L’or, l’argent et le cristal. Auteur : haniPyanfar Sorcière Hebdo appartient à J.K.Rowling ainsi que Harry Potter et les Malfoy. Mais elle a la gentillesse de nous les prêter à condition qu’on ne leur fasse pas trop de mal. Enfin, je brûlerais bien un petit peu ce foutu journal mais comme je ne veux pas aller à Azkaban … Rating : T pour une conversation en fin de chapitre. Chapitre 8 : Sorcière Hebdo. C’était dimanche. Jonathan arriva dans la Grande Salle pour le petit déjeuner avant Rosalba et Xavier qui faisaient volontiers la grasse matinée ce jour-là. Pourtant, il était tard car les hiboux avaient déjà apporté le courrier. Il se dirigea vers la table des Serpentards et remarqua un attroupement de filles qui avaient l’air très excitées. Dès qu’elles le virent, elles se précipitèrent vers lui et une élève de troisième année lui mit sous le nez une page de « Sorcière Hebdo ».. « Regarde ! Revoilà la photo de ton père avec Harry Potter ! Et il y en a d’autres ! Tu vois bien qu’ils sont ensemble. Moi, ça ne me dérange pas, chacun fait ce qu’il veut mais il y a plein de détails sur eux du temps de leur jeunesse. Alors ils se connaissaient bien mais ils étaient ennemis ? Raconte-nous … » Elle n’eut pas le temps d’en dire plus. Jonathan, qui était resté jusque là figé et muet, lui arracha le journal des mains et sortit en courant de la Grande Salle. Il hésita une seconde sur la direction à prendre. Mais il vit plusieurs élèves descendre l’escalier venant des dortoirs et, attrapant au passage une cape posée près de l’entrée, il se précipita dehors. Il faisait moins froid mais la neige durcie recouvrait le sol d’un tapis glacé. Il chercha des yeux un endroit où se réfugier pour lire cet horrible journal et aperçut Aloïs Chourave sortir d’une serre sans fermer la porte à clé. Il attendit un peu puis il pénétra doucement à l’intérieur. Au moins ici, il serait tranquille. Il ouvrit le journal d’une main tremblante. La photo lui sauta au visage. Il suivit ensuite des yeux la série des autres images. Moldues ou pas, elles étaient d’excellente qualité et leur sens était clair. Les deux hommes avaient la même expression que ce maudit jour d’anniversaire. Ils se regardaient comme … des amoureux … comme un garçon et une fille prêts à se … bécoter … à se lécher la figure … comme il l’avait vu faire par des grands … Jonathan eut un brusque sursaut de … dégoût. Les paroles du mari de sa mère lui revinrent en mémoire : « Ton père … anormal … homo … » En même temps, il imaginait … il voyait … Harry Potter prendre la main de son père entre les siennes … et ces sourires … Il ferma les yeux très fort puis les rouvrit. Mais rien n’avait changé. La blanche clarté de la serre éclairait les deux visages sur la page de ce sale journal. Et ils avaient l’air si … heureux … Non, ce n’était pas possible … Jonathan s’assit par terre, appuyé contre une table où étaient alignés des pots de jeunes mandragores. Il laissa tomber les feuilles de papier et se recroquevilla, les jambes serrés entre ses bras, la tête posée sur ses genoux. Il repensa à ses tourments et à ce qu’il avait fait pour les résoudre. N’ayant pas eu de réponses aux questions qu’il se posait, n’osant pas en parler avec d’autres élèves ou avec le Directeur de sa maison, Livio Greenglass, le professeur d’astronomie, un homme bon mais assez austère, il était allé à la bibliothèque. Xavier faisait toujours ça quand il avait des recherches à faire, sur n’importe quel sujet. Les dictionnaires qu’il consulta lui donnèrent des réponses sèches et circonstanciées. Omo … non, homo … voir homosexuel : personne qui éprouve une attirance pour les individus de son propre sexe. Les mots qu’il lut ensuite lui retournèrent l’estomac : gay … pédé … tapette …travesti … et pour les filles, parce que ça existait aussi chez