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Après moi le déluge
Par Mokoshna
Harry Potter  -  Action/Aventure/Surnaturel  -  fr
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La nuit d'Halloween
Auteur : Mokoshna
Crédits : Harry Potter appartient à J. K. Rowling.
Avertissements : UA, spoilers d'à peu près tous les volumes, slash possible dans des chapitres ultérieurs.


o-o-o

Chapitre 4
La nuit d'Halloween



Remus ne revint en cours qu'une semaine après la pleine lune. La première nuit du loup-garou dans la cabane de Pré-au-Lard se passa très mal : il était si désorienté par le changement de décor qu'il se blessa plus que d'ordinaire. Les Lupin avaient coutume d'enfermer Remus dans la cave insonorisée de leur maison de Great Hangleton. Le loup-garou passait la nuit à tenter d'abattre les murs en vain et finissait irrémédiablement par se retourner contre lui-même afin de satisfaire ses élans meurtriers. Pourtant, jamais les blessures de Remus n'avaient été aussi graves. Lorsqu'il se réveilla enfin deux jours plus tard, ce fut à l'infirmerie de Poudlard, les membres bandés et Mme Pomfresh s'affairant près de lui, inquiète, presque en larmes même. Elle lui expliqua que le loup avait bien failli s'échapper tant son excitation était grande et que sans l'intervention de McGonagall et de Flitwick, il aurait sans doute fait des ravages dans Pré-au-Lard... ce qui eut pour effet de plonger Remus dans un élan de panique et de culpabilité.
— Non, non, ne cessait de répéter Mme Pomfresh, ce n'est pas de votre faute, voyons, tout s'est bien passé, il n'y a eu aucun blessé...
Sauf Remus lui-même, dont le bras était fortement enserré dans des bandes si épaisses qu'elles ressemblaient à des écorces d'arbre toutes blanches. C'était sa blessure la plus grave : apparemment, il avait essayé de s'arracher le bras avec les crocs... et fou de douleur, il avait trouvé là la force nécessaire pour faire un trou dans le mur. Fort heureusement, Dumbledore avait mis deux professeurs en qui il avait parfaitement confiance de garde...
Il resta aux petits soins de Mme Pomfresh les jours suivants, en se demandant sans cesse ce que ses camarades pensaient de son absence prolongée. Avaient-ils fait le rapprochement avec les phases de la lune ? Prendraient-ils peur la prochaine fois qu'il les verrait ? Il ne pouvait confier ses craintes à Mme Pomfresh ni à aucun professeur ; et Kingsley, son meilleur ami, était hors de question... Il était encore seul, comme il était seul au sein de sa propre famille.
L'emplacement de son lit avait été enchanté pour qu'aucun élève ne puisse le voir ni même deviner qu'il y avait un patient permanent dans l'infirmerie. Par contre, Remus pouvait parfaitement distinguer tous ceux qui venaient en tirant les rideaux qui le séparaient des autres, juste assez pour jeter un coup d'oeil. Le lendemain de son réveil, Narcissa Black vint demander à Mme Pomfresh une solution pour un problème de bouton d'acné qu'elle avait sur le nez ; l'affaire était terrible, disait-elle, car elle avait le soir-même un rendez-vous de travail avec Lucius Malefoy. Deux jours plus tard, ce fut sa soeur Andromeda Black qui apparut, la main toute fripée : elle avait par inadvertance touché un peu de venin d'un Musard en cours de soins aux créatures magiques. Elle était accompagnée par un de ses camarades de Serdaigle, un garçon séduisant aux traits durs que Mme Pomfresh désigna sous le nom de Damoclès Belby.
— Et faites un peu plus attention la prochaine fois, Mlle Black, dit Mme Pomfresh en la renvoyant en cours, comme si le fait de voir cette élève était une occurrence un peu trop fréquente à son goût.
Ce qui fit rire Remus : en effet, Andromeda Black avait réussi à renverser par deux fois le porte-manteau situé à l'entrée, au moment de son arrivée à l'infirmerie et à son départ. Elle devait souvent faire appel aux connaissances de Mme Pomfresh, vu comme elle était maladroite. Belby poussa de gros soupirs consternés mais ne lui fit aucun reproche.
