Lorsque je rentrais chez moi, Mary était déjà endormie. Elle avait sûrement dû m'attendre, pensant que ma visite ne s'éterniserait pas. Je la découvris étendue sur le canapé, la télévision toujours en marche. Je regardai ma femme dormir. Sa poitrine se soulevai doucement et son visage était si paisible que j'en fus attendri. L'observer dormir m'apaisa un peu sans pour autant m'ôter de la tête cette affaire sordide. Poussant un soupir, j'éteignis l'écran puis portai Mary jusqu'à notre chambre. Elle bougea légèrement et marmonna quelques mots incompréhensibles dans sommeil. Je la posai délicatement sur le lit de peur de la réveiller. Ses paupières s'ouvrirent pour me révéler ses magnifiques yeux bleu. Elle me sourit en se pelotonnant contre moi et je passai mes mains dans ses cheveux blonds. - John? - Rendors-toi, lui susurrai-je à l'oreille. - Et cette visite? Insista t-elle. - Je te raconterai plus tard. Rassérénée par cette réponse, elle plongea de nouveau dans le sommeil. Je ne parvenais pas à trouver le repos. Trop agité pour fermer les yeux. Le souvenirs de mes retrouvailles avec Sherlock restait présent, y compris ce cas qui m’obsédait littéralement. Des gens qui disparaissent du jour au lendemain, des corps manquants... Autant de choses qui ne présentaient pas le moindre sens et qui ne cessait de me fasciner. Toute la nuit je gambergeai jusqu'à ce que je finisse par m'assoupir... Pour être ensuite réveillé par une sonnerie. Il était près de sept heures. - Oh, non, grognai-je. Encore quelques minutes. Dans un effort, j'étendis mon bras et débranchai l'appareil. Je demeurai encore sous la couette chaude et confortable puis, à contre cœur je me levai, me dirigeai à la salle de bain où je pris une douche chaude. J' observai longuement le miroir qui me renvoya une image peu flatteuse. Une mine épouvantable, des cerne sous les yeux et un regard vide. J'avais l'impression d'avoir vieilli tant mes traits étaient marqués. J'étais épuisé avant même d'avoir entamé ma journée. Je pris mon temps pour me préparer sans me soucier du temps. J'allais enfin dans la cuisine en traînant des pieds. Je n'eus pas la force de soulever de me prépare un petit déjeune convenable et pris du café froid dans cafetière sans prendre la peine de le chauffer. Je versai le contenu dans une tasse et bus l'immonde breuvage. Mary vint me rejoindre au moment où j'avais terminé. - Bonjour, la saluai-je d'un ton badin. - Bonjour, répondit-elle soucieuse, tu as passé une mauvaise nuit? - Oui, on ne peut pas dire que je sois en forme. - C'est à cause de ta visite chez Sherlock? Je restai silencieux, préférant ne pas aborder ce sujet. - Est-ce que tu veux en parler? - Pas maintenant, le moment est mal choisi et je vais être en retard. On en parlera ce soir, si tu veux. - Eh bien... hésita t-elle. D'accord. Elle n'ajouta rien d'autre mais fut blessée par la manière dont je la rabrouais. - Excuse-moi chérie, lui dit-je navré. Elle s'apprêta à répondre à son tour, quand j'observai l'horloge. J’étais en retard! Je saisis ma veste et partis au travail. *** - Docteur Watson, cria une voix. Comme je ne réagissais pas, on me secoua. - Docteur Watson! J'ouvris brusquement les yeux en sursautant. Un collègue se tenait à côté de moi et me scruta comme si je revenais d'entre les morts. J’écarquillai les yeux regardant autour de moi. Je me trouvais dans ma salle de consultation, avachi sur la chaise. Je ne me rappelai plus de quand j'avais décroché pour de bon. Tout était encore flou. Mon cerveau se remit à fonctionner lentement. - Combien de patient me reste t-il à voir, l'interrogeai-je d'une voix pâteuse. - Personne, répliqua t-il. Vous avez fini votre service depuis une heure. - Je suis désolé, la nuit n'a pas été de tout repos. Le jeune médecin haussa les épaules histoire de me faire comprendre que ma vie ne l'intéressait pas. - Attendez, votre nuit n'a pas été de tout repos? répéta t-il. - C'est une longue histoire... Laissez tomber, je ne sais plus très bien ce que je fais, ni ce que je raconte. Le jeune homme ne saisissait pas ce