(Février 2012)
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Elle est entrée dans les cabines d’essayage le sourire aux lèvres, d’un pas sautillant et avec l’air de quelqu’un qui prend la vie différemment. Tu l’as rappelée alors qu’elle s’était arrêtée au milieu de la pièce et qu’elle semblait réfléchir au choix de la cabine comme à un problème mathématique, les lèvres pincées et les sourcils légèrement froncés.
- Excusez-moi, mademoiselle, vous avez combien d’articles ?
Elle s’est tournée vers toi, s’est écrié « Oh ! je suis désolée, » à la manière de quelqu’un qui viendrait de renverser un demi litre de soupe sur vos vêtements et tu n’as pu contenir un sourire.
- Ce n’est rien.
La fille t’a souri en retour puis t’as montré les cintres sur lesquels étaient accrochés ses pantalons.
- Trois !
Tu lui as tendu son petit panonceau, qu’elle a saisi. Elle t’a jaugée du regard un instant, un doux sourire aux lèvres et une lueur de malice dans les yeux, et puis elle a tourné les talons et a tiré le rideau de la cabine en face de toi.
Il n’y avait pas grand monde ce jour-là. Elle est ressortie quelques instants plus tard, a accroché les trois pantalons au portant.
Puis elle s’est dirigée vers toi, a posé un papier sur le comptoir, a dit :
- Si un jour tu n’as personne pour aller au ciné ou boire un chocolat.
Et elle est sortie du magasin.
Sur le papier dix petits chiffres alignés, rien d’autre. De l’audace et de la spontanéité. Tu pourrais essayer. |