Me voici de retour avec un nouveau chapitre d'Education. Je remercie encore Lilithc et Elberane pour leur travail efficace, propre, qui vous permet de découvrir une fic upgradée!
Ce chapitre est pour Mzchoco... Comme toujours :)
(Et un peu pour Elfy quand même u_u)
Excellente lecture à tous!
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Même en connaissant la tendance de Romilda à cancaner, Harry n'avait pas prévu qu'il y aurait de telles retombées.
Elle n'avait que vaguement aperçu un petit câlin chastement chaperonné et même encouragé par un honorable et ventru professeur! Alors pourquoi cette rumeur avait-elle pris de telles proportions?
C'est ce qu'il se demandait ce matin-là, tandis qu'une armée de jeunes filles en pleurs le coinçait alors qu'il venait à peine de franchir le tableau de la grosse dame, pour lui demander s'il était gay, s'il comptait adresser une demande au Ministère concernant les mariages homosexuels, s'il vivrait encore l'an prochain à Poudlard afin de rester au plus près de son compagnon, s'il désirait une mère porteuse afin de procréer par la suite...
Une jeune Serdaigle se proposa comme Wedding Planner, une autre voulutabsolument lui faire rencontrer son petit frère; une Serpentard insinua qu'il était plutôt coquin de sa part d'assumer une relation avec un professeur et une Poufsouffle la coupa en décrétant que cet amour secret était terriblement romantique.
Il essaya vaguement de nier, de s'expliquer, mais les coups d'œil entendus des jeunes filles lui démontrèrent que c'était inutile. Certaines jurèrent de ne rien dire afin de leur éviter des problèmes- mais Harry se doutait que l'école entière devait déjà répandrecette petite histoire dans tout le monde sorcier.
Cette fois-ci, Ron allait le tuer.
Il se fraya un passage comme il le pouvait au travers de la nuée de jeunes filles et réussit à atteindre la grande salle à peine une demi-heure plus tard, après être passé au travers de bien des guets-apens de jeunes filles à la fois désolées de ne plus pouvoir lui mettre le grappin dessus et ravies d'avoir une rumeur romantique et croustillante à se mettre sous la dent.
Epuisé, sa robe de sorcier déchirée au niveau de sa manche droite (une Gryffondor), il espérait un peu de calme et de sérénité et fut donc ravi d’apercevoir une place entre Dennis Crivey et Dean Thomas. Au moins, ici, pas de jeune furie!
Il se laissa tomber sur le banc avec un soupir de soulagement, essayant d'ignorer les regards rivés sur lui et les chuchotements bruyants (il avait rêvé, ou quelqu'un venait de l'appeler Harry Malefoy?).
Même MacGonagall le regardait avec un sourire moqueur derrière ses lunettes. La situation avait l'air de beaucoup l'amuser.
-Dennis, c'est ta copine qui a provoqué ça?, entama-t-il en guise de salutations, sans même regarder le jeune homme -pour l'instant, mieux valait fixer ses baskets et faire profil bas.
Le petit Crivey lui fit un sourire contrit.
-En fait, ce n'est plus ma copine, rougit-il.
-Quoi? Non, tu l'as quand même pas plaquée à cause de tout ça... Ce serait pas la première sale rumeur sur moi, je m'en fous... Tu devrais pas la punir pour si peu.
Le dévouement de Dennis le surprenait toujours. Il se servit généreusement en oeufs et bacon, et avala avec soulagement la nourriture; au moins, il pouvait compter sur quelqu'un pour le soutenir!
-Non,c'est pas ça, Harry... Je me disais que si je restais avec elle, je ne pourrais plus tenter ma chance avec toi.
Le bacon se coinça quelque part dans sa gorge. Il avait mal entendu, c'était certain... Il jeta un œil affolé à Dennis.
Merde.
Pas lui! Pas maintenant!
A genoux, les joues empourprées, devant les yeux de tous les élèves qui avaient interrompu leur petit déjeuner pour l'occasion, il commença à déclamer:
-Harry, je t'ai toujours admiré de loin, puis tu es devenu mon ami. Je pensais que c'était la plus belle chose sur terre. Jusqu'à hier. Je sais bien que je n'ai pas le charisme de Malefoy... Mais si un jour, vous deviez vous séparer... Je veux que tu saches que je serai là, à t'attendre.
-Dennis.. grogna le brun entre ses dents, conscient des regards posés sur eux. Tu sais que je ne suis pas avec le... professeur Malefoy!
-Oh...
Il avait l'air sceptique, puis d'un coup une sorte d'illumination le frappa, le sourire lui revint et il ajouta avec un clin d'œil:
-Oh, oui, bien sûr! Non, tu n'es pas avec lui...
Il attendit que les regards se détournent, que les conversations reprennent. Harry s'était servi en porridge et espérait qu'il n'aurait plus de déclarations intempestives à gérer quand le petit blond lui souffla:
-Ça restera entre nous, promis, Harry.
Et avec un dernier sourire conspirateur, il quitta la grande salle la tête haute. Après tout, Harry et lui partageaient un secret, maintenant. Il n’était plus n’importe qui !
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Jamais les cachots n’avaientconnu une telle activité, même lorsqu'on y punissait encore les élèves en les y enfermant; feu Severus Rogue en aurait fait une attaque, mais Merlin merci, son successeur était plus jeune et son cœur était fortement accroché à sa cage thoracique.
Aussi conservait-il son calme et un visage de pierre quand des gloussements venaient des couloirs pendant ses cours; il s'était résigné sans trop de mal à se faire servir ses repas sur place afin d'éviter la foule qui se pressait devant sa porte, et il n'avait jeté de sort sur aucun des élèves l'ayant contemplé de pied en cap.
Il avait cependant eu du mal lorsque le jeune Crivey était venu lui présenter ses compliments pour sa relation avec le sorcier le plus en vue du moment, et lui avait signifié à mots couverts que la concurrence resterait discrète mais attentive. En fait, il avait failli perdre patience lorsque le morveux lui avait fait comprendre qu'à son sens, Potter aurait tout de même pu trouver mieux.
