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Ames soeurs
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Surnaturel  -  fr
18 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 10     Les chapitres     29 Reviews    
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Serpentards en l'Ile.

Ames sœurs.

Auteur : haniPyanfar.

Tout est à Madame Joanne K. Rowling. Merci à elle de nous prêter gracieusement tout son petit monde.

Rappel :

--Casse-toi ! Tu me pompes l'air !

--Ah oui ? Chiche !

Deux pas. Harry prend entre ses mains le visage de Draco et pose un court instant ses lèvres sur la bouche entrouverte. Puis il recule aussi prestement.

Un long silence ... Théo et Greg, ébahis ... Deux regards qui s'affrontent ... Un soupir exaspéré ... Puis ...

--D'accord, emmerdeur de première ! Crache le morceau ! ...

--Tsss Tsss Tsss ! Monsieur Malfoy ! Quel langage ! ... Donc je disais : j'ai une solution à vous proposer ...

Chapitre 10.

Cottage Griffondor, Poudlard-en-l'île.

Le soleil se lève à peine. Dans sa chambre traversée par un rai de lumière, Harry Potter soupire. Il est réveillé depuis une bonne heure et il se tourne et se retourne dans son grand lit. Pour la centième fois, il se dit qu'il a encore agi comme un stupide Griffondor. Il a foncé sans penser aux conséquences.

Bon, d'accord ! Quand il a senti que Malfoy était en danger, il s'est précipité à Azkaban pour le sauver. Au procès, connaissant l'intransigeance des Juges, il est allé le défendre. Et ensuite, il lui a proposé de venir dans l'Ile avec ses camarades Serpentards, condamnés comme lui à vivre sans magie pour une période plus ou moins longue.

Ils sont donc tous arrivés la veille au soir, sans prévenir, grâce au White Wing piloté par Lucinda Fringant. La surprise a été de taille pour tous les résidents. Hermione et Ron, Hannah et Neville, Pansy et Blaise, Luna et Colin, qui attendaient le retour du bateau sur le débarcadère, n'en croyaient pas leurs yeux.

Trois Serpentards, Mangemorts reconnus, débarquaient sans bagages, accompagnés d'une jeune fille enceinte en qui ils reconnaissaient Millicent Bulstrode, et suivis de Harry, tout juste embarrassé. Le plus surpris et le plus en colère avait été Colin Crivey quand il avait reconnu Draco Malfoy parmi les arrivants.

Il s'était détourné, les poings serrés et les larmes aux yeux. Que venait faire dans l'Ile le fils de l'assassin de sa famille? Il était aussitôt reparti vers le cottage Serdaigle sans même attendre Lucinda qui devait y passer la nuit. Par contre, Luna avait paru enchantée. Elle avait offert des fleurs à tout le monde avant de repartir au bord de l'eau pour jouer avec l'écume des vagues.

Puis Severus Snape était arrivé, sa grande cape noire flottant derrière lui comme les ailes soyeuses d'une chauve-souris. Lui aussi était enchanté par l'arrivée de ses anciens élèves. Il avait espéré leur libération sans trop y croire. Ainsi donc, Harry avait réussi à convaincre les Juges. Les accusés lui devaient une fière chandelle !

Tout le monde s'était retrouvé dans la salle à manger du cottage Serpentard. Les elfes prévenus avaient couvert la longue table d'un monceau de nourriture et de boisson. Les explications avaient duré jusqu'à une heure avancée de la nuit et finalement, ça s'était à peu près bien passé.

Les trois Serpentards avaient tout de même senti, surtout au début, l'hostilité de certains convives. D'ailleurs Colin ne s'était pas joint au groupe. Lucinda, qui n'était pas partie prenante dans la discussion, l'avait rejoint et ils étaient partis se promener le long de la côte, main dans la main.

