Chapitre 26 : Coincés entre le Rêve et la Réalité .
Je serrai les dents alors que je tentais de remettre mon bras en place . Roméo me l'avait bel et bien cassé . L'enfoiré ! Il me largue pour une autre , et alors que j'essaie de me venger , il menace de me tuer . En clair , je le gêne . Eh bien il ne perd rien pour attendre celui là !
Soudain , je sentis que je n'étais pas seule . Il y avait au moins trois personnes derrière moi . J'avais mon bras cassé et il m'était donc impossible de combattre . C'était le bras avec lequel je me servais d'une épée . Malheureusement , je n'étais pas ambidextre . Il m'aurait donc fallu fuir mais ... J'entendis alors le déclic d'une arme à feu . Je n'étais pas une loggia , et je n'étais même pas certaine de pouvoir éviter ça avec mon haki .
- Pas un geste fit alors l'un des hommes . Nous sommes envoyés par cette femme . Elle veut te parler . Maintenant .
- Cette femme hein ?
Nous savions tous de qui il s'agissait . L'éminence grise qui surplombait le monde . Elle . Sa Miyuki . Ce qu'il y avait de pire dans le gouvernement mondial . Ils allaient m'embarquer avec eux jusqu'à ce que je leur fasse :
- Attendez ! Garrett était lui aussi un espion qui travaillait pour elle non ? Il est resté 3 ans à bord de l'équipage . Moi , cela fait 5 ans que j'y suis sur son ordre . Si je disparais , tout le monde s'en rendra compte et posera des questions embarrassantes . Et puis ... Il me faut soigner mon bras , il est cassé . Je dois mettre une ...
- Demain 6 heures , à la gare . Si tu n'y est pas . Nous te trouverons de grès ou de force .
Et en un instant , ils disparurent . Je m'effondrai au sol à respirer lourdement . Ces types , ils ne plaisantaient pas . Je savais qu'ils étaient plus forts que moi . Qu'ils pourraient me tuer ou me kidnapper sans soucis . A 6 heures du matin , je devais être à la gare de Waterseven . Ce qui signifiait qu'actuellement , cette personne était présente dans un périmètre accessible à un train des mers . Inutile de me casser la tête . Tant qu'elle ne veuille pas me tuer , ça va . Tout ce qui importait dorénavant , c'était d'éviter que qui que ce soit sache à propos de mon pseudo double métier .
Il était minuit , j'avais encore la nuit pour me préparer à partir , mais où ? Là était la question ...
...
Je suis rentrée à pied jusqu'au Liberia . Il m'aura fallu un certain temps pour y parvenir sans Genpo , un des arts du rokushiki , permettant de voltiger dans le ciel grâce à une force pour ainsi dire , surhumaine . Je ne pouvais prendre ce risque , mon bras droit me faisait un mal de chien , la douleur me déstabilisait , mon équilibre pouvait se détraquer et me faire tomber . Je n'étais pas en forme .
Par chance , le médecin était encore éveillé et me fit un plâtre . Voilà que je me retrouvais avec ce fichu truc durant au moins les trois prochains mois . Deux si j'étais sage . Tout ça à cause de ce foutu Roméo ! Pendant que j'étais perdu dans mes pensées , le médecin crut bon tout de même de me dire que j'avais de la chance . Quelques minutes de plus et il partait dormir . Apparemment , il était resté éveillé aussi longtemps à cause de Paule . Elle serrait tombée dans les vapes et il devait la veiller sur ordre du capitaine . Je fronçai les sourcils . Tout ça était bien louche ...
Je sortis de l'infirmerie avec un tas de médocs que le médecin avait cru bon de me refiler contre la douleur . Je le remerciai avant de prendre le chemin de ma chambre . Je devais dormir deux trois heures avant de me préparer pour partir . Il devait être au moins une ou deux heures du matin , je ne savais plus trop ... c'est alors que j'entendis au détour d'un chemin :
- Tu es si jeune ...
Je jetai un rapide coup d'œil . C'était Roméo . Et était sur le point d'embrasser une Paule relativement morte de trouille . Et alors que ce dernier l'embrassa , il se prit un cou chargé en électricité qui le fit reculer . Je vis Paule en profiter pour s'enfuir et s'enfermer dans sa chambre .Roméo passa sa main sur sa lèvre fendue , constatant les dégâts ... Il lécha le sang qui perlai de sa bouche , celle là même avec laquelle il l'avait embrassée . Il se mit alors à rire , amusé au possible par le comportement de Paule et son bref mouvement de panique ... . Quel malade songeais je alors dégouté . Cependant , je ne pouvais m'empêcher de fixer sa lèvre ensanglantée du regard . Cela me donna un frisson . J'en mordis ma lèvre inférieure , le regard brillant .
- Quelle joyeuse enfant ...
- Tu sembles bien t'amuser ... constatai je alors froidement .
Son regard redevint alors sérieux . Je le voyais bien . Nous étions là , à nous fixer dangereusement . Je le vis alors tanguer curieusement . S'était il saoulé ? Était ce avant ou après qu'il me casse le bras ? J'en revenait pas . Il tenta de m'attraper le menton , je le repoussa de ma main valide . Il faillit tomber sous le choc . Je reculai de quelques pas . Sans mon bras droit , je paraissais vulnérable .
- Quelle poigne , Emiliae ! Est tu certaine ne n'être qu'une chanteuse de grand chemin et pas ... ( il se rapprocha dangereusement d'elle , allant jusqu'à frôler son oreille ) plus ?
Mon sang ne fis qu'un tour . D'un vif coup de pied , je le propulsai à l'autre bout du couloir .
