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Par Statue de Sel
Docteur House  -  Action/Aventure  -  fr
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Amertume... « The game play of three o’clock in the morning »
 

Titre : The game play of three o’clock in the morning

Résumé : ...

Note : En me relisant, j'ai rigolé... mais un peu nerveusement, j'avoue. C'est définitif, j'ai franchi un pas dans le domaine de la relation tordue et, s'il existe certainement "pire" comme situation à décrire et à raconter, j'avoue ne pas savoir encore laquelle exactement.

'P'têtre pas plus mal...

 

 The game play of three o’clock in the morning

 

 

Il est tard, si tard, et il ne dort pas.

Même l’hôpital est silencieux, c’est dire…

C’est la nuit, et il y a si peu de lumières encore allumées…

Il n’y a que sa lampe de bureau qui brille, et elle n’éclaire guère que son visage et ses mains, mais cela convient à Wilson ainsi. Cette espèce de flou, cette lumière douce qui éclaire si peu et laisse tant de chose cachées dans le noir lui semble infiniment plus reposante que le jour. Plus reposante, même, qu’une bonne nuit de sommeil, semble t-il.

Il ne fait rien, Wilson, ou pas grand chose. Il semble relire un dossier, mais son regard est vague, ses traits relâchés, et le silence toujours aussi grand. Il ne tourne même pas les pages…

Le ciel seul sait peut-être à quoi il pense ; pas House.

Les oncologues ne sont pas censés faire des heures supp’ inutiles, n’est-ce pas ? Ca fait une heure qu’il l’observe, une heure que Wilson ignore ne plus être seul, et House a conscience que cette espèce d’espionnage ressemble à un vol d’image. Cette image qu’il ne connaît pas, cette image que Wilson cache…

Celle d’un homme qui ne fait rien, seul dans la nuit, seul tout court et dont l’expression ne révèle rien…

Ca n’est pas une image que House connaît bien.

Il l’observe en cachette comme l’on surveille le dosage d’un médicament hautement dangereux : ses sourcils sont froncés et ses mains sont serrées autour de sa canne.

Et quand Wilson finit par relever la tête et croiser le regard bleu presque transparent de House, il sursauta.

Quelque part, House en est content, de sa réaction si vive et si brutale, de son épiderme qui se hérisse et de ses yeux qui se rétrécissent ; curieux, comme Wilson ressemble à un animal surpris...

Et la tension dans la pièce augmente d’un coup, comme ça, sans prévenir. Juste parce que Wilson a relevé la tête et que son regard charbonneux a croisé un bleu presque coupant tant il est éclatant.

Ca ressemble à de l’électricité, mais ça n’en est pas. Leurs respirations qui s’accélèrent imperceptiblement, leur peau qui frémit et leur dos qui ploie légèrement sont autant de symptômes incontrôlés et incontrôlables.

Pourquoi ?

Ils sont adultes, civilisés. Ils sont médecins.

Et ils se connaissent depuis bien trop longtemps, certainement.

Mais c’est la nuit, si tard que s’en est presque le jour ; Wilson a passé des heures à se comporter normalement, des heures à faire son travail et des heures à remplir le rôle qu’il s’est crée. Il est fatigué, en réalité, et usé jusqu’à la corde.

Ca ne se voit que la nuit, quand il y a peu de lumière et qu’il se laisse aller à ne rien faire. Ca se voit à ses mains creusées d’ombres qui ne saisissent rien, à son visage qui ne sourit pas, à tout ça et bien plus encore… Et que House le remarque n’est pas quelque chose qui lui fait plaisir, définitivement pas.

Le silence dure, leurs regards brûlent.

House s’avance, claudiquant, et déclame d’une voix basse et vibrante, presque pressante dans une sorte d’urgence incompréhensible :

 

C’est pourquoi je m’approche de vous, malgré l’heure qui est celle où d’ordinaire l’homme et l’animal se jettent sauvagement l’un sur l’autre… »

-« … je m’approche, moi, de vous, les mains ouvertes et les paumes tournées vers vous, avec l’humilité de celui qui propose face à celui qui achète… » [1]J’ai lu la pièce, House, et je suis désolé de te dire que le rôle du dealer ne te convient absolument pas.

-Ah ? répondit House face à lui. Toujours assis dans son fauteuil, Wilson releva la tête et le fixa sans ciller.

