Chapitre 9:
- Papa ! Eh, Papa !
Harry se sentit tirer vers l'arrière mais ne chercha pas à se débattre. C'était James, il avait reconnu sa voix. Mais qu'est-ce qu'il faisait dans le couloir, en plein milieu de l'heure du repas ?
Il se retrouva rapidement enfermer dans une salle de classe vide et attendit que son fils aîné se dégage de la Cape pour le voir. Et il haussa les sourcils en voyant qu'Albus l'accompagnait.
- Qu'est-ce que vous faites dehors à cette heure-ci ? Soupira-t-il.
- On se promenait ? Proposa Albus avec un air agité.
- Papa, il faut qu'on te dise quelque chose, souffla James après avoir lancé plusieurs sorts sur la porte. Draco a des ennuies.
Harry garda le silence, un peu étonné que le garçon parle du blond. Quel était le lien entre Malfoy et ses fils ?
- Et… qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Hésita-t-il.
- Tu, mais enfin, Draco est en grave danger ! Il a des ennuies et tu dois l'aider !
- D'accord mais il n'a pas demandé d'aide.
James et Albus se regardèrent, et sa curiosité s'intensifia devant la mine défaite du plus jeune, et furieuse de l'aîné.
- Tu sais ce qu'on a découvert, là ? Attaqua James, les dents serrées. Y a des types, plus jeunes que moi, qui tabassent Draco comme s'ils étaient dans leur bon droit ! Je ne connais pas toute l'histoire, mais j'ai l'impression que ce qu'il s'est passé pendant votre cours de Défense contre les Forces du Mal a déclenché quelque chose ! Et ce quelque chose a un rapport avec Draco et toi ! Il souffre, tu sais ? Mais personne réagit !
- James, Malfoy ne veut plus que je m'approche de lui, alors qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
- Quelque chose ! Je ne sais pas, moi ! Rendre leurs comptes à ces salopards !
- Langage, marmonna Albus.
- C'est pour Rigel que tu t'énerves ? Demanda Harry au bout de quelques secondes. Vous êtes si proches que ça dans le futur ?
- Je… Rigel ? Se calma James en regardant ses pieds. C'est… compliqué.
- Harry, appela Albus. Dans le futur, Draco est plus qu'un ami de la famille. On l'aime bien presque autant que toi et… savoir qu'il souffre dans le passé… enfin, il ne nous en a jamais parlés. Et toi aussi tu ne nous en as jamais parlés alors quand on a vu les garçons sortir de la classe, et ensuite Draco, je me suis posé des questions. Et… Aide Draco, s'il te plait.
Harry les regarda tour à tour, assez partagé. Comment ça, Malfoy était aussi aimé par ses enfants que lui ? Cette relation était-elle normale ? Et Ron et Hermione ? Appréciaient-ils de savoir que Malfoy n'était plus un petit con imbu de lui-même dans le futur ?
- Harry, murmura James. Fais quelque chose pour Draco. Pitié.
- Bon d'accord, je vais voir ce que je peux faire, céda-t-il. Mais vous me devrez des explications sur le futur.
- On n'a dit: rien sur le futur, rappela James.
- Malfoy a dit ça, corrigea Harry. Moi, j'ai rien fait.
- C'est un marché qu'on est en train de conclure ?
- Sûrement.
James haussa des épaules et remit la Cape sur lui et son frère.
- On compte sur toi alors, déclara-t-il en fermant la porte.
- James, demanda Albus lorsqu'ils atteignirent le bas de la tour ouest. Qu'est-ce que tu veux que Papa fasse pour aider Draco ? Tu sais bien que Draco ne voudra jamais qu'on le voit autrement que sous son plus beau jour.
- Et ça va embêter Harry, confirma James avec un sourire très… Serpentard. Il va donc vouloir coller Draco encore plus et ils vont apprendre à se connaître.
- A se connaître… Mais… tu essayes de les mettre en couple, ou quoi ?
James ne répondit pas à cette question. Il n'essayait rien du tout, c'était Harry qui allait faire tout le travail. Foi de Potter-Malfoy.
OoooooOoooooO
Harry se dirigeait vers la Grande Salle quand James et Albus l'avaient arrêté. Il lui restait un peu moins de trois-quarts d'heure pour déjeuner mais c'était samedi. Alors s'il avait encore faim, il était sûr qu'il y aurait de quoi grignoter à Pré-au-lard, durant la sortie. En attendant, il arrivait bientôt à la Grande Salle et le bruit des conversations se faisait entendre jusque de l'autre côté du couloir.