Ron, Neville et Hannah avaient été les plus difficiles à convaincre. Pansy et Blaise par contre étaient manifestement heureux de revoir leurs anciens camarades. Hermione avait écouté les explications un peu confuses de Harry en hochant la tête avec indulgence. Elle avait été la première à sourire aux arrivants un peu déboussolés.

Ils ne s'attendaient certes pas à ce qu'on les accueille à bras ouverts mais ils avaient quand même été surpris par la froideur et la gêne qu'avaient manifestées les résidents à leur arrivée. Harry ne leur avait pas donné beaucoup de détails avant leur départ. Il avait surtout parlé de la présence du professeur Snape et Draco était content d'avoir enfin des nouvelles de son parrain.

Millicent, très fatiguée, était allée se coucher rapidement, accompagnée par Winky, éperdue de bonheur. Une future maman ! Un bébé à naître ! L'elfe n'en avait pas vu depuis la naissance de Barty Croupton junior, le fils de son ancien Maître. Elle multipliait les attentions envers la jeune femme enceinte.

«Miss Millicent voulait-elle d'autres oreillers ? Une tisane peut-être, un tilleul avec du miel ? La lumière de la lampe de chevet n'était-elle pas trop vive ? »

Mais la jeune Serpentarde voulait surtout dormir. Le voyage en train depuis Londres et la traversée en bateau avaient été pénibles pour elle. Elle était contente d'être à l'abri et de ne plus mettre sa tante et son oncle en danger par sa présence. Des Mangemorts en liberté ou des Aurors curieux auraient pu découvrir sa cachette. C'était cette angoisse qui la déprimait. Mais ici, elle allait se remettre.

Harry se doutait bien que l'arrivée impromptue de ses « invités » serait pour ses amis une drôle de surprise mais à son habitude, il avait foncé. Agir d'abord, expliquer ensuite ! Maintenant, il se retourne encore une fois dans son lit. A la réflexion, finalement, non, il ne regrette rien. Il a bien fait. Il faut du temps, c'est tout.

Pourvu que Draco ne se montre pas trop arrogant avec les autres ! Pourvu qu'il ne refasse pas une crise comme après le verdict ! Quoique maintenant, il connaît le remède ! Un baiser ! Qu'est-ce qui lui a pris ! Mais c'était bon, c'était doux ! Jusqu'à ce moment, il n'avait embrassé son âme sœur que dans ses rêves. Maintenant, il connaît le goût sucré de ses lèvres.

Harry se rendort d'un court sommeil peuplé de songes enchantés.

Draco lui sourit, il entoure sa taille de ses bras, il le serre contre lui et il l'embrasse tendrement ... voluptueusement ... sauvagement ... C'est torride ! C'est ...

Il est temps qu'il se lève et qu'il aille prendre une bonne douche !

'' _ ''_ '' _ '' _ '' _ ''

Au cottage Pouffsouffle, même heure.

Hannah et Neville dorment encore, chacun dans leur chambre. Le jeune Griffondor est enfin guéri de toutes ses brûlures et il ne fait presque plus de cauchemars. L'explosion qui a ravagé le champ de bataille à la fin du combat a longtemps hanté ses rêves.

Il ne sait pas pourquoi mais il a la vague impression que c'est lui qui l'a provoquée quand il a lancé l'Avada sur cette teigne de Pettigrow. Ça lui ressemble si bien de provoquer des catastrophes ! Quoique celle-là leur a plutôt apporté la victoire ! La prophétie qui désignait un enfant né en juillet pour vaincre Voldemort s'appliquait peut-être à lui aussi. Qui sait ?

Il n'en fait pas pour autant une gloire personnelle. Les mauvais souvenirs s'estompent en même temps que les blessures. Depuis qu'il est dans l'Ile, il se sent beaucoup mieux, plus mature, plus homme. Il prend de l'assurance. Il n'est plus obnubilé par sa terrible grand-mère et quand il pense à ses parents, toujours à Sainte Mangouste, c'est avec beaucoup de tendresse.

