Je n'avais pas revu Sherlock depuis quelques mois. Mon mariage et ma nouvelle vie ne me permettaient plus de vivre comme auparavant. Le détective n'avait émis aucun commentaire quant à mon déménagement. Il était resté silencieux pendant que je terminais de faire mes cartons. Il ne daigna pas me dire m'adresser la parole. Mary et moi, nous nous étions installés non loin du quartier dans un charmant appartement situé au rez-de chaussé. L'endroit spacieux offrait plus de confort et était idéal pour le jeune couple que nous formions. Il m'arrivait de recevoir des appels de Harry me demandant de lui raconter ses journées ou des détails sur ma vie conjugale. Ou bien, Mrs Hudson m'invitait régulièrement à venir lui rendre visite. Je gardais contact avec Lestrade et Mike Stamford.
Sherlock garda le silence radio pendant une période interminable. Bien que la vie mouvementée de Baker Street me manquait, j'éprouvais un sentiment de plénitude lorsque je rentrais chez moi et retrouvais Mary après une harrassante journée passée à ausculter des patients. Je me surprenais parfois à penser à mon ami, à me demander ce qu'il faisait, s'il était sur une nouvelle affaire. Mrs Hudson me racontait les derniers ragots sur ses voisins mais ne me touchait aucun mot lorsque je faisais allusion à Sherlock. Mon ancienne logeuse, lassée par nos querelles incessantes, ne souhaitait pas jouer les intermédiaires entre nous et jugeait que nous devions parler en tête à tête comme des adultes. Le temps défila sans que j'eusse des nouvelles de mon ex-colocataire. La situation perdura jusqu'à ce qu'un soir, je reçu un texto venant de lui. Je passai ma soirée avec Mary à regarder une comédie romantique, confortablement installés sur le canapé. Elle était blottie contre moi tandis que je lui caressai les cheveux. Une sonnerie de portable interrompit cette intimité et retentit dans tous le living room.
Mary vérifia son téléphone, je ne pris pas la peine de regarder le mien.
- Je crois que c'est ton portable, me dit-elle après avoir jeter un coup d’œil à son mobile.
- Pitié, pourvu que ce ne soit pas l'hôpital, me plaignis-je.
- Tu en as assez des heures supp, observa Mary en souriant.
Je soupirai et sortis mon portable de l'une des poches de mon pantalon. Je lus le nom du destinataire. SH. Je fus d'abords surpris mais mon étonnement céda la place à l'agacement. Après être resté muré dans son silence, il s'était enfin décidé à me parler ou requérir mon aide concernant une affaire importante. Connaissant Sherlock, je le soupçonnais de vouloir m'embarquer dans une histoire impossible. Lorsque nous vivions ensemble, l'un de ses passe temps favoris consistait à jouer avec mes nerfs. Il avait évidement choisit un moment importun pour me tirer de chez moi à une heure tardive. je remarquai qu'il n'avait pas changé depuis mon mariage. Je m'étais résolu à ne pas céder à ses caprices. le temps où je rappliquai à la moindre urgence était révolu. Au lieux de quoi, je ne fis pas l'effort de lire son message et éteignis mon téléphone.
- Tu ne lis pas? Me demanda Mary en haussant les sourcils.
- Non, répondis-je. C'est Sherlock, il devra patienter jusqu'à demain, en attendant je ne bouge pas d'ici.
- S'il s'agissait d'une urgence?
- Il attendra quand même, rétorquai-je. Et puis, il se fait tard et je veux passer le reste de cette soirée avec toi.
Je m'approchai d'elle pour l'embrasser. Elle me repoussa d'un geste.
- Depuis quand John Watson renonce t-il à résoudre une énigme pour les joies d'une soirée télé et des comédies romantiques?
J'ouvris la bouche plusieurs fois sans parvenir à en extraire le moindre son. Force était de reconnaître que Mary avait vu juste à ce sujet. Il me fallait une enquête, un problème insoluble digne d'intérêt. Avoir été en contact prolongé avec Sherlock avait déteint sur moi.
- Qu'est-ce que tu attends pour aller le rejoindre? S'enquit ma femme.
Sans réfléchir, je me levai d'un bond et pris ma veste accrochée au porte manteau. Mon empressement amusa Mary.
- Tu es sûre que ça ne te dérange pas?
-Certaine, répondit-elle en levant les yeux au ciel comme si ma question était hors de propos.
Je me penchai et déposai un baiser sur son front avant de me précipiter vers la sortie.
- Passe lui le bonjour de ma part, me hélà Mary.
-Je n'oublierai pas, criai-je à l'autre bout de l'appartement .
Je sortis en claquant la porte et m'élançai dans la rue, impatient de revoir le 221 b Baker Street. Il me fallut moins de dix minutes pour arriver. La rue était telle que je l'avais toujours connue, c'est à dire bruyante, grouillante de passants et pleine de vie. Quelques taxis stationnaient non loin des trottoirs, tandis que des personnes en sortaient et d'autres montaient. Face à cette marée humaine, je me dépêchai près de cette porte si familière. Malheureusement, je ne possédais plus les clefs de l'appartement, je dus sonner à la porte et attendre que l'on m'ouvre.
Je fis quelques pas en arrière afin d'avoir une vue d'ensemble du quartier. L'appartement de Sherlock était éclairé, je vis passer sa longue et mince silhouette devant la fenêtre. Il faisait les cents pas, marchant et faisant demi-tour dans le sens opposé. Au bout de minutes d'attente, ce fut l'aimable Mrs Hudson qui m'ouvrit. Son visage se fendit d'un sourire radieux lorsqu'elle m'aperçut. Elle était visiblement heureuse de me revoir. Je remarquai qu'elle avait une toute nouvelle coiffure et une nouvelle couleur de cheveux. En dépit de ces petits détails, elle restait toujours la même. Cette brave logeuse de Baker Street.
- John Watson! S'écria t-elle ravie. Heureuse de vous revoir!
- Moi de même.
- Oh! Mais ne restez pas là, donnez-vous la peine d'entrer.
Je passai le seuil de la porte assailli par la nostalgie. Combien de fois avais-je grimpé l'escalier jusqu'à l'appartement du premier étage? Rien ne semblait avoir subit de changements ou des travaux divers.
- Comment se porte votre épouse?
- A merveille, répondis-je avec enthousiasme.
- Qu'est-ce qu'il vous a prit de venir à une heure pareille? Demanda Mrs Hudson en désignant l'horloge se trouvant non loin de l'escalier. Il était presque minuit. Bien que je fusse enchanté de discuter avec elle, je lui montrai mon portable, sur lequel s'affichait le texto de Sherlock.
- Voici la raison de ma visite, lui expliquai-je.
- Je vois, commenta t-elle d'une voix pleine de sous entendu. je vais vous conduire jusqu'à lui.
- Ne vous dérangez surtout pas Mrs Hudson...
- Oh, ne vous en faites pas, il est bon de vous recevoir. Vous êtes et serez toujours le bienvenu.
Elle passa la première et je la suivis jusqu'à l'appartement du détective. Elle frappa à la porte mais il n'y eut aucune réponse.
- Sherlock? l'appela t-elle.
Elle attendit encore avant d'ouvrir.
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