Saut le monde ! Me revoilà avec la suite de cette histoire, je suis vraiment contente qu'elle soit aussi bien accueillie (quoique le thème plaisait déjà). Et j'espère que vous continuerez à me partager vos impressions :p surtout que plus ça va avancer, plus ça va être... pas très drôle. Enfin ça, c'est dans mes idées, je ne sais pas ce que ça va donner pour vous.
Je tiens à dire que ce chapitre n'a pas encore été corrigé par ma bêta Phenixmiyavi, et qu'elle le fera plus tard. Merci aussi à Donnaqueenly qui a accepté de me partager ses impressions sur cette fiction (eh mais t'es passée où là ?).
Et comme il faut prévenir, les personnages adultes ne sont pas à moi, mais les gamins, si, ou presque. Rating T, parce que c'est comme ça, et... ça parle d'une histoire entre un homme et un homme, une jeune fille et un garçon, et tout plein de trucs comme ça.
La semaine prochaine, vous verrez l'apparition de ma fiction de l'avent et j'espère que ça vous plaira !
Harry regarda à travers la fenêtre, et soupira. Il devait aller à la bibliothèque rejoindre Ginny. Cette dernière ne lui avait pas laissé le choix et puis, il n'avait rien à faire.
Poudlard 1998.
Harry Potter entamait sa dernière année, celle qu'il n'avait pas faite à cause de la guerre.
Bien sûr, il aurait pu ne pas revenir. Accepter la validation de son année et continuer sur des études supérieurs tout comme l'avaient fait Hermione, Ron, et tant d'autres.
Mais lui ne pouvait pas. Il hésitait à devenir Auror, maintenant que Voldemort avait disparu. Et il n'avait pas d'autres buts dans la vie.
- Bonjour Harry !
- Salut !
La routine de Poudlard l'aidait à oublier un peu l'année passée. Elle l'aidait à redevenir un garçon de dix-huit ans comme un autre. Mais au fond de lui, il savait qu'il avait trop vu pour faire machine arrière. Il était… comme vide.
- Ah, te voilà, le salua Ginny en refermant un manuel de métamorphose.
Harry s'installa à côté d'elle, en silence.
- Tu n'as pas des devoirs à faire ? demanda la rouquine en voyant son petit-ami immobile.
- Hum… Je ne sais pas trop.
Ginny lui lança un regard blasé avant de soupirer.
- Harry, on a recommencé en octobre et les devoirs pleuvent depuis le début. Alors comment tu fais pour rester aussi nonchalant ?
Nonchalant. Oui, il était un peu comme ça depuis la fin de la guerre, six mois auparavant. Et pourtant, quand il avait réparé sa baguette dans le bureau de Dumbledore, grâce à la baguette de Sureau, il avait vu l'avenir lui sourire… alors pourquoi était-il si mou depuis la rentrée ?
- Quelque chose ne va pas ?
- Ça va, grommela Harry en feuilletant un grimoire dont il ne comprenait pas un mot.
- Harry…
- Je vais bien, Gin', alors arrête de t'inquiéter.
Le ton avait été dur. Et le brun s'en voulut immédiatement.
- Désolé.
- Moi aussi.
Un échange visuel et ils s'étaient pardonnés.
- Je vais faire un tour, décida finalement Harry en se levant. On se voit au dîner.
- A tout à l'heure.
Un baiser, un sourire.
Voilà la relation qu'il avait avec Ginny. Plate. Mais douce. Les frissons des débuts avaient disparu, et une sorte de routine s'était installée entre eux. Les conséquences de la guerre, peut-être. Leur manque d'effort aussi.
Sur toute la promotion d'Harry, seuls quelqu'uns étaient restés. Les autres avaient soit fait comme Ron et Hermione, et avaient décidé de repartir de l'avant, soit avaient déménagé après la guerre, comme Pansy Parkinson ou les jumelles Patil, soit étaient en prison… ou morts.
La pluie se mit à pleuvoir sur Poudlard et le regard du brun se fit vague. Crabbe était mort dans le Feudeymon et Goyle était en prison avec les autres Mangemorts. D'autres s'étaient volatilisés depuis de longs mois, mais certains étaient restés. Comme Neville, Seamus, Terry Boot, Anthony Goldstein. Comme Malfoy.
Malfoy…
- Harry ?
Le brun se retourna et sourit à son ami, Neville.
