Mon histoire n’est pas intéressante, parce que je ne suis pas intéressant. Peu de personnes trouve un intérêt à m’adresser la parole. Mais je m’en moque, je suis très bien seul.
J’ai du temps pour moi, beaucoup. Trop en fait. Je passe la moitié de mon temps dans la lune.
Je suis un grand rêveur certes, mais je ne rêve pas de n’importe qui.
Il passe toujours devant moi avec son air hautain, toujours son air prétentieux, son ton arrogant, toujours aussi terriblement sexy. Je ne me lasse jamais de le regarder. C’est peut être cela qui fait tout son charme, son arrogance.
Malheureusement, je ne serai jamais une personne proche de lui, à moins d’avoir recours à une potion ou autre chose en rapport avec la magie.
C’est une de ses personnes ‘intouchables’, qu’une personne comme moi doit le respect. Et c’est tout. L’écouter et faire ce qu’il nous ordonne. Parce qu’avant d’être le mec le plus sexy de l’école, c’est avant tout un préfet en chef, et pas de n’importe quelle maison, celui de Serpentard.
Et malgré que je sois de sang pur, que ma famille a toujours été à Serpentard, je reste insignifiant à ses yeux. Je ne fais, malheureusement, pas partie de sa ‘bande’. Cette dernière se compose de 5 personnes :
Blaise Zabini, certainement celui en qui il a le plus confiance et à qui il dit tout, ils se parlent beaucoup, et il l’aide beaucoup. Blaise n’est pas de ces personnes à le vénérer, loin de là, il a un caractère fort, comme lui. Mais il est intelligent et rusé. Il ne réagit pas au quart de tour comme lui le fait souvent.
Ensuite il y a Théodore Nott, un peu à la ramasse. Il ne suit pas toujours leur conversation. Mais il est sociable et pas toujours collé à ses basques.
Pansy Parkinson, la seule fille à ses côtés, j’étais jalouse d’elle jusqu’à l’année dernière, quand toute l’école a appris qu’il n’était nullement intéressé par le sexe féminin. Malgré sa beauté ; et ça je ne le cache pas, si je n’aimais pas les hommes, je ne craquerais pas sur elle ; elle reste arrogante et diaboliquement prétentieuse, et chez une femme, ce n’est pas sexy, pas pour moi en tout cas.
Et enfin Vincent Crabbe et Gregory Goyle, toujours ensemble, toujours à ses côtés. Jusqu’à deux ans, ils étaient considérés comme ses ‘esclaves’, ils exécutaient tout ce qu’il demandait sans broncher, mais maintenant qu’ils ont compris à quoi leur servaient leurs mains, ils sont comme amis.
Cela fait sept ans que je suis dans cette école. Cela fait sept ans que je suis à Serpentard, à les observer, à les jalouser, à les envier. J’aurai tout donner pour être proche de Drago Malefoy. Mais je ne pouvais que le regarder, que l’observer de tout son être. Il hantait mes pensées et errait dans mes rêves. Mais à chaque fois que je me réveillais, il n’était jamais à mes côtés.
Depuis que je l’ai vu, je l’ai chéri. Je le voyais différent. Je le voulais pour moi.
Mais j’ai tout essayé et rien n’y fait. Drago Malefoy reste et restera intouchable, en tout cas pour moi.
Car même les bouffondors arrivent à le toucher, à l’énerver, à le provoquer, surtout Lui. Le Survivant. Le petit Potty, toujours là quand… En fait, je dois avouer, c’est à Drago que j’en veux. Il le provoque sans cesse. Il aime l’énerver. Et ça me donne envie de vomir, quand je les vois, agripper l’un à l’autre, baguettes à la main, les regards plein de fureur qu’ils s’échangent, sans jamais ciller.
J’aurai donné n’importe quoi pour être à sa place, sentir son souffle contre mes lèvres. Être si proche de lui, pouvoir le toucher.
Jusqu’à l’année dernière, je croyais Drago inaccessible. Jusqu’à ce jour béni, je le voyais disparaître peu à peu.
Bien sur, quand l’école l’eut apprise, les Serpentards avant tout le reste, tout à changer : les filles ne gloussaient plus ni ne rigolaient quand il marchait devant elles.
Les garçons le regardaient de travers et n’osaient pas trop s’approcher.
Ce n’est pas une maladie !
C’est la nouvelle qui m’a fait redonné un sens à ma triste vie. J’avais encore un espoir. Je pouvais y accéder.
Drago Malefoy aime les hommes. Il se fiche, comme moi, des femmes.
Je me raccrochais à l’idée que personne, en dehors de moi, n’était comme lui.
J’étais alors aussi différent. J’étais semblable à lui. Nous étions les seuls.
Alors j’espérais le jour où il me remarquerait, s’avancerait jusqu’à moi, me prendrait dans ses bras, me caresserait les cheveux, me murmurerait qu’il m’attendait, qu’il pensait également à moi, sans cesse, qu’enfin nous étions ensemble…
Pourtant, je me dis que c’est impossible, que jamais il ne me verra. Je suis sur qu’il ne connaît même pas mon nom. Je suis invisible pour lui. C’est évident, Drago Malefoy ne voit que lui et sa petite personne.
Alors je n’ai pas vraiment de chance.
J’ai juste un mince espoir, sur lequel je m’accroche sans cesse, de nous voir réunis.
Maintenant l’école le respecte encore plus, ça lui donne de l’importance bizarrement.
Moi, beaucoup de gens le savent et personne ne me considère comme important. Loin de là, on m’ignore. Et c’est tout. Et parfois on m’observe de travers. Bien sur les Serpentards n’en font pas partie.
