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au 31 Mai 21 :
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Les nouvelles aventures de Fairy Tail : la princesse au bois rêvant
Par Us4gi-ch4n
Fairy Tail  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 14     Les chapitres     0 Review    
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CHAPITRE 13 : Traîtrise… Surtout, rappelez-moi de ne jamais, ô grand jamais, abuser de la patience d’Erza !

- Oui Mirai, c’est lui qui a tué ta mère.

 

                Il attendit l’ouragan, mais rien ne se produisit. Il regarda la jeune femme et fut pris d’effroi. Elle était entourée d’une aura meurtrière comme il n’en avait jamais vu chez elle. Son regard était dur et sombre. Elle fit demi-tour et s’éloigna sans un mot.

 

                Mirai avait pris sa décision. Elle allait tuer l’enflure qui avait détruit sa vie. Mais il lui faudrait agir intelligemment. Elle ne pouvait pas attaquer tête baissée, elle se ferait avoir. Il lui faudrait être patiente. Un plan commençait déjà à germer dans son esprit froid. Elle allait concocter un nouveau poison. Létal. Qui le ferait souffrir. Elle ne s’y était jamais risquée, mais avait de solides bases théoriques concernant les plantes, leurs effets et leurs interactions, alors elle saurait le faire. Et quand il ne s’en douterait pas, elle se débrouillerait pour le lui administrer. La jeune femme décida donc de jouer son rôle de petit soldat obéissant jusqu’au bon moment, et prévenir Kyouaku de l’arrivée des mages de Fairy Tail. Il ne fallait surtout pas qu’ils récupèrent leur guérisseuse, et que Yume intervienne maintenant. Après, il serait toujours temps de présenter ses excuses à sa famille et à sa guilde. Elle savait qu’elle risquait une forte sanction, mais elle l’accepterait. Elle l’avait méritée. Elle fut ramenée à la réalité par Yoru, qui la rejoignait.

 

- Attends ! Où vas-tu ?

- Ne t’inquiètes pas, je ne ferai rien ce soir. Je vais juste le prévenir que Fairy Tail vient chercher la gamine demain.

- Je viens avec toi.

- Non ! refusa la rousse d’un ton catégorique. Ca paraitra trop suspect, reste en dehors de ça. De plus, je ne te fais toujours pas confiance.

- Je comprends, mais je te jure que je t’ai dit la vérité !

- On en reparlera plus tard, le repoussa-t-elle à nouveau. Je dois y aller.

 

Yoru se résigna. Elle était trop bornée, ça ne servait à rien de discuter maintenant, encore moins vu l’état dans lequel elle se trouvait. Il décida néanmoins de la suivre pour s’assurer qu’elle ne ferait rien de stupide.

- Ok, mentit-il. Sois prudente.

 

Mirai se dirigea vers le manoir. Elle entra et marcha mécaniquement vers sa destination. En chemin, elle se recomposa un visage neutre, et fit taire le feu glacé qui s’était allumé en elle. Ce n’était pas le moment de perdre l’esprit.

                En arrivant devant la grande porte en fer forgé qui marquait le début du domaine de Kyouaku, elle eut une hésitation. Elle détestait cet homme plus que tout au monde. Il était sadique, égocentrique et manipulateur. De plus, avec ce qu’elle venait d’apprendre, sa rage recommença à bouillir, elle n’était pas certaine de pouvoir se contrôler. Elle se souvint de son arrivée, quelques semaines plus tôt.

                La jeune femme s’était tout d’abord laissée prendre au jeu de son nouveau maître, et avait même douté de ses propres rêves lorsqu’ils lui avaient montré la vraie nature de Kyouaku. Mais ils lui avaient mis la puce à l’oreille, et elle avait prêté attention à tous ses faits et gestes, à ses paroles, au moindre détail. Et elle avait dû se rendre à l’évidence. Il était le mal incarné. Et la plupart des membres de Dark Holders qu’elle connaissait ne valaient pas mieux.

                Mirai inspira pour se calmer à nouveau, et quand elle fut certaine de maîtriser sa rancœur, traça le symbole de la guilde sur la petite plaque prévue à cet effet, à côté de la porte.  Au bout de quelques instants, une voix terne s’éleva dans les airs.

 

- Qui est là ? Maître Kyouaku est occupé.

- C’est Mirai. Il faut que je lui parle, c’est important.

 

                La jeune femme n’obtint aucune réponse. Elle attendit patiemment, et la porte finit par s’ouvrir sur une mage élancée aux longs cheveux fins, lisses et noirs, parsemés de reflets bleutés, le regard inexpressif et le teint pâle, presque blanc. Elle portait pour seul vêtement une robe de chambre en soie azurée mal fermée, qui s’accordait parfaitement à la couleur de ses yeux.

 

- Maître Kyouku t’attend dans l’antichambre.

- Merci Sae, répondit Mirai.