Trouver mieux?
Déjà, il n'était absolument pas avec Potter. S'il ne niait pas les faits, c'était pour ne pas s'abaisser au niveau de ces rumeurs, et aussi parce qu'il espérait trouver un meilleur emploi grâce à cela. Mais si Potter avait réellement cherché un partenaire, il ne voyait pas vraiment qui d'autre que lui aurait pu convenir.
Non pas qu'il s'imaginait avec ce crétin, bien sûr, mais il était bien supérieur aux autres mâles, ça crevait les yeux. Potter compris.
Il était intelligent, de race pure, et d'une beauté écrasante. Comme tous les Malefoy. Et ce minable petit Crivey venait le défier, comme ça? Poudlard n'était définitivement plus l'école qu'elle avait été, et plus personne ne savait respecter la hiérarchie naturelle qu'imposait sa personne! Du temps de ses études, personne n'aurait osé se comparer à lui... D'ailleurs, personne n'avait osé.
Enfin, hormis ce foutu balafré.
Et puis, s'il ne voulait pas de Potter, lui? Personne ne s'était posé la question, évidemment! Les gens défilaient pour voir qui le sauveur avait choisi, et non l'inverse.
Il laissait les élèves le détailler, admirer son visage, conscient de leur en mettre plein la vue, et il espérait qu'un jour leurs yeux se décilleraient et qu'ils s'apercevraient enfin qu'il ne convenait pas d'associer la pureté et la blancheur de son teint avec la cicatrice de ce type.
Par Merlin, même les cheveux de leur survivant semblaient sauvageons! Sa peau était brunie et tannée par le soleil! Il avait développé des muscles, comme un véritable moldu condamné à user de sa force plutôt que de sa magie!
Cette rumeur n’était qu’aberration. Enfin, si les gens étaient assez stupides pour y croire, il n'allait pas démentir. Sa position sociale ne lui permettait pas de bouder ce genre de coup de pouce.
Il laissait donc s'écouler sa journée paisiblement, comme il laissait couler sur lui les regards curieux des élèves; il attendait le soir avec juste une petite pointe d'appréhension, à cause de ce maudit Potter.
Il n'avait aucune idée de la manière dont l'autre prenait la chose. Il était à peu près sûr que l'idée devait le rendre malade, et qu'il se faisait aussi harceler par tout Poudlard, et ce genre de perspective n'était pas pour lui déplaire.
Après tout, lui s'en moquait, la rumeur l'arrangeait et il en imposait encore trop aux élèves pour qu'ils viennent lui poser des questions directement. Alors que le brun, lui, devait franchement en baver.
C'est donc le sourire aux lèvres qu'il accueillit le soir même la venue du professeur Slughorn. Il avait dû jeter un léger sortilège sur les abords de la salle, afin que seuls Potter et le professeur de défense contre les forces du mal puissent venir, mais hormis ce léger désagrément, la soirée de Draco était plutôt belle.
-Ah, vous voici! Entrez, entrez...
-Monsieur Potter n'est pas encore arrivé?
-Pas encore, mais nous pourrions commencer un petit antidote en l'attendant...
Le vieillard semblait peu enthousiaste à l'idée de se remettre aux potions. Il hésita, puis:
-Vous êtes certain qu'il viendra? Avec toutes ces rumeurs...
-Mais oui... Et puis ce n'est pas comme s'il avait le choix! Prenez donc quelques bézoards dans l'armoire, je fais du feu.
-Minerva a parié dix gallions qu'il continuerait à venir.
-Avec qui?
-Le professeur Trelawney. Elle dit avoir lu un grand désastre qui va vous séparer dans une tasse de thé... J'ai pourtant essayé de lui dire que tout cela n'était qu'un malentendu...
-Vous pensez que je peux parier, moi aussi?
-Je vous le déconseille, je crois que notre directrice triche... En tout cas, je l'ai vue intercepter un hibou qui semblait venir de Ron Weasley, pour être certaine de voir Potter dans ces cachots ce soir!
-Weasley?
-Il n'a pas apprécié qu'on quitte sa petite sœur pour un ennemi personnel, disait la missive...
-Et la petite sœur, elle ne va pas empêcher Potter de venir? Passez-moi de la Valériane.
-MacGonagall l'a convoquée dans son bureau ce soir... Elle triche, j'en suis absolument certain! Fraîche, la Valériane?
-Oui, ce sera parfait... Je vous assure que MacGonagall n'a pas besoin de ruser, Potter adore venir se frotter à moi.
Horace tiqua, ne sachant pas vraiment comment interpréter cette dernière phrase.
-Alors vous pourriez parier sur la durée de votre couple? Trelawney s'est aussi pas mal engagée sur ce point.
-Combien?
-Quarante gallions pour une séparation brutale à cause de son fameux désastre, au bout d'une semaine; trente gallions pour deux semaines... Et ainsi de suite.
-Il faudrait que j'attende un mois pour gagner dix gallions? Notez, ça peut devenir rentable si cette rumeur dure longtemps...
Slughorn leva les yeux au ciel.
-Potter niera bien avant.
-Je donnerai une version contraire, sirupeuse d'amour et de bons sentiments.
-Si vos parents l'apprennent, vous allez avoir leur peau.
-Mes parents sont en prison, pas à Poudlard...
-Ce qui se passe à Poudlard n'y reste jamais bien longtemps... Baissez un peu le feu.
-Non, le feu est parfait, réajustez vos lunettes, Horace.
A cet instant, on entendit des bruits de pas provenir des couloirs. Les deux hommes levèrent les yeux; Horace simplement curieux, Malefoy arborant déjà un sourire victorieux: avec le sortilège qu'il avait lancé dans le couloir, cela ne pouvait qu'être Potter!
