Chapitre 6
« Il est faible, Harry… »
« Je n'avais jamais imaginé avoir un enfant pareil ! »
« Arrête, tu vois bien que Caleb est meilleur que lui. »
« Je suis… déçu »
Ses yeux s'ouvrirent brusquement, son cœur battait la chamade et il tenta de revenir dans la réalité.
Il devait se ressaisir. Alors il chassa le sommeil comme il put en se redressant dans son lit et enroula ses bras autour de ses genoux pliés.
C'était des souvenirs. Juste… des paroles qu'il avait entendu par inadvertance. Un soir. Alors qu'il n'avait même pas sept ans.
Des mots qui l'avaient marqué au fer rouge.
- Albus ?
Le jeune homme posa son front sur ses genoux et ferma les yeux. Il ne voulait pas l'entendre. Pas lui. Surtout pas lui. Mais des mouvements dans le lit d'à côté lui montrèrent que son jumeau était aussi réveillé que lui et s'approchait. Il fit mine de l'ignorer quand il recommença à l'appeler. Qu'il dégage, c'est tout ce qu'il voulait !
- Je sais que tu me détestes, murmura Caleb, debout devant lui. Mais je sens que tu as besoin d'aide.
Foutu Lien.
- Ce n'est rien, marmonna-t-il en se rallongeant dans son lit. Va te recoucher.
Son frère resta immobile encore quelques secondes et abdiqua. Il entendit les draps bruissés, puis le silence. Alors il se retourna sur le dos, fixant le plafond.
La rencontre avec Draco devait être la raison de son… de la remontée de ses souvenirs. Après tout, c'était lui qui trouvait le petit Albus si chétif, si… décevant. Et le voir avec ce regard froid et hautain lui rappelait tous ces moments où Caleb et lui avaient fait des bêtises et les avaient regrettées. Un peu.
Un bref coup d'œil au lit de son jumeau et il ferma les yeux.
Il n'était pas comme lui. Non. Ils ne se ressemblaient pas. Et ça ne serait jamais le cas.
OoooooOoooooO
- Harry, où vas-tu? Appela Ginny en voyant son petit-ami s'éloigné avec discrétion.
- Oh euh… je voulais me promener un peu, tenta le brun en se tournant vers elle.
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Quoi ? Non c'est bon ! Luna doit t'attendre pour… les devoirs ! On se voit au dîner.
La rouquine le regarda s'enfuir avec précipitation et son cœur se serra.
- On est dimanche, crétin…
Depuis la fin de la guerre, Harry était devenu distant, avait toujours la tête dans les nuages. Il réagissait peu et peu de choses éclairaient ses yeux. Il n'avait aucune motivation et elle ne savait plus quoi faire… Peut-être lui donner son corps ? Après tout, ils étaient bien en âge de faire l'amour et puis… les garçons… étaient des animaux… n'est-ce pas ? Oui mais Harry n'était pas comme ça. Il avait toujours cette attitude un peu naïve, un peu timide, de l'embrasser. Avec douceur… Mais c'était avant la guerre. Maintenant, il le faisait mécaniquement, sans jamais y mettre du sien. Elle avait bien essayé d'en parler à Hermione. Mais cette dernière lui avait demandée de lui laisser du temps. Harry avait beaucoup souffert. Il portait beaucoup de culpabilité sur ses épaules… Mais elle ? Fred était mort ! Son grand frère n'était plus là et pourtant, elle essayait bien d'avancer dans la vie ! Harry n'avait aucune attache dans ce monde, à part elle !
En réalisant où partaient ses réflexions, Ginny poussa un profond soupir et se dirigea vers la Tour d'Astronomie. Luna voulait essayer son nouveau télescope pour repérer les étoiles d'hiver. Et la rouquine n'avait pas eu le courage de lui dire que la nuit était préférable pour voir la voûte céleste. Et sans nuage de préférence.
…
Harry vérifia plusieurs fois qu'il n'était pas suivi et atteignit enfin la partie ouest du château. Lieu désert et silencieux par rapport au joyeux boucan qui régnait partout ailleurs. Il regarda encore une fois derrière lui et s'amusa à piquer un sprint dans l'escalier, avant de gravir les marches quatre à quatre, puis à quatre pattes vers la fin, tellement il était fatigué.
Il sortit sa baguette en voyant la trappe et toqua.
Un « Entrez » étouffé par le battant lui répondit et il se retrouva dans la pièce circulaire.