les filles … lesbienne … gouine … Jonathan n’avait que onze ans, il lui était impossible de faire la part des choses. La réalité brute lui explosait au visage. Mais il refusait de toutes ses forces d’associer les mots qu’il lisait à l’image de son père. Non, ce n’était pas vrai …Les journaux disaient n’importe quoi …Ou alors … Le jeune garçon chercha un responsable à cet état de choses. Il en trouva un. Tout ça, c’était la faute du père de Rosalba, le célèbre Harry Potter. L’homo, c’était lui et il essayait de séduire son père parce que son père était le plus bel homme du monde. Et bien sûr, personne n’oserait rien dire au plus grand attrapeur de Quidditch depuis un siècle … Jonathan n’imaginait même pas la réalité physique des relations homosexuelles. Il pensait seulement aux couples qu’il voyait flirter, s’embrasser, se caresser dans les couloirs de Poudlard. Il était seul avec sa vision des choses, une vision très partielle, déformée par l’ignorance et brouillée par ce qu’en avaient dit sa mère et Jason Jones. Le silence qui régnait autour de lui le calma un peu… Il ne fallait pas y croire. Voilà, c’était ça, il n’y croirait pas … pas tant qu’il ne serait pas sûr …Il allait envoyer sa chouette Ludivine à son père pour lui demander … quoi ? S’il était … gay ? Non … Son père avait été marié. Sa mère était très belle. Ils s’aimaient puisqu’il était né. Il y avait juste cette … incompatibilité de sentiments. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Peut-être que sa mère était tombée amoureuse d’un autre …de ce mauvais homme … Jason Jones … Ses parents s’étaient séparés mais ils étaient restés amis … Non, toute cette histoire ne rimait à rien. Ce n’était pas la faute de son père. C’était Harry Potter qui lui faisait des avances … Oui, ça ne pouvait pas être autre chose … C’était le père de Rosalba qui essayait … Que disait ce … torchon sur leur jeunesse ? Ils se connaissaient et ils ne s’aimaient pas … Ils étaient ennemis … Jonathan se redressa, il reprit le journal et commença à lire le long article publié sur trois pages entières par Sorcière Hebdo. Et ce qu’il découvrit le faisait de temps en temps pâlir et trembler. Son père lui avait très peu parlé de son enfance et il ne savait pratiquement rien sur ses grands-parents Malfoy. Il avait vécu aux Etats Unis d’Amérique. Quand il était petit, il ignorait qu’il était sorcier. Son nom, c’était Black, comme son père. Il ne savait rien de la grande guerre contre le Lord Noir et même maintenant, il ne connaissait que ce qu’en disait le livre d’Histoire de la Magie. Il découvrait que son grand-père Lucius avait été un terrible Mangemort, que sa grand-mère Narcissa, qui était si belle, avait été assassinée … Il y avait des comptes-rendus de procès, des accusations, des demi-vérités et des demi mensonges … Et il y avait le Grand, le Magnifique Harry Potter qu’on portait aux nues, le Sauveur, l’Elu, le Vainqueur de Voldemort … Et le journal rappelait complaisamment comment le jeune Héros avait été en butte à la malveillance des Serpentards et en particulier de celui qui se considérait comme leur Prince : le beau et maléfique Draco Malfoy … Oh bien sûr ! Ce dernier avait fini par rejoindre les rangs des Défenseurs du Bien. Il avait combattu vaillamment au côté de l’Ordre du Phénix mais au cours de la dernière année seulement. Quant à dire que Lucius Malfoy était un espion auprès de Voldemort … le doute était permis puisqu’il avait disparu après son procès. Et voilà que son fils, qui s’était caché à l’étranger et qui avait amassé une fortune dans l’univers de la mode masculine, réapparaissait et s’affichait avec son ex ennemi … Pour quelle obscure raison ? L’article était parfait de mauvaise foi. Rien n’était faux mais il y avait tant de sous-entendus qu’on pouvait douter de tout. Jonathan