-Pourtant, continua House encore plus bas, il y a cette histoire de désir qui vacille comme la flamme d’une bougie, comme cet espèce de reflet qui danse dans tes prunelles…

 

Et là, Wilson ferme les yeux. House le contempla fixement un instant avant de lâcher, en tournant la tête :

 

-Mais je n’ai sans doute rien compris. Je comprends jamais rien, à la littérature.

 

Ca ressemblait presque à une excuse, mais Wilson n’y crut pas une seule seconde. Il rouvrit les yeux et les fixa, au hasard, sur son bureau. Son dossier ouvert semblait lui lancer une accusation muette, terriblement pertinente, mais lui y était complètement sourd.

Rien à foutre, aurait-il pût dire.

 

-Que veux tu ? demande t-il, mais il sait déjà la réponse.

-Ce que je veux ? House fait semblant de s’étonner, mais son ton manque singulièrement de force. Wilson relève la tête et le regarde comme on scrute un résultat d’analyse, et, comme le médecin qu’il est, il constate et note les symptômes du diagnosticien.

 

Il n’y a aucune surprise en lui quand il se rend compte que House est au seuil de tolérance de sa douleur ; sa peau est rouge, certainement brûlante, et ses yeux brillent trop pour être honnêtes…

Et, surtout, il a cette expression d’avidité à peine contrôlée et de douleur exacerbée mêlés.

Mais il n’est pas surpris ; plutôt fataliste, quitte à tout prendre.

House s’avance, et son pas claudiquant résonne presque bruyamment. Il regarde Wilson et, même s’il est plus haut que lui, physiquement parlant, la dominance a changé de camps ; car c’est bien Wilson qui, désormais, le fixe sans broncher, le regard aussi opaque et dur qu’un miroir sans tain. Et House a mal, terriblement mal, et sa douleur est double face à ce regard qui ne le reconnaît pas, parce que le reflet qu’il lui renvoieest trop proche de la vérité pour ne pas lui faire mal.

 

-Donne moi de la morphine, lâche t-il finalement. J’ai mal, trop mal. Personne ne le supporterait, et je ne vois pas pourquoi je devrai encore subir ça. Fais moi une piqûre, j’ai un muscle en moins bien trop présent, et je souffre.

 

C’est la vérité, mais ça ne fait pas ciller Wilson. Son regard est toujours de glace, et pourtant, il ne fait aucun doute qu’il le voie, son ami ; réduit ainsi, la fièvre qui le ronge et l’odeur de souffrance qu’il dégage. Il le voit, mais il ne fait pas un pas, pas un geste. Il le voit, et c’est tout.

Et House n’en peut plus, de ce regard si dur qu’il en devient une arme ; ses nerfs sont à vif, à fleur de peau, ses vêtements même lui donnent l’impression de le brûler, et il en a marre, assez de cela, de tout, de sa jambe et plus encore de celui qui est face à lui. Il lâche sa canne et ses mains se posent sans délicatesse sur les accoudoirs du fauteuil de Wilson. Le bruit résonne presque comme un glas quand il lâche, la voix hachée :

 

-Ce que je subis, murmure t-il entre ses dents, tu n’en a aucune idée. Jimmy, tu ferai dans ton froc comme le dernier des débiles mentaux si tu savais à quel point ça fait mal ! Alors, ne fais pas semblant, je t’en prie. Celui qui est assis, c’est toi, et je crois que tu ne sais pas la chance que tu as. Fais moi cette fichue piqûre, qu’on en parle plus. C’est la seule chose que je veux, alors donne la moi.

-Te la donner ? Souffla Wilson. Mais, ma parole, tu es si avide quand tu me demandes ça que la douleur ne peut pas tout expliquer… Mais tu as mal, hein ? Et tu souffres. Seulement, ta douleur, il faut que tu fasses avec. Pourquoi tu me la ramènes ainsi, à chaque fois ? J’en ai pas besoin, moi. Je veux continuer à ne pas avoir mal, mais c’est impossible quand tu es là.

-Mais de quoi tu parles ?

-Tu sais très bien ce que je veux dire.

 

House le regarda fixement.

 

-Alors quoi ? Tu veux quoi, Wilson ? Tu veux que je me mette à genoux ? Je peux le faire.

 

Et il s’exécute, ployant sans précaution ses jambes, il se retrouve presque brutalement au sol. Wilson est toujours dans son fauteuil, face à lui, et, cette fois, c’est House qui doit lever la tête pour le regarder.

Juste pour voir que le regard de Wilson vacille enfin.

House a mal. Trop mal, il ne sait que trop ce qu’il fait, pourtant. Se mettre à genoux…

 

-C’est la douleur, House, qui te met à terre ?

