NdA : Hey ! Je suis de retour pour vous jouer un mauvais tour (j'ai des références de merde, je sais) Je tenais juste à préciser que je respecte l'époque à laquelle l'histoire de J.K.Rowling a été écrite, c'est à dire que ma propre timeline commençait trois ans après la défaite de Voldemort et donc que même du côté moldu, nous ne sommes clairement pas en 2017... Je dis ça parce qu'il est question de portable, donc pour faire correspondre l'époque, il faut imaginer que c'est l’équivalent d'un des premier « petit » nokia (oui oui j'écris une histoire de sorciers mais je me retrouve à vérifier les dates de création de téléphones...). Dans le même petit délire de véracité, je ne sais pas si certains on eu envie d'aller rechercher les noms des lieux principaux sur google, mais ils existent tous X) (oui je m'amuse bien quand je planifie mon scénario). Je prends des libertés sur ce que je décris, notamment au niveau des bâtiments, mais les villes et villages existent bien ~
Bonne lecture !
Chapitre 17 – Le chat blanc
Après la découverte liée au timbre, il était devenu évident qu'il allait falloir mettre tous les aurors au courant de la lettre de Draco, au risque de diviser les opinions. Mais Harry avait eu la surprise d'être rassuré par Tony qui, même s'il ne cachait pas son animosité pour le blond, avait dédramatisé la situation en déclarant avec un air blasé que, piège ou pas piège, c'était toujours une piste. Et malgré son avis négatif catégorique, le directeur du bureau commençait doucement à se demander si son auror était totalement honnête. Il avait de plus en plus l'impression qu'au doute sur la personne de Malfoy à cause de ses origines s'était substitué un besoin de protection qui n'avait plus rien à voir avec leur mission. Anthony savait que son patron était potentiellement en train de s'engager émotionnellement et craignait que ça ne soit pas réciproque, son côté papa poule ressortait. À coté de ça, il ne remettait plus en doute l'aide apportée par Malfoy et, après avoir donné un coup de main à Léna pour préparer son arrivée sur le terrain, il semblait persuadé de la sûreté de la mission dans laquelle ils s’engageaient. L’endroit où la base rebelle se trouvait était probablement le pire pour tendre un piège, ils étaient bien cachés grâce à la flore, certes, mais une fois trouvés, ils étaient fait comme des rats, surtout si les aurors bouclaient le périmètre magiquement.
« Ils comptaient clairement sur le fait de ne pas être trouvés. »
Léna acquiesça, le nez plongé dans ses nouveaux papiers d'identité. Juste après avoir reçu des nouvelles rassurantes du front où la majorité des aurors étaient allés – et où ils étaient encore, réparations et sortilèges d'oubliette oblige – elle et Harry s'étaient rendus dans le département qui s'occupait de rendre crédibles les infiltrations. Miriam, une jeune femme d'une trentaine d'années, s'était tout de suite mise au travail pour lui créer une raison de se trouver à Penrhyndeudraeth sans attirer l'attention, cela étant un poil plus compliqué que d'inventer une identité de toute pièce comme elle l'avait fait pour Sidley, Amarianne et Mira un peu plus tôt dans la journée. Ils avaient tous mangé leur déjeuner en quatrième vitesse au milieu des papiers, l'excitation d'arriver enfin à bout de cette fichue mission les rendant incapable de s'intéresser à autre chose ou de faire une pause. Anthony les avait abandonnés en début d'après-midi quand les premiers retours des trois « faux-flics » étaient arrivés. La chance leur souriait, même si ça ne les faisait pas avancer vers les rebelles autant que la découverte de Léna, ils avaient réussit à mettre la main sur un registre qui détaillait un certain nombre de déplacements de Wester vers une personne qu'ils avaient à l’œil et soupçonnaient depuis plusieurs mois. Si tout se passait bien, un autre criminel serait arrêté sous peu. Tony s'était du coup installé à part, rassemblant tous les documents qu'ils avaient sur cette personne pour briefer l'équipe et leur donner de quoi interroger et acculer le suspect.
De son côté Miriam avait réussi à trouver un moyen d'infiltration quasi parfait. Penrhyndeudraeth étant essentiellement habité par des personnes du troisième âge, l'arrivée de Léna allait forcement attirer l'attention. Elle avait du coup décidé de ne pas la faire passer pour une nouvelle habitante potentiellement suspecte mais pour la petite-fille d'une vieille de la commune. Elle serait donc volontairement mise au premier plan, les ragots et les histoires tournant vite dans de genre d'endroit autrement relativement peu palpitant, et se fondrait dans la masse, probablement sans que les rebelles ne lui prêtent attention. Ou en tout cas, elle n'aurait qu'à la jouer discrète pendant les premiers jours, il était peu probable qu'ils s’intéressent en détail à quelqu'un qu'ils croyaient être moldu. Sa « grand-mère », Ann Sullivan, était une veuve de quatre-vingt-cinq ans ayant eu six enfants et quinze petits enfants qui lui rendaient rarement visite, tous suffisamment âgés pour ne plus avoir envie de s'enterrer dans une campagne paumée pendant leurs vacances. Aucun de ses voisins ne connaissaient l'ensemble de la fratrie puisqu’elle s'était installée à Penrhyndeudraeth seulement après sa retraite et que la famille n'avait pas grandi là-bas. Cela donnait l'énorme avantage de ne pas avoir à créer une excuse magique et donc à ensorceler les autres habitants, la seule intervention qu'il y aurait à faire serait sur Ann elle-même et sur son intérieur, quelques photos comprenant Léna ajoutées à celles de la familles rendant l'histoire encore plus crédible s'il y avait des visiteurs.
