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L'Ataraxie
Par Nehemah
Originales  -  Mystère/Fantaisie  -  fr
13 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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L'acrimonie des moutons
Chapitre 1 : L’acrimonie des moutons

 

Il s’agissait d’une vaste plaine, plongée dans la pénombre. De petites collines jalonnaient le paysage, lui donnaient du rythme, et octroyaient surtout du labeur aux hommes qui la traversaient. Les arbres s’ameutaient en bosquet et parsemaient à leur tour cette plaine ; parfois on en trouvait, esseulés, isolés ; des fois ils se regroupaient en forêts sombres, profondes et mystérieuses, attisant bon nombre de rumeurs avant de devenir des légendes. D’autres éléments ponctuaient cette étendue ; on découvrait souvent des bouts de ferrailles, venus d’un autre univers, en décalage total avec cette terre, terre où le soleil ne perçait pas, terre parcourue par les Esprits du Temps Figé, de la Forêt et des Collines. Ces ferrailles tombaient du ciel, chuchotait-on. Ceci expliquait par ailleurs les états souvent abîmés dans lesquels on les récupérait.

Si on levait la tête, de gros moutons gris s’accumulaient contre la voûte céleste. Ils descendaient fréquemment, plongeant cette plaine dans leurs laines froides. Il était de réputation de ne pas sortir par ces temps-là, mais le fondement de ces rumeurs transportées par le vent de l’ignorance restait fort obscur. Toutefois, ce troupeau de moutons cachait systématiquement l’astre solaire. Presque inconnu des trois civilisations qui peuplaient cette contrée, les rayons de chaleur ne dispensaient les hommes de leur éclat qu’une seule fois par année. Et plus que jamais les hommes craignaient cette unique journée de chaleur puisque les moutons se dispersaient, dévoilant alors le ciel et surtout, au nord, une longue chaîne de metal qui disparaissait dans une autre masse de nuages.

Cette chaîne, considérée comme une ancre, prenait racine à partir de pics effroyables, qui évoquaient la mâchoire inférieure des démons, et en particulier leur dentition. Ces pics, surnommés la Chaîne des Démons, protégeaient l’une des trois civilisations de ce peuple, craint des deux autres. Il vivait dans la partie la plus rude de cette contrée lointaine, c’est-à-dire une terre d’un blanc immaculé, recouverte d’un manteau soyeux mais glacial, où une pluie lente et silencieuse, pure et froide, s’échappait des moutons gris. Leur terrain était en pente et difficilement pratiquable. De plus, un fleuve séparait cette terre morne et désolée, crainte et abandonnée des deux autres civilisations. Ces dernières considéraient les flots qui coulaient en ces lieux comme une divinité qui les protégeait, un obstacle naturel qui découlait de la volonté des Dieux. Ainsi avait-on nommé ce fleuve Ponthos.

Ce dernier prenait source dans un océan vaste et se jetait dans ce même océan. La divinité aqueuse avait donc coupé cette île en deux, et ce depuis la dernière guerre, affirmait-on. A son embouchure ouest, une petite cité prospérait dans la crainte des barbares du nord, mais épaulée par sa civilisation voisine, bien qu’étant à l’embouchure opposée de Ponthos. Eros était le nom de cette cité, en référence à la divinité qu’elle adorait.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la cité n’était pas si primitive. Sur ce continent, les matériaux s’amassaient, notamment la nacre, sur les falaises qui surplombaient le vaste océan. Les forgerons avaient appris à dompter cette matière friable et à en faire les composantes des batiments de la cité. Les carrières de pierres, notamment le granit, avaient permis l’élaboration d’une muraille, en cas d’attaque barbare. A l’intérieur de cette cité, des pavés nacrés protégeaient le sol et de nombreuses maisons étaient séparées en différents quartiers, quatre en tout. Le quartier du Nord était réputé pour être le milieu aristocratique et quasiment impossible à visiter. Des rumeurs étranges circulaient un peu partout dans la ville comme quoi les habitants de ce quartier n’étaient pas des gens normaux. Les trois autres quartiers, se répartissaient l’activité de la ville : le quartier Ouest s’occupait souvent de commerce, étant donné que la grande porte de Eros s’ouvrait sur ce quartier ; c’est ici que prenait part la plupart des transactions, qui avaient lieu avec Thanatos, l’autre cité. On y trouvait également la caserne, qui entretenait de bonnes relations avec le voisinage. Le quartier Est donnait accès aux ports de la ville ; il s’agissait d’un lieu très important puisque les poissons remplissaient le plus souvent les estomacs des habitants de la cité. Enfin, au sud de la ville s’établissait le quartier ouvrier, avec notamment les forgerons, les artisans de toutes sortes, les bûcherons, les hommes de chantier qui travaillaient chaque jour aux carrières.

