CHAPITRE 9 : Souvenirs… Notre décision est prise, Fairy Tail va s’en mêler ! (Je prie juste pour qu’il n’y ait rien de trop fragile dans les environs…)
- Je mourrai avant d’affronter mon ennemi et notre monde sera perdu. Il amassera trop de pouvoir, et finira par être à l’origine d’un déséquilibre dans la magie, la rendant instable.
- Que se passera-t-il alors ? demanda timidement Lucy, redoutant la réponse.
- Cela déclenchera des catastrophes naturelles, et il finira par être assez puissant pour briser les limites entre notre monde et celui des morts. Tous les mages noirs et les démons vaincus pourront ainsi revenir, et il sera probablement capable de les contrôler.
Un silence pesant suivit cette déclaration. Ils essayaient d’assimiler ce qu’ils venaient d’entendre. Soudain, la lourde porte de chêne se referma bruyamment. Shin venait de sortir, en colère. Chuujou voulut justifier l’attitude de son petit frère.
- Il est très proche de Mirai depuis qu’ils sont enfants et accepte mal cette situation. Il a toujours dit qu’il la sauverait de la malédiction des Hikarino, mais elle n’a jamais été plus près de se réaliser.
Il y eut un nouveau silence, qu’Erza rompit.
- Qu’attendez-vous de nous exactement ?
- Nous sommes seuls désormais, lui répondit Tairyoku. De Dreaming Light, il ne reste que nous quatre. Les autres se sont éparpillés lorsque nous sommes devenus une guilde illégale. Nous avons besoin d’aide pour combattre notre ennemi, qui possède sa propre guilde. Je ne veux pas vous mentir, ils sont nombreux, et il y a des mages puissants là-bas. Ca sera dangereux, même si vous acceptez de nous aider.
La jeune femme hésita avant de répondre.
- Nous aurions besoin de nous concerter. Tout ceci est certes très préoccupant, mais nous ne devons pas décider de nous lancer dans ce genre de combat sans y réfléchir.
- Bien sûr, lui répondit Tairyoku. Il y a plusieurs pièces dans le couloir par lequel vous êtes arrivés, vous pouvez discuter là. Mais avant, il me semble que certains d’entre vous sont blessés. Je suppose que c’est arrivé à cause de ma barrière de défense…
- Si par « barrière de défense » vous voulez dire « ignobles morts vivants absorbeurs de magie », alors oui, effectivement, répondit Sharuru, la langue toujours aussi acérée.
- J’en suis désolé, mais nous devons nous défendre contre toute intrusion. Seuls les membres de notre guilde possédant encore notre marque, que vous voyez sur le front de ma fille, peuvent entrer ici. Si des mages essaient de forcer le passage, vous avez eu un bon aperçu de ce qu’il leur arrivait. Si ce sont des gens ordinaires, ils ne voient que des illusions destinées à les effrayer.
- Alors, finalement la forêt des âmes oubliées, c’est juste votre protection ? demanda Lucy, à la fois soulagée et déçue que le mythe qui l’avait fait trembler et rêver ne soit qu’une illusion.
- Je me suis juste servi de cette vieille légende pour créer mon leurre, lui répondit-il en riant devant l’air mitigé de la jeune fille. Je ne sais pas du tout si elle existe réellement, et si oui, où elle se trouve.
Pendant qu’ils parlaient, il avait recommencé à farfouiller dans l’armoire et en sortit une petite boite. Il fit signe à Lucy et Gray de s’approcher et étala un onguent sur la balafre ornant le dos du jeune homme après l’avoir nettoyée, puis lui fit un pansement. Gray ne réagit pas. Chuujou fit de même avec la blessure de Lucy et celle-ci tressaillit de douleur plusieurs fois.
- C’est un onguent spécial, il atténuera la douleur, empêchera l’infection, et accélèrera la cicatrisation. Vous devriez être capable de marcher seule d’ici à demain.
- Merci beaucoup, répondit la jeune fille avec gratitude. Dîtes, en quelle langue est votre mot de passe ? Je ne l’ai pas reconnue ?