Il passa les Grandes Portes et son regard fit le tour de la salle. Ginny était déjà à table, assise à côté de Neville et de Seamus. La table des Poufsouffle était assez agitée: deux garçons semblaient attirer l'attention en faisant rire leur tablée avec des blagues ou des mimes, Harry ne savait pas trop. Son attention se tourna vers la table des Serpentard, où un blond se trouvait, assis à l'extrémité de la table, comme s'il était prêt à s'enfuir sitôt son repas terminé. Ses pas le menèrent à lui, sans remarquer qu'il attirait tous les regards. Surpris, curieux, neutres…
La posture crispée de l'autre, malgré ses tentatives pour paraître détendu, le fit froncer des sourcils et il s'installa devant lui. Malfoy releva la tête en sentant son mouvement et émit un bruit qui semblait méprisant à première vue, avant de retourner à son repas, l'ignorant superbement.
- Malfoy, commença Harry, comprenant que l'autre n'ouvrirait pas la bouche le premier, même pour l'insulter.
- Qu'est-ce que tu fous là ? Marmonna le blond en gardant les yeux sur son assiette.
- Est-ce que tu vas bien ?
Les yeux gris se levèrent vers lui, soupçonneux.
- Qu'est-ce que tu entends par-là ? Répliqua-t-il en se saisissant de son verre.
- Oh, je sais pas, j'a cru comprendre que tu retrouvais des gens dans une pièce, et que vous preniez le thé ensemble.
Malfoy arrêta de boire, le verre toujours à ses lèvres, et ses yeux le fusillèrent.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Potter.
N'avait-il pas été assez clair ?
- Ce que j'ai vu l'autre soir, c'était bien ce qui a découlé de tes tea parties ?
- Dégage, Potter, je n'ai pas de compte à te rendre.
- C'est la première fois que je m'installe ici, remarqua soudain Harry en picorant dans un plat près de lui. La table de Serpentard… Vous n'avez pas une très belle vue sur la Grande Salle. Mais au moins, vous n'êtes pas assaillis par le bruit des conversations des autres maisons. Je pense que je vais apprécier de manger ici
- QUOI ? Explosa Malfoy après avoir compris ce que le brun voulait dire. Il est hors de question que tes sales fesses de Gryffondor restent ici plus longtemps !
- Oh, que de vulgarité, constata Harry avec un air blasé. Tant pis pour toi, tant que tu ne me diras pas ton problème, je ne te lâcherais pas.
- Tu, Potter, bordel ! Je t'ai dit de me foutre la paix ! Alors c'est quoi ton problème ?
- James.
Le blond le fixa, sans comprendre.
- Oh, et les jumeaux. Apparemment, plus tard, mes enfants vont t'adorer et te considérer comme un membre de la famille.
- Ok très bien, siffla Malfoy en posant sa fourchette. Je dégage, t'es content ? Je ne veux plus te voir. Connard.
Et il se précipita hors de la Grande Salle, ignorant les regards posés sur lui, et le silence qui l'accompagnait, après son coup d'éclat.
- Malfoy, attends, appela Harry en le suivant dans les couloirs.
- Dégage, Potter !
- T'en a pas marre de répéter ça ? Soupira-t-il en lui attrapant le poignet.
- Ne me touche pas ! Cracha le blond en faisant un mouvement brusque, qui le fit grimacer.
- Tiens, dit Harry en lui tendant quelque chose.
- Tu crois vraiment que je vais le prendre ? Se moqua Malfoy en faisant un pas en arrière.
- Putain, mais t'es chiant ! gronda Harry en posant le petit pot dans la main de son vis-à-vis avec brusquerie. C'est une crème contre les bleus que Pomfresh m'a donné il y a quelque temps. J'ai dû la mettre une fois, à l'infirmerie, je crois. Je pense que tu devrais aller la voir, d'ailleurs. Surtout si tes douleurs persistent.
- Potter, déclara Malfoy avec un air soupçonneux, je t'ai déjà dit de te mêler de tes fesses ?
- Ce que je ne ferais pas, confirma Harry.
- Je t'ai aussi dit que tu avais fait ta part du marché en tuant le Seigneur des Ténèbres ?
- Hum.
- Et donc, que tu n'avais plus à jouer au Sauveur ! Alors pourquoi tu me suis comme ça ? J'en ai marre ! Et ne me sors pas une excuse avec tes soi-disant gosses. Je ne veux pas en entendre parler.
- Bon bah pense que c'est parce que j'en ai simplement envie, soupira Harry en faisant demi-tour.
- Je ne veux pas de ta pitié.
- C'est pas de la pitié, Malfoy.
OoooooOoooooO
Harry regarda les boutiques devant lui, se demandant par où commencer.
Honeydukes pour Ron ? Scribenpenne pour Hermione ? Non, très peu pour lui.
- Tu veux bien m'accompagner à Bazar'bizarre ? Demanda Ginny qui gardait sa main emprisonnée dans la sienne depuis qu'ils étaient à l'extérieur des murs de l'école.