était d’ailleurs trop jeune pour saisir la plupart des allusions. Il ne voyait qu’une vérité brute : son père lui avait caché bien des choses et Harry Potter n’était pas son ami … Aussi quand il entendit des voix qui l’appelaient et qu’il reconnut, toute proche, celle de Rosalba, la colère le prit. Il se releva et attrapa à sa ceinture sa baguette magique. OoOoOoOoOoO Xavier et sa jeune cousine étaient arrivés dans la Grande Salle presque en même temps. Ils avaient été aussitôt assaillis par des élèves des Quatre Maisons plus âgés qu’eux, réclamant des explications et des détails supplémentaires. Une Serpentarde de troisième année, Patricia Loren, récriminait parce que leur ami, le jeune Malfoy, lui avait volé son magazine. Mais quand elle vit les yeux de Rosalba se foncer et la jeune fille serrer les poings, elle recula ainsi que d’autres élèves un peu trop excités. Les colères de la petite Potter étaient déjà célèbres. Xavier avait parcouru des yeux un journal qui traînait sur la table des Griffondors. Il comprit aussitôt le problème. Il entraîna Rosalba dans le Grand Hall et chercha Jonathan des yeux. Ne le voyant nulle part, il supposa que le jeune garçon était sorti pour échapper aux questions de ses camarades et en parla à sa cousine. Ils décidèrent de partir à sa recherche mais avant, ils passèrent par leur dortoir pour prendre leur chaude cape d’hiver. Quand ils sortirent dans le parc, ils se séparèrent et appelèrent leur ami qu’ils devinaient tous les deux terriblement affecté. Xavier se dirigea vers le lac, de l’autre côté du saule cogneur. Rosalba prit la direction opposée et longea les serres. A tout hasard, elle essaya d’ouvrir les portes, sachant qu’elles étaient d’habitude fermées à clé. Les plantes magiques pouvaient être dangereuses. Il était interdit de pénétrer dans les serres en dehors des cours de botanique. Mais l’une d’elles s’ouvrit sur une simple poussée et l’adolescente entra en appelant : « Jon ? Tu es là ? Jon ? » Ce qu’elle vit alors la cloua sur place. Celui qu’elle considérait comme son meilleur ami lui faisait face, le visage déformé par la fureur, sa baguette magique pointée vers elle. Mais elle ne s’affola pas et dit d’une voix rassurante : « Ce n’est que moi, Jon. Tu n’as rien à craindre. C’est encore cette photo dans le journal, hein ? Ne t’inquiète donc pas … » Mais il lui coupa brutalement la parole. « Tu peux parler, toi ! Ce n’est pas ton père qu’on traite de fils de Mangemort ! Ton illustre Père ! Le célèbre, le magnifique Harry Potter ! Tu veux que je te dise ? Ton père est un salaud ! Il est homo ! C’est un sale pédé et il essaye d’entraîner mon père dans ses magouilles. En plus, on accuse mon grand-père d’être un Mangemort ! Mais je ne laisserai personne attaquer ma famille. Je suis un Malfoy, moi, un Black par ma mère. On est des Sangs Purs ! Mon père est normal, il n’est pas pédé, il n’est pas homo comme le tien ! Fiche le camp ! Je ne veux plus voir ta sale figure ! Dehors ! » Pendant tout ce discours prononcé d’une voix haineuse, Rosalba était restée muette de saisissement. Puis tout à coup, sa fureur se déchaîna, égale à celle de Jonathan. Sa baguette magique sauta dans sa main et elle hurla : « Tais-toi ! Crétin de Serpentard ! Un seul mot sur mon père et je te pulvérise ! » Ils restèrent un moment immobiles, tremblant de la même fureur et lancèrent un sortilège en même temps. Ce n’étaient que les plus simples d’entre eux. Mais leur effet fut stupéfiant. « Jambencoton ! » cria Jonathan. «Petrificatus ! » hurla Rosalba. Xavier qui avait entendu leurs vociférations et entrait dans la serre au même moment vit les deux adversaires vaciller. Le jeune Serpentard essaya de se raccrocher à la table près de lui mais un phénomène étrange se passait. Les deux baguettes pointées l’une vers