- Bonjour, Papa ! S'exclama un des jumeaux qui se trouvait à la table, en train de faire… ses devoirs ?
- Bonjour, fit Harry avec un sourire gêné.
- Bien dormi hier ? Demanda James en s'éloignant de ses petits frères.
- Sans plus. Qu'est-ce que vous faites ?
- James nous torture, gémit Albus en posant son front sur son cahier. On est dimanche et il nous force à étudier.
- Tu seras bien content quand on sera rentré et que tu n'auras pas à travailler comme un forcené, réprimanda le Serpentard.
Harry regarda la scène devant lui et se sentit… bien. Être fils unique ne lui avait jamais permis de comprendre la complicité qui liait les frères Weasley, et savoir qu'il avait pu donner ça à ses enfants… plus tard… Oui, il se sentait bien en les regardant se chamailler.
- Harry ?
C'était le blond qui l'avait appelé. Le jeune Malfoy. Il était en train de gribouiller dans un carnet et leva les yeux. Gris.
- Oui ?
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Ri', avertit le fils de Ron en levant les yeux de son grimoire.
- Euh…
Devait-il leur avouer qu'il se sentait coupable de ne pas être revenu plus tôt ? De les avoir pris pour les fruits de son imagination ? Et puis… hier, il avait dit à Malfoy qu'il avait un fils ! Peut-être qu'ils ne voulaient pas qu'il le dise?
- Est-ce que Draco va bien ? Soupira Rigel, se résignant à l'essentiel.
Draco ? Depuis quand la génération suivante appelait leurs parents par leur prénom ? Il avait bien remarqué ça un peu plus tôt.
- Je crois qu'il va bien, hésita-t-il. Il était comme d'habitude.
Enfin, il disait ça mais il ne l'avait pas vu de la matinée. On était dimanche, et Malfoy était quasi invisible les week-ends.
- Et qu'est-ce que tu fais là ? Répéta le blond en fixant la fenêtre.
- Je n'avais rien à faire, alors j'ai voulu vous rendre une visite.
Le sourire de James fit le tour de son visage et Harry se surprit à vouloir ébouriffer ses cheveux. Avec tendresse.
- Tu veux m'aider à faire entrer les bases dans la tête d'Albus ? Demanda-t-il en poussant une chaise avec son pied.
- Vous êtes en première année ? demanda-t-il en se saisissant d'un manuel de sortilèges.
Rigel arrêta ses calculs et regarda son père et ses frères. Tous bruns. James était sociable et avait réussi à amadouer Harry avec son sourire. Les jumeaux étaient ce qu'ils étaient: jeunes. En soif de présence paternel et de regards. Ils étaient pendus aux lèvres du Gryffondor qui bafouillait des explications décousues sur un sortilège et Rigel se surprit à ressentir de la jalousie.
Peut-être aurait-il dû, dès leur première rencontre, laisser James commettre l'irréparable: annoncer qu'ils étaient des Potter-Malfoy. Harry aurait été fixé, et lui, eh bien lui ne serait pas tout seul dans son coin, à feindre l'indifférence.
- Ton nom vient d'une étoile ?
Le blond cligna des yeux plusieurs fois, avant de rosir. Il devait ressembler à un idiot à fixer son père avec adoration, et sans aucune gêne !
- Je… pardon ?
Harry garda le silence, avant de rosir à son tour et de bafouiller:
- Oui… hum… hier, Mal-ton père a dit que ton nom venait d'une étoile. C'est vrai que c'est pas commun.
- C'est ma grand-mère et mon père qui ont choisis, grimaça Rigel. D'après eux, c'est parce qu'on voit très bien l'étoile Rigel pendant la saison hivernale…
- Et parce qu'il est né en hiver, coupa James, avant de se rendre compte de sa bêtise. Euh… il répète ça tout le temps.
Le Serpentard ignora le regard noir de son jeune frère et demanda à Caleb de lancer le sort de Lévitation sur une pile de grimoire.
- C'est bientôt ton anniversaire alors, réfléchit leur père.
- Dans dix jours, hésita Rigel.
- Et vous ne rentrez chez vous que dans trois semaines… On n'aura qu'à fêter ça ensemble.
- Que… pardon ?
Harry le dévisagea à nouveau avant de sourire, presque timidement.
- Je vois bien que tu es assez proche de mes… fils. Ça veut dire que tu n'es pas aussi pourri que Mal-ton père à ton âge. Je laisse le bénéfice du doute au futur.