Son sourire se fit éclatant quand les habituelles lunettes rondes scintillèrent sur le pas de la porte. Gagné! Il allait renflouer la famille Malefoy rien qu'avec des paris.
Puis, voyant que Potter s'était figé et le regardait d'un air inquiet, il prit conscience de son sourire qu'il ravala aussitôt. Bon sang! Il manquerait plus que le brun en tire des conclusions hâtives! Il ne sourirait plus jamais à l'approche de ce type.Plus jamais.
Glacial, il hocha la tête dans sa direction.
-Potter.
Le brun pénétra finalement dans la pièce, méfiant.
-Malefoy. Professeur Slughorn.
-Ah, monsieur Potter, nous parlions justement de vous...
-Vous comptez faire cesser nos petites séances de gestion de la colère?, demanda le brun avec espoir.
-Hum, non, pas tout à fait...
-Faire une déclaration publique expliquant pourquoi Malefoy s'est retrouvé dans mes bras?
Le blond piqua un fard. Putain, c'était Potter qui était tombé dans ses bras comme une demoiselle, pas l'inverse! Dans ses bras... il sentit une légère chaleur l'envahir.
-A vrai dire... Je ne suis pas certain que la directrice le permettrait. Elle a mis en place quelques paris...
Draco regarda le brun grimacer, puis proposer:
-Alors peut-être que nous pourrions changer de... méthode, pour gérer nos relations?
-Monsieur Potter, si vous désirez éviter les contacts physiques avec le professeur Malefoy, il vous suffit d'éviter de vous étriper l'un l'autre.
Draco ricana. Arrêter de s'étriper? Il en avait de bien bonnes, ce vieux Slughorn. Bel humour.
Mais son rire s'étrangla dans sa gorge.
Potter semblait considérer la question. Il connaissait cet air pensif, sérieux; il voyait les yeux verts d'habitude flamboyants s'adoucir et se faire plus froids, plus raisonnables. Il détestait ces yeux-là.
-Bien. Je ferai de mon mieux pour me montrer courtois, concéda finalement Harry sous le regard bienveillant et soudain illuminé de joie de leur chaperon- trop heureux d'avoir un semblant de résultat positif.
-C'est parfait, c'est parfait!
Il s'en frottait les mains.
-Professeur Malefoy, si nous retournions à cette potion? Il serait temps de baisser le feu avant qu'une autre catastrophe n'arrive...
La potion! Il l'avait complètement oubliée. Encore la faute de ce foutu Potter. Et d'abord, s'il était courtois, il n'y aurait plus de disputes? Plus de réconciliation forcée par Slughorn et, donc, plus de rumeurs?
Mais ça ne lui convenait pas du tout!
On lui retirait de l'argent à gagner, une belle carrière à venir et un superbe moyen d'emmerder Potter- et même de faire enrager les Weasley au complet!
Ça ne se passerait pas comme ça. Ignorant la potion et le vieux professeur, il se tourna vers son vieil ennemi.
-Et ma carte, Potter?
Les yeux verts semblaient un peu déboussolés.
-Ta carte...?
-Tu devais m'apporter une copie de ta carte du château!
-J'ai... j'ai complètement oublié, avoua l'autre. Avec toutes ces histoires...
-Je n'avais pourtant pas demandé l'impossible! Ramener une simple carte! Comment tu as pu oublier? Tu te fous de moi? Si on a eu toutes ces histoires, comme tu dis, c'est parce que tu avais refusé de me l'amener...
Il se fouettait le sang, faisait naître sa colère lui-même, essayait d'attiser les flammes dans les yeux verts. Mais il pouvait voir le brun faire des efforts pour rester calme, prendre sur lui, respirant profondément et évitant son regard.
C'était donc si désagréable d'être en contact avec lui? Il préférait se laisser insulter plutôt que d'être à nouveau forcé de le toucher?
Non. Il n'allait pas tenir. Il le ferait craquer, comme toujours.
-Enfin bon, ça aura au moins permis à ta relation avec Crivey d'évoluer...
-Laisses Dennis en dehors de ça.
-Tu devais être trop perturbé par sa déclaration pour penser à une carte... J'ai entendu dire qu'il entraînait un chœur de veracrasses pour te chanter la sérénade.
Le pauvre Slughorn avait perdu son sourire réjoui et suivait avec inquiétude l'échange verbal, son œil droit exorbité lorgnant le sauveur. On pouvait presque l'entendre prier Merlin pour que Potter ne s'énerve pas.
Draco, lui, aurait voulu une formule magique pour faire sortir l'autre de ses gonds. Il aurait pu utiliser certaines insultes... Faire allusion à ses parents, comme avant, mais il n'avait vraiment plus envie d'énerver Potter.
Pas à ce point.
Il le voulait agacé, énervé, mais pas blessé. Il n'était pas fou, il avait bien vu ce qui était arrivé à Voldemort...
-Au moins, ton Dennis vaut mieux que cette moins-que-rien de Weasley... L'Elu avec une traîne-misère, aussi sang-pur soit-elle, ça faisait vraiment tâche...
-Parce que toi, tu as de l'argent, maintenant?
Malefoy pinça ses lèvres. Il avait oublié ce détail: lui aussi était ruiné. Sang-pur, et ruiné.
-J'ai beaucoup de choses qu'elle ne possède pas, insinua-t-il. Aucune comparaison possible entre un professeur et un élève, entre un Malefoy et une Weasley...
-Entre un Mangemort et quelqu'un qui s'est battu dans le bon camp?
-Je croyais que c'était du passé, tout ça? On a encore changé d'idée, Potter? C'est Crivey qui est trop jaloux pour que tu t'approches de moi, peut-être?
Il voyait enfin les yeux verts commencer à scintiller. Pour qu'il oublie ses bonnes résolutions et le traite de Mangemort- chose qu'il défendait à tout Poudlard-, il devait vraiment perdre contrôle.
