Titre : Parce que rien n’a changé
Auteur : Ketchupee
Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Antony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3 (idem pour les apprentis et tous les gens dont le nom n’apparaît pas dans le livre).
NdA : Un nouveau chapitre ? Après moins d'un an d'attente ? Diantre ! Mais oui, ça y est j'ai passé mon diplôme alors je me remets, doucement mais sûrement, à écrire (en vrai j'ai même écrit ce chapitre pendant la préparation du diplôme parce que je suis un peu kamikaze). Le chapitre 17 est écrit à moitié. Je ne m'avance pas sur la date de publication mais je me suis fait un petit planning pour le continuer. Merci à ceux qui me lisent encore (ça me fait super plaisir de voir qu'il y a encore des lecteurs de la première heure qui rappliquent tous les ans pour voir où j'en suis :D Merci merci!). Allez, je vous laisse tranquille maintenant, place au chapitre.
Chapitre 16 – Comme un moldu
« Vous avez fait quoi ? »
Anthony fixait alternativement son directeur et Léna, son expression étonnée se muant tout doucement en colère. Mais Harry ne le laissa pas placer un mot de plus, fronçant les sourcils pour le rappeler à l'ordre. Quasiment tous les aurors bossant sur le dossier étaient présents, ce n'était pas le moment de permettre ce genre de comportement.
« Je viens de te le dire Anthony. Nous avons trouvé l'habitation d'un moldu anciennement soupçonné d'avoir aidé les mangemorts. Toute la famille est morte d'une crise cardiaque. »
Sidley s'empressa de prendre la parole à la place de son coéquipier, sentant une possible montée de ton.
« Tous en même temps ? C'est possible ça ? »
Le brun fit un signe de tête encourageant à Léna et elle s'avança, appuyant ses mains sur le bureau de son directeur et se tournant vers les autres aurors.
« C'est statistiquement tellement peu probable qu'on s'est douté que cela venait d'un facteur magique. Un avada tout simplement. »
Harry ne pu empêcher un brin de fierté de grandir en lui devant l'aisance qu'elle commençait à prendre et il la laissa revenir en détail sur les liens que le mort, Jonas Wester, avait eu avec les mages noirs, avançant ses théories sur la raison pour laquelle leur coopération s'était terminée par un sortilège en pleine poitrine. Une trahison ou la peur du moldu, probablement, un coéquipier effrayé étant potentiellement un danger, les mangemorts n'avaient jamais hésité à se débarrasser des maillons faibles. Son attention se détacha progressivement de la jeune femme, remarquant le regard d'Anthony fixé sur lui, les sourcils légèrement froncés. Il ne détourna pas les yeux, fixant son aurors avec la même intensité jusqu'à ce que celui-ci finisse par tourner la tête vers Léna. Une légère sensation de culpabilité remonta dans sa poitrine quand il remarqua la façon dont l'homme avait croisé ses bras au niveau de son ventre, les ongles plantés dans sa peau. Ce n'était pas un signe d'énervement ça, beaucoup plus d'anxiété, et Harry se promit de s'excuser quand il ne seraient plus que tous les deux. Il avait beaucoup trop tendance à oublier que sous un extérieur dur et sans failles, Anthony se remettait tout doucement de la perte d'un coéquipier et ami mais aussi de la peur qu'il avait eu de le perdre, lui. Plusieurs longs mois de coma n'avaient pas eu le même impact sur Harry que sur les autres, FanYu lui avait bien dit qu'ils craignaient chaque jour que son état se détériore brusquement et qu'il les abandonne sur ce lit d'infirmerie. Cette angoisse prolongée n'avait pas été sans effet sur ses unités et encore moins sur ses amis.
« Mais si les rebelles ont tué ce type, ils ont également dû détruire toute trace qui nous permettait de remonter jusqu'à eux, non ? »
Harry se tourna vers Amarianne, sa question l'arrachant à ses pensées, et il hocha la tête.
« D'un point de vue magique, oui, sans aucun doute. Mais même si le type a bossé pour des sorciers, il reste très probable que tous les déplacements qu'il ait fait aient été par moyens moldus. »
Comprenant tout de suite où il voulait en venir, Sidley s'avança.
« Je veux bien jouer le flic moldu ! »
Son directeur se retint de rire, essayant de garder une expression neutre et acquiesça devant les yeux brillant de son auror.