Malgré tout, sa sortie de l'infirmerie fut un soulagement. Il avait peur d'empester les produits administrés par Mme Pomfresh à force de rester dans la même pièce et ses jambes commençaient à le démanger. Il avait hâte de faire un tour dans le parc, pour se les dégourdir. Ses amis lui manquaient aussi : qu'avait fait Kingsley, Severus et lui s'étaient-ils mieux entendus depuis son départ ? Il ne savait pas non plus si son père avait répondu à sa lettre et si Lily était moins triste. Slughorn avait-il demandé de ses nouvelles à Malefoy ?
Mme Pomfresh le relâcha un lundi matin, après lui avoir donné un solide petit-déjeuner qu'il dut avaler jusqu'à la dernière miette. Quand il eut enfin fini, il ne lui restait que cinq minutes avant le début du premier cours. Il courut jusqu'aux sous-sols pour le cours de potions et arriva en même temps que le professeur Slughorn devant la porte. Les élèves étaient déjà à l'intérieur.
— Ah, Remus, mon petit, vous allez mieux ? fit Slughorn avec un sourire chaleureux.
— Oui, merci professeur, dit Remus en lançant un coup d'oeil inquiet à la porte. Hum, on ferait peut-être mieux d'y aller...
— Ah, oui, bien sûr, après vous...
Remus pénétra dans la salle avant que Slughorn n'ait l'idée de lui poser d'autres questions en rapport avec son état.... et s'arrêta net. Au lieu des habituels élèves de Poufsouffle avec qui ils avaient cours d'ordinaire, il y avait les Gryffondors. Kingsley le vit et lui fit de grands signes enthousiastes, visiblement ravi. Severus était assis derrière lui avec Lily ; la petite fille lui fit un sourire radieux.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en s'installant. On n'est pas avec les Poufsouffles, d'habitude ?
— On est aussi étonnés que toi, dit Lily. Le professeur Dumbledore a soudain changé les emplois du temps...
— Tu étais où, Remus ? dit Kingsley. Tu as une mine épouvantable.
— J'ai été malade.
— Toute une semaine ? intervint Severus.
— C'est...
— Allons allons, un peu de silence, dit le professeur Slughorn. Nous allons commencer le cours. Comme vous l'avez sans doute remarqué, il y a eu quelques petits changements d'horaires...
Remus n'avait jamais autant aimé le directeur de sa maison qu'en cet instant. Il pouvait gagner un temps précieux à retrouver l'aplomb qu'il avait perdu en voyant les Gryffondors et surtout Sirius Black, qui était assis tout au fond de la salle avec James Potter et l'observait avec une grimace qui pouvait être du dégoût ou de la curiosité, il n'était pas certain...

o-o-o

Kingsley lui sauta littéralement dessus en sortant du cours d'Histoire de la magie, qui n'avait été qu'une longue litanie sur les gobelins et leurs stupides guerres. Binns était de loin le professeur que Remus aimait le moins.
— Alors, accouche ! dit Kingsley, les yeux brillants. T'étais où, t'avais quoi ?
Severus observait Kingsley d'un air agacé mais il paraissait tout aussi curieux si ce n'est plus. Le voir s'agiter sur place était assez inhabituel et un peu dérangeant. Les trois amis se dirigèrent d'un pas vif vers la Grande Salle pour manger.
— J'ai une maladie qui me vient de ma mère moldue, dit-il en répétant l'excuse que lui avait suggéré Dumbledore. Ça s'appelle le lupus, il paraît. Drôle, non ?
— Je ne vois pas en quoi, fit Severus d'une voix sifflante.
— Ben si, dit Kingsley, en rapport avec son nom de famille... Bon, je me tais, finit-il en voyant le regard furibond que lui lançait Severus.
— J'ai... des crises à peu près tous les mois, continua Remus. Je pensais que ça irait mieux cette année et les médecins moldus me l'avaient affirmé aussi mais ce n'est pas le cas, j'ai même eu la pire crise de ma vie cette semaine.
Kingsley parut très inquiet.
— Tu vas mieux ? Ça va te reprendre ?
— Ça devrait aller, le rassura Remus, on m'a envoyé à Ste Mangouste, mais les médico-mages m'ont dit que ça risquait de se reproduire assez souvent à cause du stress provoqué par l'école. Donc j'ai bien peur que de temps en temps, ça ne me reprenne...
