Titre : Parce que rien n’a changé
Auteur : Ketchupee
Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Antony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3 (idem pour les apprentis et tous les gens dont le nom n’apparaît pas dans le livre).
NdA : Hello ! Ça fait longtemps ! … … ah ah ah très mauvaise blague, je sais. Je disais au chapitre précédent que le rythme de la deuxième année dans mon école c'était pas réjouissant. Ben mes profs avaient raison. Et la troisième année c'est encore pire vu qu'il y a le passage de diplôme au bout ^^'. J'ai jamais vraiment arrêté d'écrire (je suis pas super régulière non plus, j'avoue), c'est juste que quand on a le temps d'écrire 600 mots par mois, c'est pas la joie. Brefouille, voilà – enfin – la suite (j'ai été trop remotivée en voyant qu'il y avait encore des gens qui commentaient sur certains sites malgré mon hiatus d'un an et demi, merci beaucoup, si je me suis bottée le cul pour terminer ce chapitre c'est grâce à vous <3). J'ai avancé sur le chapitre 16 (8 pages sur les 15 que je me suis fixé comme but) mais je vais être honnête, c'est peu probable que ça sorte avant mon oral de diplôme, donc ça repousse à fin juin :/ (vous me direz, qu'est-ce que trois mois après un an et demi d'attente X') ?)
Encore merci à ceux qui continuent à me lire, je vous en suis infiniment reconnaissante.
Chapitre 15 – Sur la piste
Harry posa ses clés sur le guéridon de l'entrée avant de rejoindre son salon, un soupir las dansant sur le bout de ses lèvres. Il avait repris le travail d'une manière plus intensive – et toujours sous l'observation attentive de FanYu – mais rien à faire, ils piétinaient toujours. L'ambiance était de plus en plus tendue au bureau, plusieurs groupes d'aurors se relayaient pour intervenir en Irlande du Nord, essayant de traquer les planques du groupe rebelle et de retracer leurs arrivées d'argent. Ils devaient forcement être soutenus par quelqu'un de riche, sans moyens financiers notables, ils n'auraient jamais pu prendre cette importance. Les aurors se seraient bien passé de cette tension pourtant. Même s'ils n'avaient pas eu à déplorer d'autres pertes humaines dans leurs rangs, nombreux étaient ceux qui revenaient blessés. Plusieurs jeunes étudiants des mêmes promotions que Ulrich, Mantheer et Léna avaient été recrutés pour palier au manque d'effectif, même si Harry s'y était opposé jusqu'à la dernière seconde. Il avait fini par s'y résoudre mais ne les avaient affectés que dans des missions de protection de moldus et de pose de sortilèges de traque et d'isolation de certaines zones potentiellement dangereuses. Ils avaient l'interdiction totale d'attaquer leurs ennemis de front et, s'ils en repéraient, ils avaient l'ordre de transplaner immédiatement au quartier général. Pas question que l'accident d'Anaïs se reproduise. À côté de ça, Greyback et ses hommes étaient toujours introuvables. Le manoir au corbeau avait été fouillé de fond en comble, mais il était vite apparu que ce n'était qu'une base d'appoint, vide de toute information sur leur organisation. Ils étaient tout bonnement coincés, réduit à n'intervenir que lorsque les terroristes faisaient du grabuge, et souvent avec un temps de retard. Pour ne rien arranger, ceux-ci étaient étonnamment discrets depuis plusieurs semaines. La tension montait, tous les aurors s'attendant à ce qu'ils préparent une attaque majeure. Et ils n'avaient aucun moyen de savoir quoi, quand et où. Ils allaient devenir fous. Harry se massa les tempes avec un soupir puis redressa la tête en entendant Effie entrer.
« Monsieur ? Vous rentrez plus tôt que prévu.
-FanYu m'a forcé à quitter le bureau. Il dit que j'ai besoin de me reposer au calme. »
L'elfe se rapprocha, un air anxieux tordant son petit visage fripé.
« Vous n'allez pas bien ? Votre cœur...
-Mon cœur va bien Effie, pas de panique. Je récupère bien. »
Puis il se tut, l'elfe comprenant sans peine que, quelle que soit la raison qui avait poussé l'infirmier à le renvoyer chez lui, le brun n'avait pas envie d'en parler.
« Je vais faire du thé. J'en ai trouvé une nouvelle sorte au marché, je voulais vous le faire goûter.
-Merci Effie. »
Elle se retira après lui avoir fait un petit sourire, le léger claquement de ses pas résonnant dans la cuisine. Le bruit de la porcelaine suivit, accompagné de celui de l'eau mise sur le feu.
