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au 31 Mai 21 :
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Après moi le déluge
Par Mokoshna
Harry Potter  -  Action/Aventure/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 7     Les chapitres     0 Review    
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Sirius
Auteur : Mokoshna
Crédits : Harry Potter appartient à J. K. Rowling.
Avertissements : UA, spoilers d'à peu près tous les volumes, slash possible dans des chapitres ultérieurs.


o-o-o

Chapitre 6
Sirius



Abraham Shacklebolt était tel que Kingsley l'avait décrit : grand, extraordinairement beau et athlétique et émettant une sorte d'aura charismatique propre à tout chef. Il n'était pas difficile de deviner que cet homme avait été un Gryffondor, même sans connaître ses antécédents scolaires. Remus se tint tranquille de peur de se recevoir un autre sort, mais son regard ne cessait voyager entre les deux personnes en face de lui et sa baguette. Il était vraiment dans une situation des plus délicates : un adulte, ancien Gryffondor qui plus est, l'avait surpris en train de menacer un de ses camarades... Il espérait seulement que son statut de meilleur ami de Kingsley rendrait Shacklebolt senior plus compréhensif et le convaincrait de ne pas en parler à d'autres adultes comme les professeurs, des collègues du ministère ou ses parents. Bien sûr, restait encore le problème de Black. Un coup d'oeil en sa direction lui assura qu'il était au moins aussi étonné de la présence de cet homme que lui.
— Tout va bien, mon garçon ? demanda Shacklebolt à Black en se baissant vers lui. Il ne t'a pas touché ?
— Remus n'allait pas me faire de mal !
Remus se sentit tiquer en entendant Black l'appeler par son prénom mais se retint de faire un commentaire, surtout après la réaction de Shacklebolt. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de trembler légèrement d'indignation. De quel droit ce sale type se montrait aussi familier avec lui !
— Ne nie pas, mon garçon, je l'ai vu te menacer de sa baguette. Il allait te jeter un sort.
— Bien sûr que j'allais lui jeter un sort, dit railleusement Remus. Nous sommes des élèves d'écoles rivales dans Poudlard. Des cas de ce genre, Mme Pomfresh en voit des dizaines par jour.
Remus était bien placé pour le savoir, après tout le temps qu'il avait passé à l'infirmerie. Shacklebolt fit à peine attention à lui. Il alla ramasser la baguette de Remus et l'examina. Chaque seconde qui passait rendait Remus de plus en plus furieux. Cet homme que Kingsley méprisait tant, cet homme qui n'avait aucun droit sur lui, se permettait de lui donner des ordres et de prendre sa baguette sans sa permission ? Remus rangea la lettre froissée dans sa poche, par mesure de précaution : Shacklebolt était bien capable de la lui confisquer en la voyant... Même Black avait l'air mal à l'aise, puisqu'au bout d'un moment il dit :
— Euh... Monsieur, qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas, vous n'êtes pas un professeur, si ?
Shacklebolt eut l'air de se réveiller d'une transe. Il fit un autre sourire à Black ; ses dents blanches fascinaient Remus. Un homme à sourires. Il commençait à comprendre l'aversion de Kingsley. La seule autre personne qu'il avait vu sourire autant, c'était Slughorn, leur professeur de Potions, qui était bien l'homme le plus ambitieux que Remus connaissait.
— Pardonne-moi, mon garçon, fit Shacklebolt, j'avais la tête ailleurs. Je m'appelle Abraham Shacklebolt, je suis Auror. Je suis là pour voir Dumbledore, mais j'ai bien peur de m'être perdu dans cet immense château avec tous ces couloirs et ces escaliers qui bougent. Pourrais-tu m'indiquer la direction de son bureau, ou mieux, m'y conduire ?
Un ancien Gryffondor qui ne connaissait pas l'emplacement du bureau du directeur. Black voulut répondre, mais Remus fut le plus rapide, fort heureusement. Il se mit entre Black et Shacklebolt et tout sourires lui aussi, fit une courbette qu'il avait passé une semaine à travailler devant le miroir des toilettes. Severus lui avait dit que c'était le genre de choses qu'il était bon de connaître dès la première année à Serpentard, alors il s'y était appliqué avec le zèle habituel qu'il avait face à chaque devoir.
— Permettez que je vous y emmène moi-même, dit-il en s'efforçant de paraître le plus lèche-botte possible. J'allais justement m'y rendre pour lui donner un message du directeur de ma maison, M. Slughorn.
Remus vit Shacklebolt ouvrir des yeux ronds.
— Slug... horn ? Le directeur de Serpentard ?