— Il faut te ménager, dit doucement Severus. Tu n'arrêtes pas de courir à droite et à gauche...
— C'est toi qui dit ça ? ricana Kingsley. T'es pire que lui, de ce côté-là ! La moitié du temps, on ne sait même pas où tu es !
— Et ça, ça me regarde, dit Severus avec colère.
— Holà, holà, je pars une semaine et vous vous disputez déjà ? Mais au moins, vous vous parlez...
— Il a bien fallu, s'énerva Kingsley, puisque tu n'étais pas là ! On était tous les deux fous d'inquiétude, et même cette Lily Evans de Gryffondor est venue me demander si j'avais des nouvelles ! On a été voir les profs, mais personne ne voulait rien dire !
— Je suis désolé, fit sincèrement Remus, je ne pensais pas qu'on en ferait un secret d'état ou quoi... Mais je suis là maintenant, non ?
Ses deux amis acquiescèrent longuement, mais ils ne se regardaient plus. Remus se sentit pris d'un immense élan de tendresse, ce qui ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Il s'abstint néanmoins de le dire tout haut.
— Bon, on va manger ? fit-il d'une voix joviale. Je meurs de faim !

o-o-o

L'approche d'Halloween vit Remus plonger dans des affres de déprime, selon les propres mots de Kingsley. Il détestait cette date qui était l'anniversaire du jour où il avait été mordu ; en outre, fait plus grave, il lui arrivait toujours un désagrément qu'il n'avait jamais osé avouer à Dumbledore... mais que bon gré mal gré, il était obligé de faire cette fois. Il repoussa néanmoins sa visite au directeur le plus loin possible, jusqu'à ce que la veille du jour fatidique, il se retrouve devant la gargouille bouchant l'accès à son bureau, plus perdu que jamais. Le mot de passe de la dernière fois était toujours en vigueur ; durant une seconde, il avait espéré que ce ne soit pas le cas... Peut-être venait-il un peu trop à l'improviste, peut-être devait-il prendre rendez-vous...
Précaution inutile puisque tout comme à sa dernière visite, Dumbledore lui cria d'entrer avant même qu'il ait levé la main pour frapper à la porte. Le décor restait inchangé, avec tous les objets hétéroclites qui décoraient la pièce et les tableaux de directeurs passés. Seul élément nouveau, sur le perchoir situé près de la porte, un phoenix au ramage magnifique se nettoyait les plumes.
— Ah, Remus, quelle bonne surprise ! Veux-tu une tuile aux amandes ? Je viens d'en acheter à Pré-au-Lard et j'avoue en être friand.
Remus prit un biscuit dans la boîte que lui tendait Dumbledore et le remercia d'une voix tendue.
— Que me vaut cette charmante visite ? Je ne pense pas que tu aies le moindre problème durant ta période du mois, ou Pompom me l'aurait dit...
— Non, ce n'est pas ça... enfin si quelque part, mais pas vraiment...
Le regard que lui lança Dumbledore n'était pas si différent de celui que lui réservait Severus à chaque fois qu'ils parlaient de sa « maladie ». Remus gigota sur sa chaise, très mal à l'aise. Et si Dumbledore ne le croyait pas ? Et s'il décidait de lui interdire l'école après cet aveu ?
— Il s'agit d'un secret comparable à celui concernant ta transformation ?
Remus hocha la tête.
— Dans ce cas, sois assuré que ce que tu diras ne quittera pas ces quatre murs. Ou quel que soit le nombre total de murs ici.
— Même hors-cadre ? dit Remus en regardant les tableaux alignés sur les murs.
Dumbledore fit un petit sourire malicieux.
— Je fais suffisamment confiance à chaque personne de cette pièce pour te dire sans hésiter que tes secrets seront bien gardés.
Qu'avait-il à perdre ? Dumbledore l'avait déjà aidé plus qu'il ne lui était permis s'il en croyait les histoires qui circulaient sur les loups-garous et leurs proches ; même sa propre famille n'avait pas autant fait... Remus prit son courage à deux mains.
