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au 31 Mai 21 :
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pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Maëlstrom
Par Elenne
Harry Potter  -  Romance/Général  -  fr
8 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 8     Les chapitres     11 Reviews    
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Dérapages

Vous en aviez rêvé, on l'a fait : voici donc le septième chapitre. Je me permets de vous rappeler que je n'écris pas que cette fic, et pas que sur le fandom HP non plus : mes autres écrits sont là pour vous faire patienter.

Read, Enjoy, Review.

______________________________________________________________________________________________

- Dites, si on faisait un petit déjeuner ? avait proposé Hugo, dont c’était le repas préféré.

L’idée avait plu à Hermione, et comme aucune de ses deux autres convives ne semblait avoir d’objection à formuler, elle avait ouvert une boîte de haricots blancs qu’elle avait faits réchauffer au bain-marie, sur la gazinière moldue où chantait déjà la bouilloire. Grâce à un sort de Découpe bien appliqué, Ginny s’était chargée du bacon et des larges tranches de pain bis ; sa fille s’était vue confier la cuisson des œufs sur le plat tandis que le seul homme de l’assemblée s’affairait à mettre la table avec un sérieux de propriétaire. Bientôt, ils furent tous attablés devant un copieux petit déjeuner vespéral. Hermione avait dessiné pour sa nièce un visage de ketchup sur sa part de haricots ; Hugo, qui n’aimait pas les tomates, avait froncé les sourcils, mais il avait bien vite retrouvé le sourire lorsque sa tante, du bout de sa baguette, avait donné aux jaunes de ses trois œufs la forme de deux yeux et d’une bouche rieuse.

- Quand est-ce que Papa va rentrer ? avait interrogé Lily avant de mordre dans sa tartine.

Hermione et Ginny s’étaient entreregardées par-dessus la théière, le silence s’était doucement posé sur elles et sur leurs enfants, et puis la rousse avait demandé à Hugo quelle équipe il donnait gagnante pour la coupe de la Ligue. La question de la petite fille était restée en suspens, suscitant dans les esprits des deux femmes des images d’Harry et Ron aussi ténues que les volutes de fumée générées par le Prior Incanto. Hermione avait à nouveau rempli le verre de sa belle-sœur et ouvert une seconde bouteille de sherry. Elle ne savait pas si, comme elle, Ginny se sentait coupable d’être ici, dans cette cuisine chauffée, pendant que leurs maris risquaient peut-être leurs vies au-dehors, et de presque souhaiter qu’ils rentrent le plus tard possible, mais l’alcool l’engourdissait agréablement, estompant son malaise, et on lui avait toujours dit qu’il était vulgaire et malsain de boire seule.

Hugo venait de finir sa troisième tartine de marmelade lorsque Ginny, qui était assise en face de la fenêtre, plissa soudain les yeux et tapota le bras de sa belle-sœur. Hermione se retourna. Au-dehors, un éclair argenté luisait, semblant se rapprocher de la petite place.

- Hugo, tu devrais aller montrer ton nouveau jeu électronique à ta cousine, déclara-t-elle.

- Oh, quelle bonne idée. Lily en sera enchantée, n’est-ce pas, chérie ? appuya Ginny avec un regard qui expédia les deux enfants hors de la cuisine aussi sûrement qu’un sortilège d’Expulsion.

- Toi non plus, tu ne veux pas qu’elle entende ? fit Hermione d’un ton désabusé alors que le grand cerf argenté passait la fenêtre fermée d’un bond, suivi par le petit Jack Russel qui trottait fièrement.

- Je me dis à chaque fois que je devrais la laisser écouter, mais si un jour elle doit entendre une mauvaise nouvelle, je préfère que ça soit de ma bouche, soupira la rousse.

- Salut, Gin, dit le cerf avec la voix un peu fatiguée d’Harry. Tout va bien ici, à part un des gars qui a perdu un peu de cheveux. Par contre, on attaque les interrogatoires tout de suite, donc je ne rentrerai pas avant quatre ou cinq heures du matin, je pense. Dis à Lily-jolie que je lui fais un bisou. A demain matin.

Le Patronus de Ron s’avança à son tour et sauta sur la table.

- Herm, c’est juste pour te dire que je ne rentrerai pas avant demain matin, mais tout va bien. Tu seras peut-être déjà partie quand je vais rentrer, alors Harry me dit de te dire de passer le voir vers dix heures. Bisous, bonne nuit.

Le cerf inclina noblement la tête et le terrier regagna sa place entre les longues pattes graciles. Les deux bêtes fantomatiques firent volte-face et s’élancèrent par la fenêtre toujours close. Leur lumière froide se détachait nettement du halo jaune qui entourait les réverbères de la place en contrebas, puis des points clignotants signalant le passage d’avions dans le ciel nocturne. Pendant longtemps, les deux sorcières les suivirent du regard, et puis ils finirent par disparaître au loin.

- Pourquoi est-ce qu’il veut te voir, à ton avis ? s’enquit Ginny une fois qu’elles eurent regagné le salon et pris place sur le canapé, face à l’âtre.

- Je ne suis pas sûre… répondit lentement Hermione en allumant sa deuxième cigarette de la soirée.

- Dis toujours.

Hermione exhala une longue bouffée irisée et plongea son regard dans les flammes.

