai les yeux, non j'étais bien éveillée. Je m'approchai du miroir, je posai ma main sur la surface quand je sentis une étrange chaleur sur ma paume. Je vis mon reflet apparaître. Rassurée et persuadée que j'avais dû rêver, je voulu me détacher de la paroi. Subitement je sentis une main me saisir le poignet. Je sursautai. Je levai mes yeux vers mon reflet, c'était bien moi...seulement mes yeux étaient rouges. Je voulus crier mais j'étais comme paralysée. Mon reflet avait sa main qui sortait de la glace et me tenait toujours le mon poignet. Ses contours devinrent de plus en plus flous, mon reflet était en train de changer de forme. Je me débattis, je voulais qu'il me lâche. J'étais terrifiée, j'avais peur de savoir ce qui allait arriver. J'étais en train de revivre mon cauchemar de la nuit dernière. Mon reflet se transforma, c'étaitlui. Je voulu dégager mon poignet, maisilme tenait toujours serré. Je me sentis aspirer dans le miroir, je tournai la tête une dernière fois pour hurler. A ce moment-là je vis mon frère dans l'encadrement de la porte, il avait l'air aussi terrifié que je l'étais. Mais je ne pu m'empêcher de sourire au moins j'étais sûre que celui qui peuplait mes cauchemars n'était pas mon frère.
Une étoile apparut, elle commença à se déformer pour former une silhouette masculine.
Et ce fut les ténèbres.
Peur mais soulagement.
Dernière pensée: Merde.
Première pensée: J'ai faim.
*
Loïc
J'avais encore fait une gaffe avec Cathialine et Bella. Cathialine car je l'avais traité de Hulk et Bella parce que je lui avais rappelé de mauvais souvenirs. Cathialine était en train de coucher ma mère et ma sœur boudait dans sa chambre. Tout en mangeant mes Mikado, je me rappelai en souriant que j'avais mis un mot de passe sur l'ordinateur de ma sœur pour qu'elle ne me désinstalle pas encore mes jeux en ligne. J'allais encore me faire engueuler. J'étais fatigué, ma sœur m'avait réveillé hier soir avec ses cauchemars. Être jumeaux c'était vraiment chiant, ce lien que je partageais avec Bella m'obligeait à partager ses rêves ou du moins à savoir quand l'un de nous fait un cauchemar.
Je sentis un frisson me parcourir la colonne vertébrale. J'avais un mauvais pressentiment. Je rejoignis Cathialine qui était en train de refermer la porte de la chambre de ma mère.
-Qu'est-ce qu'il y a? me demanda-t-elle en chuchotant.
-Rien..., répondis-je hésitant, j'ai juste un putain de mauvais pressentiment...maman va bien?
-Elle dort et chuchote s'il te plait, me gronda Cathialine, ta mère a besoin de repos. Dans une semaine elle retourne à l'hôpital.
J'eus un pincement au cœur. Ma mère avait vécut toute son enfance dans un hôpital à cause de ses problèmes de santé. A quatorze ans, sa santé s'améliora, elle avait pu commencer une existence normale. Mais après l'accident de mon père, ma mère avait rechuté et depuis plusieurs années elle jonglait entre l'hôpital et le domicile familial. Je ne savais pas si je lui en voulais vraiment ou pas, j'avais eu l'impression de grandir sans parent et d'avoir raté quelque chose d'important. Mais je rapportai rapidement mon attention sur ma petite sœur. J'étais étonné que Bella ne soit pas encore descendu comme une furie m'assassiner pour avoir mis un mot de passe à son ordinateur. Je me dirigeai vers la chambre de Bella quand un nouveau frisson me saisit, plus glaciale que le précédent. Quelque chose était en train de se passer. J'ouvris la porte de la chambre de ma sœur, rempli d'appréhension. J'avais l'impression qu'en ouvrant cette porte je tournais une page.
Il eut un éclair rouge.
Pétrifié, mon corps ne voulait plus bouger.
J'étais obligé d'assister à une scène qui ne cesserait de me hanter. Ma sœur, Bella, emporté dans un miroir par un homme que je connaissais trop bien. Alors que le corps entier de Bella avait pratiquement était englouti dans le miroir, elle tourne la tête vers moi et un sourire éclatant apparut sur son visage.
Puis rien.
Elle avait disparut.
Et l'homme qui venait de l'enlever c'était moi.
Moi, c'était bien moi.
Les mêmes cheveux ondulés châtain, le même visage sauf ses yeux rouge, rouge comme le sang.
…
…
…
Ma sœur vient de se faire kidnapper par mon clone dans un miroir!!!!!!!!!!!! Je suis en train de perdre la boule! Ce n’est pas possible! Je suis en train de rêver!!