- Il s’agit d’un langage ancien, répondit-il. Il est enseigné aux descendantes d’Hikari-sama. La mère de Yume et Mirai leur a appris, ainsi qu’à maître Tairyoku. C’est une langue puissante, dont les mots activent eux-mêmes une magie considérable. De ce que je sais de leur histoire, continua-t-il en regardant vers Yume, c’était le seul langage parlé par la première prêtresse lorsqu’elle est arrivée dans ce pays. Il parait qu’il y a des ruines beaucoup plus loin dans les terres à l’Est dans le royaume d’Albero, où on peut retrouver une écriture similaire. On pense que leurs ancêtres vivaient là-bas.
Natsu ne perdit pas une miette de la scène et ressentit une pointe de jalousie en voyant Chuujou s’occuper de Lucy, mais se retint de réagir, se souvenant avoir entendu les mots Chuujou et fiancé dans la même phrase quelques minutes auparavant.
Une fois les soins terminés, Erza se dirigea vers le couloir, suivie des autres mages de Fairy Tail. Natsu, qui soutenait Lucy, referma la porte derrière lui.
- Je suis désolée père, je leur ai tout raconté. Mais je ne voyais pas quoi faire d’autre. Ils arrivent au moment où nous avons le plus besoin d’eux, et je sais que ce n’est pas un hasard.
- Ne t’excuse pas ma fille. Tu as agi pour le mieux, j’en suis sûr. Et c’est toi le chef de la famille Hikarino depuis que ta mère est morte. Après tout, elle disait toujours que les coïncidences n’existent pas. Leur venue ici pourra peut-être changer les choses. Espérons que ce soit en bien…
- Même moi je ne saurais le dire. Je ne peux plus rêver…
Chuujou restait silencieux. Il se sentait si impuissant. Tout ce qu’il semblait capable de faire, c’était la soutenir. Alors c’était ce qu’il ferait, jusqu’au bout. Et si elle partait, il la suivrait, où qu’elle aille.
Erza entra dans une des pièces, et vit une chambre aux murs de pierre, ayant pour tout mobilier un lit et une petite table de chevet. Elle avança et les autres la suivirent. Natsu aida Lucy à s’assoir sur le lit. La jambe de la constellationniste lui faisait toujours un mal de chien, le baume n’ayant pas encore eu le temps d’agir. Le jeune homme resta debout près d’elle appuyé contre le mur, l’enveloppant de la chaleur qu’il dégageait, ce qui l’aida à se relaxer. Juvia s’assit à côté d’elle et Happy s’installa sur son épaule. Gray commença à faire les cents pas, Sharuru se posa à côté de Juvia et Erza se tenait immobile au milieu de la pièce, plongée dans une intense réflexion.
FIN DU FLASH BACK
Ils restèrent ainsi en silence quelques minutes, puis Natsu prit la parole.
- J’ai un plan : on retrouve Wendy et dans la foulée on écrase le type qui veut voler ses pouvoirs sacrés à Yume. Comme ça on sauve le monde et tout est bien qui finit bien.
- C’est un peu sommaire, mais c’est l’idée, répondit Erza. Comme ça risque d’être dangereux, vraiment très dangereux j’entends, je propose qu’on vote. Ceux qui n’ont pas envie de se retrouver plus mêlés à tous ça se contenteront de ramener Wendy, puis seront libres de rentrer.
- De quoi tu parles Erza ? Pas question que je rentre comme ça ! Va enfin y avoir de l’action !
- Aye !!!
- Et puis, la fin du monde, on connait bien, renchérit Lucy. Après Nirvana, on est blindé !
- Tu oublies Lullaby, Déliora, la tour du paradis, Edoras…, bref c’est pas un mec débile et un peu trop ambitieux de plus qui va nous faire peur ! s’exclama Gray.
- Juvia aussi veut rester. Juvia aime sa nouvelle vie à Fairy Tail et veut la protéger.
La jeune fille arborait un sourire timide et sa déclaration les prit un peu de court. Mais ils pensaient tous globalement la même chose.
- Je suivrai Wendy, quoi qu’elle décide, dit Sharuru avec un soupir. Mais comme elle voudra rester de toute façon, vous pourrez aussi compter sur moi.
- Alors c’est décidé, conclut Erza. J’ai besoin de quelques minutes pour contacter la guilde, vous pouvez retourner auprès des autres.
Sous-entendu : « Dégagez d’ici, je dois parler à Mirajane en privé. » Message reçu ! Ils quittèrent la chambre et rejoignirent leurs hôtes.
