Chapitre écrit par Grenadine, bonne lecture et merci pour les commentaires! Chapitre 4
Harry allait définitivement péter un câble. Cela faisait trois jours – ou plutôt trois nuits – qu’il ne dormait pas. Quoique ce n’était pas tout à fait exact. Il commençait par s’endormir, normalement, le plus tranquillement du monde, après avoir discuté avec ses colocataires. Mais, au beau milieu de la nuit, au plus profond de son sommeil, il était réveillé par des sensations, agréables certes, mais qui n’étaient pas les siennes. Son âme sœur, la même qui lui avait collé ce cœur collant sur le dos, ne pouvait s’empêcher de faire nombre de rêves érotiques. Toutes les nuits, à la même heure. C’en était devenu plus qu’insupportable pour le brun.. Il était épuisé, pendant la journée, il ne rêvait que d’une chose, se retrouver dans son lit, pour pouvoir enfin se reposer un peu.
Cette fatigue croissante avait de nombreux inconvénients qui se répercutaient sur la vie d’Harry. Sa capacité de concentration s’amenuisait au fil des jours, les professeurs le réprimandaient, et il n’hésitait plus à grappiller quelques minutes de sommeil supplémentaire pendant le cours d’histoire de la magie, sous l’œil noir de son amie Hermione. Les cernes de plus en plus foncées et étendues qui mangeaient le visage d’Harry l’inquiétaient, bien sur, mais elle considérait que s’endormir en cours était tout de même un sacrilège. Ron soutenait le brun, lui aussi aurait d’ailleurs aimé pouvoir dormir en cours. Mais lui n’était pas poursuivi par un cœur voletant derrière lui, donc il dormait correctement, il n’avait aucun besoin de dormir en cours. Hermione veillait.
Malheureusement pour le brun, les problèmes liés à cette malédiction ne s’arrêtaient pas simplement à une fatigue chronique. Son attention était bien souvent détournée par le cœur qui restait constamment dans son dos. Celui-ci s’approchait d’ailleurs de plus en plus du brun, n’hésitant pas à le frôler de ses douces ailes – ce qu’il ne faisait jamais au tout début. Harry en avait parlé à ses amis, cherchant une hypothèse plausible quant au comportement de plus en plus indécent du petit cœur. Hermione, comme toujours ou presque, avait trouvé la solution qui semblait la plus vraisemblable.
« Ce cœur représente ton âme sœur, n’est-ce pas ?
- C’est ce que tu m’as dit, oui.
- Et plus ça va, plus cette chose s’approche de toi, en venant même à te toucher.
- Oui, c’est ce que je viens de t’expliquer.
- Et toute les nuits, à la même heure, tu es réveillé par les sensations de ton âme sœur, qui passent à travers le cœur.
- Et encore une fois, oui… Tu sais, ce n’est pas tellement la peine d’exposer tous les faits que je viens de te raconter. Viens en directement à la conclusion que tu as trouvé, ça nous permettra d’arriver plus vite à savoir qui est mon âme sœur, et donc à me débarrasser de ce truc collant.
- J’y arrive. Je suppose très fortement – autant dire que j’en suis certaine – que le comportement du cœur est lié à l’évolution des sentiments de son créateur. Plus ça va, et plus il est amoureux de toi. Donc le cœur prend de plus en plus d’assurance, comme le fait ton âme sœur dans son amour pour toi. S’il te frôle, je pense que c’est parce que l’envoyeur a envie de le faire, de te toucher lui-même, dans la réalité, à l’instant où le cœur le fait. Mais comme il n’ose pas, sa matérialisation prend sa place. C’est très simple et complètement logique finalement.
- Pourquoi tu dis « il ». On n’en sait rien, c’est surement plus probablement une fille.
- Je dis « il », Ron, parce que je parle de l’envoyeur. Pour le moment, on se fiche de savoir s’il est un garçon ou une fille. Le plus important, c’est de trouver qui il – ou elle – est.
