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Chapitre VI - Un spectateur excité

Au manoir des X-Men, Colossus s’ennuyait, ce qui était plutôt rare. Il n’était pas dupe, Cyclope l’avait laissé ici pour jouer le rôle de nounou, à cause de son embrassade avec le Colonel Fury. Le russe avoua l’avoir mérité, mais il s’ennuyait terriblement. Il était le seul des X-Men resté ici à s’occuper des enfants. Kitty et Bobby s’étaient échappés en direction du cinéma le plus proche, Wolverine profitait de l’enfermement de son frère et de la dissolution de la Section Arme X, pour prendre du bon temps en ville. Le Professeur, quant à lui, était parti avec Jean pour une conférence de presse en compagnie de Fury, pour annoncer au monde entier que les X-Men étaient approuvés par le Shield. Colossus aurait pu se lancer dans une de ses séances de peinture habituelles, mais cela aurait tourné au carnage avec les piles ambulantes sur lesquelles il devait veiller. Il regrettait sa blague. C’était d’ailleurs pour ça qu’il n’en faisait jamais. Soit elles tombaient à plat, soit elles avaient pour conséquence ce genre de supplice. Complètement à bout, le géant alluma son téléphone portable et demanda des nouvelles de son chef.

-          Alors chef, Londres ?

-          Pire que ce qu’on croyait. Les dégâts sont colossaux.

-          Vous l’avez trouvé, s’enquit Peter.

-          Non, c’est ça le pire, on est arrivé trop tard, avoua Cyclope. On sera au manoir dans deux heures, donc prépare l’équipe, on se remet à la recherche du mutant dès qu’on aura atterrit.

Colossus faillit s’étrangler en entendant son chef. Il acquiesça et emmena les enfants dans la Salle des Dangers. Il enclencha le scénario 46 « salle de jeu », et se prépara pour le centre-ville. Il devait réunir l’équipe au plus vite.

Pensant que les deux tourtereaux ne devaient pas s’être aventurés bien loin, le colosse de métal rentra dans le premier cinéma qu’il trouva sur sa route. Au moment de payer une place, pour avoir accès à toutes les salles, Peter se rappela que Bobby se vantait de son tout nouveau Smartphone. Il essaya alors trois fois de l’appeler mais aucune réponse. Le téléphone de l’adolescent apparemment allumé, Peter appela Cerebro lui demandant de le localiser. Iceberg se trouvait de l’autre côté de la ville. Colossus tourna les talons et sortit du cinéma en direction du point qui s’affichait sur la carte de sa montre à hologrammes. Maintenant, il ne se trouvait plus qu’à quelques mètres, mais aucun cinéma en vue. En plus de s’être barrés, ils ne lui avaient pas donné leur vraie destination. Ça allait chauffer pour Bobby. S’aventurant dans la ruelle à laquelle il faisait face, Colossus commença à entendre de la musique électronique, du même genre que ce qu’écoute son camarade. Arrivé devant une porte de service, il trouva deux vigils, à l’air endurci, qui montait la garde. Peter fit mine de vouloir entrer, mais le moustachu lui barra la route.

-          On veut pas de toi ici mon gars, lui cracha-t-il

-          Je cherche des amis et ils sont à l’intérieur. Je dois les ramener au plus vite.

-          Bla, Bla, Bla ! Lui répondit le deuxième en faisant tournoyer une batte de baseball en fer dans sa main. Et nous on veut pas d’un sale communiste dans notre club, t’as compris ou tu veux que je te l’écrive sur ta tronche, avec mon stylo. Le vigil tendait sa batte en direction de Colossus.

-          Laissez-moi entrer et personne ne sera blessé.

-          Oh mais c’est qu’il s’inquiète pour nous, le jeune ! Qu’il est mignon.