« Bien. Que deux personnes à l'aise avec tout ce qui est non-magique se joignent à lui. J'ai déjà contacté le ministre de la magie et nous avons son autorisation. Vos fausses identités et tous les papiers dont vous aurez besoin pour faire parler les enquêteurs de Pwllheli sont en train d'être fabriquées, ils ont juste besoin de savoir qui part pour terminer les cartes d'identité. »
Il ne fallut qu'une dizaine de seconde pour que Mira et Amarianne se désignent pour accompagner Sidley, et ils s'empressèrent de quitter le bureau.
Dans les faits, l'enquête n'avançait pas énormément avec cette découverte, il y avait souvent une multitudes de dédales entre mafias et collaborateurs, que ce soit chez les moldus ou chez les sorciers, mais le fait d'avoir une base sur laquelle travailler apportait un souffle d'entrain à toute l'équipe.
Leurs sourires disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés quand une note de service rouge vif fonçant à travers la porte ouverte du bureau s'écrasa contre la paume d'Harry, le brun ayant développé le réflexe de protéger son visage après avoir manqué de se faire éborgner un certain nombre de fois.
Il déplia la note dans un silence religieux, tous le regardant faire avec appréhension.
« Merde. Urgence en Irlande du nord, il y a eu une attaque. Que toutes les unités se préparent au combat, il est possible que les rebelles aient déjà déserté quand vous arriverez, mais on est jamais trop prudent. Protéger les civils s'il y a encore du grabuge et évacuez-les. Patrick, vu que Mira et Amarianne sont avec Sid, joins toi à l'équipe d'Ingrid. »
Les quatre aurors hochèrent immédiatement la tête, s'empressant ensuite de suivre les deux autres groupes qui étaient déjà en chemin vers la salle d'armes. Harry, les sourcils froncés, les observa partir. Il n'aimait pas mélanger les groupes, ils étaient entraînes – presque formatés – à travailler avec les deux autres membres de leur trio, à avoir le réflexe de toujours vérifier où les autres étaient, si leurs arrières étaient protégées. Balancer un autre auror dans une unité complète, c'était dans le pire des cas risquer de déséquilibrer le groupe, ou au moins de mettre en danger l'auror rajouté, puisque les autres, dans le feu de l'action, auraient beaucoup plus tendance de le laisser de côté, les rouages de leur stratégie à trois beaucoup trop ancrée dans leur façon de penser. En état de stress, le cerveau ne pouvait se concentrer que sur un minimum de chose, d'où l’intérêt de former les aurors à avoir le réflexe de protéger les autres membres de leur groupe. Mais Patrick était trop efficace pour être laissé de côté, surtout avec le peu d'effectif dont il disposait à la base.
À côté de lui, Padma Patil toussota légèrement, attirant son attention sur elle et les deux jeune hommes qui se tenaient à ses côtés. Ulrich Dervan et Mantheer Zlatanov s'il avait bonne mémoire, les fameux deux apprentis dont la magie était liée.
« Non. »
Pas question que la catastrophe Anaïs se reproduise. Les deux jeunes s'agitèrent légèrement, jetant de petit regards suppliant à leur mentor.
« Ils sont prêts. Ils ont fait des progrès énormes, ils contrôlent bien mieux leur lien.
-C'est trop dangereux.
-Nous voulons y aller. »
Harry se tourna vers celui qui avait parlé, incapable de savoir s'il s’agissait de Mantheer ou d'Ulrich, son visage se fermant devant l'audace du jeune homme. Le deuxième s'empressa de rajouter un petit s'il vous plaît, clairement intimidé par la tête que faisait leur directeur mais n'hésitant pas pour autant à soutenir son binôme.
« Nous comprenons bien vos raison, monsieur, mais rester ici tout en sachant que des aurors sont sur le terrain, sans nous, alors que nous pourrions aider... »
Le brun agita la main, le jeune homme se taisant immédiatement, mais un seul regard vers Padma lui appris qu'elle prenait le parti des deux garçons.
Le silence s'étira pendant de longues secondes et brusquement Anthony se rappela à eux, sa voix grave les faisant presque sursauter.
« Il sont prêts, patron. »
Il se décolla du mur contre lequel il s'était appuyé pour sa rapprocher de son directeur.