-Bon sang, oui. Oui, c’est cette fichue douleur ! Quoi d’autre, hein ?!

-Tu ressembles au dernier des junkies.

-Je suis un junkie.

-Non.

-Et toi, Wilson, tu es quoi ?

 

Wilson détourne le visage et ne répond pas. Peut-être se rend-il compte de l’étrangeté malsaine de leurs positions respectives ; House assis par terre dans un simulacre de prosternation, et lui, dans son fauteuil, face à lui… Ou peut-être ne veut-il simplement pas répondre, oublier la question et passer à autre chose. Mais c’est peine perdue et il le sait ; l’heure n’est plus au mensonge, et il n’y a que la nuit qui offre la sincérité. House est sincère, mortellement sincère. Il sait qu’il doit faire pareil, mais il n’y arrive pas.

Alors, House le fait à sa place :

 

-Tu es comme le dealer de la pièce de Koltès, sauf que tu as toi aussi un désir bien spécifique. Et tu sais quoi, Wilson ? Je le connais.

 

Et, disant cela, House se rapproche un peu plus. Wilson essaie de reculer, mais en vain ; les mains de House se referment sur ses genoux et serrent les os, fort, un peu comme s’il voulait les briser. Il écarte d’un seul coup les jambes de son ami et plonge son visage sur son bas-ventre, là, à cet endroit où son pouls bat trop fort pour être honnête, à la frontière de sa chemise et de sa ceinture.

Wilson pousse un cri étranglé. Il essaie encore de fuir, mais House le retient. Son front est brûlant, il en sent la chaleur jusqu’à sa peau, sous sa chemise.

Quand House parle, il ne relève pas la tête, et sa voix résonne , bien trop fort alors que ça n’est qu’un murmure.

 

-Tu veux que je te le refasse ? Je connais la loi du marché, Wilson. Je peux le faire, si tu veux. J’ai si mal que ça n’est rien pour moi, même pas franchement désagréable. Alors ? C’est le plus vieil échange qui soit, entre un dealer et un junkie…

 

Wilson rejette la tête en arrière, le souffle court. Ses doigts se nouent sur le crâne de House, et il effleure de ses mains ses cheveux courts collés par la transpiration. Sa peau est brûlante ici aussi, est-ce la fièvre qui le ronge ainsi ?

 

-Pourquoi tu fais ça ? demande t-il.

-Parce que je ne veux pas que Cuddy, ni personne, ne me voit comme ça. Parce que toi, au moins, tu es aussi misérable que moi.

-Pourquoi je suis misérable ? D’autres disent plutôt le contraire…

-On s’en fout des autres. Tu es misérable parce que tu es une sangsue, une sorte de tique qui se nourrit des autres et toi, tu prend le meilleur d’eux : leur douleur. Tu avales cet aspect-là trois fois par jour, tu sauves tes patients et, quand ils ne sont plus là, il te reste toujours au moins ça. Tu veux être indispensable, mais tu sais que tu n’es pas exceptionnel. Alors, tu essaies d’être un saint quand il n’y a rien en toi de béatifiant ou d’angélique Tu triche et tu mens avec toi-même en permanence, m’étonne pas que tes femmes partent les unes après les autres : t’as l’air génial, comme ça, et elles y croient, jusqu’à ce qu’elles te voient à trois heures du matin. Parce que là, à cette heure-ci, tu ne peux plus tricher tellement tu es fatigué, et n’importe qui serait effrayé par ton visage vide et tes fines rides qui ne sont finalement pas dût à tes sourires.

 

Mais le pire, Wilson, je le connaît, et ça, ça suffit à faire de toi quelqu’un de méprisable. Tu es amoureux de moi, ou du moins tu crois l’être, et, trois heures du matin, c’est le seul moment où tu admets que ça te grille le cerveau.

 

-Bien sur que ça me grille le cerveau, murmura Wilson. Et le savoir ne t’a pas empêché d’en profiter, hein ? Le coup de la fellation, je le connais.

-Pourquoi je me retiendrai ? Ca n’est pas non plus comme si ça te déplaisait, avoue le. Et comme ça, au moins, nous avons chacun ce que nous voulons.

-Sauf que je ne veux pas d’une fellation.

 

Doucement, presque avec regret, Wilson écarta les mains de House et se leva.

 

-Où vas tu ?

-Chercher ce que tu veux. J’en ai pas, ici.

 

Et il part.

