Aaaah... J'ai pris un peu de retard. Désolé, raisons politiques. Obama ne veut pas me donner mon titre d'Hégémon. Monde de merde...
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Le cocher nous avait regardé d'un drôle d'oeil lorsqu'Holmes lui avait donné notre destination. Il fit cependant partir le fiacre, au trot, en nous disant qu'il ne pourrait pas faire avancer celui-ci jusque dans l'allée citée. Il nous laisserait donc sur une rue parallèle, et nous devrions marcher quelques mètres. De toute évidence, le quartier ne lui inspirait aucune confiance. Durant le voyage, Holmes resta perdu dans ses pensées. Le connaissant, il ne devait pas penser à la manière dont il allait aborder l'homme, mais bien à la façon dont il exploiterait les informations qui lui seraient données. Pour ma part, je me contenta de regarder s'affairer les gens autour du fiacre, la foule des commerçants ondulant à mesure que les stands prenaient les couleurs des légumes de saison. Le voyage me parut long.
Pourtant, il ne nous fallu qu'un peu plus d'une demi-heure pour atteindre notre destination. Les grandes rues avoisinant le Regent's Park s'étaient petit à petit rétrécies, et avaient perdue de leur charme. A l'arrivée, le cocher nous déposa près d'une allée qui ne devait mesurer au vrai pas plus d'un mètre de largeur. La lumière y filtrait difficilement. Alors qu'Holmes payait la course, j'observais avec un certain intérêt la noirceur collait aux murs. Une sorte de suie, qui était normalement nettoyée par les services de la ville. Cependant, ceux-ci n'osaient trop s'aventurer par ici. Quelques hommes passèrent près du fiacre, jaugeant sa valeur et riant grassement. Les chevaux s'emballèrent un peu, le cocher fit claquer son fouet et ces brigands ne restèrent pas. Finalement, Holmes me rejoignit, et nous firent face à la ruelle sombre. Le fiacre partit au trot, nous laissant seuls. Décidant de ne pas me laisser avoir par la peur, je m'avançais le premier, rapidement suivit par Holmes. Malgré son insouciance habituelle, il semblait lui aussi quelque peu nerveux.
L'allée continuait sur quatre cent mètres, avant de déboucher sur une rue à peine plus grande. Notre homme habitait à quelques mètres de là, dans une de ces maisons que les ouvriers partageaient à plusieurs. Je laissais Holmes taper à la porte, et me mettais dos à la bâtisse, près à me défendre si l'un des malandrins passant par là décidait d'un coup de nous attaquer. Il n'en fut rien, et je pus rentrer avec Holmes à la suite d'un homme grand, de forte stature. Il nous emmena jusqu'à une chambre situait au delà d'une cours intérieur mal éclairée. J'aperçus un homme qui nous regardait fixement, à l'une des fenêtres, les yeux injectés de sang, visiblement complètement asphyxié à l'opium. Je détournais le regard.
Gary Helver n'était presque pas sorti depuis son accident. Le visage dévoré au deux tiers par l'acide, l'oeil droit vitreux, les muscles du haut du corps entièrement rongés, il ressemblait plus à un frankenstein de Mary Shelley qu'à un homme. Mon expérience médicale me crier qu'il n'y avait aucune chance pour qu'un être humain vive avec tant de meurtrissures. Pourtant, il était là, mâchonnant de sa demi-mâchoire quelques feuilles de tabac, son oeil valide fixé sur nous. Il ne semblait pas spécialement heureux de recevoir de la visite.
« 'sieur Holmes on a dit ? escuserez que j'aticule mal. as facile ahec ce qui reste de achoîre.
- Nous nous en accommoderons. Vous savez la raison de notre venue ?
- Le cadavre etrouvé hez les bouges ? Ouais... »
L'homme me paraissait bien renseigné, pour quelqu'un qui ne sortait pas de chez lui. Mais je ne dis pas un mot.