Harry renversa sa tête sur le dossier de son fauteuil, passant deux doigts sur le pli formé entre ses sourcils. Il s'était encore engueulé avec Anthony. L'ambiance tendue n'aidait pas les aurors à gérer les désaccords et de plus en plus de petits conflits éclataient, souvent sans grande importance, mais minant progressivement le moral des troupes. Mais en ce qui concernait le directeur du bureau et son auror au caractère de merde, ça commençait à virer guerre froide entrecoupée d'explosions nucléaires. Encore heureux, Tony avait appris à se refréner quand ils étaient en public, même si personne n'était vraiment dupe, ça permettait de limiter les retombées que cela aurait pu avoir sur le reste des équipes. Sauf que FanYu commençait à ne plus supporter de les voir s'engueuler derrière les mur épais de l'infirmerie. Et toujours à propos de la même chose. Draco. Anthony était toujours aussi persuadé de la culpabilité de l'ancien serpentard, et selon lui, tout indiquait qu'il jouait le jeu des rebelles depuis le début, de la façon dont il avait tenté de se rapprocher de Potter, de « l'aide » qu'il leur avait apporté et qui ne les avait finalement menés qu'à leur perte, à la façon dont il avait dévoilé son double jeu en s'enfuyant avec leurs ennemis. Et c'était vrai, beaucoup d'éléments semblaient faire pencher la balance contre la bonne foi de Malfoy, Anthony ne faisait peut-être que preuve de l'esprit d'analyse qui incombait à son rôle. Mais la hargne et l'énervement avec lesquels il défendait son point de vue tenaient presque d'une vendetta personnelle. Et de toute façon, tous les arguments du monde de feraient pas changer Harry d'avis. Il était persuadé – il SAVAIT, par Merlin ! – que Draco n'était pas à la botte de ces connards. Il avait eu tellement d'occasions de se débarrasser de lui, tellement de possibilités de ruiner leurs plans et leur enquête, mais il n'en avait jamais saisi aucune. Et peut-être, peut-être qu'en effet, au début, il avait accepté la correspondance qui se mettait en place parce qu'il espérait pouvoir en tirer quelque chose personnellement, mais son ton cassant qui s'était mué en simple humour, son rire sincère lorsqu'ils se remémoraient des bêtises de leur première année à Poudlard, la façon dont il s'était occupé de lui après l'annonce de la mort d'Anaïs, tout ça ne pouvait pas être faux. Et il lui avait sauvé la vie. Draco était bon acteur, il tenait ça de son éducation et du besoin qu'il avait de pouvoir de fondre dans n'importe quel milieu, mais la lueur de panique dans ses yeux alors qu'il venait d'éviter à Harry de se prendre un Avada, il n'y avait pas moyen de l'avoir inventée. Non, il n'était pas un traître. Et s'il n'en était pas un, cela voulait dire qu'il était prisonnier des rebelles – Harry excluait volontairement la possibilité qu'il ait pu être tué, l'idée lui était insupportable et son esprit rationnel lui répétait en boucle que son sang de fils de mangemort devait forcement valoir quelque chose chez ces criminels.
Effie entra de nouveau dans le salon à ce moment là, portant à bout de bras un plateau sur lequel elle avait disposé une théière fumante, deux tasses et une coupelle de petits biscuits. Elle posa le tout sur la table basse devant laquelle était installé Harry puis, d'un bond, se hissa sur le siège qui lui faisait face. Elle secoua les doigts, la vaisselle s'agitant pour servir le thé, et attira sa propre tasse vers elle, avalant une gorgée du liquide en balançant ses petites jambes au dessus du sol. Harry la regarda faire en se retenant de rire avant de l'imiter, remarquant avec un sourire que les deux sucres qu'il mettait d'habitude dans son thé étaient déjà en train de fondre dans sa tasse.
« C'est vrai qu'il est bon. »
Effie releva le nez, décrochant un grand sourire à l'humain en face d'elle.
« Tu as trouvé ça où ?
-Au marché sorcier saisonnier où je suis allée il y a trois jours. »
Harry fronça les sourcils, essayant de se remémorer ce qu'elle lui en avait dit et, voyant qu'il avait un peu de mal, l'elfe l'aida.
« C'est à la Haie-des-Sources, la bourgade qui est juste après Pré-au-lard. »
Le brun hocha la tête, replongeant le nez dans sa tasse et sursautant lorsque Effie bondit brusquement de son siège en manquant de renverser son breuvage. Elle reposa rapidement son mug et trottina jusqu'au guéridon de l'entrée en grommelant à voix basse des choses inintelligibles. Harry l'observa ouvrir un petit tiroir et en tirer une lettre qu'elle rapporta rapidement et lui déposa sur les genoux.
« J'avais complètement oublié de vous en parler ! C'est arrivé ce matin par la poste. La poste moldue. »
Harry leva un sourcil, reposant sa tasse et attrapant l'enveloppe entre ses doigts. En effet, il y avait bien un timbre tamponné dans le coin et son adresse complète était écrite en plein milieu – le nom de sa rue était mal orthographié et avait été barré au stylo rouge avant d'être ré-écrit et souligné plusieurs fois. Ses yeux s'arrêtèrent sur les boucles noires qui formaient son nom et son cœur loupa un battement. Il connaissait cette écriture. Sans réfléchir une seconde de plus et les mains presque tremblantes, il retourna la lettre et l'ouvrit – la déchira – en s'aidant de son ongle. Il en retira un petit morceau de papier, son expression passant de l’excitation à la surprise puis à l'incompréhension.
« Jonas Wester ? »
Les sourcils levées, il relu plusieurs fois le nom et l'adresse qui l'accompagnait, finissant par jeter un coup d’œil à l'elfe qui lui faisait face et qui ne fit que hausser les épaules, pas plus éclairée que lui.
Pris d'un doute, Harry attrapa l'enveloppe qu'il avait laissé tomber sur la table basse, vérifiant qu'il n'avait pas rêvé, pas imaginé revoir l'écriture de son meilleur ennemi. Mais non, l'adresse avait été inscrite par Draco, sans aucun doute possible. En revanche, la note à l'intérieur avait été inscrite d'une manière plus sèche et rapide, les boucles s'écrasant et les pointes se tordant à leurs extrémités.
Le brun retourna machinalement le papier entre ses doigts, sursautant presque en découvrant une deuxième inscription au dos.
Pour Potter,
Parce que tu es un éternel optimiste.
Harry se rassit brusquement, la bouche légèrement entrouverte et les yeux ronds.
« Monsieur ? »
L'air toujours aussi éberlué, il se tourna vers son elfe de maison, un sourire se dessinant tout doucement sur ses lèvres.
« Il est vivant Effie. »
Puis il se redressa sans lui laisser le temps dire un mot et s'élança vers l'entrée, décrochant son manteau et le jetant sur ses épaules tout en enfilant ses chaussures – et manquant de se casser la figure dans son empressement. Quand il se retourna, Effie était juste derrière lui, une expression désabusée sur le visage.