— Lui-même.
— Tu es de Serpentard ? C'est vrai ?
— Aussi vrai que Sirius est de Gryffondor, n'est-ce pas Sirius ? fit Remus d'un air enjoué en direction de Black.
Sans surprise, Black fut abasourdi. Remus lui passa un bras par-dessus l'épaule, comme à un vieil ami.
— Euh...
— Voyez, je vous l'avais dit. En fait, ne le répétez pas, mais on est super copains lui et moi... Black oblige, vous savez ? Ce vieux Choixpeau a fait n'importe quoi en le désignant Gryffondor, c'est moi qui vous le dit. Hein, Sirius ?
— Euh... oui ?
Shacklebolt eut un ricanement méprisant.
— Évidemment.
— Je peux avoir ma baguette maintenant, s'il-vous-plaît ? J'en ai besoin pour mes cours, vous savez.
— J'imagine, oui, dit Shacklebolt. Tiens, mon garçon, désolé de t'avoir surpris comme ça. Emmène-moi au bureau de Dumbledore maintenant, tu veux bien ?
— Oui monsieur. Tout de suite, monsieur.
Pas de doute, être un bon Serpentard demandait pas mal d'humiliation quand il le fallait. Remus fit une autre courbette après avoir rangé sa baguette dans sa poche de manière à ce qu'il puisse la brandir le plus vite possible. Même s'il ne tenait absolument pas à s'en servir, mieux valait prendre toutes les précautions possibles et imaginables.
— Euh, Remus...
— Je vais accompagner monsieur jusqu'au bureau du directeur, pendant ce temps tu n'as qu'à aller en cours, hein Sirius ? Ce sera vite fait. Tu pourrais en profiter pour aller chercher les cheveux de gorgone dont on a besoin pour le cours de cet après-midi.
Le visage de Black devint blanc, mais il ne fit aucune allusion pour trahir les propos de Remus. Parfait. Il devait avoir compris, ou du moins Remus l'espérait... « Gorgone » était le sobriquet que les Serpentards avaient officieusement donné à McGonagall, en relation avec son charmant caractère ; quant aux cheveux de cette créature, ils n'en utilisaient évidemment pas, surtout pas cet après-midi.
— J'y vais alors, dit Black. À tout à l'heure, Remus !
Et voilà : le sort de Remus dépendait encore d'un Gryffondor. Quelle triste ironie ! Remus emboîta le pas à l'imposteur qui se faisait passer pour Abraham Shacklebolt, en priant pour que Black trouve rapidement de l'aide. Il ne savait pas combien de temps il pourrait occuper cet homme, ou s'il en était même capable... Quelle perte de temps, alors qu'il avait le problème de la lettre de sa grand-mère sur les bras ! Quelqu'un parmi les hautes sphères qui s'occupaient du destin des hommes devait le haïr.
Remus promena le faux Shacklebolt durant dix minutes à travers les couloirs les plus déserts qu'il connaissait, en faisant même semblant de se perdre à un moment au septième étage : c'est qu'il était nouveau, il ne connaissait pas encore tous les recoins de Poudlard, hélas... Quand ils passèrent pour la cinquième fois devant une impressionnante tapisserie représentant Barnabas le Follet et qu'il vit que l'imposteur commençait à s'impatienter, Remus se dit qu'il était largement temps de changer de tactique. C'est pourquoi il fit la chose la plus logique et la plus sensée pour un Serpentard : il fuit.
— Ah, c'est le directeur ! s'écria-t-il en désignant le bout du couloir.
L'imposteur tourna la tête pour regarder vers l'endroit qu'il indiquait, ce qui donna le temps à Remus d'ouvrir la porte qui apparut juste en face de la tapisserie à ce moment-là et qui menait à la salle que lui avait montré Severus. Il fallait d'ailleurs qu'il pense à remercier son vieil ami en le revoyant, cette information allait peut-être lui sauver la vie...
La porte se referma sur la silhouette du faux Shacklebolt, coupant Remus du reste du château. Tant mieux. Maintenant, quoi qu'il arrive, ce n'était plus de son ressort. Remus voulait bien aider à assurer un minimum la sécurité de Poudlard, mais il ne fallait pas exagérer non plus, il n'était qu'un première année qui tenait à sa vie. Que quelqu'un de plus qualifié que lui s'occupe de la menace, à présent !
Néanmoins, ça ne réglait pas le problème de la lettre de Lavinia. Remus la sortit de sa poche. Elle était si chiffonnée qu'on avait bien du mal à lire l'écriture fine de sa grand-mère.