 

                Mais son interlocutrice lui avait tourné le dos, et repartait dans un long couloir, d’un pas élégant. Elle était vraiment magnifique, songea Mirai. Mais d’une beauté froide, que seule son indifférence envers le monde qui l’entourait égalait. La jeune mage la suivit, se demandant comment une femme si détachée de tout pouvait entretenir une relation amoureuse avec quiconque, sans parler de Kyouaku ! Elle ne se souvenait pas de l’avoir jamais vu sourire, hausser le ton, ni exprimer la moindre émotion finalement. Son magnifique visage restait toujours de marbre, peu importaient les circonstances.

                Arrivée devant l’antichambre, Sae ouvrit la porte sans frapper et entra. Mirai fut un peu choquée par tant de désinvolture et resta sur le seuil, ne sachant pas très bien si elle devait la suivre ou attendre qu’on l’invite à entrer.

 

- Mirai ? Tu voulais me voir ? Entre donc, ne reste pas là, l’interpella une voix mielleuse.

- Oui, maître, répondit la jeune mage en s’exécutant.

 

                Elle se trouva face à son ennemi et le détailla quelques instant. Il était… magnifique, physiquement. Des mèches brunes tombaient sur ses yeux noirs et profonds et un sourire étirait ses lèvres. Il était grand, avait une musculature fine, partiellement dévoilée par sa chemise entrouverte. Il lui donnait des frissons de dégoût. Elle n’arrivait pas à comprendre comment un homme aussi beau pouvait être aussi ignoble. Il avait l’air tellement charmant au premier abord ! Il lui avait fait la cour à son arrivée, malgré sa relation évidente et officielle avec Sae. Ca n’avait pas importuné la jeune femme outre mesure, la monogamie ne semblant pas de mise dans leur couple. Mirai avait dû mobiliser toute sa volonté pour lui résister. Du moins au début. Maintenant qu’elle savait ce qu’il était, qu’elle voyait la perversion cachée par son regard bienveillant, qu’elle sentait le poison qui suintait de chacune de ses paroles, qu’elle entendait les rouages de son esprit machiavélique tourner derrière son visage d’ange, qu’elle ressentait l’aura inhumaine sous son sourire charmeur, elle se demandait comment elle avait pu ne serait-ce qu’envisager de lui céder. Heureusement que Yoru était là, sa présence lui avait permis de garder les idées claires, même s’il lui avait bien fait comprendre qu’il n’était pas intéressé.

 

- Tu m’as l’air bien songeuse. A quoi penses-tu ? lui chuchota Kyouaku à l’oreille.

 

                Elle sursauta. Plongée dans ses pensées, elle n’e l’avait pas vu se lever. Il se tenait derrière elle et avait passé un bras autour de sa taille. La jeune femme se dégagea rapidement, et regretta aussitôt son geste qui trahissait la répulsion que le mage lui inspirait. Elle dirigea automatiquement ses yeux sur Sae, qui se limait les ongles, assise dans un fauteuil recouvert de velours pourpre, et ne semblait absolument pas contrariée par les agissements de son compagnon.

 

- Ne t’inquiète pas, poursuivit Kyouaku en interceptant le regard de Mirai, ça ne lui pose pas de problème. Pourquoi passes-tu ton temps à me repousser ?, reprit-il, murmurant à nouveau au creux de son oreille. Ne crois-tu pas qu’il est temps d’arrêter de me fuir ? C’est totalement inutile, je finirai par t’avoir, ce n’est qu’une question de temps. Laisses-toi aller, tu ne le regretteras pas.

 

                Un sourire lubrique se dessina imperceptiblement sur ses lèvres alors qu’il chuchotait ces dernières phrases, rivant son regard dans celui de la jeune mage.

               Mirai était prise au piège, prisonnière de sa magie dévastatrice. Elle sentait sa résistance s’effilocher, ses pensées se brouiller à mesure que le regard de Kyouaku pénétrait son âme, comme dissolvant la haine et la colère qu’elle ressentait à son égard.

 

- C’est ça Mirai, ne résiste pas, susurra la voix hypnotisante de Kyouaku, effaçant tout bruit extérieur. De toute façon, je suis le seul homme à vouloir de toi. Yoru ne te désire pas, il ne te remarque même pas. Il sait à peine que tu existes. Alors que moi je te vois Mirai, je vois la magnifique jeune femme devant moi, si belle et sensuelle. Laisse-moi te posséder. Je suis le seul qui puisse te rendre heureuse. Personne d’autre ne t’aime. Tes amis t’ont tous abandonnée, ton père t’a reniée, ta propre sœur jumelle t’a trahie. Tu n’as plus rien, ni personne. Oui, abandonne-toi à la tristesse, perds-toi dans la douleur. Personne ne t’en tirera. Ils t’ont tous oubliée. Tu es seule. Il n’y a plus que moi qui puisse te faire sentir vivante. Cède-moi…

 

                Sa voix mielleuse résonnait dans le corps de la jeune fille, transperçant son cœur de désespoir, engourdissant son esprit, s’insinuant dans tout son corps, tel un venin. La conversation qu’elle venait d’avoir avec Yoru lui paraissait si lointaine, si surréaliste ! De quoi avaient-ils parlé ? La seule chose dont Mirai se souvenait, c’était qu’il aimait sa sœur, pas elle ; de Yume, qui avait fait de sa vie un enfer, ne lui laissant d’autre choix que de partir. Une alarme sonnait dans un coin de sa tête, une petite voix lui disait ne pas se laisser faire, que tout cela était faux, qu’elle devait se souvenir… de quoi déjà ?

