Lucy se sentait un peu ébranlée par ce qu’elle venait d’apprendre, et déconcertée aussi. Cela faisait beaucoup d’informations à enregistrer d’un coup. Toute cette histoire dépassait de loin le simple enlèvement de Wendy, et elle ne savait plus vraiment où s’arrêtait leur rôle. Devaient-ils se contenter de sauver leur amie ? Non, c’était évident. Même si aucune requête n’avait officiellement été déposée auprès de la guilde, il fallait aider ces gens et empêcher leurs ennemis d’atteindre leur but, trop de vies en dépendaient. Mais elle ne voyait pas vraiment ce qu’elle pouvait faire, comment elle pourrait intervenir pour changer une prophétie séculaire. D’un côté, elle était soulagée d’apprendre que Wendy ne risquait rien dans l’immédiat, mais de l’autre, elle était terrorisée à l’idée de ce qu’ils allaient devoir affronter.
FLASH BACK
Après avoir marché une vingtaine de minutes dans la forêt (et à la plus grande joie de Lucy, sans aucune apparition quelconque, telle celle de cadavres dégoûtants et effrayants), ils atteignirent une bâtisse en ruine. Ils suivirent Chuujou, qui portait toujours son jeune frère, à l’intérieur. Le jeune homme prononça quelques mots à voix basse dans une langue que la jeune fille ne reconnut pas. Le plancher s’effaça, dévoilant l’entrée d’escaliers s’enfonçant dans le sol. Ils s’y engagèrent en silence, précédés de Chuujou qui se hâtait.
Alors qu’ils descendaient les escaliers éclairés par de la mousse phosphorescente, horologium disparut, déclarant soudain que le temps était écoulé. Lucy tomba lourdement sur une marche de pierre.
- Aouch ! s’exclama-t-elle, se relevant péniblement en se frottant le postérieur. Il faudrait que je pense à revoir certains termes du contrat, maugréa-t-elle. Par exemple, lui demander de me prévenir AVANT de disparaître.
Elle fit un pas, et manqua tomber tête la première dans l’escalier. Natsu la rattrapa avant qu’elle ne heurte le sol. « Zut, j’avais oublié cette fichue blessure ! »
- Merci Natsu.
« Pfffff, l’atmosphère est oppressante ici, on n’y respire pas bien » songea-t-elle, s’agrippant au bras du Salamander.
- Ca devient une habitude ! s’exclama-t-il en riant.
- De quoi ? demanda-t-elle distraitement.
- Tu trébuches, je te rattrape !
La jeune fille rougit en grommelant une réponse sans aucun sens et tenta un nouveau pas. Qui ne fut guère plus concluant que le premier.
- Allez, grimpe ! lui dit Natsu. Si tu continues à t’acharner, tu vas te faire mal.
Il était de nouveau accroupi devant elle. Elle hésita une seconde, puis décida qu’elle avait assez mal pour accepter d’être portée. Par Natsu. Son cœur s’affola (une fois de plus) et elle serra les dents en pensant qu’il l’entendait sûrement. Soit il faisait exprès de la tourmenter, soit il était vraiment très naïf ne comprenait rien du tout ! « Même s’il n’y a rien à comprendre… » se reprit-elle mentalement. Elle se hissa sur le dos du Salamander et il se releva. Les autres les avaient distancés, si bien qu’ils se retrouvaient isolés, presque seuls. Se sentant soudain très lasse, Lucy enfouit sa tête dans le cou de Natsu, ferma les yeux et se permit de relâcher un peu de la pression qu’elle avait accumulée.