— Vous connaissez les circonstances de ma transformation, commença-t-il. J'ai été mordu dans mon lit la nuit d'Halloween, et mes parents qui m'ont surpris ont pu s'enfuir à temps avant que je ne leur fasse du mal. J'ai ensuite été poursuivi par le ministère jusqu'à la forêt toute proche...
— En effet. Une triste histoire... J'ai pu lire le dossier qu'avait rempli Martha Halliwell, celle qui s'est occupée de toi ce soir-là. Une femme admirable.
— Dans ce dossier, est-il mentionné qu'elle m'a retrouvé sous mon apparence humaine alors que la lune était encore pleine ?
Un éclair passa dans les yeux de Dumbledore, si brièvement que Remus crut avoir rêvé.
— Il me semble l'avoir entendu raconter une version des faits très... inhabituelle, bien que tout ce qui te concerne ait été très... embelli pour ne pas inquiéter davantage tes pauvres parents.
— J'imagine, soupira Remus. Quoi qu'il en soit, ils m'ont fait faire un nombre incroyable de tests pour voir comment cela avait été possible, mais ça ne s'est pas reproduit au cours des pleines lunes suivantes alors ils se sont contentés de dire à mes parents de les contacter si quelque chose d'inhabituel arrivait. Ce qui n'a jamais été le cas jusqu'à... jusqu'à la nuit d'Halloween suivante.
Remus baissa les yeux et continua d'une voix faible :
— J'ai pu le cacher à mes parents en m'enfuyant encore dans la forêt. Ce n'était pas la pleine lune, ils ne pouvaient pas savoir... En plus à cette période ma mère avait quelques problèmes...
— Que s'est-il passé ? fit Dumbledore avec douceur.
— C'était un rêve, dit Remus d'une voix ferme. J'ai toujours cru que c'était un rêve, et je continuerai à le dire jusqu'à ce qu'on me prouve noir sur blanc que ce n'en est pas un. Mais comme j'ai tendance à... réagir... un peu violemment à chaque fois que j'ai ces hallucinations, je préfère vous prévenir, parce que cette fois je ne pourrais peut-être pas m'enfuir encore...
Il déglutit.
— La nuit où j'ai été mordu, j'ai couru... je veux dire, le loup a couru jusqu'à une vieille cabane située non loin de la ville voisine, un petit hameau du nom de Little Hangleton. Je n'y suis jamais allé, ma mère dit toujours qu'il n'y a rien là-bas, alors... Et quand je suis arrivé, il y avait... cette chose. Comme une sorte de voile. Et des voix, beaucoup de voix qui chuchotaient des choses affreuses, et au milieu de tout ça il y avait un homme...
— Quel genre d'homme ?
— Je ne sais pas, il ressemblait un peu à un fantôme, sauf qu'il était un peu plus coloré, vous voyez ? Et il avait l'air de me connaître, il me disait des choses mais je n'entendais pas... Je n'ai toujours pas entendu la deuxième fois, mais je n'ai pas vraiment cherché à écouter, vous savez, il me fait... peur.
Remus tremblait de tous ses membres. Il aspira une grande bouffée d'air pour se forcer à ne pas pleurer, mais rien que le fait d'en parler lui donnait des sueurs froides... Dumbledore le regardait avec gravité.
— Et... monsieur, vous allez trouver ça fou, mais cet homme... cet homme était le portrait craché de Sirius Black qui est en première année à Gryffondor, mais en plus vieux.
Dumbledore ne répondit pas. Remus craignit de l'avoir offensé ; il jeta un coup d'oeil en direction du visage du vieil homme mais celui-ci était fermé, impénétrable. Cela n'arrivait que très rarement ; d'habitude, Dumbledore était toujours souriant, toujours confiant en ses élèves... Le phoenix poussa un cri qui fit sursauter Remus.
— Tu as bien fait de venir me voir, dit enfin Dumbledore. Et cet homme, tu l'as revu une seconde fois la nuit d'Halloween, tu dis ? Et tu crois que ce sera encore le cas demain soir ?
— Je ne sais pas... Mais au cas où, vous voyez ? J'ai préféré vous prévenir...
— Oui... oui, tu as bien fait.
Dumbledore se mit lentement debout et alla jusqu'à la fenêtre qui donnait sur le terrain de Quidditch, qu'il observa longuement d'un air pensif.
