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L'Ataraxie
Par Nehemah
Originales  -  Mystère/Fantaisie  -  fr
13 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 7     Les chapitres     13 Reviews    
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Descendre dans le maelström

Chapitre 6 : Descendre dans le maelström

 

 

            Yamaturga traînait ses pieds dans la matière froide et soyeuse qui craquait au moindre de ses pas. Il était terrifié à l’idée d’avoir si froid et de ne jamais retrouver la lumière et la chaleur de l’astre solaire, bien que cet astre solaire ne se manifestait que très rarement et évoquait souvent bien plus d’effroi encore. Cependant, ce n’est pas avec cette vue cachée par un brouillard dense qu’il pourrait espérer voir à nouveau l’Ataraxie. Pour couronner le tout, une chute de neige silencieuse entravait sa progression.

            Il s’imaginait alors un insecte prisonnier des glaces, qui tentait vainement de réussir l’ascension de cette Chaîne des Démons. Non, il ne pouvait pas être pareil… Il poursuivit sa route et s’empêcha de penser à cela.

            Cette partie du continent, au nord de Ponthos, était complètement méconnue des érotiques et des thanatiens pour plusieurs raisons : l’observation directe, en d’autres termes l’exploration était compromise par la pugnacité de son peuple sédentaire. Certains avaient tenté l’observation indirecte mais les moutons semblaient toujours brouter aux paturages de la Chaîne des Démons : un brouillard dense, où la neige tombait depuis toujours. En s’installant au sommet de la cathédrale de Thanatos, on avait un très bel aperçu du continent : on ne pouvait apercevoir Eros mais on pouvait voir le nord du continent traversé par Ponthos : un incroyable manteau immaculé recouvrait tout, enveloppé dans le gris.

            Voilà où se trouvait Yamaturga. Un endroit invivable.

 

 

 

            Le prêtre avait bien entamé son ascension, certes il ne sentait plus ses mains ni ses pieds, mais avançait encore. Une force invisible le poussait à aller de l’avant et il n’hésitait pas. Il sentit qu’il y avait un destin en lui, une sorte de voie qui l’amènerait loin, très loin, haut, bien plus haut encore, et qu’il pourrait achever sa mission.

            Au moment où il pensa cela, le tatoué tomba et resta quelques minutes le visage dans la neige. Il sentit la froideur de la matière molle et immaculée, il se l’imprégna et serra les dents. Il était convaincu que cette terre était hostile à sa présence. Et forcément, si la terre qu’il foulait lui adressait de l’hostilité c’est qu’elle cachait en elle quelque chose qui le craignait. Le prêtre se redressa, leva ses bras vers la Chaîne des Démons et hurla.

-Je sais que tu es là et tu sais que je suis là ! Amène-moi à toi nous règlerons ce conflit !

            Aucune réponse. Le néant total en terme de communication. Yamaturga se releva , frustré d’avoir été ignoré et reprit sa marche.

 

 

 

            Le froid le mordait davantage, la neige le berçait également, les somnolences passagères se faisaient légions. L’inclinaison de l’ascension croissait, et rendait la tâche d’autant plus ardue. Yamaturga ne pouvait plus résister. Il devait poursuivre son périple, mais ses nerfs lâchaient. Il se laissa tomber sur le dos et attendit un petit moment. Rien qu’un petit moment. Il leva un bras de manière à observer sa main et alors qu’il la voyait violette, il se rendit compte qu’il ne pouvait plus la bouger. Ses doigts semblaient paralysés. Il laissa tomber son bras et songea à s’endormir. Il repensa à son passé, à ce qu’il avait vécu.

