Titre : Walking On The Sea Genre: le sous-entendu au pouvoir! XD Résumé: Sea, Sex and Sun... h non, au temps pour moi, c'est pas ça ^^ Note : Rien de spécial, mais c'était bien marrant à relire... Et le titre de l'O.S est directement inspiré de la chanson "Walking on the moon", by The Police. Voilà, c'est tout. Bonne lecture... Walking On The Sea Un souffle, un soupir. Un aller, un retour, un murmure continu et lancinant ; le bruit des vagues… Elles vont et viennent au même rythme régulier, elles s’échouent sur le sable, et reviennent presque aussitôt. C’est ainsi, un rythme qui donne l’impression d’être sans fin, infini même, et tant pis pour le cliché. Ca n’est pas l’été, ça n’est même pas une belle journée ; le ciel est agité, mélange de blanc et de bleu, et le vent souffle un air froid et qui mord. La plage est déserte. Wilson est assis là, sur le sable. Ses cheveux sont décoiffés par le vent, ses joues sont un peu rougies et il a les mains gelées. Il porte une parka sombre, un T-shirt à manches longues et un jean. Il n’a absolument pas l’air d’un médecin. Quelque part, c’est très bien. Ca n’est pas à cause du travail qu’il est ici, loin de là, alors, autant que son apparence joue le jeu… Le mouvement régulier des vagues lui vide la tête, et il a presque l’impression d’avoir un cerveau vierge. Etrange sensation… Le poids de ses connaissances ne se fait plus sentir, pas plus que celui de sa propre vie. La mer a cet effet-là sur lui ; elle lui donne l’impression de le laver. S’il l’avait su, il serait venu plus tôt. Ou revenu plus tard, c’est selon. Machinalement, il porte ses doigts à ses lèvres et souffle doucement dessus. Le froid est ici piquant comme un acide très froid ; il ne neige jamais, mais l’air peut parfois y être aussi pur et coupant que du cristal. De le savoir ne le réchauffe pas, mais il n’a pas envie de partir. Il est légèrement en hauteur, sur une dune, mais l’odeur de l’iode est tellement forte qu’elle lui fait légèrement tourner la tête. Ses articulations sont ankylosées à force de rester dans la même position, mais il ne bouge toujours pas Du moins, jusqu’à ce qu’il entende un bruit qui le fait se retourner. Un homme se tient en haut de la grève, une haute silhouette, et le bruit que Wilson a entendu est celui de sa canne frappant le sol. L’homme est trop loin et trop haut pour qu’il distingue son visage, mais il sait pertinemment de qui il s’agit. Et ça n’est pas à cause de la canne qu’il pense cela ; après tout, il y a plus d’un boiteux qui parcoure le monde. C’est juste une impression et, en voyant l’homme descendre et s’avancer vers lui, Wilson sait qu’il ne s’est pas trompé. House. Le pire, c’est qu’il n’est même pas vraiment surpris. Enfin, de là à dire qu’il s’y attendait… Il est cependant vaguement irrité ; quelque chose lui souffle que ça n’est pas normal, que House ait su où il était, et encore moins qu’il soit venu. Wilson fait taire cette petite voix et décide de s’en foutre. Après tout, la plage est à tout le monde, n’est-ce pas… ? Et il tourne la tête vers la mer tandis que House s’assoit à côté de lui avec précaution, sa canne s’enfonçant dans le sable et gênant ses mouvements. Sa présence prés de lui est étrange, terriblement incongrue et presque réconfortante… Wilson ne sait pas quel nom mettre sur ce sentiment. Le silence s’installe entre eux, un peu inconfortable mais pas vraiment gênant. Juste le bruit des vagues, et leur respiration. -Sale temps pour la baignade, finit par lâcher House. Et tu as oublié ton maillot. -Ouais, et j’ai aussi oublié mes brassards. Navrant, n’est-ce pas ? -Quoi, ta blague ? Oui, mais ne t’inquiètes pas, tu gagnes très bien ta vie malgré ça. Wilson émit un sourire bref avant de demander, après quelques instants : -Qu’est-ce que tu fais là ? -Aaah, la mer… personne n’y résiste, pas même moi ! Cette fois, Wilson soupira. Il aurait dût savoir que House ne répondrait pas. Néanmoins, cette manière d’esquiver le sujet… l’air