La jeune femme passerait donc les prochaines vacances scolaires moldues chez sa grand-mère, ayant presque deux semaines pour récolter des informations et les transmettre au ministère. Ils avaient décidé d'un commun accord que des déguisements et des changements corporels obtenus par la magie seraient trop instables sur cette durée et surtout inutiles. La probabilité pour qu'elle ai été repérée lors de sa dernière mission d'observation, presque un an auparavant, était maigre aussi avaient-t-ils décidé qu'un simple passage par un coiffeur, tout à fait moldu, suffirait. Léna les avait donc quitté en révisant à mi-voix les noms de tous les membres de la famille – sa famille – et leurs liens de parenté. Moins de deux heures plus tard, elle revenait les cheveux court, presque à la garçonne, un brun roux remplaçant le châtain clair auquel tout le monde était habitué.
« Oh. Ça te change. »
Anthony venait de lever le nez de ses documents, ayant mis cinq bonnes secondes à réaliser qui se trouvait devant lui. Miriam enchaîna immédiatement.
« Impeccable. Tu avais raison, ce n'est pas la peine de faire plus. Peut-être changer légèrement ta garde-robe ? Une jupe et un chemisier et tu ne seras plus du tout reconnaissable, même par nous. »
La jeune femme esquissa un sourire, ironisant ensuite sur le fait que si les petits vieux de Penrhyndeudraeth appréciaient la jeunesse sage et rangée, elle n'aurait aucun mal à obtenir leur confiance et leur extorquer toutes les informations qu'elle voulait.
Le seul souci résidait dans la manière d’ensorceler Ann Sullivan. Personne n'excluait la possibilité que les rebelles surveillent toute activité magique dans leur secteur et il allait également falloir trouver un moyen crédible de se faire inviter chez la vieille femme pour pouvoir intégrer Léna à ses souvenirs à l'abri des regards indiscrets. Le premier problème n'en était finalement pas un puisqu'il suffisait de créer une barrière magique autour de la zone où le sortilège aurait lieu.
« Mais la création de cette barrière va aussi laisser une emprunte magique, non ? »
Harry secoua négativement la tête en se tournant vers son apprentie.
« Non. Enfin oui, si c'est une personne présente sur le lieu qui la crée. Ce qu'il faut retenir avec ce genre de système c'est qu'il est par nature fait pour ne pas être détectable une fois installé. La seule chose qui peut être ressentie, s'il est correctement mis en place, est l'énergie magique qui est relâchée au moment de sa création.
-Donc il faudrait avoir créé la barrière à l'avance ? »
Le brun acquiesça et, devant l'air perplexe de Léna, il reprit.
« Il suffit de créer la barrière ici par exemple, mais de l'ancrer sur des objets plutôt que sur le lieu. Comme ça se ne sera pas ce bureau qui sera isolé mais l'espace compris entre ces objets. Ensuite tu les glisses dans ta valise et tu les installes autour du salon d'Ann Sullivan avant de l’ensorceler. »
Il fallait donc néanmoins réussir à se faire inviter chez l'octogénaire sans que cela paraisse suspect aux yeux d'un potentiel voisinage curieux. Après avoir débattu quelques minutes, ils décidèrent que passer par un objet magique était encore une fois la meilleure solution. Il suffirait que Léna établisse un contact physique pour pouvoir, pendant quelques secondes, influencer l'esprit d'Ann pour la pousser à aller dans son salon. Un sortilège aurait été détectable et de toute manière, le seul qui s'approchait le plus du résultat escompté était l'impérium, et il n'était pas impardonnable pour rien. L'idée était de faire germer dans l'esprit de la vieille femme une volonté, pas de la contraindre en causant des dommages à son cerveau moldu.
« Mais vous savez faire ce genre d'artefact magique ? »
Anthony releva de nouveau la tête de ses papiers.
« En théorie il y a des gens spécialisés pour ça, mais ils se font rare. On a tous reçu une formation de base en tout cas. Les deux qui se débrouillent le mieux dans notre département sont Ingrid et Peter.
-Ce sont eux qui s'en chargeront quand ils seront rentrés d'Irlande du Nord, continua Harry. On verra aussi les détails pour le sortilège de remplacement de mémoire. »
Ils n'eurent pas longtemps à attendre puisque moins d'une heure plus tard les unités débarquèrent presque toutes en même temps, brisant le silence qui s'était installé dans l'étage des aurors. Après un passage obligatoire à l'infirmerie qui ne dura que quelques minutes – il n'y avait que quelques égratignures en guise de blessures – tout le monde se dirigea en salle de réunion, leur directeur les y attendant avec Léna et Anthony.
Les porte-paroles de chaque unité résumèrent leurs actions rapidement avant qu'ils ne se mettent à discuter plus en détail certains éléments. Le point positif principal était que les rebelles n'avaient pas cherché une confrontation directe aussi violente que d'ordinaire. Leur principale activité avait été la pose de sortilèges empoisonnés, et la destruction de ceux-ci était ce qui avait pris autant de temps aux aurors. Il y avait également eu peu de moldus touchés, un très petit nombre avait dû être transporté à St Mangouste pour stopper la propagation du poison, mais ils ne se réjouissaient pas pour autant. Si cela faisait beaucoup de bonnes nouvelle pour un type de mission qu'ils avaient tous tendance à redouter, c'était aussi très inhabituel et imprévu de la part des rebelles. Beaucoup soutenaient l'hypothèse qu'il fallait justement se méfier, que leurs opposants tentaient probablement d'endormir leur vigilance avant une attaque bien plus forte.