— Vois-tu, mon garçon, il y a bien des choses en ce monde qu'on ne peut pas expliquer, des choses magiques... des choses interdites.
Remus fut pris d'un frisson d'horreur.
— Je suis désolé ! Je ne voulais pas faire de choses interdites !
— Je sais, je sais, je n'ai jamais dit que c'était de ta faute... Tu as bien fait de ne pas en parler. Dis-moi, connais-tu Anselm Moroz du Département des mystères ?
— Non... Qu'est-ce que c'est, le Département des mystères ?
— Un drôle de service au ministère, peu de gens en ont entendu parler à vrai dire... Et encore moins savent ce qui s'y fait, comme son nom l'indique très bien, cet endroit est environné de mystères. Mais le fait que tu ne connaisses pas Moroz est sans doute une bonne chose, oui.
— Pourquoi ?
— C'est un homme très étrange... Le fait de ne pas le connaître est une bonne chose en elle-même, quelque part.
— Monsieur, je ne comprends pas...
— Mais revenons à nos moutons ! dit soudain Dumbledore en retrouvant sa bonne humeur. Tu ne vas pas assister au banquet d'Halloween avec les autres, si je comprends bien ? C'est bien dommage... Cette année, la décoration sera magnifique, Hagrid y a veillé lui-même.
Remus en resta interdit pendant une minute : Dumbledore ne parlait-il pas d'un certain Moroz du Département des mystères... et maintenant il évoquait les décorations de Hagrid ? Il n'insista pas de peur de paraître grossier, mais cela l'intriguait. Il fallait qu'il pense à vérifier quand il en aurait le temps. Mais pour l'heure, un problème hautement plus grave le tracassait.
— Monsieur, il me faudrait une excuse... et un endroit où me cacher, parce que je ne peux pas rester dans le dortoir des garçons quand ça arrivera.
— Une excuse... Une autre crise de lupus ? Non, tu as raison, il vaut mieux laisser cela pour les autres nuits... Voyons... Que penses-tu d'une bonne allergie saisonnière ?
— Je ne suis allergique à rien en particulier...
— Parce que tu ne l'avais pas encore trouvé, mais je t'assure qu'il y a certaines plantes qui rendraient allergique le plus endurci des sorciers.
Remus y réfléchit.
— Et... euh... je rentrerais en contact avec ces substances de quelle manière ?
Dumbledore lui lança un regard pétillant de malice.
— Oh, Poudlard est une très grande et fascinante école, remplie de détours et d'endroits dangereux... Sans parler des couloirs et des pièces d'architecture qui se déplacent sans cesse. Tu aurais pu, par exemple, te retrouver dans une réserve de produits destinés à un usage médical mais qui mal manipulés peuvent se révéler néfastes pour la santé. Bien entendu, cela te vaudrait, disons... une soirée entière à l'infirmerie pour que ton corps soit purgé de toute substance toxique ? Quel dommage, ce n'est vraiment pas de chance, ce désagrément le jour d'Halloween...
— Demain alors ?
— Je pense que tu recevras aux environs de midi une missive de ma part te demandant de venir me voir pour parler de quelque chose, et en chemin tu serais tombé sur cette malencontreuse salle. Voyons, l'excuse pour venir...
Remus sourit.
— Vous vouliez me parler à propos de mon père et de la récente loi qu'il a fait voter au Département de la justice magique.
Le regard de Dumbledore se durcit.
— En effet, je voulais t'en parler.
C'était logique. Remus attendait le moment où il pourrait en discuter avec le directeur, à défaut de pouvoir le faire avec Connor. Dumbledore était une personne influente, il pourrait empêcher Lily de se faire injustement renvoyer... Il serra les poings, nerveux et un peu frustré. Dire que son propre père était l'instigateur d'une telle absurdité !
— Je n'y comprend rien, monsieur, dit Remus. Mon père a perdu la tête ! J'ai essayé de lui envoyer un message sitôt que je l'ai appris, mais je ne crois pas avoir reçu de réponse... et ça fait quand même deux semaines !
— Je comprends ta frustration, mon garçon, mais j'ai bien peur qu'il n'y a rien de plus que tu puisses faire. Inquiète-toi d'abord de ton état. Tu es bien jeune pour te soucier de ce genre d'affaires...
Remus soupira encore une fois.