irrité et les sourcils froncés du docteur James Wilson disaient bien assez ce qu’il pensait de l’attitude du diagnosticien. House, pas dupe, s’en rendit compte. -Bah, disons que… tu es partit avec une sale tête… -Partit avec une sale tête ? Répéta Wilson, l’air cette fois plus amusé qu’irrité. Et c’est quoi, une « sale tête », pour toi ? Qu’est-ce que tu es allé t’imaginer, que j’allais me suicider ? -Eh bien, non. Le suicide, ça ne te va pas. En fait, je pense pas que tu le conçoives pour toi, même si tu l’acceptes remarquablement bien quand il s’agit de tes patients. -D’abord, je ne l’accepte pas remarquablement bien… -Je sais, le coupa House. Il tourna son visage vers lui et plongea ses yeux bleus dans les siens. Wilson ne répondit rien et détourna le regard pour que House ne le voit pas ciller un peu trop pour être honnête. Il préférait regarder la mer plutôt que d’aborder le sujet. A côté de lui, House soupira. Qu’importe, Wilson ne lui avait jamais demandé de venir. Il ne lui en avait même pas parlé ! Alors, tant pis pour lui si sa nouvelle énigme refuse de se laisser disséquer. Qu’il parte, ça lui fera les pieds. -Tu sais, dit House d’un ton désinvolte, que je connais une histoire sur la mer. En fait, c’est la femme d’un pêcheur qui meurt en pleine pêche –son mari, pas elle- alors, en gros, elle décide se venger et elle se transforme en une espèce d’oiseau, je ne sais plus vraiment ni lequel ni comment, mais voilà : elle prend dans son bec un petit bout de bois, ou quelques cailloux, elle vole et les jette dans la mer. Et elle recommence, elle ne fait que ça. Tu sais pourquoi ? -Elle veut combler l’océan, murmura Wilson, surpris de la tournure qu’avait prise leur conversation. -Et alors, continua t-il. Qu’est-ce que ça fait ? -Eh bien, c’est idiot, même si logiquement, le raisonnement de la veuve se tient ; il lui faudra tout simplement une éternité de voyages pour remplir sa vengeance. A part ça, hein… rétorqua House. -A part ça, et si elle ne pouvait pas faire autrement ? Tu y as pensé ? Sa vengeance, pour absurde qu’elle soit, n’en est pas moins logique. Et puis, face à la mer, elle ne peut de toute façons qu’être perdante. -C’est bien pour ça que ça ne sert à rien. Wilson tourna son visage vers lui, faisant fi des vagues qui l’apaisaient pour se plonger dans un bleu bien plus dangereux. -Et si tu me disais carrément ce que tu sous-entends, pour une fois ? Ca nous changerait. -Mais je te le dis toujours, répondit House en écarquillant les yeux. -Non, mais c’est vrai que je comprend toujours tes allusions et tes métaphores tordues. -C’est un fait ; alors, pourquoi tu me demandes soudain plus de détails ? Tu as déjà le mode d’emploi ! -Mais c’est toi qui es venu sans y être invité ! Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ça n’est pas vraiment le New Jersey ici, et l’hôpital le plus proche est à une trentaine de kilomètres, alors la bonne vieille excuse du hasard ne tient pas ! -Qu’est-ce que tu fais-là, continua t-il à voix basse. Je ne m’attendais pas du tout à te voir venir. Tu m’as suivi, c’est clair, mais pourquoi ? En manque de divertissements ? Ce fut au tour de House de détourner le visage et de ne pas le regarder. Wilson le fixa un moment avant de se détourner à son tour. Mais la mer ne lui inspirait plus aucune tranquillité. Il songea à cette femme changée en oiseau marin ; probablement une sorte de mouette… Il imagina sa douleur et sa vengeance impossible, et il eut de la peine pour elle. Profondément. Ce qui était idiot. Ca n’était qu’une histoire, et un peu boiteuse en plus… Tout comme son narrateur. Cette pensée lui arracha un sourire. -Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? demanda House. -Rien, rien. -Tu sais, si je t’ai suivi… c’est pas par plaisir, hein… -Tu m’en vois ravi. -Hmm, oui. Bref. Le soleil commença à se coucher, et Wilson se demanda si l’on pouvait faire plus cliché que eux deux, assis là, sur le sable, face à la mer… et se