Erza s’assit sur le lit et prit quelques secondes pour souffler. Elle était bien plus inquiète qu’elle ne le laissait paraître. Ses pires craintes étaient plus que confirmées et même largement dépassées. Tout cela allait bien au-delà de l’enlèvement de Wendy, comme elle l’avait pressenti en partant ce matin là. Il s’était passé tellement de choses qu’elle avait du mal à se dire qu’il s’était à peine écoulé une journée depuis qu’ils avaient quitté Fairy Tail.
Elle sortit le lacryma portable que lui avait donné maître Makarov et l’activa. Elle vit bientôt apparaître le visage souriant de Mirajane devant elle.
- Ah Erza ! Alors comment ça se passe ? Vous avez retrouvé Wendy ?
- Non pas encore. C’est un peu compliqué, il y a pas mal de nouveaux éléments à prendre en compte.
Elle raconta succinctement à Mirajane ce qu’ils venaient d’apprendre. La jeune femme écarquilla les yeux de surprise.
- Effectivement, la situation a l’air complexe. Je suis navrée, mais pour une fois ils sont tous en mission et je n’ai pas de renfort à te proposer… Je pourrais venir…
- Ne t’en fais pas, on va s’en sortir. De toute façon, il faut que quelqu’un reste à Fairy Tail en attendant que notre maître rentre. Tu as des nouvelles du poison ? En tout cas, personne n’a manifesté le moindre effet secondaire pour l’instant.
- Non, Jet et Droy sont toujours là-bas. Ils ont dit qu’ils me contacteraient lorsqu’ils auraient du nouveau. Les pauvres avaient l’air terrorisés par Polyushka-san ! Elle leur a demandé de rester pour qu’ils emmènent son rapport avec eux en rentrant.
- Ok, préviens moi si elle trouve quelque chose de gênant. Il vaudrait mieux éviter de tomber raide mort durant un combat…
- Pas de problème !
- Je te laisse, on a encore des choses à régler.
- D’accord. Si jamais tu penses que vous avez besoin d’aide, n’hésite pas à me le dire, on pourra toujours en demander aux autres guildes. Après tout, cela nous concerne tous.
- Ok. A plus.
- Bon courage !
Elle coupa la communication. L’aide de Mirajane leur aurait été bien utile, mais Erza savait qu’elle ne pouvait se maintenir sous sa forme de démon que peu de temps. Dans son état actuel, il valait mieux ne pas prendre de risque. Et puis, il fallait effectivement que quelqu’un reste à Fairy Tail. Quant à contacter d’autres guildes, elle avait peur que ça prenne bien trop de temps. Elle s’étira brièvement, puis se releva et rejoignit les autres. Ils étaient tous en grande conversation avec Tairyoku. Shin était revenu et s’appuyait contre le mur, l’air renfrogné. Yume, assise sur son lit semblait peiner à rester éveillée. Chuujou, à ses côtés la soutenait.
- Vos amis m’ont annoncé que vous acceptiez de nous aider. Je ne vous en remercierais jamais assez ! s’exclama-t-il à l’attention d’Erza.
- Maintenant, il nous faudrait plus de détails, vous devez nous dire tout ce que vous savez.
- Le plus simple serait encore de vous le montrer, lui répondit la prêtresse. Je peux lancer un sort qui…
- Hors de question, l’interrompit Tairyoku. Tu ne peux plus utiliser la magie, tu te souviens ? De plus, les sorts et les incantations sont mon domaine.
- Mais tu es si affaibli, tu dois maintenir la barrière dans toute la forêt, et les protections de cet endroit aussi, les mots de passe pour entrer… Tout cela te demande énormément de magie !
- Toujours est-il que je suis en meilleure forme que toi, alors pour une fois ne discute pas !
La jeune fille soupira. Il avait raison, elle n’était même pas sure de pouvoir marcher, alors utiliser ses pouvoirs !
- Je vais utiliser un sort, reprit son père, qui puisera dans nos souvenirs à tous les quatre, et vous montrera ce que vous avez besoin de voir.
Il prit deux grands bols et y plaça différentes herbes. Curieuse, Lucy s’approcha (toujours soutenue par son Dragon Slayer préféré. Elle sentait déjà beaucoup moins la douleur de sa jambe mais ne trouvait pas utile de le préciser) et lui demanda ce qu’il utilisait.