Et c'était tant mieux.
Triomphant, les insultes aux lèvres, il savourait l'instant: la fièvre qui montait en lui et prenait possession de son corps, les battements de cœur qui s'accéléraient, le reste du monde qui s'estompait à sa perception; plus rien d'autre que lui en train de défier un des plus puissants sorciers de sa génération.
Adrénaline.
Et le brun qui s'approchait de lui, menaçant, grondant:
-Je t'ai dit que Crivey n'a rien à voir là-dedans. Arrête tes insinuations.
-Sinon?...
-Je te prouverai à mains nues que ni Crivey, ni Ginny n'ont de raison d'être jaloux de toi. Ni même aucune raison de te craindre.
-Comme un Moldu, Harry?
Cette fois c'est lui qui s'approcha, se léchant inconsciemment les lèvres. Elles avaient dû s'assécher d'un seul coup, avec cette chaleur. Une chaleur moite. Sûrement la potion qui continuait de bouillonner, et un peu la perspective de ce qui allait arriver.
Il allait se battre avec Harry, il le savait maintenant, il allait sentir sa chair s'écraser contre ses paumes, ses doigts; il allait en garder des marques pendant des jours- la trace de ses poings imprimée en violet sur sa peau pâle-, il en aurait la respiration coupée...
Rien de dangereux, ça ne durerait que trop peu, avant que Slughorn n'intervienne. Mais là encore il aurait droit à un dernier contact.
Une dernière dose de Potter pour calmer sa frustration. La réconciliation qu'il les forcerait à faire. Il songea à griffer Potter pendant ce câlin forcé. Il pourrait passer une main dans son dos, et rapidement le labourer; il aurait des lambeaux de sa peau sous les ongles. Il emporterait avec lui un peu de son ennemi.
De sa chair.
Un trophée! Il était le seul à avoir du pouvoir sur l'Elu. Il le prouverait.
Rien que l'idée de ce contact était suffisant pour le distraire. Potter en profita pour lui saisir le poignet à une vitesse qui faisait honneur à l'attrapeur, et acquiesça:
-A la Moldue.
Horace, renonçant probablement à intervenir par peur de se faire jeter un sort, balbutia qu'il allait s'occuper de la potion délaissée et s'empressa de déguerpir à l'autre bout de la pièce, laissant les deux garçons yeux dans les yeux, face à face, leurs respirations soulevant leurs torses au même rythme, Potter tenant toujours le poignet mince entre ses doigts.
-Je te trouve bien nerveux, pour quelqu'un qui soutient que Crivey n'a rien à voir là-dedans. Me dis pas que tu le protèges... C'est réellement devenu le remplaçant de Ginny?
Il sentait la poigne ferme qui le broyait le poignet, qui se resserrait, et il mettait un point d'honneur à ne pas bouger, à laisser croire l'autre que cela ne lui faisait rien, à conserver son sourire sarcastique. Pour l'énerver. Pour qu'il continue de serrer.
Il sentait ses veines battre furieusement dans son avant-bras, le sang cherchant à passer le barrage fait par les doigts de Potter, qui faisaient très facilement le tour de son poignet. Il en avait des fourmis dans le bout des doigts; délicieux.
Devant le mutisme de brun qui se contentait de faire naitre un bel hématome sur ton bras au lieu de passer à l’action, son expression se durcit.
-Parce que ton petit copain est venu me voir, Potter... Et la prochaine fois qu'il essaiera de se mesurer à un professeur, il faudra bien que je trouve un châtiment approprié, non?
Cette fois, il vit le coup venir. Directement vers son visage, et bien à la Moldue. Parant comme il put avec son avant-bras, il comprit d'un seul coup qu'il n'aurait jamais l'avantage dans ce genre de bagarres.
Déjà Potter était bien plus costaud que lui, et il avait certainement déjà participé à ce type d'empoignades.
Mais il avait la fierté Malefoy, et il resta droit autant que possible pendant que l'autre faisait pleuvoir sur lui les coups- visage, torse, flancs. En fait, il semblait frapper au hasard, à l'aveugle.
Il cognait pour cogner.
La douleur le surprenait à chaque fois, et il se courbait sous le choc; il faisait d'énormes efforts pour se redresser après chaque coup; du coin de l'œil, il voyait le vieux Slughorn complètement dépassé par ce combat à mains nues, la baguette pendant au but de son bras flasque, inutile pour les séparer à moins d'en blesser un. Il reculait vers la porte, l'air affolé, marmonnant: "Je vais chercher des secours... Il faut prévenir Minerva..."
Et bien sûr Potter. Potter enragé, Potter qui dégageait une magie brûlante, Potter qui enfin ne voyait plus que lui.
Il en était sûr, à cet instant, le brun ne pensait plus à autre chose qu'à lui. Qu'à le frapper. Il le poussait, le faisait reculer, le frappait, essayait de frapper encore avant qu'il ne se redresse, il était devenu comme fou et Draco perdait le rythme, perdait le fil, sentait son corps meurtri et celui de Potter qui lui faisait ça.
Il ne s'était pas attendu à ce que les choses tournent comme ça.
Il entendit vaguement la porte se refermer sur Slughorn, et son pas lourd détaler des cachots.
Il sourit dans sa douleur, mangea encore un coup et une pensée le traversa: Enfin seuls.
Alors un grand soulagement, une vague de bonheur fou le traversèrent, et il décida d'arrêter les coups.
Parce qu'il savait qu'il pouvait faire cesser tout ça, qu'il en avait le pouvoir- cette certitude l'avait traversé à l'instant où ils s'étaient trouvés seuls. Qu'il pouvait enfin obtenir encore plus de sensations, et encore plus d'adrénaline sans avoir à subir cette douleur.
Il attrapa Potter par sa robe de sorcier- Harry Potter, ce foutu con avec qui il s'était battu pendant la moitié de sa vie- et d'un coup sec, réunissant ses dernières forces, il l'attira contre lui.