Le jeune homme avançait prudemment, prenant bien garde à ne pas secouer son amie, et s’appliquant à ignorer son souffle léger dans sa nuque, sa poitrine dans son dos, et ses cuisses qu’il soutenait. Les sentiments qu’il éprouvait envers la jeune fille avaient changé depuis un moment maintenant. Il n’avait pas tout de suite bien saisit ce qui lui arrivait, mais en sa présence il se sentait un peu nerveux et il avait chaud, lui, le Dragon Slayer du feu ! Il ne voulait pas changer son comportement envers elle car il pensait qu’elle n’y était probablement pour rien, mais tout cela l’ennuyait. Si bien qu’un jour Mirajane lui demanda si quelque chose le tourmentait, alors qu’il soupirait au bar, en mâchonnant une cuisse de poulet rôti (Gray n’étant pas encore arrivé il n’avait personne sur qui hurler, ce qui lui laissait tout le temps de cogiter). A force de persuasion, la jeune femme finit par lui arracher la vérité.
- Mais, Natsu, c’est très simple ! Tu es amoureux !
- ?
Devant l’air étonné du jeune homme, qui écarquillait les yeux et ne semblait pas avoir compris un traitre mot de ce qu’elle lui disait, elle avait abandonné, se disant qu’il l’accepterait le moment venu. Et s’il tardait trop, elle l’aiderait un peu…
Natsu n’avait tout d’abord vraiment pas compris de quoi elle parlait. Lui, amoureux ? Il ne s’intéressait même pas aux filles ! Et Lucy était son amie, c’était ridicule ! Et puis il avait dû se rendre à l’évidence : il ne la regardait pas du tout comme les autres filles, commençait à avoir de drôles de pensées la concernant, sans parler des réactions de son corps. Si bien qu’il avait été gêné en présence de la jeune fille pendant un moment. Il avait même attaqué plusieurs fois Gray juste parce qu’il s’était assis à côté d’elle et que ça ne lui plaisait pas du tout. Et même ce matin, quand elle lui avait parlé alors qu’ils étaient dans la forêt, il avait ressenti un pincement au cœur et le besoin urgent d’envoyer son poing dans la figure de cet abruti. Il s’était retenu et avait voulu les écouter, mais il n’avait finalement pas été si sûr de vouloir entendre leur conversation. Il avait donc reporté son attention sur Happy qui continuait d’élucubrer sur la probabilité que le ravisseur de Wendy soit un poisson géant, déterminé à le faire frire le cas échéant.
En tout cas, si c’était ça être amoureux, c’était drôlement enquiquinant ! Puis, il avait vu qu’il était capable de faire comme si de rien n’était et de continuer à lui sourire comme avant. Il avait même remarqué que le cœur de Lucy battait plus vite ces derniers temps lorsqu’il le faisait. S’il y réfléchissait en comparant les réactions de son amie aux siennes, il en concluait que peut-être… Et arrêtait généralement sa réflexion là, sentant le mal de crâne pointer le bout de son nez.
Ils atteignirent une porte de fer ouverte, que les autres avaient déjà dépassée. Natsu les rattrapa dans un long couloir qui donnait sur plusieurs autres portes, devant lesquelles ils passèrent sans s’arrêter, pour arriver devant une plus massive, en chêne. Chuujou l’ouvrit précipitamment sans prendre le temps de donner le mot de passe. Il se rua à l’intérieur de la pièce, poussa les couverts sales qui se trouvaient sur la table, et y allongea Shin, dont l’état ne s’était pas amélioré.
- Maître Tairyoku, il a été empoisonné, il nous faut l’antidote, vite !
Un homme de carrure imposante s’était vivement levé à leur entrée et regardait à présent le jeune homme couché sur la table, l’air effaré.
« Tairyoku… Ce nom me dit quelque chose… » pensa Erza.
- Empoisonné… Ne me dis pas que…
- Si, je suis désolé. C’est elle. Elle nous a interceptés avant que nous ne puissions nous réfugier dans la forêt. Elle nous a attaqué par surprise, m’a assommé avant que je ne puisse réagir et quand je me suis réveillé, Shin était dans cet état. Il a dû essayer de me transporter jusqu’ici mais s’est effondré avant.
Il marqua une légère pause, avant de poursuivre :
- Elle nous a aussi pris le Dragon Slayer des cieux.