Colossus ne devait pas perdre de temps. Il ne lui restait qu’environ une heure et quart pour ramener ses camarades et surtout trouver Wolverine. Avec un air de ras le bol, il tendit la main pour prendre la poignée de la porte, mais les deux videurs le repoussèrent énergiquement. Sauf que celui à la batte, voulu lui casser le bras en le frappant avec son ‘‘stylo’’. Seulement son arme rebondit sur le bras de Peter et lui atterrit en pleine face provoquant un craquement effroyable. Le vigil s’était auto pété le nez et la mâchoire. Le moustachu reculant vers la porte du club, voyait le géant se rapprocher de lui lentement et apparaître à la lumière. Le jeune de tout à l’heure avait grandi d’une tête, avait pris dans les vingt centimètres de tour de poitrine et sa peau était brillante comme une carrosserie de bagnole lustrée au maximum. Colossus tendit le même bras que tout à l’heure pour ouvrir la porte et pénétra l’intérieur du bâtiment en lançant un regard noir au vigil, complétement sous le choc.

En entrant dans la discothèque, Peter n’entendait qu’une chose : la musique. Pour ne pas effrayer tout le monde, et surtout pour passer inaperçu, il reprit sa forme normale. Il progressa à travers le flot de jeunes adultes qui se trémoussaient devant lui. Un peu mal à l’aise, le mutant continua et se dirigea vers le bar. Sur le chemin, plusieurs filles l’arrêtèrent en vue de le séduire, mais Colossus les écartait leur montrant qu’il n’était pas du tout intéressé. Au bar, le X-Man sortit deux photos, une de Kitty et une de Bobby. Le serveur avait l’air de rien en avoir à foutre et esquivait son regard. Après deux minutes de ce petit manège, Colossus le souleva du sol et le porta au-dessus de sa tête (à plus de 3 mètres bras tendus). En se pissant dessus, le gus lui montra une loge et pria qu’il le laisse redescendre. Colossus esquiva lui aussi sa requête et le lâcha. Le barman se réceptionna lourdement sur ses chevilles qui craquèrent à l’impact. Personne ne faisait attention, car au moment de l’assaut de Peter les lumières stroboscopiques s’étaient enclenchés et le volume de la musique avait augmenté. En se dirigeant vers les loges, le russe remarqua que plus il  s’en approchait plus l’odeur d’alcool se faisait chargée. Il aperçut sur plusieurs tables une quantité impressionnante de bouteille de vodka mais ce qui lui fit le plus peur s’était cette espèce de farine un peu éparpillée sur les tables. Il pria pour que ni Bobby, ni Kitty (surtout Kitty) n’y ait touché. Colossus tira le rideau qui se tenait là en guise de porte et découvrit Iceberg à moitié sur Kitty et sur la table en train d’essayer de la maîtriser. La jeune mutante semblait complètement stone et ne bougeait plus. Peter ceintura l’adolescent, l’éjecta de la loge et se précipita vers Kitty. Elle était endormie en fait, ce qui le rassura. Elle ne semblait pas non plus avoir touché à la coke. Le géant vérifia les bras de sa camarade pour trouver une quelconque trace de piqûre. Colossus en avait l’habitude, ayant travaillé pour la mafia russe quelques années auparavant en Sibérie. En tout cas la jeune mutante n’avait rien, juste un coup de trop dans le nez, il était rassuré. Il sentit tout d’un coup la chaleur du club baisser. Peter n’avait pas besoin d’un bad trip version Iceberg. Il se retourna et vit son pote en train de convulser. Piotr sauta dans sa direction et coinça son doigt dans la bouche de Bobby pour lui éviter de se mordre la langue. Une fois son bad passé, Peter le souleva se dirigea vers Kitty et la prit sur son épaule. Assez choqué de ce qu’il venait de voir, le X-Man se dirigea vers la sortie mais deux autres vigils, un noir et un blanc, se tenaient devant la porte, cette fois-ci équipé de fusil à pompe. Ne voulant pas exposer ses camarades, Peter allait les poser par terre quand il entendit une voix familière

-          A deux contre un gamin, et vous vous prenez pour des durs. Lâchez vos fusils et je ne m’en mêlerais pas, leur proposa une ombre cachée dans l’obscurité.