Rigel ne savait pas quoi dire. Son père avait l'air bien magnanime à cet âge-là. Se serait-il trompé en pensant qu'il n'accepterait pas un Malfoy dans son cercle ? Pourtant, d'après ses souvenirs, Harry et Draco se détestaient pendant leur scolarité… A moins qu'ils aient menti pour préserver un semblant de « piquant » dans leur histoire d'amour ?
- Je… merci.
Le sourire doux du brun lui fit monter les larmes aux yeux. Mais il ne pleurerait pas. Après tout, il était un Malfoy à cette époque.
OoooooOoooooO
Harry attendait devant la salle de Sortilèges que le professeur daigne enfin ouvrir la porte. Pas qu'il était impatient d'aller en cours, mais il était fatigué et il avait envie de s'asseoir.
La nuit avait été agitée et il était encore moins concentré sur son environnement que d'habitude.
La preuve ce matin ! Il avait mis du jus de citrouille dans ses céréales et du chocolat chaud sur ses pancakes. Il avait bu dans le verre d'un troisième année assis à côté de lui ! Et il s'était excusé auprès d'une armure quand il avait trébuché.
En se traitant d'idiot, ses pensées se dirigèrent vers les garçons de la tour ouest.
Merlin, ses enfants… à Poudlard… dans son temps ? Qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Comment était-ce possible ? Qu'allait-il faire ? Quel comportement à adopter ?
Oui, il se posait les questions essentielles que maintenant, mais il avait des excuses ! Déjà, il n'avait réellement pris conscience de leur présence qu'hier, durant l'après-midi. Ensuite… Ensuite… Il était le seul à connaître le secret ! Avec… Malfoy - mais c'était un détail. Réussirait-il à garder le secret longtemps ? Et puis Ron et Hermione ? Leur enfant était là !
- Harry ?
Il releva la tête brusquement, et fit face aux yeux interrogatifs de Neville.
- Bah qu'est-ce que tu as ? S'étonna ce dernier. Tu fais une tête de constipé absolument effrayant. Ne t'inquiète pas, l'armure de tout à l'heure ne t'en veut pas. Je crois.
Avait-il l'air si ridicule ?
- J'étais dans mes pensées, s'excusa Harry avec un sourire coupable. Rien de bien important. Oh, on peut entrer. Viens Nev', on va rater les meilleures places au milieu.
Neville haussa les sourcils en le regardant s'enfuir et se dit qu'Harry était vraiment étrange depuis hier.
…
- Potter.
Le brun se tendit avant de se tourner vers lui. Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'il allait le manger ?
- Malfoy ?
Draco avait enfin réussi à le coincer après la fin des cours. Il fallait dire, pour sa défense, que monsieur Potter était toujours accompagné de quelqu'un, soit sa petite amie soit ses amis, et que l'affaire dont il voulait parler était… personnel. Il l'avait suivi de loin pendant la journée et quand il avait lâché sa bande de Gryffondor qui allait à la bibliothèque, il avait saisi sa chance. Ils se trouvaient donc dans un couloir du quatrième étage, vide. Parfait.
- Pour ce qu'il s'est passé samedi soir, commença le blond en se rapprochant du Gryffondor. Je ne sais pas si ces bobards étaient vrais…
- Je pense que c'est vrai, fit-il en regardant par la fenêtre.
- Je n'ai pas demandé ton avis, Potter, attaqua bien malgré lui Draco. Mais je veux vérifier par moi-même que ces faits sont réels. Saurais-tu où les trouver ?
Oui, parce qu'en plus d'avoir été victime d'une énorme blague, il n'arrivait pas à saisir les responsables. Il avait gardé un œil sur la table de Serpentard comme celle de Gryffondor pendant les repas, dès le lendemain de la rencontre, mais il n'avait pas vu une seule fois la bande hétéroclite. Alors pourquoi ne pas demander à Potter ?
- Tu veux vraiment les voir ? Demanda ce dernier en fronçant les sourcils.
- Je ne serais pas là sinon.
Le brun le regarda, puis détailla le sol, puis tourna la tête vers la fenêtre. Et recommença le même manège. Lui, le sol, la fenêtre. Draco commençait à s'énerver quand finalement, Potter soupira et passa à côté de lui.
- Aller, viens.
…
Rigel était en train de piler de la Pierre de Lune - ingrédient nécessaire au traçage du cercle - avec l'aide d'Hugo tandis que James enseignait aux jumeaux les rudiments de la magie, quand le blond entendit quelque chose grattée sur la table. Étonné, il tourna la tête vers la petite toupie qui tournait rapidement sur elle-même. Et comprit.