« Oui. La police n'a pas fait grand cas de votre mésaventure, et je viens vous proposer de trouver ceux qui vous ont fait ça - en échange de quelques renseignements, bien sûr. »
Il mâchonna. Il n'était vraisemblablement pas pressé. Il aspira de l'air par sa gorge, littéralement, l'acide ayant creusé la peau au dessus de la pomme d'Adam.
« Et qu'est-ce vous voulez savoir ? Ai donné une desription à la olice...
- Nous aimerions plutôt savoir... Qu'est-ce que vous avez pu faire pour vous attirer les foudres de telles personnes. »
Une nouvelle pause. Il semblait réfléchir.
« e crains de ien avoir à vous dire. Ésolé. »
Avant qu'Holmes ne puisse dire un mot de plus, il avait fait un signe de la tête à la brute qui nous avait accompagnée. Celle-ci s'était empressée de nous attraper par le col, et nous avait tiré sans ménagement dans la cours intérieur. L'homme à l'opium riait. La brute referma la porte, et se tourna vers nous. Sans un mot, Holmes se dirigea vers la sortie, et je décidais de le suivre, gardant mes insultes à l'encontre de ce Gary Helver pour moi-même. Arrivés dehors, Holmes ne me parut pas plus énervé que ça. Peut-être avait-il trouvé les renseignements qu'il cherchait ? Je n'en savais rien, mais n'osais pas lui poser la moindre question. De fait, je me contenta de le suivre alors qu'il remontait la ruelle que nous avions passé quelques minutes auparavant, toujours aussi peu éclairée. Lorsqu'enfin la lumière se fit à nouveau voir, je vis Holmes soupirer. Je notais de suite "ou peut-être pas".
« Watson... Je crains qu'il nous faille faire un bout de chemin à pied. Au moins jusqu'à retrouver une rue plus... Il baissa la voix, moins malfamée. »
La délicatesse d'Holmes m'étonna. Il avait plus l'habitude de dire ce genre de chose tout haut. Je compris rapidement pourquoi. Il reprit, toujours en chuchotant
« Watson, ne vous retournez pas. Derrière vous, dans l'ombre de la ruelle, il y a deux hommes. Ils étaient présents à Baker Street, avant que nous ne prenions le fiacre. Tout me porte à croire qu'ils sont dangereux, mais qu'ils n'ont pas d'acide sur eux : leurs mouvements sont trop amples, ils feraient plus attention s'il devait transporter un tel fluide... Il reprit, à voix haute, Bien ! alors en route Watson ! »
Je pense que le message était clair. Il nous fallait trouver au plus vite un fiacre, un moyen de nous éloigner de ces hommes. Ne pas rentrer au 221B Baker Street. Ni à aucun endroit où il était connu que nous allions. S'il le fallait, nous devions nous séparer. Je n'avais bien sûr aucune idée d'où nous nous retrouverions, mais je savais qu'Holmes me retrouverait, où que je sois. Quelques pas, et l'avenue donna sur une plus grande artère, cependant déserte. Du coin de l'oeil, j'aperçus un mouvement dans mon dos. Pris d'une certaine panique, je me mis à courir, et j'entendis très vite que quelqu'un partait à ma suite. Je ne me retourna pas, mais j'avais entendu le bruit d'un couteau qui se plante dans un morceau de bois, puis un bruit de coup sec suivit d'un petit craquement. Un coup de poing dans les côtes, certainement porté par Holmes à son agresseur. Je bénissais alors mon regain de force de ces dernières années. La course était certes épuisante, mais je semais mon assaillant. Au bout d'une dizaine de minutes, seuls mes pas résonnaient dans les rues désertes de Kennington Lane.
J'étais perdu, mais plus personne n'était derrière moi pour attenter à ma vie.
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Ah, il se passe enfin quelque chose ! Il était temps, non :p !? Oui, c'est peut-être pas ce à quoi s'attendaient certaines... Tant pis ! |