L’un des videurs, le noir se retourna dans la direction du nouvel arrivant, braqua son arme et tira à deux reprise tandis que l’autre levait son fusil vers Colossus. Ce dernier se tourna, livrant son dos à son adversaire. Le X-Man inspecta ses deux poids, aucun n’avaient été touché. Il se redressa et marcha en direction de la sortie, le blanc bec lui vidant son fusil à pompe dessus. Une fois arrivé à son niveau, Piotr prit le canon de l’arme dans sa bouche et ferma sa puissante mâchoire dessus, le pliant comme un tube de dentifrice. Il prit le vigil par le col et le lança dans une benne à ordure. De son côté, le mutant dans l’ombre s’approcha tout aussi lentement de son agresseur que Colossus. Wolverine apparu avec la moitié de son visage arraché. Le deuxième videur se pissa dessus, lui aussi, et regarda son arme se faire trancher aussi facilement que du beurre, puis détala à grandes enjambés. Le règlement de compte terminé, les deux X-Men repartirent avec chacun son sac à patates.

-          Comment as-tu su que j’étais là ?

-          Je trainais dans le coin et j’ai senti que tu puais la frousse, grimaça Logan.

-          Ce n’est certainement pas à cause de ces quatre spécimens.

-          Non, ça doit être pour Cyclope, sourit Logan. Il m’a prévenu qu’on devait se rassembler avant son arrivée et je savais que les deux tourtereaux avaient fait le mur. Je suis donc parti à leur recherche et je t’ai trouvé sur les lieux.

-          Donc tu ne trainais pas dans le coin, sourit Colossus.

-          Naan, pas vraiment, avoua Wolverine tout en allumant un cigare, mais Peter l’arrêta.

-          Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, vu l’état dans lequel se trouve Bobby.

-          T’as sans doute raison gamin, et il rangea son cigare.

Arrivés au manoir, Peter déposa Kitty dans une salle de bain et se précipita dans la Salle des Dangers, s’assurer qu’il n’y avait eu aucun soucis. Et effectivement tout le monde se portait bien, aucun accident n’était à déplorer. De son côté Logan se débarrassa de l’adolescent sur le canapé de la salle commune, mais Bobby rebondit dessus et s’étala par terre. Wolverine le fixa et le laissa ronfler sur le sol.

-          Toi mon gars tu vas comprendre ta douleur au prochain entraînement avec moi ou Colossus.

Piotr laissa la garde des enfants à son camarade et retourna voir Kitty. Cette dernière c’était déplacée vers les toilettes. La tête sur la cuvette, elle s’était endormie de nouveau. Le X-Man s’approcha d’elle et voulu la déplacer, mais Kitty se réveilla et offrit un spectacle à Peter qu’il aurait préféré ne pas voir. A moitié consciente, la jeune mutante le remercia.

-          Plus jamais je m’approche de ce débile immature, lui lâcha-t-elle avant de sombrer de nouveau.

Le géant sourit en voyant qu’elle se portait mieux qu’il le pense. Il lui restait trente minutes pour s’occuper de Bobby avant l’arrivée de son chef. Essayant tant bien que mal de le ranimer, le russe décida de l’emmener à l’infirmerie du manoir. Il y serait en sécurité, Cerebro veillerait sur lui et il ne pourrait pas s’échapper. Colossus l’attrapa amoureusement par la ceinture, comme un sac de sable et grimpa les marches en direction du troisième étage. Une fois dans la pièce, Peter lâcha Iceberg sur un lit et appela Cerebro.

-          Besoin d’assistance immédiatement.

-          Pour quelle urgence Colossus ? Demanda l’ordinateur.