Une remarque qui aurait pu sembler anodine fit pourtant réagir Harry, Anthony et Léna, un auror prétendait qu'un rebelle, au lieu des pièges habituels, en laissait derrière lui une version totalement inoffensive qui ne faisait que lâcher des confettis. Ils échangèrent un regard entendu, n'ayant brusquement aucun doute sur l'identité du plaisantin. Le directeur du bureau des aurors se racla la gorge, l'attention de tout le monde se reportant sur lui.
« Il y a quelque chose dont il faut que je vous parle. J'ai gardé ça pour moi pendant un moment, le temps de m'assurer que je ne m'imaginais pas des choses, mais maintenant je pense qu'il est important que tout le monde soit au courant. »
Il fit une pause, cherchant ses mots, mais un seul regard vers le calme et l'assurance affichés d'Anthony le rassura.
« Vous n'êtes pas sans savoir que je connais personnellement Draco Malfoy et... je ne vais pas revenir sur les événements du manoir du corbeau, mais pour faire simple, il a été enlevé par les rebelles à ce moment là alors que j'étais laissé pour mort. Il y a peu de temps j'ai reçu une lettre de lui. »
Une mouche vola, tous retenant leur souffle, la surprise se lisant sur la plupart de leurs visages.
« Il a l'a envoyé par voie moldue, probablement pour échapper à la surveillance des rebelles. Il n'y avait à l’intérieur qu'un mot que seul moi pouvait comprendre et le nom et l'adresse du type chez qui je suis allé avec Léna et sur lequel Amarianne, Mira et Sidley sont partis enquêter. »
Des chuchotis s’égrainèrent, prenant de l'ampleur, chacun partageant sa surprise avec son voisin, certain ne pouvant s’empêcher de remarquer la prise de risque que cela avait été. Anthony se redressa, s'installant correctement sur son siège et leva la main pour attirer l'attention de tout le monde.
« J'imagine que beaucoup comme moi ont envie de dire que c'était un peu suicidaire de faire confiance à Malfoy. Je vais être tout à fait honnête, j'ai changé d'avis. »
Le silence suivit sa déclaration et, point par point, il expliqua sans sourciller les raisons qui le poussaient désormais à croire qu'en aucun cas ça n'aurait pu être un piège, outre le fait qu'Harry et Léna étaient rentrés sains et sauf. Plusieurs aurors acquiescèrent pendant qu'il parlait, les expressions fermées de certains se détendant progressivement, et leur directeur lâcha un discret soupir de soulagement. Avoir Tony de son côté pour convaincre toutes les équipes était non négligeable et il se promit de trouver un moyen de le remercier en bonne et due forme.
« Donc vous pensez que Draco est bien retenu chez les rebelles contre son gré et qu'il cherche à nous venir en aide ? »
C'était Padma qui avait parlé, une lueur d'espoir dans le regard.
« Tout à fait. J'avais même imaginé, connaissant Draco, qu'il ait essayé de s'infiltrer dans leurs rangs en endormant leur méfiance. S'il a pu aller poster la lettre que j'ai reçue, c'est qu'il a un minimum de liberté et je ne peux pas m’empêcher de faire le lien avec ce que Mark vient de dire. »
Il y eu de nouveau un silence, tous se tournant vers l'intéressé et se remémorant sa découverte à propos du poseur de pièges-confettis.
« On aurait donc un espion parmi leurs rangs ? »
Harry acquiesça et un murmure d’excitation se répandit parmi les aurors.
« Mais nous avons encore mieux. En prenant cette enquête avec un point de vue moldu, Léna à mis le doigt sur un détail important. Saviez-vous que le timbre qui sert à payer l'envoi d'une lettre est tamponné ? Et que sur ce tampon figure le nom du lieu d'expédition ? »
Ses mots planèrent quelques secondes avant que le murmure ne se transforme en brouhaha, l'implication de ce qu'il venait d'expliquer provoquant la joie des aurors, Harry leur laissant une dizaine de seconde avant de lever la main pour réclamer le silence.
« On ne va bien évidemment pas débarquer là-bas sans analyse préalable. Il faut que l'on frappe une fois et une seule. Léna est déjà en train de se préparer à aller sur le terrain en observation. Elle aura une couverture solide pour deux semaines. D'ici là reposez-vous au maximum, nous aurons besoin de tous les aurors au meilleur de leur forme pour intervenir et mettre fin aux agissements de ces rebelles. »
.oOo.
Ce fut Miriam qui se chargea, deux jours plus tard, de conduire la jeune fille à Penrhyndeudraeth puisque, ayant toujours été dans les bureau du département, elle était celle qui avait le moins de chance d'être repérée. Harry avait tergiversé un moment, l'idée d'envoyer quelqu'un qui n'était pas agent de terrain lui déplaisant un peu, mais après tout elles arriveraient en voiture moldue, se faisant passer pour tel, et les rebelles n'avaient aucun intérêt à s'en prendre à leurs voisins proches sous peine d'attirer l'attention sur leur cachette.
