Lunette

La pluie tombait fortement à l'extérieur. Elle frappait la vitre de sa chambre avec ce bruit si caractéristique de cette température. Scott l'entendait, mais ne la voyait pas…

Quelqu'un courait dans le couloir. Des cris lui parvenaient du salon. Du groupe qui c'était échappé des griffes de Stryker, peu était resté. Lui, un autre garçon a l'air joyeux et une fille à la peau sombre. Enfin, c'est ce qu'on lui avait dit. Avec la fille qui était déjà ici, ils étaient quatre. Quatre jeunes pour une école. Scott avait longtemps espéré rencontrer d'autres jeunes comme lui. D'autres jeunes étranges, avec des capacités exceptionnelles. Des personnes avec lesquelles il serait bien. Des personnes qui le comprendraient et qui l'apprécieraient comme il était.

Pas comme sa famille.

Il inspira brusquement pour se calmer.

Ne pas penser à ça.

Les autres élèves semblaient tous s'amuser. Sauf lui. Lui, il était encore à l'écart.

Aveugle.

Le professeur Xavier lui avait dit qu'il ferait des recherches pour trouver un alliage qui résisterait à ses yeux. La recherche, puis la fabrication de cette nouvelle matière se faisait toujours attendre. Pas maintenant Scott. C'était toujours ce qu'il disait. Pas maintenant. Mais il était fatigué. Frustrer. Chaque minute de plus dans ce noir qui le terrifiait était un supplice. Il avait peur. Terriblement peur. Parfois, il ne savait plus s'il dormait ou s'il était réveillé. Ce noir terne ne lui donnait aucune indication. Aucun repère. Ses yeux le démangeaient. Le consumaient. Il avait l'impression qu'on le brûlait au fer rouge. Ses yeux étaient deux boules de magma en fusion. Il avait le goût, non le besoin, de les ouvrir. De laisser le volcan se déchaîner…

Il maudissait son père. Le professeur Xavier lui avait dit pour le gène x. Comme quoi que c'étaient les hommes qui le transmettaient aux enfants.

Scott eut un rire sombre.

Son père avait fini par le mettre à la porte. Il ne pouvait plus le supporter. Il disait qu'il était un monstre. Qu'il n'était pas son fils, mais celui du diable.

Scott arrêta de rire.

 Son fils…

Flash back

- Aller, Scott! Je sais que tu en es capable!

L’enfant regarda son père. Du haut de ses six ans, Scott Summers n’était jamais parvenu à faire un panier au basket-ball. Son père lui avait acheté un ballon à son anniversaire et aujourd’hui ils étaient au centre communautaire de leur quartier pour s’entraîner. Son père voulait qu’il fasse un but, mais le panier était à une hauteur de géant.

- C’est trop haut papa, s’exclama le petit garçon en fronçant le nez d’une manière adorable.

Le père regarda son fils, puis le panier. Il prit le mini Summers sur ses épaules et lui tendit le ballon orange. Scott étira le plus possible ses petits bras, son visage se contracta sous l’effort et la concentration. Le ballon s’envola dans les airs et tourna sur l’anneau. Il hésita un instant avant de basculer à l’intérieur.

L’enfant cria sa joie alors que son père le serra contre lui. Scott se blottit contre son père et passa ses bras autour de son cou. Son paternel passa une main dans ses cheveux et lui murmura à l’oreille :

- Rien n’est trop haut pour toi Scott.  

Fin du flash back

Je suis fier de toi mon fils.

Mensonge.

Tu as des problèmes Scott, mais ne t'inquiet pas. Le docteur va te soigner.

Mensonge.

Sort d'ici ! Tu es un monstre ! M'ENTENDS-TU ! UN MONSTRE !

Mensonge. Je l'ai cru, mais maintenant je sais que c'est faux. Je ne suis pas un monstre, je suis un mutant.

- C'est vrai jeune homme.

Scott sursauta et se figea, aux aguets. Il avait dit ça à voix haute ? Il semblerait bien. Son interlocuteur n'était pas le professeur Xavier. À moins qu'il soit lui aussi un télépathe…

- J'ai parlé à voix haute ?

Un rire lui répondit.

- Je ne suis pas comme Charles, non, mais dis-moi, que fais-tu seul dans ta chambre ? la voix était rocailleuse, mais chaude. Une voix réconfortante.

- J'attends le professeur.

- Charles est avec Jean.

Oh. Encore.

Pas maintenant Scott.

- Alors, que fais-tu ici ?

- Rien, murmura Scott.

- Peut-être cela t'aiderait-il…

Il sentit qu'on lui mettait quelque chose sur le visage. Des lunettes.

Il ouvrit les yeux. La première chose qu'il vit fut cet homme au visage austère.

Son sauveur.

L'homme lui sourit.

- Je suis Erik Lensherr.