            Il sourit en repensant à ses nombreuses oraisons. Qu’il lui semblait loin le temps où les thanatiens venaient l’écouter et s’émerveiller… Qu’il semblait loin le temps où…

            Qu’il semblait loin…

            Yamaturga se releva soudainement, furieux, perdu. Pourquoi n’avait-il pas d’autres souvenirs ? Il se voyait très bien chanter, mais que faisait-il hors de ses chants ? Pourquoi son passé était-il abstrait à ce point ? Son énervement l’abattit aussitôt et il tomba à genou. Les larmes montèrent rapidement, et il ne les retint pas. Malgré le fait que son visage fût face contre neige, elles ne tombèrent pas, elles suivirent avec docilité les tatouages de son visage. Yamaturga se releva enfin. Les larmes avaient éclairé ses tatouages, ils rayonnaient maintenant d’un bleu étrange, lueur inquiétante qui réveillait les pouvoirs magiques du prêtre. Celui-ci initia une lévitation de quelques mètres et leva les mains au ciel en chantant ses louanges. Une énorme masse noire planait au-dessus du prêtre. Ce dernier se sentait atteint d’une sensation très agréable, il avait trouvé la solution à son problème.

            Une chose vint troubler sa plénitude : la flèche qui vint se loger directement dans son bras gauche. La douleur fut d’abord vive, aigüe, puis elle recula un peu avant de revenir en force, atteignant par vagues successives la fragilité des sensations humaines.

            Sur tout le continent, à Eros, Thanatos où peut-être même sur un autre continent, on entendit une voix grave, horrifiée, hurler sa douleur. Ce fut un tumulte tonitruant, empli de haine et de crainte.

            Le jeune prêtre baissa la tête afin de voir une assemblée de cloportes dans la neige. Ils étaient tous là, prêts à lui décocher une autre salve et une deuxième flèche vint se planter cette fois-ci dans l’autre bras, arrachant au prêtre un autre cri assourdissant. L’amplification de sa voix devait être une conséquence de son incantation magique, mais elle était tout sauf naturelle et son aspect monstrueux resta gravé dans la mémoire des habitants de ce continent, évoquant l’image d’une aberration qui se lamente.

            Enfin, Yamaturga acheva sa concentration magique. La matière noire grossit davantage et elle explosa. Le bruit déclenché par cette explosion était en tout point supérieur aux hurlements de détresse du tatoué, et la catastrophe qui s’ensuivit marqua toutes les civilisations. Pour les odinistes, c’était bien évidemment un désastre ; pour les érotiques, pour les thanatiens, il s’agissait d’un profond miracle.

 

 

 

            Lentement, la neige recouvrant le nord du continent disparut. La Chaîne des Démons ôtait son manteau immaculé et laissait entrapercevoir un monde totalement désertique, jonché de cailloux et de pierres, sec. L’image d’une quantité extraordinaire de neige qui s’envole calmement vers les fragments de matière noire donna un aspect absolument unique à cette scène. Comme si un long silence se résignait à quitter la scène au profit d’un grand bruit. Le brouillard se dissipa également ; un paysage d’hiver craint depuis la naissance des astres s’évanouit.

            Le processus eut un autre incident : les moutons furent avalés à leur tour, apparemment ils étaient le fruit des odinistes et la fuite du troupeau amena le soleil. Un soleil cette fois-ci total. Et alors tous purent découvrir ce que les moutons cachaient ; un immense morceau de terre, raccroché à la Chaîne des Démons par cette chaîne d’acier improbable. Ce continent volant semblait assez haut dans le ciel pour ne pas cacher le soleil. Alors certaines choses s’expliquèrent, notamment ces morceaux de ferrailles tombés du ciel, en adéquation avec une autre époque, une autre culture. Au-dessus d’eux, au-dessus de leur tête, une autre civilisation vivait. Et quelle était cette civilisation ? Des réponses à des mystères entraînaient encore plus de questions.

            Pour l’heure, un immense sentiment de bonheur et d’avant-goût de l’indépendance s’empara des érotiques et des thanatiens. Pour les odinistes, le cauchemar démarrait.

 

 

 

            Lentement, Yamaturga était resdescendu sur terre, une terre désormais palpable qui semblait n’avoir jamais été recouverte par la neige. Ses tatouages étaient toujours éclairés et son visage demeurait impassible. Les deux flèches ancrées dans ses bras semblaient ne plus le faire souffrir. En face de lui, dix gros scarabées. Yamaturga tendit sa main vers eux et le sol subit une distorsion, il devint noir puis malléable ; les scarabées s’enfoncèrent à l’intérieur, happés par cette matière obscure, en poussant des cris désagréables aux oreilles du prêtre. Une fois ces gros scarabées disparus, le thanatien dissipa sa magie et reprit son ascension.

