Je fus agréablement surpris par cette suite royale. C'était l'une des plus belles chambres qu'il m'eut été donné de voir. J'avais été habitué à un confort plus spartiate dans le passé ayant séjourné avec Sherlock dans des auberges bon marché pour les besoins d'affaires non résolues. Mais là, j'avais vraiment l'impression d'être traité en invité de marque, et pour la première fois, je ne remettais plus en question les compétences de Mycroft pour l'espionnage. Il s'était donné tellement de mal que ces efforts furent récompenser pour un résultat au delà de toute attente. Je fis le tour de la pièces et la regardais sous tous les angles. Un lit immense de style moderne se dressait au centre et jurait avec les ameublements en bois sculpté de la chambre. Des rideaux en tissus riches et pourpres recouvraient les fenêtres ne laissant filtrés que peu de lumière. Le parquet ciré luisait dans la pénombre.
La fatigue du voyage me gagna. Ce fut avec lassitude, et un soupir de contentement que je me laissais tombé sur le lit. Mes paupières se fermèrent malgré moi, puis, je sombrais peu à peu dans les bras de Morphée.
***
- John! Réveille-toi, me cria une voix familière.
J'émis un grognement.
- Encore cinq minutes, marmonnai-je dans mon sommeil.
Cette fois, on me secoua avec vigueur. j'émergeai difficilement de cette fatigue alanguissante. Ma vision floue commença à fonctionner, l'image se fit de plus en plus nette, jusqu'à ce que je reconnaisse le visage de Sherlock.
- Tu ne pourrais pas me laisser un peu de repos? Lui demandai-je agacé.
- Tu t'es assez reposé. Lève-toi!
Je baillai et passa une main sur mon front. Le détective débordait d'énergie, se frottant les mains avec impatience. Je n'eus d'autre choix que de me forcer à quitter cette couche douillette.
- Comment fais-tu pour tenir sans dormir?
- Dormir est une perte de temps, répliqua mon ami. Nous passons plus de la moitié de notre vie à sommeiller au lieu de faire des activités plus stimulantes.
- Tu es peut-être un robot mais pas moi. J'ai besoin de recharger mes batteries. C'est ce que font la plupart des gens normaux.
- Peu m'importe ce que font les personnes normales, il y a des choses qui ne peuvent pas attendre. je ne veux pas passer à côté d'un détail important à cause d'une chose aussi futile que dormir.
Je fronçai les sourcils. Je pouvais supporter certaines des excentricités du détective, en revanche j'appréciais peu qu'il fasse irruption dans ma chambre pour me réveiller quand l'envie l'en prenait.
- Tu as trouvé quelque chose?
- Voilà une question bien inutile!
- Donne moi une seconde s'il te plaît.
Sans répondre, il me tira du lit par sa seule force et me poussa hors de la pièce. Ses gestes brusques achevèrent de me réanimer et de remettre mon esprit en marche, je le suivis non sans plaindre. Sherlock ignora mes incriminations, se dirigea prestement vers le couloir, à l'endroit où il avait relevé des indices. Sauf que quelqu'un d'autre se trouvait là. Une jeune femme nous attendait de pieds ferme. Elle était plutôt petite et menue, vêtue d'une robe rouge élégante qui révélaient et magnifiaient ses formes. Ses cheveux châtains étaient relevés en chignon, révélant un visage ovale et délicats. Ses yeux verts étaient hypnotiques. Ses lèvres sensuelles découvrirent des dents parfaites et luisantes. Deux petites fossettes aux joues accentuaient des trait juvéniles.
Pendant un instant, je me mis à reconsidérer mon mariage. Si j'avais été célibataire, j'aurais tenté ma chance avec elle. Cette femme était pourtant si différente de Mary. Plus agressive et séductrice face à la douceur de mon épouse. Teint de pêche contre teint opalescent. Prunelles de jade contre des yeux azurs. Sherlock ne semblait nullement impressionné ou séduit par cette jeune personne. Il se contenta de la jauger avec dédain. Elle affichait la même attitude que le détective et nous gratifia d'un sourire narquois.
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