Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de J.K.Rowling, qui a su créer un univers fantastique que nous prenons plaisir à exploiter. Chapitre 4 2 jours. 2 putains de jours que je suis enfermé ici. Ce qu’on attend ? Aucune idée; Je ne t’ai aperçu qu’une seule fois en ce court laps de temps. Tu m’as à peine regardé. D’un œil désintéressé, comme à ta nouvelle habitude. Qu’ai-je fait au juste depuis mon arrivée ? … Rien de bien concret à vrai dire. La plupart du temps étendu sur le matelas, de la fumée me sortant des lèvres; fixant d’un œil morne les draperies du lit ou la rue au bas de la fenêtre, j’ai imaginé…surtout des choses absurdes d’ailleurs. Le cendrier plein de mégots à mes côtés, je me plonge une fois de plus dans mes pensées. Qu’est-ce que tu fous Potter ? Trois coups nets me sortent de ma fausse contemplation. On frappe. …Toi ? Le pan de bois révèle Antoine. Il me transperce de ses yeux violets contemplatifs, un brin amusés peut-être. « Il vous attend » m’indique-t-il. Ce n’est pas trop tôt. Je me lève et passe l’embrasure de la porte relativement calmement. Le vampire m’interpelle. « La si courte durée de vos vies vous pousse à en profiter rapidement n’est-ce pas ? Quelle pitié… » murmure-t-il d’un air pensif. « Vous dévorez tellement vite que vous en oubliez d’apprécier…Oublierez vous cette fois-ci ? » demande-t-il sans vraiment attendre de réponse. …Personnage énigmatique plutôt intéressant ce vampire… Oublierez-vous..? Que veut-il dire, exactement ? « Quoiqu’il en soit.. » susurre-t-il , « ..qui ne tente rien n’a rien, vous avez donc raison.. » Je commence à haïr ce liseur de pensées. « Ne vous offusquez pas, je n’ai pas pour habitude de divulguer les secrets ainsi…hum, révélés ? » sourit-il. Je retiens un commentaire sarcastique. Révélés ? Plutôt arrachés. « Entre nous, heureusement pour vous n’est-ce pas ? Que dirait-il à votre avis s’il savait ? Réfléchissez-y donc. L’enjeu est plutôt intéressant après tout… » Il s’éloigne. Réfléchir ? Je l’ai déjà fait… J’ai la vague impression que le vampire n’a pas tout percé à jour finalement. …A moins qu’il ait envisagé un autre cas de figure ? Peu importe. Deux pas de plus et ma main prend finalement place sur la poignée de ta porte. J’ouvre. Mes yeux scannent rapidement la pièce et te trouvent assis sur le rebord de la fenêtre. Tu tournes la tête vers moi et me dévisages. « Je sors » annonces-tu calmement. Je ne réponds pas. Tu te lèves. « Je t’avais proposé de m’accompagner. Ça tient toujours » continues-tu. « Je viens » Je me détourne et fais un bref détour par ma chambre, le temps de mettre un paquet de clopes dans ma poche. Tu attends dans le couloir. J’ai apparemment quelques heures cet après-midi que je pourrai mettre à profit. Pour t’extorquer des informations par exemple. Pour…Peut-être…Hm. J’humidifie mes lèvres nerveusement. Le temps passe vite. On débouche tous deux dans la rue après être passés par le bar totalement vide. Le soleil brille. Un peu trop peut-être. Le ciel bleu se reflète dans une flaque un peu plus loin. Tu t’avances sans un mot, l’esprit visiblement ailleurs. Je ne dirai pas que cette indifférence m’exaspère mais… Est-ce là le meilleur moyen que tu aies trouvé pour parer à nos véhémentes disputes ? Ou bien es-tu vraiment préoccupé ? … Je ne devrais pas m’intéresser plus que ça à ce que tu cherches…N’est-ce pas ? On ressemble à deux égarés à marcher ainsi sans un mot. Serait-ce la fatigue qui s’est emparée de nous ?