A ces mots, le dénommé Tairyoku s’affaissa sur une chaise et se prit la tête entre les mains. Mais il ne se laissa pas aller longtemps, on avait besoin de lui. Il se releva et commença à examiner le jeune homme malade.
- Depuis combien de temps est-il empoisonné ?
- Une heure je pense, peut-être plus, je ne sais pas combien de temps je suis resté inconscient.
Après quelques minutes passées à ausculter le jeune homme, il avait son diagnostique. Il se dirigea vers une petite armoire dans un coin de la pièce et y chercha quelques instants avant de pousser un soupir de soulagement et d’en retirer une petite fiole.
- Dans notre malheur nous avons eu de la chance. Elle a utilisé un de ses anciens poisons, j’avais encore un antidote.
Il releva Shin sans ménagement, lui ouvrit la bouche et lui fit boire le contenu de la fiole. Le jeune mage toussota, puis ouvrit les yeux. Il se sentait encore nauséeux et avait un mal de crâne carabiné, mais il n’avait plus l’impression de mourir, physiquement du moins. Ce qui était déjà un plus. Même si son cœur saignait encore. Il n’avait pas réussi à la convaincre. Il doutait d’y arriver un jour, au vu des évènements récents.
- Shin ! Comment tu te sens ?
En entendant la voix de son grand frère, il sortit de ses sombres pensées.
- Pas trop mal je crois. Mais qui sont tous ces gens ? ajouta-t-il en portant un regard circulaire dans la salle.
- Oui, je crois que l’heure des présentations et des explications est arrivée, intervint Erza qui avait attendu que le jeune homme soit hors de danger pour prendre la parole. Je suis Erza et voici Gray, Juvia, Lucy, Natsu, Happy et Sharuru, continua-t-elle en désignant ses amis à l’annonce de leur nom. Nous sommes des mages de Fairy Tail, et nous avons suivi ces deux hommes jusqu’ici car ils ont enlevé une de nos amis. Il nous a promis de nous dire où elle se trouve à présent, poursuivit-elle en pointant Chuujou du doigt, si nous acceptions de le suivre et d’écouter votre histoire. Nous n’avons pas de temps à perdre, alors nous vous écoutons. Qui êtes-vous ? De quelle guilde faîtes-vous partie ? Et pourquoi vous être attaqués à Fairy Tail ?
La jeune femme se dressait devant l’homme (qui la dépassait de deux bonnes têtes), les mains sur les hanches, l’air pas commode du tout. Tairyoku l’ignora, se tourna vers Chuujou et explosa.
- Qu’est-ce qu’il t’a pris d’amener des mages d’une guilde officielle, pire de Fairy Tail, ici ! Tu veux notre perte ?
- Maître, je n’avais pas le choix, nous sommes seuls désormais et nous ne tiendrons plus longtemps. Nous avons besoin d’aide.
Ils furent interrompus par une voix faible, à peine audible, qui venait d’un renfoncement au fond de la pièce, caché par un rideau.
- Chuujou ? Tu es rentré ?
- Yume !
Chuujou se précipita derrière le rideau.
- Yume, comment te sens-tu ?
- Ca va, ne t’inquiètes pas.
Ils l’entendirent se lever malgré les protestations du jeune homme.
- C’est à cause de moi qu’ils sont là, alors je dois au moins me présenter et leur expliquer ce qui se passe.
Une jeune femme apparut devant eux, s’appuyant sur Chuujou. Elle avait de longs cheveux roux, de grands yeux bleus et un teint très pâle, maladif. Un croissant de lune surmonté d’une étoile ornait son front. Elle avait du mal à respirer et à se déplacer, et semblait constamment sur le point de s’évanouir. Malgré cela, elle dégageait une certaine grâce et avait de magnifiques traits. Elle devait certainement être très belle en temps normal.