Après un long trajet sur une multitude de petites routes sinueuses qui passaient par les monts du pays de Galles, elles arrivèrent en fin d'après-midi dans la petite bourgade paumée qu'elles visaient, retrouvant sans peine la maison de la future grand-mère de Léna. Une fois garées, celle-ci profita de l'absence de passants pour filer jusqu'à la porte d'entrée et, dès que la vieille eu ouvert, se jeter à son cou avec un « mamie » sonore, faisant bien attention à garder le bracelet qu'elle portait au poignet contre la peau de l'octogénaire. Exactement comme Ingrid et Peter le lui avait demandé, elle répéta en boucle dans sa tête ce qu'elle voulait qu'Ann Sullivan fasse. Et après deux secondes d'hésitation, elle sentit deux bras se resserrer autour de ses épaules en une étreinte un peu maladroite. S'ils y avait des observateurs curieux, cela ferait l'affaire. La jeune femme retint un soupir de soulagement et jeta un coup d’œil derrière elle pour s'assurer que Miriam, chargée de sa valise, lui emboîtait bien le pas lorsqu'elle se fit entraîner vers ce qui devait être le salon de la petite habitation.
Léna perdit le contact au moment où elles pénétraient dans la pièce, Ann Sullivan faisant encore quelques pas avant de s'arrêter et de regarder autour d'elle, observant silencieusement et avec un air un peu perdu son canapé, ses fauteuils et tous les meubles qui remplissaient l'espace, un peu comme lorsque, après s'être rendu dans un endroit pour faire quelque chose de précis, on réalise en arrivant que l'on a oublié la raison pour laquelle on s'était déplacé. Miriam ne perdit pas une seconde, extirpant les quatre classeurs vides servant d'artefact – ils n'avaient rien trouvé de mieux sur le moment – et les disposant à chaque coin de la pièce avant de tirer les rideaux de la fenêtre qui donnait sur le rue. Et dès qu'elle pu sentir la barrière d'isolation, Léna transplana. Ingrid avait bondit sur ses pieds dès qu'elle avait entendu le pop sonore de son arrivée et ne perdit pas une seconde pour la rejoindre et s’accrocher à son bras, les quelques personnes présentes dans la salle de transplanage de l'étage des aurors leur souhaitant bonne chance avant qu'ils ne disparaissent pour laisser place au flou coloré qui les secoua de nouveau jusqu'au salon d'Ann Sullivan.
Ingrid rejoignit la vieille femme en quelques enjambées, lui attrapant la main pour lui glisser un petit bracelet au poignet. Encore un objet magique, censé calmer la moldue au cas où l'agitation à laquelle elle venait d'être soumise provoquait une réaction de panique. Rendue brusquement particulièrement docile, Ann Sullivan se laissa emmener jusqu'à son grand canapé bleu, s'installant à côté de la sorcière sans dire un mot, son regard un peu perdu passant successivement de Miriam – qui traficotait maintenant toutes les photos de famille présentes dans la pièce – à Léna avant de retourner vers Ingrid lorsque celle-ci se mit à lui parler doucement, lui proposant de tenir une jolie petite statuette en cuivre dans laquelle était enchâssée une pierre qui luisait à la lumière.
La plus jeune des quatre s'assit sur le tapis, juste en face de sa grand-mère, comme le lui avait demandé l'auror, et resta immobile, observant le sortilège que son aîné était en train de tisser. Même si ses yeux étaient incapables de déceler ce qui était en train de se passer, elle devinait sans peine l'énergie magique qui entourait les deux femmes, flottant autour d'elles doucement et légèrement, tellement loin des explosions brusques qu'étaient les sortilèges qu'ils jetaient habituellement. Ingrid parlait d'une voix douce, presque hypnotisante, incitant l'octogénaire à se souvenir d’événements précis ayant rassemblé toute sa famille. Comme elle l'avait rapidement expliqué à Léna, elle n'altérait pas la mémoire d'Ann Sullivan, tissant simplement des ajouts et laissant ensuite la mémoire humaine se les approprier. Contrairement à ce que beaucoup de personnes avaient tendance à croire, la mémoire était loin d'être quelque chose d'inaltérable et de fixe. Elle était en constant changement, le moindre fait de se remémorer quelque chose modifiant le souvenir qui y était lié, et, étant dirigée inconsciemment par la raison, elle s'adaptait toujours pour combler les trous et les incohérences. Ainsi la mémoire d'Ann était en train de s'adapter aux nouveautés qui lui étaient proposées, créant très probablement des souvenirs propres indépendamment de l'action d'Ingrid. Léna n'aurait ensuite qu'à être bonne actrice si la vieille femme lui en parlait, pouvant également facilement se reposer sur l'excuse de sa jeunesse si cela impliquait des événements qui remontaient un peu trop dans le temps.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, l'auror poussa un soupir en se massant les tempes, relâchant son attention jusque-là fixée sur l'octogénaire. Celle-ci avait les yeux fermés, sa tête reposant sur le dossier de son canapé et la respiration calme.
« Elle s'est endormie ?
-C'est épuisant de réécrire sa mémoire. Mais elle ne va pas tarder à se réveiller. »
Léna acquiesça, sautant sur ses pieds pour rejoindre Miriam qui la briefa très rapidement sur la maison qu'elle venait de visiter, histoire qu'elle n'ait pas l'air perdue dans un espace qu'elle était censée connaître. Puis les trois femmes rejoignirent le milieu du salon, la plus jeune d'entre elle souriant à toutes leurs recommandations avant de les assurer qu'elle saurait faire son travail. Elle recula d'un pas pour les laisser transplaner et, après un pop sonore qui résonna dans le salon, Léna se retrouva seule avec l'octogénaire qui commençait tout juste à émerger.
