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Reprendre c'est voler
Par Scrat
Harry Potter  -  Romance  -  fr
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Pas de mots

Chapitre second : Pas de mots

OoO

Il écrit seul à sa table, et son café refroidit.

Quatre mètres infranchissables.

Poudlard.

Un matin.

J'ai rendez-vous avec James, Peter et Sirius mais je n'arrive pas à décoller de la grande salle.

Je déchiquette consciencieusement un morceau de pain, portant parfois la mie à ma bouche pour légitimer ma présence.

La grande salle est presque vide.

Quelques élèves y sont installés pour jouer aux cartes ou travailler dans un endroit neutre.

J'ai toujours aimé m'attarder ici après le petit déjeuner.

Je m'amuse d'entendre le brouhaha qui s'estompe au fur et à mesure que les élèves quittent la salle pour vaquer à leurs occupations.

Mes amis ont fini par comprendre que m'attendre ne servait à rien et ils rejoignent la salle commune de Gryffondor sans moi.

Notre rendez-vous est tacite.

Je sais qu'ils vont se préparer, discuter un peu, décider mollement de qui prendra les notes au prochain cours d'histoire de la magie, que James va tenter de dompter ses cheveux et que Sirius va s'amuser à les défaire. Ce qui finira en combat épique sur le lit de Peter qui rigolera comme un fou avant de réaliser qu'une des lattes du sommier a lâché ou que les plumes de son édredon ont décidé de partir à la conquête du reste du dortoir.

Ils sont complètement givrés mais je les adore. Néanmoins, ce genre d'ami ne laisse que très peu le temps au calme dans ma vie.

Le dimanche matin fait figure d'exception.

De répit.

Mais depuis quelques temps, ce répit est teinté d'autre chose.

De la fébrilité peut-être.

Depuis ce dimanche là, il y a bientôt un an.

Je trainais, comme à mon habitude, en lisant un ouvrage stupide sur les grenouilles bicéphales dans leur environnement naturel (un cadeau très inspiré de Sirius qui avait précisé en me tendant le paquet que ça ne serait pas plus inutile que d'apprendre mes cours).

Quand soudain, pour une raison ou pour une autre, j'avais relevé la tête et je l'avais aperçu.

Assis à la table des serpentards, son nez , ma foi fort remarquable, plongé dans un ouvrage monumental, l'air passionné.

Par passionné je veux dire : encore plus noir que d'habitude. Complètement assombri par je ne sais quels nuages, concentré. Il était évident que le premier importun qui viendrait le soustraire à sa lecture subirait un impardonnable dans les plus brefs délais.

Je ne fus pas cet importun, mais un sort m'eut moins dérangé.

Il était là dans son monde. Son monde au beau milieu du monde.

Loin ses yeux posés ailleurs, quelque part à l'intérieur.

Plongé dans son livre, il semblait abandonné.

J'avais l'habitude de le voir aux aguets, insultant, paranoïaque, désagréable.

Et soudain, alors qu'il ignorait totalement ma présence, je le voyais crispé sur autre chose que sa haine.

Je restai là, à l'observer, trop étonné pour sourire de ma propre bêtise.

Non, avant ce jour, je n'avais jamais regardé Severus Snape.

Lorsque Sirius vint me tirer de mes réflexions à grand renfort de signes de bras (une macarena si je me souviens bien), c'était déjà trop tard. Snape avait remarqué les pitreries de mon ami et son visage avait radicalement changé.

Le dimanche suivant, je me surpris à le guetter, espérant réitérer l'expérience de la semaine passée.

Je fus exaucé.

Et je fus exaucé non seulement ce jour-là mais tous les dimanches qui suivirent, jusqu'à aujourd'hui.

Si mes amis semblent le crisper, ma présence en revanche passe inaperçue. Sans doute ne suis-je pas assez tapageur. Je ne doute pourtant pas un instant de son inimité. Lorsqu'il me voit, ses yeux lancent des éclairs et il ne manque jamais de me dispenser des remarques acerbes.

C'est là toute la clé. Le dimanche matin, plongé dans ses ouvrages, il ne me voit tout simplement pas.

Et je lui en suis presque reconnaissant.

Ce spectacle de lui, chaque semaine, est celui que j'attends avec le plus d'impatience.

Je le regarde donc, détaillant la ligne anguleuse de sa mâchoire, le mouvement souple de ses cheveux lui glissant dans les yeux.

