J'avais capitulé après de longues et pénibles heures de discussions avec Sherlock. Mais ce fut Mary qui eut le dernier mot et qui acheva d'ébranler mes réticences de manière admirable. Je passais la veille de mon départ à passer des coups de fil à mon boulot pour avertir de mon absence en prétextant un décès. L'excuse était plausible et acceptable pour que mes employeurs acceptent de m'accorder quelques jours. Une fois les formalités accomplies, je fis mes valises aidé de ma femme. Elle me regarda prendre des vêtements dans le placard et les placers dans les bagages sans me dire un mot. J'avais l'impression qu'elle voulait me parler de quelque chose sans trouver le courage de le faire. Le silence était pesant, aucun de nous ne fut en mesure de lancer une conversation. Jusqu'à ce que la situation fut insoutenable. - Tu aurais pu refuser, lâchai-je. Si tu ne voulais pas que je l'accompagne, il te suffisait de dire non. - Comment aurais-je pu? Dit-elle. Je sentais que tu en avais envie. J'arrêtai de ranger mes affaires et fixai Mary avec incrédulité. Comment pouvait-elle penser que je préfèrais l'abandonner pour une enquête? J'étais prêt à renoncer à tout pour elle. - J'appelle Sherlock pour tout annuler, lui annonçai-je. Aussitôt je m'emparai de mon mobile. Au moment où j'entrai le numéro et appelai le détective, Mary prit le téléphone puis raccrocha. Elle le posa sur la table de chevet. - Qu'est-ce qui te prend? - Il faut qu'on parle, avisa t-elle. - à quel sujet? - Je veux qu'on discute d'un sujet que tu ne veux pas aborder depuis ton départ de Baker Street. - Tu veux qu'on parle de Sherlock? Je ne vois pas le rapport avec ce qui te tracasse, me braquai-je. - ça à tout à voir justement. Je croisai les bras et attendit ses explications. - Je t'écoute, lui dis-je. Elle inspira puis se lança. - Tu n'es plus toi même. Je veux dire tu n'es plus celui que j'ai connu quand nous nous sommes rencontrés. Plein de vie et d'entrain. Toujours enthousiaste quand il s'agissait de suivre Sherlock. Maintenant, j'ai le sentiment d'être une entrave à ton bonheur... - Attends une minute, L'interrompis-je. Tu es en train de me dire que je ne suis pas heureux avec toi? - Non mais avoue que tu n'es plus le même. J'ouvris des yeux ronds. La fureur me gagna peu à peu, et je refusai d'écouter davantage Mary. J'attrapais mes clefs et partis de la chambre. Mary me suivit sans comprendre. - John? Ou est-ce que tu vas? - Prendre l'air. Ce fut au tour de ma femme de se mettre en colère. - Alors, c'est ça ta solution? Prendre la fuite? Demanda t-elle d'une voix tremblante. Je ne répondis pas. Mon obstination eut raison de sa patience, et elle s'en alla dans l'une des pièces de l'appartement en claquant la porte tandis que je restai dans le couloir sans réaction. Ce fut ainsi que je passai la veille de mon départ, seul dans le salon sans adresser la parole à Mary qui ne m'échangea pas un regard lors du dîner. *** Une voiture noire apprêté par Mr Griffith arriva le matin vers huit heure. Je m'étais levé tôt et attendait avec les bagages devant le perron; Un homme sortit du côté conducteur. Il portait une casquette et un costume impeccable. Sa stature imposante m'intimidait. Il avait davantage l'apparence d'un garde du corps que celle d'un chauffeur. Son visage arborait une expression sérieuse disant qu'il n'était pas là pour plaisanter. Je ne distinguais pas ses yeux car ils étaient dissimulés derrière des lunettes de soleil que je supposai être hors de prix. étrangement, le temps n'était pas au soleil mais à la pluie. Sherlock sortit à son tour du véhicule toujours aussi élégant dans ses tenue. Le détective me salua d'un sourire qui s'évanouit presque aussi vite qu'il avait éclot sur ses lèvres. Le chauffeur s'avança vers moi et m'offrit une poignée de main ferme avant de prendre mes valises pour les mettre dans le coffre. - Prêt? Me demanda Sherlock excité par la perspective de se rendre sur le terrain. Il se frottait les mains, savourant déjà ce moment. J'acquièçai d'un faible signe de tête avant d'ajouter: - Allons-y. J'allais monter dans la voiture quand la porte de l'appartement s'ouvrit à le volée. Mary sortit en robe de chambre pour nous souhaiter bon voyage. - Madame Watson, la salua mon ex-colocataire. - Sherlock, est-ce que je pourrais vous parler une minute? - Bien sûr, répondit-il en m'observant fixement. Je fronçai les sourcils et ne les quittai pas des yeux pendant que Mary chuchotait à l'oreil du détective. Ses cheveux bouclés s'agitèrent lorsqu'il hocha la tête. iL se dirigea vers le véhicule et monta. Je m'approchai de ma femme et la serra dans mes bras puis l'embrassai. Elle m'offrit un regard maussade et essaya de sourire. - Bonne route, me dit-elle. Elle resta pour me voir partir, je pris place et la voiture démarra. Je me retournai pour regarder en arrière. Mary était toujours là. Sa silhouette rétrécissait à mesure que nous éloignons pour disparaitre définitivement.
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