- Des feuilles de trèfle et de guimauve pour nous, cela ravive les souvenirs, de la rose blanche et de la sauge pour augmenter votre réceptivité. Bon, il n’y a plus qu’à faire bouillir de l’eau et…
- Juvia peut produire de l’eau brûlante si vous voulez, proposa la jeune fille qui s’était approchée à son tour.
- Ce n’est pas de refus, cela nous évitera d’attendre. Si vous voulez bien la déverser sur les herbes, voila comme ça c’est parfait.
Il prit le bol contenant le trèfle et la guimauve et prononça une formule dans la même langue que Chuujou avait utilisée pour ouvrir le passage menant à leur repère. Puis, il l’apporta aux trois autres membres de Dreaming Light, qui en burent chacun une gorgée. Puis il fit de même. Il répéta ensuite la formule en prenant le deuxième bol et le présenta aux mages de Fairy Tail qui en avalèrent chacun une gorgée à leur tour. Quand Natsu lui passa le bol, Lucy le porta à ses lèvres et fit la grimace en sentant le goût du liquide amer. Aussitôt, elle eu un frisson et se sentit étrange. La présence de Natsu à ses côtés n’avait jamais été plus réelle, plus tangible. Elle sentait son odeur, entendait son souffle et l’attirance qu’elle ressentait en était décuplée. Sa réceptivité était réellement très augmentée ! Elle tourna la tête vers le jeune homme et lorsque leurs regards se croisèrent, elle eut l’impression d’être traversée par un courant électrique. Le Salamander quant à lui, ne semblait pas aussi affecté par le breuvage et après lui avoir sourit il détourna les yeux, pour les reporter sur le maître de Dreaming Light qui prononçait une nouvelle formule.
Tout à coup, la pièce sombre disparut, et ils se retrouvèrent dans un grand jardin, où s’épanouissaient de majestueux cerisiers en fleurs. Au centre se trouvait une fontaine, représentant un croisant de lune surmonté d’une étoile, et au fond, trônait une gigantesque bâtisse ressemblant à un temple et possédant le même emblème. Une foule de gens gesticulant et parlant fort se pressait au-devant. Lucy et les autres s’avancèrent et entendirent deux personnes parler, toutes deux possédant un tatouage représentant le symbole de Dreaming Light.
- C’est un grand jour, la prêtresse vient d’accoucher !
- Oui, il paraît que c’est la première fois que deux enfants naissent dans la même génération ! C’est un signe, espérons que cela nous portera chance !
Puis, le jardin fit place à l’intérieur d’une chambre. Une femme, épuisée et couverte de sueur tenait un bébé dans ses bras, pendant qu’un homme, assis à ses côtés prenait un deuxième enfant dans les siens. Lucy s’aperçut avec stupeur, qu’il s’agissait de Tairyoku, vingt ans plus jeune ! Il semblait plus grand, plus vigoureux que le Tairyoku actuel, marqué par l’âge et la tristesse, et il rayonnait. Il se pencha vers la jeune femme et il repoussa une mèche de ses cheveux roux qui recouvrait le tatouage représentant un croissant de lune et une étoile qu’elle portait sur le front, en lui souriant.
- Je sais ce que dit la prophétie, murmura-t-il. Mais ne nous en inquiétons pas maintenant, nous aurons tout le temps d’aviser. Aujourd’hui, nous devenons parents, alors autorise-toi à être heureuse ! Nous leur donnerons tout l’amour dont nous serons capables, et nous empêcherons cette malédiction de se réaliser. Tant que nous seront ensembles, tout ira bien. Je te le promets.
- Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, lui répondit-elle en lui souriant tendrement. Je t’aime Tairyoku.
- Moi aussi je t’aime Amami, lui répondit-il en l’embrassant.
Le décor changea une nouvelle fois, et ils se retrouvèrent à nouveau dans le jardin, mais la saison avait changée. Les cerisiers ne portaient plus de fleurs, mais de magnifiques cerises bien rouges. Deux petites filles rousses grimpaient aux arbres en riant et en salissant leurs vêtements.
- Hé, Yume, je suis sure que tu peux pas arriver sur la grosse branche là-haut avant moi !