Est-ce que Potter s'était laissé faire par surprise? Est-ce qu'il ne s'attendait pas à cette manœuvre de la part du garçon qui avait passivement encaissé les coups jusque-là.
Il se laissa enlacer. Ou plutôt, les bras de Draco emprisonnèrent le brun avant qu'il n'ait pu réagir, et il le serra de toutes ses forces, brutalement.
Pour qu'il ne puisse plus le frapper. Pour qu'il ne puisse pas s'échapper. Pour qu'il sorte de cet état second et qu'il reprenne conscience de ce qui l'entourait. Pour lui rendre la monnaie de sa pièce- mais lui au moins ne le frapperait pas. Peut-être qu'il lui fêlerait quelques côtes, avec de la chance?
Potter haletait des efforts qu'il avait fourni. Il ne bougeait plus et semblait reprendre son souffle-son calme?
-T'es cinglé, Malefoy. Lâches-moi, cracha-t-il entre deux expirations furieuses.
Il ne lui ferait pas ce plaisir. Draco raffermit encore sa prise et enfouit son visage entre le cou et l'épaule de l'autre. Ne pas le regarder. Le sentir...
-C'est pas moi le taré qui frappait l'autre, tout à l'heure.
-Bien. Je ne me battrai plus contre toi.
Sa voix était très froide, réalisa le blond. Alors que lui... Lui aurait voulu le broyer entre ses bras, le griffer, recevoir et donner encore des coups. Il aurait voulu mordre la chair de ce cou. Il n'en avait pas eu assez- il n'en avait jamais assez... Si seulement il pouvait lui communiquer un peu de sa passion, un peu de son envie- de son besoin de l'avoir près de lui, de le frapper, de l'agacer!
Il défit un peu son étreinte et glissa une de ses mains - elle était si froide, comparée à la peau brûlante du brun!- le long de la hanche de Potter. Il la fit sillonner et remonter le long du dos tendu et crispé.
Si l'autre voulait partir, il était parfaitement en mesure de se dégager, maintenant, songea Draco. Mais il ne le faisait pas. Peut-être qu'il suivait les errements de sa main glacée, lui aussi.
Le peu qu'il sentait contre ses doigts l'emplissait d'un mélange de fascination- il découvrait chaque muscle de ce dos, le grain de la peau, y faisait glisser ses ongles doucement- et de frustration. Il en aurait voulu plus et était conscient de ne pas pouvoir.
Il savait que c'était déjà beaucoup, et ce qu'il avait contre sa paume l'excitait déjà suffisamment comme ça.
D'ailleurs, depuis quand son bas-ventre s'était empli de cette chaleur trouble? Il cessa de mouvoir sa main aussitôt, comme refroidi.
Qu'est-ce que c'était que ces conneries?
Est-ce qu'il commençait à bander?
Il repoussa le garçon dans ses bras.
-Dégage, Potter. Slughorn est allé chercher MacGonagall, je tiens pas à ce qu'elle nous tombe dessus.
Il évitait son regard. Est-ce que l'autre l'avait senti durcir? Il était perdu, et gêné. Evidemment, qu'est-ce qui lui avait pris de prendre Potter dans ses bras?
-Je t'amènerai la carte demain, capitula le brun en soupirant.
Draco ne répondit pas. Il retourna jeter un œil à la potion abandonnée- une vraie bouillie- pour ne pas regarder le brun. Il prit sa baguette et vida le chaudron, priant Merlin pour qu'il parte vite, qu'il le laisse seul.
Il entendit les pas s'éloigner et soupira de soulagement.
Bon sang, ces rumeurs devaient lui monter à la tête! Qu'est-ce qui lui avait pris? Prendre son pire ennemi dans ses bras, le caresser alors qu'il était censé se battre!
Qu'est-ce qui ne tournait pas rond, chez lui? C'est comme s'il perdait la moitié de son Q.I. quand il s'agissait du balafré.
Pourquoi son corps ne réservait les sensations les plus intenses, les plus fortes, que pour ce type-là? Il aurait vraiment voulu le griffer au sang, il lui en voulait de lui faire cet effet-là.
Il avait bien déjà été attiré par des garçons avant ça, mais ne s'en était pas inquiété. Les filles lui allaient aussi très bien, et il avait enfoui ça au fond de lui. Mais là, avec Potter... C'était devenu impossible à ignorer.
Finalement, il n'aurait pas dû s'engager aussi loin dans ses disputes avec Potter. Il avait toujours eu la vague impression qu'il y avait plus que de la simple haine. Il avait relégué ça au fond de sa conscience et était passé outre, encore une fois...
Mais aujourd'hui son corps lui rappelait douloureusement qu'il se serait volontiers envoyé le survivant.
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Ginny alla très tôt à la Grande Salle. En ce moment, c'était la seule solution pour avoir la paix.
Une multitude de personnes la voyaient comme la fille qui avait rendu Harry Potter gay, et sa vie était devenue un enfer depuis qu'on avait surpris son ex avec leur professeur de potions.
Ce n'était déjà pas brillant avant, mais maintenant, on l'accusait d'avoir lancé sa campagne contre Malefoy par pure jalousie. Aveuglés par cette relation, les élèves avaient arrêté de le voir comme il était vraiment: un Mangemort.
Elle tartina rapidement son beurre, avala une, deux, trois bouchées, arrosa le tout de jus de citrouille; déjà des hiboux lui amenaient du courrier.
MacGonagall, qui la convoquait encore dans son bureau- elle n'irait pas, déjà la veille elle y avait perdu sa soirée.
Son frère Ron, qui depuis la veille lui envoyait des messages de plus en plus pressants, menaçant de débarquer à Poudlard si personne ne lui expliquait ce qu'il se passait au juste entre elle, Harry et Malefoy. Elle fourra la lettre dans sa poche. Qu'il vienne, ce serait parfait. Peut-être qu'elle pourrait enfin raisonner Harry, et lui montrer qu'il sortait avec un Mangemort, avec l'appui de Ron.
