Je sortis ce matin de mon lit avec un affreux mal de tête. J’avais mal dormi, n’ayant pas fermé l’œil de la nuit. Le fait que quelqu’un dans l’école sache que je suis gay doit en être la cause principale, c’est évident.
Ron n’était pas dans son lit, c’était le seul debout. D’ailleurs, il n’était pas tard du tout, et il faisait encore nuit dehors. Je me dirigeais vers la salle de bains et plaqua mes mains contre le lavabo. Le miroir reflétait un homme maigre, d’une pâleur inquiétante et d’un visage blafard. J’ouvris le robinet et me passa de l’eau sur tout le visage, ainsi que sur les cheveux, pour les remettre correctement après cette nuit agitée.
Après une petite toilette et un regard dans le miroir, je sortis de la Salle commune, assez présentable.

Les couloirs étaient pratiquement déserts, laissant les fantômes en profiter pour errer de murs en murs en criant et riant à plein poumons. Je me demande si Ron est en bas, je ne crois pas l’avoir vu au salon tout à l’heure. Il doit sûrement être avec Hermione…

Arrivé enfin dans la Grande Salle je vis en effet, parmi quelques têtes matinales, le roux tout contre une tignasse châtaigne, mains dans les mains, yeux dans les yeux.
« ‘Lut les amoureux. » Dis-je en m’asseyant en face d’eux et en prenant une pomme.

À ma voix, ils sursautèrent, surpris en pleine communication par ondes, très sûrement vu les regards qu'ils se lançaient :  « Oh ! Harry ! » S’écria Ron «  Je ne t’ai pas attendu, je suis désolé, mais j’avais faim et.. »
« Tu avais faim d’Hermione, ça va, j’ai compris. Ne t’inquiète pas pour moi. »
« Harry, tu es tout pâle, ça va ? » S’inquiéta Hermione.
« Ouais, je t’ai entendu la nuit dernière, tu n’arrêtais pas de bouger dans ton lit. Mal dormi ? »
« Je vais bien, j’ai juste eu un sommeil assez agité. » Je répondis, pour les rassurer.
« Ne t’inquiètes pas Harry, on découvrira qui c’est et on lui fera payer de jouer avec toi comme ça ! » Dit Hermione, se dégageant un peu de l’étreinte de Ron.

Je croquai ma pomme en lançant une vague approbation et ils retournèrent à leur amour florissant, me laissant voguer à mes pensées.
De toute façon, l’auteur de la lettre arrêtera de m’écrire s’il me voit avec Luna. Enfin, j’espère. Tant que je ne laisse rien paraître, tout va bien. D’ailleurs, personne n’est au courant sauf Luna, Ron, Hermione et Sirius. Et aucun n’a pu le répéter à qui que ce soit. Donc la personne se rendra compte de son erreur. Je souriai à cette idée.

Soudain, une tête blonde apparut à l’entrée de la Grande Salle et se rendit à sa table laissant derrière lui des orages à en remarquer par les têtes de ceux se trouvant aux alentours.
Tiens, on dirait bien que Malfoy a passé lui aussi une mauvaise nuit. En plus il n’est pas avec sa petite troupe de moutons, … Merde. Il est en train de me fixer. Mon sourire s’effaça aussitôt. Ce qui troubla sans doute Malfoy car de là où j’étais je voyais qu’il avait l’air interrogateur.

Je continuai de le regarder, comme j’avais l’habitude de faire lorsqu’il me fixait aussi intensément. Nous avions pris l’habitude depuis un petit moment déjà de jouer à ce jeu. Nous ne devions pas dévier notre regard de l'autre. Je savais qu’il pensait à la même chose que moi. Je le sais car c’est lui qui a commencé ce jeu, et alors que j’avais regardé une fois ailleurs, il avait sourit de son sourire qui veut dire qu’il est satisfait et que c’est une bonne journée pour lui.

Je fixais toujours Malfoy quand Blaise ramena ses fesses. Il était tout agité et n’arrêtait pas de parler à Malfoy. Ce dernier me regardait toujours, sans ciller, et je voyais ses lèvres bouger.
Ce mec était calme, posé. On aurait dit qu’il était difficile pour lui de me regarder et de parler en même temps. C’est pourtant le plus simple du monde. Il suffit d’oublier tout ce qui nous entoure. Je suis sûr que je pourrais lire sur ses lèvres, avec un peu d’entraînement. J’avais déjà essayé une fois, mais comment savoir si j'ai vraiment raison, si ce n'est pas moi qui veuille qu'il dise ce que je pense qu'il dit ?

Brusquement, Drago se tourna vers Blaise, m’oubliant totalement. Quel con ! Il se prend pour qui pour m'oublier comme ça en une seconde. Il se fout de moi, c'est clair !
J’aurai dit qu’il lui ordonnait de faire des choses, il semblait pressé. Mais il se retourna vers moi alors que je n'y attendais pas, le visage serein et un sourire au visage. Mais vraiment. Pas le sourire de ‘Monsieur-Je-Suis-Satisfait’, non non. Un sourire de joie.
Drago était content. Qu’est ce qui peut le rendre à ce point ravi ? Ce serpent peut il vraiment être joyeux ?

Mais je n’avais pas oublié qu’il avait perdu à notre petit jeu, alors je voulu lui montrer mon sourire diabolique, lui faisant comprendre qu'il avait perdu seuelement avant que j’eus le temps de commencer quoi que ce soit, l'image du blond s'effaça sous des tonnes de fils blonds, venant s' entremêler devant mes yeux. Puis quelque chose de mouillé et de doux se posa sur mes lèvres. Quand je pu retrouver mes esprits et ma vue, Luna entamait un gâteau au chocolat à côté de moi.

