Sherlock arpentait la pièce comme un lion en cage, la tête baissée sur sa poitrine, réfléchissant aux éléments qu'il avait pu récolté au cours de son enquête. Il enjamba des piles de dossiers qui jonchaient presque la totalité de la surface du sol. A aucun moment, il ne s'aperçut de notre présence. Je tournai mon regard vers Mrs Hudson, laquelle hocha tristement la tête, confirmant ce que je savais déjà sur le détective. Sherlock resterait fidèle à lui même, à ses principes et à ses convictions. Derrière sa nature excentrique, se cachait un homme méthodique dont les capacités d'analyse et de raisonnement dépassait largement celui d'un cerveau moyen. Il continua à nous ignorer, errant de droite à gauche dans le living room chaotique.
Son sens de l'organisation ne s'était guère amélioré depuis mon départ mais cela ne me surprennait pas. Sherlock était la personne la plus positivement désordonnée que je connaisse. Je notai avec soulagement que les murs de l'appartement tenaient encore debout et qu'il n'y avait aucune trace d'impact de balles. Mrs Hudson toussota histoire de signaler au détective ma présence.
- Hum, hum! Sherlock, John est venu vous rendre une petite visite.
Sherlock leva la tête et nous jeta un regard confus. Je fus presque gêné de l'interrompre dans son travail de reflexion. Mrs Hudson lui fit signe en me désignant. Il haussa les sourcils et m'offrit un sourire en guise de bienvenue.
- Voulez-vous que je vous rapporte quelque chose à boire ou à grignotter? Me demanda Mrs Hudon.
- Ce ne sera pas nécéssaire, répondis-je. Je ne resterai pas longtemps.
- Quel dommage! J'aurais aimé que vous restiez un peu plus. La prochaine fois emmenez votre femme avec vous, dit-elle.
Elle s'esquiva discrètement, me laissant seul avec mon ex-colocataire. Il m'invita à m'assoir sur l'un des deux fauteuils de la pièce. Je pris place comme à l'époque de notre cohabitation. Il s'assit à son tour.
- Le mariage te réussit, déclara Sherlock qui me sondait de ses yeux perçants.
Je m'étranglai à cette observation. Je ne savais pas si je devais le prendre comme un compliment ou comme du sarcasme.
- Vraiment?
- Oui, je dirais que tu a pris un peu de poids.
- Quoi? Mais pas du tout! Garde ce genre de blagues nulles pour Mycroft.
Il hocha la tête avec instance, dirigeant son regard sur mon abdomen que je cachais aussitôt avec mes mains.
- Le travail à l'hopital, le stress permanent ne te permettent pas de prendre ton déjeuner et tu te rattrapes le soir venu avec les bons petit plats. Là tu te demandes comment écourter cette visite pour aller retrouver ta femme et poursuivre la soirée avant de passer aux choses sérieuses. Ta jambe droite tremble lorsque tu es nerveux.
- Eh bien, c'est stupéfiant, le gratifiai-je admiratif. Tu n'as pas perdu la main.
-Je ne l'ai jamais perdu.
Je sortis mon téléphone de ma veste et lui montrai son texto.
- C'est bien pour ça que tu m'a tiré de chez moi?
Il prit une pose dubitative mais ne me répondit pas.
- J'espère que c'est urgent, l'avertis-je.
- C'est une affaire capitale, confirma t-il. Et ça concerne une série de meurtres.
- Je n'en ai pas entendu parler. En tout cas pas dans la presse et Lestrade ne m'a rien dit à ce sujet.
- Il n'est pas au courant, poursuivit Sherlock. C'est beaucoup plus compliqué, j'aimerai que ça ne s'ébruite pas. Puis-je compter sur ta discrétion?
- Bien entendu, répliquai-je piqué au vif. Tu peux toujours compter sur moi.
Mon impatience s'envola. Je fus bientôt dévoré par la curiosité, cette enquête promettait d'être intéressante.
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