l’autre se mettaient à briller. Une lumière aveuglante les reliaient d’un trait de feu qui soudain se décomposa en trois couleurs distinctes, les couleurs primaires, le bleu électrique, le rouge sang et le jaune flamboyant. Jonathan et Rosalba, frappés par les sortilèges, tombèrent en même temps, lentement, comme au ralenti. Le jeune garçon entraîna avec lui la table où se trouvaient les mandragores et Xavier ne put qu’assister, impuissant, au désastre. Les deux baguettes explosèrent, projetant des esquilles de bois dans toute la serre. Plusieurs petites boules de feu traversèrent la toiture de verre et retombèrent à l’extérieur, faisant fondre la glace aux points d’impact. L’or, l’argent et le cristal des deux cœurs avaient fondu et s’étaient transformés en projectiles brûlants. Dans le même temps, plusieurs pots se brisèrent en tombant et quelques mandragores commencèrent à pousser leurs hurlements de mort. Heureusement, elles étaient encore jeunes. Leurs cris étaient faibles. Les trois adolescents furent seulement projetés à terre et s’évanouirent.. Le professeur de botanique qui revenait vers les serres, entendit les féroces petites plantes et courut voir ce qui se passait. C’était un adulte et le sortilège des mandragores n’était pas assez puissant pour l’atteindre. Il enregistra la scène d’un coup d’œil sans en saisir toutefois la gravité. Il jeta sa cape sur les mandragores. Les cris s’arrêtèrent mais les trois adolescents restèrent sur le sol, immobiles et inconscients. Les esquilles de bois provenant des baguettes avaient transpercé plusieurs plantes, des Coxinus à grosses fleurs retombantes qui se balançaient au travers de la serre en sifflant. Mais plus grave, des morceaux de bois pointus s’étaient enfoncés dans la chair des trois adolescents et le sang perlait de leurs blessures. Rosalba avait été frappée au bras gauche et au cou. Jonathan saignait d’une oreille et une longue aiguille était fichée dans sa poitrine. Ils avaient tous les deux la main droite brûlée par l’explosion de leur baguette. Xavier n’avait que quelques écorchures au visage. Ils reprirent connaissance à l’infirmerie. Miss Prettygirl, Aloïs Chourave et Amedeus Connaly étaient présents et les regardaient d’un air sévère.L’infirmière avait déjà soigné leurs blessures, heureusement superficielles. Le directeur de l’école ouvrait la bouche pour commencer ses réprimandes mais Jonathan poussa un cri. Il s’était aperçu qu’on lui avait ôté son pull et son tee-shirt et qu’un pansement entourait sa poitrine. Le sac de toile dans lequel il transportait son serpent était posé sur sa table de chevet et il était taché de sang. Il s’écria : « Où est Ssss Suiz ? Qu’en avez-vous fait ? » Ce fut le professeur de botanique qui lui répondit doucement. « Ton serpent est mort, Jonathan. Un écharde lui a transpercé la tête. Il t’a probablement sauvé la vie car cet éclat de bois aurait pu atteindre ton cœur. Console-toi en pensant qu’il n’a pas souffert. » Avec un gémissement déchirant, le jeune garçon cacha son visage dans l’oreiller et il éclata en sanglots. Miss Prettygirl s’approcha, lui mit une main sur l’épaule et lui parla à voix basse. Mais il n’était plus en état de comprendre. Trop de malheurs lui étaient arrivés en même temps et il ne pouvait retenir ses larmes. Il pleura longtemps. Personne ne disait rien. L’infirmière l’avait pris dans ses bras et le berçait doucement. Puis il se calma peu à peu. Il se redressa et vit sur les lits voisins Xavier et Rosalba qui le regardaient tristement. Mais sa peine était trop récente et sa colère toujours présente. Il serra les lèvres et détourna les yeux. Leur amitié était brisée. Vu les circonstances, une réconciliation paraissait impossible. Le directeur les avertit alors gravement qu’il avait déjà envoyé un hibou à leurs