- Si tu veux.
Ils se dirigèrent donc vers une ruelle étroite, s'éloignant ainsi de l'axe principal, et qui semblait déserte. Harry ne savait pas quel genre de boutique était le Bazar'Bizarre, alors, quand il se retrouva devant, il détailla la vitrine, suspicieux.
- Qu'est-ce que tu veux acheter ? Demanda-t-il en suivant la rouquine à l'intérieur.
- Un carnet, réfléchit Ginny en passant entre les rayons. Luna m'a dit qu'il y en avait des jolies ici, et pour pas très cher.
Harry hocha de la tête, détaillant les plumes aux couleurs criardes qui s'étalaient sur une étagère. Puis des sacs en tout genre. Il y avait même un rayon Quidditch avec des posters de joueurs, des Souaffles, des Cognards et des Vif d'Or en vente. Et Harry saisit l'utilité de cette boutique: un bazar. D'accord.
Il revint inconsciemment vers les plumes et regarda les catégories. S'arrêta sur plusieurs plumes à papote, et prit la plus chère, mais aussi la moins laide. Il avait une idée précise de quoi en faire. Il passa à la caisse et retourna entre les rayons pour retrouver sa petite-amie. Qui était en proie à un énorme dilemme: quel carnet choisir ?
- Lequel tu préfères, Harry ?
- Celle-là est pas mal, fit-il remarquer en pointant un cahier à la couverture noire avec des paillettes argentées sur le bas.
- J'en prendrais bien plusieurs.
Et Harry roula des yeux. Pourquoi demander son avis si finalement, elle allait tous les prendre ? Compliquées, les filles.
- C'est agréable de se faire des sorties de temps en temps, dit la jeune fille après qu'ils soient sortis de la boutique. Avec les Aspics et les cours, c'est vraiment dur de se trouver du temps comme avant.
Le brun hocha de la tête, distrait par les branches d'un arbre qui bougeaient au gré du vent.
- Harry ?
- Hum ?
- Non, rien.
Elle se blottit contre lui et Harry passa sa main sur ses épaules, mécaniquement. Il avait bien envie de retourner au château.
- Eh, Papa !
Harry fit mine d'ignorer la voix.
- Eh ! Ne fais pas comme si tu nous entendais pas !
Il entendit des interjections, des jurons, des pas précipités et finalement, une main se posa sur son épaule. Il retint un sourire amusé de s'afficher sur ses lèvres et se retourna, aussi blasé qu'il le pouvait.
- Wow, t'as une sale tête, fit remarqua la voix de James.
Et on ricana. Albus ? Caleb ?
- Qu'est-ce que vous voulez ? Soupira-t-il finalement en croisant les bras sur son torse.
- Tu veux monter à la tour ? Demanda James.
- Quelle tour ?
- Astronomie, ça te dit ?
Harry calcula l'heure qu'il devait être. Minuit et demi, une heure du matin, sans aucun doute.
- S'il y a un couple qui fait des choses, on bouge, réclama-t-il en se dirigeant vers la plus haute tour du château, rapidement suivi par deux de ses fils.
- On a vérifié avant de sortir, répliqua James. J'ai même lancé des sorts répulsifs pour qu'on soit tranquille en haut.
Harry hocha de la tête et les écouta raconter leur journée, qui semblait morne et insipide.
- On est allé dans les cachots pour visiter le fond et je dois t'avouer que c'est toujours aussi flippant que dans notre présent. On a trouvé plusieurs pièces avec des chaînes accrochées aux murs et des tapisseries qui moisissent. Ça doit être les descendants de Serpentard, dommage qu'il n'ait pas installé le chauffage là-bas, je suis sûr d'avoir entendu des gémissements de douleurs et des plaintes ! Ensuite, tout à l'heure, on a failli se faire chopper par Rusard, déclara James avec enthousiasme. Heureusement que Peeves est passé par là et s'est mis à l'insulter. Il a oublié qu'il avait senti quelque chose à côté de lui et est parti.
Enfin… c'était ce que James avait dit.
Caleb s'était rapproché de lui pendant le récit de leur journée et lui lançait des sourires de temps en temps. Auxquels Harry répondait, de temps en temps.
Il n'y avait pas de lumière sous la porte de la quatrième salle de classe menant à la Tour d'Astronomie et aucun des trois bruns n'en firent cas. Ils poursuivirent leur chemin et grimpèrent les dernières marches. Harry frissonna devant le vent froid qui s'engouffra par la porte et il lança quelques sorts de Réchauffement sur lui et Caleb. James ne semblait pas avoir de soucis avec la fraîcheur de la nuit et il en déduisit qu'il avait déjà pris ses précautions.