- James, appela-t-il en continuant de piler. Sors ta baguette, je pense qu'on a quelqu'un à stupéfixer.
L'aîné arrêta ses explications avant de regarder la toupie. Harry ?
- Très drôle, Rachel, fit-il en se redressant. Al, Cal, je vous laisse faire ces devoirs pour demain, d'accord ?
- À quoi ça sert d'apprendre tout ça si on n'a qu'une semaine de retard en rentrant, bougonna Albus en récupérant ses affaires.
- Un Potter-Malfoy se doit d'être bon en cours, énonça James en le toisant. Grand-père James savait lancer le sort d'Attraction alors qu'il n'avait qu'onze ans !
- On sait que tu voues une adoration totale pour lui, soupira Caleb en commençant ses devoirs. Pas la peine de nous le rappeler toutes les cinq minutes.
Son grand-frère allait répliquer, choqué que son adorable petit frère ose ainsi se moquer de lui, quand la trappe fut poussée et qu'une paire d'yeux verts se mette à les fixer.
- On peut entrer ? Demanda-t-elle.
- Bonjour, Harry, salua Rigel sans se détourner de son travail.
- Bonjour.
Cette voix n'était pas celle d'Harry et les garçons dévisagèrent le nouveau venu. Draco Malfoy-Potter.
Ce dernier portait encore l'uniforme de Serpentard et son regard hautain passait sur eux, comme une douche froide. Ça ne leur avait pas manqués, tient.
- Bonjour… Père, fit mécaniquement Rigel en arrêtant finalement de travailler.
- Vous dormez ici, constata Draco en détaillant la pièce. Je n'aurais jamais pensé chercher ici.
- Chourave a mis un sort répulsif en bas de la tour, annonça James sans que cela soit très utile. Pour plus de sécurité, histoire qu'on ne reçoive pas de visiteurs indésirables.
Le regard gris de son père le transperça et il se gratta la nuque, gêné.
- Mais il semble que ceux qui ont un lien de parenté avec nous peuvent monter sans problème, rajouta Rigel en se rapprochant de ses pères.
- C'est pour ça que j'ai réussi à monter la première fois, se rappela Harry en s'installant sur un fauteuil.
- Désolé encore de t'avoir stupéfixé, grimaça James en s'approchant de lui.
- Hum ? Oh, ce n'est rien.
- Potter s'est fait stupéfixer ? Intervint Draco en lançant un regard intéressé à l'aîné. Merlin, j'aurais rêvé voir ça.
- Ta gueule, Malfoy, soupira le brun en levant les yeux au plafond.
- Et sinon, hésita Rigel, qu'est-ce que vous faites là ?
- Ton père voulait vous voir, expliqua Harry. Ou te voir, je pense qu'il s'en fiche un peu des Potter.
Reniflement de dédain.
- Et moi, bah je n'avais rien à faire alors j'ai accepté de vous l'amener.
- De quelle année êtes-vous arrivés ? Le coupa Draco en les regardant tour à tour.
- Euh… eh bien de 2024, répondit James.
- Alors j'ai 44 ans, calcula rapidement le blond. Rigel, tu n'es pas fils unique, alors dis-moi: as-tu un frère ? Ou même une sœur ?
- Tu lui as dit ça ? S'exclama James en tournant brusquement la tête vers son frère.
- Je l'ai plus ou moins sous-entendu, soupira-t-il. Mais il s'en serait douté tôt ou tard, alors j'ai préféré prendre de l'avance.
- Mais…
Un gémissement agacé coupa la discussion qui promettait d'être houleuse et les garçons tournèrent la tête vers le rouquin qui se tenait la tête entre les mains.
- Rigel, souffla-t-il sévèrement, t'as pas l'impression que c'est en train de partir dans tous les sens ? Notre but, c'était le futur ! Et on avait décidé de prendre la Cape d'Invisibilité pour être discret dans le futur, histoire que personne ne nous voie ! Et là, parce que vous voyez vos parents, vous allez leur déballer tout ? Tu sais ce que ça peut entraîner pour notre présent ?
Le rappel à l'ordre gêna les Potter-Malfoy et ils se regardèrent tour à tour. Merlin, ils n'y avaient pas songé une seule seconde !