« Je suis allé m’entraîner avec eux il y a deux jours. Ils ont failli me foutre la pâté. Je dis bien failli, mais ils sont aptes à aller sur le terrain, surtout qu'il est très probable que tous les rebelles se soient déjà taillés et qu'il ne faille que désamorcer tous les sortilèges qu'ils ont pu laisser sur place. »
Harry lâcha un soupir, si Tony s'y mettait aussi...
« Bon d'accord, mais vous vous occupez des civils. Si j'apprends que l'un d'entre vous à volontairement croisé de la baguette avec quelqu'un, je vous renvoie illico sur les bancs de l'école. C'est clair ?
-Oui monsieur ! »
Leur mentor lui lança un regard reconnaissant avant de pousser ses apprentis vers la porte. La connaissant, il était très probable qu'elle aussi meure d'envie de retourner sur le terrain. Là où Parvati avait toujours été mesurée et pleine de précaution, Padma détestait l'idée de rester en arrière quand d'autres risquaient leur vie. Et ce trait s'était particulièrement renforcé depuis le décès de sa jumelle.
Dès qu'ils eurent disparu dans le couloir, Harry se tourna vers les deux derniers occupants de la pièce.
« Pourquoi tu ne m'as pas greffé avec une autre unité comme Patrick ?
-Je voudrais te parler deux minutes. Léna, tu peux continuer les recherches de ton côté, mais n'hésite pas à te reposer si tu en as besoin, le temps de rentrer chez toi après notre mission, tu n'as pas dû beaucoup dormir. »
La jeune femme acquiesça sans un mot, consciente que le directeur et son auror avaient besoin de parler en privé, puis elle sortit rapidement du bureau, refermant silencieusement la porte derrière elle.
Anthony s'était de nouveau adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine, et tout dans son attitude fermée montrait qu'il s'attendait à se faire remonter les bretelles et qu'il n'en était pas ravi. Aussi son visage se mua en une expression de surprise quand, après avoir poussé quelques dossiers pour pouvoir s'asseoir sur son bureau sans tout écraser, Harry lui sourit.
« Je suis désolé Tony. »
Devant les yeux de poisson de son auror, il continua.
« De te stresser à ce point. Je sais que tu es inquiet, mais je t'assure que je vais mieux maintenant.
-Aller mieux ne t’empêchera pas d'y passer si tu te prends un sortilège à nouveau. »
Anthony semblait être sortit de son moment d'ahurissement et, même si son froncement de sourcil n'était pas revenu, il refusait maintenant de regarder son patron, gardant ses yeux fixés sur le coin de papier peint qui se décollait dans l'angle du mur.
« Mais ce sont les risques du métier. Je ne vais pas abandonner mon job pour autant. Le risque était déjà là à la base... »
Un hochement d'épaule lui répondit.
« Anthony. Je fais attention, autant qu'avant si ce n'est plus, je connais mon job, je sais ce que j'ai à faire. Je me doute bien que ça ne va pas magiquement t’empêcher de t’inquiéter, mais tu comprends bien que je ne peux pas bosser avec un risque zéro, ou sinon j'abandonne mon poste. »
Un long soupir quitta les lèvres de l'auror et, toujours sans croiser son regard, il vint s'asseoir à côté de lui. Puis, au bout de quelques secondes, il se pencha sur le côté, venant légèrement taper l'épaule d'Harry avec la sienne.
« Je sais. »
Un petit sourire étira les lèvres du brun et il posa sa paume contre la nuque de son auror, pressant doucement sur les muscles tendus. Comme par magie, les épaules d'Anthony s’affaissèrent, ses mains remontant pour passer sur ses yeux et masser ses tempes.
« J'y pense sans arrêt tu sais. À ce qui se serait passé si j'avais été là. Si j'avais pas été con au point de tomber dans un piège aussi minable...
-Ça n'aurait rien changé. La disposition de la pièce que l'on visait jouait en notre défaveur et on avait aucun moyen de le prévoir. Philip se serait pris ce sortilège de toute façon. Et le piège dans lequel tu es tombé n'était pas devinable. En plus ça nous a permis de nous rendre compte de la présence de ces pièges et de vérifier magiquement où on mettait les pieds. Tu imagines ce qui se serait passé si on s'étaient tous fait avoir à cause de ça ? Arrête de t'en vouloir Tony, tu n'es y pour rien. »
L'auror détourna la tête et Harry sa garda bien de faire le moindre commentaire sur le léger tremblement de ses épaules. Anthony avait toujours eu un côté fier et dur et, même si ce genre de stéréotype masculin avait tendance à exaspérer le brun, il savait qu'il valait bien mieux attendre que l'homme s'ouvre de lui-même plutôt que de le pousser dans ses retranchements.
