Lola.
"Lola est revenue"
Chez elle, quelque chose avait changé, et je ne savais pas quoi. Elle était toujours la même, avec ses sourires diabolos-fraise et sa bouche au goût de réglisse. Ce soir-là, sur le quai de la gare, elle portait une robe légère d'été et frissonnait un peu entre mes bras. Ses yeux vert brillaient un peu trop et ses cheveux flamboyaient dans la lumière de fin du jour. Un an qu'elle était partie, et je n'avais pas encore entendu le son de sa voix, un peu éraillé par les cigarettes trop souvent fumées.
C'était Lola, contre moi, et pourtant, je ne la reconnaissais pas. Sa petite cicatrice sur la joue, son sourire tremblant et son front pâle. Ses poignets délicats enserrés entre mes doigts, et non, rien n'était elle dans ce corps collé au mien.
(Je m'éloignais d'elle et partit, la laissant debout sur le quai, valise au pieds et robe bruissant doucement).
Paris m'avait volé Lola, et le train ne ramènerait plus qu'une étrangère, en même temps que les souvenirs des instants passés. |