- Et dire que c'est un Weasley qui rappelle un Malfoy à l'ordre, ricana Draco en regardant Hugo avec un semblant d'intérêt. Ta mère est Granger, c'est ça ? Je vois qu'elle a quand même réussi à sauver un peu sa descendance.
- Malfoy, avertit Harry.
- Si on ne peut plus plaisanter, soupira théâtralement le blond. Donc rien sur le futur. Même sous la torture, vous avez intérêt à garder le silence.
- Tu acceptes l'idée qu'on soit du futur ? Interrogea Albus, qui ouvrait la bouche pour la première fois.
Harry tourna la tête vers son camarade, se disant qu'effectivement, il acceptait bien rapidement l'idée de visiteurs du futur. Surtout que trente minutes auparavant, il parlait encore de « bobards » et de « vérifier sur les faits étaient réels ».
- Je ne peux pas renier Rigel, annonça le blond au bout de quelques secondes. Et puis des mini-Potter, il n'y en a pas partout dans le château. J'aurais pu croire à une farce sous Polynectar mais je doute que tu sois du genre à faire des blagues pareilles pour me faire chier, Potter. C'est plus ma spécialité. De plus, Poudlard n'accepte pas d'élèves au cours de l'année, et encore moins ceux qui ont dépassés l'âge requis, c'est-à-dire onze ans. Le seul cas exceptionnel a été la Coupe des Trois sorciers en quatrième année, lorsque Beauxbâtons et Durmstrang sont venus.
- Et si on accepte des stagiaires ? Demanda Harry.
- Impossible. Poudlard reste une école pour les jeunes sorciers de onze à dix-sept ans.
- On en a dix-huit.
- Cas exceptionnel. Tu n'as jamais lu l'Histoire de Poudlard ?
Le grognement qui lui répondit le fit sourire de manière méprisante.
- Pendant que Potter va étudier, déclara Draco aux garçons du futur, dites-moi comment vous avez fait pour arriver là ?
- Tu leur as dit de ne pas parler du futur, répliqua le brun en s'installant près d'un des jumeaux.
- Potter, soupira Draco, nous devons savoir pourquoi et comment ils sont arrivés ici. Ce que je leur demande, ce n'est pas des données sur le futur. Je ne connais pas très bien le sujet, mais tout le monde sait qu'il ne faut pas changer le futur comme le passé. Et personne n'aurait dû vous voir. Personne.
Sous-entendu: voilà que vous êtes apparus devant ma salle de classe préférée avec bruit et fracas en me lançant de but en blanc: « Je suis ton fils. On vient du futur. »
- On n'a pas été discret, s'excusa le fils aîné de Potter. Mais savoir que nos… pères sont ici, ça nous a tout simplement rendu curieux.
Le reniflement de dédain de Rigel l'agaça mais il ne le montra pas.
- Pour répondre à la question du comment et du pourquoi, lâcha le blond en tripotant son bol de Pierre de Lune, c'est… ma faute.
- Non, c'est la mienne, protesta Weasley.
- J'aurais dû surveiller ton travail, expliqua son ami avec un sourire amusé. Donc c'est ma faute.
- Pourquoi vouloir aller dans le passé ? Demanda Draco.
- C'était le futur que je voulais visiter, grimaça son fils. Mais j'ai manqué de vigilance et on s'est retrouvé dans le passé.
- A cause de Weasley, supposa Draco en lançant un regard froid au rouquin mal à l'aise.
- Non, soupira Rigel. C'est ma faute, papa.
- Papa ? répéta Draco en fronçant les sourcils.
- Tu veux que je t'appelle Père ?
- Draco, c'est bien.
Les garçons du futur opinèrent de la tête. C'était noté.
- Et pourquoi avoir visé le futur ? Reprit Malfoy.
- C'est vrai ça, remarqua James en fixant son frère. Pourquoi ?
- C'est personnel.
Le regard peu convaincu que lui lançait ses frères et ses pères le fit rougir mais il garda la bouche close. Ils ne sauraient pas.
- D'accord et vous êtes actuellement en train de faire des recherches ? Questionna Draco. Qui est au courant à part moi et Potter ?
- McGonagall, énonça Caleb, Petit Prof, Chourave et… l'infirmière.
- Petit prof ?
- Flitwick, traduisit Albus.
- Et nous avons déjà la solution pour rentrer chez soi. Nous partirons dans un peu moins de trois semaines.
Draco Malfoy dévisagea son… fils, puis les fils de Potter. La ressemblance était troublante avec leur géniteur.