« J'imagine que ça ne sert à rien de vous dire que vous feriez mieux de vous reposer pour ce soir. »
Harry lui fit un petit sourire contrit, mais l'excitation qui brûlait de nouveau dans ses prunelles la rassura en partie. Elle se contenta de lui tendre un thermos dans lequel elle venait très probablement de mettre le reste de thé et, avec un dernier signe de tête et la promesse de ne pas rentrer trop tard, le brun disparut dans un pop sonore.
Il ré-ouvrit les yeux sur les lambris de bois de la salle de transplanage et s'empressa d'en sortir, slalomant entre les employés qui quittaient le travail pour rejoindre un ascenseur et se rendre à son département. Le brouhaha du hall principal s’estompa en même temps que les portes de l'appareil se refermaient en grinçant, et bientôt il n'y eu plus que le battement nerveux et régulier de ses doigts sur la barre à laquelle il s'accrochait. L'étage des aurors était particulièrement silencieux et il devina sans aucune peine que tous ceux qui n'avaient pas été renvoyés chez eux par FanYu – qui commençait à en avoir plus que marre de s'occuper d'unités au bout du rouleau – devaient être quelque part étouffés sous des piles de paperasses dans lesquels ils espéraient trouver des indices.
Harry avança jusqu'au bout du couloir, la serrure de sa porte de bureau se déverrouillant dans un petit bruit dès qu'il posa sa main sur la poignée. Son manteau atterrit sur sa chaise après un vol plané et il ressortit presque aussitôt, manquant de rentrer dans quelqu'un. Léna se recula d'un pas, son air surpris se muant rapidement en un sourire poli. Depuis ses bon résultats dans sa mission d'infiltration à Hillsborough, l'étudiante passait tout son temps au bureau des aurors à aider avec patience les aurors fatigués. Elle s'était suffisamment fondue dans la masse pour que tous commencent à oublier qu'elle n'était que stagiaire.
« Monsieur Potter ! Je suis désolée, je croyais que vous étiez déjà parti !
-Je l'étais, mais je viens de revenir. »
Les yeux de la jeune femme s'ouvrirent avec intérêt.
« Vous avez trouvé quelque chose ? Une piste ?
-Possible. Qui est encore là ? »
Léna désigna le bout du couloir d'un signe de tête.
« Amarianne. Mais elle s’appétait à partir, elle vient de me demander de ramener ça aux archives A. Vous voulez que j'aille la chercher ? »
Harry s'empressa de secouer négativement la tête avant de baisser les yeux sur la quantité impressionnante de documents que la jeune transportait dans ses bras.
« Pas la peine, je crois qu'elle a bien besoin de repos. Je peux te donner un coup de main ? »
Une des choses qu'il appréciait particulièrement avec Léna, c'était sa franchise et son naturel. Elle le respectait et était toujours très polie, mais n'était jamais passée par la déférence exagérée que certains de ses camarades avaient eu en rencontrant le directeur du bureau des aurors. Elle n'hésitait pas à dire ce qu'elle pensait, et son très bon esprit d'analyse lui avait permis de trouver sa place dans le département. Il n'était pas rare qu'elle soit présente lors de réunions ou de recherches groupées, son avis étant écouté avec autant d'intérêt que celui de n'importe quel autre auror.
Harry fit les gros yeux en la délestant d'une part de son fardeau et se promit de monter un peu le niveau de ses entraînements physiques. Puis il lui emboîta le pas.
La salle des archives A, soit celle qui était strictement réservée au département des aurors, était un joyeux bazar. Les néons s'allumaient progressivement devant eux, dévoilant des étagères débordant de papiers devant lesquelles des tables avaient été installées. Les aurors les moins motivés avaient renoncé à travailler dans leurs bureaux et faisaient leurs recherches sur place, laissant les ouvrages sur leurs tables respectives pour pouvoir recommencer le lendemain exactement là où ils s'étaient arrêtés.
Harry soupira avant de murmurer un revertium locum à mi-voix, Léna l'imitant aussitôt, et il observa leurs documents s'envoler pour rejoindre leur place en se demandant s'ils auraient le courage de ranger cette pièce une fois leur mission terminée. Il ignora la petite voix dans sa tête qui lui susurrait qu'ils n'étaient pas près d'y arriver et referma son poing sur la lettre dans sa poche.
« Tu peux rentrer chez toi Léna si tu veux. »
Mais il n'eut droit qu'à un refus énergique de la part de la jeune femme et esquissa un sourire auquel elle répondit.
« Ta famille ne va pas s’inquiéter ?
-Pas de soucis avec ça, ils ont l'habitude que je ne rentre pas tôt. »
Elle hésita une seconde avant d'ajouter :
« Je viens d'une famille de moldus, et ils sont en admiration totale devant le monde sorcier. Ça les rend plutôt fiers que je sois là. Puis, changeant brusquement de sujet, Mais vous êtes revenu avec une piste, non ? Je peux sûrement vous aider ? »
Harry acquiesça, lui faisant signe de le suivre, et se dirigea directement vers les allées les plus à droite de la grande pièce. Se faisant, il retira la lettre de sa poche.
« Ton aide va me permettre d'économiser un certain temps, mais j'aimerai que tu garde sous silence ce dont je vais te parler, ne serais-ce que jusqu'à ce que cela mène – ou non – à quelque chose. »
La jeune femme se borna à hocher la tête, et le brun n'eut pas besoin de plus pour être convaincu qu'il pouvait lui faire confiance. Elle avait toujours montré suffisamment de discrétion et elle n'était prompte ni à juger sans réfléchir, ni à commérer. Il reprit donc, légèrement plus détendu.
« J'imagine que tu as du entendre des choses à propos de Draco Malfoy depuis que tu es ici.