parents. Messieurs Potter, Malfoy et Weasley allaient arriver d’une minute à l’autre. Les trois fauteurs de troubles devraient répondre de leurs actes. Le châtiment était proche. Devant leurs pères et le directeur de l’école, Jonathan et Rosalba refusèrent obstinément de s’expliquer. Xavier qui n’avait pas pris part au duel, n’en révéla pas la cause, qu’il avait devinée en entendant les cris de ses deux amis. Il raconta seulement l’explosion des baguettes. Il ne put faire autrement car il y avait des dégâts dans la serre et ils avaient été blessés tous les trois. Mais lui aussi refusa d’en dire plus devant les adultes réunis.. La sanction fut sévère. Ils furent exclus de Poudlard pour trois jours, trois longs jours qu’ils devraient passer chez eux avec diverses punitions données par les Directeurs de leurs Maisons respectives, Prudence Shelton pour Griffondor, Livio Greenglass pour Serpentard et Elwin Kimberlain pour Serdaigle. L’école bruissait de rumeurs toutes plus surprenantes et plus folles les unes que les autres. Trois enfants aux caractères bien différents durent affronter leurs pères qui ne l’étaient pas moins. Et ce qui en résulta allait les marquer pour toujours. OoOoOoOoOoO Ron et Xavier arrivèrent à la maison alors qu’Hermione préparait le repas du soir. Le jeune garçon se jeta dans les bras de sa mère en pleurant.. Mais celle-ci lui dit tendrement : « Nous parlerons plus tard, mon chéri. Nous allons manger tranquillement, Philippe et Bérénice iront se coucher et tu nous raconteras toute l’affaire. Sache que je ne te crois coupable de rien. Ton père et moi, nous avons toute confiance en toi. Installe-toi dans le fauteuil et calme-toi avec un livre. Ron, ne tourne pas comme un lion en cage. Aide-moi, s’il te plaît. » La famille Weasley s’était installée depuis six ans dans un joli cottage situé dans la grande banlieue moldue de Londres. La maison était assez isolée et implantée au milieu d’un vaste terrain couvert d’arbustes décoratifs, de massifs de fleurs et d’une pelouse verdoyante. Cet espace était nécessaire car en fait, une partie de la maison, la partie sorcière, était invisible aux yeux des Moldus. Quand ceux-ci s’en approchaient trop près, ils ressentaient aussitôt une envie pressante et s’éloignaient rapidement. Personne ne pouvait se douter que le couple tranquille qui vivait là avec ses trois charmants enfants appartenait au monde de la sorcellerie. Ils avaient même une voiture, un monospace qu’ils conduisaient très prudemment. Ron était devenu Auror. Au début de sa carrière, il avait été l’un des meilleurs chasseurs de mages noirs d’Angleterre. Ses supérieurs vantaient sa ruse et sa clairvoyance. Maintenant, il n’allait plus beaucoup sur le terrain. Il était Superviseur des Aurors pour tout le sud du pays et ses équipes étaient renommées pour leur sang-froid face au danger et leur excellent entraînement à réagir dans les cas difficiles. On faisait même parfois appel à elles de l’étranger. Hermione avait travaillé un temps au Ministère de la Magie dans le service des relations avec les Moldus. Elle était très efficace et sa connaissance des deux mondes l’aidait à trouver des solutions auxquelles d’autres sorciers n’auraient pas pensé. Mais quand Xavier eut cinq ans, sa vie prit un autre cours. Elle s’aperçut que ses enfants ne pourraient pas fréquenter, comme elle l’avait fait dans sa jeunesse, une école primaire moldue. Xavier était surdoué et il s’y connaissait déjà en magie et sortilèges. Sans le vouloir, il aurait pu se trahir. Alors Hermione décida tout bonnement de devenir institutrice pour enfants sorciers. C’était à ce moment qu’elle et Ron avait acheté le cottage. Ils avaient fait construire l’annexe par des compagnons bâtisseurs sorciers et dans cette partie de la maison, il y avait une salle de classe