La salle avait changé de forme depuis sa dernière visite : maintenant, elle était devenue une bibliothèque composée de dizaines de rayons de livres anciens. Au centre, une table et un fauteuil, pile assez grands pour lui, devant un bon feu vigoureux qui chauffait la pièce juste ce qu'il fallait. Il y avait même une théière fumante, une tasse assortie et une assiette de gâteaux au gingembre à portée de main.
— Sacrée pièce, quand même, se dit Remus. Je me demande combien de temps ça va leur prendre, aux secours...
Encore une fois, il avait raté un cours, voire deux si la situation s'éternisait. Remus en avait assez, de toutes ces aventures et de tous ces déboires. Il ne rêvait plus que d'une petite vie tranquille et sans histoires en compagnie de personnes tellement banales qu'elles en seraient ennuyeuses. Était-ce vraiment trop demander ? Tous les soirs ou presque, il se couchait bien après les autres pour garder son niveau de meilleur élève, quitte à ce que cela lui ruine la santé. Kingsley ne cessait de lui reprocher sa mauvaise mine. Même Severus, qui était pourtant assez négligent en matière d'hygiène et d'esthétique, lui avait déjà fait la remarque...
— Fini de se tourner les pouces, soupira-t-il. C'est pas comme ça que tu arriveras à quelque chose, mon vieux.
Et sans plus se plaindre, Remus s'empara d'un livre de sortilèges, le plus lourd et le plus épais de la bibliothèque, et se mit en devoir de le lire.

o-o-o

Remus devait s'être endormi en étudiant puisqu'il sentit qu'on le secouait dans son sommeil. Il ouvrit les yeux, encore tout engourdi. Son cou lui faisait mal : il s'était assoupi sur le livre qu'il lisait, ce qui n'était pas la position la plus agréable pour dormir. Un peu de bave décorait gracieusement la page. Il grogna de mécontentement.
— Remus, fit la voix de Black, réveille-toi !
Remus repoussa sa main au moment où il voulut lui remettre une mèche de cheveux rebelle en place. La salle n'avait pas changé, si ce n'est qu'il y avait à présent Black. L'imposteur de Shacklebolt n'était pas là.
— Où est-il ? grommela-t-il sans perdre de temps.
Black s'assit sur une chaise qui était apparue à côté de Remus dans son sommeil.
— Je suis allé chercher McGonagall comme tu me l'as dit, et je lui ai tout raconté. Ils ont trouvé cet homme en train d'errer vers le cinquième étage, coincé sur une corniche abrupte. Apparemment, il a emprunté des escaliers qui se sont retirés après son passage et la porte qu'il avait en face de lui refusait de s'ouvrir. Le professeur McGonagall a dit que le château s'est protégé tout seul de l'intrus.
Remus poussa un soupir de soulagement. Tout s'était arrangé pour le mieux, en fin de compte.
— Eh minute, tu peux me dire ce que tu fais là ? Où sont les adultes ?
— Ils te cherchent partout. Le professeur McGonagall avait peur qu'il ne t'ait fait du mal, alors elle a voulu l'interroger, mais des hommes du ministère sont arrivés et l'ont emmené avant qu'elle ait pu le faire. Alors les professeurs ont organisé des recherches, je crois qu'ils y sont encore.
— Et toi ?
— Je m'inquiétais...
La belle affaire ! Black avait dû s'esquiver avec sa cape d'invisibilité ou quelque chose du genre... Aucune trace de Potter ; il avait dû rester bien tranquillement dans son coin à l'annonce de la disparition de Remus. Serpentard ou Gryffondor, on se souciait peu de la perte d'un membre de la maison rivale. Ce qui rendait la présence de Black encore plus suspicieuse. Pour quelle raison s'obstinait-il à vouloir se rapprocher de lui, alors que Remus ne faisait rien pour cacher son antipathie ?
— Comment t'as fait pour trouver cet endroit ?
Black haussa les épaules.
— Aucune idée. J'ai sillonné le château de long en large avec juste le désir de te trouver, mais quand je suis repassé par ce mur j'ai vu une porte avec ton nom marqué dessus. Ça m'a vraiment surpris.
— Tu m'étonnes, grogna Remus.
Cette salle répondait donc aux désirs de tous ceux qui passaient devant et pas seulement aux siens ou à ceux de Severus. Pas vraiment la cachette idéale, mais il y avait pire... Pour l'instant, Remus avait un problème plus urgent.
— C'était qui, ce type ? Pourquoi il avait pris l'apparence de Shacklebolt ?
— Shacklebolt ? Comme ton copain de Serpentard ?