 

                Kyouaku continuait de murmurer des paroles effroyables à son oreille, de sa voix douce. Ses yeux avaient capturé les siens, et elle ne voyait plus qu’eux, leur couleur noire l’aspirant vers un puis de désolation sans fond.

               Il avait raison, elle était seule. Depuis que le statut de prêtresse lui avait été refusé, plus personne ne s’intéressait à elle. Une larme roula sur sa joue. Elle ne réagit pas lorsque Kyouaku posa ses lèvres sur les siennes. Elle ne se rebella pas en voyant le sourire sadique et victorieux qui déformait son visage. Elle n’était plus à présent qu’une coquille vide et sans sentiments. Cela valait toujours mieux que de souffrir.

                Alors qu’elle abandonnait tout espoir et était sur le point de céder complètement au monstre penché au-dessus d’elle, une voix claire retentit dans son esprit, jaillissant de sa mémoire paralysée.

 

               « Quoi qu’il en soit, quoi qu’on puisse te dire, n’oublie jamais que je t’aime. Tu es ma sœur et rien ne pourra jamais changer ça.» 

               Yume…

                Puis une autre voix, masculine cette fois-ci résonna dans sa tête.

               « Tu as été la seule vraie amie que j’ai eue à Dreaming Light. Que j’ai eue de toute ma vie. » 

               Yoru…

 

                Sa conscience revint au galop. Mirai ouvrit les yeux et se dégagea brutalement. Kyouaku, surpris qu’elle soit en état de lui tenir tête, ne put la retenir.

                Elle se gifla mentalement. Ce n’était pas le moment de flancher ! Puis elle soupira intérieurement. Yoru, hein… Elle devait se rendre à l’évidence, elle l’aimait toujours, malgré ses erreurs. Après tout, elle en avait fait au moins autant.

 

                La mage toisa l’homme qui avait tenté d’abuser d’elle, le souffle court.

 

- Qu’est-ce que c’était ? lui demanda-t-elle, crachant presque les mots.

- Un petit aperçu de mon pouvoir. Je suis impressionné que tu aies résisté ! Tu me donnes vraiment du fil à retordre, soupira Kyouaku. Mais je mentirais si je disais que ça ne me plaisait pas. Tu en deviens encore plus… appétissante… poursuivit-il en s’approchant dangereusement.

 

                Mirai était interdite. C’était la première fois qu’il tombait le masque en sa présence, qu’il la laissait voir son vrai visage. Pourquoi maintenant ? Ce n’était guère rassurant. Elle tenta de changer de sujet pour faire diversion et éviter de ruiner sa couverture. Après tout, elle était venue pour l’avertir, même si elle n’était plus très sure d’en avoir envie. Mais elle n’avait pas vraiment le choix, elle ne pouvait pas laisser la conversation continuer sur cette voie. Elle s’éclaircit la gorge.

 

- J’étais venue vous avertir maître, dit-elle en tentant de conserver une voix égale. Des mages de Fairy Tail vont venir nous attaquer demain. Ils veulent récupérer leur Dragon Slayer.

- Tiens donc ! Et comment savent-ils où nous trouver ?

 

                Elle ne montra rien, mais la jeune femme frémit. Elle aurait préféré qu’il ne lui pose pas la question. Mais il était trop intelligent.

 

- Ils ont rencontré ma sœur et mon père.

- Vraiment ? A ce propos, aurais-tu vu l’endroit où ils se cachent ?

- Non maître, mentit-elle avec aplomb. Je pense que mon père utilise un sort pour empêcher qu’on puisse les trouver.

 

                Elle ne savait pas du tout si un tel sort existait, mais Kyouaku ne devait pas être plus au courant qu’elle et il était hors de question qu’elle vende la position de sa famille, même si elle l’avait vue.

 

- Je vois. Ta sœur est très malade, ton père doit la maintenir comme il le peut, réfléchit-il à voix haute. S’il a effectivement pris de telles mesures, telles qu’appeler une guilde officielle à la rescousse, il n’a pas pu le faire seul. Qui est avec eux ?demanda-t-il en regardant Mirai dans les yeux.

- Je n’en suis pas sure, mais en toute logique, je dirais le fiancé de ma sœur.

- Tu n’as vraiment rien vu de plus ?

 

                Le regard de Kyouaku avait vraiment un grand pouvoir hypnotique, et la faisait se sentir si fragile et insignifiante à côté de lui ! Garder son assurance relevait du défi. Heureusement qu’elle avait été une enfant turbulente, et qu’elle avait maîtrisé l’art du mensonge dans son jeune âge (même si par la suite elle avait appris à assumer ses actes et pris l’habitude de dire la vérité… Enfin, aussi souvent que possible…). Elle voyait bien qu’il se méfiait d’elle et ça lui faisait vraiment peur. Elle doutait avoir réellement réussi à lui faire croire que la mort de ses proches ne lui faisait ni chaud ni froid.