… Je n’aurais jamais cru cette situation possible. « Où va-t-on ? » Je demande finalement, le silence pesant venant à bout de ma patience. Tu sembles ébranlé, et te tournes vers moi d’un air surpris. « Malfoy.. » expires-tu. Qu’est-ce qui te passe par la tête ? ..Je hausse un sourcil dubitatif. Tu baisses le menton en passant une main dans tes cheveux, soupirant comme si tu venais finalement de réaliser ma présence. Tu t’es arrêté et me regardes d’un air peu amène. Tu ne dis rien. Comportement pour le moins inhabituel. Non pas que je m’ennuie, mais ton immobilité me pèse…Dois-je répéter ma question ? Cette attitude est pour le moins ..déstabilisante. Cesse de me fixer ainsi, merde ! Une cigarette prend rapidement place entre mes lèvres. Je m’appuie contre le mur voisin. J’attends, Potter. Tu te renfrognes. « Tu m’en passes une ? » demandes-tu en désignant la tige de tabac entre mes doigts. « Avec plaisir Potter; s’il n’y a que ça pour que tu daignes ouvrir la bouche. » Une minute plus tard, exhalant la fumée, tu souris et annonces en fin de compte: « Je crois qu’on gêne. » Pardon ? Je suis ton regard et tombe sur celui meurtrier d’une petite vieille accoudée à sa fenêtre. Je soupire exagérément et t’attrape le bras. « Soit, on dégage donc. » Je te tire derrière moi et tu suis, tes yeux étonnés posés sur ma main. « Le contact d’un sang-mêlé n’est pas censé nuire à la splendeur des Malfoy ? » remarques-tu acidement. Je te lâche. Tu souris avec morgue. « Ces contacts, comme tu dis, peuvent se révéler plus qu’agréables ..dans certaines circonstances. » Un rictus prend place au coin de mes lèvres. Tes iris semblent fondre. « Tu me dégoûtes tellement Malfoy » murmures-tu. Lève les yeux vers moi. « Vraiment ? » soufflé-je avec délectation. Tu ne dis rien. Tes paupières tremblent. Tu amènes avec nonchalance ta cigarette à tes lèvres, détournant le regard, abstrait de nouveau. Ce sont tes deux bras que j’ai envie de saisir à présent, de saisir et de serrer. Fort. Tes yeux s’agrandiraient. Mais alors serrer ta taille.. Bien plus fort. Amener ton corps contre le mien. Avec ferveur. Te serrer contre moi. Je scrute la rue. Deux-trois passants se sourient un peu plus loin. J’écrase du pied ma cigarette. « Po… » Je commence. « Je dois me procurer quelques objets » me coupes-tu. Tu as regagné ta sainte indifférence. « J’en ai pour deux heures environ » précises-tu. Tu hésites, puis: « Tu as quelque chose à faire ? » « Non » rétorqué-je. « A quelle heure partons-nous demain ? » Tu me jettes un bref coup d’œil. « Nous ne partons plus demain. » « Pardon ? » « J’ai besoin d’abord de rencontrer une personne… Ce que je ferai demain. Tu ne seras libre qu’après-demain donc » souris-tu narquoisement. « Je croirais presque que ça te fait plaisir » grogné-je rageusement. « Mais c’est le cas Malfoy. » Puis, comme si tes paroles pouvaient porter à confusion, tu clarifies: « Tu as l’air tellement enchanté par cette ville. » Quel insupportable petit con tu peux être parfois. Tu t’arrêtes soudain devant une herboristerie dont la devanture jure horriblement avec le reste de la rue. Je suppose que seuls les sorciers peuvent voir l’échoppe. Tu entres, moi à ta suite. Tu refermes un peu trop brusquement la porte et je l’évite de justesse. Puéril. Une envie de passer tes nerfs ? Tes yeux semblent pétiller. Les miens se fixent sur tes lèvres séduisantes, avant d’aller observer les vitrines. Un charme d’illusion appliqué à mon corps parera toute éventuelle agitation. Déjà, le propriétaire de la boutique apparaît. Tu tournes la têtes et je m’aperçois que tu as fait la même chose. Tes yeux bleus vifs et étirés, ta peau pâle et parsemée d’une barbe de trois jours. Des traits remodelés. … Ai-je besoin de préciser que ce changement radical ne me plaît pas, que cette nouvelle physionomie n’est pas à mon goût ? Ton corps même paraît plus frêle. Tu t’avances vers le vendeur, je me désintéresse de votre échange. Je n’ai aucunement besoin d’ingrédients à potion. L’endroit est sombre, poussiéreux. Il est étonnant de trouver un sorcier dans cette ville. A-t-il fui comme tant d’autres ? … Comment fait-il pour vivre dans cette ville paumée ? Aucun sorcier à la ronde.. Ce n’est pas de la vente de ses plantes qu’il peut tirer profit. « Hm, vous êtes sûr ? » s’élève