Grand et sûr de lui, la guerre avait aidé le garçon à sortir de sa coquille et à s'affirmer comme un digne Gryffondor.
- Nev'.
- Je vais voir Chourave, tu m'accompagnes ?
- Ok.
Après tout, il n'avait rien à faire.
…
Ce qui lui manquait dans ses journées, c'était ses amis. Ron et Hermione. Qui étaient ensemble. Qui faisaient des études différentes. Qui s'aimaient malgré tout.
Le couple avait été embêté du choix d'Harry, et ils avaient même proposé de rester avec lui à Poudlard. Mais le brun n'était pas égoïste à ce point-là. Alors il avait refusé avec un sourire, et leur avait demandé de lui écrire des lettres tous les jours, pour ne pas briser le contact.
Il n'avait pas la même complicité avec les autres. Il ne pouvait pas parler librement, et il avait plus l'impression qu'on le regardait comme une bête de foire, qu'un garçon ordinaire. Il passait le plus clair de son temps seul, à traîner dans les couloirs, à rêvasser en cours, à regarder Ginny faire ses devoirs - même si cette dernière détestait ça.
La nuit, il sortait de son lit, sa Cape entre les mains, et se baladait dans les couloirs vides du château, la tête pleine de noms d'amis tombés au combat, de regrets. Il lui arrivait de regarder le parc à travers une fenêtre pendant des heures. Ou de laisser les larmes coulées en voyant des couloirs ou des pans de murs encore détruits, non rénovés. Son attitude était étrange. Très peu d'élèves sortiraient de leurs dortoirs pour se balader dans les couloirs à minuit passé. Très peu ne trembleraient pas de peur en entendant le château grouillé de bruits inconnus. Mais Harry trouvait à l'obscurité quelque réconfort. Une part de mystère. Un moment pour penser tranquillement à sa journée. Un moment magique en soit. C'était son moment à lui, sans personne pour le juger, pour l'examiner, pour le surveiller. Il lui était bien arrivé de tomber sur Rusard dans une intersection. Mais comme il avait sa Cape, il l'évitait juste, et continuait son chemin, en silence.
…
C'était une froide nuit de novembre, et il était à nouveau sorti de son dortoir, incapable de trouver le sommeil.
Ses pas le menaient vers une partie du château récemment rebâtie, et les souvenirs l'envahissaient doucement, comme chaque fois qu'il passait devant une salle de classe, ou un couloir spécifique.
La partie ouest de Poudlard était assez peu utilisée depuis sa rénovation. Pourtant c'était là qu'on avait la plus belle vue sur le couché de soleil. Il se rappelait avoir amené Cho ici pendant la période où ils flirtaient encore ensemble…
Ce souvenir le fit grimacer avant de reprendre son chemin. Penser à Cho n'était pas une bonne idée. Ginny était capable de savoir à quel moment, il pensait à son ex, ou à une autre fille.
Un raclement. Un juron.
Étonné, Harry tourna la tête vers le bruit. Mais rien.
- Ça devait être mon imagination, murmura le brun pour lui-même.
Puis il reprit son chemin, vers la tour de Gryffondor cette fois-ci. Il était quatre heures du matin. Il avait envie de dormir maintenant.
…
Harry inspira profondément et toqua à la porte de l'infirmerie.
Neville et Ginny l'avaient menacé des pires tortures imaginables au monde pour qu'il accepte enfin d'aller voir Pomfresh.
Pourquoi ? Parce qu'il avait une tête à faire peur et parce que, comme un crétin, il était tombé dans les escaliers alors qu'il était encore dans ses pensées.
Il grimaça de douleur en faisant rouler faiblement ses épaules. Son omoplate gauche s'était pris le plus gros de la chute. Si Ron ou Hermione avait été là, l'un se serait moqué de lui et de son titre volé de Sauveur du monde, pendant que l'autre aurait paniqué et expliqué par A + B qu'il devait aller voir Pomfresh le plus vite possible.
La grande porte s'ouvrit alors qu'il arborait un sourire amusé. Et l'infirmière le regarda suspicieusement.
- Que puis-je fais pour vous, Monsieur Potter ? Demanda-t-elle au brun, le coupant dans ses rêveries.
- Oh, euh… eh bien… je suis tombé dans les escaliers, bégaya Harry en rougissant légèrement. Et on m'a dit de venir pour voir si je n'avais pas de blessures trop graves.