House, toujours à terre, réfléchit à cette image. Wilson debout alors que lui est au sol ; pourtant, ils se tiennent mutuellement en position d’infériorité. Une sorte d’égalité ? House sait que lui-même est méprisable, mais il ne croit pas vraiment que Wilson le soit. En fait, la seule erreur de celui-ci, c’est de le connaître et de ne pas le quitter ; ça, définitivement, ça le condamne à ne jamais être un saint. C’est dommage. Saint Jimmy était presque crédible quand il l’avait rencontré…

Et, obscurément, ça plaît à House. Parce que le Wilson de jour est presque toujours sans faille, et que celui de la nuit se révèle tellement perdu qu’il ne peut pas le détester, même s’il y a cette sorte de chantage entre eux. Après tout, ils sont perdant et deux ça fait déjà de la compagnie…

 

-A quoi tu penses ? demande la voix claire et murmurée de Wilson. Même si leur étage est vide, il préfère ne pas prendre de risques. Il sort de la poche de sa blouse un flacon, un garrot et il s’avance vers House. Agenouillé face à lui, il répète sa question :

-Je peux nouer mon garrot seul.

-Je sais, mais quittes à t’empoisonner, je préfère le faire en entier.

 

House souri, mais Wilson, penché sur son bras, ne le voit pas. Ses doigts caressent la peau brûlante, effleurent les veines saillantes, et ils frissonnent au même instant.

 

-Je me disais que ce qui tient entre nous, c’est peut-être bien la culpabilité. Mais je ne sais pas quand ça a commencé.

-Moi non plus.

-Même pas quant tu es tombé amoureux de moi ?

-Arrête, rétorque Wilson, les lèvres serrées. A ce niveau là, c’est tellement sale que ça n’est plus de l’amour. Tout au plus est-ce une mauvaise habitude.

-Comme de fumer ?

-Tu es pire que les cigarettes.

 

La fraîcheur du coton mouillé sur son bras fait frissonner davantage House. Puis, la piqûre, froide et tranchante, lui fait fermer les yeux. Il sent la morphine couler dans ses veines, et sa douleur s’atténuer au même rythme. La veine qui battait à sa tempe se calme, et ses traits se détendent imperceptiblement. Wilson injecte la totalité de la seringue puis, avec douceur, il l’enlève de son bras et la jette à la poubelle.

Ils sont toujours assis, face à l’autre, à même le sol, comme deux gamins qui se cachent dans le noir.

 

-Tu es tellement moins dangereux, quand tu as eu ta dose… murmure Wilson.

 

House rouvre les yeux et le fixe, le regard dénué de vertiges :

 

-Et toi ? Tu ne veux pas… ta part du marché ?

-Je m’en passerai, tu le sais bien. Depuis toujours, je m’en passe, mais tu fais comme si je le ta réclamais à chaque fois.

-Une fois, tu l’as fait.

-C’était il y a quatre ans.

-Pourquoi tu ne me demandes plus de te faire ça ? Je suis nul à ce point ?

 

Wilson émit un faible sourire.

 

-Non, même pas. C’est bon, quand tu le fais.

-Alors quoi ?

-… Tu es déjà en train de t’empoisonner. Tu dis que ma drogue, c’est la douleur, mais c’est pareil pour toi. Tu te méprises pour cela, c’est normal, mais je ne veux pas que, en plus, tu te méprises de jouer la pute avec moi. T’as pas besoin de ça et…moi non plus.

 

House haussa les sourcils, l’air sincèrement surpris. Wilson sourit encore, un sourire un peu plus franc. Il se leva et tendit la main à House ; il la saisit, et le contact de leurs mains lui sembla beaucoup plus calme et franc que tous les gestes qu’il avait esquissé de la journée.

Wilson lui tourna le dos, ôta sa blouse et mit son manteau. House le regardait, appuyé sur sa canne, les jambes un peu flageolantes.

 

-J’y vais, dit Wilson. Je suppose que la morphine est en train de circuler dans ton organisme, là. Tu ferai mieux de ne pas trop bouger. Passe la nuit ici, même. T’es pas en état de conduire ta moto.

-Je suis venu en taxi, aujourd’hui. J’avais trop mal ce matin pour conduire.

-Ah ? Eh bien, rappelle en un.

 

Alors qu’il avait la main sur la poignée de la porte, Wilson se sentit brusquement tiré en arrière, sans toutefois tomber ; le bras de House passé autour de sa taille le tenait fermement, tandis que son autre main passait sur son visage, traçant ses traits comme un aveugle qui veut découvrir une identité. Wilson retint son souffle alors que les doigts de Greg caressaient ses lèvres, son cou, ses pommettes…

Derrière lui, sur son cou, le souffle de House était brûlant. Ses lèvres s’approchèrent de son oreille et se posèrent là, sur sa clavicule.