ta voix. Tu fixes suspicieusement quelque chose dans ta main. Je m’approche. C’est une petite sphère en verre. « Je vous assure qu’elle fonctionne. On me l’a demandée voici un an, et elle est fin prête. » « On ? » interroges-tu. Le marchand ne répond pas. La quarantaine bien sonnée, les traits fatigués, les yeux hagards, il fait peur à voir. J’imagine que ses clients se trouvent parmi mes presque ex-collaborateurs. « Qu’est-ce donc au juste ? » Je m’informe. « Un absorbeur.. » « Et ? » « La prochaine fois écoute dès le début » coupes-tu avec hostilité. Le vendeur continue cependant son explication. « Cela peut absorber toutes sortes de fluides, du moment que c’est en contact avec un morceau de peau » « Toute sorte ? » « Magie, sang, lymphe.. Et autres » murmure-t-il sombrement. Hm. J’ose presque imaginer ce que trois de ces charmantes petites sphères pourraient faire entre des mains malintentionnées. « Elles existent en plusieurs volumes » précise-t-il. Il sort là-dessus une caisse remplie de centaines de fioles. Tes yeux s’obscurcissent. « Il m’en faudrait d’un millilitre.. » dis-tu, une certaine lassitude dans la voix. Il t’en donne deux et explique plus en détails le fonctionnement de cet, il faut bien l’admettre, ingénieux instrument. Ce type a du consacrer son année entière à la confection de ces instruments. J’imagine qu’on peut faire n’importe quoi, encouragé par des mangemorts… Ces outils lui ont sans doute permis de vivre cette année. Même si ça sera au détriment des prisonniers.. Que m’importe. Dans deux jours je n’aurai plus à me mêler de ces affaires. Tu t’empares finalement presque à contre cœur des sphères. J’ai la vague impression que je serai le premier à en faire les frais. Tu payes les deux objets et quelques plantes avec mauvaise humeur, puis on sort sous le regard désolé du sorcier fatigué. Je le plaindrais presque. « Tes copains sont vraiment pourris » lâches-tu avec mépris une fois dehors. Tu plantes tes yeux de nouveau verts dans les miens. « Quelles tortures vont-ils encore inventer avec ces putains de fioles ? » « Personnellement, je ne m’occupe pas des tortures » précisé-je. Tu me regardes d’un œil mauvais. « Ils peuvent en mettre une sur chaque tempe. S’ils font aspirer la magie, la pression devient insupportable et le corps faible. Paradoxe douloureux. » annoncé-je posément. Tu fais une moue dégoûtée. « Ou sur les yeux peut-être.. » continué-je pensivement. Le fait que les fioles puissent aspirer plus ou moins lentement rend les tortures longues. Tu sembles imaginer les effets et t’exclames vivement. « Tu es ignoble ! » Je stoppe ma marche et te fixe curieusement. « Je ne faisais que répondre à ta question.. » répliqué-je. Tu lèves les yeux au ciel. « Il est évident qu’il a été forcé de fabriquer ces ..choses. Il avait l’air vanné. Pourquoi les mangemorts veulent ces fioles de toute façon, ce n‘est pas plus douloureux que ce qu‘ils font actuellement..» constates-tu. « Tu as déjà tout testé ? » rétorqué-je ironiquement. « Quoiqu’il en soit, ces sphères sont avant tout des récipients. Tu t’en es rendu compte, si c’est pour pomper mon sang que tu as demandé quelque chose de ce genre, non ? » « Tu avais deviné ? » réponds-tu, railleur. « .. J’imagine qu’elles vont donc leur servir à récupérer les liquides pour des potions, des expérimentations… Et puis ça évitera que le sang continue d’imbiber le sol. » Tu m’assassines des yeux mais ne dis rien. « Quant à l’herboriste, il aurait pu éviter de se donner ce mal. S’il croit qu’il va s’en sortir vivant… » « Que veux-tu dire ? Il a rempli son contrat » coupes-tu. « Potter. Il y a été obligé c’était clairement visible, et il ne le faisait pas de gaieté de cœur comme d’autres. Il y a trois quarts de chances qu’il soit un sang mêlé ou un sang de.. » « Pas ce mot » « Les automatismes » Je hausse des épaules, puis reprends : « Il va se faire