Tout vient a point a qui sait attendre !

Et bien voila le chapitre 11 !

Chapitre 11 : Le jour où tout change

            Elle se regarda dans la glace et lissa de la main un petit épi dans ses cheveux roux aux boucles anglaises parfaites. Jenny avait réalisé un travail fantastique. Bien sur, Linda connaissait son costume pour l’avoir essayé plusieurs fois, mais maintenant qu’elle était maquillée et coiffée, l’effet était saisissant. Elle avait l’impression de toujours avoir été le petit chaperon rouge… A quoi pouvait ressembler Maxence en grand méchant loup ? Connaissant sa meilleure amie, elle pouvait s’attendre à tout surtout que cette dernière avait insisté pour que les essayages n’aient pas lieu en même temps. Cependant une image ne cessait de s’imposer à  l’esprit de la petite fille de conte de fée : son amoureux vêtu d’une peau de bête, rougissant de son ridicule, mais tellement sexy. Elle sortit de son fantasme quand un coup discret à la porte de la salle de chimie, transformé en loge improvisée, se fit entendre.

- Linda, c’est Jérôme, tu passes dans cinq minutes. Jenny est une pelote de nerf alors si tu pouvais rejoindre Maxence près du podium.

- J’arrive !

            Elle sorti de la pièce, essayant de ne pas faire attention aux regards des autres élèves qui la croisaient et se dirigea vers l’endroit indiqué. Là, elle resta stupéfaite devant le grand méchant loup. Il ne la regardait pas, discutant avec Jenny, mais elle pouvait admirer la silhouette mise en valeur par le costume. Les épaules carrés du jeune homme ainsi que ses hanches fines ressortaient grâce à un blaser rouge, du même tissu que la jupe de Linda, sur lequel était passé une veste noir, donc le col était couvert d’une fausse fourrure noir aux reflets bordeaux. Le pantalon, la chemise, la cape et le chapeau haut de forme qui accompagnait l’ensemble était d’un noir d’ébène qui faisait ressortir les yeux clair de son amoureux et le rendait encore plus attirant. Rien d’étonnant à ce qu’il ait eu autant de conquêtes…  Surprise, elle remarqua la longue queue en fourrure qui dépassait de la veste, puis un sourire étira ses lèvres : Jenny avait fait de l’excellent travail. Quand enfin il se tourna vers elle et lui lança un regard, elle frissonna : avec ces yeux là, il ressemblait vraiment au méchant loup.

- Tu es magnifique, lui murmura-t-il en se saisissant de ses mains fines.

            Et rien n’était plus vrai, le cœur du jeune homme avait même manqué un battement quand il l’avait aperçut si belle, si fragile et si désirable… Une courte jupe rouge cachait à peine ses jambes enserré dans des bas noir sur lesquels venaient se nouer les lacets écarlate d’une pair de ballerine qui rappelait la teinte des roses brodées sur le corset noir qui enserrait la taille fine et la petite poitrine de la rousse. Ses cheveux lâchés sur ses épaules en une cascade de boucles étaient couvert par la capuche de la magnifique cape qui constituait l’élément essentiel de son costume de chaperon rouge et qui brillait grâce à des centaines de perles cousues à la main.

            D’un geste tendre, il porta les mains féminines qu’il tenait dans les siennes jusqu’à sa bouche et les embrassa. Les retournant, il en profita pour venir poser ses lèvres sur la peau douce du poignet droit de celle qu’il aimait avant d’entrelacer ses doigts avec ceux si fins de sa compagne.

- Et si on allait se cacher quelque part ? lui murmura-t-il avec un regard chaud qui fit rougir les joues de la jeune fille.

- Vous n’irez nulle part avant d’avoir fait un aller-retour sur la scène ! les sermonna Jenny qui passait tout près d’eux. Bon, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Surtout, vous faites attention au bord du podium, comme lors des répétitions, leur recommanda-t-elle en les amenant devant le rideau qui cachait les coulisses des spectateurs. Allez, bonne chance !

