Chapitre 18 : Dressrosa .

On avait réussi à survivre à l'Aqua Laguna . C'était moins une , mais grâce aux efforts de tous , on y avait survécu . Oui , la mort nous avait raté de peu ce jour là et c'est épuisés mais néanmoins contents que nous contemplâmes la mer tumultueuse des hauteurs où nous avions trouvés refuge .

Ces deux là étaient totalement tarées . Alors bien sûr … Lorsque j'entendis Flora nous convaincre de retourner à Dressrosa , j'accusais le cou en me disant que les vagues avaient du lui chambouler le cerveau . Mais lorsque j'entendis Emiliae accepter , je sus que c'était collectif . Je n'y croyais pas . De tous les endroits possibles et inimaginables , il fallait qu'elle choisisse de mettre les pieds chez elle , là où une foule de mafieux l'attende avec le sourire afin de la tuer . C'était à n'y rien comprendre …

- Ne comptes pas sur moi pour t'accompagner . Fis je froidement . Ils nous tueront avant même qu'on ait le temps d'accoster .

- Non … Ils ne s'y attendront pas . Dressrosa est le dernier endroit où j'irais volontairement . Là-dessus nous sommes tous d'accord .

- Mais quel est l'intérêt d'y aller , Franchement ! Et puis … Ce n'est pas la porte à coté !

…

Et personne ne m'écouta . Arlès voulait visiter davantage d'endroits et bizarrement , Flora avait commencé à le suivre comme un caneton où qu'il aille . Cela emmerdait Emiliae mais amusait grandement ce dernier . Et moi , j'ai finalement cédé … Mais quand même , faire tout ce chemin jusqu'à Dressrosa … Cela nous a pris pas moins de six mois entiers ! Et nous étions dès lors en 1511 . On a fêté mon anniversaire sur l'île des hommes poissons dans le café des sirènes . Pour se rendre là bas , on a du abandonner notre Rafiot à Shaobondy et se faufiler sur le navire d'un pirate qui s'apprêtait à se rendre dans le nouveau monde . Emiliae l'avait alors convaincu de nous prendre tout les 4 à son bord , gratuitement . Du coup , il leur restait suffisamment d'argent pour me faire un beau cadeau …Je venais de fêter mes 23 ans .

Et lorsque nous remontâmes et accostâmes sur l'ile de Risky Red , Emiliae fêta ses 19 printemps . Ce fut la première fois en 4 ans que nous remîmes les pieds dans le nouveau monde . Et ce ne fut qu'à ce moment là que je me rendis compte d'à quel point ça m'avait manqué …

Oui … Tout ça m'avait manqué . Mais …

- Il est hors de question que je remette les pieds à Dressrosa . Fis je catégorique . D'ici , tu peux y être en quelques heures en usant du pas lunaire . Nous , on t'attends ici .

Les autres commencèrent à protester mais je les arrêtai d'un geste . C'était trop dangereux . Au fond de moi , j'espérait qu'elle se raisonne et qu'elle fasse demi-tour . Mais c'était bien mal la connaitre . Sa curiosité finirait un jour par causer sa perte .

…

En quelques heures , j'ai finalement atteint Dressrosa . Et dire que je m'étais promise de ne plus jamais y remettre les pieds . J'étais de retour .

Plus je m'approchais de l'île et plus mon cœur se mettait à battre vite . J'étais impatiente de voir quelque chose , mais quoi ?

Je vis l'ile de mes propres yeux . Et je constatais avec surprise qu'elle avait bien changée … J'arrivais sans problème au port d'Accacia . Il s'agissait de la citée principale du royaume . Mais ce n'était pas la seule . Au sud , nichée dans la forêt et les montagnes , il y avait la ville de Sebio et au nord , la ville de mon enfance , Primula . Nous étions en 1511 et un an semblait avoir passé depuis que le shishibukai Donquichotte Dofflamingo avait prit possession des lieux .

Je rabattit ma capuche sur ma tête afin d'éviter que l'on puisse me reconnaitre . Partout en ville , on ne faisait que l'acclamer . Les gens le respectaient et croyaient dur comme fer qu'il les avaient sauvés du règne diabolique du Roi Riku . C'était astucieux . E t comme il était shishibukai , personne ne pouvait remettre son pouvoir en cause puisque le gouvernement le soutenait pleinement .

La ville d'Accacia était à certains endroits en travaux . Mais mis à part ça , on ne se douterait pas qu'une guerre particulièrement sanglante ait eu lieu sur cette île . Les gens semblaient si joyeux si heureux … Et puis … Des jouets . Il y avait des jouets qui vagabondaient plus ou moins partout en ville . Des jouets … Je me souvins alors des dires de Flora … Apparemment , le shishibukai avait à son service une fille capable de transformer les gens en jouet . C'était fou …

Mais amusant ... Honnêtement , j'aurais bien passé quelques temps sur l'île si les Cornelli ne jouissaient d'autant de privilèges ...