-Oui. Des bonnes, des mauvaises, mais surtout beaucoup d'interrogations. »
Harry s'arrêta devant les rayonnages qui l'intéressaient et agita sa baguette, une table et deux chaises roulant depuis l'arrière de la salle pour s'arrêter à leur niveau dans un léger crissement, et il se félicita d'avoir fait installer des roues à leur mobilier de recherche, ses aurors flemmards avaient adoré l'idée. Il s'assit, faisant signe à Léna de l'imiter.
« Bon. Je vais faire très court. Draco et moi avons repris contact il y a... »
Il ne termina pas sa phrase, incapable de se souvenir précisément du temps que cela faisait. Et surtout du temps qui s'était écoulé depuis la dernière lettre qu'ils s'étaient échangée avant celle qu'il avait déposée devant lui. Il y avait eu la mission, son coma et tellement de mois qui s'étaient écoulés.
Léna resta silencieuse le temps qu'il se replonge dans ses pensées, se contentant de sourire légèrement lorsqu'il se rendit compte de son absence et s'en excusa.
« Bref, on s'écrivait. On peut dire qu'on était devenus amis...? Je crois. Tu as entendu parler en détail de la catastrophe de notre mission au manoir du corbeau, je te passe ce passage. Mais maintenant tu as deux types d'aurors, ceux qui croient en l'innocence de Dray et ceux qui le croient complice. »
Elle se permit de l'interrompre à ce moment, croisant ses mains sur la table devant elle.
« Il n'y a qu'Anthony Hawlker qui en soit persuadé. Le mot d'ordre parmi les autre et d'attendre d'avoir des preuves, que ce soit pour l'une ou pour l'autre des théories.
-Bien. Autant être honnête, moi je n'ai aucun doute sur son innocence, mais tu pourras objecter que je ne suis pas vraiment capable d'avoir un avis neutre sur la question. »
Léna acquiesça sans un mot, jetant un coup d’œil curieux à la lettre qu'il cachait en partie et Harry s'empressa d'en retirer ses mains.
« Je viens de recevoir ça. Mon adresse et la note au dos ont été écrit par Draco. C'est potentiellement un indice...
-... Ou un piège si je suis le point de vue d'Anthony Hawlker. Mais c'est une piste de toute façon. »
Elle s'était penchée en avant, attrapant le papier entre ses doigts et plissant les sourcils.
« Vous êtes entièrement sûr que c'est de Draco Malfoy ?
-Absolument. »
Et avec une fascination non feinte, Le brun regarda son apprentie se plonger dans une réflexion profonde, ses yeux scrutant chaque détail de l'indice qu'elle tenait entre ses mains. Il aurait presque pu imaginer les rouages de son cerveau se mettre en branle à toute vitesse. Et quelque secondes plus tard, elle releva le nez.
« Dans l'hypothèse où il serait captif, vous pensez qu'il aurait réussit à vous faire parvenir cette lettre sans que l'organisation ne le remarque ? »
Harry hésita un instant avant de lui avouer qu'il était perplexe à ce niveau là. Draco était futé, mais ça semblait improbable qu'il ait pu passer à travers les mailles du filet.
« Et si c'était bien un piège ? Voyant le froncement de sourcil d'Harry, elle continua, je veux dire, si l'organisation était au courant de votre lien avec Malfoy, est-ce qu'ils ne pourraient pas l'avoir forcé à envoyer ce message ? »
Un silence suivit sa remarque, et après plusieurs seconde à contempler l'idée, ils lâchèrent un soupir à l'unisson. Harry se massa l'arrête du nez avec un air légèrement las, puis il finit par hausser les épaules.
« De toute façon, c'est la seule piste que nous avons. On ne peut pas se permettre de l'écarter.
-Donc on cherche tout ce qui a un lien avec ce... Elle se pencha sur le papier, Jonas Wester ?
-C'est ça. Au boulot. »
Ce fut au bout d'une dizaine de minutes qu'Harry mit enfin la main sur un document portant la mention du nom qu'ils cherchaient. Il revint à toute vitesse vers leur table de travail, l'y déposant, et Léna se pencha au dessus de son épaule pour lire. Il y avait finalement peu d'information sur la personne en question, si ce n'était qu'il était moldu et avait été soupçonné d'avoir été acheté par des mangemorts pour servir de passeur d'information à la fin de la première montée au pouvoir de Voldemort. Mais sa nature de non-sorcier n'avait pas encouragé les aurors à s'intéresser de trop près à lui, surtout alors que le mage noir ne cherchait même plus à agir dans l'ombre. L'affaire avait été abandonnée et le rapport bâclé.
« S'il a continué son travail avec les mangemorts lors de la guerre, il est tout à fait possible qu'il soit lié à l'association. »
Harry hocha la tête, étant parvenu à la même déduction. Mais ça ne leur apprenait pas tant de chose que ça.
« Peut-être qu'il faudrait aller y jeter un œil.
-Hein ?
-Il y a une adresse dans le message, fit la jeune femme en le désignant d'un signe de tête.
-Ça veut aussi dire possiblement se jeter dans la gueule du loup. »
Léna acquiesça, mais tout dans son attitude corporelle indiquait qu'elle était pour prendre le risque. Et d'une certaine façon, c'était la seule manière qu'ils avaient de creuser cette piste, l'unique qu'ils avaient pour le moment.
« Bon. J'espère que je n'aurais pas à regretter cette décision... Je vais laisser une note dans mon bureau, mais je préfère ne pas parler de cette mission – le sourire ravi de son apprentie à ce mot l'amusa – aux autres pour le moment, ils ne nous laisseraient jamais y aller. Puis, laissant passer un silence, je suis vraiment en train de te donner le mauvais exemple. »
Léna esquissa un sourire avant de murmurer à mi-voix :
« Mais que serait le grand Harry Potter s'il ne fonçait pas tête baissée face au danger pour sauver ceux qu'il aime ? »
Un éclat de rire lui répondit, le brun se dirigeant déjà vers la sortie.