 

- Non, malgré la potion que je bois toutes les nuits, je n’arrive pas à les voir clairement. J’ai juste vu Yume mettre les mages de Fairy Tail au courant de notre position, et leur arrivée ici.

- Admettons. Si ce crétin de Chuujou est là-bas, je suppose que son petit frère aussi ? Peu importe, continua-t-il devant le silence de sa subalterne. Je suis fatigué d’attendre que ta sœur daigne se montrer, même si je me doutais un peu qu’elle ne se rendrait pas sans résister. Je suppose qu’elle préfèrera mourir plutôt que de me laisser une chance de récupérer ses pouvoirs. Enfin, ça valait le coup d’essayer et finalement, les choses s’arrangent plutôt bien pour moi.

- Je ne comprends pas…, dit Mirai, les sourcils froncés dans une moue méfiante.

 

                Kyouaku se tourna vers elle. Il avait un regard et un sourire mauvais.

 

- Laissons donc les petites fées récupérer leur dragon, dit-il. Si certaines pouvaient tomber dans la bataille ça m’arrangerait aussi, inutile de laisser trop d’alliés à ta sœur.

- Comment ? Mais c’est absurde ! s’exclama Mirai, une boule lui serrant tout à coup l’estomac. S’ils récupèrent l’enfant, elle soignera Yume et elle viendra nous attaquer ! Son pouvoir n’est pas à prendre à la légère ! Si elle libère la lumière de nos ancêtres, personne ne fera le poids contre elle !

- Ne t’en fait pas pour ça. Tant que tu es ici, ta sœur ne pourra se résoudre à se battre vraiment, nous ne risquons rien.

 

                La rousse le regarda, abasourdie.

 

- Franchement Mirai, tu croyais vraiment que je t’avais acceptée ici uniquement pour tes beaux yeux ? Il y a de ça aussi, mais la première raison c’était pour me servir de toi comme protection contre ta sœur ! Il est vrai que tes talents avec les plantes m’ont été plutôt utiles, mais maintenant, il est temps de jouer ton vrai rôle dans cette histoire. Sae !

 

                 Mirai se retourna et se prépara à recevoir l’attaque de la froide jeune femme. Elle savait qu’elle manipulait l’eau et pensait donc avoir l’avantage face à elle, grâce à sa maîtrise de la magie végétale. Elle n’aurait plus qu’à se débarrasser de Kyouaku après. Au train où allaient les choses, elle ne pouvait plus se permettre d’attendre, la prudence n’était donc plus de mise. Mais avant d’avoir pu esquisser un geste, la jeune femme se mit à suffoquer. Elle se prit la gorge à deux mains et tomba à genoux. Elle tentait de prendre de grandes goulées d’air, mais c’était comme si le précieux gaz ne rentrait pas dans ses poumons. Sa vision commençait à s’obscurcir et elle avait l’impression de se noyer. Malgré la brume qui s’étendait peu à peu dans son cerveau, elle entendit la voix de Kyouaku s’adresser à elle.

 

- Sae peut aussi manipuler l’eau de ton corps, qui se concentre à présent dans tes poumons. Pratique, n’est-ce pas ?

 

                Il s’accroupit devant elle, prenant son menton dans sa main, fixant ses yeux dans ceux effrayés et déroutés de la jeune femme.

 

- Je ne t’ai jamais fait confiance, tu sais. J’ai toujours su que ton seul but était de m’éliminer pour empêcher ta sœur de le faire. Je suis au courant de la prophétie vois-tu, et il m’est tout de suite apparu que tu voulais l’empêcher de se réaliser. Je n’ai pas besoin de voir le futur pour être capable de réfléchir. Ah, l’amour fraternel ! Je ne connais rien de plus stupide, mais ça m’a bien servi. Inutile de te dire que je n’ai jamais cru non plus à ta pathétique tentative de me faire avaler que tu t’étais assez brouillée avec ta sœur jumelle pour ne pas être affectée par sa mort ! Fini de jouer maintenant, je passe aux choses sérieuses. La seule chose que je regretterai, c’est de ne pas savoir quel goût tu as.

 

                Il fit une pause, appréciant la terreur qu’il voyait dans les yeux de la rouquine.

 

- Ne t’inquiète pas, reprit-il, ses lèvres déformées par un rictus cruel. J’ai encore besoin de toi, alors je ne te tuerai pas tout de suite.

 

                La jeune femme était catastrophée. Tous ses efforts n’avaient servi à rien. Bien sûr, elle n’était pas assez sotte pour croire qu’elle pouvait leurrer complètement Kyouaku, mais elle avait pensé qu’il lui laisserait le bénéfice du doute plus longtemps. Maintenant, Yume allait venir, elle ne pourrait pas empêcher la prophétie de se produire, et Yoru ainsi que sa sœur mourraient. Elle ne le voulait pas. Elle les aimait tous les deux plus que tout au monde. Elle tenta de se débattre, mais le manque d’oxygène eut raison de sa résistance, et elle sombra.