« Tu n'y es pour rien et rien ne nous permet de savoir ce qui ce serait passé si Sidley et toi n'étiez pas en dehors du manoir quand c'est arrivé, si Sidley n'avait pas appelé des renforts. Je me doute que le fait que tu te sentes coupable pour ton absence est la raison qui te pousses à me suivre partout et vérifier tout ce que je fais, n'est-ce pas ? »
La légère contraction de la main de l'auror sur son pantalon lui donna sa réponse et le brun secoua la tête avec un sourire.
« Heureusement que tu n'es pas spécialisé en infiltration ou camouflage. »
Tony lui jeta un coup d’œil, roulant ostensiblement des yeux, mais il n'essaya pas pour autant de cacher le petit sourire en coin qui venait d’apparaître sur ses lèvres. Puis, quelques secondes plus tard, il pivota pour pouvoir regarder son directeur en face, son expression redevenant sérieuse.
« C'était quand même fou de partir sur un coup de tête hier soir. Et seulement avec Léna.
-C'était une mission d'observation. Léna est parfaitement apte pour ce genre de tâche. Au contraire même, le fait qu'on y soit allé seulement à deux, quasiment sur un coup de tête et à une heure aussi avancée jouait complètement en notre faveur. C'était beaucoup moins dangereux que tout ce que nos équipes font en Irlande du nord en ce moment.
Tony sembla se retenir de dire quelque chose avant d'acquiescer, il savait au fond que son patron avait raison, surtout qu'il était souvent beaucoup plus précautionneux et mesuré que lui et Sidley en mission. Ils n'étaient pas surnommés les têtes brûlées pour rien et Philip avait eu son lot de cheveux blancs à cause des frayeurs qu'ils lui avait causé. Un léger sourire éclaira son visage à ce souvenir et il croisa ses bras sur son torse.
« Et sinon, vous ne nous avez pas dit comment vous aviez eu l'idée d'aller fouiller là bas. Le travail de recherche et l'épluchage des archives a donné quelque chose finalement ? »
Harry s'immobilisa, ses doigts s'arrêtant une seconde au dessus d'un papier froissé au milieu des dossier. Anthony n'allait pas apprécier sa réponse et il hésita pendant un instant à lui cacher la vérité et à inventer une histoire fictive. Mais il venait tout juste de lui demander de lui faire confiance, ça aurait été une sacré hypocrisie de lui mentir maintenant. Surtout que même si sa réaction n'était pas bonne, tous ses aurors allaient devoir finir par être au courant, ne serait-ce que pour l'avancée de l'enquête. Il referma ses doigts sur le papier froissé, vérifiant qu'il ne contenait rien d'important, et visa sa corbeille.
« J'ai reçu une lettre. »
L'auror se tourna brusquement vers lui, les sourcils levés.
« Une lettre ? Comment ça ?
-Une lettre avec le nom et l'adresse de Wester. »
Un long silence passa. Et la question qu'il redoutait tomba.
« De qui. »
Anthony ne l'avait même pas formulé comme une question, comme si, même s'il la demandait, il connaissait déjà la réponse.
« Draco. »
Le silence, de nouveau. Mais plus long et plus lourd, et cette fois ce fut Harry qui évita le regard de son auror pendant un moment, se perdant momentanément dans la contemplation de la nouvelle moquette bleue qui couvrait le sol de son bureau – et de tout l'étage, le ministre de la magie avait trouvé que l'ancienne était bien trop miteuse et pas assez impressionnante en cas de visite officielle de dirigeants d'autres pays, il avait fait refaire tout leur département.
« Tu te fiches de moi Harry ? »
Il utilisait son prénom au lieu du patron qu'il s'imposait d'utiliser quand ils étaient au travail, et cela ne lui disait rien qui vaille. Mais il aurait pu être plus vulgaire, donc tout n'était pas perdu. Harry redressa la tête, croisant son regard et plantant résolument ses yeux dans ceux de son interlocuteur.
« Non. Draco m'a envoyé une lettre avec un morceau de papier griffonné. Ce n'était pas son écriture donc je suppose qu'il a dû le voler quelque part chez les rebelles. Par contre il avait laissé un message derrière, un truc que j'étais le seul à pouvoir comprendre. Probablement pour ne pas avoir à signer et risquer de se faire démasquer si le courrier était intercepté.