« Cette sale réputation me suivra toujours. Je vais déposer ma note et je reviens, tu peux...
-...Regarder à quoi correspond cette adresse ?
-Je commence à vraiment t’apprécier jeune auror. »
Léna se mordit la lèvre, le ton utilisé lui faisant très fortement penser à un maître Yoda expliquant la force à Luke le padawan, mais elle se retint de faire un commentaire, c'était une référence tellement moldue que son directeur ne la connaissait peut-être pas. Puis, gonflant le torse de fierté, elle se précipita à sa nouvelle tache.
Finalement, et bien que toute l'entreprise dans laquelle il allait se lancer était un poil irréfléchie, laisser un simple mot sur son bureau était peut être la goutte de trop. Alors après avoir hésité une bonne trentaine de secondes, Harry finit par se diriger vers l'infirmerie, vérifiant au passage les bureaux devant lesquels il passait. Tous les aurors avaient quitté le secteur mais, comme il s'en doutait, FanYu était encore devant son bureau, le nez sur une éprouvette. Il redressa la tête en entendant quelqu'un entrer et fronça immédiatement les sourcils, déposant ce qu'il tenait entre ses doigts à côté de plusieurs petits tas d'herbes et de fleurs séchées.
« Je croyais t'avoir dit d'aller te reposer. »
Harry retint de justesse le oui maman qui lui brûlait les lèvres et leva les mains.
« Je sais, je suis désolé. Mais j'ai... j'ai trouvé un indice et je dois aller enquêter dessus. Je viens pour te dire ça. Je pars avec Léna, si dans trois heure il n'y a toujours pas de nouvelles de nous, est-ce que tu peux prévenir les équipes ? »
L'infirmier resta interdit quelques instant avant que son expression ne s'obscurcisse un peu plus.
« Pardon ?
-Je sais que ça semble très irréfléchi mais c'est juste une mission d'observation, rien de bien méchant... Je... J'ai reçu une lettre de Draco. Il est vivant – il enchaîna immédiatement, ne laissant pas son interlocuteur réagir – et oui, c'est peut-être un piège, mais Léna et moi allons prendre toutes les précautions. Et de toute façon c'est notre seule piste. Et je ne vais pas rester planté là alors qu'il y a peut-être la possibilité de sauver Draco. »
Un gros soupir secoua la poitrine de FanYu et, les yeux fermés, il se massa l'arrête du nez.
« J'imagine que rien ne te fera changer d'avis de toute façon ? »
C'était une question rhétorique, il avait redressé la tête pour croiser le regard du directeur du bureau des aurors, et il savait pertinemment que sa décision était déjà prise.
« Bon. Mais fais attention à ce que tes sentiments ne te fassent pas prendre trop de risques. Ce n'est pas en te faisant tuer que tu aideras qui que ce soit. »
Harry s'était figé, ses joues prenant une jolie teinte rosée. L'infirmier haussa un sourcil avant, sans un mot de plus, de se remettre au travail. Et dès que la porte se fut refermée derrière le brun qui avait littéralement fuit l'infirmerie, il se permit enfin de rire, marmonnant quelque chose sur les gamins amoureux.
Léna se leva au moment ou son supérieur rentrait dans la pièce, n’attendant pas qu'il soit à côté d'elle pour commencer ses explications.
« L'adresse est apparemment celle d'une maison particulière, dans la bourgade de Pwllheli, au Pays de Galles. J'ai regardé quel était le meilleur moyen pour s'y rendre, mais il n'y a pas de base auror active dans le coin à part celle de Aber... Aberystwyth – elle peina sur le nom typiquement gallois avant de reprendre – mais ça fait quand même une sacrée trotte.
-Si elle n'a pas été utilisée depuis plus de cinq ans, le réseau de cheminette ne sera pas activé là-bas. Et je n'y ai jamais mis les pieds, impossible de transplaner. »
Léna hocha la tête comme si elle s'attendait à cette réponse et lui fit signe de s'approcher de la carte qu'elle avait étendu sur la table et pointa un nom du bout de son doigt.
« J'ai été à Portmeirion il y a deux ans avec ma famille, mon père est un grand fan de la série Le Prisonnier et... Elle toussota. Bref, je m'en rappelle suffisamment pour transplaner là-bas mais après... »
Elle laissa sa phrase en suspend, se tournant vers Harry, et celui-ci évalua la distance en se mordillant la lèvre.
« En gros ça nous laisse une vingtaine de kilomètres à parcourir en ligne droite.
-En ligne droite ? Et la mer...
-On s'en fiche si on vole. »
La jeune femme ouvrit la bouche avant de la refermer silencieusement, comprenant ou il venait en venir.
« Mon éclair de feu n'est plus tout neuf, mais on peut faire ça en moins de dix minutes.
-Je... je n'ai pas d'éclair de feu. Pas de balais en fait. C'est... c'est très cher et je n'ai jamais été vraiment douée pour le vol. »
La gène de Léna était palpable et Harry s'empressa de la rassurer, posant une main chaleureuse sur son épaule.
« Pas de panique. Tu montes avec moi. Tu auras juste à ne pas me lâcher et tout ira bien. Ça fait longtemps que je n'ai pas pratiqué, mais je devrais réussir à voler droit. »
Il conclut sa phrase d'un clin d’œil, l'expression de son interlocutrice changeant doucement. Elle allait monter sur un balais avec Harry Potter. Avec le jeune prodige, l'attrapeur de Gryffondor sélectionné dès sa première année. S'il elle n'avait pas aussi peur du vide, elle en aurait presque sauté d'excitation.