- Le problème, c’est que ça ne change rien du tout. On sait que cette personne est de plus en plus amoureuse de moi, grâce au comportement de cette saleté de cœur volant. Mais nous n’avons pas plus d’indices quant à sa véritable identité…
- Pas pour le moment, mais je crois que l’on peut espérer que les sentiments devenant de plus en plus fort, il ou elle finisse par se déclarer directement. Comme ça, tu pourras te débarrasser du cœur, et nous n’aurons plus à enquêter sur les élèves de Poudlard.
- Qu’elle se dépêche alors, cette fichue âme sœur. C’est pas que c’est désagréable, d’être collé par un truc rouge criard, mais si en fait. Et comme ça, je saurais enfin qui m’est destiné ! »
L’espoir avait repris dans le cœur d’Harry – le sien propre bien sur, pas celui qui le poursuivait. Bientôt il saurait qui l’aimait, qui était fait pour vivre avec lui un grand amour indestructible. Il espérait juste que tout se fasse rapidement, mais en attendant, il allait tout de même continuer à surveiller les comportements anormaux de ses semblables. Après tout, si son âme sœur rêvait de le toucher, il y aurait bien quelques manifestations physiques – gestes retenus, balbutiements quand elle tenterait de lui parler, ou n’importe quoi d’autre.
[…]
Harry était bien décidé à passer enfin une nuit correcte. Ce n’était pas parce que son âme sœur avait décidé de faire des rêves érotiques qu’il devait en subir les conséquences.. Aussi, le brun était bien déterminé à avaler une potion de sommeil juste avant de se coucher. Avec ça, il était certain de dormir enfin normalement, c’était un soulagement que Ron ait pensé à cette solution. Qu’importe le goût infâme de la potion si les effets étaient des plus bénéfiques.
Le brun se prépara pour aller dormir, se glissant dans son lit aux couvertures rouges, après s’être préalablement mis en pyjama. La perspective d’une nuit continue et d’un sommeil profond l’avait plus que détendu, il était tout près à rejoindre les bras de Morphée. Le rituel d’avant coucher avait été effectué avec ses compagnons de dortoirs – une longue discussion sur n’importe quel sujet, ce soir, ça avait été le prochain match de Quidditch contre la maison Serpentard et la façon dont Harry allait gérer sa fonction d’attrapeur, avec un cœur qui le suivait partout et risquait de le déconcentrer.
La potion fit effet rapidement, le brun s’endormant paisiblement. Sa respiration douce se faisait entendre, et ses couvertures se levaient imperceptiblement, preuve de son bon sommeil. Puis, au fil de la nuit, le brun s’agita de plus en plus. Sa respiration se faisait plus saccadée, ses mouvements de plus en plus rapide. Pourtant, Harry continuait de dormir.
Au matin, le brun se réveilla de forte méchante humeur. Vraiment, cette histoire d’âme sœur commençait sérieusement à l’énerver. Certes la potion avait fonctionné, il avait dormi toute la nuit. Mais il ne s’était certainement pas attendu à trouver son pantalon de pyjama plutôt poisseux à son réveil. C’était intenable ! Son âme sœur avait continué à rêver de lui, s’il en jugeait par sa propre réaction et ce qu’il avait vu durant son sommeil. Il ne s’était pas réveillé, mais tout de même, il aurait préféré, plutôt que d’assister au rêve érotique de son âme sœur. Les songes n’étaient-ils pas sensés durer sept secondes ? Selon ce qu’il avait vécu cette nuit, Harry était près à certifier qu’ils pouvaient durer la nuit entière.. Parce qu’il en était sur, les rêves de cette nuit n’étaient pas les siens, mais bien ceux de celui qui lui avait envoyé le cœur. Il en parlerait à Hermione, pour obtenir confirmation. En plus, le brun n’avait même pas eu la consolation de savoir qui était la personne avec lui dans le rêve. Tout était flou, il avait bien senti un corps contre lui, mais n’avait pu déterminer s’il était masculin ou féminin.. Vraiment, cette nuit de sommeil n’avait servi à rien.