 

 

………………………………………………………

 

 

                Lorsque Natsu, Gray et Juvia passèrent la porte de leur salle de réunion improvisée, Lucy soupira de soulagement. Cela faisait cinq minutes qu’elle regardait anxieusement Erza, alors que cette dernière montrait tous les symptômes d’une impatience grandissante : sourcils froncés, lèvres pincées, pied frappant le sol de plus en plus vite, regard noir et enfin aura destructrice. La blonde avait vu sa frayeur grandir à mesure que ces signes se succédaient. Mais qu’est-ce qu’ils fabriquaient ? Titania était entrée il y avait de ça dix minutes, en disant que Natsu était parti chercher les deux autres, et qu’ils n’attendaient plus qu’eux pour commencer à élaborer une stratégie. Alors, après de longues minutes à sentir l’atmosphère se refroidir rapidement (même leurs hôtes n’osaient plus dire un mot, de peur de provoquer une explosion fatale), la constellationniste était heureuse de les voir enfin.

                 Natsu jacassait à propos d’un marché que Gray avait intérêt à ne pas oublier et celui-ci faisait tout son possible pour ignorer le Salamander. Il s’en tirait plutôt bien, compte tenu du bruit qu’il faisait, pensa la jeune fille. C’était d’ailleurs assez étonnant de ne pas le voir répondre, vraiment inhabituel. Peut-être qu’il avait grandi et compris que la seule manière de faire taire un gamin usant était de ne pas entrer dans son jeu ? Ou pas. Le brun avait fini par craquer et mettre son poing dans la figure de son rival. « Et voilà, c’est reparti ! ». Ils ne savaient vraiment pas s’arrêter.

               Erza s’en chargea pour eux, les attrapant chacun par une oreille et les soulevant presque du sol. Elle leur hurla dessus qu’ils en avaient du cran de la faire attendre pendant des heures (« Cinq minutes » corrigea mentalement la constellationniste, sans se risquer à le dire à voix haute) et qu’ils feraient mieux d’avoir une bonne raison. Sans leur laisser le temps de s’expliquer, bien entendu. « Ca y est, la tempête se déchaîne. » pensa stoïquement la jeune fille. C’était effrayant de voir comme on pouvait vraiment s’habituer à tout. Lucy allait se désintéresser de leur cas, quand elle remarqua une légère rougeur sur les joues de Gray. Hum hum, à explorer, mais plus tard. Pour l’instant, le pauvre mage n’était pas réellement disponible pour la conversation. Elle reporta son regard sur Juvia, qui étonnamment, n’essayait pas d’empêcher Erza de secouer son Gray-sama par l’oreille.

                Lucy s’approcha d’elle en boitillant et vit qu’elle avait l’air gravement perturbée, les yeux écarquillés et le visage rouge, mais rouge ! Elle mit cette information en relation avec l’attitude de Gray, et son esprit de romancière se mit à tourner à toute allure, échafaudant diverse théories plus romantiques les unes que les autres.

 

- Juvia ? Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle en se forçant à ne pas sourire.

 

                Mais la jeune femme semblait de pas l’avoir entendue. Lucy passa rapidement sa main devant les yeux perdus de la mage de l’eau, en continuant :

 

- Youhou ! Allô la Lune, ici la Terre ! Lucy à Juvia, Lucy à Juvia !

- Lucy ? répondit la jeune femme, semblant sortir d’un rêve éveillé.

- Oui, c’est effectivement mon nom, ravie que tu t’en souviennes, répondit la blonde. Raconte !

 

                Devant l’air interdit de Juvia, la constellationniste précisa sa question en tentant de réfréner son impatience grandissante.

 

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi es-tu si troublée ? Et pourquoi Gray est tout rouge ?

 

                Les deux filles tournèrent leur regard vers l’intéressé, qui se trouvait à présent dans une position pour le moins inconfortable.

 

- Si on oublie le fait qu’Erza vient de le suspendre la tête en bas en le tenant par le pied ? précisa-t-elle, mi-effarée, mi-amusée par la scène qui se déroulait devant ses yeux.

 

                La mage en armure devait être sacrément sur les nerfs pour réagir de la sorte. Il n’y avait qu’à patienter, l’orage finirait bien par passer. En attendant, elle allait tirer les vers du nez de son amie.

 

- Alors, j’attends ! reprit-elle comme Juvia ne répondait pas. Gray t’a dit quelque chose ?

- Gray-sama…

 

                Les facultés de réflexion de la mage de l’eau semblaient sérieusement atteintes. Quoi que Gray ait pu dire (ou faire), ça avait l’air sérieux, se disait Lucy, quand une grande gerbe de sang jaillit du nez de Juvia. Celle-ci tomba à la renverse et sur le sol, un sourire extatique sur le visage.

 

- Gray-samaaaaaaaaaa…

- Hé Juvia, reprends-toi ! s’écria Lucy en s’agenouillant auprès de son amie.