Mais ma curiosité avait cependant des limites . Je n'étais plus la bienvenue ici à Dressrosa et puis … Je m'en rendais compte désormais . Cet endroit n'était plus ma maison . Trop de choses avaient changées …

Je décidai alors de quitter la ville afin de me diriger vers le lieu que je préférais le plus à Dressrosa : Le grand champ de tournesol . Il était à l'écart de la ville , au sud . C'était proche de Sebio mais une large forêt de lauriers géants en fleur les séparaient . C'est en partie pour ce champ que j'avais décidé de revenir ici . C'est ici que j'ai enterré le plus atroce de mes secrets . Celui pour lequel on me pourchassait sans relâche . Celui qu'il me fallait à tout prix garder secret .

Je m'avançais de quelques pas hésitants , vers une tombe sans nom qui faisait face à la mer . J'avais un bouquet de roses blanches à la main . Je me souvenais qu'il les adoraient . Autrefois . Oui …

- ça fait longtemps que je ne suis pas venu te rendre visite … Grand frère . Murmurai je alors tout en posant le bouquet devant la tombe .

Personne ne répondait , et c'était bien normal , puisqu'après tout , il était mort . Pourtant , je pouvais encore clairement le voir , comme s'il avait décidé de me hanter jusqu'à la fin de mes jours . Car après tout … Il était la première personne à mourir de ma main . Mais beaucoup l'ignoraient . Beaucoup croyaient que l'ainé et plus puissant enfant Cornelli était devenu un chien chien du gouvernement . Mais il n'avait au final jamais quitté l'île …

Je ne pense pas un jour être prête à parler de ce qu'il s'est réellement passé sur cette île . J'avais tiré un trait dessus . Excepté pour ça . Excepté pour lui . Je caressai alors affectueusement la pierre tombale tout en promettant de revenir un jour … Et au moment où j'allais partir , j'entendis alors une voix incertaine faire :

- Emiliae . Tu es Emiliae Cornelli n'est ce pas ?

Je me retournai aussitôt . Qu'allai je faire de ce gêneur ? Si jamais il se mettait à parler , j'aurais de gros ennuis et personne ne me laisserai quitter cette île vivante . Je pensais me retrouver face à un homme mais je fus surpris de faire face à un jouet unijambiste qui ressemblait fort à une espèce de soldat . Il se tenait là , d'un air solennel , et me regardait de ses yeux inexpressifs , de ses yeux de jouet . Tant et si bien qu'il m'était impossible de savoir à quoi il pouvait bien penser …

- Toi non plus , tu ne te souviens pas de moi hein ? Pourtant … Je vous voyais souvent trainer au Colisée Franz et toi …

- Vous êtes cet homme que tous ont oubliés . Fit je alors . Cet homme qui fut autrefois un héros national . Le plus puissant gladiateur de tous les temps . Vous étiez Kyros .

Cette révélation jeta un froid sur le paysage . Un froid que j'avais crée sciemment . Je lui demandai alors :

- Franchement , répondez moi . Est-ce que j'aurais fait une quelconque différence dans tout ça ? Si j'avais été là avec Franz , auriez vous pu l'emporter ?

- …

- Dites le moi . Fis je froidement . J'ai besoin de savoir si je dois ou non culpabiliser . Etais je si importante pour cet endroit que mon absence en soit remarqué à ce point ? Parlez ! exigeai je …

- … Les enfants ne sont pas responsables des actes commis par les adultes . Les Cornelli ont une grande part de responsabilité dans cette affaire , mais pas toi . Tu n'es qu'une gamine pour moi . Une gamine qui n'avait pas à connaitre la noirceur de Dressrosa .

- Une gamine hein ?

Je me mis alors à rire , à éclater de rire . A un tel point qu'il m'était impossible de m'arrêter . A un tel point que mes cotes me faisaient mal , que mes poings se serrèrent et que des larmes coulaient abondamment de mes yeux , s'écrasant avec force sur le sol . Je m'étais mise à pleurer . Et devant un jouet . Pardon j'oubliais … Devant un oublié qui apparemment nous connaissait très bien Franz et moi .

De là où nous étions , personne ne pouvait entendre . Personne . Donc je savais qu'il n'y avait aucune raison pour moi de me retenir .

Et soudain , au bout d'un long moment … Les larmes se sont taries et le silence revint dans le champ aux tournesols . D'un revers de la main , j'essuyais mes larmes et reconstruisit mon masque souriant et enfantin . Mais je savais qu'il savait que tout cela était faux . Que ce n'était qu'une illusion destinée à tromper . Je m'en foutais . Et alors que j'allais partir :

- J'ai cessé d'être une gamine depuis bien longtemps .

- …

- Et actuellement , il m'est impossible de faire quoi que ce soit pour cette île . Comment puis je m'occuper de l'avenir de cette île alors que les Cornellis sont bien décidés à me traquer tel du bétail ? Je suis désolé pour vous … Mais même si je suis en partie au courant des secrets de cette île , je ne peux rien faire . Je suis faible . Et je ne suis venue ici que par caprice .