Ann Sullivan l'avait parfaitement adoptée. Comme l'avait prévenue Ingrid, la vieille femme avait parfois eu quelques absences le premier jour, semblant se perdre dans ses pensées au point de rester plantée où elle se trouvait, interrompant ses gestes au milieu d'une action. Mais passé la première soirée, elle était devenue une grand-mère drôle et dynamique pour laquelle Léna s'était totalement prise d'affection. Quand elle lui avait expliqué avoir envie de se promener dans les environs, Ann lui avait immédiatement déniché une vieille bicyclette encore en état dans le fond de son garage, glissant avant chacune de ses escapades une gourde d'eau et un paquet de gâteaux dans le panier en osier accroché au guidon. Elle l'accompagnait même parfois avec son propre vélo, loin d'être diminuée par son age déjà avancé et offrant sans le savoir à Léna un surplus de protection. Même si les rebelles étaient sur leurs gardes, jamais ils n'auraient soupçonnés une vieille de quatre-vingt-cinq ans en bicyclette.
La jeune femme commençait à avoir quadrillé une bonne partie de la campagne environnante mais elle n'avait encore sentit ni sortilège de protection ni aperçu de bâtisse suffisamment grande pour servir de QG. Il lui restait encore du temps, mais elle savait que du côté des aurors, le stress commençait à monter. Elle était en contact continuel avec le bureau et Harry grâce à un moyen excessivement moldu : un téléphone portable. D'abord réticents à l'idée de faire confiance à une technologie aussi étrange et incompréhensible, les aurors avaient fini par reconnaître ses énormes avantages. Pas d'utilisation de magie traçable – la barrière magique portable n'avait pas été conçue pour durer indéfiniment, cela aurait demandé trop d'énergie, et les classeurs étaient pour le moment rangés les uns dans les autres pour économiser le sortilège en cas de besoin – et pas de chouettes ou hiboux qui auraient attiré l'attention de leurs ennemis. Il n'y avait absolument aucune chance que les rebelles, si fermement pro-sorciers, aient la capacité de tracer les communications et en plus de ça, si Ann Sullivan surprenait Léna en train d'envoyer un message par cet intermédiaire, c'était nettement moins compliqué à expliquer que si elle avait la tête enfoncée dans une cheminée.
Ils évitaient par principe d'utiliser un vocabulaire trop spécifique, alors en rentrant bredouille chez sa grand-mère après avoir exploré pendant tout le début de l'après-midi, Léna tapa rapidement un message qui vantait le paysage qu'elle avait vu, expliquant qu'il n'y avait vraiment rien de moche dans les environs – une façon un peu naïve mais efficace de désigner une potentielle base rebelle. Et vu le nombre de smiley qui arriva dans la réponse, ce devait être Sidley qui s'occupait de la réception pour la journée. Certains aurors qu'Harry avait formé à l'utilisation du portable avaient l'air de bien s'amuser.
La jeune femme descendit ensuite à la cuisine, découvrant avec un sourire sa grand-mère penchée au dessus du comptoir où elle avait ouvert son gros livre de cuisine. Après tout, on lui avait bien répété que passer du temps avec Ann était nécessaire au maintien de sa couverture, alors c'était avec plaisir qu'elle lui prêtait main forte pour la confection de toutes ses recettes. La vielle releva la tête en l'entendant s'approcher, ses yeux bordés de rides se plissant en même temps que ses lèvres s'étiraient.
« Je voulais faire une tarte aux myrtilles. C'est suffisamment rapide à faire pour qu'on puisse la manger au goûter. Mais j'ai peur qu'il nous manque du sucre, j'ai oublié d'en racheter ce matin. »
Léna fit le tour du comptoir pour fouiller dans un des placard et se redressa en acquiesçant.
« Il n'y a plus qu'un fond, mais je peux aller en chercher. Je fais l'aller-retour en moins de dix minutes en vélo.
-Si ça ne te dérange pas ma puce...
-Pas du tout. En plus tu ne m'as pas encore appris cette recette. »
Et avec un grand sourire, elle courut ré-enfiler ses chaussures, Ann déposant son petit porte-monnaie en cuir dans le panier en osier alors qu'elle enjambait le cadre.
« Tu ne me le perds pas, hein ?
-Promis mamie ! »
Et elle enfonça la pédale d'un coup sec, se faisant la réflexion que cette mission d'infiltration ressemblait de plus en plus à de vraies vacances.
Mais après avoir dévalé la grand-rue et coupé par la place principale, Léna se retrouva face à la grille fermée du magasin, un petit écriteau accroché avec une ficelle annonçant que pour raison personnelle, la boutique serait fermée jusqu'au lendemain.
« La patronne a dû aller chercher son n'veu à la gare, à trente kilomètres de là. Elle s'ra pas de retour tout de suite. »
C'était un des petits vieux de ceux toujours assis en rang d'oignon sur les bancs de la place qui venait d'interrompre leur discussion pour se tourner vers elle, ajoutant ensuite que si elle était vraiment pressée, il y avait de quoi faire des courses dans la toute petite bourgade d'à côté. Léna poussa son vélo vers eux, écoutant patiemment leurs indications pour s'y rendre avant de les remercier avec un grand sourire et de s'engager à nouveau sur la grand-rue. Comme les petits vieux de la place lui avaient expliqué, elle se retrouva dans le hameau visé en moins de cinq minutes, reconnaissant en même temps qu'elle passait entre les premières habitations une zone explorée en début de semaine qui semblait encore plus vide que Penrhyndeudraeth.
