Journal de bord de Nora Booth, Lundi 19 octobre 8h20, portable du Foyer:
Cela fait une semaine que nous nous entrainons à contrôler nos « corps extérieur » comme les appelle Emy. Une semaine où tous les jours se sont ressemblés, entrainements physique le matin, essaie de tire l’après midi, pour finir par des testes médicales sur l’avatar, puis repos pour lui, mais pour Nora, réunion de la section militaire à l’amphithéâtre et enfin temps libre, où là encore, je dois me documenter sur la population de cette planète avant de me coucher. Mais aujourd’hui, ce cycle prend fin. J’accompagne une partie de la section scientifique de ma sœur. Pour cela, je serai armée d’un revolver ASPM, d’une unité de base du même nom, comprenant un système d’arme BMC (base à munition cellulaires), ce qui équivaut à un Bullpup terrien. Il est vrai que j’aurai aussi pus choisir la mitrailleuse GA 456 au calibre 30, mais la couleur était totalement pas assortie avec mes vêtements. Ce matin là, avant d’embarquer dans le Clarkson 22, le pilote (humain) nous dicta les consignes de sécurité, puis nous imposa des règles strictes à respecter lors du vol. Je ne supportais pas le ton hautain de sa voix et j’étais certaine que ces yeux dissimulés derrière les verres tintés de ces lunettes nous envoyaient des éclaires. Ma sœur, au cœur aussi glacé que lui, osa une question, le coupant net dans son petit topo sur la sécurité.
- Nous sommes la seule équipe à partir ?
Le pilote patienta un instant, considérant Emy de haut en bas, avant de rétorquer qu’un second groupe était déjà sur place, qu’ils n’attendaient plus que nous. Une fois assise dans l’hélicoptère un boule s’est enroulée autour de mes intestins, comme à chaque fois que je prends un avion. J’adore !
Journal de bord d’Emy Booth, lundi 19 octobre 19h45, portable du foyer :
Je ne vois pas comment on peut aimer la sensation que donne un hélicoptère, cela ressemble à une sorte de bourdonnement constant et à un tremblement de terre de niveau 2. Mais après réflexions, on s’y habitue très vite. Arrivés au point d’atterrissage mon groupe et moi-même avons parcouru environs trois kilomètres pour enfin atteindre notre zone de recherche. Cela faisait un bon moment déjà que nous ramassions des échantillons de la flore de Klemola, quand soudain je vis tous les membres de mon équipe partir en courant, me criant tous simultanément des choses incompréhensibles et pointant du doigt ce qui les effrayés, c’est-à-dire vers moi, et pour cause ; lorsque je me retournai, l’estomac noué, je me retournais nez à nez avec un Menyane. Mais par un pur reflexe dicté par le stresse des voies qui bourdonnaient autour de moi et par aussi un apprentissage d’un agent du FBI ancien marins, je lui collai une droite… Après que mon cerveau eut fini de diffusé de l’adrénaline dans mes veines, je m’assieds par terre et me permit de hurler pour faire passer le reste de panique. Quelques minutes s’écoulèrent avant que je ne rouvre les yeux pour découvrir que le jeune homme s’essuyait la pommette gauche du revers de sa main, puis il me dévisagea avec de grands yeux étonnés et effrayés. Je forçai un pauvre sourire en le parcourant du regard et remarquai l’énorme erreur que j’avais commise. Ces vêtements étaient humains, à savoir un pantalon kaki avec un revolver accroché à la ceinture et un fusil pendait dans son dos, retenu par une bandoulière. Il s’accroupit en soupirant avant de relever vers moi ses iris d’un marron doré… avant de partir dans un fou-rire incohérent, sans que je ne puisse en faire autant. Je me sentis rougir. Je venais de frapper un des pilotes d’avatar. Pendant que l’autre se calmait, je pris conscience de la bêtise des gens qui m’accompagnaient. Pourquoi tous étaient partis en courant ? Etaient-ils débiles ou juste idiots ? Peut-être avaient-ils consommé quelque chose avant de venir, car pour croire que ce gars était un vrai Menyane, ils ne devaient pas avoir toute leur tête. Je ne fais pas de mauvaise foi, parce que dans mon cas j’ai de très bonnes raisons de me défendre en disant que c’était la surprise de le voir dans mon dos qui m’a fait avoir cette réaction et ils se sont tous mis à crier et à courir dans tous les sens, ils m’ont mis la pression ! Le pilote avait enfin recouvré tout son bon sens, il me demanda mon nom. J’essayais de retrouver ma voix et répondis calmement de façon courtoise d’une voix brisée. Il me tendis la main et se présenta également :
- Je suis Daemon Kurbis. Ravi de te rencontrer enfin.