- Bien sûr que je peux ! s’indigna l’intéressée, qui se mit à grimper plus vite et passa devant sa sœur. T’as vu, j’ai gagné ! s’exclama-t-elle, toute fière en s’asseyant sur la branche.
- Super, tu vas pouvoir nous ramener les cerises les plus rouges alors ! rétorqua la première fillette, ses yeux verts brillant de malice.
Devant l’air abasourdi de sa sœur qu’elle venait de manipuler avec brio, Mirai éclata de rire, bientôt imitée de Yume, qui se moquait de sa propre crédulité.
- Hors de question ! répliqua-t-elle, je vais toutes les manger ici !
Elles continuèrent de se chamailler gentiment pendant que Mirai montait et rejoignait sa jumelle. Elles mangèrent goulument tous les fruits qu’elles purent attraper, sans oublier de se tacher copieusement. Puis, Yume leva son visage vers le ciel en soupirant s’aise. Ses yeux bleus se posèrent sur un groupe de cerises appétissantes, un mètre plus haut.
- Regarde-ça Mirai ! Il y en a encore !
- Moi, j’en ai eu assez. Regarde ta robe, tu as de la cerise partout, tu vas te faire gronder !
- Et toi donc !
Puis elle se remit à grimper pour atteindre les cerises tellement rouges qu’elles en devenaient noires. Elle tendait avidement sa main pour attraper la première, quand son pied dérapa. Déséquilibrée, elle ne put se retenir et tomba de l’arbre.
- YUME ! hurla Mirai qui vit sa sœur basculer dans le vide.
Juste avant de toucher le sol, la fillette sentit un vent fort la soulever, puis la reposer délicatement à terre. La même bourrasque alla soulever Mirai de sa branche d’arbre, et la déposa à côté de sa sœur.
- Franchement, vous êtes vraiment inconscientes toutes les deux ! les gronda un petit garçon de deux ans leur cadet qui venait d’arriver. Vous imaginez ce qui aurait pu se produire !
- Rien du tout ! répliqua Mirai, parce que vous êtes toujours là toi et Chuujou pour veiller sur nous. Merci Shin !
Elle déposa un baiser sur la joue du garçon, qui se recula vivement en s’essuyant le visage. Il fit demi-tour en maugréant que les filles étaient vraiment sottes et que c’était dégoûtant, pendant que les deux sœurs pouffaient de rire dans son dos.
- Le pauvre, vous n’êtes pas tendres avec lui, dit une voix venant de derrière elles. Vous voulez bien arrêter de tourmenter mon petit frère ?
- Chuu…Chuujou ! bégaya Yume, le visage aussi rouge que les traces de cerises sur sa robe. Qu’elle essaya vainement de cacher.
Mirai leva les yeux au ciel devant le changement soudain d’attitude de sa sœur et tourna son regard vers le garçon qui leur souriait.
- Hors de question, c’est bien trop amusant !
Ils se regardèrent, tous les trois absolument d’accord sur ce point et éclatèrent de rire.
Les cerisiers disparurent, et firent place à une chambre comportant deux lits. Yume et Mirai en occupaient chacune un et semblaient sur le point de se coucher. Une jeune femme, celle qu’ils avaient vu quelques instants auparavant et qui venait d’accoucher, était assise sur une chaise entre leurs deux lits. Elle avait pris quelques années mais était toujours aussi belle.
- Vous devez dormir, disait-elle aux deux jeunes adolescentes qui semblaient bien éveillées. Demain c’est votre treizième anniversaire et la journée sera longue.
- Mais on veut savoir de quoi vous parliez avec papa tout à l’heure ! s’exclama Mirai.
- Oui, on vous a entendu parler d’une prophétie ! continua Yume.
- Qui semble nous concerner.
- Plus tard, vous n’êtes pas encore prêtes.
- On est plus que prêtes maman !
Ses deux filles la regardaient avec des yeux tellement insistants qu’elle faillit céder. Puis elle se reprit.
- Absolument pas ! Vous n’avez pas la maturité nécessaire. Lorsque vous vous conduirez en jeunes filles responsables, votre père et moi reconsidèrerons la chose. En attendant, au lit !
- On promet qu’on sera sages, matures, et tout et tout ! S’il-te-plait, on a le droit de savoir ! répliquèrent-elle en parfaite synchronisation.