La clochette retentit dans la supérette quand elle poussa la porte, saluant le vendeur d'un signe de tête et celui-ci lui répondant d'un sourire avant de reporter son attention sur le petit téléviseur qui diffusait un match de foot, un commentateur s'égosillant en arrière-plan. Il n'y avait quasiment personne dans le magasin, seulement un type penché devant le rayon de charcuterie à l'entrée et un autre planté devant les boites de conserves un peu plus loin. Léna passa derrière le premier en haussant un sourcil, avisant son grand manteau dont le bout était couvert de terre et son absence de réaction face à sa présence. Comme beaucoup d'endroits qui ne fonctionnaient pas au régime d'anonymat des grandes villes, il était courant que tout le monde se salue. Quelqu'un qui ne le faisait pas était soit un étranger mal informé soit quelqu'un qui cherchait volontairement à éviter les contacts. Ayant été briefée sur la possibilité que les rebelles envoient certains d'entre eux au village le plus proche pour le ravitaillement, ce genre d'attitude ne pouvait que lui mettre la puce à l'oreille.
Léna s'arrêta devant le rayon qui l'intéressait, attrapant le premier paquet de sucre qu'elle voyait, et, tout en faisant mine de regarder l'emballage, elle jeta un discret coup d’œil vers le deuxième homme. Le contre-jour faisait ressortir son profil, son nez très droit et ses sourcils légèrement froncés, les mèches un peu trop longues d'un blond presque blanc retombant sur son front et ses doigts qui les écartait par réflexe. La jeune femme sentit son cœur louper un battement, détaillant avec beaucoup plus d'intensité l'homme qui se trouvait à moins de trois mètres d'elle. Même penché devant des haricots en conserve il y avait quelque chose d’étonnamment noble qui se dégageait de sa présence et Léna reporta très vite son regard sur le paquet de sucre qu'elle serrait nerveusement entre ses doigts, ayant manqué de le lâcher à cause de la surprise. Même sans l'avoir rencontré personnellement, elle n'avait aucun doute sur l'identité de cet homme. Draco Malfoy. Son cerveau se mit à tourner à toute vitesse, envisageant toutes les possibilités qui pourraient découler de cette rencontre et le danger que cela représentait. Mais il ne lui avait pas fallu plus d'un dixième de seconde pour savoir qu'une opportunité comme celle là ne se reproduirait pas, aussi se fut sans hésitation qu'elle s'approcha des conserves, une main fermement serrée autour de son paquet de sucre et l'autre enfoncée dans sa poche, le pouce contre les boutons latéraux de son portable – une simple pression enverrait le message d'alerte qu'elle avait programmé d'avance – et l'index et le majeur pressés autour de sa baguette. Après avoir vérifié que l'autre inconnu était toujours en train de comparer deux paquets de jambon, elle fit un pas de plus vers le blond, gardant sa voix la plus basse possible.
« Draco Malfoy »
Celui-ci releva brusquement la tête, une lueur de stupéfaction traversant ses yeux quand il réalisa que la jeune femme à côté de lui le fixait toujours et qu'il n'avait pas rêvé ce qu'il venait d'entendre. Priant pour que son directeur ait eu raison depuis le début de placer sa confiance en cet homme, Léna souffla de nouveau.
« Je suis du bureau des aurors. »
Son interlocuteur jeta immédiatement un coup d’œil vers l'autre homme, se retournant ensuite pour lui indiquer le fond du magasin d'un brusque signe de tête. Léna acquiesça, rejoignant le rayon des boissons, invisible depuis la porte d'entrée. Malfoy était là trois secondes plus tard, se baissant légèrement vers elle pour éviter d'avoir à élever la voix.
« Auror ? »
La jeune femme hocha rapidement la tête, hésitant une seconde avant de se remémorer ce que Potter lui avait dit juste avant son départ.
« Harry dit qu'il est toujours un éternel optimiste et que vous manquez à Archimède. »
Le visage de son interlocuteur se détendit brusquement, la crispation faisant place à la fatigue et au soulagement.
« Il est... vivant ?
-Il va bien. Il s'inquiète pour vous. On a reçu votre lettre. »
Malfoy se redressa légèrement, l'urgence de la situation semblant se rappeler à lui, et la seconde d'après il chuchotait le plus vite possible.
« Les rebelles sont dans un manoir à un kilomètre d'ici, dans la forêt. Il y a un long chemin privé pour y accéder et à cause des arbres on ne peut l’apercevoir que depuis la petite colline au dessus, mais c'est un champ, il n'y a pas de chemin. On peut voir un clocher de là-bas mais je n'ai pas de nom et pas de localisation plus précise. »
Léna acquiesça en clignant des yeux. Cela lui serait suffisant pour situer l'endroit. Son interlocuteur reprit immédiatement.
« Il y a une cinquantaine de rebelles et Fenrir Greyback là-bas mais tous ne sont pas de bons combattants. Ils pensent que je suis avec eux mais continuent à me faire porter ça, sûrement comme une forme d'humiliation. Et si je me retourne contre eux, ils me tuent à distance. »
Il venait de placer son poignet sous le nez de la jeune femme, la laissant observer le bracelet tout en continuant ses explications à toute vitesse.
« La personne qui est vraiment derrière cette organisation n'est pas là, elle contacte Fenrir pour lui donner ses ordres, c'est tout. La prochaine attaque aura lieu dans cinq jours dans la banlieue est de Dublin mais ce sera essentiellement pour poser des pièges et endormir la méfiance des aurors. »
Voyant que Léna réagissait à la mention des pièges, il leva un sourcil, la laissant reprendre la parole.
« Les confettis ? »
Le visage de Malfoy s'étira d'un petit sourire satisfait.
« C'est moi. Pour les autre c'est une potion qui est à la base du sortilège. Ils trempent leur baguette dedans avant la mission, c'est pour ça que les défaire doit être une galère. »
La jeune femme hocha la tête, les sourcils froncés de concentration.
« Il y a une antidote ?
-Oui, effective si administrée dans les dix minutes.