-          Euh… Lendemain de beuverie ! Essaya-t-il.

-          Wolverine a encore trop abusé ?

-          Non c’est Bobby Drake, amusé par la question.

-          Entendu. Dois-je mettre en place un système de surveillance ?

-          Il ne doit pas sortir de cette pièce, dit Peter d’une voix grave.

-          Entendu.

A peine sorti de l’infirmerie, la porte claqua et Colossus entendit cinq verrous se fermer. En descendant les escaliers, les vrombissements des réacteurs du X-Jet commençaient à se faire entendre. Deux minutes plus tard, Cyclope, Tornade, le Fauve et Diablo passèrent la porte de l’ascenseur qui donnait sur les étages inférieurs, dont les trois hangars souterrains.

-          Alors Colossus, tout ce passe bien ? Lui demanda son chef.

-          Je crois que Bobby a mangé un truc qui ne passe pas, Kitty aussi. Sinon les enfants se sont bien amusés.

-          Je vois. Et toi, Wolverine, ta virée c’est bien passée ?

-          C’était une putain de virée, du genre de celle que je n’avais pas fait depuis un bon moment. Quelques accrochages, mais rien de bien méchant. Je me souvenais plus que les videurs de bar étaient aussi à cran, sourit Logan en direction de Peter.

-          J’espère juste que tu n’as pas fait trop de dégâts. Bon, débriefing dans la salle de contrôle, et on repart. Wolverine, Colossus mettez-vous en tenue, on a du boulot.

L’état de la situation exposé, les X-Men, aptes à partir en mission, se rendirent à l’ancien QG des Mauvais Mutants et se lancèrent à la recherche du mutant inconnu.

Cela faisait maintenant un mois qu’Harry avait rejoint Wanda et ses mutants, mais il ne se sentait qu’à moitié à sa place. On lui avait dit qu’on le protègerait, ce qui était le cas or Vif Argent et le Crapaud, n’arrêtaient pas de le dénigrer, le premier trop suffisant et le second trop amoureux de la Sorcière Rouge. En effet, depuis que le jeune sorcier était apparu, Wanda ne passait son temps qu’avec lui. Ne sachant pas trop quoi faire avec le gamin au début, elle lui montrait des tours de magie. Plus tard, ce qu’elle découvrit au dépend de sa garde-robe, qui séchait dans le jardin de leur nouveau QG, la fit réfléchir. Elle avait vu le jeune garçon se faire attaquer par une buse. Harry avait alors projeté l’oiseau dans les vêtements qui séchaient devant lui et les avait fait prendre feu, prenant l’animal au piège. Elle pensa alors qu’Harry était comme lui : un sorcier. La mutante lui en toucha deux mots et le gamin lui répondit qu’il le savait depuis longtemps, mais qu’il ne savait pas du tout comment ça fonctionnait. Wanda entreprit dès lors de l’entraîner. Le premier tour qu’elle lui apprit fut la pétrification. C’était un sort très compliqué à maîtriser, mais selon elle, qui pouvait le plus, pouvait le moins. Donc autant commencer par le plus dur. A sa grande surprise, Harry réussit à figer une feuille d’arbre en pleine chute au bout de trois jours, alors qu’à elle, il lui avait fallu deux bonnes semaines. Peu de temps après son premier cours, le jeune sorcier pouvait s’amuser à faire trébucher le Crapaud en lui figeant les pieds juste avant qu’il ne saute. Harry continuait toujours à s’entraîner. Ensuite, Wanda commença à lui donner de vraies bases en magie. Les deux sorts suivants qu’elle lui apprit furent la répulsion et la pyrotechnie. Wanda pensait que, comme Harry avait déjà utilisé ses tours sur un animal, ça irait vite. Mais le jeune sorcier ne progressait plus. Il était resté au stade de pouvoir expulser un caillou de la taille d’une balle de golf et le sort de pyrotechnie ne lui permettait que de faire fumer un ballot de paille. La Sorcière Rouge commençait à s’arracher les cheveux sur ce problème, et sa magie elle-même commençait à perdre en efficacité. Un matin, elle lui avait annoncé qu’elle ferait une pose dans son apprentissage et qu’il devait continuer à s’entraîner tout seul. Cela faisait une semaine pile qu’il n’avait eu aucun cours. N’étant plus le centre d’attention du leader, les deux mutants qui le dénigraient ne firent plus attention à lui. Avalanche, lui, ne l’avait jamais calculé. Le moment le plus difficile qu’il ait passé en compagnie des mutants, c’est le départ de Malicia. Cette dernière avait fini par trouver la proposition de Mystique plutôt intelligente. Elle faillit pleurer en voyant les yeux en larmes du jeune sorcier qui la regardait partir. Mais il fallait qu’elle pense à elle et à sa santé. Ils apprirent deux jours plus tard qu’elle avait rejoint les X-Men, ce qui remonta Harry contre ces derniers. Le jeune sorcier commençait à croire que tout le monde l’abandonnait… une seconde fois. Il pensait qu’on le mettait à l’écart : soit à cause de son âge, 7 ans maintenant, soit parce que les mutants avaient été trop choqués des révélations qu’il leur avait faites à propos de son oncle. Alors il se renfermait sur lui-même, sautant des repas et s’amusant à figer tout ce qu’il trouvait en mouvement. S’il avait pu maîtriser le sort de combustion, il aurait peut être mis feu aux réserves du Crapaud ou aux affaires de Vif Argent. Or il ne les contrôlait absolument pas.