« Elle ne va pas bien du tout » songea Lucy en la regardant. Même Erza, qui avait commencé à s’impatienter, n’ayant pas l’habitude d’être ignorée, avait l’air de s’être calmée. « Ces gens doivent effectivement avoir un gros problème » pensa-t-elle.
Tairyoku s’était approché de la jeune femme malade, l’accompagna jusqu’à une chaise, et l’aida à s’y assoir, sous le regard inquiet de Chuujou et de Shin qui reprenait peu à peu des couleurs.
- Je suis désolée, reprit la jeune femme en regardant toute la troupe, mais il n’y a pas assez de chaises pour tout le monde. Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu autant de gens ici.
Elle avait des difficultés à s’exprimer, comme si l’exercice lui demandait trop d’efforts. Mais elle continua.
- Je m’appelle Yume, reprit-elle. Je crois que vous connaissez déjà Chuujou, mon fiancé, et Shin, son petit frère. Voici Tairyoku, mon père et le maître de notre guilde, Dreaming Light.
- Je savais bien que je connaissais votre nom ! s’exclama Erza en regardant Tairyoku. Votre guilde a récemment perdu son statut de guilde officielle, et est maintenant inscrite sur la liste des guildes sombres !
- C’est un complot, continua Yume, pour nous affaiblir et nous empêcher d’agir. Et cela a fonctionné à merveille. Notre guilde a été dissoute et ne compte maintenant plus que nous quatre. Nous avons été forcés d’abandonner notre repère où se trouvait aussi notre temple, pour nous réfugier ici. Si vous le voulez bien, j’aimerais que vous preniez connaissance de notre histoire. Après cela, nous vous dirons où se trouve votre amie et vous serez libre de décider si vous acceptez de nous aider ou non.
- S’il arrive quoi que ce soit à Wendy, je vous en tiendrai pour personnellement responsables et je ne vous le pardonnerai pas ! gronda Sharuru en pointant un doigt menaçant sur la jeune femme. Comment osez-vous demander notre aide après ce que vous lui avez fait ? Elle n’a que 11 ans ! J’espère pour vous qu’elle sera saine et sauve quand nous la retrouverons !
La fureur qu’elle tentait de réprimer s’exprimait malgré ses efforts.
- Je comprends votre colère, et je ne vous demande pas de nous pardonner. Seulement de nous écouter. Si vous voulez bien vous installer…
Elle fut interrompue par un bruit saugrenu, qui n’avait pas sa place dans l’atmosphère tendue qui régnait.
Tous se tournèrent vers Natsu.
- Bah quoi, j’ai la dalle ! J’ai rien mangé depuis ce matin, moi !
- …
Lucy ne put se retenir. Elle éclata de rire. Elle ne pouvait plus s’arrêter. Ils étaient en territoire sinon ennemi, pour le moins inconnu, elle était blessée et ne pouvait pas marcher seule. Ils avaient cru retrouver Wendy, l’avaient reperdue, n’avaient plus aucune idée de l’endroit où elle se trouvait, avaient subi l’attaque de morts-vivants dans une forêt hantée et étaient maintenant sur le point d’entendre d’importantes révélations… et lui, il avait faim ! Et elle aussi en y pensant, elle était morte de faim, de fatigue et totalement stressée.
- Natsu, on a perdu Lucy !
- Hahahahahaha !!!
- Elle est devenue hystérique !
- Hahahahahahaha !!! Pardon, je…pffffffff….je suis…désolée…tellement désolée…pfffffff hahahaha !!!
Elle en pleurait de rire. Elle sentit le regard noir de Sharuru dans son dos et elle tenta de se calmer, mais dès qu’elle levait les yeux sur Natsu, ça la reprenait, elle ricanait comme si elle avait effectivement perdu la raison. Un nouveau grondement sonore retentit et son fou rire empira. Elle fut rejointe par Gray qui ne put se retenir plus longtemps, et bientôt tous les mages de Fairy Tail pouffaient frénétiquement, sous les regards amusés, étonnés ou effarés de leurs hôtes.