gelant les fesses, ce qui, au moins, cassait un peu ce romantisme bon marché qu’il détestait. -Les gens comme toi… commença House. Il s’interrompit. -En fait, je n’ai pas rencontré d’autre « gens comme toi » reprit-il. Du moins pas vraiment. Tu es un jeu de surfaces et de miroirs assez complexe et, ma foi, j’imagine que ça explique pourquoi cette relation qu’on a tient toujours… Mais ça n’est pas le sujet. La vérité, c’est que ça fait déjà quelques jours que je vois ton beau sourire se fêler un peu plus à chaque conversation polie que tu as. Et, comme je n’ignore rien de tes patients, je sais que le problème ne vient pas seulement de là. Alors quoi ? Ta femme, probablement. Ou tes femmes, peut-être. Mais je pense que ça doit être, en fait, une question sans réponse. Ca arrive. Tu me demandes pourquoi je suis là ? Je ne sais pas, mais ça n’est certainement pas pour te secourir. Non, je n’en ai aucune idée, mais… peut-être qu’à ça aussi, il n’y a pas de réponses. La voix de House avait été basse, un peu rauque, comme s’il s’arrachait doucement les mots de la gorge. Wilson le regarda, sa barbe de trois jours, son air fatigué, ses cheveux décoiffés par le vent, et son blouson de motard. Le vent souffla plus fort, et House referma sa main sur sa cuisse, là où Wilson pouvait presque voir la douleur sourdre et pulser. Il se releva et lui tendit la main : -On y va ? Il souriait, et House, l’air presque hésitant, la saisit ; leurs paumes étaient froides, leurs doigts gelés et, pourtant, une chaleur très douce, une sensation indescriptible coula entre eux à cet endroit, là où leur peau se touchait. House debout chercha sa boîte de Vicodin dans sa poche. Avalant un cachet, il demanda : -Pourquoi ici ? Il y a plein d’autres plages. -Plein, oui, sourit Wilson. Mais je venais passer mes vacances ici avec mes parents, quand j’étais jeune. C’est la seule que je connais, et j’en garde quelques bons souvenirs. [1] -Ah, grimaça House. Bon...On rentre ? Tu es venu en train, je sais, mais je te prêterai mon casque. -Pas question. Les magasins sont encore ouverts, je vais en acheter un. -Les magasins sont fermés, Jimmy. Ils se mirent à marcher, le sable volant autour d’eux, s’infiltrant dans leurs cheveux et dans leurs vêtements. Génial… -Eh bien, on à qu’à prendre une chambre à l’hôtel. A moins, bien sûr, que tu préfères rentrer. Je comprendrai, tu sais. House s’arrêta et, indifférent au vent, au sable et au froid, le regarda durant un moment. Wilson s’apprêtait à retirer ce qu’il avait dit, certain de s’être trompé, quand il répondit : -Okay, ça me va. Mais tant qu’à faire, tu me feras visiter l’endroit, d’accord ? Tu as passé tes vacances ici, tu dois connaître, et je n’ai pas envie de retourner bosser. Il souriait en disant cela, l’air entendu de quelqu’un qui sait à quoi s’attendre et qui sait ce qu’il veut. Il parlait toujours par sous-entendus, bien sûr, mais, au moins, ses sourires étaient clairs.Ils pensaient à la même chose et, ravi au delà des mots de ne pas s’être trompé, Wilson répondit à son sourire. Derrière eux, la mer continuait son ressac régulier, et c’était un son qui, définitivement, semblait n’avoir ni début ni fin, quelque chose de très important mais auquel on ne prêtait attention que par intermittence. Et ni l’un ni l’autre n’y prenait plus garde désormais, ni à elle ni à la vengeance qu’un oiseau aveuglé par la douleur menait contre sa volonté implacable. Ils marchaient sur la grève, et, bientôt, ils ne furent plus qu’un point très loin d’ici. Deux points, pour être précis, qui marchaient presque épaule contre épaule, et qui avançaient contre le vent. Ils disparurent rapidement ; le froid était bien trop coupant pour s’attarder... [1] Hmm, petite référence à une fic anglaise sur House M.D :« The Piano Man » ; la fic en elle-même est superbe mais, puisqu’elle est traduite et publiée par ma Bêta aux multiples talents, je ne saurai trop vous conseiller d’aller vous user les yeux dessus |