Une lettre de Crivey. Ridicule. Il y demandait des conseils pour séduire Harry, tout en essayant de la convaincre que Malefoy était un saint. Ce garçon n'obtiendrait jamais ce qu'il voulait de cette manière, il ne savait vraiment pas s'y prendre... S'il voulait son ex, il avait tout intérêt à évincer la fouine, et donc à se ranger de son côté. Il faudrait qu'elle lui en touche un mot, un de ces jours.
Diverses lettres l'accusant, la menaçant, l'insultant. Elle y jetait un œil bref, le temps de voir leur nature, et les jetait de côté sans aller plus loin dans sa lecture. Elle avait dû s'endurcir, pendant la guerre, parce que ce genre de lettres ne lui faisait plus rien. Sa mission était bien plus importante que ces bêtises.
Même si Harry ne voulait plus d'elle, elle ne l'abandonnerait pas maintenant... Pas alors qu'il s'était fait prendre par les filets de Malefoy. Elle ne savait même pas comment ce dernier s'y était pris. Elle avait d'abord pensé à un philtre d'amour, mais finalement il lui semblait plus probable qu'il ait cherché à tirer des larmes à Harry.
Pauvre Harry, toujours prêt à faire confiance, à donner des secondes chances...
Elle décacheta en dernier les deux plis contenant les informations récoltées par ceux qui, comme elle, croyaient qu'il restait encore des mangemorts en activité.
Un soutien précieux, pour elle. La plupart d'entre eux avaient également perdu des proches durant la guerre, et pouvaient partager sa douleur et sa peine. Elle chassa la pensée de Fred pour se concentrer sur ce qu'elle lisait.
Le présent. D'abord châtier ceux qui devaient l'être. Ensuite porter son deuil.
L'un des parchemins était orné de la petite écriture nette de Michael Corner; elle décida de lire celui-ci en premier. Concis, il expliquait qu'il n'avait pas pu approcher des cachots la veille au soir; certainement à cause d'enchantements posés par Malfoy. Mais il avait vu Slughorn partir bien avant Potter.
Il en déduisait donc que ces deux-là n'étaient pas chaperonnés- et ne suivaient en aucun cas des cours de gestion de la colère, comme Crivey l'avait laissé entendre le soir où lui et Romilda les avaient surpris.
Ginny aurait donné cher pour savoir ce que la fouine faisait à son ex pendant ces longues soirées. Est-ce qu'il le persuadait qu'il était une victime? Est-ce qu'il se faisait plaindre?
Elle parcourut ensuite la dernière lettre. Ce soutien-là, elle ne s'y était pas attendu. Mais Romilda avait fini par se joindre à sa cause, après sa rupture avec Dennis. Peut-être qu'elle avait été convaincue par ce qu'elle avait vu dans les cachots ce soir-là... Peut-être qu'elle se vengeait du petit Crivey, peut importait, tant qu'elle aidait.
L'œil aiguisé de la rousse sauta d'une ligne à l'autre, alors qu'elle engloutissait le reste de son déjeuner.
Mais ce qu'elle lut lui coupa l'appétit.
Il avait jeté un sectumsempra à Harry. Un sort de magie noire.
Que Harry lui-même lui avait lancé.
Malefoy ne pouvait pas avoir choisi ce sort au hasard. Ce serait une drôle de coïncidence. Cela devait l'avoir lié à Harry d'une manière ou d'une autre... C'était comme ça qu'il se l'était mis dans la poche.
C'était évident. Si elle en croyait Romilda, les dates correspondaient: Harry avait commencé à agir bizarrement avec la fouine juste après qu'il lui ait lancé le sortilège.
Comment Romilda avait eu ces informations, peu importait. Il fallait absolument qu'elle aille à la bibliothèque faire des recherches, qu'elle écrive à Hermione pour lui demander conseil... Et qu'elle rende une petite visite à Malefoy.
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Harry aussi se leva tôt, ce jour-là. Plutôt normal pour un garçon qui n'avait pas dormi de la nuit.
Malefoy lui avait trotté dans le crâne pendant des heures. Tout était toujours compliqué avec le blond, il devait s'amuser à lui pourrir la vie, à empirer les choses, à envenimer la situation.
Lui rêvait de calme, de repos- une chose qu'il espérait trouver après la guerre, une chose qui lui avait manqué pendant de longues années...
Et voilà que son vieil ennemi revenait à l'école, qu'il lui labourait le torse avec des sortilèges, qu'il lui occupait toutes ses soirées en retenue, qu'il se trouvait au milieu de rumeurs stupides qui lui compliquaient la vie, et qu'en plus de ça il agissait de manière de plus en plus étrange.
Malefoy lui avait fait un foutu câlin.
Et Slughorn ne l'y avait pas forcé, cette fois! Le blond ne pourrait rien dire pour sa défense, s'il l'interrogeait. C'est ce qu'il aurait dû faire, d'ailleurs. Mettre les choses au clair une bonne fois, pour savoir quel était son problème exactement, et ne plus entendre parler de ce type.
Lorsque le soleil se leva, Harry sortit en catimini des dortoirs, passa brièvement dans la salle de bains et descendit petit-déjeuner avec la carte du maraudeur en poche. Au moins, à cette heure-ci, il ne serait pas dérangé et pourrait peut-être en faire une copie pendant le petit-déjeuner...
Il prit cependant quelques précautions, et ouvrit la grande porte prudemment, jetant un œil rapide aux tables.
Ginny.
Il referma la porte discrètement et rebroussa chemin. Evidemment, il avait été trop stupide pour regarder sur la carte avant d'y aller... Ce n'était pas grave, il irait déjeuner plus tard. Ou pas du tout.