Après avoir rangé leur bazar et soigneusement plié la grande carte pour l'emmener avec eux, ils s'empressèrent d'aller chercher leurs manteaux dans leurs bureaux respectifs – ou plutôt dans celui d'Amarianne dans le cas de Léna.
« Mon balais est chez moi, je t’emmène, comme ça on partira directement. »
Elle allait monter sur le balais de Harry Potter ET voir son appartement. Pas qu'au fond, cela soit vraiment important pour elle, mais plusieurs personnes de sa promo l'auraient violemment jalousée s'ils étaient au courant.
Léna suivit son directeur jusqu'à la salle de transplanage, s'accrochant à son coude dès qu'il lui fit signe et retenant sa respiration le temps du trajet. Se faire transplaner par quelqu'un d'autre, même après des années de pratique, était toujours aussi désagréable. Elle inspira profondément l'air humide du début de l'automne avant d’emboîter le pas à Harry.
« Effie ? »
Léna écarquilla les yeux en rentrant dans la chaleur de l’habitation. Ce n'était pas un appartement, mais une petite maison de quartier résidentiel, un feu ronflant dans la cheminée à laquelle faisait face une table basse et un canapé encadré de deux petits fauteuils. L'intérieur était relativement sobre mais les teintes brunes et rouges rendaient le tout accueillant et agréable. Une petite elfe de maison venait d’arriver dans la pièce, ses grands yeux ronds se posant sur la jeune femme avec un air perplexe et intrigué.
« Monsieur Potter ?
-Je repasse juste chercher des affaires, j'ai une petite mission à faire. »
Effie fronça immédiatement les sourcils et Harry s'empressa de la rassurer tout en s'avançant vers une armoire couverte de livres qui faisait l'angle de la pièce.
« Rien de bien méchant, ne t'inquiète pas. Normalement on sera en débrief au ministère dans moins de trois heures donc je serais vite de retour.
-Après minuit donc.
-C'est ça. »
Il venait d'appuyer sur un des épais montant du meuble et Léna réalisa que c'était en fait un autre espace de rangement lorsque celui-ci s'ouvrit avec un petit bruit métallique. Le brun en retira immédiatement son balais, passant ses doigts dessus pour déloger la fine couche de poussière qui couvrait le manche. Il se tourna de nouveau vers l'elfe.
« Tu te rappelle où j'ai rangé mon manteau de vol ? Avec cette température, on va geler sur place... »
Elle hocha vivement la tête, se précipitant dans le couloir. Mais juste avant de disparaître, elle revint sur ses pas avec un air contrit.
« Au fait, je voulais vous parler d'Archimède...
-Elle a recommencé ? »
Le hochement de tête de l'elfe le fit soupirer et il héla sa chouette tandis qu'Effie disparaissait derrière une porte. Le bruit distinctif d'un battement d'aile – court, brusque et presque affolé – leur parvint depuis une autre pièce de la maison et, quelques secondes plus tard, la petite chouette était posée devant son maître, se dandinant avec excitation et les serres refermées autour d'un papier à lettre vierge. À en juger par son état, elle devait le traîner avec elle depuis un moment.
« Archimède. Lâche cette feuille. Je t'ai déjà demandé de ne pas faire ça. »
Un piaillement plaintif répondit au ton réprobateur et l'oiseau s'envola, essayant de faire du surplace devant le nez de son maître, comme pour le forcer à prendre le papier.
« Non. Je ne vais pas lui écrire. »
Léna se boucha brusquement les oreilles, la plainte aiguë de la chouette qui s'était presque jetée sur la table basse et se roulait à présent dessus lui vrillant les tympans. Un coup de baguette plus tard, l'oiseau était toujours au même endroit, le bec ouvert mais sans qu'aucun bruit ne s'en échappe, un air outré – en tout cas c'était ce que cela aurait pu être si elle avait été humaine, pensa la jeune femme – ayant remplacé son mécontentement.
« Non Archimède. »
Le ton d'Harry était plus doux, et il s’accroupit pour pouvoir caresser la tête de l'oiseau et retirer la feuille presque entièrement déchiquetée de ses serres.
« Je t'ai déjà expliqué tout ça. Je ne peux pas lui écrire, il n'est pas chez lui et on ne sait pas où il est retenu prisonnier. Tu ne pourrais pas la lui apporter. »
Le calme qu'affichait la chouette le rassura et il agita de nouveau sa baguette, un tout petit couinement sortant du bec entrouvert.
« Je sais, moi aussi. Mais je te l'ai dit, je vais le retrouver et le ramener. »
Et devant une Léna plus que perplexe, l'animal se mit à ronronner doucement, frottant sa tête contre la paume tournée vers elle puis s'en allant dans un battement d'aile et un dernier piaillement attristé. Harry se redressa au moment ou Effie entrait de nouveau dans le salon, disparaissant sous la quantité de choses qu'elle transportait, et il se précipita pour l'aider à tout déposer sur le canapé.
« Désolé pour ce que tu viens de voir Léna, ma chouette est naturellement un peu bizarre, mais ces dernier temps ça va encore moins fort que d'habitude. »
La jeune femme ne fit que hocher la tête sans trop savoir quoi dire et préféra détourner le regard vers ce que l'elfe venait d'apporter. Ce qui semblait au premier coup d’œil n'être qu'un fatras de tissus se révélait être en fait un équipement de vol, du manteau imperméable aux guêtres en cuir. Voire même plusieurs équipements de vol en fait. Le brun fit signe à sa coéquipière du jour de s'approcher, extirpant de la masse une veste rouge délavée et la lui tendant.