« Je trouve ce secret vraiment agréable, pas toi, Harry ? Tu as l’air tout bizarre, ça va ? Tu veux manger ? »

Et sans attendre ma réponse, une cuillère accompagnée d’un morceau de gâteau flottait devant ma bouche. J’ouvris cette dernière et engloutit le morceau d’un trait.

« C’est bon, hein ? J’adore le chocolat. À ce qu’il parait le chocolat permet de voir tout ce qu’on ne voit pas là, vous le saviez ? Je veux dire, quand on en mange beaucoup. » Dit elle, tout en continuant de manger.
« Ce ne sont que des conneries, Luna. Une chose est sûr, le chocolat donne des boutons par contre. Et puis, tu entends quoi par tout ce qu’on ne voit pas là ? » Lui demanda Ron.
« Tu n’as qu’à en manger pour le savoir. Tu verras si ce sont des mensonges. »

Quand je reportai mon attention sur Drago, il me fixait toujours, mais ne souriait plus. Son beau sourire de tout à l’heure avait totalement disparu et faisait place à une mine dégoûtée. Oui, Malfoy avait du dégoût. Et il me regardait.  Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? Il m’en veut d’avoir gagné à notre petit jeu ? En guise de réponse, je lui souris, fier d’avoir gagné, et je me levai.

« Où vas-tu ? » Me demanda Hermione.
«  Je vais marcher un peu, et me reposer avant le début des cours. On se rejoint dans la salle, ok ? »

Je me dirigeai vers la sortie. Arrivé à la porte je me retrouva nez à nez avec un Serpentard.
« C’est encore à moi d’écrire cette fois ? »
« Oh ! On pourrait faire ça demain, il se poserait des questions. »

Parkinson et Nott le rejoignirent, ils s’arrêtèrent net dans leur discussion à ma vue. Crabbe et Goyle arrivèrent derrière eux. Moi je regardais le jeune homme en face de moi, il me jetait un regard des plus noirs et je sentais une rage terrible émaner en lui.

« Aaron tu bouges ? Laisse le petit Potty tranquille. » Lui lança Parkinson.

Mais celui-ci ne bougea pas, il me regardait toujours avec méchanceté. Non, plus que de la méchanceté, comme de la haine. Alors j’intervins :
« T’entends la petite ? Dégage de là. »

À première vue, je n’aurais pas dû lui parler sur ce ton - mais le regard qu’il me jetait ne me plaisait pas le moins du monde - car à peine j'eus fini ma phrase qu’il lança sur moi son poing droit en plein dans l’œil. Ce coup me fit tomber au sol, mais je ne sentis pas un carrelage froid et dur, c’était un corps. J’étais tombé sur quelqu’un dans ma chute !
Je mis ma main gauche contre mon œil pour atténuer la douleur et la personne que je venais de faire tomber se releva et lança : « Allez vous asseoir, je vous rejoins. »

« Ca va Potter ? Tu excuses mon nouvel ami, il ne sait pas se contrôler à ce que je vois. »

Non !? Je rêve. Malfoy était à genoux devant moi, le visage à la même hauteur que le mien. Puis il se leva et me tendit sa main. Je le regardai, perplexe.

Non, Drago.. Drago m’a bien dit ce que je viens d’entendre ?! Je sentis un frisson me parcourir et bientôt la douleur à mon œil devint passable, je l’oubliais presque.
Soit il se fout de ma gueule, soit il est sérieux et alors je pense qu’il a vraiment mal dormi la nuit dernière. Suite à cette dernière déduction, je plaisantai :

« Alors Blaise n’est pas bon au lit et tu cherches un autre coup ? » Je me levai sans m’aider de sa main, et souris : « Tu sais que t’as pas bonne mine Malfoy ? Ca se voit quand niveau sexe ça va mal pour toi. »

« Tu vas te taire oui ? Je te signale que t’as pas meilleure mine que moi. À croire que ta copine n’a vraiment rien pour plaire. » Dit-il en ricanant.

« Je te rassure, ou pas d’ailleurs,  mais en ce qui me concerne je vais très bien. » Je répondis en sortant de la salle, le laissant en plan.

Je me dirigeai vers l’extérieur et plus précisément près du lac, pour soulager mon œil dont la douleur recommençait à me faire mal. Le ciel était nuageux et aucun élève n’était dehors, ils étaient sûrement tous en train de déjeuner.

Je voyais mon reflet dans l’eau du lac. Demain, je serais superbe avec un cocard.
Alors comme ça Drago recrute des bras en plus dans sa bande, moi qui pensais qu’un jour il finirait seul, que personne ne voudrait de lui, je me trompe. Les Serpentards aiment les gens de pouvoir. Enfin, dont les parents ont du pouvoir, parce que Malfoy n’en a absolument pas ! Quoique ça dépend de quel pouvoir on parle…
Ce mec ne sera jamais seul, et voudra toujours cogner plus, juste pour.. Juste pour montrer à tous qu’il est supérieur aux autres, qu’il peut faire ce dont il veut, quand il le souhaite. Je hais ce mec. Il cogne les gens grâce à ses larbins, il ne veut même pas se salir les mains lui même.

En plus il a repris ce que je lui avais dit l’autre fois. Je n’avais même pas capté sur le coup, trop étonné de l'entendre de sa bouche. Seulement moi, je ne devais pas avoir autant l’air con que lui quand je lui ai dit.

Je me levai lentement du bord et me tournai vers le château.
Bientôt mon premier cours de la journée commence… et je sens que la journée va s’embellir : j’ai cours de potions avec Rogue, et avec les Serpentards. Super.