Pomfresh acquiesça imperceptiblement, puis le laissa entrer. Elle lui demanda de s'installer sur un lit, et d'enlever ses vêtements.
- Euh… tous ?
- Juste le haut, Monsieur Potter.
Harry sentit ses joues le brûlés avant d'obéir. Ses yeux firent le tour des lieux, des souvenirs lui revenant petit à petit: son séjour en Première Année, après avoir combattu le professeur Quirrel, la perte des os de son bras après un match de Quidditch mouvementé en Deuxième Année, les Détraqueurs en Troisième Année… en y repensant bien, il n'avait pas fini une seule année sans passer par la case Infirmerie.
Il sentit un regard posé sur lui et se retourna pour en connaître l'auteur. Mais il n'y avait personne. Il avait dû rêver. Ses yeux se posèrent sur les rideaux blancs qui masquaient un lit, tout au fond de la pièce. Étrange. Un élève blessé ? Malade ?
Il revint à ses propres soucis quand Pomfresh revint avec un petit pot de crème.
- Eh bien, grommela-t-elle en inspectant son dos. On peut dire que vous ne vous êtes pas du tout raté sur ce coup-là ! Faites plus attention, la prochaine fois.
Elle lui donna la crème, à appliquer plusieurs fois par jour, s'il ne voulait garder aucune séquelle et après un dernier regard au lit caché au fond de l'infirmerie, le brun la remercia et s'en alla.
…
Ce soir-là, Harry était tranquillement assis contre une fenêtre, les yeux dans le vague. Sa Cape d'Invisibilité lui servait de couverture et le silence du couloir était apaisant.
Aujourd'hui, il s'était disputé avec Ginny. Oh, rien de bien méchant. Il discutait avec Neville et Seamus quand la jeune fille était passée près d'eux, un Poufsouffle presque collé à elle. Au départ, ça ne lui avait rien fait. Mais Seamus avait mis son grain de sel et avait poussé Harry à montrer que la rouquine était sa propriété privée et que ce gamin n'avait pas à loucher sur son décolleté.
Quand le garçon était parti, Ginny s'était énervée contre lui. C'était quoi son problème ? Ils avaient un devoir en commun à faire, c'était donc normal qu'il soit à ses côtés ! Qu'est-ce qu'il voulait faire ? Montrer qu'il était un macho et qu'elle était son objet ? Non merci.
À la fin, Harry était autant énervé contre Ginny que contre Seamus.
Ça lui apprendrait à se mêler des affaires qui ne le regardaient pas…
Des chuchotements l'arrachèrent au doux paysage du parc. Mais… quelle heure était-il ? Deux heures ? Qui sortaient de son dortoir à une heure pareille ? À part lui-même ?
Étonné, il tendit l'oreille, posant la Cape d'Invisibilité sur ses épaules. Autant être discret. Il n'avait pas envie que McGonagall découvre ses escapades en dehors de son lit. Elle s'inquiéterait encore pour lui, alors qu'elle avait bien d'autres soucis en tête…
Les voix se rapprochaient et Harry était sûr qu'il y en avait au moins trois. Vérifiant qu'aucun de ses membres étaient visibles, il descendit de son renfoncement et attendit de voir qui étaient ces trois délinquants qui sortaient si tard.
- … sûr que Lily n'aurait aucun soucis à traîner dans le noir, grommela la première voix, grave.
- Te plains pas, le ciel est clair ce soir, c'est déjà mieux que rien, soupira une deuxième voix, beaucoup plus fluette et moins assuré.
- Ne compare pas la Chauve-souris avec nous, rajouta une troisième voix, fluette, mais hautaine. C'est la seule à dire que le noir est apaisant et de bonne compagnie !
- Papa aussi pense ça, répliqua la première voix.
- C'est pas la même chose !
Harry les regarda passer devant lui, mais ne les suivit pas. Deux petits, un grand. Qui se dirigeaient vers l'infirmerie, puisque ce couloir ne débouchait que sur un grand escalier qui y menait.
Il ne savait pas pourquoi, mais la voix du grand lui faisait vaguement penser à… lui-même. Il se dit qu'il était fatigué et allait rentrer au dortoir.
…
Toc toc
Permission d'entrer.
Harry referma la porte derrière lui et s'installa sur la chaise que lui indiquait la directrice.
Une fois par semaine, depuis la rentrée, Minerva McGonagall le convoquait dans son bureau, pour prendre de ses nouvelles, pour savoir s'il tenait le coup après la guerre.