« C'est plus tout neuf mais au moins tu ne mourras pas de froid. On va devoir voler vite et le vent va nous donner l'impression d'avoir perdu une dizaine de degrés. »
Léna acquiesça, enfilant le manteau par dessus celui qu'elle portait déjà, se battant deux minutes avec la fermeture rouillée, puis, au fur et à mesure que le brun trouvait ce qui l'intéressait et le lui passait, elle accrocha des guêtres usées autour de ses chevilles, enroula une grosse écharpe autour de son cou et glissa ses mains dans des vieux gants renforcés aux articulations. Remarquant un petit écusson sur le dos de la main, elle redressa la tête.
« C'est la tenue que vous aviez à Poudlard ? »
Harry redressa la tête en souriant tout en continuant à fermer les boutons de sa propre veste de vol, brune, plus grande et clairement plus neuve que celle que la jeune femme portait.
« C'était ma tenue de Quidditch, oui.
-Vos fans seraient jaloux de moi. »
Son directeur pouffa en enfilant ses gants, le rire plus léger de l'elfe résonnant avec le sien. C'était la première fois que Léna voyait un elfe de maison rigoler avec son maître. Rigoler tout court en fait. Elle n'en avait pas vu beaucoup cela dit, ce n'était plus trop à la mode d'en avoir un, cela rappelant un peu trop les vieilles familles sorcières attachées à des principes tous aussi vieux prônant la suprématie des hommes possédant la magie sur les autres créatures. Potter n'avait pas l'air de partager ce genre de conviction vu la façon dont il parlait à Effie comme si elle était son égale. C'était plutôt logique cela dit, il n'était pas franchement connu pour avoir des idées très conservatrices concernant le monde magique.
« Prête ?
-Prête. »
Harry attrapa son balai d'une main, vérifiant de l'autre que sa baguette était facile à attraper mais bien accrochée et se dirigea vers la porte, suivit de près par Léna. À peine la porte fermée derrière eux, il tendit sa main à sa coéquipière.
« Vite, avant qu'un moldu n'ait envie de venir s'intéresser à nous. Il y a un sortilège qui entoure la maison mais on est jamais trop prudent. »
Un hochement de tête plus tard, la jeune femme avait empoigné son bras, leur environnement se muant en un magma de couleur changeant aussi vite qu'ils parcouraient la distance.
L'impression de déséquilibre s'arrêta aussi vite qu'elle avait commencé, la sable mouillé d'une plage à marée basse remplaçant le sol de bitume et la mer presque noire s'étendant vers l'horizon. Tout était dans la pénombre derrière eux, le contour de petites maisons à peine visibles sans la lumière de la lune. Il y avait juste le faisceau d'une lampe de poche, plus loin.
« Sûrement le gardien de nuit du village. Il est ouvert le jour pour les visites mais il y a souvent des petits malins qui essaient de tricher et de rester une nuit dans le village du prisonnier. On a de la chance que la lune soit cachée. »
Harry hocha la tête, ayant clairement conscience de manquer d'une référence pour comprendre exactement ce qu'elle disait, il n'avait jamais vraiment regardé la télé moldue.
Il enfourcha son balai tout en pointant vers la mer.
« On a aussi de la chance que la marée soit basse. »
Et Léna réalisa qu'il avait raison. Elle les avait transporté là où son souvenir était le plus vif, mais elle avait oublié ce tout petit détail. À quelques heures près ils se seraient retrouvés avec de l'eau jusqu'à la taille. Voyant sa gêne, Harry haussa les épaule.
« C'est déjà pas mal que tu ais pu nous approcher autant de la cible, panique pas. Aller, grimpe et accroche toi bien. »
Réagissant à l'injonction, la jeune femme s'installa confortablement – si être à cheval sur un bout de bois dont elle menaçait constamment de glisser pouvait être considéré comme confortable – derrière lui et agrippa fermement sa taille. Tout son corps se crispa au moment où ses jambes se retrouvèrent dans le vide et elle tenta tant bien que mal de prendre une grande inspiration pour se calmer.
« J'ai laissé le repose-balai accroché, mets tes pieds dessus et penche toi en avant. »
Et à peine eut il sentit qu'elle venait d'obéir qu'il se penchait lui-même sur le manche, le balai bondissant brusquement en avant. Harry retint un sourire en sentant les bras autour de lui se resserrer et même si le vent qui battait à leurs oreilles ne leur permettait plus de communiquer, il lui promis à haute voix de ne pas faire de folie. De toute façon, avec le poids mort de Léna derrière lui, il n'aurait même pas pu, elle était clairement beaucoup trop mal à l'aise et incapable de s'adapter aux modulations du vent. Il s'éleva encore d'une vingtaine de mètres, s'éloignant de l'eau qui défilait à toute vitesse sous leurs corps et fixant son regard sur la forme noire de la côte à l'horizon. Un coup d’œil à la boussole tout à fait moldue – les versions sorcières avaient trop tendance à se dérégler pour rien ou à n'en faire qu'à leur tête et à pointer tout sauf le nord – qu'il avait fait enchâsser dans le manche le rassura et il se permit de sourire. Il n'avait pas volé depuis son accident et il se rendait compte maintenant à quel point cela lui avait manqué. C'était loin des longues balades en solitaire qu'il se faisait avant, mais c'était déjà mieux que rien.
Comme prévu, et sans même pousser son balai au maximum de sa vitesse, ils arrivèrent au niveau de la côte en une dizaine de minutes, survolant les derniers mètres de vaguelettes scintillant sous la lumière de la lune et arrivant dans un petit port de pêche quasiment vide. Il n'y avait qu'une seule embarcation échouée sur le sable et pas un chat à l'horizon, la chance leur souriait. Par précaution, il avait préféré arriver dans le petit village précédant celui qu'ils visaient, parcourant le dernier kilomètre au dessus d'une départementale sinueuse et bordées d'arbres plutôt qu'à découvert au dessus de l'eau.
