Disclaimer :

- à Autumn Darkness, auteur originale de cette fanfiction, bien que j'ai pris la liberté d'y ajouter mon grain de poivre plus d'une fois (avec son accord obviously)

- à Joe Johnston, réalisateur de Jurassic Park III, pour le personnage d'Eric Kirby

- à Michael Crichton, créateur de cet univers et Maître parmis les Maîtres (parfaitement !)

Chapitre 6 ~ Fuite

J’eus beau chercher dans tout l’hôtel, parcourir le parc, et même frapper à la porte de sa chambre, je ne retrouvai pas Éric. Au bout d’une demi-heure, désespérée, je m’assis sur un divan dans un coin du vestibule et plongeai la tête entre mes mains.

Comment avais-je pu lui dire ça ? Comment avais-je pu être aussi blessante ? Et l’humilier devant tout le monde, consciemment ?

Je me répétai ces questions pour la millième fois, honteuse et furieuse contre moi-même.

N’aurais-je pas pu simplement lui dire « Non » ? Et même… Je sentais que je l’avais vraiment blessé. Et cette pensée me faisait horreur.

Idiote que j’étais.

Je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’Éric devait penser de moi en ce moment même. Il devait me détester.

Que ce serait-il passé si j’avais répondu « Oui » ? Si je lui avais chuchoté ? Personne d’autre que lui ne l’aurait entendu, personne ne l’aurait su. Pourquoi avait-il fallu que je me mette à calculer, à penser et à faire du mal ? Pourquoi m’étais-je donc mit autant de pression ?

« Je te fais si honte que ça ? Tu ne veux vraiment plus de mon amitié ? »

Ses mots hantaient mon esprit.

Merde, comment avais-je pus être aussi stupide ?! 

En dehors de ses côtés égocentriques, Éric était vraiment le garçon le plus sympa que je connaisse. Bien sûr que je voulais rester son amie ! Mais je n’avais pas supporté qu’il me pose cette question devant tout le monde, c’était comme si je m’étais retrouvée prise au piège. Jamais je ne lui aurais répondu une chose pareille si nous avions été seuls ! Enfin, je ne crois pas...

Je me sentais pathétique.

« Hé Lane, te voilà enfin ! »

Je levai la tête pour voir Tina se précipiter vers moi. Mon visage du me trahir car dès qu’elle le vit elle me prit par l’épaule avec un air préoccupé.

« Ca va ma belle ? T’as pas vraiment l’air en forme…

- Ca va… répondis-je en me forçant à esquisser un sourire.

- T’es sûre ? s’enquit à son tour Hannah qui venait de nous rejoindre et fronçait déjà les sourcils. C’est pas à cause d’Éric au moins ? On peut aller lui casser la gueule si tu veux ! Ca sera pas la première fois...

Malgré le côté dramatique de la situation je ne pus me retenir d’éclater de rire face à leurs regards déterminés.

- Merci les filles, finis-je par répondre en reprenant contenance. C’est gentil mais je crois que ça ira… J’en ai déjà fais assez avec ce que je lui ai balancé.

* * *

Le lendemain les professeurs nous annoncèrent joyeusement que la journée serait consacrée à quelques exercices de mathématiques afin que nous ne « perdions pas nos bonnes habitudes ». Interdite, je me demandai de quelle « bonnes habitudes » ils pouvaient bien parler, car pour ma part j’étais bien loin de pouvoir être considérée comme une élève assidue et appliquée dans cette matière.

Je pouvais donc désormais affirmer que ce voyage scolaire était pourri. Nul. Sans intérêt. Quelqu’un pouvait-il me dire où il voyait le plaisir et la détente dans la réalisation de stupides équations au milieu une salle étouffante ? Et dire que je m’étais plainte du tir à l’arc...

Fort heureusement pour moi, j’avais la tellement la tête ailleurs que la matinée de ce calvaire prit fin bien plus tôt que je ne m’y attendais. Depuis la veille, je me torturais l’esprit avec une seule idée en tête : voir Eric. Lui dire que j’étais désolée, que je regrettais ce que je lui avais dit. Lui dire que je voulais bien continuer à être son amie, quitte à ce que cela reste un secret. Mais étais-je réellement capable de lui dire ? Il fallait pourtant bien que je répare ma faute…

Conscients de la chaleur et de la nécessité de reposer nos méninges, les professeurs avaient tout de même prit la peine de nous réserver deux heures de détente dans la grande piscine de l’hôtel. Ces derniers semblaient d’ailleurs aussi heureux que nous à la perspective de se rafraîchir un peu. Mais il fallait bien que cette surprise cache quelque chose, et évidemment cela ne rata pas… Dès que nous fûmes tous réunis autour de l’eau, ils nous demandèrent de nous répartir petits groupes de cinq afin que nous procédions à un « petit jeu ». Retour en maternelle, qu’elle excellente idée !

Malgré notre exaspération, Tina, Hannah et moi convinrent aussitôt de nous mettre ensemble, et pendant que les filles partaient à la recherche d’autres coéquipiers, j’en profitais pour chercher Éric du regard. Je me dis que cela pourrait être une bonne occasion de m’excuser que de l’inviter à venir dans notre groupe.

Légèrement en retrait du groupe, il était appuyé sur un petit muret et fixait le sol avec un profond intérêt sans accorder la moindre attention aux préparatifs du jeu. Je me glissai jusqu’à lui en évitant prudemment de me faire trop remarquer.

« Salut… » murmurais-je, indécise.

Il releva la tête, ses yeux étaient vides.

« Heu tu sais… nous avons besoin de deux personnes en plus dans notre groupe et... et je serais contente si... enfin ça serait sympa que tu te joignes à nous... Tu veux bien ?

Silence.

Me rendant compte que mon invitation pouvait être mal interprétée, j’ajoutai mal à l’aise :

- C’est pas seulement parce qu’il manque du monde que je veux que tu viennes hein ! Je... je voulais juste te dire... te dire que je suis vraiment désolée pour hier... Mais tu comprends, devant les autres, comme ça…

- T’en fais pas, pas la peine de te forcer. J’viendrais plus te faire honte maintenant... » me coupa-t-il sèchement.

Et sans me laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit, il se leva et alla rejoindre un groupe un peu plus loin dont le capitaine tenait un doigt levé en l’air, indiquant qu’il manquait juste une personne dans son équipe.

J’eus la sensation d’être passée sous un jet d’eau glacée. Bien sûr, j’avais mérité qu’il me parle de cette manière, mais je n’imaginais pas qu’il puisse me répondre avec autant de détachement, comme si ça n’avait plus d’importance. Un instant j’eus l’envie de courir à sa rencontre, de l’attraper par le bras et de tout lui expliquer. Être sûre qu’il comprenne, qu’il me pardonne… Je sentis des larmes commencer à me piquer les yeux et tentai tant bien que mal de les ravaler. Si je me mettais à pleurer il me faudrait supporter les questions de mes amies et les regards interrogateurs des autres et ça c’était hors de question ! Le sifflet annonçant la clôture des groupes retentit et coupa court à mes réflexion, je me détournai et rejoignis les filles qui avaient déjà trouvé deux coéquipiers.