            Avec une poussée dans le dos, elle les propulsa sur la scène du théâtre, rallongée pour l’occasion avec un podium d’environ cinq mètres leur permettant de défiler comme de vrai modèle mais d’en avoir aussi les inconvénients. En effet, la mère de Jenny, qui était aussi la marraine du défilé de costume, avait spécifié vouloir un vrai podium et l’éclairage, la mise en scène qui allait avec. Plusieurs de ses amis créateurs avaient été invités, venus à la fois pour repérer des nouveaux talents mais aussi faire plaisir aux couples des Stanford, très apprécié du milieu de la mode.  Ainsi, l’éclairage aveuglant ne permettait pas au couple de voir le bout de la scène qu’ils devaient pourtant atteindre avant de revenir en arrière. Marchant côte à côté, ils comptaient leur pas, tout en essayant de mettre en valeur les costumes. Arrivé en bout de scène, Maxence tourna son regard vers Linda qui le lui rendit sans prendre en compte qu’il s’était arrêté. D’un geste rapide, il l’attrapa par la taille avant qu’elle ne tombe sur les spectateurs les plus proches qui retenaient leur souffle. Des applaudissements fusèrent pour féliciter le jeune homme pour ses réflexes.

- Tu fais exprès de me rendre fou ? lui murmura-t-il à l’oreille alors qu’il resserrait sa prise pour la serrer plus fort contre lui. Puis, la relâchant, il prit néanmoins sa main dans la sienne et déposa un baiser sur sa joue. Tout deux, ils présentèrent des sourires resplendissant à la salle avant de retourner dans les coulisses où Jenny les accueilli :

- Linda ! Ca va ? Tu ne t’es pas fais mal ? J’avais bien dis à ma mère que le podium n’était pas nécessaire… Et la tienne m’a fait promettre de lui rendre sa fille entière quand je suis passée la prendre ce matin.

En effet, Viviane avait un rendez-vous important ce jour-là et n’avait pu se libérer, a son grand regret : si le défilé représentait quelque chose d’unique, son engagement prévalait. Elle avait expliqué à sa fille que c’était une question d’avenir. Linda soupçonnait sa mère de préparer une éventuelle séparation avec son père mais refusait de trop y penser. L’attente d’un soulagement pouvait se révéler douloureusement déçue, aussi plutôt essayait-elle de se préparer aux inévitables disputes qui envahiraient la maison quand son père rentrerait de voyage le soir même.

- Tout va bien Jen, la rassura la rousse. Par contre j’ai soif et très chaud…

- C’est les projecteurs, continua Maxence en déboutonnant le col de sa chemise. Allons nous changer ça ira mieux.

- Max, tes affaires sont dans la salle de chimie avec celle de Linda, précisa Jenny. Certains participants on réclamé une salle pour se calmer avant d’avancer sur le podium… ils se prennent déjà pour des grands modèles !  Bon, j’ai laissé Jérôme avec ceux qui se préparent à défiler, j’y file avant qu’il n’en vienne aux mains avec le prince charmant de Cendrillon…

            Ils se séparèrent, Jenny allant rejoindre son amoureux et le couple les vestiaires improvisés. Dès qu’ils se trouvèrent dans la salle de chimie, ils verrouillèrent la porte avant de s’embrasser. De ses mains, Maxence parcouru le dos puis les hanche de sa petite amie qui frissonna. Le baiser qu’ils avaient échangé sur scène avait fait bouillir leur sang mieux que n’importe quel projecteur. Linda retira la veste du brun alors que lui dénouait son capuchon. Les deux vêtements furent pliés et ranger soigneusement, dans un jeu destiné à se faire languir l’un l’autre. Les lacets du corsage cédèrent en même temps que les boutons de la chemise du garçon. Ce dernier, tout en embrassant son amour, passa la main sur la peau douce et chaude du ventre de la rousse qui exhala un soupir de contentement. Délicatement, l’adolescent allongea sa petite amie au sol, ne cessant de lui prodiguer baisers et caresses. Là, il laissa ses doigts jouer et passer sous la jupe pour venir effleurer les cuisses féminine alors qu’elle posait ses lèvres dans son cou, sur son torse… Bien vite, il découvrit comment détacher les jarretelles qui semblaient décider à lui barrer la route mais elle lui saisit les mains, interrompant leurs gestes à tous deux.

- Je… ça suffit s’il te plait…

- Oui, pas de soucis, li assura-t-il d’une voix rauque. Mais couvre-toi s’il te plait, ajouta-t-il en détaillant de ses yeux le spectacle qu’elle offrait et qui échauffait encore ses sens.

Il se releva, puis l’aida à faire de même et c’est dos à dos qu’ils entreprirent de s’habiller.