- Ça m’étonnerait qu’il veuille me voir à titre professionnel, en fait. La déduction, ça a toujours été mon truc.

- Ça, c’est le moins qu’on puisse dire, sourit la rousse. Harry s’écroulait sur place en tenant sa cicatrice, Ron devenait tout rouge avant de tout casser autour de lui, et là, tu arrivais et tu leur faisais une dissertation en trois points sur ce qu’il fallait faire, à quel moment et pour quelle raison.

- Globalement, ça marchait plutôt pas mal, non ?

- Indiscutablement.

Elles restèrent un moment à regarder les flammes, et puis Ginny annonça tout à trac :

- Je ne suis pas sûre que tu veuilles être juste la femme de Ron et la mère de ses enfants.

La brune faillit s’étrangler avec la fumée de sa cigarette.

- Je ne suis pas sûre que tu veuilles continuer à réfléchir pour trois, poursuivit la rousse, et je ne suis pas sûre non plus que tu veuilles servir de garde-fou au monde entier jusqu’à la fin de tes jours. Merde, Hermione. T’auras quarante ans dans trois ans. Vis, un peu.

Chacun des mots de Ginevra Potter faisait ressentir à Hermione la même douleur que celle des enfants lorsqu’ils arrachent d’un coup d’ongle la croûte d’une écorchure un peu infectée : brève, aigüe, et pourtant, quelque part, presque bienfaisante. Elle tapota sur son filtre pour se débarrasser de la cendre superflue, évitant soigneusement de regarder son interlocutrice, et s’aperçut avec surprise que sa main tremblait un peu. Le silence retomba entre elles, et il avait une qualité tout autre qu’un peu plus tôt dans la cuisine : plus dense, plus pesant, et même un peu étouffant.

- Je suis désolée, finit par prononcer Ginny d’une voix rauque – et Hermione, en la regardant, remarqua que ses yeux brillaient étrangement.

- Désolée de quoi, Gin ? demanda-t-elle doucement.

- De t’engueuler alors que c’est à moi que j’en veux.

Elle se pencha par-dessus son amie pour prendre son verre posé sur le guéridon ; le pull un peu trop large qu’elle portait bâilla légèrement, laissant deviner la naissance de sa poitrine à la peau pâle et marquée de taches de son, et l’odeur de fleurs qui la suivait toujours parvint aux narines d’Hermione, mêlée à celle du feu de bois par lequel elle avait voyagé. Ginny finit son verre et le posa à terre, devant le sofa.

- Voilà, comme ça on pourra définitivement dire que j’ai trop bu, déclara-t-elle.

Elle appuya sa tête sur l’épaule de sa voisine, ferma à demi les yeux, et Hermione sut que, quelques années en arrière, elle aurait sans doute gratifié son amie de quelques phrases compréhensives et d’une promesse d’oublier tout ce qu’elle aurait pu dire d’incorrect ; au lieu de quoi elle passa son bras autour des épaules de Ginny, écrasa sa cigarette, happa le plaid posé sur le dossier du canapé et le déploya sur elles deux. Elle alluma une nouvelle Mayfair, se fichant totalement de l’odeur de tabac froid que prendrait immanquablement la couverture, et, pendant quelques minutes, elles restèrent ainsi côte à côte, serrées l’une contre l’autre à regarder les flammes qui dansaient dans l’âtre.

- Dis, Herm, tu t’es déjà imaginée avec quelqu’un d’autre que mon crétin de frère ? demanda Ginny.

- Non, jamais. Viktor était juste un flirt, et après… eh bien, je suppose que j’étais trop occupée à réfléchir pour trois pour me soucier de ma vie sentimentale. Et toi ?

- Moi, j’ai couché avec Karishma pendant presque tout le temps que je jouais pour les Harpies, répondit la rousse presque trop calmement.

L’alcool avait heureusement transformé le cerveau d’Hermione en une matière molle dans laquelle l’information s’enfonça comme dans un matelas douillet, et elle baissa les yeux, étudiant les motifs écossais du plaid, tentant d’imaginer une Ginny d’une vingtaine d’années en train d’embrasser une grande jeune femme à la peau basanée et à la somptueuse chevelure noire.

- Personne n’a jamais été au courant. Je crois que Gwenog se doutait de quelque chose, mais elle m’avait clairement fait comprendre quand je suis arrivée à Holyhead que les joueuses faisaient leur vie et qu’elles n’avaient de comptes à rendre sur rien, alors je ne me suis jamais sentie gênée par rapport à elle. Ça a duré trois ans, et puis je suis tombée enceinte.

Hermione vida son propre verre de sherry. Les deux femmes évitaient soigneusement de se regarder.

- Je me suis demandé sincèrement ce que j’allais faire. D’un côté, il y avait Karish et ma carrière de joueuse professionnelle, et de l’autre… eh bien, il y avait ce bébé, Harry, ma famille, tout le reste, en fait, alors j’ai supposé que les choses devaient se passer comme ça. J’ai gardé l’enfant, on a emménagé à Godric’s Hollow, et j’ai dit au revoir aux filles. James est né quelques mois plus tard.

Ginny se leva et plia soigneusement le plaid qu’elle posa ensuite sur le dossier du canapé ; et lorsque ses yeux rencontrèrent de nouveau ceux de son amie, ils étaient pleins de larmes.

 
 
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