-Et tu t'es jeté dans la gueule du loup―
-Tony, il ne s'est rien passé ! »
Harry avait presque crié, soulagé de savoir que, sa porte étant fermée et très bien isolée, personne ne pouvait les entendre. Il reprit immédiatement, ne laissant pas l'autre répliquer.
« L'endroit était vide, il n'y avait pas de piège. En plus Draco s'est débrouillé pour me l'envoyer par la poste moldue, probablement parce qu'il n'avait pas de chouette ou de hibou à disposition là où il est. Par la poste moldue, Tony ! Tu penses vraiment que s'il voulait me tendre un piège― »
Il s'arrêta dans la phrase en fronçant les sourcils, reformulant immédiatement après.
« Que si quelqu'un voulait l'utiliser pour me tendre un piège, il aurait pris la peine de faire ça ? Alors que les délais de ce système sont absolument imprévisibles ? En plus il y avait une faute dans mon adresse, ça a dû arriver encore plus tard que prévu... »
Anthony ne trouva rien à répondre. Il respirait le mécontentement et la désapprobation, mais il n'avait rien à redire, aucune preuve qui ferait s'écrouler ce que son directeur avançait.
« Tu es toujours aussi persuadé qu'il est coupable. »
Harry ne put empêcher sa déception d'être visible et l'auror lâcha un reniflement mécontent.
« J'ai toutes les raisons de le croire. Mais tu continues à refuser de le voir.
-C'est un ami, Tony. Je lui fais confiance, et dieu sait si j'ai du mal à faire totalement confiance aux gens... Mais reconnais au moins que cette lettre ne pouvait pas être un piège, ça aurait été beaucoup trop maladroit pour une organisation qui nous cause autant de fil à retordre. »
Un hochement de tête répondit à sa demande, l'homme semblant acquiescer mais pas de gaieté de cœur. Son directeur haussa un sourcil et après avoir lâché un soupir, l'auror finit par expliquer la raison pour laquelle son front était encore marqué de trois lignes distinctes.
« Je te crois patron. Et je sais que tu ne plaisantes pas quand tu dis que tu lui fais confiance, mais parfois j'ai juste peur... Que tu ne sois pas le plus objectif. Je veux dire, c'est vite fait d'occulter certaines choses à cause de ses sentiments. »
Un très long silence plana, le visage d'Harry figé sur un mélange d'incompréhension et de peur d'avoir compris ce que son collègue impliquait. Le terme sentiment en particulier sonnait étrangement dans sa phrase et, vu le regard qu'il lui lançait, c'était dur d'imaginer qu'il avait choisi ce mot à la légère. Faisant mine de ne pas avoir compris les implications de ce qu'Anthony avançait, il essaya de noyer le poisson.
« Je suis parfaitement capable de voir lorsque un ami n'est plus digne de confiance. »
Mais ça ne prit pas vraiment, son auror haussant un sourcil pour montrer qu'il n'était clairement pas dupe. Mais qu'aurait-il pu lui dire d'autre ? Il se doutait bien que plusieurs personnes – seulement trois en fait, Anthony, Sidley et FanYu – soupçonnaient que ce qu'il ressentait envers son ancien ennemi dépasse la simple amitié. En tout cas c'était ce qu'ils semblaient insinuer, mais il n'était lui même pas sûr du terme à utiliser pour qualifier sa relation avec Draco. Surtout qu'il ne l'avait pas vu depuis l'hiver dernier, soit plus de dix mois plus tôt, c'était dur de savoir ce qu'il ressentait exactement. Il voulait qu'ils soient amis, ça c'était sûr, mais il ne pouvait nier trouver que Draco avait... une certaine classe. Voire un certain charme. Tout ça était extrêmement perturbant.
« Fais pas cette tête de constipé patron. »
Avant qu'il ait pu rétorquer la moindre chose au ton moqueur de l'abruti qu'il avait à côté de lui, un puissant coup fut frappé contre sa porte et, après en avoir eu l'autorisation, Sidley et Amarianne entrèrent. Ils étaient habillés, maquillés, changés en deux autre personnes. Il connaissait suffisamment leurs visages pour les reconnaître, mais la différence était bluffante. Dans une synchronisation parfaite et avec des têtes exagérément sérieuses, les deux aurors sortirent leur cartes d'inspecteurs moldu, faisant rigoler Anthony.