[…]
Depuis que le cœur volant lui avait été collé derrière le dos, les cours de potions étaient devenus de véritables cauchemars pour Harry. Snape était encore pire qu’à l’accoutumée, ne cessant de lui envoyer de petites piques méprisantes concernant sa fameuse âme sœur, ou combien il était pressé que la chose devienne toxique. Le brun appréhendait d’entrer dans la salle de classe, il n’avait même plus la force de tenir tête à son professeur honni. La seule chose qu’il souhaitait était simplement s’enfuir en courant, encore plus lorsqu’il pensait qu’il s’agissait d’un cours commun avec les Serpentards.
Comme d’habitude, une fois les élèves entrés en classe, Snape ne put s’empêcher d’envoyer de cinglantes répliques à Harry. Celui-ci serrait les poings, tentant de se calmer par tous les moyens. La main d’Hermione posée sur son bras l’y aidait plus ou moins, jusqu’à ce que son professeur n’approche de lui.
« Levez-vous Potter, je voudrais tenter quelque chose. »
Harry se mit debout, peu décidé à combattre l’ordre lui étant donné.
« Sortez maintenant, et attendez dans le couloir que j’ouvre à nouveau la porte. Pressez-vous Potter, je n’ai pas de temps à perdre. »
Trainant des pieds, le brun rejoint la sortie et referma derrière lui, attendant qu’on lui permette à nouveau d’entrer en classe. La porte se rouvrit bientôt, et à peine Harry eut-il fait un pas dans la salle qu’il entendit la porte se refermer derrière lui. Il sursauta violemment et se dépêcha de rejoindre sa place près de ses amis.
« Et voilà, nous ne serons plus perturbés par les incessants mouvements de l’affreuse chose vous suivant partout, Potter. Je savais que j’aurais du tenter cela depuis le début de cette histoire. »
C’est alors qu’Harry réagit que le cœur volant n’était plus posté derrière lui. Snape avait réussi à le laisser à la porte, en la refermant si vite que la chose n’avait pas eu le temps de suivre son propriétaire. Pour un peu, Harry en aurait presque remercié son professeur. Sous l’injonction de leur professeur, les élèves se remirent bien vite au travail.
Le nez au dessus de son chaudron, Harry se concentrait du mieux qu’il pouvait. La potion n’était pas des plus simples, et malgré l’aide et le soutien d’Hermione, il fallait qu’il prête une attention totale au contenu de son récipient. Pourtant, cela devenait de plus en plus difficile. Sans qu’il comprenne pourquoi, il avait de plus en plus chaud, la tête lui tournait affreusement et son cœur martelait fortement sa poitrine. Il sentait de longues coulées de sueur froide lui descendre le long du dos et prendre place sur ses temps, et ses mains tremblaient. Il respirait difficilement, son souffle se faisant saccadé. Les bruits autour de lui, déjà légers, étaient de plus en plus sourd et il sentait ses jambes faiblir. Harry se raccrocha à son bureau du mieux possible, et vit les lèvres de Ron bouger, sans qu’il n’entende quoique ce soit des paroles de son ami. Et soudain, il s’écroula à terre.
Les élèves de Gryffondor se précipitèrent aux côtés du brun, inquiets, alors que le professeur jetait un regard désintéressé vers eux. Pourtant, lorsqu’il vit Potter à terre, il ordonna à Hermione et Ron de transporter leur ami à l’infirmerie. A peine la porte fut-elle ouverte par l’un des élèves que le cœur se précipita pour rejoindre Harry, battant furieusement des ailes. Il se posa complètement sur sa poitrine, juste au niveau du cœur du brun. C’était la première fois que la petite chose se comportait ainsi, entrant en contact aussi directement avec Harry. Cette nouveauté dans la relation entre le cœur et l’élève fit murmurer l’ensemble des occupants de la salle, qui se demandaient pourquoi le cœur agissait ainsi. Personne n’avait remarqué un autre élève, tapis dans l’ombre, appuyé contre le mur et haletant douloureusement, une main crispée contre son torse.
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