James s'accouda à la rambarde de la tour et se mit à observer le ciel, étonnamment dégagé par rapport aux derniers jours. Harry se plaça à côté de lui, et Caleb s'immisça entre eux.
- Rigel est là, dit l'aîné en pointant du doigt une étoile bleue et brillante au loin. Et un peu en dessous Sirius. Altaïr n'apparait que durant l'été et Rigel, aux mois d'hiver.
- C'est pour ça que Malfoy a appelé son fils comme ça ? Demanda Harry en observant attentivement les étoiles.
- Parce qu'il est né au mois d'hiver ? Sûrement. Je suis né en août alors j'ai eu droit à Altaïr comme deuxième nom.
- Parce que ta mère l'a décidé ?
- Ma mère ? Ah euh oui ! Oui, oui, ma mère.
- Et toi, Caleb, quel est ton deuxième prénom ?
Le silence lui répondit et il baissa son regard sur le cadet des Potter.
- Je verrais bien Sirius, sourit-il en regardant à nouveau l'étoile de Sirius. Ou Remus ? Caleb… qu'est-ce qui pourrait aller avec…
- … cius.
- Pardon ?
- Mon deuxième prénom, hésita Caleb en regardant ses pieds, c'est Lucius.
- Que… quoi ?
Dire qu'Harry était surpris était loin de la réalité. Il perdit contact avec la réalité en cherchant le comment du pourquoi. Pourquoi son fils porterait-il le nom du père de Malfoy ?
- Lucius veut dire « brillant », « intelligent », en latin, expliqua Caleb d'une petite voix. Et aussi parce que… Lucius, le père de Draco, a fait certaines choses qui ont amené ta… la reconnaissance des Potter.
- Et puis Albus porte bien le nom de l'ancien directeur, rajouta James, comme pour défendre son petit frère, et son deuxième nom, c'est Severus. Albus Severus, alors pourquoi pas Caleb Lucius ?
- Faut que je m'habitue, soupira Harry en se frottant le front. Et pourquoi Caleb ? J'ai l'impression que vos noms sont passés au crible avec votre mère.
- Apparemment, se concentra Caleb, D… maman a lu une histoire sur un Caleb. Je crois que c'est dans la Bible, ça traînait là alors il s'est mis à lire et il est tombé sur cette histoire. Il était un des seuls de la foule à garder confiance en son Dieu, à le défendre et quand le moment est venu, la foule a été puni et lui et quelques autres personnes, ont été récompensés. Enfin je crois, je ne m'en rappelle plus. Et quand Albus s'est moqué de mon nom, euh… maman, a dit que c'était pour me porter chance. Que si j'insistais encore et encore, que je gardais confiance dans mes opinions, bah je serais récompensé.
- Et Lucius, c'est pour compléter ta voie, dit Harry d'un ton morne. Être récompensé par son intelligence, et brillé parce qu'on est têtu.
James ricana devant l'explication de son père et le silence recouvrit ce moment. Il fit apparaître des poufs, où ils s'installèrent, et quelques instants plus tard, Caleb s'assoupit, la tête contre l'épaule de son frère. Harry le remarqua et ne put retenir un sourire.
- Vous êtes proches, constata-t-il en regardant son cadet se recroqueviller.
- Tu trouves ? S'étonna James en essayant de repousser Caleb.
- Eh bien, tu les emmènes avec toi quand tu sors avec la Cape alors que je t'avais demandé de la sortir juste le soir.
- Les jumeaux me menacent.
- Tu les aides à faire leurs devoirs.
- Parce qu'un Potter-Mhum… un Potter se doit d'être le meilleur en cours.
- Ils t'aiment bien ?
- Ce sont des profiteurs. Serpentard, je te rappelle. Les jumeaux sont à Serpentard !
Harry jeta un coup d'œil perplexe à Caleb, puis à James et laissa tomber. Son futur lui s'en occuperait probablement mieux que lui.
- Les jumeaux ont l'air proche, hasarda-t-il.
- Pas vraiment non, soupira James avec une grimace. C'est plutôt la guerre depuis qu'ils sont petits. Tu leurs demanderas pourquoi, je ne connais pas très bien l'histoire.
Harry se demanda comment le fait que deux jumeaux se fassent la guerre, ne soit pas un sujet qui touchait plus que ça son aîné. Mais il laissa à nouveau tomber. Il demanderait plus tard.
- Je pense que tu te débrouilles pas mal comme grand frère.
Et un sourire désabusé s'accrocha aux lèvres de James. Qu'Harry remarqua.
- J'ai dit une bêtise ? Risqua-t-il.
- Oh non, c'est juste que… c'est pas le genre de chose que tu dis à la maison.
- Je suppose qu'il y a toujours des disputes entre frères et sœur.
- Plus de disputes avec Lily qu'avec les jumeaux en tout cas.