            Linda enfila sa chemise blanche et son pantalon noir en essayant de faire le moins de bruit possible. Près d’elle, la rousse entendait le souffle court de son petit ami, sentait la chaleur qui émanait de lui et cela l’intimidait… parce qu’elle s’en voulait du blocage qui semblait vouloir lui interdire ce que pourtant elle désirait tant. Depuis une semaine, elle n’arrivait plus à se laisser aller comme avant, depuis cette discussion avec Jenny qui avait changé sa vision des choses… 

            De son côté, Maxence ne comprenait pas ce qui se passait pour sa petite amie depuis quelques jours. Elle essayait de lui cacher quelque chose, et Linda y arrivait plutôt bien, jusqu’à ce qu’il l’embrasse, la caresse. C’était à peine perceptible, mais le brun sentait la crispation qui empêchait son aimée d’apprécier les moments d’intimités qu’ils avaient. Peut-être avait-elle peur de la première fois ? Cependant ses réactions étaient si différentes de ce jour dans la cuisine, c’était comme si elle n’avait plus confiance en lui. Sinon comment expliquer ce dernier refus ? Pourtant elle semblait en avoir autant envie que lui ! Alors pourquoi ? Beaucoup d’hypothèses se présentaient mais aucune ne lui semblait plausible.

            Et Maxence avait raison, il était loin d’imaginer ce qui tracassait la jeune fille. La longue liste de ces anciennes conquêtes ne l’intéressait pas au contraire de sa petite amie qui elle y pensait bien trop souvent. Linda se sentait stupide, mais elle ne pouvait s’empêcher de se mettre en doute : et si elle le décevait ? Son petit ami avait une expérience qui lui donnait des éléments de comparaison devant lesquels la rousse ne se sentait pas à la hauteur. Elle n’était ni belle, ni expérimenté et encore moins attirante.

- Je peux me retourner ? demanda Maxence.

- Je suis habilléesi c’est ce que tu veux savoir.

Le garçon, qui avait revêtu un jean et un t-shirt mauve se retourna et eut un mouvement de recul de surprise.

- Tu sais qu’elle est transparente ? murmura-t-il en caressant le col de la chemise blanche de Linda. Le peu de contrôle qu’il pouvait exercer sur lui-même était mis à rude épreuve, et sans doute s’en rendit-elle compte car elle se détourna de lui pour attraper un petit gilet  sans manche gris qu’elle enfila. Deux lanières partant des côtés devaient se nouer dans le dos et alors qu’elle essayait de les lacer, il se plaça derrière elle pour le faire. Il aperçut la chainette en argent, brillant sur sa peau. Toujours dos à elle, après avoir fait le nœud, du bout des doigts, il vint tirer délicatement sur les maillons, découvrant l’étoile de leur premier rendez-vous. D’un geste tendre lié au souvenir de leur premier baiser, ses lèvres vinrent se poser dans son cou alors que ses mains déplaçaient les longues mèches de cheveux roux qu’il aimait tant. Aucun mouvement de recul n’agita Linda, mais de peur d’être une nouvelle fois face à un refus, d’une voix douce, Maxence indiqua :

- Allons aider Jérôme et Jenny.

Main dans la main, ils voulurent se diriger derrière la scène auprès de Jenny et de ceux prêts à défiler mais leur ami blond les croisa et d’un air malheureux, les bras chargés d’une caisse de bouteille d’eau.

- C’est pour les élèves qui se sont chargé des lumières, apparemment, il fait une chaleur digne de l’enfer en régie. Encore pire que sur la scène. En attendant, je vais devoir monter l’escalier avec tout ça !

- Je vais t’aider, proposa spontanément Linda en attrapant quelques bouteilles dans la caisse.

- Laisse-moi faire mon cœur, c’est lourd, protesta le brun.

- Oh non, trouve-toi une occupation autre part ! Moi je ne veux pas être inoccupée quand je croiserai Jenny, se moqua-t-elle en s’éloignant déjà, Jérôme sur ses talons. 

Avec un sourire amusé, le brun resté seul se dirigea vers la destination première qu’il s’était fixé : les coulisses. Là, dans une attitude d’anxieuse observation, la petite copine de son meilleur ami se rongeait nerveusement un de ses faux ongles.

- Tu sembles stressée, lui fit-il remarquer en s’approchant.

- Plus que deux couples, et c’est fini. Je crois que je m’en suis bien sortie.

- C’était génial, Jen, sincèrement. Et tes costumes étaient parfaits. Celui du petit chaperon rouge… j’ai cru ne jamais pouvoir détacher mes yeux d’elle.

- Le loup aurait-il mangé le petit chaperon rouge ?