« - Je me sens parfaitement bien. »
« - Je n'ai pas beaucoup de difficulté en Défense Contre les Forces du Mal ou en Sortilège. Mais je sais qu'avec la Métamorphose et les Potions, ce n'est pas tout à fait ça encore. »
« - Ne vous inquiétez pas pour moi. »
« - Je ne sais toujours pas ce que je voudrais faire plus tard. »
« - Pas de traces des Mangemorts en cavale ? » étaient les questions et les réponses qui revenaient le plus souvent.
Et ce soir-là n'allait pas faire exception.
- Vous avez une mine affreuse, Professeur, lança Harry après avoir remarqué son teint pâle et ses cernes.
- Pas autant que vous, Potter, répliqua-t-elle avec un faible sourire.
Le professeur et l'élève avaient combattu côté à côté pendant la guerre, pendant les procès. Harry avait vu McGonagall gérée la reconstruction de son château avec l'aide de sorciers volontaires, comme d' elfes de maison, défendue les Serpentard qui revenaient à Poudlard sans avoir combattu à leurs côtés. Harry avait du respect pour elle, et pensait sincèrement que son poste de directrice, de successeur de Dumbledore, n'était pas usurpé.
D'ailleurs, c'était elle qui lui avait demandé de refaire une année à Poudlard. Pour l'aider à penser à son avenir au calme, sans la pression médiatique que le monde sorcier imposait aux épaules du garçon de dix-huit ans qu'il était.
- Dormez-vous assez, Potter ? Demanda McGonagall en amenant le service à thé d'un coup de baguette.
- Hum hum.
- Ce n'est pas une réponse.
- Je vais bien.
Bien était un bien grand mot. Il avait perdu du poids depuis la rentrée, son teint déjà pâle à la base était d'un blanc presque maladif, ses cernes étaient violacés et il passait le plus clair de son temps, la tête dans les nuages.
- Vous n'avez pas besoin de parler ?
- Pour dire quoi ? Ne vous inquiétez pas, je vais bien.
Harry sentait que les questions répétées des dizaines de fois depuis deux mois allaient rapidement l'agacer. Il n'était pas en sucre ! Il gérait parfaitement la situation ! Il avait juste besoin d'un peu de temps pour s'adapter. La guerre était finie, ce pour quoi il était né, était accompli et il avait besoin de trouver un but à sa vie. Point.
Il remarqua le regard sévère de la directrice posé sur lui et se retint de froncer les sourcils. Il n'aimait pas être dévisagé alors si elle s'y mettait aussi…
McGonagall allait ouvrir la bouche quand une note en forme d'hirondelle se posa gracieusement sur son bureau et se déplia d'elle-même. Le Gryffondor était sûr d'avoir vu son ancienne directrice de maison se tendre, avant de la lire rapidement et retenir difficilement un moue mi-inquiète, mi-agacée. Une nouvelle dispute entre Serpentard et une autre maison ? Un rendez-vous avec le ministre de l'Education ? Une déclaration d'amour ?
- Allez vous reposer, Potter, ordonna-t-elle en se levant. Vos professeurs m'ont fait part de votre inattention en cours et même si c'est moi-même qui vous ai proposé de passer l'année ici, c'est vous qui avez accepté. Alors mettez-y du vôtre !
Le brun sourit avant de prendre congé.
- Oui, professeur.
Minerva se réinstalla devant son bureau et relut la note qui lui était parvenue. Cette affaire allait être plus compliquée qu'elle ne le pensait. Gérer des élèves assoiffés de vengeance contre les Serpentard étaient déjà pénibles, alors des enfants du futur qui essayaient rentrer chez soi…
Elle repensa à Potter et son visage pâle et fatigué, puis aux garçons qui se trouvaient dans une certaine tour de Poudlard, aux caractères déchaînés et plein de vie.
Elle se demanda vaguement si mettre Potter au courant serait une bonne idée… ou non.
En attendant, elle devait mettre Pomona et Julius au courant du plan du jeune Potter-Malfoy. Puis les retrouver à la tour ouest du château…
…
Le lendemain matin, Harry mangeait tranquillement son petit-déjeuner, tout en relisant son cours de botanique. Ginny se tenait à côté de lui, discutant avec de jeunes première année curieux du fonctionnement de Poudlard qu'ils ne connaissaient pas encore tout à fait.