Ou alors il irait chercher un petit quelque chose dans les cuisines... En attendant, il décida d'aller faire un tour dans le parc en attendant que les cours commencent. Il n'avait pas eu le temps de voir Hagrid depuis des semaines, avec ses retenues du soir avec Malefoy. Il avait bien besoin du réconfort qu'il trouvait toujours auprès du demi-géant, et au moins, là-bas, il était à peu près certain de ne pas rencontrer de jeune fille hystérique.
Il s'aventura donc dans la fraîcheur du matin, respirant à pleins poumons l'air frais qui le revigora un peu. Lorsqu'il estima s'être suffisamment éloigné du château, il sortit la carte du Maraudeur et souffla, sa baguette pointée dessus:
-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Aucun petit point dans la parc. Il essaya de repérer le petit point portant le nom de Malefoy. Dans les cachots... Parfait.
Il s'apprêtait à refermer la carte quand un autre nom attira son regard. Ginny? Le point se déplaçait en direction des cachots.
Tant pis, que le blond se débrouille, il n'avait vraiment pas envie de se frotter une fois de plus à son ex. Le souvenir de la dernière fois qu'il avait surpris les deux dans la même pièce lui traversa fugacement l'esprit, mais il le chassa- cela faisait vraiment longtemps qu'il n'avait pas rendu de visite à Hagrid.
S'il n'y allait pas maintenant, il finirait par lui en vouloir...
Fourrant la carte dans sa poche, se promettant d'aller faire un tour dans les cachots avant les cours, il se dirigea vers la cabane. Les grosses citrouilles que le professeur faisait pousser à l'approche d'Halloween entouraient la maisonnette comme de gros chiens de garde orange; les arbres avaient laissé leur toison de feuilles sur le sol, formant un tapis roux; et complétant le décor, des botrucs bondissaient sur la pelouse, formant les mots...
QUOI?!
Harry ôta ses lunettes se frotta les yeux. Bon sang, comment Crivey avait pu dresser ces botrucs à former une déclaration d'amour en règle? Devant lui, les botrucs continuaient à se mouvoir, leur aspect de petites branches écrivant et réécrivant sans cesse, lettre par lettre:
"HARRY POTTER, SORS AVEC MOI! Dennis"
Rougissant, il essaya d'attraper les petites créatures, en vain. Elles bondissaient en un bel ensemble pour lui échapper... Elles bondissaient vers le château!
Vu la taille des lettres, Harry était déjà à peu près certain que toute l'école pouvait déjà apercevoir le message des fenêtres, mais il n'avait vraiment pas besoin qu'elles se rapprochent encore.
Il lança:
"Finite incantatum!" désespérément. Ce ne devait pas être un sortilège...
Résolu, il se tassa sur lui-même, et bondit par surprise. Il réussit à saisir un botruc, qui lui écorcha la main en s'échappant.
-Aïe! Foutues bestioles...
-Harry! Qu'est-ce que..? Mais qu'est-ce qu'il se passe ici?
La barbe et les cheveux plus emmêlés que jamais, une dépouille de lapin à la main, Hagrid aurait terrorisé le premier venu. Harry lui bondit dans les bras, oubliant aussitôt le message de Crivey, sa blessure à la main, et ses misères avec Malefoy fils.
-Hagrid!
Un large sourire s'épanouit sur les lèvres du demi-géant.
-Je sais, moi aussi je suis content de te voir... Mais tu vas avoir du sang de lapin partout.., s'excusait-il en lui tapotant le dos d'une de ses larges mains, tenant de l'autre la dépouille à distance.
-C'est pas grave, s'amusa Harry en mettant tout de même fin à l'étreinte.
-Si, justement, Crocdur risque d'avaler tout rond ta robe... J'ai déjà dû l'enfermer pour dépecer cette bestiole tranquillement... Mais qu'est-ce que tu fabriques avec ces Botrucs?
-Rien, je crois que Crivey les a dressés, ou quelque chose dans ce goût-là, lança en rougissant Harry. On n'a qu'à rester dehors pour le moment, je tiens à ma robe, et puis je ne devrais pas trop tarder à aller en cours.
Pieux mensonge. Mais savoir Ginny et Malefoy ensemble le travaillait.
- Tu dois pas avoir beaucoup de temps à toi... Entre les cours, et hum, Malefoy...
Harry n'en croyait pas ses yeux. Hagrid n'osait pas le regarder, gêné. La formulation était intentionnellement évasive. Il ne croyait tout de même pas..?
-Hagrid, vous ne croyez tout de même pas que ces rumeurs sur moi et Malefoy sont vraies?
-Non, non! Bien sûr, je n'y ai pas accordé une oreille, assura le demi-géant d'une voix plus ferme, et le regard plus franc. Mais MacGonagall a bien failli en persuader quelques-uns. Elle a fait des paris, tu sais?
-Slughorn a abordé la question...
-Tu sais, au fond, moi je m'en fiche. Tant que tu es heureux, ça me convient. Et si c'est pour ça que tu as abandonné Ginny...
-C'est elle qui m'a laissé tomber!
-Et peut-être que le petit Dennis ferait un.. ami très bien pour toi?, demanda-t-il en lorgnant peu discrètement vers les botrucs.
-HAGRID!
-Moi, ce que j'en dis... Tous les goûts sont dans la nature, pas vrai?
Harry hocha la tête. Si quelqu'un pouvait se montrer compréhensif concernant ses goûts, c'était bien lui. Il avait une furieuse tendance à craquer pour des bébés dragons, des scrouts à pétards et même pour Mme Maxime. Encore heureux qu'il n'ait jamais essayé de le caser avec Pansy Parkinson.
Son ventre grogna et il se souvint qu'il n'avait pas eu l'occasion de déjeuner. Ca avait dû s'entendre, parce qu'aussitôt il se vit proposer de venir se mettre au chaud devant une tasse de thé et quelques gâteaux faits maison.