            La côte était désormais praticable, et le chemin se fit sans aucun problème. Il resta de marbre, insensible, le regard vide, qui fixait sa destination. Parfois il croisait quelques groupes de ces énormes scarabées et les tuait sans rechigner. Il procédait à sa mission et sentait qu’il arrivait enfin à son terme.

            Il parvint enfin dans une cuvette escarpée, entourée par les pics de la Chaîne, mais suffisamment plate pour que des édifices y soient construits. C’était le cas, par ailleurs, et un mur immense était dressé en plein centre de la cuvette. Sur ce mur on avait gravé des inscriptions illisibles.          

            Avant de tenter de déchiffrer ces inscriptions, un scarabée vint à côté de lui.

-Je ne sais pas qui tu es, juge infernal, mais nous te demandons humblement de partir.

            Alors ces gros insectes dégoûtants semblaient doués de parole ? Yamaturga observa les alentours. Une foule de scarabées l’entourait, timidement, certains étaient cachés derrière des scarabées plus gros qu’eux et d’autres derrière des obstacles plus résistants, tels des murs, de grosses pierres ou des arcs et des épées.

            Le silence était grandiose. Quelques reniflements de peur, de crainte, remplissaient le vide, ces lamentations qui sont celles d’un peuple voué à la mort et qui l’avait bien compris.

-Nous ne pouvons te tuer, nous sommes résignés à t’aider mais nous te prions de nous laisser tranquilles.

-Qu’est-il écrit sur ce mur ? demanda enfin Yamaturga.

            Ce qui semblait être le chef des scarabées resta silencieux quelques instants, regarda ses confrères, cherchant un appui, un soutien, puis soupira avant de parler.

-Ô divinité étrangère, voici nos mots inscrits sur la grande tablette que tu cherches à comprendre, et que nous vénérons.

 

« Le grand Odin a parlé. Il a parlé d’un fléau dans notre monde.

Le grand Odin a parlé. Il a parlé d’un fléau qui est en nous.

Odin a parlé d’Hypnos, le faiseur de rêves, qui se sert des hommes pour nourrir ses pouvoirs. Il les attire, il les endort, il prend toutes sortes de formes et manipule les rêves de ses victimes.

Hypnos ne peut mourir par la main d’un humain car il vit en chaque humain et se nourrit de leurs rêves.

Hypnos est un mal absolu, une entité consciente qui est motivé par une volonté de puissance.

Le grand Odin a parlé. »

 

 

            Le scarabée reprit son souffle et continua.

-Notre mission est de prophétiser le monde afin que Hypnos ne tombe jamais dans l’oubli, hélas il n’est même pas dans les mémoires. Il n’y a qu’une seule manière de tuer Hypnos : détruire un des rêves qu’il a créés avant qu’il ne le détruise lui-même. Car Hypnos détruit toujours ses rêves.

            Yamaturga fit un geste de la main. En un instant, tous les scarabées furent soufflés, disparus dans une nouvelle dimension. Aucune trace d’eux.

            Yamaturga se sentait imprégné d’un néant chaotique. Il avait l’impression de pouvoir disparaître à n’importe quel moment et sa haine s’éleva au firmament. Il jeta un regard à la chaîne d’acier qui reliait les pics démoniaques avec le continent volant nouvellement dévoilé.

            La volonté de destruction du prêtre était sans appel.

            Il perdit momentanément l’équilibre lorsqu’il aperçut un gigantesque insecte s’envoler vers la chaîne d’acier. Le prêtre chuta, et sentit se développer une nouvelle crise d’angoisse en lui. Il s’appuyait avec sa main contre le sol dur et poussiéreux, puis la regarda, comme s’il avait senti quelque chose bouger. Il vit alors un cafard qui remuait encore un peu ses jambes. La tête du cafard devint subitement celle de Yamaturga et celui-ci tomba en arrière en hurlant. Il n’en pouvait plus… Il devait mettre un terme à cette folie.

            Définitivement.
 
 
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