— Qui d'autre ? Ce type s'était déguisé pour ressembler au père de Kingsley.
— Oh.
— Quoi, tu ne le savais pas ?
— Euh... non ?
— Ça c'est la meilleure.
Et sans plus se soucier de rien, Remus éclata de rire. Il se dit que c'était sans doute le résultat de tout ce stress accumulé... Mais que ce garçon, censé être un héritier de l'une des famille de sorciers les plus noires et les plus anciennes ne connaisse pas un Auror aussi fameux qu'Abraham Shacklebolt, c'était vraiment n'importe quoi. Beaucoup de choses n'avaient que peu de sens depuis son arrivée à Poudlard, d'ailleurs.
— Ils ne t'ont donc rien appris, tes parents ? Ou alors tu es aveugle et tu n'avais rien dit ? Kingsley m'a dit que son père faisait au moins une dizaine de réquisitions par an chez les Black !
— Je ne suis pas au courant, dit Black qui eut l'air vexé. Mes parents me tiennent toujours à l'écart de ce genre d'affaires, et franchement ? J'en suis très heureux. Je ne veux pas y être mêlé.
— Parce que tu es un Gryffondor ? se moqua Remus.
— Non, parce que je suis un être humain, ne t'en déplaise, Remus. Tu crois que ça m'amuse de savoir que mes parents versent dans de la magie si noire qu'elle fait trembler même les plus grands sorciers ? Qu'ils passent leur temps à maltraiter tout ce qui leur est inférieur et qui ne pense pas comme eux, à commencer par leur propre fils de onze ans ?
Cette remarque refroidit la belle humeur de Remus. Black ne voulait quand même pas dire... Il garda les yeux baissés, mais Remus put voir qu'ils étaient rouges et humides. Cela le mit mal à l'aise.
— Désolé, chuchota-t-il. Je ne voulais pas te... enfin bref, pardon.
Black lui saisit la main sans prévenir et la serra fort. Remus ne tenta pas de la retirer, même s'il sentit ses joues chauffer sous l'effet de la gêne. Jamais il n'oserait parler de cet incident à ses amis, c'était trop... embarrassant. Qu'un garçon sur le point de pleurer lui prenne la main comme ça...
— Je vais bien, dit finalement Black.
— C'est sûr ?
— Oui. Mais je ne suis pas près de te pardonner ça, crois-moi.
— Ah ?
Que dire, que faire ? Remus ne s'était jamais senti aussi gêné de sa vie, même quand une équipe médicale l'avait examiné après sa première transformation. Au moins, les médico-mages n'avaient pas été de son âge et ne s'étaient pas mis à pleurer devant lui... Black eut un un petit sourire espiègle qui ne dit rien de bon à Remus.
— Bien sûr, je pourrais oublier cet incident si tu m'appelais Sirius, par exemple...
Ce garçon était vraiment incompréhensible. Remus grogna.
— Pourquoi diable veux-tu que je t'appelle par ton prénom ? Nous ne sommes même pas amis !
— Pourtant, on a partagé tellement de choses... à l'infirmerie, à la volière... et maintenant.
Remus retira vivement sa main, pas peu dégoûté.
— C'est toi qui m'a collé comme ça ! Si ça avait dépendu de moi, je ne me serais même jamais approché de toi !
— Remus, c'est méchant ce que tu dis !
Et sans prévenir, Black s'accrocha à son cou en geignant. Remus en avait la chair de poule, mais rien de ce qu'il fit ne put décider Black à se décoller de lui. Et il n'allait quand même pas lui jeter un sort après la dernière frayeur qu'il avait eue avec le faux Shacklebolt ! À la fin, excédé, il finit par céder à contrecoeur.
— Bon, c'est d'accord... Sirius, dit-il en mettant toute la hargne qu'il pouvait dans ce nom.
Cela ne parut pas du tout gêner Sirius Black puisqu'il se retira avec un grand sourire. Sirius. La vie réservait de drôles de surprises à Remus, et pas toujours des plus plaisantes. Las, il soupira en se massant les tempes.
Remus sentit soudain un frisson lui traverser l'échine. Levant les yeux, il vit Sirius qui le fixait, yeux vitreux et lèvres tremblantes.
— Sirius ?
Sirius fit un étrange sourire teinté de tristesse et de nostalgie. Sans que Remus comprenne pourquoi, ce sourire le rendit mélancolique au point de le faire pleurer à son tour. Il trembla de tous ses membres.
— Sirius, à quoi tu joues ? Tu me fais peur !
Sirius était sur le point d'ouvrir la bouche pour parler ; Remus attendait anxieusement la suite...