Il ne savait pas trop s'il devait accepter; non seulement il risquait ses dents à vouloir goûter ce genre de pâtisseries, mais Crocdur allait manifestement dévorer sa cape. Et puis, Malefoy et Ginny, dans les cachots...
D'un autre côté, cela faisait vraiment longtemps qu'il n'avait pas rendu visite à Hagrid, et il se sentait coupable en voyant son bon sourire.
Priant pour que la dépouille de lapin fasse diversion auprès du chien, il finit par accepter l'invitation.
-Mais surtout, ne vous dérangez pas pour moi. Emmenez le lapin pour le dépecer à l'intérieur, ça ne me gêne pas du tout!
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-Mon garçon, je l'avais prédit, un Grand Malheur devait s'abattre sur votre relation avec celui-qui-a-survécu...
-Mais non, c'est une Weasley qui s'est abattue sur lui...
-Permettez-moi de vous contredire, Minerva. J'avais vu cela depuis le début. D'ailleurs...
Draco cessa de suivre leur conversation et planta une fourchette rageuse dans une pomme de terre. Si même les autres professeurs s'y mettaient, maintenant... D'autant qu'excepté Trelawney, personne ne croyait à cette prétendue relation. Slughorn les avait mis au parfum, mais cette bougresse de MacGonagall avait lancé la mode des plaisanteries douteuses incluant un certain brun à lunettes et lui-même, et ils s'en donnaient tous à cœur joie.
Jamais il n'aurait dû descendre dans la grande salle pour dîner.
Il aurait dû rester caché, mais il espérait que son entrevue avec la rouquine de Potter serait passée inaperçue... Oubliant que rien ne passe inaperçu à Poudlard, surtout lorsqu'on est au centre d'une rumeur qui occupe aussi bien élèves que professeurs. Il n'avait vraiment pas besoin qu'on le dérange avec cette histoire, il avait déjà assez à penser depuis ce qui s'était passé avec Potter la veille au soir...
A vrai dire, il avait beaucoup pensé à Potter cette nuit même.
Si l'on pouvait penser avec ses mains, ajouta une petite voix dans sa tête, et Draco retint un gémissement misérable.
Il était tombé bien bas! Trahi par son propre corps, par ses propres pulsions...
Il avala sa pomme de terre en imaginant qu'elle représentait sa libido- cette chose monstrueuse qui lui faisait faire des choses inavouable et honteuses la nuit. Mieux valait ne plus y penser.
Quand à la rouquine... Son sortilège de chauve-furie était remarquable, il fallait bien l'admettre; la saleté lui avait donné du fil à retordre- d'autant qu'il lui était interdit de s'en prendre aux élèves, ce qui ne l'aidait pas à se défendre convenablement.
Alors il s'était contenté de se protéger. Il n'aimait pas cette idée, mais c'était plus prudent: la pauvre fille semblait avoir complètement perdu l'esprit quand Potter l'avait quittée, elle pouvait être capable de tout. Elle l'avait accusé de comploter, d'avoir utilisé le Sectumsempra pour se lier à Potter... N'importe quoi!
Il - NE - VOULAIT - PAS - POTTER.
Ni se lier à lui. D'aucune manière. Il se le répéta comme un mantra. Et si son corps, pour une raison saugrenue (la fatigue? Le stress au travail?) semblait ne pas suivre ce qu'il lui disait, ce n'était pas sa faute.
Cela allait simplement rendre sa tâche un peu plus compliquée. Il allait devoir passer du temps avec Potter tous les soirs, faire perdurer volontairement la rumeur à propos de leur relation, et ne pas lui bondir dessus pour de vrai.
Pff, du gâteau pour un Malefoy! Il avait de la retenue, il savait se contrôler...
Il aurait bientôt de l'argent grâce aux paris, et sûrement d'autres opportunités d'emploi avec l'aide de cette rumeur. Il filerait, abandonnerait Potter à ses retenues et aurait la belle vie. Voilà!
Mais ses yeux ne pouvaient s'empêcher de parcourir les tables, cherchant le brun tout de même. Il avait vaguement conscience d'être venu dîner ici pour ça, pour le voir, et il se sentait stupide. Faire ça alors qu'il allait encore devoir passer la soirée avec lui, de toute façon! Il reçut un petit coup de coude et aperçut MacGonagall et Trelawney qui le fixaient.
-Alors, professeur Malefoy, qu'est-ce que vous en pensez?
Est-ce qu'elles avaient continué leur dispute stupide tout ce temps? La directrice ne se lassait donc jamais de jouer avec la crédule Sibylle?
Posant ses couverts posément, il répondit:
-Rien n'influencera mon grand amour pour Potter. Ce n'est pas miss Weasley qui va nous séparer. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je dois me préparer pour mon rendez-vous quotidien avec mon cher et tendre...
Il se leva, camouflant un sourire en coin. Trelawney avait l'air vraiment contrariée par ses paroles, et les autres professeurs se retenaient de rire comme ils pouvaient (sauf Flitwick qui ricanait, mais personne ne voyait sa bouche qui ne dépassait pas le niveau de la table): Hagrid en avait les yeux exorbités; MacGonagall trouvait un soudain intérêt au plafond magique; Slughorn avait fourré son poing dans sa bouche; Binns avait les épaules secouées de tremblements nerveux.
Fier de son effet, il repartit dans ses cachots.
Parce que ce n’était pas tout, mais il fallait vraiment qu'il se prépare psychologiquement. Il aurait besoin de tout son sang-froid, ce soir...
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Voilà, c'est terminé pour le moment!
Je ne sais pas trop quand je pourrai poster la suite, comme toujours (beaucoup de travail/pas de temps/ blablabla), et je veux influencer personne mais vos reviews me motivent beaucoup quand je rentre fatiguée le soir, pour écrire :p
Sans blague, n'hésitez pas à me laisser votre avis. Je martyrise trop Ginny?
A très vite! Et si vous avez le temps, passez lire mon ori Arachnide qui a eu très peu de succès et se sent seuuuuleee! |