Amami soupira.
- Vous avez le droit de savoir, mais pas maintenant. Ce que vous devez retenir pour l’instant, c’est que vous devrez toujours rester unies toutes les deux, et ce peu importe laquelle d’entre vous sera choisie pour devenir la future prêtresse, lors de votre dix-huitième anniversaire. A ce moment là, je vous expliquerai tout, c’est promis.
Les deux filles râlèrent encore un peu, mais comprirent vite que leur mère ne cèderait pas. Elles se glissèrent sous leurs draps et Amami vint leur baiser le front à chacune.
- Bonne nuit mes chéries. Faîtes de beaux rêves.
Puis elle quitta la chambre. Yume soupira.
- Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda sa sœur.
- J’ai pas envie de devenir prêtresse…
- Moi si ! Tu as vu comme tout le monde adore maman ? Et son pouvoir est trop cool, elle a sauvé un village entier la semaine dernière en prévoyant ce glissement de terrain !
- On n’a plus qu’à espérer que tu serras choisie alors. Je suis sure que tu ferais une excellente prêtresse.
- Toi aussi tu sais, si tu prenais juste un peu plus confiance en toi. Ta magie ressemble plus à celle de maman que la mienne, tu peux utiliser la force qui réside dans la nature pour guérir les blessures, comme elle.
Il y eut un court silence, que Yume rompit.
- Tu m’en voudrais si par hasard, j’étais choisie ?
- Mais non andouille ! C’est la règle du jeu, et puis maman nous a bien dit de rester unies non ? Alors ma vieille, je te lâcherai pas d’une semelle, que ça soit toi ou moi !
- Moi pareil !
- Promis ?
- Promis !
Elles tendirent chacune une main vers l’autre et croisèrent leur petit doigt.
La chambre s’effaça. Ils se trouvaient à présent dans une grande salle. Ses murs avaient été recouverts de tapisseries sombres, qui laissaient deviner des peintures plus colorées par endroit. Une foule vêtue de noir y était rassemblée en silence. Tous avaient la tête baissée et les yeux fermés, comme en recueillement, et beaucoup pleuraient sans bruit. Au devant, se trouvait un autel sur lequel reposait un corps allongé et immobile, entouré de quatre personnes. Lucy tenta de s’approcher sans bousculer personne, mais sa jambe la trahit et elle trébucha. Elle voulut se raccrocher à la personne se trouvant devant elle, mais passa au travers. Elle n’évita la chute que grâce à … Natsu qui la rattrapa. « Encore une fois ! » songea-t-elle. Elle reporta son attention sur la scène, et décida de s’approcher en passant au travers de la foule. Après tout, tout ceci n’était qu’un souvenir, elle ne risquait pas de faire mal à qui que ce soit. Les autres la suivirent et ils se retrouvèrent bientôt au premier rang. Elle reconnut sans mal les gens entourant le corps inanimé, qu’elle identifia comme étant celui de la mère de Yume. Elle était pâle, sa poitrine ne se soulevait pas. Tairyoku lui tenait la main et une larme unique laissait un sillon humide sur sa joue. Lucy pouvait lire tant de douleur sur ce visage qu’elle avait vu rayonnant de bonheur quelques instants plus tôt ! Cette vision de tristesse contenue la choqua et lui serra le cœur. Mirai et Yume étaient quant à elles à genou au chevet de leur mère et pleuraient toutes les larmes de leur corps. A leur côté se tenait une vielle femme, l’air triste mais résigné. Sa robe noire laissait apparaître le tatouage de Dreaming Light sur le haut de sa poitrine. L’atmosphère était pesante et le silence n’était rompu que par les sanglots des deux fillettes, qui résonnaient dans l’immense salle.
Lucy détourna les yeux, incapable de supporter la scène plus longtemps. Son regard se posa sur Juvia. La jeune femme avait les larmes aux yeux et baissait la tête. Gray le remarqua et sembla hésiter quelques instants avant de passer son bras autour de ses épaules. Lucy décida de leur laisser ce moment d’intimité et porta ses yeux sur Erza, qui gardait le regard dur, fixé sur le lointain. Elle la connaissait assez pour savoir que cela trahissait son bouleversement. Sharuru et Happy se tenaient côte à côte juste devant elle et avaient l’air désolé, de grosses larmes menaçaient de déborder des yeux du petit chat. Luttant contre les siennes, Lucy se serra contre Natsu qui la soutenait toujours, ferma les yeux et laissa sa chaleur réconfortante l’envelopper. Le Salamander fut d’abord surprit par l’attitude de son amie (elle semblait plutôt l’éviter quand elle le pouvait ces derniers temps), mais ne s’en plaignit pas. Il lui caressa maladroitement les cheveux et la sentit se détendre un peu.