C’est le jour suivant que le jeune sorcier fut fixé. Il avait surpris une conversation entre Avalanche et Pietro. Harry se la remémorait à nouveau.

-          Comment t’as été mis au courant de l’existence du transdistortionneur à particules de… euh… enfin bref, du truc ? Demanda Avalanche à son acolyte.

-          J’ai toujours mes sources aux Shield, mon gars, lui répondit-il avec un grand sourire et un clin d’œil. Harry n’avait pas compris ce qu’il y avait de marrant.

-          Tu parles de Sharon Carter ?

-          Ouaip, mon gars. Depuis son retour d’Asie elle est… Ouh ! Elle est… Enfin bref, jtefaispasdedessin, il donna un coup de coude à Dominic.

-          Mais je croyais qu’elle était avec Cap’

-          Bah plus maintenant. Sinon t’es prêt pour demain. On saittoujourspas si va yavoirdu sport, s’agita Pietro.

-          Vu le plan que Wanda nous a concocté. Je ne peux qu’être prêt. Je raffole des missions où on fonce dans le tas ! S’esclaffa Dom.

-          Moinsfort, le prévint Vif Argent. Faut pas que legaminnousentende. Tu tiens à te faire tuer par ma sœur ?

-          Je comprends toujours pas pourquoi il ne doit pas être au courant.

-          Parce que Wanda pense qu’il voudrait participer, et elle ne veut pas qu’il tombe entre les mains des X-Men, conclua Pietro. Bon onvamanger ? Lepremierarrivéàlatableagagnéledessertdel’autre. Et celui-ci disparut en projetant un amas de feuille sur son camarade.

On avait bien mis Harry à l’écart, et pour quelque chose d’important apparemment. Il devrait être prêt pour demain, car il les filerait. Le gamin ne savait pas comment il le ferait, mais il le ferait. L’interdit était trop tentant.

Après cette séance souvenir, il commença à élaborer un plan. C’était simple. Il devait monter dans leur voiture, à leur insu. Enfin, il devait plutôt monter dedans ou s’y agripper. Deux hics assombrissaient le tableau. Le premier : Pietro, Harry ne savait pas s’il allait choisir de courir à côté de la voiture ou s’il allait se laissé conduire. Le deuxième : la durée du voyage, il ne savait pas du tout combien de temps allait durer le trajet. Mais il était décidé à participer à l’opération.