Sa mère décline peu à peu. Elle est si mince qu'un souffle aurait raison d'elle. Et si elle meurt, son père la suivra rapidement dans la tombe, ils sont inséparables. Neville a décidé de leur rendre prochainement visite. Il emmènera Hannah avec lui. Il veut leur présenter sa fiancée même s'ils ne se rendent compte de rien. Il aime la jeune Pouffsouffle et lui a demandé de l'épouser. Il a adoré ses joues rougissantes quand elle a répondu « oui ».

L'arrivée des Serpentards l'a contrarié sur le moment mais il ne sert à rien de ressasser le passé. C'est l'avenir qui compte et l'avenir, c'est Hannah, ses yeux clairs, ses blonds cheveux nattés, son joli sourire ... Hannah Abbot-Londubat ... Ça sonne bien ...

_ ° _ ° _ ° _ ° _ ° _

Dans un coin de la cuisine, l'elfe Bolby, responsable de l'intendance dans l'Ile, fait ses comptes. L'arrivée de quatre nouveaux résidents va l'obliger à regarnir le garde-manger plus vite que prévu. Dans deux jours, il transplanera discrètement à Jersey, prendra une apparence humaine et fera ses courses au marché de demi-gros, là où s'approvisionnent les auberges et les résidences.

Cette île moldue est très pratique. On y trouve de nombreuses banques et l'une d'elle accepte de changer les gallions en livres sterling. Ce sont des pièces d'or après tout, alors pour les banquiers, peu importe leur provenance. Bolby se débrouille très bien avec la monnaie moldue. C'est un excellent comptable.

Pour réussir à faire tout cela, il n'a eu qu'à lire les instructions détaillées sur le Grand Livre Pratique des Bons Elfes de Maison, son livre de chevet depuis sa lointaine enfance dans un château de Cornouailles. Son jeune Maître l'avait emmené à Poudlard pendant ses études. Il l'avait libéré pour bonne conduite en lui offrant son écharpe de Pouffsouffle. Depuis, Bolby n'avait jamais quitté l'école. C'est le plus vieil elfe libre de Poudlard.

Les sorciers l'ignorent souvent, mais les elfes de maison ont de nombreux pouvoirs, celui de transplaner n'importe où par exemple. Bien sûr, leurs déplacements sont signalés par un « plop » sonore mais les gens n'y prêtent pas attention. Bolby a très vite compris comment le faire entre l'île magique et l'île moldue. C'est bien pratique !

Bon, la première fois, il est tombé à la mer à quelques pieds du rivage mais c'était un petit accident et personne n'a fait attention à lui. Les baigneurs l'ont pris pour un enfant qui jouait à s'éclabousser et à faire des vagues. Il est vrai qu'il en avait l'apparence.

Car les elfes peuvent aussi, en cas de nécessité, prendre une forme humaine par un simple sort d'illusion. Enfin ça, seuls les elfes libres peuvent le faire. Bolby aime beaucoup cette sorcière aux cheveux ébouriffés, Miss Hermione. Elle a œuvré courageusement pour l'affranchissement des elfes. Le courage est une qualité rare, la première vertu des Griffondors.

Bolby trempe sa plume d'oie dans l'encre. Sa liste de courses est faite. Il va maintenant inscrire les nouveaux pensionnaires dans son Grand Livre de Comptes. Car le séjour dans l'Ile n'est pas gratuit. Rien n'est gratuit dans la vie ! Chacun paie une pension calculée au plus juste selon sa fortune.

Ah c'est vrai ! Les arrivants n'ont pas d'argent, leurs biens sont sous séquestre ! Bah ! Ce n'est pas grave ! Poudlard-en-l'île leur fera crédit ! La solidarité entre camarades d'école, ça existe ! Même envers les Serpentards ! Cette Maison n'était pas toujours bienveillante vis à vis des elfes de maison mais les temps changent. Le Lord Noir est mort. La vie est belle !