-Ils arrivent à interrompre la propagation à St Mangouste, pas à soigner.
-L'antidote réglera le problème, pas de soucis avec ça. »
Puis après une seconde de silence, le blond soupira.
« Une attaque massive se prépare. Londres, place de la bourse, dans dix jours. Les moldus sont visés, ils faut que vous interveniez avant pour faire capoter le truc sinon vous n'arriverez jamais à éviter le grand nombre de victimes qu'ils veulent. »
Léna fronça les sourcils. Les aurors se doutaient que quelque chose de ce genre n'allait pas tarder à arriver, mais que ce soit Londres qui puisse être visée n'avait pas été pris en compte. Si une telle chose se produisait les conséquences seraient catastrophiques, autant pour l'équilibre du monde sorcier que moldu. Elle ne se laissa pas le temps de réaliser l'ampleur que cela pouvait prendre et de paniquer, ses habitudes de future auror se mettant immédiatement en branle.
« Le mieux serait d'intervenir pendant la petite attaque, profiter qu'il y ait moins d'hommes sur place pour occuper la zone et tendre un piège à ceux rentrant ensuite. Combien resteront sur place ?
-Je ne sais pas, je n'ai pas encore regardé les affectations— »
Ils se turent tout les deux en entendant une voix bourrue appeler le blond depuis le devant du magasin. Puis des pas, et Malfoy souffla rapidement un demain, même lieu, même heure, avant que Léna ne se précipite dans le rayon d'à côté, essayant de calmer les battements erratiques de son cœur alors que les deux hommes se mettaient à converser à voix basse.
Dès qu'elle fut sûre que son visage ne trahissait plus rien, elle rejoignit la caisse en évitant l'endroit où se trouvaient Malfoy et l'autre type, payant rapidement avant de filer dehors.
.oOo.
Sidley était affalé sur un siège qu'il avait ramené dans le bureau de son directeur, pianotant sur un des accoudoirs tout en fixant le portable posé devant lui. Pas qu'un message risque d'arriver puisqu'il en avait déjà réceptionné un alors qu'il sortait tout juste de la salle d’entraînement et que Léna écrivait rarement plus qu'une fois par jour. Mais il n'avait rien d'autre à faire et rentrer chez lui alors que l’excitation d'arriver bientôt au dénouement de cette foutue mission pulsait dans ses veines aurait été inutile, il se serait retrouvé à tourner comme un lion en cage et n'aurait pas supporté l'idée de pouvoir louper un avancement quelconque. Harry, ayant à peu près la même logique, était installé devant son bureau, occupé à rédiger le début du rapport qui serait ensuite remis au ministre de la magie. Beaucoup d'aurors, en fait, avaient du mal à quitter le ministère et il n'était pas rare que leur directeur soit obligé de les forcer à rentrer chez eux pour rassurer leurs familles et passer la nuit dans de bonnes conditions. Les plus réfractaires avaient installé un dortoir de fortune dans l'infirmerie, réussissant à amadouer FanYu en lui expliquant qu'ils n'arriveraient pas à dormir chez eux et qu'il fallait bien qu'ils se reposent quelque part s'ils voulaient être en forme quand il faudrait intervenir. Sidley était un de ceux là, souvent rejoint par Anthony, Amarianne et Ingrid, cette dernière préférant rester prête à intervenir en urgence sur le sortilège qu'elle avait posé sur Ann. Si Léna reportait le moindre problème à ce niveau là, elle devait pouvoir aller corriger les choses en quelques minutes et éviter de faire exploser la couverture de leur auror sur le terrain. Harry aussi vivait dans le département des aurors pour les mêmes raisons que Sidley, Archimède ayant obtenu le droit de rester avec lui après avoir fait une crise monumentale qui avait renversé la moitié de la bibliothèque de son maître. Elle s'occupait principalement en se perchant quelque part dans la salle d’entraînement pour observer tous les aurors qui s'y retrouvaient pour se garder en forme et évacuer le stress et l'excitation, et dès qu'elle en avait marre, elle retournait dans le bureau du directeur, se perchant sur les poignées de tiroirs. C'était là qu'elle se trouvait pour le moment, la tête – seule partie de son corps qui dépassait au dessus de la table – tournée vers Sidley, celui-ci essayant désespérément de l'attirer avec de petits sifflements. Mais la chouette ne bougeait pas, se contentant de le fixer d'un air impassible.
« Patron, je crois qu'Archimède ne m'aime pas. »
Harry releva la tête pour jeter un coup d’œil à l'oiseau et esquissa un sourire avant de se remettre à écrire.
« Au contraire, si elle ne t'aimait pas elle t'ignorerait complètement ou t'aurait attaqué pour tout le bruit que tu fais. Là elle attend de voir combien de temps tu vas l’appeler. Elle se fait désirer.
-Elle est comme ça avec tout le monde ?
-Il y a des gens qu'elle ne supporte pas par principe, mais pour les autre oui. Il n'y a que Effie, Draco et moi qui pouvons la caresser sans nous faire pincer. Elle ronronne comme un chat dans ces moments là. »
Sidley pouffa.
« Elle aime Draco à ce point ? Tel piaf, tel maître, c'est ça ? »
Le regard noir d'Harry se posa sur lui, Archimède lâchant brusquement un roucoulement qui avait l'air particulièrement amusé et l'auror ne pu retenir son hilarité.