C’était le grand soir pour les Mauvais Mutants. Cela faisait un peu plus d’un mois qu’ils avaient fait profil bas et qu’il n’avait commis aucun acte hautement condamnable, les vols de grandes surfaces mis à part. Ils étaient fin prêts. Wanda exposa la situation une dernière fois.

-          Bon vous savez ce que vous avez à faire, c’est pas très compliqué. Elle fixait le Crapaud avec un regard noir, ce dernier s’en aperçus au bout d’une dizaine de secondes de silence.

-          Quoi ? J’ai rien fait, se défendit-il

-          Justement Crapaud, tu ne fais jamais rien, ou alors tu fais vraiment n’importe quoi, l’incrimina Pietro.

-          Hahaha, n’importe quoi. N’est-ce pas ma douce ?

La tête du batracien cogna violemment la table.

-          Oui, j’acquiesce ! T’es un boulet. Alors cette fois-ci tâche de t’en tenir au plan.

-          Oui, je fonce dans le tas, gémit-il.

-          Moi j’aurais une question, s’exprima le dernier mutant de la bande.

-          Et ? Lui demanda Wanda.

-          Je ne suis toujours pas convaincu par ta source Vif. Je suis désolé de te dire ça, mais rien que le fait que Sharon ait craqué sur toi…

-          Ah ! La ferme Dom, si c’est pour dire ce genre de co***ries, s’emporta la Sorcière Rouge. Un peu de sérieux, c’est pour sortir Mystique de la Zone Négative qu’on fait tout ça, et ce n’est pas une mince affaire.

-          Et après ce soir on la fera sortir tout de suite ? Non parce que j’ai pas rangé ma piaule, blagua le Crapaud.

Wanda le fixa à nouveau

-          Non, pas la tête ! S’écria Mortimer en levant les bras devant son visage.

Il senti alors une vive douleur à l’entre-jambe. Une latte de parquet bleutée lui avait remis les valseuses en place.

-          Si tout le monde est prêt, on y va, ordonna la chef.

Personne ne pris la peine de dire au revoir à Harry, ou même de s’assurer qu’il était toujours dans son lit. Les mutants ne prirent pas la voiture mais la camionnette. En entrant dedans Wanda, se plaignit que personne n’avait débarrassé le coffre de son chargement de bouffe. Mais personne ne fit attention à ce énième détail, qui ne convenait pas à la Sorcière.

Le trajet ne fut pas long. D’après les informations glanées à la sueur de son front par Vif Argent, la base désaffectée, où devait se trouvé le machin transdistortionneur, ne se trouvait qu’à une quarantaine de minute de leur QG. Arrivés à destination, les mutants descendirent de leur van. Ils furent surpris de ne rencontrer, comme adversaires, qu’une meute de chiens errants, une demi-douzaine de garde et un système d’alarme défaillant. Le hangar où se trouvait le moyen de libérer Mystique était maintenant face à eux. Avalanche s’occupa d’ouvrir la porte, de façon civilisée bien sûr. Une fois les répliques sismiques dissipées, le groupe se dirigea à l’intérieur de l’immense pièce. Wanda et ses mutants étaient au centre de l’entrepôt, mais il était vide.

Des applaudissements les firent sursauter, et quelqu’un de familier commença à parler.

-          Félicitation Vif Argent, je suis impressionné que tu ais réussi à leur faire gober ton histoire avec l’Agent Carter. L’étrange personnage alluma la lumière du hangar.

-          Cyclope ?! S’étrangla Pietro. Mais, je… Que… Qu’est-ce que tu fous ici ?

-          De quoi est-ce qu’il parle ? Lui demanda sa sœur.

-          Tu nous as piégé enfoiré ! S’emporta Avalanche en pointant du doigt le surexcité qui ne savait plus où se mettre.