et une « modeste » bibliothèque, à la fois moldue et sorcière, comprenant de nombreux livres de toutes sortes. On y trouvait aussi bien les contes de Beedle le barde que Oliver Twist, des bandes dessinées ou des albums découvertes clairs et bien illustrés parfois moldus, parfois sorciers. Le Guide des Champignons et Alice au Pays des Merveilles se référaient aux deux cultures. La différence entre les deux mondes n’était pas tranchée. Et puis apprendre à lire, à écrire et à compter était obligatoire pour les enfants sorciers comme pour les jeunes Moldus. La magie était un plus mais l’étude des coutumes et des objets de l’autre monde l’était aussi. Ainsi, il y avait des appareils fascinants dans la salle d’apprentissage : une télévision, un lecteur de DVD, un ordinateur, un four à micro ondes, un réfrigérateur et tout ça fonctionnait non pas avec de la magie mais avec de « l’électricité » ! Hermione espérait pouvoir accueillir bientôt des enfants de couples non sorciers dont la magie aurait été détectée très tôt. Elle se souvenait de son étonnement et de celui de Harry lorsqu’ils avaient découvert Poudlard. Elle avait pensé à tout ce qui pouvait favoriser l’étude dans son école. A l’arrière se trouvaient même une cour de récréation enchantée et une petite piscine. Très vite, les familles sorcières des alentours avaient pris l’habitude d’envoyer leurs jeunes enfants à l’Ecole Primaire d’Apprentissage des Usages Magiques et Moldus ( A.P.A.U.M.M. ) et Hermione en profita pour écrire les livres scolaires concernant toutes les matières qu’elle enseignait. Elle en avait confié l’impression et la vente à Théodore Nott et ses ouvrages commençaient à avoir un certain succès.. Son école était devenue un établissement pilote et le Ministre de la Magie lui avait même décerné l’année précédente l’Ordre de Merlin de deuxième classe. Xavier et Rosalba avaient été ses premiers élèves. Elle leur avait donné une bonne éducation à la fois scolaire et sociale et elle avait donc été très surprise quand un hibou de Poudlard était arrivé, demandant d’urgence la venue des parents du jeune Weasley pour faits graves. Ron était parti aussitôt, elle devait rester à la maison pour s’occuper de Philippe et de Bérénice. Mais elle s’était fait toute la journée un sang d’encre. Maintenant, ils étaient tous les trois dans le salon, le feu brûlait dans la cheminée, tout était tranquille. C’était le moment des confidences.. Ron était assis dans son fauteuil favori, sa seule cigarette de la journée à la main. Après des années de dépendance, il était parvenu à vaincre son addiction et à se contenter chaque soir de ces quelques bouffées de plaisir.Xavier s’était installé contre sa mère, les bras passés autour de sa taille, la tête sur son épaule. Hermione lui caressait doucement les cheveux. « Je suis si désolé, commença-il. Je suis arrivé trop tard dans la serre. Ils s’étaient lancé des sortilèges et leurs baguettes brillaient comme du feu. Et puis, il y a eu ces éclairs et ce sifflement strident et cette explosion … C’était terrible ! Si seulement j’avais cherché Jonathan de ce côté et pas vers le lac … J’aurais pu empêcher … J’aurais pu les raisonner … Ils avaient l’air tellement en colère … Maman, papa, qu’est-ce que je pouvais faire ? -- Rien, mon chéri. Tu n’as rien à te reprocher, dit doucement Hermione. C’est arrivé comme ça. Il y a dans la vie des choses qui nous échappent. Il faut seulement les accepter et essayer de trouver les bons remèdes. Tu vois, c’est l’une de ces expériences qui te feront grandir, qui t’aideront à devenir adulte. -- Mais, reprit Ron, qu’est-ce qui a bien pu les mettre tous les deux dans cet état ? Rosalba est une fille très gentille, très tranquille. Je ne l’ai vu se fâcher qu’une fois, quand ce gamin qui taquinait souvent ses camarades de