Figée, le regard fixé sur la scène, la blonde était trop concentrée sur autre chose que la réponse à sa question pour que cela ne soit pas suspect. Sans hésitation, il lui affirma :

- Donc elle t’en a parlé. Je peux savoir pourquoi elle est si tendue en ce moment ? Elle ne me fait pas confiance ? Peut-être que tout est allé trop vite.

- En fait, je pense que c’est plutôt en elle que Linda n’a pas confiance. Peur de te décevoir, si tu préfères.

Jen envoya le couple de la petite sirène en scène, laissant le temps à son interlocuteur d’intégrer ce qu’il considérait comme une absurdité.

- Tu plaisantes là j’espère…

Le concept lui paraissait tout bonnement invraisemblable. Comment pouvait-elle penser cela alors que le sang du jeune homme ne cessait de bouillir en sa présence ?

- Non, je ne pourrais pas sur un sujet aussi compliqué.

- Aucune fille ne lui arrive à la cheville ! Jamais je ne me suis senti aussi bien, complet… Ou est-elle allée chercher une idée pareille ?

L’air coupable, Jenny adressa un regard penaud à son ami avant de baisser les yeux :

- C’est de ma faute. Je pensais la rassurer, et en fait je n’ai fait que l’angoisser encore plus en lui rappelant que tu avais eu d’autres relations avant elle. Lin croit ne pas pouvoir être à la hauteur de tes… capacités diront-nous.

- Elle a vraiment le don de se faire des idées farfelues, s’amura Maxence, soulagé de comprendre enfin ce qui semblait bloquer son amour.

- Rassure-là, dis lui ce que tu m’as dit à moi et peut-être que ça ira mieux, conseilla la blonde.

D’un geste de la main de Jenny, les deux derniers modèles ( Peau d’âne et son prince ) remplacèrent la princesse de l’océan et son amoureux.

- Je vais devoir aller faire les remerciements, expliqua-t-elle alors qu’elle redessinait du bout des doigts sa coiffure. En tout cas, maintenant que tu sais, redonne-lui l’impression d’être unique.

- Elle l’est…

            Alors que la fille des Alfort apparaissait pour remercier les participants et les parrains du défilé, Stanley, assis dans la salle savourait la réussite de son plan. Installé près de lui, venu en plein milieu de l’évènement pour éviter de se faire remarquer, Monsieur Carpentier contenait sa colère avec une certaine maitrise, si ce n’était ses poings refermés. En se levant, il glissa d’une voix froide à son voisin :

- Rentrez avec moi jeune homme, j’ai quelques informations à vous confier, et puis nous convieront vos parents à diner avec nous, la soirée risque d’être intéressante.

- Passe encore que l’on mange à la même table Stanley, mais je refuse que tu viennes jusque dans ma chambre ! s’énerva Linda en tentant de fermer de la porte de la pièce jusqu’à laquelle le blond l’avait suivi.

La jeune fille avait eu la surprise en rentrant chez elle après le défilé, de trouver la famille des Ludivo au complet assis avec ses parents dans le salon. Fatiguée après sa journée agitée, elle se contenta de s’asseoir sans vraiment participer à la conversation remarquant au passage l’air distant de sa mère. Le diner n’avait été qu’un long moment d’ennui pendant lequel son esprit ne cessait de se remémorer les dernières paroles de son aimé, qu’elle n’avait pu voir que quelqu’un instant avant de s’en aller : «  J’aurais voulu te parler, t’embrasser, mais viens à la maison demain, nous serons seuls… »  Elle avait été tellement distraite, que même la présence de  Stanley ne l’avait pas déranger, jusqu’à ce qu’il lui suive alors que prétextant un mal de tête, la rousse s’était retiré.

- J’aimerais te parler, expliqua-t-il en entrant après avoir repoussé sans aucune difficulté les efforts de son interlocutrice pour lui fermer la porte au nez.

- Je ne veux rien savoir ! Crois-tu sincèrement que je souhaite encore parler avec toi après ce que tu m’as fais la dernière fois ?

- Désolé.

Surprise par cette démonstration d’humilité si rare de la part de Stanley, Linda ne sut que dire alors qu’il s’asseyait sur son lit. Debout devant la porte, elle comprit qu’elle n’aurait pas le dessus si elle devait employer la force pour le faire sortir. Alors, ne voulant pas lui donner l’impression de lui donner l’autorisation de rester, elle déclara :

- Bon, parle et puis sors d’ici !