- Lily ?
Ah oui, sa fille ! Il avait totalement oublié…
- Vous ne vous entendez pas ? Se rattrapa Harry en grimaçant devant son erreur.
- Disons qu'on s'entend tellement bien, qu'on se dispute.
Harry ne comprit pas.
- Je suis plus proche de Lily, expliqua James en sentant que son père était perdu. Parce qu'on a deux ans d'écart. Alors qu'avec les autres… Je suis préfet-en-chef, tu sais. Alors ça veut dire des rondes et des réunions en plus, un couvre-feu quasi inexistant. Et souvent, pour me donner bonne conscience, je laisse les garçons traînés un peu plus longtemps à l'extérieur de leurs dortoirs quand je les choppe en train de se promener dans les couloirs. Pour être honnête, être dans une famille nombreuse n'aide pas à tisser des liens. C'est même le contraire. Ils étaient presque des inconnus pour moi, juste des enfants qui se trouvaient dans ma maison, qui ont un vague lien de parenté avec moi. Enfin, c'était ce que je pensais avant qu'on se retrouve dans le passé. Toi et… maman, vous n'êtes pas là, enfin, si tu es là, mais tu nous connais pas. Les jumeaux sont totalement perdus et… avant, quand j'étais petit et que les jumeaux étaient nés, vous m'avez dit que j'étais le grand-frère et que je devais prendre soin des plus petits. En général, je laisse la tâche à Lily. C'est une fille après tout, elle aime bien jouer les mamans et s'occuper de tout. Si elle avait été là, je suis sûr qu'elle aurait calmé le jeu entre Rigel et moi dès le début. Et elle se serait occupée des jumeaux pendant que moi, je me serais promené dans Poudlard. Et elle m'aurait engueulé parce que je ne l'ai pas attendue. Lily est à Gryffondor tu sais, c'est bien la seule à qui on a deviné la maison avant qu'elle arrive à Poudlard. Tu te demandes ce que je veux dire, hein ? Eh bien, avant chaque rentrée, toi et mamaaan, vous faites un pari sur où on va aller. Toi, tu as parié Gryffondor, à cause de mon caractère, et maman, sur Serpentard, ce qui était totalement illogique puisque j'étais une bombe à retardement. Et j'ai atterri à Serpentard. Et toute la famille a été choquée. Pour Lily, vous avez refait le même pari, maman s'obstinait pour Serpentard et toi, pour Gryffondor. Rigel, lui…
- Rigel ?
Merde.
- Euh… oui, j'avais oublié que les Malfoy faisaient aussi des paris, mais seulement parce que Draco t'a entendu parler du pari.
Harry sembla se contenter de la réponse, et James souffla un bon coup.
- Rigel a fini à Gryffondor avec Lily, et ça t'a fait rire une bonne semaine. A chaque fois que tu voyais Draco, tu te roulais de rire par terre.
- Il ne devait pas être très content, le Malfoy, ricana doucement Harry.
Effectivement, mais il ne dirait rien, il ne connaissait que les grandes lignes de l'anecdote.
- Pour Albus et Caleb, ça a été plus dure, se rappela James. Enfin, Ron a émis la vague idée que Caleb serait à Poufsouffle et Draco s'est étranglé d'horreur. Je crois même qu'il a dit « Un Potter-Mhum… à Poufsouffle ? Merlin, tu es tombé bien bas Harry ».
Le Gryffondor renifla, se disant que le blond pouvait aller se faire cuir un œuf et James pensa que « Un Potter-Malfoy à Poufsouffle ? Merlin, Harry, tu vas pervertir ma lignée avec tes bons sentiments ! » n'était pas très correct.
- Dans tous les cas, Draco a encore gagné le pari. Serpentard pour les jumeaux. Lily s'est beaucoup inquiétée pour les garçons. Parce que les cachots, selon elle, c'est « froid, humide et cauchemardesque ! ».
- Lily te manque beaucoup ? Murmura Harry en croisant ses bras sur ses genoux pour en faire un repose-tête de fortune.
James sourit et regarda le ciel avec un air absent.
- Elle serait bien la seule à être soulagée de nous revoir, dit-il au bout de quelques secondes.
Harry haussa les sourcils et eut envie de le taquiner.
- Bah alors, et moi ? Et ta mère ? Tu penses qu'on ne s'inquiéterait pas pour vous ? Personnellement, je suis sûr que si mes enfants disparaissaient dans une autre dimension, ce qui est le cas actuellement, je serais mort d'inquiétude !
Et James lui répondit par un sourire douloureux, les yeux toujours fixés sur le ciel où des nuages noirs s'amoncelaient tranquillement. Et Harry sentit quelque chose le glacer dans sa poitrine. Pourquoi n'approuvait-il pas ? Il pourrait rebondir dessus avec une plaisanterie !