- Dans trois semaines, répéta-t-il. Et qu'est-ce que vous allez faire pendant ce temps-là ?
- McGonagall nous permet de se promener dans le château à partir de deux heures du matin, expliqua James avec une grimace. Et sinon, dans la journée, je fais étudier Al et Cal pendant que Rigel et Hugo travaillent sur les préparatifs de notre retour.
Draco hocha de la tête.
- Qui est la future madame Potter ?
Les garçons le fixèrent, interdits. Eh bien quoi ?
- Tu ne l'as connais pas encore, déclara le rouquin en regardant ses mains.
- Et ma femme ?
- Malfoy, intervint Harry. Tu as dit qu'ils n'avaient aucun droit de dévoiler le futur. Alors pourquoi tu poses encore des questions ?
- Je les testais.
Le sourire suffisant du blond fit lever les yeux d'Harry tandis que leurs fils rougissaient. Ils étaient vraiment naïfs.
…
- Salut.
Draco leva à peine les yeux en reconnaissant la voix de Saint Potter.
- Je peux m'asseoir ?
- Tes amis t'ont abandonné alors tu as décidé de te rabattre sur moi ?
Le brun poussa un soupir et s'installa en face de lui.
- C'est plus calme ici, expliqua Potter en s'accoudant à la table. Qu'est-ce que tu fais ?
- Mes devoirs.
- Oh… sur quoi ?
- Potter, tu n'as personne d'autre à faire chier ?
- James et les autres doivent se reposer, réfléchit Potter. Je vais les voir ce soir. Et les autres font leurs devoirs et ça m'ennuie.
- Et tu n'as pas pensé une seconde que ta présence pouvait m'ennuyer ?
- Hum… sans plus. Ma présence te fait chier depuis sept ans. Alors tu devrais être habitué depuis le temps.
- Dégage.
- Je vais faire un somme.
Et monsieur Potter posa sa tête dans ses bras. Draco le fixa froidement, mais ça ne marchait pas. Alors il décida de l'ignorer, et de reprendre sa dissertation de métamorphose.
- Tu as une idée de qui serait ta femme ? Murmura le brun.
- Pourquoi ? Ça t'intéresse ?
- Je n'ai aucune idée de la mère de James et des jumeaux, soupira-t-il en tournant la tête dans ses bras. Ils ont dit que ce n'était pas Ginny, alors je cherche.
- Oh, ce n'est pas elle ? Et tu vas faire quoi ? Rompre, peut-être ?
- Je ne sais pas.
- Eh bien ! Moi qui pensais que vous filiez le parfait amour jusque-là ! Se moqua Draco en tournant les pages d'un grimoire. Et parce que tes enfants sont là, tu vas rompre ? Tu es un sans-cœur en fait, Potty !
- Je t'emmerde.
- Sans-cœur et élégant !
Harry renfonça la tête dans ses bras et ferma les yeux. Malfoy était un connard. Il ne pouvait pas savoir ce qu'il ressentait actuellement. C'est-à-dire de l'indifférence pour les études et pour sa vie actuelle, mais aussi une lueur d'intérêt pour les garçons du futur.
- J'espère que ma future femme ne sera pas Lovegood.
Le brun resta figer un instant, tentant d'assimiler l'information avant de se redresser, les yeux écarquillés de surprise.
- Qu-quoi ?
- Moins fort, Potty, on est dans une bibliothèque, le réprimanda le Serpentard, l'air de rien.
- Que… mais comment peux-tu croire que Luna… et toi…
- Oui, c'est pour ça que j'espère que ce n'est pas elle.
- Mais…
- Potter, as-tu vu ses cheveux ? S'exclama-t-il. Ébouriffés, blonds. Rigel est blond et a les cheveux ébouriffés, et tu as vu ses yeux ? Ils sont vagues ! Comme si il vivait dans un autre monde que le nôtre. Ça ne vient certainement pas de moi. Mes yeux sont acérés et peuvent te glacer le sang et mes cheveux sont fins, soyeux…
- La modestie ne t'étouffe toujours pas, critiqua le Gryffondor en regardant les cheveux de l'autre.
- Tu voudrais hein ? Mais non. Je n'ai pas survécu au Lord pour mourir aussi ridiculement.
Penser à Voldemort rembrunit le brun qui garda le silence. Et Draco le perçut immédiatement.
- Pas Lovegood, décréta-t-il.
- Tu as le temps, lâcha Potter. Ton fils a treize ans.
