L'homme portait un chapeau qu'il retira, révélant des cheveux clairsemés et peu épais.
- Pardon, j'ai oublié de me présenter, s'excusa t-il. Edward Blake, pour vous servir.
Sherlock ne répondit pas. Cependant, il gratifia notre hôte d'un demi-sourire. Je me montrais plus courtois.
- Ravi de vous connaitre Monsieur Blake.
- Si vous voulez bien vous donner la peine, nous enjoignit-il.
D'un geste, il nous invita à le suivre. Je me retournai brièvement pour voir nos bagages être retirés du coffre et emportés, par des personnes que je supposais être le personnel du château. Sherlock me jeta un regard désapprobateur. Il se pencha à mon oreille et chuchota:
- John, évite de te tracasser pour tes valises, chuchota t-il à voix basse. En tant que haut dirigeant d'une banque, tu ne dois pas accorder de l'importance à ces broutilles. N'oublie pas que tu es censé être habitué au voyage d'affaire.
J'approuvai d'un hochement de tête. Nous grimpâmes les escaliers, puis entrâmes à l'intérieur de cet impressionnant édifice. Le hall était immense, pourvu d'un escalier qui menait vers d'autres pièces situées au premier étage. Le décors solennel inspirait un silence oppressant. Puis, Monsieur Blake nous guida jusqu'à un long et interminable corridor. Des têtes de cerfs trônaient sur les murs ainsi que les armoiries de la demeure qui devait appartenir à une ancienne famille d'aristocrate. Tandis que je m'attardais sur ces détails, Sherlock observait rapidement l'ensemble du couloir tout en avançant. Il mémorisait déjà l'endroit à la recherche d'éléments pouvant être rattachés aux récentes disparitions.
Les rouages de son cerveau s'était mis à fonctionner, il se frotta les mains enchanté par la perspective d'enquêter sur le terrain. Je devinai sans peine, qu'il venait de trouver de précieux indices. Monsieur Blake cessa de marcher et nous présenta deux portes. L'une située en face de l'autre.
- Vos chambres, annonça t-il. Je me tiens à votre entière disposition si vous souhaiter un renseignement.
Au moment où il s'apprêtait à nous laisser, Sherlock l'interpella.
- Monsieur Blake, j'ai pu remarquer que le planché craquait par endroit, et que certains objets avaient été déplacés récemment.
- Comment? Je ne suis pas sûr de comprendre...
- Eh bien, il y a des eraflures sur le bois, ce qui veut dire que l'on a poussé quelque chose de lourd à certains endroit...
Le visage de l'homme palit. Son teint était déjà livide, mais il le devint encore plus rendant sa chair translucide. Monsieur Blake écarquilla les yeux de terreur en écoutant Sherlock lui signaler ses découvertes. Ce fut à mon tour de m’inquiéter pour nos couvertures. à ce rythme, nous risquions d'être démasqués.
- Monsieur Phillips, l'interrompit l'homme. Cette demeure est vieille et a plusieurs centaines d'années, il est normal que le bois craque et il arrive que nous déplacions des meubles pour dégager les couloirs.
- Hors de propos, objecta le détective. Une demeure comme celle-ci est régulièrement entretenue.
- Je vois où vous voulez en venir. Vous avez peut-être entendu certaines rumeurs sur des disparitions. Ce ne sont que des balivernes, il n'y a que des gens respectables ici. Et je vous assure qu'il n'existe pas de fantôme.
- Oh, mais je n'en doute pas, dit Sherlock sur un ton condescendant. Je suis simplement curieux.
L'effroi se dissipa du visage du brave Monsieur Blake.
- Je vous souhaite un bon séjours, fit-il avant de partir à pas précipités.
Sherlock et moi l’observâmes s'éloigner. Une fois que l'homme disparut, Sherlock osa enfin dire ce que je soupçonnais.
- Il ment, me confia t-il. Il sait quelque chose mais a visiblement trop peur pour en parler à quiconque.
- C'est aussi ce que je pense.
- Je propose que nous prenions quartiers dans nos chambres respectives. J'ai besoin de réfléchir pour tirer tout ça au clair.
-Bonne idée.
Le voyage jusqu'à Longleat House avait été épuisant, je songeai qu'un peu de repos ne serait pas de refus. J'allai de nouveau m'adresser à lui mais lorsque la porte d'en face claqua, je me résolus entrer à de la pièce supposée être ma chambre.
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