 

                La jeune fille revint peu à peu à elle, et la blonde l’aida à s’assoir. Heureusement, tout le monde était très occupé à regarder Erza réprimander les deux garçons et personne ne leur prêtait vraiment attention.

 

- Lucy, commença Juvia, Gray-sama a… a… il a…

- Il a quoi, Juvia ? trépigna la blonde.

 

                Elle sentait le potin d’importance arriver.

 

- Oooooh… Juvia ne peut pas le dire, c’est trop gênant !

- Il t’a embrassée ?!

- Non… Enfin si…

- Il l’a fait oui ou zut ?

- C’est Juvia qui a embrassé Gray-sama, avoua la jeune femme, en parlant très vite. Juvia était triste, alors Gray-sama est venu et a réconforté Juvia. Il était si beau et si gentil que Juvia a craqué. Juvia pensait qu’il allait la repousser, et que comme ça Juvia serait fixée une bonne fois pour toute, mais il a répondu au baiser de Juvia…

- Bah tu vois, c’est génial ! Je t’avais bien dit que ça marcherait !

 

                Lucy n’avait pas tout tout compris aux explications de son amie, mais l’essentiel c’était qu’elle et Gray étaient enfin un couple. D’ailleurs, l’étaient-ils vraiment ? Elle voulait une confirmation.

 

- Alors ça veut dire que vous êtes ensembles ? questionna la constellationniste.

- Juvia ne sait pas, Natsu-san est arrivé et a interrompu Juvia et Gray-sama.

- Ah, quel andouille celui-là ! Enfin, c’était comment ? Allez, allez, raconte !

- Non, il y a trop de monde et…

- Personne ne nous écoute ! Il embrasse bien ? s’empressa de demander la jeune fille avec avidité.

 

               Imaginer son ami avec une fille lui donnait l’irrépressible envie de glousser, mais elle ne se le serait pas permis devant Juvia. Elle ne tenait pas à perdre la vie pour une simple moquerie entre camarades…

                La jeune femme ne répondit pas et devint vraiment écarlate. Lucy prit sa réaction pour un oui. Quand même, elle faisait beaucoup de manières pour un simple baiser. Son intuition féminine la poussait à se demander si, par hasard il ne s’était pas passé autre chose. Mais non, elle se faisait des idées, Juvia était toujours très réactive quand il s’agissait de Gray et il n’était pas assez pervers pour… Elle jeta un coup d’œil au jeune homme qui, malgré sa position tête en bas, avait réussi à retirer son t-shirt.

 

- Euh, dis-moi…, demanda-t-elle en hésitant un peu, il n’aurait rien fait de… d’inconvenant par hasard ?

 

                Pour toute réponse, le visage de Juvia atteignit des sommets de rubéfaction. Mais avant que Lucy ne puisse ouvrir à nouveau la bouche, la voix d’Erza retentit :

 

- Bien, il faut à présent se mettre au travail. Nous avons perdu un temps précieux !

 

                « La faute à qui ?? » pensa Lucy, tout en se gardant bien d’exprimer sa pensée. Elle se sentait de plus frustrée, car elle n’avait pas eu de réponse à sa question. Mais qu’est-ce que cet abruti de Gray avait fait à Juvia pour la mettre dans un état pareil ?

               

                Pendant ce temps, Erza continuait de parler.

 

- Où se trouve le quartier général de Dark Holders ? demanda-t-elle à Tairyoku, qui s’était assis sur une des chaises.

 

                Ils s’étaient tous rassemblés autour de la table. Lucy s’était arrangée pour pousser Juvia à côté de Gray (dont le visage reprenait peu à peu une couleur normale), pour voir leurs réactions en présence l’un de l’autre. Pour l’instant, le jeune homme se contentait de se masser les tempes, visiblement exténué par le savon de la reine des fées. La constellationniste s’était retrouvée à l’insu de son plein gré près de Natsu, qui avait repris son rôle de soutien aussitôt qu’il avait arrêté de se sentir mal (Erza avait beau ne pas être un moyen de transport, elle l’avait drôlement secoué). Il avait passé son bras autour de la taille de la jeune fille, l’embarrassant un peu. Mais elle ne se plaignit pas, et en profita même pour se rapprocher de lui.

 

- Dans les montagnes, plus au Nord-Ouest. C’est assez loin d’ici, il faut plusieurs heures de train, répondit le père de Yume en sortant une carte du royaume de Fiore et en l’étalant sur la table. Il faut aller le prendre à Willow, puis descendre à Shirotsume, et après, continuer à pied dans les montagnes du mont Yakobe. C’est là-bas qu’ils se cachent, au cœur du massif montagneux. Il est très difficile de trouver leur guilde si on ne sait pas où elle est.

 

                A la mention du mot train, le visage Natsu, qui venait juste de se remettre d’avoir été secoué comme un prunier la tête en bas, se recolora en vert, et il se retint de vomir.

 

- Natsu ! Ne sois pas malade juste en entendant parler de train ! le réprimanda Lucy.

- Mais j’y peux rien ! Juste y penser suffit à… beuhhhhhh…

- Ne me vomis pas dessus !

- Est-ce qu’il serait possible de se reconcentrer sur notre mission ? demanda Erza.