La porte de la salle s'ouvrit à la volée, révélant une Lily hagarde et un peu apeurée.
— Remus ? dit-elle. Tu es là ?
Remus écarquilla les yeux. Disparus les frissons, disparue cette ambiance lourde qui lui avait gelé les membres. Il se tourna vers Lily qui sursauta en voyant les larmes qui coulaient de ses joues.
— Remus ! Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as mal quelque part, tu es blessé ?
Remus secoua faiblement la tête. Il était incapable de dire un mot. Lily remarqua enfin la présence de Sirius, Sirius qui restait là sans rien dire, sans bouger...
— Qu'est-ce qui se passe ici, enfin ? Sirius, c'est toi qui as fait pleurer Remus ?
Les mains sur les hanches, elle se planta entre Sirius et Remus avec la ferme intention de défendre ce dernier s'il le fallait. Sirius ne réagit pas, mais Remus sentit ses jambes se dérober sous lui. Lily poussa un cri, puis, se penchant vers lui, elle l'examina pour voir s'il était blessé.
— Je vais chercher le professeur McGonagall ! s'écria-t-elle, anxieuse.
— Non !
Remus fit un effort titanesque pour se ressaisir.
— Elle ne doit pas connaître l'existence de cette salle, tu te souviens, c'est notre secret...
— Mais regarde-toi, tu tiens à peine debout et Sirius est bizarre !
— Aide-moi à sortir avec lui. Tu pourras aller chercher McGonagalla quand on sera dehors et que la salle sera de nouveau cachée.
Lily protesta un peu, mais en fin de compte elle dut se dire que Remus avait raison puisqu'elle les traîna tous les deux à l'extérieur, Remus en le portant à moitié et Sirius en le tirant par un bout de sa robe. Comme elle n'était pas très forte, cela lui prit un peu de temps. Elle courut chercher un adulte une fois qu'ils furent dehors. À peine cinq minutes se passèrent avant qu'elle ne revînt avec une MacGonagall livide.
— Par tous les dragons d'Europe, dans quel état vous êtes-vous mis ! Mlle Evans, allez immédiatement chercher Mme Pomfresh ! Dites-lui que nous avons deux élèves blessés sur les bras !
— Oui madame !
— Non ! s'écria Remus. Il faut que j'aille voir Dumbledore !
— Plus tard, voyons, après ce que vous avez vécu...
— Ça ne peut pas attendre ! Je vous en prie, professeur, je vais bien...
Et pour lui prouver qu'il disait vrai, Remus se mit sur pieds avec précaution, en s'aidant du mur comme appui. Heureusement, il ne tituba pas : ses jambes avaient repris des forces. McGonagall parut mécontente.
— Avez-vous perdu l'esprit ?
— Je vous en prie, supplia Remus, c'est à propos de ma famille... et... de ma maladie.
McGonagall lui jeta un coup d'oeil suspicieux.
— Mlle Evans, veuillez accompagner le jeune Sirius Black à l'infirmerie, il m'a l'air assez remis pour marcher. Faites attention, néanmoins. Quant à vous, M. Lupin, je vous amène chez le directeur si vous y tenez tant. Il vous demandait justement.
— B... Bien.
Lily obéit sans discuter, mais avant de partir, elle lança un regard interrogateur vers Remus. Il l'ignora : il n'avait vraiment pas la force de trouver une excuse en cet instant... McGonagall lui prit le bras, et ils partirent à travers les couloirs du château. Le visage du professeur était si renfrogné qu'il en paraissait gris.
— Décidément, je vais finir par croire que vous êtes faits du même moule, Black et vous, dit-elle enfin. Toujours à vous mettre dans des situations impossibles...
— Je ne l'ai pas fait exprès, madame, dit Remus. Croyez-moi, j'aimerais bien mieux aller en cours.
— Admettons. Où étiez-vous durant tout ce temps ? Et que faisaient les jeunes Black et Evans en votre compagnie ?
— J'ai semé cet intrus en me cachant dans une salle vide, mais je me suis endormi. Sirius m'a trouvé un peu plus tard, puis Lily. Ils ont dû s'inquiéter de ne pas me voir venir en cours...
— Intéressant, que ce soient des élèves de Gryffondor qui partent à votre recherche plutôt que vos camarades de Serpentard...
— Les miens sont peut-être plus respectueux des règles et ils savent que je suis capable de me débrouiller.
Piètre excuse que celle-ci mais McGonagall n'avait pas tort : pourquoi ces deux Gryffondors s'étaient-ils lancés à sa recherche ? Lily, à la limite, il pouvait comprendre car c'était dans sa nature, mais le cas de Sirius restait un mystère... Et quelle était cette impression de nostalgie qu'il éprouvait de temps à autre en sa présence ?