Draco acquiesça, et le silence se réinstalla entre eux. Potter daigna sortir une plume et un parchemin au bout de longues minutes, et faire ses devoirs.
…
Draco avait la tête tournée vers la fenêtre, un roman dans les mains. Il demeurait ainsi depuis de longues minutes, pensif. Son livre n'était pas inintéressant, loin de là ! Il ne choisissait que de la bonne lecture, mais il avait fallu d'une phrase, pour que ses pensées s'évadent vers les garçons de la tour ouest. « Seul le futur nous le dira ».
Le futur. Son fils. Les fils de Potter. Quelle ironie.
Il n'avait pas eu besoin de les faire parler pour voir que Rigel et les fils Potter s'entendaient bien. Et que son fils s'entendait encore mieux avec Weasley junior.
Un rictus étira ses lèvres. Par Merlin, un Weasley comme ami pour un Malfoy ! S'il pouvait seulement être là quand… Hugo ? annoncerait cela à ses parents ! Cela atténuerait déjà son propre désarroi.
Ce qu'il avait pu remarquer encore, c'était que Rigel était celui qui s'occupait de tout pour retourner dans le futur. Il aurait pu penser que le fils aîné de Potter le ferait, puisqu'il était le plus… vieux. Mais non, c'était son fils. Donc, par supposition, Rigel était la « tête » du groupe.
Qui pourrait s'enorgueillir d'avoir réussi là où des siècles de penseurs, physiciens, théoriciens avaient échoué ? Certes, son but avait été le futur et il s'était retrouvé dans le passé, mais c'était déjà un exploit en soi ! Rigel était un génie. Par supposition, bien sûr.
- Pap-Draco ?
Le blond tourna la tête vers la porte. Son descendant se tenait dans l'entrebâillement de la porte, et le fixait… timidement ?
- Rigel.
- Je peux ?
- Oui, bien sûr. Prends une chaise et change-la en fauteuil.
Draco le regarda s'exécuter et la fierté transparut sur ses traits en le voyant exécuter le sort sans grande difficulté. Rigel était doué.
- Tu as conscience que cette magie n'est appliquée qu'en cinquième année ? demanda-t-il en regardant son fils s'installé.
- Je connais ce sort depuis l'année dernière, déclara le plus jeune en rougissant. J'ai toujours besoin de m'installer quelque part pour prendre des notes ou faire des calculs alors l'apprendre était la moindre des choses.
- C'est-à-dire ?
- Comme je m'ennuie la plupart du temps… ma mère m'a donné des théorèmes mathématiques jusque-là irrésolus chez les Moldus. C'est très intéressant, mais j'ai besoin de me documenter à chaque instant. Et souvent, dès que ça me vient, je m'arrête, je m'assoie et je fais des calculs.
- Moldu ?
- Si tu veux tout savoir, on vit chez les Moldus. Et ne te demande pas pourquoi, c'est assez évident.
Evident… Evident… était-il sérieux ? Lui ? Draco Malfoy ? Chez les Moldus ?
- Loin de la presse, des sorciers…
Son cœur se serra en comprenant que dans le futur, il serait détesté malgré son statut d'innocent.
- Et puis maman est une Sang-mêlé et a dit qu'on pouvait vivre tranquillement chez les Moldus.
- Ce n'est pas Lovegood alors, soupira Draco de soulagement avant de tiquer. Sang-mêlé ?
- Tu ne te soucis plus de ces histoires de Sang-Pur depuis que tu t'es rapproché… d'elle. Et puis grand-mère Narcissa semble appréciée. Mais bon, je ne t'ai rien dit sur le futur, hein.
Draco lui lança un regard incrédule, avant de comprendre ce qu'il voulait dire : rien sur le futur ne doit filtrer dans le passé, ce que je t'ai dit là, c'était pas du tout des données sur le futur.
- Petit chenapan, lança le Serpentard en roulant des yeux, amusé. Que faisais-tu donc là ? Je ne te croirais pas si tu me dis que tu es simplement ici pour discuter.
- Je voulais aller à la Tour d'Astronomie et j'ai vu de la lumière, répondit simplement Rigel en caressant son carnet que Draco n'avait pas remarqué.
- Pour quoi faire ?
- Calculer encore une fois la distance entre les planètes rocheuses et… voir mon étoile.
Draco allait ouvrir la bouche quand la porte de la salle explosa. En sursautant, les deux blonds brandirent leurs baguettes, scrutant la pénombre et la poussière pour repérer un quelconque ennemi.