- Aye !

- Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas besoin de prendre le train. Je peux vous y envoyer grâce à un sort, intervint Tairyoku, comprenant aisément les problèmes du Salamander avec les moyens de transport.

- Comment c’est possible ? demanda Gray, étonné.

- J’ai juste besoin d’un objet appartenant à chacun de vous. Plus vous avez de liens avec cet objet, plus le sort sera efficace et précis.

- Mais en général, on n’utilise pas des objets personnels plutôt pour retrouver quelqu’un ? Ou pour le ramener ? lui demanda Lucy.

- Si, c’est à cela qu’ils serviront. Ma fille se trouve là-bas, continua-t-il, pour répondre à la question muette de la blonde. Le lien filial que nous avons me permettra de vous envoyer auprès d’elle. Cependant, vous arriverez sûrement aux alentours de leur guilde, il y a un champ de force magique qui m’empêchera de vous rematérialiser à l’intérieur.

- Quelle sera la marche à suivre pour revenir ? demanda Juvia.

 

                Tairyoku essaya de se lever, mais perdit l’équilibre et retomba lourdement sur sa chaise.

 

- Papa !

- Maître ! s’exclamèrent Shin et Chuujou.

- Dîtes, vous êtes sûr que vous êtes en état d’utiliser la magie ? demanda Natsu, l’air dubitatif.

- Ca ira. Shin, tu veux bien aller me chercher les fils d’union s’il-te-plait ?

 

                Le jeune homme s’exécuta, et alla farfouiller dans une armoire. Après avoir exploré plusieurs tiroirs (« Mais où sont-ils passés ? Je suis sûr de les avoir vu dans le coin il n’y a pas longtemps ! Ah ! Les voilà ! »), il revint vers le groupe, un petit paquet à la main. Il le posa au centre de la table, dévoilant des rubans de couleurs différentes attachés ensemble par une ficelle.

 

- On les appelle fils d’union, reprit Tairyoku en désignant les liens. Il vous suffira d’en fixer un sur l’objet que vous laisserez ici et de garder l’autre sur vous. Ainsi, vous n’aurez qu’à diriger votre magie sur le ruban que vous aurez gardé et vous serez automatiquement transportés ici. Moi je suis habitué à ce genre de technique, je n’ai pas besoin de support physique pour vous envoyer là-bas.

- Bien. Il nous faut maintenant établir une stratégie, pourriez-vous nous dire tout ce que vous savez sur l’endroit où nous allons ? Ainsi que sur les personnes que nous devrons combattre ? demanda Erza.

- Nous ne savons que ce que Yume a pu voir avant d’être empoisonnée et ce que nous savions déjà, répondit Chuujou.

 

                Ils  se tournèrent vers la jeune femme.

 

- Et bien, réfléchit-celle-ci. Leur guilde est un immense manoir, entouré par la forêt. Il se trouve dans la montagne. Kyouaku, le chef de Dark Holders est un jeune brun. Je ne connais pas l’étendue de ses pouvoirs, mais je sais qu’il est capable de manipuler l’esprit grâce à ses paroles, et de vous faire tomber facilement dans le désespoir pour peu qu’il en sache assez sur vous. Je ne saurais vous dire s’il s’agit vraiment de magie, ou seulement d’une grande maîtrise de l’éloquence. Je pense que c’est un peu des deux. Quant à son pouvoir principal, je n’ai pas d’information dessus. La seule chose que je sais, c’est qu’il est assez puissant pour se mesurer au pouvoir de notre famille. Il peut aussi utiliser certains sorts de magie perdue.

 

                Lucy se sentait un peu découragée par la description que venait de dresser Yume de leur ennemi. Elle n’était pas de taille à affronter un tel adversaire !

 

- Ensuite, il y a Sae. Elle utilise la magie de l’eau. Elle est redoutable car elle ne semble pas avoir de sentiments. Elle obéit au doigt et à l’œil à Kyouaku. Puis il y a Yoru. Comme vous avez pu le constater, il peut sceller les pouvoirs de son adversaire pour un temps plus ou moins long. Une fois que c’est fait, il utilise son habileté au combat rapproché pour donner le coup de grâce. Mirai… utilise les forces de la nature, et sa connaissance des plantes pour en faire différents poisons. Elle sait se battre à mains nues aussi, mais n’est pas une experte dans ce domaine.

 

                Si personne ne le fit remarquer, ils avaient tous perçu son hésitation et entendu sa voix se briser légèrement alors qu’elle tentait de leur décrire les pouvoirs de sa sœur d’un air détaché. Ils attendirent patiemment la suite.

 

- Je ne sais pas grand-chose des autres, je n’ai distingué que des ombres. Mais je sais qu’il y a d’autres mages puissants.

- Savez-vous où pourrait être enfermée Wendy ? demanda Sharuru.

- Il y a des cachots au sous-sol, dont les cellules sont équipées d’un sort qui empêche d’utiliser la magie de l’intérieur. Je suppose qu’elle pourrait se trouver là. Par contre, je ne sais rien de la topographie du manoir qui pourrait vous être utile.