— Plus vite, jeune homme. Plus tôt vous aurez fini, plus tôt vous retournerez en cours. Je m'étonne que vous puissiez maintenir un tel niveau avec toutes vos absences. Enfin, il est vrai que nous ne sommes qu'en début d'année...
Remus bailla. Il était si fatigué, et il avait encore tant de choses à faire ! En passant devant les salles, il pouvait voir des élèves assister à leur cours. Certains tournèrent la tête en le voyant, dont Malefoy qui était en plein cours de Potions avec Slughorn... Malefoy qui lui fit une grimace méprisante de loin. Remus serra les poings. C'était de sa faute, ce qui arrivait avec Lavinia et sa famille. L'incident avec le faux Shacklebolt n'avait fait que trop retarder sa visite à Dumbledore. Il fallait qu'il règle toute cette histoire au plus vite, pour pouvoir redevenir un élève banal et sans histoires.
— Nous y voilà, dit soudain McGonagall. Chocogrenouilles.
Les gargouilles se poussèrent pour laisser passer Remus.
— C'est tout droit en prenant les escaliers, il vous attend.
Le coeur dans les talons, Remus entama la montée. La troisième fois en à peine trois mois, cela commençait à faire beaucoup... Une fois arrivé, il vit que Dumbledore n'était pas seul : il se trouvait en compagnie d'un homme d'allure sévère qui portait des favoris. Ils cessèrent toute discussion en le voyant entrer. Remus craignait le pire.
— C'est donc lui ? fit le visiteur. Bonjour, mon, garçon, je suis Ignatius Prewett de la Commission d'Examen des Créatures dangereuses. Je suppose que ta grand-mère t'a déjà parlé de moi ?
— Vaguement, dit Remus d'une voix sourde.
— Assieds-toi, Remus, dit Dumbledore.
Il lui désigna un fauteuil bas couleur prune dans lequel Remus s'affala sans plus de façons. Maintenant qu'il se trouvait en face du problème, ses jambes avaient du mal à le maintenir debout. Prewett lui fit un sourire bienveillant qui transforma son visage austère.
— Nous parlions de toi, dit-il. On m'a dit que tu avais eu un ennui avec un camarade...
— Ce n'est pas ce que vous croyez, dit Remus. On a juste eu... euh...
Fallait-il parler de l'intrus ou pas ? Un seul coup d'oeil en direction du directeur l'en dissuada : Dumbledore secoua la tête et mit un doigt devant la bouche, à l'insu de Prewett qui n'avait d'yeux que pour Remus.
— Ce que le jeune Remus veut dire, c'est qu'il ont simplement eu une petite dispute sans gravité. Vous savez ce que c'est à cet âge, on est souvent sujet à l'échauffement, on découvre sa magie...
— Vous m'en direz tant ! rit Prewett. Enfin, pour en revenir à nos affaires, je suis là à la demande de ta grand-mère. Elle m'a contacté en rapport avec ta... situation actuelle.
— J'ai... effectivement reçu un message à ce sujet.
— Vraiment ? Je peux le voir ?
La mort dans l'âme, Remus lui tendit le bout de parchemin chiffonné. Prewett le mit bien à plat sur la table.
— Je vois, dit-il à la fin de sa lecture. Il semblerait que ma très chère cousine soit une sotte doublée d'une insensible. Envoyer un tel message à un enfant, mais quelle cruauté !
— Pardon ?
Remus n'en croyait pas ses oreilles.
— Monsieur, ma grand-mère...
— A absolument tenu à dénoncer tes mauvaises actions pour te faire arrêter, dit Prewett en fronçant les sourcils. Son propre petit-fils, si ce n'est pas une honte ! Bien entendu, j'ai tenu à mener mon enquête avant de me prononcer, c'était la moindre des choses.
— Et...
— Dis-moi, Remus, aurais-tu envoyé un message à ton père ces derniers temps ?
— Malefoy m'a donné une lettre d'invitation, mais je ne l'ai pas ouverte, je l'ai juste envoyée comme on m'avait dit... Je n'aurais pas dû ?
— Si, si, tu n'y es pour rien, pas plus que Malefoy... En fait, il semblerait que ton père ait réagi de manière incompréhensible à la lecture de cette invitation qui soit-dit en passant, est exempte de tout sortilège et de toute menace. Il s'agit d'un carton d'invitation en bonne et due forme à la fête de Noël que les Malefoy organisent chaque année. Va savoir pourquoi, ton père a pris peur et a décidé de cloîtrer tous les membres de ta famille chez Lavinia, lui y compris. Je me suis renseigné, il n'est pas allé travailler depuis la réception de ce message.