Mon premier réflexe fut de prévenir Cathialine. Mais avant même que je m'élance vers le salon, je savais qu'elle n'était plus là. Je restai immobile devant la chambre de ma mère, elle aussi, j'en étai sûre avait disparut. Je ressentais cette même impression de vide que le jour de la disparition de mon père et de William. J'étais seul. Cathialine et ma mère n’étaient nulle part. J'eus beau fouillé toute la l'appartement et même déranger notre vieille voisine de pallier acariâtre: Bella, Cathialine et maman avaient disparu.
Pas de panique il y avait surement une explication logique à tout ça...j'étais en train de perdre les pédales! Ou j'étais en train de rêver! Et j'allais bientôt me réveiller dans mon lit!
Je me précipitai dehors. Bien entendu l'ascenseur mettait trois plombs à arriver. Je devais agir, une seule solution s'ouvrait à moi: la police. Je savais que le commissariat était à deux pâtés de maison. Cela faisait longtemps qu'on n'avait plus de téléphone à la maison; Cathialine économe avait préféré investir l'argent de l'abonnement téléphonique dans une paire de chaussure par semaine. En plus j'avais paumé mon portable hier au lycée et Cathialine m'aurait découpé en petits morceaux si elle l'avait appris. Alors c'était raté pour appeler le 15. Dehors, il faisait nuit. Quelques silhouettes noires se faufilaient dans l'ombre mais la rue semblait aussi vide que l'appartement. Je respirai un grand coup et me mis à courir jusqu'au commissariat.
Je m'étais fait jeter. Les policiers m'avaient envoyé balader quand j'avais commencé à leur dire que ma sœur s'était fait aspirer par un miroir. Ils m'avaient traité de toxico et m'avaient conseillé d'arrêter de prendre des substances illicites car j'étais jeune et que j'avais toute ma vie devant moi. Un gros policier digne du stéréotype du policier américain m'avait même proposé un beignet pour me remettre les idées en ordre. Au point où j'en suis je préférais être sous l'effet de la drogue. J'étais perdu, au fond de moi j'espérai toujours que ce n'était qu'un mauvais rêve. J'errai dans les rues de la ville, espérant une action du Saint Esprit. Et ce fut l'averse. Une pluie torrentielle s'abattit sur ma pauvre tête.
Putain de pluie de merde!
Je jetai un rapide coup d'œil autour de moi pour voir où j'étais. J'étaisbien entenduperdu. A force de ruminer et d'errer j'avais perdu mon chemin. Pourtant je connaissais ce quartier comme ma poche, mais j'avais l'impression que ce qui était arrivé à ma sœur allait bientôt se reproduire mais pour moi cette fois-ci. Les immeubles me semblaient inconnus et je commençais à être trempé. La silhouette d'une église se découpa dans la nuit. Une parole de ma mère me revint: « Si un jour tu es perdu et que tu te trouves dans un endroit inconnu comme dans un pays ou un monde étranger. Les églises, les temples seront toujours un lieu d'accueil. Tu es toujours le bienvenu dans un lieu saint. » C'était l'un des nombreux conseils bizarre que ma mère prodiguait à moi et ma frangine. Mais pour une fois j'allais écouter les conseils de ma mère. J'entrai dans l'église. Ce n'était pas la première fois que j'entrai dans un tel lieu, chaque messe de Noël nous y allons avec Cathialine mais jamais auparavant j'avais remarqué cette église-ci dans le quartier. L'église était sombre, seule la lumière des cierges éclairés le bâtiment. Il s'agissait d'un vieux bâtiment de style gothique, les vitraux étaient étrangement noirs. Une nouvelle fois un frisson glacé me déchira la colonne vertébrale. Quelque chose allait arriver, bientôt...Je revis ma sœur enlevé par mon clone, je serrai les poings: je devais la sauver quoi qu'il arrive enfin...si je n’étais pas en train de rêver.
Soudain un chant envahit l'église. Une voix de femme aiguë, elle chantait dans une langue que je ne comprenais pas, du latin peut-être. Je m'avançai vers le cœur de l'église quand j'aperçus un groupe de personne prés de l'autel. Une femme habillée en robe noire chantait debout sur l'autel. Je me cachai discrètement derrière un pilier de l'église.
Étais-je tombé en pleine messe?
Je remarquai que les fidèles portaient tous une cape noire et leurs visages étaient dissimulés derrière une capuche. J'étais sûre d'une seule chose: ce n'était pas une messe ordinaire.