- Désolé de te le dire, dit le Serpentard en tournant la tête vers lui, mais toi et… maman, c'est pas la joie depuis un moment. On s'inquiète tous, et c'est pour ça que j'essaye d'être cool avec les jumeaux: pour qu'ils pensent moins à vous et plus à Poudlard.
Une nouvelle information sur le futur, et elle n'était vraiment pas réjouissante.
- J'espère juste que ça va aller mieux après notre retour, rajouta James.
Harry acquiesça, le cœur lourd, et lui demanda finalement s'il ne connaissait vraiment pas la mère.
- Maman ? Bah… il vaut mieux que tu ne le saches pas encore.
- Tu ne peux même pas me donner son nom ?
- Désolé, il faudrait que j'en parle aux autres avant.
Ils restèrent encore un moment, échangeant un silence complice, agréable. Puis Caleb eut un frisson violent, qui attira le regard des plus vieux. Harry suggéra de retourner à la tour et James accepta, grommelant en voyant que le petit frère ne se réveillait pas. Il décida donc de le porter sur son dos, et Harry se dit que James faisait très bien son devoir de grand frère.
- Au fait, papa, demanda le Serpentard pendant qu'ils descendaient les escaliers. Ça ne te fait rien de savoir qu'on est tes enfants, et qu'on vient du futur ? Enfin, je dis ça parce que Draco a très mal pris notre présence ici et Rigel est plongé dans ses équations mystérieuses tous les jours depuis l'autre soir.
Harry garda le silence un instant, pensif.
- Disons qu'après la guerre, je suis prêt à croire à tout. Et puis, si je ne finis pas avec Ginny, c'est qu'il doit y avoir une raison. En plus, je suppose que la magie peut même faire remonter le temps à des gamins. Hermione le faisait bien pour ses cours, même si le voyage n'est pas de la même longueur.
Arrivés dans le couloir des salles de classe abandonnées, Harry s'arrêta brusquement devant une porte et se mordilla la lèvre inférieure. James se demanda ce qu'il se passait et son père le pria tout simplement de rentrer se coucher. Il était tard, les autres allaient s'inquiéter. Avec un haussement d'épaule, James lui souhaita une bonne nuit et continua son chemin, la Cape coincée entre lui et Caleb. Ils étaient à mi-chemin du retour quand Caleb murmura quelque chose qui ressemblait à: « Ça t'a fait du bien de parler avec Papa ? » Et James acquiesça, amusé que son petit frère ait été assez Serpentard pour faire croire à son sommeil et au semblant d'intimité qu'il instaurait en jouant le petit garçon fatigué. Caleb resserra ses bras autour de James et rajouta: « La prochaine fois, c'est au tour d'Al et moi. »
James hocha de la tête, et continua son chemin, persuadé cette fois-ci que le première année dormait profondément dans son dos.
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Pendant ce temps, Harry avait lancé un sortilège d'Ouverture sur la quatrième porte du couloir et entrait. Et son pressentiment était correct: Draco Malfoy se trouvait bien dans cette pièce. En se rapprochant silencieusement, il constata que le blond, malgré la fraîcheur qui régnait dans le château, se tenait dans son fauteuil, les pans de sa chemise bien écartés, sa robe de sorcier sur les genoux et des traces violacées sur son torse imberbe. Harry se dit qu'il avait déjà vu cette scène auparavant, avant que le blond remarque sa présence, et jure tout en reboutonnant sa chemise.
- Qu'est-ce que fous là, Potter, attaqua Malfoy en se redressant comme il pouvait dans son siège.
- Tu as mis la crème que je t'ai donné ?
- Non.
Mais le regard du brun sur la table basse où se trouvait son pot de crème était éloquent. Et Draco le remarqua, avant de pousser un soupir agacé.
- Ok, j'ai utilisé ta crème, content ? Tu peux t'en aller ?
- Dis-moi qui t'a frappé.
- Parce que tu crois que je vais te laisser jouer les Sauveurs ? Potter, je ne suis pas une de tes petites fans, mets-le bien dans ton crâne.
Il se saisit de sa robe et se leva, prêt à s'en aller. Mais comme il aurait dû s'y attendre du Harry-Je-Suis-Chiant-Potter, c'était peine perdu. Son poignet fut saisi et avant même qu'il l'insulte, il fut cloué par le regard vert de l'autre.
Harry avait les sourcils froncés et avait envie de refaire le portrait de Malfoy, ce qui ne lui était plus arrivé depuis leur sixième année. Il constata ensuite que le blond était un peu plus grand que lui, ce qui ne lui plut pas, et que ses yeux arrivaient à la hauteur de ses lèvres fines. Lèvres qui étaient un peu gercées, et où une petite langue passa, ce qui lui fit oublier son envie de faire comprendre à Malfoy par A+B qu'il n'était pas là pour le faire chier seulement parce qu'il avait un pseudo-complexe de héros, mais parce qu'il voulait simplement rendre le séjour des enfants moins pénibles.