Ils finirent par se calmer, et Erza, essuyant les dernières larmes qui coulaient encore, activa sa magie et équipa… la table de sandwichs. Les autres la regardèrent, médusés.
- Je me doutais bien qu’on aurait des problèmes de nourriture, surtout avec ces deux là, expliqua-t-elle en pointant Natsu et Gray du doigt. Si ça ne vous dérange pas, je crois que nous allons nous restaurer pendant que vous nous exposez votre histoire. Je vous préviens, dit-elle en se tournant vers ses amis, le gâteau à la fraise est POUR MOI. Natsu ! Laisses-en aux autres !
Elle attrapa le jeune homme par son gilet et l’éloigna de la table alors qu’il engloutissait trois sandwichs à la fois. Une fois le calme à peu près revenu, elle fit signe à Yume de continuer. La jeune fille s’exécuta en regardant son auditoire. Natsu et Gray étaient assis sur le sol de terre battue, laissant les trois autres chaises aux filles (un seul regard d’Erza les avait dissuadé ne serait-ce que d’approcher d’une des chaises). Happy avait foncé sur le premier poisson qu’il avait trouvé (« Erza y a pensée, elle est vraiment trop cool ! ») et le mangeait, assis sur la table, sous le regard réprobateur de Sharuru qui s’était installée à côté de lui. Quand à son père et aux deux autres, ils étaient assis sur son lit, ou appuyé contre le mur, derrière elle. Pendant qu’elle parlait, elle pensait à Shin, et était désolée de devoir lui faire revivre tout ça. Mais c’était au moins aussi dur pour elle.
- Je suis la dernière prêtresse de la lignée des Hikarino. Connaissez-vous l’histoire de notre famille ? demanda-t-elle.
Devant leurs regards interrogateurs, elle poursuivit.
- Peu de personnes la connaissent. Cela vaut mieux. Dès que des gens extérieurs en prennent connaissance, cela attise leur convoitise et nous frôlons la catastrophe. Depuis des siècles, cette famille de mages se transmet un pouvoir secret de générations en générations. Deux, en réalité. A chacune de ces générations, nait une fille qui reçoit la faculté de voir l’avenir dans ses rêves. C’est ce que je suis. Une liseuse de rêve.
Alors qu’elle s’arrêtait, reprenant son souffle, Natsu prit la parole.
- C’est quoi l’autre pouvoir ? demanda-t-il, excité depuis qu’il avait entendu les mots « pouvoirs secret »
- J’y arrive. C’est le pouvoir de la lumière purificatrice. Une prophétie a été faite à mon ancêtre il y a six cents ans, avant qu’elle ne fonde notre lignée. C’était une puissante mage, qui pouvait utiliser la puissance de la lumière pour chasser les ténèbres et les purifier. Elle ignorait d’où elle venait, n’avait ni nom, ni passé, alors les gens qu’elle avait sauvé décidèrent de la baptiser Hikari. Une nuit, elle fit un rêve étrange, qui lui montrait le futur. Ce fut le premier rêve prémonitoire qu’elle eut. Elle vit qu’elle transmettrait à toutes ses descendantes le pouvoir de lire les rêves, ainsi que sa lumière, qui deviendrait de plus en plus puissante, jusqu’à atteindre son paroxysme chez la dernière fille de la famille, qui aurait à s’en servir pour écarter une dernière fois les ténèbres et lutter contre sa propre sœur, le tout pour éviter qu’un immense fléau ne s’abatte et ne détruise notre monde. Seule l’élue pourrait utiliser ce pouvoir à sa pleine puissance. Cette guère contre l’obscurité se solderait par la mort des deux sœurs, scellant ainsi le pouvoir de la lumière sacrée.