C'était une matinée comme une autre en soit, mais Neville le sortit de ses révisions avec une remarque.
- Ça fait quelques jours que les profs sont agités.
Harry jeta un coup d'œil à la table professorale mais pour lui, tout était normal.
- Il y a quatre jours, reprit Neville, j'ai entendu le professeur Chourave et le professeur Flitwick se disputés sur les effets que la Lune aurait sur le corps humain. Puis un autre jour, j'ai vu la directrice sortir de l'infirmerie avec un air très préoccupée, en marmonnant quelque chose sur le coma… et une sur-utilisation de la magie. Et hier, je suis sûr d'avoir entendu ton prénom dans une conversation, en passant devant la salle des profs. Un truc sur… à quoi ressembleraient tes gosses plus tard.
Harry rougit face à l'information. Mais… pourquoi les profs parlaient de ça entre eux ? Ils étaient dingues !
Son regard se tourna à nouveau vers la table qui surplombait la Grande Salle et surprit le regard de Flitwick sur lui. Ce dernier eut l'air gêné et retourna précipitamment à ses œufs au plat.
Chourave et Pomfresh chuchotaient entre elles avec des airs de conspirateur et Harry trouva cela très bizarre d'un coup.
…
Lorsque'Harry repéra Coquecigrue, le petit hibou surexcité de Ron, un sourire éclaira son visage fatigué.
Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas de nouvelles de ses amis et il commençait à s'inquiéter. Alors quand le volatile lui rentra dedans avec enthousiasme, Harry ne put retenir un rire et détacha rapidement la lettre de son ami qu'il avait à la patte.
Il faisait froid dans la Tour d'Astronomie, mais il était impatient de lire ce que le rouquin avait à lui dire. Alors il descendit dans l'enceinte du château et trouva une salle de classe non verrouillée, où il décacheta la lettre, sa baguette allumée pour rendre sa lecture plus claire.
Mais l'écriture ne correspondait pas à celle de son ami, et il fronça les sourcils en reconnaissant les lignes délicates d'Hermione.
Cher Harry,
Comment vas-tu ? J'espère que tu trouves le sommeil et que tu étudies bien.
Excuse-nous pour le silence de ces deux derniers jours, mais certains évènements dans notre quotidien ont fait que nous n'avons pas pu t'écrire. J'ai hésité un bon moment avant de t'envoyer cette lettre, car tu dois te reposer et ne plus penser à la guerre, mais Ron m'a fait comprendre que tu avais le droit de savoir, et que tu étais autant concerné que nous, si ce n'est plus.
Voilà, il y a deux jours, Ron sortait de l'académie des Aurors, où il étudie actuellement, quand un groupe de Mangemorts en fuite, l'a attaqué. Ne t'inquiète pas, tout s'est bien passé, les Aurors sont arrivés à temps et Ron n'a reçu qu'une légère blessure. Dans le tas, nous avons reconnu McNair et Goyle père. Ces derniers doivent être au Ministère, en train de se faire mariner par Kingsley et ses Aurors.
Nous sommes en sécurité, Harry. Alors s'il te plaît, ne t'énerve pas contre la directrice pour pouvoir sortir de Poudlard, et venir nous voir. Il est hors de question que tu sortes de l'école et encore moins pour rien.
Ne t'inquiète pas pour nous et concentre-toi sur les devoirs.
Et embrasse Ginny, Neville et Luna de notre part.
Hermione Granger
…
Harry chiffonna la lettre de son amie, ses mains tremblantes d'une rage mal contenue. Son pied heurta brusquement l'objet en face de lui.
Une chaise tomba.
Comment Hermione pouvait rester aussi calme alors que Ron avait failli y passer ?!
Une table se renversa.
Comment ces Mangemorts avaient-ils osé s'en prendre à son meilleur ami ?!
Il hurla d'impuissance.
Comment avait-il fait pour être aussi aveugle ? C'était normal après tout. Leur Maître était mort. Ils réclamaient vengeance. Et quoi de mieux que de toucher leur ennemi en s'en prenant à ce qu'il tenait de plus cher ? Ses amis ?
- Merde, souffla le brun en s'accroupissant au milieu du carnage qu'il avait commis.
La guerre n'était pas finie. Tant que toutes ces ordures seraient dehors, il y aurait encore des blessés, des morts… des disparus. Il devait faire quelque chose. Il devait protéger ceux qu'il aimait. Il avait déjà perdu tant de personnes…
Ses yeux lui piquèrent.