* ^ * ^ * ^ * ^ * ^

Même heure, cottage Serpentard.

Grégory dort comme un bienheureux. A la fin du procès, il a vraiment eu l'impression que Vincent le remerciait d'avoir bien défendu son père. Quand, depuis le bateau, il a aperçu l'Ile, il s'est dit qu'il y serait tranquille et que là, il pourrait penser à son ami disparu sans souffrance et sans regret. Les ombres noires l'ont enfin quitté. Il est libre.

Théo, lui, ne dort pas. Il a le sommeil léger depuis qu'il s'est enfui du château Malfoy avec Millicent. Il est constamment sur ses gardes et s'éveille au moindre bruit. Ici, il est réveillé par le ressac des vagues sur les rochers. Alors il pense ... Il pense à Jon, son collègue du MacDo, le jeune étudiant moldu qui lui a tout appris du « métier », celui qui l'a aidé à s'en sortir les premiers jours.

Jon, si beau, si blond, si rieur ... Jon qui travaille dur pour payer ses études d'architecte ... Jon dont il est immédiatement tombé amoureux, sans espoir puisque le jeune homme est un pur hétéro et qu'il file le parfait amour avec la jolie brune de la caisse, étudiante elle aussi ... Un chic type, ce Jon ! Toujours prêt à rendre service ! Un genre Potter des Moldus !

Il lui a téléphoné avant de prendre le train avec les autres Serpentards. Il s'est excusé pour son départ précipité. Oui ... obligé de partir pour quelque temps ... des affaires de famille à régler ... bien sûr qu'il reviendra ... oui, le bonjour à tout le monde ...

Adieu, Jon. Je t'aime trop pour revenir. Jon, mon premier amour ! Mon doux souvenir ! Je ne t'oublierai pas ...

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Pansy sommeille dans les bras de Blaise. Depuis qu'ils sont ici, ils ont cédé à leur passion commune et se sont donnés l'un à l'autre. Mais la jeune fille a pris la précaution de demander au professeur Snape une potion contraceptive. Celui-ci n'a fait aucune objection. Au contraire ! Il l'a félicitée pour sa sagesse. Il est trop tôt pour avoir charge d'âme.

Elle et Blaise ont déjà discuté de leur avenir. Si Poudlard rouvre ses portes à la rentrée, ils ont décidé de faire leur septième année et de passer leurs A.S.P.I.C. Ils veulent tous les deux s'orienter vers la médecine magique. Sans réussite à l'examen, impossible de rentrer à la Faculté de Médicomagie !

Son amant n'a pas de problème d'argent pour continuer ses études, sa mère aux nombreux maris est restée neutre pendant la guerre et a conservé sa fortune. Et elle a un petit pécule qui vient de l'héritage de sa grand-mère et que la Haute Cour n'a pas confisqué puisqu'elle avait rejoint l'Ordre du Phénix. Ils peuvent voir l'avenir avec confiance.

Pansy soupire en pensant à Millicent. Que va-t-elle devenir avec un enfant à charge ? Elle leur a avoué qui était le père ... Arctarus Flint ... C'est vrai qu'il était beau garçon ! Il devait être doux pour sa camarade de trouver du réconfort dans ses bras. Le bébé sera un enfant de l'amour et Millie a l'air heureuse d'être enceinte.

Ce Bulstrode senior était vraiment un sale type. Enfin, il est à Azkaban et ne fera plus de mal à personne. N'empêche ! Il laisse sa femme, ses cinq filles et son futur petit-enfant dans le besoin ! A moins que les Juges ne soient indulgents et ne leur laissent de quoi vivre ? Pansy soupire de nouveau et se blottit un peu plus dans les bras de Blaise. C'est vrai que c'est doux, les bras de celui qu'on aime !