classe a pincé Bérénice. Elle lui a flanqué une telle gifle qu’il a gardé la joue rouge toute la journée et elle lui a crié dessus si fort qu’on l’entendait depuis la rue. -- Oh ! ça lui arrivait plus souvent que tu ne crois, pas avec nous mais avec les autres enfants. Quand elle était toute petite, elle s’emportait facilement, comme sa mère Ginny. Elle ne savait pas encore se dominer. Mais elle avait fait de gros progrès. C’est vrai que par certains côtés, elle est très mûre mais quelquefois, elle agit encore comme une enfant de cinq ans. Qu’est-ce qui a bien pu la mettre aussi en colère ? Peux-tu nous le dire mon chéri, à nous, tes parents ? -- Je … C’est une histoire entre Jon et Rosalba … Mais vous êtes les meilleurs amis de oncle Harry … Alors … Je crois que …à vous, je peux le dire … C’est à cause de … leurs pères … -- Tu veux dire Harry et Draco Malfoy ? Je te l’ai toujours dit, Mione. On ne peut pas faire confiance à ces gens-là. Déjà pour les anniversaires, je n’étais pas trop d’accord mais … -- Ron, dit Hermione d’un ton de reproche, nous ne savons rien, comment peux-tu juger ainsi, sans autre explication. Peux-tu préciser, Xavier ? -- Hé bien, fit le jeune garçon après avoir respiré un bon coup, ça a commencé par cette photo et puis Sorcière Hebdo a publié un article … -- Sorcière Hebdo ! On devrait interdire cette feuille de chou ! Simona Replett ! Si je le tenais, je lui tordrais le cou ! -- Chut, Ron ! Qu’est-ce que tu fais de la liberté de la presse ? -- Cette presse-là ? Elle n’a pas fait assez de torts à Harry ? -- Pourtant, elle a beaucoup de lecteurs et surtout de lectrices. Les gens adorent les potins. Parle, Xavier, qu’est-ce que c’est que cette photo et ces articles ? -- Je n’ai pas eu le temps de lire mais j’ai vu la photo. On y voit oncle Harry avec le père de Jonathan comme si c’était … comme s’ils étaient … -- Quoi ? Ils se battent ? Comme autrefois ? grogna Ron en manquant de s’étouffer avec la fumée de sa cigarette. -- Non …On dirait qu’ils sont … amoureux, » souffla Xavier en rougissant. Un long silence régna dans la pièce chaude et tranquille. Xavier avait appuyé son front contre l’épaule de sa mère. Ron était muet de stupeur mais quand il ouvrit la bouche pour exploser, Hermione lui fit impérativement signe de se taire. Elle caressa tendrement la tête de son fils et dit : « Xavier, mon chéri. Voilà ce que nous allons faire. Tu vas aller te coucher, je te donnerai un peu d’élixir de passiflore et tu dormiras bien. Demain, en allant à son travail, ton père achètera Sorcière Hebdo et me l’enverra par hibou. On avisera quand on sera au courant de tout. Allez, au lit, mon poussin ! Tu as eu pour aujourd’hui ton content d’émotions. Tes punitions attendront. Va ! » Restés seuls, les époux Weasley se regardèrent. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire ? Harry n’en aurait donc jamais fini avec les ragots ? Ces journaux people étaient une véritable plaie ! Le lendemain, ils y virent plus clair. Xavier termina ses devoirs de punitions en moins d’une journée. Le reste du temps, il bavarda avec sa mère. Celle-ci lui expliqua beaucoup mieux que « l’Histoire de la Magie » la grande Guerre contre Voldemort, elle démêla pour lui la vérité des insinuations de Sorcière Hebdo et lui révéla les faits d’armes des Malfoy père et fils. Et quand Xavier rapporta les paroles accusatrices échangées par Jonathan et Rosalba à propos de leurs pères, il trouva à ses côtés deux adultes attentifs qui purent lui parler des relations humaines, de l’amitié, de l’amour qui unit un homme et une femme et qui peut aussi, plus souvent qu’on ne croit, lier l’une à l’autre des personnes du même sexe. C’était assez courant dans le monde magique. Les sorciers étaient de ce point de vue plus francs que les Moldus pour qui les relations