Soudain, une voix retentit et la jeune fille se redressa.
- Nous sommes rassemblés en ce funeste jour pour rendre un dernier hommage à notre bien-aimée prêtresse, qui nous a quittés dans des circonstances tragiques, laissant derrière elle deux enfants et un mari qui l’aimaient énormément.
La vieille femme s’était tournée vers la foule et parlait d’une voix tremblante d’émotion mais forte.
- Elle était l’une des femmes les plus douces et les plus sages qu’il m’ait été donné de rencontrer, une amie chère, une femme aimante et dévouée, et une mère exceptionnelle. Sa disparition soudaine et encore inexpliquée laissera une déchirure douloureuse dans nos cœurs à tous. N’ayons pas honte de la pleurer, elle qui nous a tant donné tout au long de sa trop courte vie.
Elle se tut, sa voix se brisant sur les derniers mots. Puis elle se redressa et reprit :
- Honorons sa mémoire en respectant ses convictions. Restons unis dans ce moment difficile, soutenons-nous les uns les autres et continuons d’avancer, c’est ce qu’elle aurait souhaité et souhaite toujours de l’endroit où elle se trouve maintenant. N’oublions jamais qu’elle continuera à veiller sur nous du monde des âmes, aux côtés de ses ancêtres. Maintenant, recueillons-nous quelques instants, et adressons-lui nos adieux.
Elle se tut de nouveau, se tourna vers l’autel et ferma les yeux. Son auditoire fit de même et ils se recueillirent en silence. Puis, la vieille femme reprit la parole.
- Je vous remercie d’être venus si nombreux. Malgré notre peine, il nous faut maintenant désigner la nouvelle prêtresse. Si vous voulez bien nous laisser quelques instants.
La foule sortit de la salle en silence. Lucy vit Chuujou et Shin parmi les nombreuses personnes qui s’éloignaient. Ils jetèrent un regard vers les deux sœurs, l’aîné chuchota quelques mots à l’oreille de son cadet, puis ils partirent.
La vieille femme s’approcha de Yume et Mirai, restées à genoux tout le temps de l’oraison funèbre et qui n’avaient cessé de pleurer.
- Je suis désolée, mais c’est l’heure.
Mirai acquiesça et se releva. Elle se tourna vers sa sœur, qui refusait de lâcher leur mère et de se relever.
- Yume, s’il-te-plait, lui dit-elle doucement, la voix brisée. Tu as entendu Hana-san. Nous n’avons pas le choix. Lève-toi maintenant.
L’adolescente consentit à se détacher du corps sans vie et se redressa. La vieille femme les regarda avec tendresse. Elle s’approcha du corps d’Amami et plaça une main au dessus de son front, l’autre au dessus de son cœur. Elle psalmodia et une douce lumière se dégagea du corps de la prêtresse. La lumière se rassembla en une sphère incandescente et flotta devant Yume et Mirai qui se tenaient la main. La douceur qu’elle dégageait leur rappelait leur mère et leurs larmes recommencèrent à couler. Soudain, la boule lumineuse bougea à toute vitesse et pénétra dans la poitrine de Yume. Sous le choc, ses yeux s’écarquillèrent et ses lèvres s’entrouvrirent. Son corps irradia quelques instants et se souleva du sol de telle sorte que sa sœur dut lui lâcher la main. Yume brillait tellement que Mirai, Tairyoku et Hana détournèrent les yeux. Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, la lumière s’éteignit, et Yume s’effondra, inconsciente. Sa sœur et son père se précipitèrent vers elle. Elle ouvrit les yeux et porta un regard confus sur son entourage.
- Que s’est-il passé ? demanda-t-elle.
- Le pouvoir sacré t’a choisie Yume, lui répondit Hana. Tu es notre nouvelle prêtresse.
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