- Je ne crois pas que tu puisses me donner des ordres à vrai dire. A moins que tu ne veuilles que ta chère maman ait quelques soucis.

- Qu’est ce que tu racontes ? l’interrogea-t-elle, soupçonneuse. Trop sur ses gardes pour avoir confiance en lui, elle était restée debout près de la porte.

- Si tu essayais de me comprendre, peut-être que je n’aurais pas besoin d’en arriver là, commença-t-il en se levant pour se rapprocher d’elle. Sa voix n’était qu’un chuchotement quand il reprit : Lin, pourquoi lui alors que je suis si près de toi…

Le blond était si près d’elle, que la rousse sentait son souffle sur sa peau, et n’hésitant pas, elle posa les doigts sur la poignée de la porte prête à sortir quand il posa sa main sur la sienne.

- Ne m’oblige pas à te faire ça… supplia-t-il mais elle ne l’écoutait plus, tentant d’ouvrir le battant de bois qui la séparait du couloir.

Alors, comme si cela ne demandait aucun effort, il l’attrapa par le poignet et la força à venir s’allonger sur le lit, faisant à peine attention aux coups furibonds qu’elle lui assenait. La retenant par les poignets, il s’allongea près d’elle, l’embrassant sans aucune douceur. Des larmes de rage impuissante roulaient sur les joues féminines, exprimant les cris qu’elle devait refouler : leurs familles étaient dans la maison, et son père n’accepterait jamais un scandale. Il libéra ses lèvres, mais resta assez près pour la faire taire si besoin.

- Je n’ai pas le choix alors, mais je préfère encore que tu ne me résistes pas, même si tu dois me détester, enfin, plus que maintenant.

L’amertume qu’elle perçut dans la voix de son interlocuteur glaça Linda, le danger était là, tout proche. Elle profita d’avoir son visage près du sien pour essayer de lui donner un coup avec son front mais ne réussit qu’à lui faire resserrer d’avantage sa prise sur ses poignets.

- Avant de me mettre vraiment en colère, tu vas m’écouter. A partir de maintenant, je suis le seul qui va compter à tes yeux, parce que je suis aussi l’un des seuls à savoir ce que tu as découvert un jour dans la salle de bain. Voudrais-tu que d’autre le sache ? Que ta chère maman soit le centre des attentions de toutes les mégères fortunées de la ville ?

- Non ! Je te déteste Stanley ! Je te hais !

- Tu te trompes Linda, tu m’aimes, et c’est pour ça que je garderais le secret, et que Maxence n’aura plus de place dans ta vie… Et bien sur, si quoi que ce soit filtre…

- Non ! cria-t-elle cette fois-ci, ne tenant plus compte que sa famille devant le chantage monstrueux que lui imposait le garçon.

La porte de la chambre s’ouvrit à la volée, dévoilant Viviane qui en venant voir si sa fille avait toujours mal à la tête, avait accourue quand Linda avait crié.

- Mais qu’est ce qui se passe ? demanda-t-elle stupéfaite par le spectacle de sa fille allongée sur le lit avec un garçon.

- Désolé pour le tapage, s’excusa Stanley en se redressant. Votre fille vient de m’avouer ses sentiments pour moi, qui sont réciproques, ce qui explique ses larmes et notre… position.

- C’est vrai ? demanda Viviane incrédule.

- Oui, lui répondit sa fille du bout des lèvres. Le mensonge lui brula la gorge, et les larmes redoublèrent quand sa mère murmura :

- Et Maxence ?

- Cet énergumène n’a plus sa place dans l’existence de Linda, elle a assez perdu de temps avec lui. J’aurais aimé resté ici, mais il se fait tard je crois. Bonne nuit mon amour.

Le garçon déposa un baiser sur le front de la rousse, qui s’était assise sur le lit, puis sorti de la pièce, laissant la mère et la fille seules.

- Ne me pose aucune question, murmura la plus jeune. Laisse-moi seule s’il te plait.

La femme hésita, tenta d’avancer dans la pièce mais le regard que sa fille lui lança l’en dissuada. Résignée, elle sortit.

            A peine la porte refermée, la rousse se leva pour se précipiter dans sa salle de bain ou elle rinça abondamment son visage, frottant vigoureusement ses lèvres et son front : là ou les lèvres de Stanley l’avait touché. Puis, rencontrant son reflet dans le miroir au dessus de l’évier, elle s’effondra par terre, son chagrin la noyant presque dans les larmes.