homosexuelles étaient encore assez taboues. Il y avait des couples sorciers homos connus, dans le monde du sport, de l’art, de la musique, de la mode et même dans le monde politique, au Ministère de la Magie ou chez les Aurors. Etrangement, comme ces couples avaient reconnu leur homosexualité, la presse people n’en parlait pas. Ce n’était plus des scoops croustillants, ça n’intéressait plus les lecteurs. Cependant, la plupart de ces unions étaient parfaitement anonymes et la vie des personnes concernées était aussi discrète que celle de n’importe quelle famille. Une loi avait été votée cinq ans auparavant, autorisant le mariage entre personnes du même sexe et donnant à ces couples les mêmes droits que les couples hétéros, à charge pour eux bien sûr d’assumer les mêmes devoirs. Les uns n’allaient pas sans les autres. Un soir, alors qu’ils étaient seuls tous les deux, Ron parla à son fils d’un couple homo de sa connaissance, deux Aurors très compétents qui formaient une équipe indissociable dans le travail comme dans la vie. Xavier les connaissait, ils étaient venus quelquefois chez eux et rien ne les différenciait des autres personnes. Ils étaient charmants, très drôles aussi, surtout le plus jeune. Xavier posa sans détours à son père une question sur la façon dont ces deux hommes « s’aimaient ». Il avait seulement un peu rougi. Un instant, Ron pesa le pour et le contre. Puis il fit preuve de la même franchise que son fils. « Ils font la même chose qu’un homme et une femme, Xavier. Ils se prouvent leur amour en s’unissant. L’un des deux pénètre l’autre par l’orifice que nous avons tous entre les fesses et leur plaisir est comparable à celui des hétéros. A l’école, ta mère a dû te faire un cours d’éducation sexuelle. Elle a toujours pensé que moins il y avait de tabous sur ces questions-là, mieux c’était. Je partage son avis même si je ne pensais pas avoir une conversation de ce genre avec toi si tôt. C’est une bonne chose que tu nous fasses confiance quand tu as des questions à poser, Xavier. La vérité bien dite est meilleure que n’importe quel mensonge. Je suis fier de toi. Va te coucher maintenant, ta mère nous a laissés seuls exprès pour discuter, je pense. J’espère que je ne t’ai pas déçu. -- Non, papa. Tu as été formidable. Je vous aime, toi et maman. Vous êtes les meilleurs parents du monde. Bonne nuit et merci, » répondit Xavier en l’embrassant. Ron poussa un énorme soupir de soulagement. Cela n’avait pas été facile pour lui. Hermione avait dû le persuader pour qu’il parle ouvertement de l’homosexualité avec son fils. Mais finalement, elle avait raison. Il espérait s’en être bien sorti. En Roumanie, son frère Charlie avait un petit ami, dompteur de dragons comme lui, mais peu de personnes étaient au courant et il n’en parlait surtout pas devant sa mère. Molly Weasley était de la vieille école et sans rien reprocher à son fils, elle était désolée qu’il ne puisse pas avoir d’enfant. Enfin, c’était sa vie … Trois jours plus tard, Ron ramena Xavier devant le portail de Poudlard. Le jeune garçon était rassuré et il n’appréhendait pas trop ce retour à la vie scolaire. Il y aurait sûrement des questions, surtout dans la salle commune de sa Maison. Mais il saurait y faire face, parler peu, sans mentir, faire comprendre aux autres que cette histoire ne les regardait pas et qu’il fallait passer à autre chose : les cours, les devoirs et aussi les jeux et les fous rires, tout l’univers d’un étudiant ordinaire de Poudlard. Ces trois jours s’étaient relativement bien passés pour Xavier. Mais cela avait été moins simple pour les autres Les conversations avaient été plus difficiles pour Jonathan et Draco et pour Rosalba et Harry. Les deux adolescents revinrent à l’école assez perturbés et pour leurs pères commença une difficile période. |