 

                Lucy croisa le regard de Sharuru au moment où la prêtresse avait prononcé le mot « cachot ». Elle frémit devant le regard noir de l’Exceed. Elle n’aimerait pas se retrouver à la place de la personne qui avait osé enfermer la fillette !

 

- Ok. Il nous faut un plan maintenant, reprit Erza.

- Pourquoi faire ? intervint Natsu.

- Comment ça pour quoi faire ? reprit Titania en fronçant les sourcils.

- Ben, Mirai voit le futur aussi nan ?

- Et ?

- Et à quoi ça sert de se casser la tête à trouver un plan si c’est pour qu’elle en rêve et nous tende une embuscade après ?

 

                Ils regardèrent tous le Dragon Slayer, bouche bée.

 

- Bah quoi ? J’ai dit un truc stupide ?

- Non, c’est pas idiot du tout, répondit Lucy, toujours stupéfaite. Ca friserait même le bon sens !

- Ne prends pas cet air si étonné, bouda le jeune homme. C’est vexant !

- Toujours est-il qu’on ne peut pas se contenter de foncer dans le tas ! s’exclama Erza.

- Pourquoi pas ? Ca marche d’habitude !

- Aye ! Je suis d’accord avec Natsu ! On applique la fameuse tactique du O.F.D.T !

- Top la, Happy !

- Aye !

- Ca m’ennuie mais je suis d’accord avec l’allumette pour une fois, dit Gray.

- J’suis pas une allumette, crét… AYE !

 

                Lucy, Juvia et Erza (tenant Natsu par son écharpe) se regardèrent et soupirèrent. Ils étaient vraiment intenables. Mais, ils n’avaient pas tord, en tout cas pour cette fois. Moins ils auraient de plan pour leur mission de récupération, mieux ils s’en sortiraient.

 

- D’accord, on ne prévoit rien de particulier, SAUF d’être le plus discrets possibles, précisa la rouquine en voyant un sourire victorieux se dessiner sur le visage des garçons, soulagés à l’idée de s’épargner une longue veillée de discours stratégiques.

- Est-il possible de transporter quelqu’un avec nous avec vos fils d’union ? Je n’ai rien d’appartenant à Wendy sur moi, demanda Sharuru, profitant des quelques secondes de silence.

- Cela dépend de la quantité de magie qu’il vous reste, mais c’est tout à fait faisable. Je tiens cependant à vous prévenir qu’emmener une autre personne requiert beaucoup de puissance magique, surtout sur une grande distance, vous devriez donc désigner quelqu’un qui économisera ses forces et ne se battra pas une fois là-bas.

 

                Les mages de Fairy Tail hésitèrent en se regardant les uns les autres. Lucy évalua leurs possibilités mentalement. Ils avaient absolument besoin de la puissance de frappe d’Erza, il était tout à fait inutile de demander à l’un des deux idiots de se contenter de regarder pendant que l’autre se lancerait dans la bataille. Quant à Juvia, elle voudrait probablement coller Gray comme son ombre pour le protéger, ce n’était donc pas la peine de s’aventurer de ce côté-là. Elle ne connaissait pas réellement l’étendue des pouvoirs magiques des Exceeds, mais doutait qu’ils puissent ramener un être humain sur cette distance sans en pâtir sérieusement. Ce qui laissait une unique possibilité…

 

- Je…, commença-t-elle.

- Non Lucy, l’interrompit Natsu. Tu ne viens pas.

- Pardon ? s’exclama la jeune fille, les yeux arrondis par la surprise.

- Il a raison, répondit Erza. Tu es encore blessée. De toute façon, le vrai combat n’est pas pour demain. On se contente de récupérer Wendy et on rentre. Ca vaut pour toi aussi Sharuru.

- C’est hors de question ! rétorqua cette dernière. Je viens sauver Wendy, que tu m’y autorises ou non !

- Ne t’inquiète pas, tenta de la rassurer Happy. On va la ramener, je t’en fais la promesse !

- Mais, je…

- Non.

- Et moi… commença Lucy.

- Non plus. Je ne changerai pas d’avis, alors il est inutile de discuter.

 

                Lucy était estomaquée. Et surtout frustrée. Elle baissa les yeux et ne dit plus rien. Alors, elle n’était qu’un fardeau ? Elle sentait les larmes monter, mais les combattit de toutes ses forces. Elle était idiote ! Ils s’inquiétaient juste pour elle, une fois que Wendy l’aurait soignée, elle pourrait les accompagner. Tout de même, Gray était blessé lui aussi, et personne ne lui disait quoi que ce soit. Mais, elle ne le souligna pas, consciente de la différence de force entre son ami et elle. Elle savait très bien qu’il serait capable de se battre malgré ses blessures, alors qu’elle ne tenait encore pas bien debout.

 

- Je propose qu’on prenne nos rubans puis qu’on aille tous se coucher, poursuivait Erza, qui avait visiblement continué de parler pendant que Lucy se tourmentait. Nous aurons une lourde journée demain et nous nous levons tôt.

 

 
 
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