tuer dès qu’ils auront les fioles. Le comble serait qu‘il serve aux premiers tests de fonctionnement…» « Dégueulasse. » « Je sais » « Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ! » « …Quel intérêt ? » Tu ouvres la bouche mais rien n’en sort. Puis, tu fermes les yeux brièvement. « J’avais oublié » nargues-tu, « serpentard pourri et fier de l’être. » Je souris. « Je pensais qu’on avait dépassé le stade d’Hogwarts ? Tu me déçois Potter. » « Tu m’en vois navré » répliques-tu avec ironie. « Tu peux toujours retourner le prévenir » ajouté-je. On continue notre chemin. Une dizaine de minutes s’écoule silencieusement. Nos pas sont lents, mesurés. Rien ne presse. Il me semble parfois sentir ton regard me scruter. Ce n’est jamais bien long. Tu as l’air inquiet. Oh, cela ne se voit pas. C’est juste… Je le sens. « Malfoy.. » commences-tu d’un ton ennuyé, « Que vas-tu faire ? » Pourquoi, ça te préoccupe ? « Rien qui ne t’intéresse Potter. » « Si je demande, c’est que ça m’intéresse » tiques-tu. « Quoi, mon devenir ? » Réponds-je moqueusement. « Je n’arrive pas à croire que tu veuilles…fuir » poursuis-tu, de la rancœur dans la voix. « C’est si dur à imaginer ? » J t’interroge neutrement. Tu marques une pause. « Passablement » Tu traverses la rue et grognes en avisant la pancarte « fermé » d’un magasin dans lequel tu comptais apparemment te rendre. « Tu penses disparaître quelques mo.. années, et réapparaître à l’issue de la guerre ? Si Voldemort gagne, tu ne pourras d’ailleurs pas réapparaître du tout. » J’avais pensé gagner un autre pays à vrai dire. « Et si c’est moi qui gagne Malfoy, je veillerai personnellement à ce que tu ne puisses pas réintégrer la "bonne société anglaise" » « Si c’est toi qui gagnes ? Tu es plutôt présomptueux Potter » dis-je amusé. « Je t’en prie, comme si on ne savait pas ce que va se passer » grommelles-tu. Oh, on le sait tous très bien. Un jour, ce sera entre toi et lui.. Ensuite, on avisera. J’aimerais autant que ta jolie personne en ressorte à vrai dire. « Tu as bien des intérêts à défendre dans cette guerre » soupires-tu avec lassitude. « Toutes ces idéologies de sang pur par exemple ? Je ne sais pas, n’importe quoi… » Je te regarde pensivement. « Tu ne crois même pas à ce que tu dis Potter.. J’ai baigné là-dedans depuis que je suis gosse c’est vrai. Mais je ne suis pas assez con pour ne pas me rendre compte des failles de ces pensées. » Tu fronces des sourcils. « Alors, pourquoi as-tu pris part, si tu ne crois en rien ? » « Pourquoi tu te bats, toi ? » répliqué-je. « C’est pas comme si on avait le choix. » « Foutaises. Si j’avais eu le choix, je m’y serai embarqué aussi » rétorques-tu. « Sans doute. Moi aussi… Trop de pressions, n’est-ce pas ? » Tu acquiesces, songeur. « On en serait au même point alors Potter… » Poursuis-je nonchalamment. « Cinq ans de guerre. Deux types paumés. » Un rictus prend place sur tes lèvres. « La différence fondamentale, Potter.. » reprends-je ; tu tournes ton regard vers le mien. « C’est que des choses tangibles, matérielles, te rattachent ici. Pas moi. » « Pas que des choses tangibles dans mon cas » contrecarres-tu. « Si tu veux toujours faire exception à la règle.. » J’abdique. « Tu penses donc n’avoir aucun regret par la suite Malfoy ? » demandes-tu presque avec ..curiosité ? J’en ai déjà tellement des regrets et des remords. « Si je risquais d’en avoir, je ne serais pas venu te voir. » « Hm » Ton visage toujours si neutre se tourne vers une boutique sur la gauche. « Je reviens » déclares-tu. Je pourrais partir juste maintenant. Cette étrange atmosphère m’étouffe. J’en viendrais presque à regretter l’espace confiné de ma chambre des deux derniers jours. Cet après-midi curieusement décalé me déroute. Que se passe-t-il exactement ? Ta silhouette se détache du trottoir d’en face alors que tu me rejoins lentement. Tu les sens, mes yeux sur toi ? A suivre… |