« On dirait deux gamins qui vont au carnaval.
-Un peu de respect jeune homme, répliqua Sidley en levant le nez.
-Laisse, il est jaloux. »
Et sur cette déclaration d'Amarianne, il firent mine de tourner les talons, la jeune femme redevenant sérieuse juste avant de passer la porte pour leur dire qu'ils les tiendraient informés s'ils trouvaient quoi que ce soit. Anthony les suivit peu de temps après, déclarant qu'il devait passer voir FanYu un moment et qu'ensuite il se joindrait à Léna pour continuer les recherches.
.oOo.
Draco jeta un coup d’œil derrière son épaule une dernière fois avant de se glisser dans une petite ruelle, suivant de près la cape virevoltante de l'homme qui le précédait. Tout en gardant sa baguette fermement entre son pouce et son index, il utilisa le reste de ses doigts pour tirer légèrement sur le bracelet qui lui entravait toujours l'autre poignet. Il était monté en grade, faisait bien plus de missions qu'avant et Greyback le traitait avec beaucoup de politesse – ou plutôt, vu que la politesse ne faisait pas partie des capacités du loup, beaucoup moins comme un sous-fifre sans importance – mais il avait toujours ce fichu artefact au poignet dès qu'il sortait. Ça commençait à lui peser, surtout que si Potter avait bien reçu son message et qu'il était, comme il l'espérait, en train de plancher pour remonter la seule pauvre piste qu'il avait pu lui envoyer, ce bracelet le mettait dans une position d'otage potentiel extrêmement gênante. Tant qu'il n'avait pas réussi à s'en débarrasser, toute intervention auror était mise à mal. En cas d'attaque, les rebelles le soupçonneraient immédiatement d'être un espion et pourraient l'utiliser pour faire chanter leurs opposants. Et il savait que si pour beaucoup d'auror sa vie n'avait pas d'importance, Harry n'accepterait pas de le laisser mourir.
Il sortit de la ruelle, se dispersant avec son groupe, et pointant sa baguette sur tous les endroits stratégiques qu'ils avaient dénombré en réunion. Dans la lignée de toutes leurs actions terroristes, les rebelles s'en prenaient aux population civiles désormais, certains d'entre eux attaquant de front pour tuer, d'autres en retrait pour miner des zones entières de sortilèges piégés. Les longs rubans lumineux qui sortaient de leurs baguettes s'enroulaient nerveusement sur les pavés avant de se glisser dans les interstices. C'était rapide à installer et long à défaire, accaparant suffisamment les aurors qui voulaient avant tout protéger les civils pour que les véritables attaquants du front aient le temps de fuir. Le seul risque qu'ils courraient, eux, le groupe de support, était de tomber sur leurs propres pièges. Pour éviter ça, ils avaient mis en place le déroulement des opérations extrêmement précisément, chaque homme ou femme ayant sa place définie dans le commando et sa zone de visée. L'énorme avantage, c'était qu'après avoir été surveillé scrupuleusement pendant les deux premières missions, Draco n'avait maintenant plus que le bracelet et personne sur le dos. Aucun de ses « partenaires » ne se rendaient compte que ses sortilèges n'avaient pas exactement la même teinte que les leurs. Si quelqu'un avait marché dedans, il se serait trouvé couvert de confettis – un joli sortilège qu'il avait soigneusement mis au point en essayant d'imiter l'aspect des versions mortelles que posaient les autres rebelles, et le jeune homme avait parfois du mal à garder son sérieux en les installant.
« Ils arrivent ! »
Draco se tourna immédiatement vers le chef de leur unité, plaçant son dernier sortilège en vitesse et emboîtant le pas aux autres qui commençaient déjà à s'éloigner de la zone où étaient probablement en train d'arriver les aurors. Le bruit sec des bottes sur le vieux pavé se rapprocha d'eux, certains pointant leur baguette en avant par précaution. Mais comme ils s'y attendaient ce furent plusieurs personnes toutes aussi encapuchonnées qu'eux qui débarquèrent, celle à leur tête étant probablement l'auteur du cri qui les avait alerté.