Sirius… Remus… Dumbledore…
Il inspira douloureusement.
Fred… Tonks… ses parents…
- Tu t'es calmé, Potter ?
Harry releva brusquement la tête devant la voix qu'il reconnaitrait entre mille.
Froide, traînante, hautaine…
- Malfoy ?
Qui se tenait dans un coin de la pièce, assit confortablement dans un fauteuil, une lampe posée près de lui, un livre dans les mains.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Comme toi, je suppose. Me retrouver seul.
- Si c'est pour te moquer de moi, tu peux aller de rhabiller, attaqua Harry en se relevant, époussetant sa robe de la poussière du sol.
Mais le silence lui répondit. Il regarda les dégâts qu'il avait causé et sortit sa baguette pour tout réparer. Après tout, ce n'était pas le travail des elfes de maison.
- C'était une constatation.
- Pardon ?
Harry se retourna à nouveau vers Malfoy, qui regardait à travers la fenêtre qui lui faisait face. Il semblait pensif et… triste ?
- Je ne me moquais pas, expliqua lentement le blond, toujours sans se tourner vers lui. C'était une simple constatation.
Que pouvait-il répondre à ça ? C'était la première fois qu'il parlait à Malfoy depuis des mois et même pendant le procès des Malfoy, il ne lui avait pas adressé une seule fois la parole, plaidant simplement leur cause devant le Mangenmagot, avant de partir en entendant les sentences favorables à la libération du fils et de la mère. Il n'y avait pas eu de paroles de réconfort, ni de remerciement. Ils ne se devaient plus rien.
En détaillant le profil du blond sous la lumière de la lampe, Harry se dit qu'il ne l'avait jamais vu autrement que hautain, prétentieux et con. Avec la rentrée, Malfoy était revenu à Poudlard, silencieux, discret. En fait, c'était la première fois qu'il voyait vraiment le Draco Malfoy d'après-guerre: toujours aussi pâle, maigre. Un peu plus mature. Un peu moins supérieur.
- Qu'est-ce que tu lis ? Demanda Harry, brisant l'étrange silence entre eux.
- Un livre.
Il le prenait pour un con.
- Le Rouge et le Noir.
Hein ?
- J'ai besoin de lire un livre ennuyeux à mourir, afin de trouver le sommeil, murmura Malfoy en tournant une page de son roman. Décortiquer le comportement et les buts du personnage, pour ne pas penser à moi-même, ou à mes proches.
Parlait-il de son père ? De cet homme qu'il avait envoyé à Azkaban avec une peine, certes moins lourde que celle des autres Mangemorts, mais avec une peine quand même ? Car oui, Harry avait plaidé pour les Malfoy, mais il avait aussi dénoncé la participation de Lucius Malfoy dans les affaires de Voldemort. Il pouvait pardonner à Malfoy fils, ce dernier n'ayant pas eu d'autres choix que de suivre les idéaux de sa famille, mais le père était en pleine possession de ses capacités et était totalement conscient de ses actes. Harry avait été intransigeant sur ce sujet et Narcissa Malfoy n'avait rien su ajouter.
- Je regrette.
- Tu ne l'es pas, Potter…
Harry planta ses yeux dans ceux de Malfoy. La lampe donnait un éclat particulier à ses orbes grises.
Ils s'étaient compris sans un mot.
- … Et moi non plus.
Le silence revint, les deux garçons ne se quittant pas du regard.
Le brun ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi, mais lorsque le contact se brisa, il se sentit un peu perdu… mais bien.
- Ce Julien Sorel est vraiment pathétique, critiqua faiblement Malfoy en se levant. Pire que moi. Ou toi.
Harry le regarda ouvrir la porte de la salle de classe, puis se retourner vers lui.
- Je ne t'ai pas remercié.
- Qu… quoi ?
- Pour avoir détruit le Seigneur des Ténèbres… ni pour avoir protégé ma mère…
Le blond sortit de la pièce, ignorant l'état dans lequel il laissait son ennemi d'école: le cœur battant, les larmes aux yeux.
…
Beaucoup plus tard dans la nuit, un hibou inconnu se posa devant lui. Il se trouvait à nouveau dans la Tour d'Astronomie et regardait le ciel dégagé - pour une fois - de tout nuage, laissant place aux étoiles brillantes.