Léna resserra ses poings contre ses côtes et il ralentit, descendant doucement pour se poser à couvert des arbres, quelques mètres après un panneau qui indiquait en anglais et gaélique le nom de leur destination. Dès que ses pieds touchèrent le sol, la jeune femme se dégagea du balai, s'asseyant sans plus de manière sur une grosse souche et reprenant son souffle. Gardant sa voix la plus basse possible, Harry se pencha vers elle.
« Hey, ça va ?
-Je crois que j'ai le mal de l'air. »
Mais elle sourit immédiatement après, comme pour le rassurer. Même dans la pénombre, il voyait son visage doucement reprendre une couleur un peu plus normale.
« C'est parce que tu te crispes trop en vol. Tu soumets ton corps à une épreuve et tu te compliques la vie. Si c'est juste parce que tu n'as pas l'habitude, tu pourrais très facilement dépasser cette peur. »
Elle acquiesça sans pour autant avoir l'air très emballée à cette idée et Harry laissa tomber. Ils avaient des choses plus urgentes dont il fallait s'occuper. Dès que la jeune femme eut repris ses esprit, elle expliqua en quelques mots les directions qu'ils devaient suivre et son directeur lui fit signe de prendre la tête de leur petite expédition. Léna avait l'air d'avoir retenu la disposition géographique de tout le village et des environs et Harry se rappela brusquement que si ses professeurs l'avaient recommandée pour intégrer le bureau des aurors, c'était justement pour ses capacités d'exploration, d'infiltration et d'observation. Et en la voyant avancer sans aucune hésitation et sans aucun bruit devant lui, Harry se fit la promesse de l'engager directement après qu'elle ait eu son diplôme. Ils manquaient de ce genre d'auror.
Le lieu dans lequel ils avançaient était un curieux mélange entre un village côtier et une zone résidentielle de banlieue, de vieux bâtiments de pierre aux volets bleus succédant à des rues remplies de maisons strictement similaires s'enfonçant vers l’intérieur des terres. Mais tout avait l'air mort et le seul bruit qui parvenait à leur oreilles était le ressac de la mer et le passage irrégulier d'une chauve-souris. Léna lui fit signe de s'arrêter alors qu'ils arrivaient à un croisement et elle pointa la plaque qui faisait l'angle du doigt. C'était la rue qu'ils cherchaient. Elle se tourna vers lui, interrogative et il se mordit la lèvre en observant ce qui les entouraient. Ils étaient à couvert pour le moment, le peu de lumière provenant des quelques lampadaires en fin de vie n'éclairant pas au delà de l'ombre du bâtiment contre lequel ils étaient, mais la rue devant eux était suffisamment dégagée pour qu'ils deviennent des proies faciles en cas d'embuscade. Leur opération était suffisamment impromptue et brusque pour qu'ils aient l'avantage de la surprise s'il y avait bien des rebelles caché dans le coin, mais ils étaient en terrain trop inconnu et surtout trop peu nombreux pour que l'idée le rassure.
Léna lui tapota doucement le bras et se recula dans l'ombre, rebroussant d'une dizaine de mètre avant de se glisser entre le mur de pierre et une palissade de bois usée et trouée. Harry se glissa immédiatement derrière elle, faisant difficilement passer son balai qu'il tenait toujours à la main avec lui, débouchant dans un chemin mal entretenu qui courait à l'arrière des maisons, donnant sur de petits jardinets. Il leva son pouce en direction de la jeune femme et ils se mirent en marche, attentifs aux endroits où ils mettaient leurs pieds. Le brun comptait silencieusement les maisons qu'ils dépassaient, vérifiant les numéros de l'autre côté de la rue à chaque fois qu'un espace entre deux habitations le lui permettait. Ils ralentirent dès qu'ils purent deviner leur destination malgré le peu de lumière qui filtrait à travers les arbres qui bordaient l'autre côté du chemin, attentifs au moindre bruit suspect. Brusquement Harry attrapa la bras de son apprentie, l'obligeant à s'arrêter. La maison semblait similaire à toutes les autres au premier abord, mais alors qu'ils s'approchaient, un détail venait d'attirer son attention, une sorte de bande qui courait sur toute la façade, suffisamment lâche pour s'agiter au gré du vent. Il fronça les sourcils, essayant de déterminer ce que cela pouvait être quand Léna se retourna articulant exagérément les mots scène de crime. Le visage de son directeur s'éclaira, reconnaissant en effet ce que la police moldue utilisait pour interdire l'accès à un endroit après un accident. Soudainement persuadé qu'ils ne risquaient pas de se retrouver nez à nez avec un sorcier, il courut presque sur les dernier mètres, la jeune femme le suivant de près.
« Je vais jeter un coup d’œil de l'autre côté, couvrez moi patron. »
Harry esquissa un sourire involontaire à la façon dont elle venait de l’appeler et acquiesça, contournant après elle la petite palissade qui encadrait le jardin et se glissant dans l'espace entre l'habitation et sa voisine. Léna prit son temps pour observer les alentours avant de rapidement sortir à découvert. Le brun avait sa baguette entre les doigts par précaution, attentif à tout mouvement qui aurait trahi une présence étrangère. Au bout d'une trentaine de secondes la jeune femme revint, se mettant de nouveau à couvert. Elle se pencha vers Harry, gardant sa voix la plus basse possible.
« Toute la famille est morte, le père, la mère et la fille, à cause d'une crise cardiaque, selon l'autopsie. Ils donnaient les dates d'enterrement aussi.
-Une crise cardiaque ? Tous ? »
Ils échangèrent un regard, étant tout les deux parvenu à la même conclusion. Il y avait quelque chose de magique là dessous.
.oOo.
Pas de panique, Draco débarque au prochain chapitre. Il va pas se laisser faire non plus ;)
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