* ° * ° * ° * ° * °

Draco Malfoy fulmine ! Assis bien droit dans son lit, le dos appuyé contre ses oreillers, il rumine sa colère. Ah ben oui tiens ! Bonne idée qu'il a eu là d'écouter la proposition de Potter et de venir s'enterrer dans cette île perdue ! Bon, sur le moment, il ne savait pas où aller et l'idée semblait intéressante.

Mais le Balafré s'est bien gardé de dire QUI serait sur place. Enfin, il a surtout parlé de son parrain, Severus Snape, et cela, en termes élogieux, ce qui avait surpris le jeune Serpentard. Autrefois, ce n'était pas le grand amour entre le Griffon nul en potions et le professeur à la mine rébarbative.

Les gens changent ...

Qu'est-ce qu'il pense là ? Mais non, les gens ne changent pas ! Et Potter est toujours aussi ... non, pas nul ... énervant, voilà, énervant avec cette tendance maladive à vouloir toujours sauver le monde ! Soi-disant que lui et son parrain avaient eu une longue conversation et qu'ils se comprenaient mieux ! Ben voyons ! Et les miracles, ça existe ?

Severus lui a tout de même expliqué qu'il avait tenté de lui donner des nouvelles. Mais son hibou était revenu avec le parchemin encore attaché à la patte. Les prisonniers d'Azkaban n'avaient pas droit au courrier.

Le Maître des potions n'avait jamais imaginé qu'après le procès, son filleul serait envoyé dans le quartier des Mangemorts. Sinon, il aurait envoyé une lettre de protestation bien sentie, assortie de quelques menaces voilées, aux gens du Ministère !

Enfin, tout s'est bien terminé, le passé est le passé et blablabla et blablabla ! Rah ! C'est pas toi, parrain, qui lavais les escaliers et repassais le linge !

La colère de Draco monte encore d'un cran. Car ce n'est pas tout ! Parmi les personnes présentes dans l'île, Potter avait cité Blaise et Pansy. Ça d'accord, Draco est drôlement content de les revoir. En plus, ils sont ensemble et ils ont l'air heureux. Mais il a tout juste mentionné la Belette et sa Sang-de-bourbe ...

« Non, Draco, là tu exagères ! C'est fini ce temps-là ! Ils étaient du bon côté, eux ! C'est normal que Weasley et Granger soient dans l'île. Ils ont aidé le Survivant pendant toute la guerre, eux ! Pas comme toi qui faisais des ronds de jambe devant le plus pourri des Mégalomanes ! Fais un effort ! Tu peux supporter les amis de celui qui t'a sauvé la mise au procès !

Et le regard que t'a lancé Colin Crivey, ça, tu peux le supporter, Draco, fils de Lucius Malfoy ? Il croit toujours que c'est ton père qui a massacré sa famille ! Tu dois lui parler ... lui expliquer ... Quoi ? Tu vas t'abaisser devant un fils de Moldus ? Toi ? Un Serpentard ? Oui, tu le feras ! Tu y es obligé, Malfoy, fils de Mangemort et Mangemort toi-même ! C'est ta punition !

Mais si en plus, tu dois te coltiner Londubat, Abbot et Loufoca Lovegood ! Là, c'est trop ! Il n'en avait pas parlé, de ceux-là, l'emmerdeur de première ! ... Attends ! ... Luna ... Celle qu'ils appellent tous la petite Fée ... Luna qui t'a offert un bouquet de fleurs ... Comme quand elle est venue à Sainte Mangouste après la bataille ... Luna, fille de Xénophilius Lovegood ! Les martyrs de la guerre ! »

Ames Sœurs ! C'est elle la première qui a prononcé ces mots à haute voix ! Draco s'en souvient tout à coup comme si c'était hier ! Il était dans le coma ! Et Harry aussi ! Leurs esprits sortaient de leurs corps et se rencontraient. Ils se souriaient, se parlaient, s'embrassaient, ils étaient nus ... Comme dans ces rêves étranges qu'il fait toutes les nuits ...