— Pardon si j'outrepasse mes droits.
— Je t'en prie. Tu es vraiment très, très intelligent, dit Dumbledore.
Il y avait comme une pointe de regret dans sa voix, un fond de tristesse mal dissimulée... Remus en fut surpris mais ne chercha pas à en savoir plus.
— N'essaie pas de grandir trop vite, mon garçon. Quelquefois, il y a du bon à rester un enfant un peu plus longtemps.
Remus ne put s'empêcher de demander :
— Comme vous, monsieur ?
Il se plaqua les mains devant sa bouche tout de suite après, mais le mal était fait. Quelle impolitesse, de quelle arrogance il avait fait preuve ! Pourtant, Dumbledore ne se fâcha pas. Son regard se fit vague, et il dit, d'une voix tremblante :
— Non, mon garçon. Pas comme moi.

o-o-o

L'excuse de Dumbledore marcha à la perfection... mais pas ce qui se passa par la suite.
À midi, comme annoncé, Rothbart se posa sur la table au moment du déjeuner, un message de Dumbledore entre les pattes. Remus montra même le bout de parchemin à Kingsley pour faire bonne mesure. Severus s'en désintéressa en apparence, mais Remus pouvait le voir lui jeter des coups d'oeil nerveux toutes les cinq minutes. Il se leva d'un air digne une fois son repas terminé et s'en alla vers le bureau du directeur (qui n'était pas descendu manger avec les autres ce jour-là mais comme cela lui arrivait assez souvent, personne ne s'en inquiéta). Mme Pomfresh l'attendait à l'infirmerie. Elle avait pris le soin d'éloigner les élèves le temps qu'il s'installe dans son lit à l'abri des regards.
— Personne ici ce soir, dit-elle. Remus, je vous vois décidément presque aussi souvent qu'Andromeda Black.
— Désolé.
— Enfin... Avez-vous emmené de quoi vous occuper ?
— J'ai apporté mes devoirs et quelques livres. Euh... Mme Pomfresh... je ne devrais pas aller dans un endroit plus... sûr ?
— Ne vous inquiétez pas, Albus m'a tout expliqué. Il viendra un peu plus tard pour installer une barrière qui garantira la sécurité de tous.
Remus lui fit un faible sourire, mais l'infirmière lui tournait déjà le dos pour finir de remplir une pile de dossiers médicaux. Il s'installa en silence. Cette femme l'impressionnait beaucoup : outre qu'elle était une médico-mage digne de St Mangouste, elle avait une manière assez exceptionnelle de faire fi des cas étranges qui passaient entre ses mains...
— Prévenez-moi si les symptômes de votre mal se manifestent avant l'arrivée de Dumbledore, dit-elle.
— Bien.
Ils n'avaient plus rien à se dire. Remus se plongea dans son exemplaire de L'Histoire de Poudlard, mais le coeur n'y était pas. Il était encore tôt, pourtant il ne pouvait s'empêcher d'attendre que le phénomène se manifeste et sursautait à chaque fois qu'il entendait un bruit venant de l'extérieur. Heureusement que les élèves étaient dispensés de cours cet après-midi !
Il était presque six heures du soir quand les premiers symptômes se manifestèrent. Mme Pomfresh se préparait à aller à la Grande Salle pour fêter Halloween avec les autres ; Dumbledore n'était toujours pas arrivé. Remus sentit tout d'un coup un picotement au niveau de sa poitrine, la sensation désagréable de n'avoir plus de souffle et d'être privé par intermittences de la vue et de l'ouïe.
— Mme Pomfresh ! cria-t-il.
L'infirmière se précipita vers lui, baguette à la main.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Vous avez mal quelque part ?
Remus se saisit de sa gorge avec ses mains.
— Peux plus... respirer...
La température baissa d'un coup, de manière si brutale et alarmante que même Mme Pomfresh s'en rendit compte. Elle lança un sort de réchauffement, mais cela ne servit à rien. Remus grelottait ; il réussit à retrouver un souffle en respirant très fort, mais le froid lui rendait la tâche plus difficile. Mme Pomfresh voulut le toucher pour l'aider : elle reçut une décharge puissante qui la projeta contre le mur du fond. Quelqu'un poussa un cri. Remus n'arrivait pas à suivre ce qui se passait : entre le manque d'air, le froid et les picotements qui lui traversaient à présent le corps, il n'était pas en état d'aider qui que ce soit...