- Potter ?
Harry cligna des yeux une fois, puis deux et se recula. Ses propres lèvres le picotaient et il se tourna vers les fauteuils, lâchant ainsi le blond.
- J'ai promis aux enfants, alors je tiendrais ma promesse.
Le blond sembla rechercher le sens de sa phrase, puis grimaça d'une manière tout sauf élégante. Il lui fit un geste obscène, qu'Harry ne vit pas, et claqua la porte avec rage.
Ce n'était pas gagné.
Dans les jours qui suivirent, le comportement d'Harry Potter et de Draco Malfoy fut plus qu'équivoque.
En effet, lorsqu'on voyait Draco Malfoy, on voyait tout de suite après Harry Potter. Ce dernier semblait pisté le blond et le blond passait son temps, soit à l'ignorer, soit à l'insulter.
Des Serpentard avaient même surpris Harry Potter sortir des cachots plusieurs fois, un peu avant le couvre-feu, avec une mine furieuse et la baguette à la main.
Les rumeurs continuèrent et bien sûr, les élèves en firent des choux gras, heureux de cet événement qui brisait leur quotidien bien morne. Enfin, ce n'était pas pour le goût de tous.
En effet, Ginny voyait de moins en moins son petit-ami, se demandant ce qu'il faisait. Et la réponse était venue par un groupe de jeunes filles de Serdaigle, gloussantes. Savoir que le Serpentard prenait tout le temps libre de son Harry, la rendit furieuse et une bouffée de haine la saisit un jour, quand elle croisa les deux garçons, en train de discuter.
Bon, si elle avait été un peu plus objective, elle aurait vu que Malfoy insultait copieusement le brun, et que ce dernier l'ignorait en sortant des banalités.
La douleur avait suivi la haine, quand Harry s'était mis à sourire devant une remarque du blond et avait continué sur autre chose. Elle n'avait pas eu le courage d'intervenir, et avait rejoint Luna à l'orée de la Forêt Interdite, où elle nourrissait ces créatures si étranges qu'étaient les Sombrals.
Quant aux enfants Potter-Malfoy, ces derniers suivaient leurs pères grâce à la Carte du Maraudeur, sous le sourire Serpentard de l'aîné, et le regard concentré des plus jeunes. Rigel prétendait que ça ne l'intéressait pas de voir Harry et Draco se courir après, mais Hugo était certain de l'avoir vu lancer des coups d'œil de temps en temps à la Carte, discrètement.
Cet étrange spectacle qu'offraient les deux garçons de Septième Année avait eu le bon point de faire disparaître les tourmenteurs de Draco. Les jeunes Serdaigle, Poufsouffle et Gryffondor avaient cessé de s'approcher du blond, lui lançant simplement un regard meurtrier quand ils se croisaient dans les couloirs.
A force de traîner les oreilles, James repéra les élèves qui avaient fait du mal, de loin ou de près à son père blond et, avec l'aide de ses frères, prépara une farce qui ne ferait pas de mal aux adolescents de cette époque. McGonagall ne sut jamais qu'elle avait aidé les Potter-Malfoy à mettre la zizanie dans son école, en leur apportant ingrédients, potions et chaudrons.
Quelques jours plus tard, très tôt dans la matinée, il y eut plusieurs explosions dans le château. A quatre endroits différents pour être précis, et trois simultanées dans chaque endroit pour être exact. Puis il y eut des hurlements, des rires, des pleures.
À l'heure du petit-déjeuner, la Grande Salle eut l'occasion de voir des Poufsouffle à la peau verte, des Serdaigle à la peau jaune, des Gryffondor bleu et enfin, des Serpentard rouges. Mais attention, seuls les quatrième, cinquième et sixième année étaient concernés par ce changement d'épiderme. Et les plus vieux se pliaient de rire devant leurs cadets. Draco avait du mal à cacher son sourire amusé et McGonagall refusa d'annuler les cours, juste parce que ses élèves portaient les différentes couleurs des maisons de Poudlard à même la peau. On chercha les coupables, et on ne les trouva pas. Harry eut mal aux côtes toute la journée tellement il avait ri en croisant les élèves touchés. Et ça lui fit beaucoup de bien.
Il en fit d'ailleurs part à Ron et Hermione, leur envoyant une lettre décrivant la farce, et quelques photos, que Denis Crivey, petit frère de Colin - paix à son âme - Crivey, avait pris pour marquer l'occasion, même si lui aussi était bleu et qu'il aurait dû en être fâcher.