« Ah, elle est d'accord avec moi. »
Toute réplique potentielle fut interrompue par la vibration du portable posé sur la table, son écran s'éclairant faiblement pendant quelques secondes avant que Sidley ne se jette littéralement dessus. Archimède avait sauté sur la table, ses griffes cliquetant sur le bois, elle comme son maître fixant brusquement leur attention sur le petit appareil. L'auror pianota sur les touches avec empressement, lâchant une exclamation en voyant que c'était bien un nouveau message de Léna – pas qu'ils reçoivent des messages de qui que soit d'autre sur ce portable – puis l'ouvrit pour le lire à haute voix.
« J'ai rencontré un chat blanc très gentil. Mais il a un collier qui le gène dans ses mouvements. Je vais essayer de le revoir. »
Plusieurs secondes de silence s'écoulèrent, Sidley reposant l'appareil sur le bureau – et Archimède sautant immédiatement dessus, semblant bien plus intéressée par cette étrange chose vibrante que par la teneur du message qu'ils venaient de recevoir. Voyant que son oiseau semblait très enclin à picorer l'écran et à arracher les boutons, Harry sortit de sa torpeur pour le lui retirer et le glisser dans la poche de son pantalon.
« Patron, ce chat blanc dont elle parle...
-Un allier. Draco. »
Archimède arrêta brusquement de batailler avec la main de son maître pour atteindre sa poche, se réinstallant sur le bureau en gonflant ses plumes, sa tête penchée passant d'un homme à l'autre.
« Vous pensez qu'elle l'a vu ?
-Voir même qu'elle lui a parlé.
-On aura aucun moyen d'être correctement mis au courant de ce qui s'est passé par ce moyen de communication patron, sauf si elle arrête de crypter ses messages. »
Harry sembla hésiter une seconde avant de hocher la tête.
« Je vais lui dire de rentrer ce soir, il faut qu'on lui parle sans intermédiaires. »
.oOo.
Léna ne tenait plus en place depuis qu'un quand le chat n'est pas là, les souris dansent était arrivé sur son portable de la part du bureau des aurors – affectueusement surnommé Tonton dans son répertoire, initiative d'Anthony. Le chat dont il était question ici n'était autre qu'Ann Sullivan, l'expression étant une manière de lui dire que dès que ce serait possible, elle devrait utiliser ce qui restait de la barrière de protection pour rappliquer au bureau des aurors. Alors elle patientait en faisant la vaisselle du dîner et en rangeant la cuisine, emballant le reste de tarte aux myrtilles en jetant de petits coups d’œil à sa grand-mère assise devant la télé. Si ses calculs étaient justes, l'octogénaire ne devrait pas tarder à monter se coucher, lui laissant la voie libre une dizaine de minutes plus tard, lorsque ses ronflements seraient audible depuis le couloir et surtout suffisamment fort pour que la vieille ne soit pas réveillée par le bruit d'un transplanage. Elle prit son mal en patience, s'occupant comme elle pouvait tout en essayant de paraître la plus détendue possible devant Ann pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille. Quand, enfin, la vieille femme eu disparu pour de bon dans sa chambre après lui avoir claqué un baiser sur la joue, Léna fila dans la pièce qu'elle occupait, fermant doucement la porte derrière elle et allant chercher les classeurs cachés au fond de sa valise. Comme le lui avait conseillé Ingrid, elle les avait rangés les uns dans les autres pour garder l'espace entre eux minimal, évitant ainsi d'utiliser le sortilège pour rien. Pour la même raison, elle attendit nerveusement le temps que sa grand-mère s'endorme avant de les séparer et de les installer de manière à former les angles d'un petit carré dans lequel elle se plaça. Après une seconde d'hésitation, Léna attrapa la chaise de bureau qui lui servait d'habitude à poser ses affaires et la cala contre la porte, bloquant la poignée, puis sauta de nouveau dans la barrière magique, disparaissant immédiatement. Les murs de la salle de transplanage apparurent brusquement autour d'elle, son arrivée soudaine faisant sursauter plusieurs des personnes qui l'attendaient là, Harry se détachant du mur sur lequel il était appuyé d'un coup d'épaule sec. Amarianne était là aussi, tendant la main pour aider Sidley, avachi par terre, à se relever tandis Ingrid et Anthony avaient l'air d'avoir été interrompus dans une conversation, leurs torses toujours légèrement tournés l'un vers l'autre malgré leurs yeux fixés sur l'arrivante. Mais Léna n'eut même pas le temps de les saluer que son directeur se ruait sur elle.
« Léna ! Dans ton message— »
Elle ne le laissa pas poser la question à laquelle elle était préparée, le coupant dans sa lancée.
« Oui, j'ai rencontré Draco Malfoy, et encore une fois avant qu'Harry ne puisse demander quoi que ce soit, elle ajouta, il va bien. »
Deux secondes passèrent dans le silence le plus complet avant qu'un profond soupir ne sorte de la bouche du brun, ses épaules s'affaissant brusquement tandis qu'il lâchait un dieu merci à peine audible. Anthony le rejoignit en quelques enjambées, sa main venant naturellement masser la nuque de son directeur d'une manière rassurante alors que son regard se posait sur l'apprentie.
« Content de te revoir Léna. Maintenant il va falloir que tu nous racontes absolument tout dans les moindres détails. »
.oOo.
Bouh. Me revoilà~
Petit moment râlage : Je sais pas si je vais survire à mes cours. En même temps je devrais même pas être surprise, je sais bien que dans cette école chaque année est pire que la précédente ^^'
Anyway, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, je ne mors pas, promis (Oui je te parle à toi lecteur fantôme, oui oui j'ai bien vu que tu avais subscribé alors sois pas timide :3 !)
Sur ce, je vous fais des bisous et m’attelle immédiatement au chapitre 18 :) |