- Ne me touches plus jamais . T'as compris ?! Tonnai je froidement . Tu sais ce dont je suis capable .
- Oui Oui ... Fit il tranquillement en partant .
- Où vas tu ?! Je n'en ai pas finie avec toi ! Hurlai je alors en colère .
Consciente que des gens dormaient à cette heure , je le laissai partir . Il continua sa route , sans même se soucier de moi . J'avais perdu . Mais aucune larme ne semblait vouée à perler de mon regard intensément triste . Car très vite , la rage vint de nouveau troubler mon esprit , de même que ma fierté m'empêchai de crier au monde son exaspération . Mais une intense vague de haine s'abattit sur moi , de même que mon poing qui s'abattit sur le mur où auparavant se tenait la tête de Roméo . Je hurlais de douleur . Merde ! J'avais oublié que mon bras était cassé . Je m'effondrai contre le mur , la tête sur mes genoux , en position de fœtus . C'était vraiment une mauvaise soirée .
...
Dans mon lit , je ne dormais toujours pas . Je luttais contre le marchand de sable qui , à forme d'essayer de me jeter du sable en pleine figure , avait fini par se procurer un marteau . Son marteau . Le marteau du sommeil . J'avais beau lutter , l'enfoiré , plus rapide , n'hésita pas à faire son boulot pourtant bien dégradant . Il frappa ma tête à coup de marteau hypothétiquement réel à cause de mon mal de crane qui continuait à me lancer , malgré les médicaments que m'avait refilé le médecin de bord . Je tombai comme une souche dans les bras de Morphée .
Je tombai dans les limbes du rêve . De l'irréalité . Là où tout semblait permis . Là où tout était excusé . Même le pire des crimes .
Pour une fois , je me retrouvais dans ce qu'il semblait être mon enfance . J'étais jeune , petit et chétif . Je portais de beaux habits de grande marque , des chaussures bien vernies . Je ressemblait à une poupée dans un joyeux monde délirant . C'était limite un Franz au pays des merveilles . Du moins , c'était comme cela que je me souvenais de mon rêve qui avait presque des tendances de prémonition . Cela me foutait les jetons .
Il y avait des fleurs blanches partout . Blanches ... Quelqu'un était il mort ? Pourquoi diable ne pouvais je pas rêver sans métaphores ? Soudain , les fleurs devinrent des crânes . Le paysage merveilleux devint atroce . Le petit garçon n'était plus . J'avais grandi . J'étais dorénavant dans une décharge . Partout , il y avait des jouets brisés . Des poupées cassées . J'avais un couteau dans la main . J'ignore bel et bien pourquoi d'ailleurs ...
- Franz , tu dors ?
Je me retournais subitement en plantant sans le vouloir un couteau dans quelqu'un . Cela ne me faisait ni chaud ni froid , ce n'était qu'un rêve après tout ... Sauf que l'instant d'après , la chose que j'avais poignardé sans faire attention portait une robe de mariée . Je levais les yeux et vit ma mère , suffocante dans une mare de sang dont les vagues m'emportèrent . Le corps de ma mère sans vie faisait dorénavant plus de 20 mètres de haut , étendu de tout son long . Une sorte de délire bizarre à la Ron Mueck . Puis soudain devant moi apparut Emiliae . Elle portait elle aussi une robe de mariée . Et un bouquet de robes fanées . Les rêves étaient vraiment curieux . Sans vraiment réagir , je la vit sortir un poignard de son bouquet . Elle approcha vers moi d'un regard atroce en mêler le geste à la parole . Elle était effrayante .
- Dors pour toujours !
Je me réveillai en sursaut . Que venait il de se passer ? Et déjà , je perdais ce rêve de vue . Seul les sentiments les plus criants se faisaient ressentir . La peur , l'amour , la souffrance et la mort . Je regardais attentivement mon réveil d'un air assommé . Il était 5 heures . Bordel ... Ce que je pouvais emmerder le marchand de sable ! Ce rêve n'était rien d'autre qu'un cauchemar . Pourtant , je sus à cet instant que rêve et réalité s'étaient mêlées . Par terre sous ma porte , un message avait été glissé . Cela sentait le parfum entêtant d'Emiliae . J'ouvris la lettre et écarquilla les yeux . Cela eut le mérite de me réveiller ! Emiliae partait ! Elle m'abandonnait pour quelques jours tout seul avec eux . Comment osait elle partir seule , sachant que je soufrai toujours de la voir partir sans moi , vulnérable .
...
Il était 6 heures du matin . La gare était déserte . Pas un contrôleur , pas un civil . J'avais presque l'impression de me trouver en plein rêve , dans cette gare vide et silencieuse . Je portais avec moi une sacoche légère contenant de quoi survivre pour au moins un mois , même si je savais que je ne disparaitrais pas aussi longtemps . Ce n'était pas la première fois que je disparaissais comme ça de la circulation . J'étais assise sur un banc lorsqu'ils arrivèrent . Nous avions tenu parole . Leur chef salua d'un signe raide de la tête , je fis de même . Ils m'escortèrent jusqu'à la Sun station . Une nouvelle station qui menait tout droit à la citée justicière , Elias Lobbys .
Le train arriva . Et je montai docilement à bord . Plus vite tout serait réglé et plus vite je retournerai à ma vie de toujours ...
Les portes se refermèrent et durant un bref instant , je crus entendre par delà le vent Franz crier mon nom .
Je fermai les yeux .
Elias Lobbies m'attendait .
Elle m'attendait .
Sa Miyuki .
à suivre ... |