Ce qui m’a aussi semblé étrange c’est que St Potty ne se prête pas à des rigolades sur Drago et son homosexualité. Ils sont ennemis, tout le monde le sait, ils se haïssent plus que tout, et je pense que même si les maisons n’existaient pas, ils se haïraient quand même.
D’ailleurs, c’est depuis que tout le monde le sait que tout a changé entre eux.
St Potty essaie – trop – souvent de se mettre en travers de sa route, au plus grand plaisir de Drago.
C’est à ce moment que j’ai compris, au fond de moi, qu’il fallait éliminer ce microbe de mon chemin, si je voulais Drago. Je suis un Serpentard après tout, rien ne m’est impossible.
Alors j’avais décidé de préparer mon plan d’attaque. Il fallait éloigner le binoclard le plus possible de Drago. Donc faire en sorte que Drago ne le provoque pas dès qu’il le voit ou quand qu’ils se croisent.
Pas très évident pour une personne comme moi qui n’ai aucune pression sur les gens, ni d’influence.
Je réfléchissais sans cesse, nuit et jour, mais rien pour résoudre mon problème.
De toute façon, même si j’éloignais St Potty de Drago, il ne me remarquerait toujours pas. Et il faudrait encore que je trouve un autre moyen pour l’approcher.
C’est ainsi, qu’encore une fois je sentais perdre l’espoir d’un jour avoir Drago Malefoy pour moi.
Mais ça, c’était il y un peu plus d’une semaine, avant que j’entende une discussion assez intéressante provenant du centre de la table, là où se placent toujours Drago Malefoy et ses amis.
Moi, je m'installais toujours là où une place était libre. Je n’ai jamais eu de place attitrée et je n’en aurai jamais une. Heureusement pour moi, j’étais bien placé, et d’assez bonne distance pour entendre toute leur conversation, mais il fallait quand même par moments que je tende l’oreille pour que leur discussion reste toujours à ma portée :
« C’est ça qui te trouble tellement ? demande Théodore Nott à Drago. Tu sais, ça ne m’étonnerait pas que ce soit une péda..
Mais il s’interrompit car Vincent venait de lui frapper violemment le coude. Drago ne remarqua pas le petit incident et dit, tout en fixant un point inconnu :
« Je pense qu’il est comme moi. Mais c’est tout de même bizarre, quand il m’a dit ça il était sérieux sur le moment, et la seconde d’après il ricanait comme une merde. »
« Il se foutait sûrement de toi. » Intervient Pansy, qui regardait Drago avec de petits yeux en jouant avec une mèche de cheveux.
« D’ailleurs, j’y pense. Il ne s’est jamais foutu de toi avant ? Je veux dire, avant que tu aimes les garçons. » Continua Théo en frottant son coude.
« C’est vrai. Drago, je pense que tu as raison, Potter est gay ! » S’écria Blaise en ricanant.
« Et il a "envie de toi" également, comme il te l’a si bien dit… » Ajouta Grégory avec un sourire.
« Ça on s’en tape. Potter, Le Survivant, Celui-qui-a-battu-à-jamais-celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est gay ! Oh, les gars, je crois qu’on tient un scoop ! » Rigola Théo, en tapant du poing sur la table.
« J’aimerai bien vérifier ça moi. Je ne l’ai jamais vu avec un mec. Pas vous ? » Demanda Blaise, avec une idée en tête.
« A quoi tu penses ? » Le questionna Drago, en détachant enfin son regard de ce point inconnu.
« Bah, on le teste. Voir s’il résiste ou pas à un mec. »
« Comment, dis moi, tu vas faire ça Blaise ? demanda Pansy en ricanant. L’embrasser puis lui demander s’il a aimé ? »
« Jamais je n’embrasserai ce microbe, je tiens à ma vie, moi ! » Réponds Blaise avec une grimace. « Non, je pense qu’on devrait lui envoyer des lettres, des mots doux, ce qui le mettra dans le doute, il ne saura pas qui lui écrit ! Et dans la première lettre, on écrira qu’on sait son secret. Et que s’il tient à le garder secret il devra suivre nos instructions. »
Blaise regarda les autres avec un sourire malicieux, apparemment fier de son plan.
« C’est stupide ! Qui te dit qu’il suivra nos instructions ? Et puis si on écrit qu’on sait son secret et que c’est faux ? Puis il ne comprendra pas ‘ton secret’, c’est vague ça ! » S’écria Théo, en fronçant les sourcils.
« Eh bien dans une seconde lettre on sous entend qu’on sait qu’il est gay. » Intervient Vincent.
« Ouais… Mais, Blaise, ça nous servira à quoi ? » Demanda Pansy en le regardant de travers.
« C’est une autre occasion de nous foutre de sa gueule ! Allez, vous êtes partant ? Théo ? Drago ? Pansy ? »
« Blaise, je crois que tu es un génie ! » dit Théo en guise de réponse.
« Si Drago suit aussi, je te suis. » Lui répond à son tour Pansy en se tournant vers Drago.
Ce dernier regardait encore ce point inconnu, sans le lâcher du regard. Je tournais alors mon regard vers ce point.
Et si je ne me trompais pas, depuis le début de la conversation, Drago Malefoy observait Harry Potter.
Mes doutes étaient bien réels. Il faut que Potter cesse d’exister. Qu’il cesse de se montrer quand Drago est là. Parce que ce regard n’est ni méchant, ni haineux.
Drago regarde Potter comme moi je le regarde, lui.
« Blaise, je te suis. » Réponds Drago, toujours sans détacher ses yeux de Potter, un sourire se dessinant sur ses lèvres.