— Mais pourquoi ?
— Va savoir. N'as-tu pas remarqué un comportement étrange chez ton père depuis le début de l'année scolaire ?
Remus fit la grimace. Plus ça allait, et plus le mystère s'épaississait.
— C'est possible... Il a fait voter cette loi d'affirmation magique.
— C'est tout ?
— Vous savez, je n'ai pas beaucoup de nouvelles... Il n'a encore jamais répondu à mes hiboux.
— Je vois.
Quoi qu'il vît, Remus voulait bien le savoir lui-même.
— Monsieur, qu'est-ce que je vais devenir ?
— Pardon ? Oh, rien du tout. Enfin je veux dire, cette histoire ne regarde que ta famille, tu n'y es pas mêlé.
— Grand-mère a dit dans la lettre qu'elle me déshériterait...
— Idioties pures, bien entendu. Ne t'en fais pas, mon garçon, je ferai en sorte de la convaincre de revenir à de meilleurs sentiments.
— Et mon père ?
— C'est un peu plus délicat, mais je suppose que tout s'arrangera à l'amiable. Connor Lupin doit souffrir de stress, tout simplement. Cela arrive plus souvent qu'on ne le pense, surtout chez des employés du ministère qui ont tant de responsabilités sur les épaules, vois-tu. Un petit séjour de repos à St Mangouste, et tout rentrera dans l'ordre. Je pense que ta mère en aura aussi besoin, mais ne t'inquiète pas, nous disposons des meilleurs éléments.
Jusqu'où cet homme le prenait-il pour un imbécile ? Connor Lupin n'était peut-être pas l'homme le plus courageux ou le plus honorable que Remus connaissait, mais il n'aurait jamais laissé son état de santé décider de la direction de son travail. Sans parler du fait que rater une journée de travail était impensable pour lui, en bon Serdaigle qu'il était... Remus tenait d'ailleurs ce trait de caractère de lui.
— Bien, reprit Prewett, maintenant que tout est réglé, tu peux retourner en cours. Je compte sur l'école pour te tenir au courant de l'état de tes parents, n'est-ce pas Albus ?
— Bien entendu. Remus, retourne en cours, j'ai encore des choses à discuter avec Ignatius.
Non seulement il le renvoyait sans plus de façons, mais en plus Dumbledore se permettait de le traiter de la même manière affectée et paternaliste que Prewett... Cela cachait quelque chose, néanmoins Remus n'avait d'autre choix que d'obéir... pour l'instant. Se relevant avec une courbette, il se dirigea vers la porte, l'esprit empli de questions.

o-o-o

Comme pour les autres fois, Remus ne fournit qu'une explication évasive à ses amis. Il était de toute façon à court d'idées. Kingsley soupira assez fort pour que toute la classe l'entende mais n'y fit plus allusion : un bon secret n'était pas à prendre à la légère, chez les Serpentards. Severus fut moins magnanime. Il bouda de toute la journée, ne parla plus à Remus de toute la semaine, et quand enfin il consentit de nouveau à traîner avec lui, ce fut uniquement parce que Lily le tira par l'oreille. Fort heureusement pour Remus, il ne lui arriva plus d'incident étrange, sans quoi il n'aurait pas donné cher de leur relation. La pleine lune suivante fut moins mouvementée que la première, et Remus s'installa dans une sorte de routine salutaire.
Puis arrivèrent les vacances de Noël. Remus recevait des nouvelles régulières de sa famille, quoique Dumbledore ne lui parlât plus depuis sa dernière entrevue avec Prewett. Ses parents étaient en cure de repos à St Mangouste ; dans ces conditions, il leur était évidemment impossible d'assister à la fête de Noël des Malefoy. Remus en ressentit un immense soulagement. Pas une seule fois, Malefoy ne lui avait reparlé, ce qui à ses yeux était une bénédiction. À l'opposé, Sirius faisait tout pour se rappeler à lui : il lui faisait de grands signes le matin et le midi en allant déjeuner, lui disait bonjour à chaque fois qu'ils avaient un cours en commun et ne manquait pas de lui sourire à chaque occasion. Remus faisait de son mieux pour l'ignorer.
— C'est moi ou Black t'a à la bonne ? dit un jour Kingsley, après que Sirius eut donné le reste de ses racines de pommier à Remus qui n'en avait plus, en cours de Potions.
— Tu te fais des idées.