Je réalisai à cet instant la raison de son éclat de rire incontrôlé de tout à l’heure. Je me redressai, encore toute tremblante, et commençai à marcher vers l’endroit où l’hélicoptère s’était posé. Il s’agissait du petit copain de ma sœur, le psychologue qui m’a fait la leçon sur Messenger lorsque je voulais juste parler à Nora. J’agitais nerveusement les bras en fulminant, tout en marmonnant des injures à son égard. Nous sommes toujours énervés quand on nous surprend, ou qu’on nous fait une mauvaise blague. Mais je rajoute sur son compte un lien assez étrange dû au vaudou de mes parents qui fait que quoi que Nora ressente, je le ressens également et inversement. Ça le fait avec tout et n’importe quoi, une coupure, un sentiment, mais le pire, c’est le désir. La veille du départ pour Klemola, ma sœur et Daemon on eut un contacte très rapproché, non, disons le franchement, des ébats assez torrides et violents. Comment dormir si vous palpitez ? En marchant furieusement, je faisais balloter, sans le vouloir, mon sac contenant les échantillons de la journée et il eut le culot de m’ordonner de ne pas le secouer. Là, je reconnais qu’il n’avait pas tout à fait tort. Je me suis donc arrêtée de trotter dans cette jungle cramoisie au sol jonché de racines mauves et d’énormes feuilles orange en tout genre pendantes partout pour reprendre mon souffle. Nous avons finalement retrouvé l’engin où mon équipe et la sienne nous attendait. Il me souri en me dépassant avant de se retourner vers Nora, qui lui fonçait droit dessus pour se jeter à son cou, et non au mien, pour s’enquérir de sa santé, et non la mienne. Je la considérai un instant avec mépris avant de partir, légèrement vexée, vers mon équipe en râlant. Après quelques éclaircissements quant à la fugue précipitée et bruyante de mon équipe, qui s’avérait en fait être une « blague », nous repartîmes vers le Clarkson avec lequel nous étions venus afin de retourner à la station-Mère. Nous sommes arrivés après une bonne heure de vol dans les rayons du soleil couchant (enfin, du Wateydactus 51 couchant) et une magnifique vu sur les deux satellites de cette planète, appelés Kalikö et Liera, puis je me suis directement dirigée dans le foyer où sont installés des lits pour les avatars. J’ai toujours la tête qui tourne légèrement en sortant du scanner où mon corps humain repose lorsque je suis en sortie. Quant à Nora, la dernière fois que je l’ai vu, elle faisait de mamours à son chéri, c’était d’ailleurs très troublant de les voir sous leur peau de Menyane, leurs queues s’enroulaient autour des jambes l’un de l’autre. A présent, je suis dans ma chambre, j’attends la sonnerie de vingt heure, signale que l’on peut passer à table puis j’irai me laver et me coucher.
Journal de bord de Nora Booth, Lundi 19 octobre 21h00, portable de la chambre:
Aujourd’hui a été une journée extraordinaire. D’abord on survole une forêt immense inconnue à l’homme, peuplée d’êtres-vivants indescriptibles, et ensuite je retrouve l’amour de ma vie dans la peau d’un Menyane. Bon, d’accord, il est vrai que je ne l’ai pas du tout reconnue mais dès que ce fut fait, je l’ai trouvé sublime, et ces yeux, n’en parlons pas… splendides, avec leur couleur corail doré. Je retombais amoureuse illico. Emy ne le supporte pas parce qu’il est psychologue, mais en fait, il est xéno-psychosociologue (je me suis entrainer à le répéter plusieurs fois). En marchant à travers les branchages au couleur rubicond, mon cœur battait à mes tempes, la peur et l’appréhension me nouaient l’estomac, je serrais fort mon BMC dans mes mains, prête à tirer sur la moindre créature que mon système nerveux jugerait « dangereuse ». En regardant la biologiste qui nous accompagnait, le docteur Aprile Stuart, je me détendais quelque peu. Nous n’étions que cinq de notre équipe à avoir pénétré la jungle, le pilote d’hélicoptère et un tireur humain étaient restés près de l’appareil. J’avais ouvert la marche, les scientifiques étant retarder par leurs affaires quand soudain un moucheron de la taille de mon poing commença à me tourner autour. Je lâchais une main pour la secouer en l’air, histoire de faire comprendre à l’insecte d’aller voir ailleurs. Mais comme il persistait, je m’éloignais de quelques pas pour lui tirai dessus, mais en même temps que mon doigt appuyait sur la gâchette, Emy, un scientifique et le docteur crièrent à l’unisson de ne pas le tuer ; trop tard. Bingo ! En plein dans le mille. Fière de moi, je me penchais pour voir l’insecte rendre l’âme. Ils accoururent vers moi et alors qu’Emy ramasser la bestiole et la mettait dans un sachet plastique, les deux autres me sermonnaient, me balançant leurs règles et leur éthique débiles à la figure.
Vers la fin de la journée, au moment de repartir, l’équipe de Daemon s’était jointe à la nôtre mais lui, était arrivé dans le dos d’Emy, un index levé sur les lèvres et un clin d’œil dans notre direction avant de se jeté derrière elle pour lui faire peur. Les équipes jouèrent le jeu en criant, courant et se cachant comme affolées. Puis Emy prise de panique aussi se retourna et balança un crochet du droit à Daemon. J’ai cru voir sa tête faire un tour complet, et là, j’ai réellement hurlé. Puis ce fut au tour de ma sœur de s’affaler dans l’herbe et de gueuler jusqu’à ce qu’elle se calme. Daemon l’avait compris et comme nous sommes jumelles, il l’avait reconnue. Ce crochet était la marque de fabrique de la famille Booth, et étant donné les circonstances, j’ai gloussé dans mon coin également. Mais Daemon est vraiment le plus beau lorsqu’il rit. Malgré tout, le voilà affublé d’une tache verdâtre sur la pommette. Avais-je déjà précisé que le sang des Menyanes était bleu turquoise ? Pendant que tout le monde commençait à se diriger vers l’avion, Emy fulminait en balançant nerveusement ses bras, agitant simultanément sont sac pleins de racines, d’herbes et de substances visqueuse en tous genres. Pour finir, lorsque Daemon arriva au niveau de la clairière où s’étaient posés les deux hélicoptères, je ne pus me retenir d’aller me jeter dans ses bras et de l’obliger à aller soigner sa blessure. Et c’est à partir de là qu’Emy à commencer à me faire la tête. Même au retour à la station-mère, elle ne voulait toujours pas me parler. J’en conclus donc qu’il valait mieux pour elle qu’elle soit seule. Quant aux équipes militaires il leur fallait à présent décharger les engins de combats, nettoyer et remettre en place les armes avant d’aller faire une visite médicale en avatar et en humain. Je détestais ça. |