— Dis-moi tantine !
Pourquoi dans l’oignon
As-tu pris tant de coups de pine
Mais que pourtant t’as jamais de pognon ?
— Tu sais quand on fait mon métier
Mais qu’on est aussi moche qu’un épouvantail
Faut pas s’attendre à trop de pitié
Ni à s’enrichir grâce à son travail.
Pourtant elle m’avait prévenue, mamie.
Elle m’avait dit : « Écoute petite
Si tu ne travailles pas plus en classe,
Tu finiras sur le trottoir d’en face
À appeler copines
Celles qui y tapinent,
À nommer copains
Leurs coquins.
Mais dis-toi bien qu’avec ton allure disgracieuse,
Ton corps difforme et ton haleine de poney
Tu ne pourras jamais faire la prétentieuse
Et devras te contenter des plus fauchés, des plus laids, des plus paumés. »
Elle avait, hélas, raison ta grand-mère
Et depuis, de ne pas l’avoir écouté, je l’ai amer.
Alors ma chérie va faire tes devoirs
Si tu ne veux pas, comme moi, finir sur le trottoir
À passer tes journées à faire des turlutes
À des pervers qui te traiteront de sale pute.
Mais plutôt comme ta grand-mère et ta propre mère
Qui, elles, sont devenues putes de luxe et moins amères.
(26/11/16)
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