Harry détacha la lettre de la patte de l'oiseau et reconnut l'écriture un peu brouillonne de son meilleur ami. Ses mains tremblaient pendant qu'il prenait connaissance des dernières nouvelles, et au lieu de s'énerver, il demeura pensif.
Salut mec !
Je ne te croirais pas si tu me dis que tu es en train de dormir comme un scroutt après la lettre franchement démoralisante d'Hermione !
J'ai pu échapper à Hermione et à ma mère il n'y a pas très longtemps et je t'écris donc cette lettre, pour t'expliquer ce qu'il s'est passé il y a deux jours. Désolé pour le manque d'information de ces derniers temps, mais entre les cours et le Ministère…
Voilà, tout ce qu'il s'est passé, était un plan de Kingsley afin qu'on puisse attraper les derniers Mangemorts en fuite. L'idée était que moi, en tant que meilleur ami du Sauveur du monde sorcier, je devienne la proie des Mangemorts. Tous les jours, je suivais un itinéraire spécifique, après les cours, qui demandait pas mal de détours, et de rues désertes.
Il a fallu moins d'une semaine pour qu'ils se manifestent ! À croire qu'ils étaient vraiment fous et qu'ils rêvaient de se venger. À seulement deux rues de l'académie, ils m'ont attaqué ! Heureusement que j'ai acquis certains réflexes, je ne serais plus de ce monde sinon !
Ils étaient cinq. Je pense qu'ils sont en train de donner des informations sur leur planque aux Aurors, à l'heure qu'il est. Kingsley nous tient au courant. Il arrive à s'occuper d'eux alors qu'il a tout le Ministère à gérer !
J'imagine déjà ce que tu vas m'écrire. Quelque chose pas très loin de ce que m'a hurlé Hermione quand je lui ai tout avoué. Que je suis inconscient, que j'aurais pu mourir. Mais tu sais Harry, je ne vais pas mourir. Pour Fred, pour Remus, pour tous ceux qui sont morts pour la liberté, je vais vivre, et je vais tout faire pour que les Mangemorts finissent tous à Azkaban.
Cette mission m'a occupé assez longtemps pour que je ne pense pas à ma famille toujours en deuil. Ça m'a permis de me sentir utile.
Comprends-moi, vieux frère, on doit tous avancer dans la vie, parce qu'on a pas le choix, et pour avancer, on doit avoir un but. Et le mien, c'est d'avoir un futur sans danger pour Hermione. Pour ma famille.
Passe le bonjour à Neville et aux autres.
Tu me manques, vieux frère.
Ron
Quel était son but, à lui ?
…
Après un dernier baiser de bonne nuit, Ginny monte dans son dortoir et Harry attend. Quoi ? Eh bien… tout simplement que tout le monde disparaisse de la Salle Commune pour sortir.
Il n'a pas envie de dormir ce soir. Ce que lui a écrit Ron tourne encore dans sa tête.
Et il a envie de retrouver la pièce où Malfoy et lui se sont vus la veille. Pas très loin de la Tour d'Astronomie, mais où ?
Il est près de minuit quand le dernier élève monte se coucher et Harry se lève, impatient.
La Cape sur le dos, ses pas le mènent dans les couloirs sombres et silencieux de l'école. Il grimace en entendant le tonnerre mais continue d'avancer.
Ses pensées s'évadent à nouveau pendant qu'il marche et c'est avec surprise qu'il se retrouve devant l'infirmerie. Merlin, la Tour d'Astronomie est à l'opposé ! En soupirant, il décide de rebrousser chemin, se disant que plus tête en l'air que lui, il ne devait pas y avoir. Mais au moment où il atteint le bout du couloir, plusieurs voix chuchotent dans sa direction. Même s'il est invisible, il se plaque contre le mur et attend qu'ils passent. Les silhouettes lui semblent familières. Deux petits, un grand. Ah oui, ce sont les élèves délinquants d'il y a deux jours.
- Rappelez moi pourquoi je dois venir avec vous ? Grommèle un des petits, à la voix fluette mais hautaine.
- Tu ne voulais pas rester avec Rigel et tu t'inquiètes pour Cal, propose l'autre petit à la voix fluette et moins assuré.
- Je ne m'inquiète pas pour ce crétin !
- Il est encore tôt, chuchote le plus grand, alors moins fort ! Peut-être qu'il y a des gens dans les couloirs. Ils peuvent nous entendre !