- Oups, s'exclama une voix venant de nulle part. Euh… j'espère que McGonagall ne va rien remarquer avec son tableau de contrôle de magie.
- Sois sûr qu'elle va passer demain te remonter encore les bretelles.
- Par Merlin, Hugo, ne parle pas comme un vieux ! Et puis je ne porte aucune bretelle !
- James, qu'est-ce que tu fous ? siffla Rigel en rangeant sa baguette.
- Hum ? Oh tu es là.
Une tête apparue dans les airs et Draco se recula vivement.
- Oh, et Draco aussi.
Des pas de courses résonnèrent dans le couloir et une nouvelle tête ébouriffée apparut dans le cadre de la porte.
- James, mais qu'est-ce que tu as fait ? souffla Potter premier du nom en entrant dans la pièce.
- Euh… j'ai voulu lancer un sort d'Ouverture à la porte et comme je m'en rappelais plus, j'ai… lancé un sort plus puissant.
- Et il a explosé, grogna le rouquin en se rapprochant de Rigel.
- Personne n'est blessé, marmonna l'aîné, c'est bon.
- Crétin, fit un des jumeaux qui étaient cachés derrière Harry.
- Double crétin, acquiesça le second jumeau.
Draco regarda le petit monde qui avait envahi son espace et retint un soupir. Etait-il condamné à supporter Potter et sa clique même après Poudlard ? Il semblait que oui…
- Pourquoi tu voulais entrer ici ? soupira papa Potter en pénétrant dans la salle de classe.
- Je me demandais si… Draco était là, s'excusa James en s'installant sur le fauteuil de Rigel.
- Je vois que la délicatesse n'est décidément pas un héritage chez toi, Potter, remarqua acidement le blond. Partout où tu passes, ça explose et tes… fils ont l'air de faire de même.
- Malfoy, je t'emmerde. Mes fils…
- Quelqu'un arrive !
Les deux adolescents tournèrent la tête vers le jumeau devant la porte et sortirent leurs baguettes. Mais déjà, la lumière s'éteignait dans la pièce et Rigel lançait un sort pour faire disparaître la poussière dans les environs. Le second jumeau lança un sort de Fermeture sur la porte et ce fut le silence.
Un halètement se fit entendre à travers le battant et chacun retint sa respiration. S'ils se faisaient attraper, il leur seraient impossible de s'expliquer.
- Où, ma chérie ? Souffla la désagréable voix de Rusard. Où a eu lieu cette explosion ? Si je rattrape ces morveux, ils vont m'entendre. Et enfin, la directrice verra qu'on a besoin de la torture pour qu'ils restent sages !
- Totalement fou ce type, grogna Draco.
- Malfoy ! Siffla Potter en plaquant sa main sur sa bouche.
- Tu as entendu quelque chose, ma jolie ?
L'ombre des pas du concierge apparut sous la porte et Caleb se recroquevilla sur lui-même. Il ne connaissait pas ce monsieur, mais il avait l'air terrifiant rien qu'à sa voix !
Un miaulement étouffé plus tard, et les pas s'éloignèrent.
- Il est parti ? Souffla Rigel en s'approchant des jumeaux, sur la pointe des pieds.
- Bien sûr qu'il est parti, assura James de son fauteuil. Son chat qui ressemble à une carpette, il s'est habitué à moi et je n'ai eu d'autre choix que de lui lancer un sort pour que, dès qu'il se trouve à cinq mètres de moi, se dirige vers la direction inverse.
- Tu as lancé un sort à Miss Teigne ? Murmura Harry, impressionné. Mince, on pensait qu'elle était immunisée contre la magie.
- C'est une chatte ? S'exclama James. Mince, on dirait pas.
- Ah ! Putain Malfoy ! S'écria Harry en faisant un bond en arrière. Mais t'es malade ?
- Merci de t'être écarté de moi, Potter, répliqua le blond avec une grimace de dégoût.
- Tu m'as léché la main !
- Tu n'avais qu'à la poser ailleurs ! Partout mais pas sur moi ! D'ailleurs, tu devrais te laver, les douches existent à Poudlard.
- Tu…
- Papa a léché pap… Draco ? Murmura une petite voix ébahie.
- Beurk, grimaça James.
- C'était quoi ce lapsus ? Gronda Draco en rallumant la lumière d'un coup de baguette.
Albus lança un regard noir à son jumeau, tandis que ce dernier rougissait à vu d'œil.
- Euh…
Siriusement, vous aimez cette histoire ?
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