que je voulais dire. Son visage s'illumina soudain. - Oh, je vois, lança t-il d'un air taquin. Pas besoin de vous justifier, je comprends tout à fait. Allez rejoindre votre femme. Je fronçais les sourcils. Qu'avait -il compris? La lumière se fit en moi, les paroles que je venais de prononcés avait de quoi soulever des question. - Ce n'est pas ce que vous croyez, tentai-je de lui expliquer. Quoi que je fit pour dissiper le malentendu, mon jeune collègue ne se contenta que de hocher la tête d'un air entendu. Je renonçai à lui faire entendre raison, le clou fut atteint lorsque' au moment de sortir, il leva le pouce. Des rumeurs circulaient déjà à mon sujet et ce qu'allait raconter le jeune homme aux autres médecins ferait de l'établissement. C'était la dernière chose dont je me passerais bien *** Je venais à peine d'arriver quand je remarquai que quelque chose clochait. Un long imperméable était négligemment posé sur le porte manteau. Je reconnus tout de suite à qui il appartenait. J'avançais lentement dans le corridor. Des voix retentirent en direction du living room dont une bien distincte. Grave, suave et comparable à un ronronnement. Un timbre de velours reconnaissable entre mille Plus je m'approchais, plus je distinguais le visiteur avec qui ma femme parlait. Ces cheveux noirs fournis et bouclés. Une tenue impeccable. Sherlock Holmes en personne. Il était dos tourné mais cela suffisait pour le reconnaître. Mary riait avec lui puis s'apercevant de ma présence leva la tête vers moi. Sherlock se retourna affichant un sourire narquois. Ses yeux glaciales s'attardèrent sur moi. - Qu'est-ce que tu fais là? Lui demandai-je sans détour. - John! Protesta Mary. - Rendre visite à ami, dit-il sur un ton innocent. - Où parler de cette histoire à ma femme. - John, s'il te plaît écoute au moins ce qu'il a à dire intervint Mary. - Très bien. Je m'assit à côté de ma compagne et toisai le détective en affectant de vouloir maintenir un semblant de courtoisie. - J'écoute, qu'as-tu à me dire? - Je suis venu te faire une offre. J'allais lui répondre quand il me fit taire d'un geste. - Permet-moi de m'expliquer, poursuivit Sherlock. J'ai besoin de ton aide pour cette affaire. Ou du moins de ta contribution. Tu as un physique qui passe assez inaperçu. Le parfait monsieur tout le monde et ça pourrait être un avantage pour infiltrer cette maison. Si on ajoute mon talent pour le déguisement, les chances de succès sont multipliés par deux. Voir plus en ajoutant mes capacités de déductions. J'oubliais aussi tes atouts. Je l'écoutais me faire des éloges sur mon intelligence qu'il avait coutume de qualifier de moyenne à l'époque où cohabitions ensemble. Jusqu'au était-il prêt à aller pour que j'accepte de lui donner un coup de main? - Utiliser la flatterie ne me fera pas changer d'avis, précisai-je. - J'avais prévu le coup. Je ne t'ai pas dit combien Mr Griffith était prêt à payer pour enquêter. - Tu oublies que j'ai des obligations, contrai-je. - Cela ne dure qu'une semaine, tu auras tout le temps de retrouver ton travail ennuyeux Je regardais ma femme en quête de soutient. Sherlock nous observa attentivement déchiffrant le moindre signe qui nous trahirait. - Inutile de me faire un speech sur votre vie de couple. Vous pouvez nous accompagner si vous le désirez Mary. Elle hésita avant de répondre par le négatif, puis elle s'adressa à moi avec détermination. - John, je pense que tu devrais y aller. - Mais qu'est-ce que... - Laisse moi finir s'il te plaît. Je sais que tu veux bien faire, être un mari attentionné, un bon médecin, arranger tout le monde. Mais tout ça... Ce n'est pas toi, en tout cas tu n'es pas fait pour faire un job qui ne t'apporte rien. Depuis quelques temps, je te sens pas... épanoui. Mon regard allait de Sherlock à elle. Je me mis à les considérer comme des conspirateurs. Cependant, Mary ne laissa pas Sherlock avoir le dernier mot. - Je suis d'accord pour que John vous accompagne mais à certaines conditions non négociables. à prendre ou à laisser.
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