- Si tu avais amené la Cape d'Invisibilité ici, on aurait pu passer discrètement devant les autres sans problème, réplique la première voix.
- Pourquoi tu as oublié la Carte aussi, rajoute le deuxième petit, sur un ton de reproche. On aurait pu voir tout de suite si le chemin était libre ou non, au lieu de se cacher chaque fois en entendant du bruit.
Le petit groupe continue le chemin, en se disputant, passant devant Harry sans le remarquer. Mais ce dernier est perdu. Est-ce lui, ou il a entendu parler de la Cape ? Et de la Carte ? Bien sûr, il y a des Capes d'Invisibilité autre que la sienne, mais la Carte ? Et puis de qui parlent-ils ? Ri… Rigel ? Cal ? Et pourquoi ils se dirigent à nouveau vers l'infirmerie ? Et pourquoi si tard ?
Sa curiosité est piquée à vif, il décide d'attendre le retour du trio. Qui revient cinq minutes plus tard, avec un quatrième membre, petit comme les deux autres.
- Tu vas vraiment mieux ? Demande doucement le plus grand.
- Oui, t'inquiète, j'ai fait que dormir cette semaine, et Pomfresh m'a gavé de potions totalement dégueux avant de sortir.
Harry lève les sourcils de surprise. Dormi toute la semaine ? Ce serait donc lui, le patient aux rideaux fermés qu'il a vu l'autre jour ? Mais pourquoi le faire sortir aussi tard dans la nuit ? Ce n'est pas dans les habitudes de Pomfresh !
Il leur emboîte le pas, décidé à comprendre le fin mot de cette affaire, quitte à passer pour un débile.
Le petit groupe chuchote mais Harry n'entend pas, il se trouve à une bonne distance d'eux, pour ne pas se faire repérer. Et son incompréhension grandit.
Ils ne se dirigent pas vers la tour de Gryffondor. Ni vers les cachots de Serpentard et encore moins vers Poufsouffle, où les cuisines ne sont pas loin. Il se dit que c'est peut-être des Serdaigle, mais ils bifurquent au dernier moment et Harry ne comprend plus rien. Ils ne vont pas se coucher ? Qu'est-ce qu'il se passe, par Merlin ?
Ils atteignent la partie ouest du château au bout d'une dizaine de minutes et le brun frissonne en entendant le tonnerre grondé. Finalement, la nuit fait un peu peur…
- Tu vas pouvoir monter ? Demande le plus grand à un des petits, celui qui était à l'infirmerie ?
- James, je ne suis pas Lily, alors arrête de t'inquiéter toutes les trois secondes, se moque le dernier du groupe.
Lily… c'est la deuxième fois qu'il entend ce nom. Et James ? C'est vraiment bizarre tout ça.
« James » grommelle quelque chose et ils grimpent tous l'escalier.
Harry n'est pas monté dans cette tour depuis qu'elle a été reconstruite, mais il décide qu'il va le faire. Ces garçons sont vraiment bizarres.
Il leur laisse plusieurs minutes d'avance et quand il n'entend presque plus les halètements et les plaintes, il monte. Et il comprend pourquoi il a entendu les garçons se plaindre des marches. Il n'y a que ça ! Ça ne s'arrêtera donc jamais ?! Harry est rouge et en sueur quand il voit enfin l'arrivée: une trappe éclairée.
Il hésite et se demande s'il va monter, finalement. S'il en a même le droit, en fait. Après tout, ils avaient l'air d'avoir des choses à faire ici, et il ne les connait pas.
En s'adossant au mur, il reprend son souffle et décide que la prochaine fois qu'il les voit dans les couloirs, il les suivrait jusqu'au bout.
Mais au moment où il amorce un premier pas pour descendre, il entend un cri en haut. Son sang se glace et il franchit les dernières marches. La trappe est poussée assez violemment et il arrive dans une immense pièce circulaire, très bien éclairée, avec des lits, une grande table, beaucoup de livres qui traînent et… cinq garçons qui le fixent avec des yeux paniqués.
- Et en plus, faut que ça tombe sur lui !
Pourquoi ils disent ça à la fin ? :p
Pourquoi il y a Ginny ?
Pourquoi il y a pas Ron et Hermione ?
Pourquoi le Rouge et le Noir ?
Parce que ;)
Merci d'avoir lu jusque là !
Dites moi ce que vous pensez de ces passages futur/passé ! S'il vous plaît ?
EliH |