La femme continuait à chanter, sa voix montait de plus en plus dans les aigus. Une voix masculine couvrit ce chant qui ressemblait plus à hurlement.
-Mes sœurs, mes frères, cette nuit est une nuit importante, déclara la voix, la puissance du Maitre va être réveillée. Mais pour cela notre roi devra être envoyé dans le monde où règnent les démons.
Mon Dieu, dans quoi étais-je encore tombé?! Soit j'étais tombé dans une messe noire, soit on tournait un film. Je priai qu'il s'agissait de ma deuxième idée mais je devais me rendre à l'évidence qu'il n'y avait aucune caméra dans l'église. Je décidai de sortir de cet endroit de dingue, je me faufilai le plus discrètement possible entre les piliers. Mais soudain une main se posa sur mon épaule. Je crus que mon cœur allait exploser sous l'émotion. Je me retournai, un homme dont le visage était caché par une capuche se tenait juste derrière moi.
-Nous vous attendions votre Majesté, dit l'homme, suivez-moi.
Majesté? Il a fumait ou quoi? Je sentis qu'on me saisissait par les poignets, deux autres individus apparurent et m'entrainèrent vers l'autel.
-Mais lâchez-moi! Bande de psychopathe! Criai-je.
La femme en noire s'était arrêtée de chanter. Elle avait de magnifiques yeux bleus. Je voulus bouger mais j'étais paralysé. C'était comme pendant l'enlèvement de Bella, j'étais impuissant. La femme aux yeux bleus descendit de l'autel, elle s'approcha de moi et me caressa la joue. Elle devait avoir la quarantaine, elle n'était pas très belle mais ses yeux avaient quelque chose de merveilleux
-C'est bien lui, dit-elle d'une voix étrangement douce, c'est bienson âme. C'est sa Majesté.
Bien sûre que j'étais moi! Je ne captai vraiment rien. Je réussis à articuler:
-Bordel je ne sais pas avec qui vous me confondez mais je ne suis pas votre Majesté ou je ne sais quoi! Je suis Loïc Belze! Un pauvre lycéen qui demande une seule chose: qu'on lui fiche la paix!
Putain mais qu'est-ce que j'étais con...je donnais mon identité à de parfaits inconnus en pleine messe noire.
La femme me fixa, ses yeux étaient magnifiques, on aurait dit deux morceaux de ciel, je me perdis dans ses yeux. Ma contemplation fut arrêtée quand la femme reprit d'une voix douce:
-Belze? Églantine aurait pu faire mieux...mais je suis désolée votre Majesté, je pense que vous ne connaitrai pas la tranquillité avant bien longtemps. Vous avez une importante mission.
Églantine? C'était le prénom de ma mère. Qu'est-ce que ma mère avait avoir avec une secte de fou furieux qui m'appelaient: votre Majesté?
Les deux hommes qui me tenaient par les poignets m'entrainèrent dans une petite chapelle à l'arrière de l'autel. Un des murs de la chapelle était décoré par un immense tableau représentant un homme extrêmement beau, les cheveux de cet homme était d'un blond presque doré et ses yeux étaient...je frémis...ses yeux étaient rouges. Je revis mon sosie aux yeux rouge puis ma sœur me sourire. Je posai mes yeux sur le sol, il y avait un bassin. Un baptistère? Mais il y a longtemps que les baptêmes n'avaient plus lieu dans des bassins de ce genre. La femme aux yeux bleus réapparut et donna l'ordre de remplir le bassin. Des femmes de tout âge s'avancèrent avec des cruches dans les mains et commencèrent à remplir le baptistère. Je n'osais plus crier, j'avais l'impression qu'on allait m'offrir l'occasion de sauver ma sœur et je comptais bien la saisir.
Quelques minutes plus tard le bassin était rempli à ra-bord. Qu'est-ce que ces fous comptaient faire? Me baptiser? Ou pire me noyer!
-Ne vous inquiétez pas votre Majesté, intervint la femme aux yeux bleus, tout se passera bien.
Les deux hommes me lâchèrent les poignets. Je sentis une main me pousser dans le dos. Je perdis l'équilibre et tombai la tête la première dans le bassin. J'eus juste le temps d'entendre la femme crier:
-Bonne chance votre Majesté et surtout soyez poli avec le Maitre!
La dernière image que je vis fut une paire de yeux rouge sang. Je me sentis aspirer au fond du bassin et je commençais à manquer sérieusement d'air.
Une étoile apparut, elle commença à se déformer pour former une silhouette féminine.
Et ce fut les ténèbres.
Peur mais soulagement.
Dernière pensée: Je vais te sauver Bella.
Première pensée: Putain ça pu la bouse de vache. |