Il serait imprudent de croire qu’il subsistait des inégalités ou en tout cas des différences sociales : en effet, chaque statut social avait son importance et imposait du respect. Par ailleurs, personne ne manquait de rien et cette population vivait dans ce que l’on aurait pu nommer une société d’abondance ; à l’exception près que beaucoup d’entre eux travaillaient encore.

Nezha faisait partie de ces gens qui travaillaient, mais qui ne refusaient pas leur labeur. Depuis son enfance, il travaillait d’arrache-pied, du matin au soir, en tant que bûcheron. Membre de la Société des Bûcherons Erotiques, que l’on nommait plus souvent les Burotiques. Le jeune homme occupait le rôle le moins dangereux mais sûrement le plus fatigant puisqu’il requérait de la force et de l’endurance : empiler les bûches en piles régulières. Cela prenait du temps et créait de la fatigue. Toutefois, après le départ de son père, Nezha n’avait plus de famille et était obligé de travailler, ne serait-ce que pour passer le temps… et pour se préparer au mieux à la prochaine rencontre avec son géniteur.

Le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’années, avait un visage allongé et fin, rythmé par un nez discret surmonté de deux fines émeraudes, qui reflétaient la bravoure et la force dues à son statut. De fins sourcils trônaient, de part et d’autres de chaque pierre précieuse, évoquant une hypothétique noblesse, tandis que ses cheveux roux et longs rappelaient qu’il s’agissait bien d’un enfant de la nature, qui la voyait fréquemment et qui l’aimait avant tout. En effet, les nombreuses journées à travailler dans la pénombre, Nezha avait appris à les aimer, à adorer cet aspect si intime que lui procurait la fréquentation des bosquets. Les bûcherons apprenaient à communier avec la nature et en coupant les arbres, leur métier était non pas destructeur mais bien créateur puisqu’il y avait création du côté humain, à travers des meubles, des armes, des protections, mais aussi recréation du côté de la nature, qui pouvait faire renaître de plus belles pousses encore et étendre son domaine.

Le travail quotidien souffrait cependant d’une répétitivité lassante qui rongeait le jeune homme. Nezha avait beau aimer son travail, il vivait dans l’attente, l’ennui. Il aimait son métier comme un moyen plutôt que comme une fin en soi. Il se laissait souvent aller aux rêveries et après avoir fini son labeur, il s’égarait paradoxalement dans la forêt, en quête de mystères et d’aventures. Chaque fois il rentrait chez lui, déçu. Chaque jour ses déceptions enflaient et il les rangeait dans le sas de son cerveau nommé « désillusions ». Peu à peu, Nezha laissait ses émotions s’applanir tandis que l’attente de la prochaine rencontre avec son père le dévorait d’un feu ardent et féroce, destructeur.

La routine qui s’était installée depuis maintenant quelques années céda alors. Le divorce avec l’ennui se concrétisa en une cérémonie solennelle, un soir où la pénombre était plus dense qu’à l’accoutumée. La brume était descendue ce soir là mais Nezha avait persisté à poursuivre son périple itératif. Cette fois-ci était la bonne, il l’avait senti dès le matin. Il faisait légèrement plus froid que d’habitude, les moutons s’affaissaient contre les collines, la grisaille diurne obscurcissait davantage les esprits. Dans Eros, tout était strictement clos. Personne n’était sorti ce matin, simple vestige d’une prémonition générale qui annonçait un malheur pour tous et un bonheur pour un. Nezha le savait pertinemment : aujourd’hui était le bon jour et il ne devait sûrement pas rester cloîtrer dans sa demeure.

Il brava la crainte confortablement installée dans l’esprit des habitants de ce continent quant aux jours de brume insistante. Il quitta la ville encore endormie et ne la regarda pas davantage. Il l’abandonnait presque à la manière d’un amant honteux et lâche, qui s’en allait rejoindre une autre. Cette nouvelle matrice qu’il allait rencontrer une fois de plus portait le doux nom de forêt. Il la traversa comme chaque jour, la parcourut doucement, effectuant de délicieux préliminaires qui fit monter en lui le désir et l’excitation. Ses pas caressaient chacun des morceaux de terre qu’il foulait. Lorsqu’il s’appuyait sur un arbre il s’agissait d’éveiller une passion fougueuse. Son parcours était une ode à sa maîtresse, il le sentait, celle-ci l’acceptait, le désirait, et souhaitait le remercier. Elle lui offrit un petit bout de falaise où les branchages fermaient la vue d’un petit lac, cœur de la forêt. On ne le voyait pas beaucoup de là où était Nezha et cela lui ramenait une autre passion : celle de le voir davantage. Il avança donc au bord de la falaise et se laissa tomber dans le précipice dans un élan de jouissance. Sa chute fut de courte durée et lorsqu’il rencontra l’eau du lac, son ardeur retomba aussitôt. Rapidement, il perdit connaissance, nageant dans cette onde glaciale et silencieuse. L’obscurité s’empara de lui et il s’envola dans un somptueux rêve.

 
 
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