En lui, je lis tout ce qu'il veut cacher.

Dans chacun de ses gestes un aveu. Un secret dans chaque attitude. Ses moindres facettes, trahies bien mieux que par de longues études .

Un pied se balance : une impatience. Et c'est plus qu'un long discours.

Là, dans l'innocence et l'oubli. Il semble à l'aise.

Il est tellement sur de n'être pas vu qu'il laisse tout voir.

Au début j'en étais dérouté, gêné presque, mais je continuais à l'observer, comme une attraction malsaine.

Et puis je m'en suis amusé. Il y a quelque chose de tendre désormais dans la manière dont je le détaille. Cette pulsion, cette envie d'en apprendre davantage sur lui a quelque chose de risible.

Je ne suis pas le même quand j'observe un Snape qui n'est pas le même en ne se sachant pas observé.

Je sais qu'il boit du café le matin et seulement ça. Il ne mange jamais rien avant le repas de midi. J'ai pu dresser une liste de ses domaines de prédilections. Plantes magiques, enchantements, techniques de défense et contes sombres.

Mais tout cela n'appartient qu'aux habitudes visibles. J'aurais pu le savoir, même si Gryffondors et Serpentards étaient amenés à déjeuner chaque jour à la même table. (Merlin m'en préserve parce que James frôlerait surement l'ulcère).

Ce qui m'intéresse c'est tout le reste.

Tout ce que je déduis, en le regardant, tout ce que m'inspire sa manière de boire, sa manière de tenir ses plumes, de caresser délicatement la couverture de chaque livre avant de l'ouvrir et après l'avoir fermé.

Et puis tout ce que j'invente parfois.

J'ai eu envie, une fois, de me lever, d'aller m'asseoir à côté de lui.

De lui dire que je savais. Que je pouvais sentir. Ses peurs, sa tristesse. Que j'avais compris quelle expression de son visage, pourtant à mille lieux du sourire, exprimait le bonheur.

Je ne l'ai pas fait.

Pas par peur de me faire envoyer bouler.

Ça ne me dérange pas, je connais Snape maintenant, j'aurais su l'aborder.

Mais parce que Sirius est apparu de nulle part et m'a demandé ce que je faisais, au moment ou je me levais pour aller rejoindre mon ennemi, dans un grand élan suicidaire.

J'ai épousseté ma robe et ramassé tranquillement mes livres

« Rien. Je m'apprêtais à vous rejoindre »

Et en disant ces paroles, j'ai compris quelque chose d'important.

On ne ment qu'avec des mots.

Et je ne voulais pas le voir mentir. Je ne voulais surtout pas prendre le risque de l'entendre me demander « Qu'est-ce que tu fous Lupin ?» et encore moins m'entendre répondre « Rien ».

Je ne fais pas rien, ça serait sacrilège de le dire.

Ce que je fais, chaque dimanche depuis un an, c'est tomber amoureux de lui.

Doucement, sans éclat.

On néglige l'effet de la surprise. J'avais appris que je détestais Snivellus. Parce qu'il était laid, méprisant, taciturne, fermé, ennuyeux, qu'il tournait autour de la fille convoitée par mon meilleur ami, qu'il se montrait désobligeant et intolérant face à des enfants de moldu qui étaient pourtant largement supérieurs à lui.

Mais je le détestais surtout parce que j'avais appris que tout cela constituait la définition d'un salaud, d'un looser.

Des conneries.

Des phrases qu'on nous fait apprendre.

On se promène en bateau, On s'arrange, on roule, on glose, on « bienséance ».

Et une fois ceci fait, une fois qu'on est bien sur d'être du côté du bien, on s'autorise à martyriser, à être méprisant à notre tour. A rire de ceux qui ne rient jamais, qui se prennent trop au sérieux

Oh, évidemment, l'air pincé de Snape quand il doit prendre la parole en cours me fait toujours rire.

Mais je ne me moque plus.

Plus vraiment.

Il m'a contre-appris tout ce que j'imaginais sur l'être humain.

Seul l'instinct compte. Le reste n'a aucune importance. Celui dont ton instinct te souffle qu'il est intéressant, bon ou amusant , ça ne sert à rien de vouloir le haïr, quels que soient ses actes à côté. Les actes parlent trop forts.

Les mots non plus, il ne faut pas les écouter.

C'est inutile.

Mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences.

Aux codes des corps, au langage de nos inconsciences.