— Ne le touche pas, Sirius !
Remus leva les yeux. Devant lui, les têtes démembrées de James Potter et de Sirius Black le regardaient d'un air épouvanté. Potter sortit de la cape d'invisibilité et la laissa tomber à terre.
— Je vais aller chercher de l'aide ! cria-t-il à Black. Sirius, reste là pour le surveiller !
— Dumble... dore, réussit à articuler Remus.
— Je crois qu'il veut qu'on aille chercher Dumbledore, dit Black dont le visage était devenu blanc.
— D'accord ! hurla Potter en sortant en trombe de l'infirmerie.
Resta Black, qui semblait paralysé sur place. Remus aurait voulu lui crier d'aller vérifier si Mme Pomfresh allait bien, mais sa langue était collée à son palais, il arrivait à peine à bouger sans que cela éveille en lui douleur et effroi...
Le phénomène commença.
Un voile apparut de nulle part, au milieu du froid et d'une brume inquiétante qui se forma devant Remus. Black ouvrit des yeux ronds. Remus se força à rester calme, malgré la rage qui lui vrillait le ventre. Qu'est-ce que ces imbéciles heureux de Gryffondors faisaient là ? Ils allaient tout gâcher ! La présence de Black surtout l'alarmait : et s'il restait là pendant que son double vieilli apparaissait ? Quelle incidence cela aurait-il sur la vie de Remus ?
— Lupin, fit la voix tremblante de Black, Lupin, est-ce que ça va ?
Remus aurait voulu le frapper. Il n'avait jamais haï quelqu'un comme Black en cet instant ; et la douleur qui s'intensifiait... comme si des aiguilles acérées le transperçaient de part en part... le froid pénétrait par ses blessures, ses larmes gelaient sur ses joues, ses cris se perdaient dans sa gorge...
— ...mus... je t'en prie, Remus... écoute-moi... regarde-moi...
L'être spectral qui le hantait était réapparu, mais il lui sembla qu'il était plus net et sa voix plus claire. Remus était si fasciné qu'il en avait oublié la présence de Sirius Black ; ses yeux et ses oreilles étaient fixés sur cet homme. Black senior était maigre mais aussi incroyablement séduisant ; le désespoir qui se lisait sur ses traits avait quelque chose d'attirant et d'horrible à la fois. Remus put tendre le bras au prix d'un énorme effort qui lui arracha un gémissement ; l'apparition l'imita...
— Remus ! cria Sirius Black.
Remus se sortit brusquement de sa torpeur. Il se retrouva dans l'infirmerie, un peu perdu et désorienté... et s'aperçut alors que Potter était revenu avec Dumbledore. Plus trace de l'apparition ou des phénomènes qui l'accompagnaient ; plus de froid, de brume ou de voile. Dumbledore avait sa baguette à la main et paraissait avoir vieilli de dix ans d'un coup.
— Monsieur ? fit-il d'une voix un peu pâteuse. Et Mme Pomfresh ?
Le visage de Dumbledore se décomposa.
— Elle va bien, juste un peu désorientée à cause du choc. Comment te sens-tu, mon garçon ?
— Ah...
Remus essaya de bouger mais n'y parvint pas, en partie parce que quelqu'un d'autre le retenait. Sans qu'il sache quand ni comment, Black l'avait pris dans ses bras et le maintenait d'une poigne de fer. Potter toucha l'épaule de son ami, l'air inquiet.
— Sirius ? Ça va ? Tu peux le lâcher, j'ai ramené Dumbledore...
Black ne consentit à le lâcher que quand Dumbledore lui-même intervint pour les séparer. Il ne dit pas un mot, même quand Potter, sous les directives de Dumbledore, le ramena à leur dortoir.
Remus ne se souvint que de très peu de choses du reste de cette nuit d'Halloween. Le regard doux et triste de Dumbledore, le toucher fugace de Black quand il lui avait pris la main une dernière fois avant de partir, les mots chaleureux d'un médico-mage qui lui donna ensuite une potion de sommeil...
Ce fut avec soulagement qu'il se sentit sombrer dans un sommeil sans rêves.
 
 
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