Elle fit une courte pause, reprit son souffle une nouvelle fois, et continua :
- Elle est alors devenue la première prêtresse de notre famille, et a transmis ses pouvoirs et la prophétie à sa descendance. Tout ce qui est arrivé par la suite, répond exactement à cette prophétie. Pour éviter ce drame, il n’y a toujours eu qu’un seul enfant par génération, toujours une fille, qui était élevée pour être l’héritière de la lumière, et la malédiction a été gardée secrète. Mais on ne peut s’opposer au destin et je suis née avec une sœur jumelle, Mirai, liseuse de rêve aussi. C’est elle qui a enlevé votre amie.
- Je comprends pas, l’interrompit Natsu la bouche pleine de sandwich au poulet. Si vous avez tellement peur de cette prophétie, des deux sœurs, suffisait d’adopter non ?
- Oi Natsu, tu pourrais quand même être un peu moins direct ! le morigéna Gray.
- Ce n’est pas si bête, intervint Juvia, et ça aurait réglé le problème.
- A moins que vous ne nous ayez pas encore tout dit, continua Sharuru qui s’absorbait du mieux qu’elle le pouvait dans le récit de leur hôte pour ne pas mourir d’inquiétude.
Lucy quant à elle, buvait littéralement les paroles de la jeune fille. Bien sûr, elle était désolée pour elle et sa famille, horrifiée par le destin qui paraissait devoir être le sien et la manière calme et posée dont Yume évoquait sa propre mort et celle de sa sœur. Elle avait l’air vraiment résignée. Mais son âme d’écrivain prenait le dessus, et elle raffolait de ce genre d’histoire de prophéties anciennes, de magies mystérieuses et de majestueuses prêtresses. Et il se dégageait de Yume une certaine noblesse qui faisait rêver la jeune constellationniste.
- Nous n’avons pas le choix, nous nous devons de conserver ce pouvoir, jusqu’au jour où la dernière prêtresse devra le libérer. Il n’est pas dit dans la prophétie que sa sœur serait l’ennemi final, seulement qu’elles s’affronteraient à un moment donné.
Une lueur de tristesse passa furtivement dans ses yeux, mais elle continua.
- Notre adversaire est un être malfaisant, et son but est de s’approprier toutes les puissantes magies qu’il pourra trouver, dont notre lumière, pour augmenter encore sa force. Mon devoir est de l’arrêter, sinon il deviendra invincible, et plus personne ne pourra s’opposer à ses sombres projets.
- Vous en parlez comme si vous savez déjà de qui il s’agit, dit Erza, et que vous connaissiez ses intentions.
Yume ne répondit pas, elle se contenta de sourire tristement.
- Elle ne dévoile jamais ses visions, continua son père à sa place.
- Cela rend le futur trop instable, reprit la jeune fille.
Elle avait l’air de plus en plus fatiguée. Mais elle poursuivit :
- Si je révèle mes rêves, cela peut changer l’avenir de maintes façons, car les gens mis au courant peuvent réagir différemment de ce que je prédis, et je ne peux plus me fier aux visions que j’ai eues. De plus, il peut m’arriver de mal interpréter certains rêves, et cela peut avoir des effets très graves. Cependant, telle que vous me voyez, je suis considérablement affaiblie, et je crains de ne pas être capable d’accomplir mon devoir. Je ne peux plus rêver non plus.
- Pourquoi ? demanda Happy, tellement captivé qu’il avait arrêté de suçoter son arrête de poisson.
- La guerre a déjà commencé, reprit Yume d’une voix plus dure. Mirai nous a trahis et m’a empoisonnée. Ma magie est considérablement drainée à chaque rêve prémonitoire que je fais, et même à chaque fois que je utilise la magie. Sinon, j’aurais pu soigner vos blessures, je possède le pouvoir de guérison. Mon père est obligé de concocter des potions tous les jours pour me permettre de dormir sans rêver et me maintenir en vie. Mais elles sont de moins en moins efficaces et le temps m’est compté. Je dois me hâter, ou il sera trop tard. Je mourrai avant d’affronter mon ennemi et notre monde sera perdu.
|