Ceux-ci disent plus qu'ils ne devraient. Je me demande parfois ce que peut bien exprimer mon corps.

A part une folie meurtrière et monstrueuse qui s'empare de moi à chaque pleine lune, j'entends.

Je me demande si, lorsque je me laisse aller, lorsque je ne me sens pas observé, les sentiments étranges que je nourris à l'égard de Snape sont visibles ?

Je sais…

Tout cela est étrange. Inattendu. Déplacé.

Pourtant ça ne sert à rien de tenter de définir mes émotions d'une autre manière.

Oh je ne suis pas un fanatique. Je n'irais pas donner ma vie pour lui.

Je ne le défends même pas lors des altercations avec mes amis.

En fait rien n'a changé. Je suis simplement amoureux de la douceur paisible de la grande salle, de l'odeur sucrée qui flotte dans l'air, des chuchotements qui raisonnent au bout de la salle, des pierres rassurantes des murs, du bois doucereux de la table.

Et des mains de Snape qui glissent inconsciemment le long des couvertures de cuir nervuré.

Muet, Etranger, Silencieux, Bavard.

On peut tout déduire de la personne que l'on observe. Mais les gens ne sont pas intéressants.

La complexité de Snape en fait quelque chose de délicat.

Oserais-je dire poétique ?

Non je n'oserais pas. Ça serait cliché, ridicule. Et puis d'autres avant moi se sont attelés à l'extraction de la beauté dans le mal.

Des écrivains moldus comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d'Aurevilly.

Des sorciers jamais. C'est comme si les choses étaient trop binaires dans ce monde-ci.

Je ne le lui dirai jamais, mais Snape a toute la beauté, l'obscurité, des moldus.

Et plus je le regarde, plus je démêle les fils enchevêtrés de sa nature profonde.

Je n'ai aucun moyen d'en être sur.

Je le sens.

Il lève les yeux et mon cœur rate un battement. Je détourne les miens de manière trop vive pour ne pas être suspect, mais lorsque je reviens à son visage, il a repris sa lecture. Il y a une petite imperfection au fond de ses prunelles charbonneuses. Je fronce les sourcils pour la comprendre.

Oui j'en suis rendu là. Accroché au plus petit tressaillement son être.

Presque familier. Intime.

Et plus je te regarde … Dans chacun de tes gestes un aveu.

Un secret dans chaque attitude, même la plus discrète ne peut mentir à tant de solitude.

Quand ta main cherche ta plume, c'est comme une confession que tu me ferais à ton insu.

A ta façon de tourner les pages, moi j'en apprends bien davantage : l'amour de ta bouche est un langage, ton regard un témoignage.

Tes doigts dans tes cheveux s'attardent : quel explicite message, dans ton innocence absolue.

Que dirais-tu si tu te savais ainsi épié. Me haïrais-tu ?

Je n'en suis même pas sur.

As-tu aussi désespérément besoin d'être vu que tu ne le crains ?

Je me passionne pour ton visage, plongé dans la lecture, tu es mon livre à moi. Ecrit à l'encre invisible.

Et ce léger sourire au coin des lèvres, c'est d'une telle indécence.

Je souris à mon tour. Pour personne.

Parce que tu es beau. Un peu.

A ta manière.

Tout en angles et en zones d'ombre. Ce sourire ne nait que rarement sur ton visage mais quand cela advient tout mon corps frissonne. Imagines-tu seulement pouvoir provoquer de telles émotions ?

Je suis un imbécile.

Un loup-garou amoureux est une créature hautement grotesque.

Ça m'est égal. Tu ne le sauras jamais.

Je jette un œil à ma montre. 10h58. Je sais ce que ça signifie.

Il est temps de partir, il se lève. Evident, transparent.

Il quitte la grande salle.

Je ferme les yeux un instant et j'inspire profondément.

Sa façon de marcher dans mon rêve…

Elle n'a rien d'extraordinaire. Mais la direction si. Au lieu de se diriger vers la porte, il vient vers moi. Me frôle.

Chaque dimanche je l'imagine.

Je n'espère même pas qu'il le fasse exprès. Je souhaiterais seulement le croiser pour sentir son parfum qui s'évanouit.

Je rouvre les yeux brusquement et récupère mes propres affaires tranquillement pour rejoindre le dortoir gryffondor.

Je n'ai plus rien à faire ici.

Son absence annonce le silence.

Quand il disparaît de ma vie, tout est dit.

 
 
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