Qu'il FAISAIT toutes les nuits ! Mais depuis qu'il a revu Potter, il ne rêve plus de Harry ! Ces moments de bonheur lui manquent. Harry lui manque. Terriblement. Son sourire, ses gestes tendres, ses jeux stupides, ses baisers délicieusement naïfs, sa peau tiède et douce, ses bras autour de sa taille, ses yeux verts ...

Ses yeux verts ? Où a-t-il vu pas plus tard qu'hier des yeux verts qui brillaient comme des étoiles ? Les yeux de Harry, le regard amusé de Harry, dans le visage de ... Potter ! ... Potter sans ses horribles lunettes ! ... L'image vient juste de s'imposer dans son esprit ... Potter avec les yeux de Harry ! ... Harry avec le visage de Potter ! ...

La raison de Draco vacille une moitié de seconde. Il se reprend immédiatement. Bien sûr qu'il sait que Harry et Potter sont une seule et même personne ! Il n'est pas schizo, tout de même ! Les élucubrations, très peu pour lui ! ... Heu... En fait non, quand on y réfléchit, c'est un peu plus compliqué que ça ...

Potter, c'est le Balafré, son ennemi de toujours, celui qu'il déteste et agresse à loisir. Harry, c'est son âme sœur, celui avec qui il peut rire, discuter, jouer, celui dont il apprécie de plus en plus la compagnie. Celui qui lui manque ... Potter et Harry sont « deux » et « un » en même temps ! Enfer et damnation !

De rage, Draco Malfoy veut donner un grand coup de tête dans ses oreillers. Mais malheureusement, l'un d'eux a glissé et son occiput rencontre durement le bois du lit, lui faisant voir des petites étoiles multicolores. La douleur a au moins le mérite de le ramener sur terre. Voilà ce qui arrive quand on projette sur quelqu'un d'autre un dédoublement de personnalité !

Pourtant, sa raison lui dit qu'il n'a pas tort. Le Harry qu'il connaît, qu'il ... aime bien, c'est « l'esprit de Potter », celui qui est « sorti » plusieurs fois de son corps, celui qui était amnésique et ne se souvenait pas de lui en tant qu'ennemi. Son ... ami, oui, on peut dire ça.

Entre lui et cette personne-là, il n'y avait pas la haute barrière des mauvais souvenirs, des paroles humiliantes, blessantes, des bagarres acharnées, destructrices. C'était comme s'ils se rencontraient pour la première fois et qu'ils devenaient aussitôt amis. C'était ce qui aurait pu être et qui n'avait pas été. Ils étaient faits pour s'entendre et ne se sont jamais réellement écoutés !

Ainsi, LE Harry Potter et LE Draco Malfoy sont Ames sœurs et le blond sorcier le découvre tout à coup avec effarement. La douleur à l'arrière de son crâne le ramène à la réalité. Il se glisse au fond du lit, ramène la couverture sur sa tête, ne laissant dépasser qu'un bout de son nez. Il en pleurerait s'il osait ! Tant d'années gâchées ! Si seulement il pouvait tout recommencer ! ...

« Mais tu peux, sombre abruti ! Lui, il te considère déjà comme son Ame sœur ! Il connaît ton vrai visage, caché derrière l'orgueil des Malfoy. Il ne se pose pas toutes ces questions stupides ! C'est un Griffondor ! Il fonce, un point c'est tout ! Il ne tergiverse pas comme les Serpentards, comme TOI ! ... Il t'a sauvé ! Le moins que tu puisses faire, c'est de lui dire merci ! Et tu le feras, Draco Malfoy ! Pas plus tard que ... Dès que tu en auras l'occasion ! Debout, paresseux ! Une nouvelle vie commence ! »

Ouais ! Une vie de Moldu ! ... Pas grave, on s'y fait ! A la douche !