Son baiser n’avait rien de doux, rien de gentil. Ca n’était pas un ultime chantage ou une bonne conscience excessive. C’était même plutôt brutal, excessif, et Wilson savait qu’il en garderait la marque plusieurs jours. Il avait les jambes en coton, et seul le bras de House, serré autour de sa taille, l’empêchait de tomber.

Le silence dans la pièce prit un autre aspect alors qu’ils étaient là, presque aussi immobiles que des statues.

House pensait qu’il pouvait bien jouer le rôle de l’ami avec Wilson, qu’il pouvait bien aussi le sucer, s’il lui demandait. Mais être amoureux de lui, pas question. Il refusait de jouer ce rôle.

Alors quoi ? Pourquoi est-ce qu’il a lâché sa canne, pourquoi est-ce qu’il l’embrasse ?

 

-Pourquoi ? demande Wilson, comme un écho à ses pensées. Sa voix est faible, à peine soufflée, et presque triste. Comme s’il s’attendait à une sale blague de sa part.

 

Cela mit suffisamment en colère House pour qu’il le retourne et, d’un geste brusque, plaque son corps contre la porte. Il plongea ses yeux dans le regard perdu de Wilson, examina ses joues rouges, ses cheveux décoiffés, le col de sa cravate défait.

Il sourit, un vrai sourire, et l’expression de surprise incrédule de Wilson rendit la chose très facile à dire :

 

-Peut-être parce que tu me plaît un peu trop, aussi.

 

Wilson ouvrit la bouche pour parler, mais House plaqua sa main dessus. Non, définitivement, rien de gentil chez lui, mais pourtant, son geste était doux d’une fragilité qui se cachait.

L’air mortellement sérieux, House continua :

 

-Pourquoi toi, n’est-ce pas, et pourquoi maintenant ? Eh bien… Tu veux la vrai réponse, ou celle que je vais te bidouiller ?

-La vrai, murmura Wilson entre ses doigts. House sourit.

-Je t’ai vu partir, de dos, et je t’en ai empêché. C’est tout. C’est peut-être la morphine…

 

D’un geste brusque, Wilson écarta son visage et, des deux mains, il saisit le visage de Greg. Son regard brûlant presque collé au sien, il murmura, tout prés de ses lèvres :

 

-Alors, utilises tous les moyens pour me retenir chaque soir un peu plus longtemps. Sois persévérant, et peut-être que je te croirai. Tu peux pas me vouloir comme ça, sans prévenir. C’est sans doute une passade, mais je veux être un défi pour toi.

-Pour que je ne me lasse pas ? demanda House.

-Exactement, sourit Wilson. Pour que tu continues ce jeu-là jusqu’à ce que je décide si ça vaut la peine que je le joue avec toi.

-Ca n’est pas la morphine.

-J’en sais rien, moi.

 

Wilson lâcha son visage et, les bras le long du corps, ils se regardèrent, un peu empruntés, un peu gênés, et terriblement anxieux.

 

-Okay, finit par lâcher House. C’est un jeu qui commence de manière imprévue, ça a sans doute un petit côté malsain mais, hé ! Entretoi et moi, c’est toujours à la limite du sacré et du profane.

 

Sa main se tendit, effleura la gorge de Wilson, hésitant à remonter sur son visage et renonça finalement.

 

-Je vais jouer le jeu, murmura t-il à Wilson. Et tu ferai bien de te préparer, parce que je suis sérieux. C’est pas la morphine, c’est tout le temps toi que je viens voir. Tu le savais pas ? Moi non plus, mais je ne vais pas te permettre de rester ignorant plus longtemps. C’est à trois heures du matin que tu es honnête, hein ? C’est l’heure où les gens dorment, d’habitude. Pas toi, ni moi. Tu peux partir pour ce soir, d’ailleurs, tu dois t’en aller.

-House…

-C’est un jeu qui ne fait que commencer, sourit-il.

 

Et puis, après un court silence, il rajouta :

 

-A trois heures du matin, les jeux sont toujours mortellement sérieux.

 

 

 

[1] Koltès, « Dans la solitude des champs de coton » ; le genre de livre à part et pas trés facile d'accés que j'aime par dessus tout. Il s'agit d'une pièce de théâtre qui m'a directement inspirée pour l'écriture de ce petit O.S...

 

 

 
 
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