— Ah oui ?
— Parfaitement.
Kingsley ricana. Il n'était pas dupe, bien sûr. Fichu sens de l'observation qu'il avait là ! Une voix mesquine murmura à Remus que vu la manière dont le traitait Sirius, ce n'était pas nécessaire, mais Remus la fit taire. Comme s'il avait besoin qu'on lui rappelle le bizarre attachement de ce Gryffondor !
— Tu fais quoi ce Noël alors ? demanda Kingsley.
Les vacances de Noël toutes proches étaient le sujet de discussion privilégié des élèves. À la table d'à côté, Avery disait à Wilkes qu'il irait passer le réveillon en France avec sa famille.
— Hein ?
— Tes parents sont encore à St Mangouste, non ? Où tu vas aller ? Chez ta grand-mère ?
— Ça m'étonnerait, elle ne peut plus supporter mon existence. Je ne sais pas. Je crois que je vais rester au château.
— T'es sûr que tu ne veux pas venir chez moi ? Ça rendrait les fêtes plus agréables. Mon père a dit qu'il serait là pour lancer un feu d'artifice.
Kingsley fit grise mine, comme à chaque fois qu'il parlait d'Abraham Shacklebolt. Remus s'efforça de garder son calme. L'incident avec cet imposteur était passé inaperçu ; les seuls au courant étant le personnel de l'école ainsi que Remus et Sirius. Le professeur McGonagall lui avait bien dit de garder ce qui s'était passé pour lui et Remus avait tenu parole. Il ne tenait pas à attirer encore l'attention.
Un fou rire lui fit tourner la tête en direction des Gryffondors. Sirius s'amusait à montrer quelque chose à Potter derrière son chaudron. Remus ne pouvait pas voir ce dont il s'agissait mais nul doute que cela n'était pas lié au cours. Sirius avait gardé le secret sur le faux Shacklebolt et sur la salle magique ; en tout cas, il n'avait rien entendu de bizarre du côté de Severus et Lily et Kingsley semblait complètement ignorant des événements de ce jour-là. Pour quelle raison avait-il gardé le silence ? Ce n'était pas son genre, et en plus il partageait tout d'ordinaire avec Potter...
— Tu t'intéresses à lui, maintenant ? fit Kingsley en lui donnant un coup de coude. Un jour, faudrait que tu me dises ce qui s'est passé entre vous pour que vous vous entendiez aussi bien.
— Je ne m'entends pas bien avec Sirius, protesta Remus.
— Tu l'appelles par son prénom.
La meilleure façon de réagir dans ces conditions était le mépris, du moins c'était ce que Remus avait appris après des mois de conditionnement chez les Serpentards. Kingsley n'en reparla pas du cours mais à la sortie, il salua en passant Sirius, un sourire glacial sur les lèvres.
— Et sois prudent dans les couloirs, Black, un accident est si vite arrivé ! ricana Kingsley.
— Kingsley ! protesta Remus. Qu'est-ce que tu fais ?
Ce qui devait arriver arriva : Potter se planta devant eux, l'air furieux.
— Tu cherches la bagarre, Shacklebolt ?
— Moi ? Je disais simplement à Black de faire attention, les couloirs sont dangereux pour les empotés.
— Je ne suis pas empoté, pas comme certains Serpentards de ma connaissance, dit Sirius.
Lily s'interposa, les mains sur les hanches.
— Sirius...
— Lily, c'est lui qui...
— On se calme, dit Remus. On a encore cours, vous vous souvenez ?
— Viens, Sirius, Madame Bibine nous attend, dit Lily en le tirant par le bras.
Kingsley choisit ce moment pour passer un bras par-dessus l'épaule de Remus.
— Vas-y, Black, écoute ta copine. Avec Remus, on doit aller en Métamorphose, pas vrai Remus ?
Remus lui jeta un regard horrifié.
— Euh... Kingsley ?
Sans plus de façons, Kingsley l'entraîna avec lui jusqu'à la salle. Quand Remus voulut lui parler, il ouvrit un gros livre se mit à lire en l'ignorant.
— Qu'est-ce qui lui prend ? fit-il, abasourdi, à Severus qui était assis derrière eux.
Severus secoua la tête en soupirant, comme on le ferait face à un simple d'esprit.
— Quoi ?
— Décidément, Remus, tu n'es encore qu'un gamin.
— Hein ?
Ce fut sur cette dernière phrase énigmatique de Severus que le professeur McGonagall entra dans la classe. Remus se tut pour suivre le cours, mais il ne put s'empêcher de se demander quelle mouche avait piqué ses amis...
 
 
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