« Les aurors ont débarqué par l'est, faut se tailler en vitesse ! »
Tout le groupe se mit à courir, Draco et certains autres se chargeant d'attendre pour prendre l'arrière du groupe. Lui attribuer ce rôle aussi était une manière de le mettre à l'épreuve, de le mettre en danger pour protéger les rebelles, sachant que s'il avait le malheur de profiter de cette position pour essayer de se faire la malle ou pour entrer en contact avec les aurors, son bracelet serait déclenché immédiatement. Il se pressa contre un mur en laissant passer les hommes devant lui quand une petite explosion lumineuse de déclencha à quelques mètres d'eux, un de leur hommes s'écroulant. Le type à côté de lui lâcha un juron.
« Chef ! Un des notre a activé un piège ! »
Le responsable de groupe, une dizaine de mètres devant eux, s'arrêta une seconde pour jeter un coup d’œil par dessus son épaule avant de secouer la tête.
« Tant pis pour lui, les aurors vont arriver dans cette zone dans moins de deux minutes maintenant. »
Et sans l'air d'avoir aucun regret, il tourna les talons. Draco et l'homme à côté de lui échangèrent un regard à travers leurs masques. Ils savaient aussi bien l'un que l'autre que le poison qui avait pénétré le corps de la victime allait mettre une bonne dizaine de minutes à le tuer définitivement.
« Les ordres sont les ordres Malfoy. »
Ce fut ce qui convainquit Draco, une idée venant de germer dans son esprit.
« On a de quoi le soigner à la base. Je ne laisse pas un des notre derrière. »
Et il se précipita vers l'homme à terre, le hissant difficilement sur ses épaules. Une demi-seconde plus tard une partie du poids était partagé, celui qui disait juste avant ne pas vouloir s'opposer aux ordres se tenant à ses côtés, l'aidant à soulever les bon quatre-vingt kilos de l'évanoui. Et même s'il ne dit rien, le blond savait qu'il venait de faire un pas de plus dans la bonne direction pour que ces abrutis lui fassent confiance.
C'était l’effervescence à la base, comme après chaque mission, mais depuis qu'il avait débarqué avec Thommason – son camarade de galère qui, après avoir déposé le corps du rebelle empoisonné sur le lit de leur infirmerie, avait retiré son masque pour se présenter correctement – les regards ne le lâchaient plus. Lui restait résolument immobile, adossé contre un mur, pendant qu'une antidote était injectée avec des gestes maladroit au blessé. Il préférait ignorer ce qu'il entendait et se concentrait à garder le plis soucieux qui ornait son front, toute son attitude corporelle travaillée pour faire croire qu'il s'inquiétait. Après de longues minutes d'attente, l'homme sur le lit se mit à s'agiter doucement, reprenant conscience. Plusieurs types se précipitèrent vers lui et, aussi surprenant que cela puisse lui paraître comme il n'avait pas cessé de considérer ces hommes comme des connards et des abrutis, ils avaient vraiment l'air extrêmement soulagés. Il y avait définitivement des amitiés qui étaient nées, même dans ce ramassis d'ordures. Et devant tout le monde, celui qui avait été chef de mission s'approcha pour donner une grosse tape sur l'épaule de Thommason, toujours au chevet du blessé, puis de Draco. Et juste avant de quitter la pièce, il lâcha :
« Je vais oublier que vous avez volontairement ignoré les ordres pour cette fois. »
Et il s'en alla sans un mot de plus, mais le silence qui régnait dans le couloir en disait long. Ils venaient de gagner la reconnaissance du groupe. Draco se retint de sourire, craignant que certains voient au travers de son petit jeu, et ne fit que hocher la tête, réitérant son geste quand une personne assise à côté de celui qui se réveillait tout doucement lui fit un signe de remerciement.
Greyback avait bien évidemment été mis au courant et, même s'il gronda sur l'importance d'obéir aux décisions du chef, sa colère un peu feinte disparut très vite pour laisser place à son habituel rictus. Son père avait toujours été catégorique quand il expliquait au jeune Draco comment fonctionnaient les créatures étranges qu'étaient les loups-garous, protéger la meute était respecté, apprécié et le meilleur moyen de s'intégrer. Et alors que la voix de Lucius résonnait encore dans sa tête, Greyback commença à parler de leur prochaine mission. Sans lui demander, ni à lui ni à Thommason, de quitter la pièce et de le laisser avec les plus haut gradés. Le blond eut toutes les peines à ne pas montrer trop clairement qu'il exultait. Harry avait intérêt à se bouger le cul pour le retrouver, lui était en bonne voie pour s'infiltrer. Ils allaient faire payer aux rebelles tout ce qu'ils avaient fait, foi de Malfoy.