-          Mais non je vousassurequenon ! Il essaye de vous montercontremoi, se défendait Vif Argent.

-          Ouais bah moi je barre ! Prit peur le Crapaud. Mais celui-ci fut ramener devant ses camarades par Wanda.

-          C’est là mon gars ou tu fonce dans le tas !

Cyclope semblait s’amuser de sa petite entourloupe, mais se fit éjecter par la Sorcière Rouge, apparemment prête à en découdre. Les Mauvais Mutants se précipitèrent à l’extérieur du hangar, pendant que leur adversaire reprenait ses esprits. Ils se stoppèrent en voyant le groupe qui les attendait à une trentaine de mètres. Avalanche reconnu Jean, Diablo, Colossus et Iceberg. Il était rassuré, vu leur nombre ils pouvaient l’emporter pour la première fois.

Des sons étranges avaient décidé Harry à sortir de dessous l’amas de nourriture qui se trouvait dans la camionnette. Par chance, ses camarades l’avaient garé en hauteur. Le sorcier se rapprocha alors du rebord et une lueur rouge lui éclaira la face. Des objets monstrueux volaient dans tous les sens, des sortes de lances rouges sortaient de la tête d’un homme. Ces dernières allaient droit vers son ange, puis bifurquaient au dernier moment. Le Crapaud essayait d’esquiver les débris qui virevoltaient autour de lui tout en essayant d’attraper une sorte de bonhomme de neige avec sa langue. Harry avait du mal à l’apercevoir, mais il devinait que Vif Argent s’opposait à une sorte Géant gris qui lui balançait des camions et des citernes dessus. Avalanche posté en hauteur sur le toit du hangar semblait viser quelque chose, mais celle-ci disparaissait dans une épaisse fumée noire. Harry était excité, il trouvait ce spectacle fantastique et voulu se rapprocher, mais tomba. Par chance, la côte n’était pas abrupte et il roula en direction d’un rocher qui arrêta sa descente. Il pouvait enfin entendre ce que les combattants se disaient.

-          Arrête maintenant Wanda ! On veut juste l’enfant, lui criait dessus le lanceur de lances, qui avaient plus l’air de rayon lumineux à présent.

-          Jamais de la vie tu m’entends Cyclope ! Jamais !

-          Tu ne te rends pas compte de ce qu’il est capable de faire ! Si personne ne l’aide-

-          Et qu’est-ce que tu crois que je fais ? Que je me tourne les pouces ?

Wanda réussit à arracher un poteau et à le faire s’abattre sur son ennemi. Cependant ce dernier s’arrêta à quelques centimètres de sa tête.

-          Te mêles pas de ça Jean, c’est entre moi et ton boyfriend, la prévint la Sorcière Rouge.

Un rayon lumineux la propulsa en arrière, Harry fut choqué. Son ange avait été touché. Il allait se lever quand il sentit une odeur de soufre et un léger courant d’air. Il se retourna et cria d’effroi. Un diablotin, bleu et immonde, était venu le chercher.

-          Je t’ai enfin trouvé, meinjungerfreund (mon jeune ami), s’enthousiasma l’être maléfique.

Diablo s’approcha de l’enfant, et Harry leva les mains devant ses yeux pour se protéger. Notre jeune sorcier resta les yeux fermé pendant dix secondes et s’aventura à les ouvrirent quand il se rendit compte que plus rien ne se passait. Le champ de bataille s’était figé. Seuls ses camarades se dirigeaient dans sa direction.

-          Qu’est-ce que tu fous là ?! S’exclama Pietro.

Le petit était tétanisé. Wanda qui avait eu du mal à se relever, se précipita vers lui.

-          On se casse ! Tout de suite ! Avalanche prends Harry, il est sous le choc. On se magne, vite ! Ordonna-t-elle.

Les Mauvais Mutants sautèrent dans leur van et détalèrent. Pietro parti dans une direction différente. Pour brouiller les pistes ? Peut-être.