Harry partagea cette anecdote avec les garçons de la tour ouest et comprit, à travers les sourires et les regards en coin, qu'il avait les responsables de ses fous rires devant lui. Il ne les réprimanda pas, ni les félicita, mais ils s'étaient compris.
Un soir, alors qu'Harry se dirigeait vers la salle de Draco - qui s'entêtait à y aller alors qu'il savait que le brun le retrouverait là-bas - il surprit une conversation le concernant. Ainsi que ses deux meilleurs amis. Et il fronça les sourcils en reconnaissant les voix de James et Rigel.
- Heureusement que Ron et Hermione ne sont pas là, soupira James qui se tenait contre la fenêtre. Sincèrement, je ne sais pas comment ils auraient réagi en apprenant nos identités…
- En mal, l'éclaira Rigel qui regardait à travers la fenêtre. Je les ai déjà entendus parler dans mon dos, quand j'étais chez eux.
- Donc ils auraient tout fait pour qu'on ne se rapproche pas d'Harry et Draco.
- Ils auraient tout fait pour que Ginny reste dans les pattes de Papa, confirma le blond. Tu ne l'as jamais vu s'en prendre à eux. Je ne sais toujours pas ce qui m'a retenu de lui lancer un maléfice.
- Bah, tu as bien vu sur la Carte que Papa n'est jamais avec elle, voir quasiment jamais. Il est plus occupé à courir après Draco.
Les deux garçons pouffèrent de rire.
- Lorsqu'on sera rentré, j'espère que Papa aura changé, murmura James.
- Rien ne dit que notre présence dans le passé va avoir une répercussion dans le futur, répliqua le blond. Sérieusement, j'ai étudié un peu le Retourneur de Temps et il semble que chaque action faite dans le passé ait un but qui va entraîner notre présent.
- Ok, j'ai pas envie d'entendre ton discours d'intello.
- James, soupira Rigel. Si le Retourneur de Temps peut nous emmener dans le passé d'une heure ou plus, tu ne crois pas que le voyage dans le Temps est pareil ? Ça se peut, au moment où on est parti, d'autres nous sont arrivés dans notre présent, en disant: quel incroyable voyage ! Ce que je veux dire, c'est que chaque geste, parole ou aide qu'on a pu faire ou dire ici, va se répercuter dans le futur. Et donc, si Harry et Draco sont actuellement au courant de notre présence ici, pourquoi est-ce qu'ils nous en ont jamais parlés dans notre présent ?
- Tu me donnes mal à la tête.
- C'est pourtant claire. Soit ils nous ont cachés ça, soit… ils n'étaient pas au courant.
- Et donc ça ruinerait totalement ta théorie dont j'ai tout oublié.
- Ce n'est pas drôle, James. T'as vu comme papa se comporte avec toi et les jumeaux ? Il est très différent de notre présent.
- Et c'est pour ça que j'espère qu'il aura changé dans le futur !
- Et c'est là que revient ma théorie du Retourneur de Temps !
- Rigel…
- Il a dû se passer quelque chose entre maintenant, et notre… naissance.
- On peut laisser tomber ? Il est tard et j'ai pas envie de me compliquer plus la vie que ça.
- Personne ne doit nous voir, et encore moins nous parler…
- Ri' ?
- Personne. On n'aurait jamais dû parler avec Harry ou Draco…
- Tu me fais peur là.
- Hum… il faudra simplement que je fasse une recherche. Tu crois que Ron réagirait comment s'il nous voyait s'entendre aussi bien à cette époque ?
- Hin hin, il croirait que c'est une supercherie. Un gars qui ressemble à son meilleur ami et l'autre, à son pire ennemi ? Et qui traînent ensemble ? Quelle bonne blague. Surtout que Lily est rousse et qu'elle te materne. Là, il aurait fait une syncope: Un Malfoy qui se laisse toucher par une rousse ? Heureusement qu'Harry n'est pas encore au courant du comportement de Ron plus tard. Il serait détruit avant l'heure de voir que son meilleur ami est une pourriture.
- James, il t'a sauvé la vie, je croyais pourtant que tu lui avais pardonné !
- Hum ? Bah chez les Potter-Malfoy, on est rancunier jusqu'au bout !
- Tu ne vas pas recommencer avec tes « Potter-Malfoy est, n'est pas et blablabla ! ».
- Pourquoi pas ?
- On pourrait se faire griller.
- Personne ne nous entend, on a le château pour nous.
Et les deux garçons s'en allèrent, continuant de se chamailler.
Harry demeura dans l'ombre, écoutant les pas décroître dans le couloir. Il était pâle et deux choses tourbillonnaient dans sa tête: Ron et Malfoy.
Dans quoi s'était-il fourré dans le futur ?
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