.oOo.
« Patron ! »
Harry sursauta quand sa porte vint violemment frapper contre le mur, Léna et Anthony entrant en trombe dans son bureau. Il n'eut pas le temps de poser la moindre question que la jeune femme le coupa, ayant du mal à reprendre sa respiration après avoir sprinté depuis la salle des archives.
« Patron ! La lettre que vous avez reçue, c'était une lettre moldue ? »
Le brun haussa un sourcil, ne comprenant pas exactement où elle voulait en venir. Anthony avait l'air tout aussi excité qu'elle, comme s'ils venaient de faire la découverte de l'année.
« Oui, je—
-Le timbre. Le timbre doit être tamponné patron. »
Harry s'immobilisa, la bouche toujours ouverte, l'autre auror en profitant pour prendre la parole, visiblement aussi agité que sa – presque – collègue.
« Je demandais à Léna de m'expliquer le système de courrier moldu parce que j'avais du mal à tout replacer par rapport à ce que tu me disais à propos de la lettre...
-Et c'est ce qui m'a fait réaliser qu'on n'avait même pas pensé à la première chose logique. »
Le silence s'étira pendant quelques secondes, les deux aurors essayant de calmer leur respiration tandis qu'Harry connectait tout ce qu'ils venaient de lui jeter à la figure.
« Oh merde. Le timbre. Mais quel con ! J'ai tellement pensé ça comme une mission magique que j'ai oublié mes bases moldues ! »
Léna s'empressa de le rassurer en disant qu'elle aussi aurait dû y penser immédiatement mais son directeur ne l'écouta que d'une oreille, trop occupé à se jeter sur la paperasse qu'il avait étalé sur son bureau, envoyant tout voler jusqu'à ce qu'il mette la main sur la petite enveloppe qui contenait maintenant tous leurs espoirs. Il la déplissa très lentement, leurs trois tête se penchant au dessus en même temps, essayant de déchiffrer l'encre presque effacée du cachet de poste.
« Penr..
-Penrh-deudra? »
Léna fronça les sourcils en sortant la grande carte en papier qu'elle avait glissé dans sa poche en sortant de la réserve, celle qu'elle avait rangé moins de vingt-quatre heures plus tôt alors qu'ils rentraient de mission. Anthony murmura un « Elle pense à tout c'te fille. » qui fit sourire Harry mais ils se concentrèrent bien vite sur la carte devant eux, leurs regards se dirigeant vers la zone du pays de Galle sans même avoir besoin de se concerter. Avec un nom pareil, pas moyen que cette bourgade soit ailleurs de toute façon. Seul le claquement nerveux et régulier des doigts d'Harry contre son bureau rythmait le silence. Il avait sorti sa baguette pour s'en servir de repère alors qu'il quadrillait stratégiquement la carte, les deux aurors l'imitant immédiatement.
« Ici ! Penrhyndeudraeth ! »
Léna et son directeur sursautèrent à son violent éclat de voix avant de suivre la direction pointée par Tony. Comme ils l'imaginaient, c'était une petite bourgade qui avait l'air ridiculement petite – ils avaient même de la chance qu'elle soit notée sur la carte – entourée de collines et à seulement quelques kilomètres de Portmeirion. Ils échangèrent un regard, se gardant bien de relever le fait qu'ils avaient donc été extrêmement proches de cette zone la veille. Pas besoin qu'Anthony reparte dans une de ses crises de panique. Léna fit vite remarquer que si les alentours étaient relativement sauvages, il était très probable que plein de petits hameaux soient disséminés dans les collines et que les rebelles y soient cachés.
« Tout à fait, fit Harry en hochant la tête, ils sont probablement planqués dans une grande propriété dans la zone. Pas trop loin non plus, j'imagine qu'ils doivent bien se ravitailler d'une manière ou d'une autre.
-Faut partir en observation sur le terrain. »
Le directeur acquiesça à ce que son auror venait de dire, souriant légèrement en se tournant vers Léna.
« C'est paumé comme coin, on ne peut pas débarquer comme ça sans examen préalable des environs. »
La jeune femme releva immédiatement la tête, un grand sourire étirant ses lèvres. Elle allait repartir en mission d'exploration.
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Voilà voilà ! J'espère que ça vous aura plu~ les retrouvailles Harry-Draco arrivent à grands pas on dirait ;) (il est temps!). À bientôt <3 |