Je l'avais dit . Et le soldat jouet ne répondit rien . Ne fit rien pour m'arrêter . Comme si j'avais parlé durant tout ce temps dans le vide .

Mais au moins , ça m'a permis de me libérer quelque peu de cet immense poids qui s'était formé sur ma conscience depuis que Flora m'avait défiée en duel . Je me sentais mieux maintenant et me sentait prête à repartir sur de meilleures bases . Je me pouvais pas oublier le sort tragique des jouets , mais je pouvais les effacer de mon esprit le temps d'une chanson ou d'un concert .

Je commençais sérieusement à envisager devenir chanteuse .

Je quittai alors les lieux , laissant le soldat jouet à ses affaires . Je savais qu'il ne me dénoncerait pas et je ne le ferais pas non plus . Son existence restera un secret . Un des nombreux secrets rattachés à cette île …

Et alors que j'étais sur la route d'Accacia à me préparer pour repartir , un Ado d'au moins 14 ans attendait sur le chemin . Je me tendis et m'arrêta . Nous nous toisâmes quelques temps avant qu'il ne fasse :

- ça fait un bail , sœurette .

Je soupirai de soulagement . C'était Orso , le plus jeune de la famille . Il était également le plus sensé de mes frères . Je l'avait à peine reconnu en quatre ans . La dernière fois que je l'avait vu il était haut comme trois pommes et devait partir pour un boulot dans le nouveau monde . Il était brin aux yeux jaunes pale . C'était la seule chose dont il avait hérité de mère . Ses yeux . Pour le reste il avait quasiment tout copié de père . Jusqu'à son air froid et détaché .

- Orso .

J'allais reculer afin de trouver un moyen pour m'enfuir mais il ne me lâchait pas du regard . Je balayais alors le terrain avec mon haki de perception afin de voir s'il y avait d'autres ennemis dans les parages .

- Il n'y a personne , excepté moi . Je voulais juste te revoir .

- Eh bien , maintenant tu m'as vu . Fis je froidement . Alors maintenant , laisses moi tranquille !

- Hum … Lorenzo m'a dit qu'il avait envoyé du monde te chercher , mais qu'apparemment , personne n'est revenu . Cela signifie que tu les as tués . As-tu entendu le message délivré par grand frère ?

Il me regarda droit dans les yeux avant de dire :

- Apparemment non . Veux tu l'entendre de tes propres oreilles ?

Mais qu'avait il en tête ? De quel message … Ah ! Loguetown … C'est vrai qu'un type avait dit vouloir me transmettre quelque chose de la part de Lorenzo . Mais comme j'avais tendance à tout refuser de sa part …

- Il dit qu'il te pardonne .

- Quoi ?! m'écriai je .

- Il dit que maintenant qu'un descendant des Donquichotte est au pouvoir , il serait temps de tourner la page au sujets de stupides guéguerres familiales . Mais …

- Que veux il en échange ? Fis je froidement . Je connais mon frère . Il n'a aucun pardon . S'il fait tout ça ce n'est que par intérêt .

- Évidemment que c'est par intérêt . Répliqua mon frère Orso . Mais il te donne une chance de te racheter . Te souviens tu du mur des lamentations de Dressrosa ? De ce qu'il y a d'écrit ?

- Oui .

- Alors tu sais ce qu'il te reste à faire pour regagner ses faveurs .

C'est alors qu'il me laissa partir . Chose que je fis non sans avoir dit :

- Et qu'est ce qui te fait croire qu'il me faut son pardon ?!

- On peut vivre éternellement avec la marine à ses trousses . Mais pas si c'est nous qui te traquons . Et puis … Avoues que Dressrosa te manque terriblement . Tu n'aurais pas pris tous ces risques pour revenir sinon . Et passes un bonjour à Franz et à Flora . Dis leur que la prochaine fois qu'il remettent un pied à Dressrosa , je les tuerai moi-même .

J'en eus des sueurs froides . Et dire qu'Orso n'était qu'un enfant de 14 ans … Mais les enfants n'existaient pas au sein du clan .

- C'est parce qu'ils m'ont aidé n'est ce pas ?

- Ne nous prends pas pour des miséricordieux , je te prie . On est prêt à te pardonner car tu es de la famille . Pas eux . Tu as fais une erreur en te liant à eux . Et j'espère pour toi que tu n'en feras pas d'autres …

Sur ces mots il me laissa seule . Je tentais vainement d'avoir les idées claires . Il me pardonnait ? Quelle blague . Je n'y croyais pas . Et je ne voulais pas de son pardon . Mais d'un autre côté ... Aucun Cornelli ne m'a attaqué . Avec leur réseau d'information , ils auraient largement pu savoir que j'étais sur l'île , puisqu'Orso est venu à moi . Je sentis alors le vent tourner et la pluie tomber . Il me fallait partir au plus vite , une tempête s'annonçait et il était hors de question que je reste coincée sur cette île !

à suivre ...