+ _ + _ + _ + _ + _

Cottage Serdaigle, à peu près à la même heure.

Luna dort à poings fermés dans un hamac de marin qui a fait au moins trois fois le tour du monde. Luna ne sait pas qu'elle rêve. Elle nage dans la mer au milieu des poissons et des méduses. C'est beau, une méduse ! Elle aime le corps transparent en forme de cloche, qui respire l'eau en se gonflant doucement. Elle tend les bras vers les minces tentacules qui ondulent gracieusement.

Mais une main blanche arrête son geste. Une jeune fille au merveilleux visage nage à côté d'elle. Elle l'entraîne vers une grotte sous-marine. Luna regarde vers le haut, vers la surface. Elle hésite. Il y a dehors des ... âmes qu'elle doit guider. Elles sont presque arrivées au but. Encore quelques pas et elles se retrouveront.

Luna s'arrête, indécise. Mais tout à coup, elle entend un son mélodieux ... un chant. Une voix divine l'appelle. Alors, elle sait qu'il est temps de partir, les âmes sont sauves. Elle suit sa compagne dans l'eau bleue transparente.

Au fond, le sable est blond, des grands coquillages nacrés s'ouvrent et lui offrent des perles roses. Les algues ondulent comme des champs de blé en herbe. Les rayons du soleil descendent en oblique. La lumière danse. Luna danse.

« J'ai trouvé ma place, ici, dans mon Paradis ... »

~ ~ ~ ~ ~

Lucinda serre Colin dans ses bras. Ils ont dormi ensemble. Juste dormi. Tout habillés. Colin est encore un adolescent. Lucinda se sent beaucoup plus mûre que lui. Pourtant, ils ont le même âge. Mais en ce moment, il est si malheureux qu'il se conduit comme un gamin.

Hier, en marchant à côté de lui sur le rivage, elle a tenté de l'aider à y voir plus clair.

« Malfoy n'est pas responsable des crimes de son père. Les enfants ne doivent pas payer pour ce qu'ont fait leurs parents.

--C'est un Mangemort comme lui ! Je le hais !

--Je ne te demande pas de l'aimer, juste d'admettre que ce n'est pas lui qui a tué ton frère et tes parents.

--Il l'a peut-être fait pour d'autres !

--Non, Colin. C'est impossible ! Les Juges l'auraient envoyé à Azkaban s'il avait commis un crime. Et Harry ne l'aurait pas amené dans l'Ile ! Il a sûrement des torts mais ils ne sont sans doute pas très graves. On aurait dû rester avec les autres et écouter ce qu'il avait à dire.

--Je ne veux pas aller au cottage Serpentard. Je n'ai confiance ni en Zabini, ni en Parkinson, ni surtout en Snape. Tous des serpents, tous des traitres !

--Colin Crivey ! Modère tes paroles ! Je suis à Serpentard, je te le rappelle !

--Toi, c'est pas pareil ! Tu n'as pas été témoin de tout ce qu'ils ont fait à Harry! Tous ! Sans exception ! Tous les Serpentards de sa promotion ! Et surtout leur chef ! Leur Prince comme ils disaient ! Leur putain de Sang Pur de Draco Malfoy !

--Dis donc, Crivey ! N'insulte pas les gens en leur rappelant leurs origines ! Je suis Sang Pur moi aussi et je ne t'ai jamais reproché d'être fils de Moldus ! Tu sais bien que c'est sans importance ! Je t'aime comme tu es ! ... Colin ... Ne pense plus à Malfoy ! Tu te fais du mal et ça ne soulage pas ton chagrin. .

--Ne pas penser à lui ! Tu en as de bonnes ! Je vais l'avoir sous les yeux tous les jours ! Le pire, Lucinda, c'est qu'il ressemble trop à son père ! Je ne le supporterai pas. Je ne peux pas rester ici, je vais partir. Tu crois que je pourrais rester chez toi jusqu'à la rentrée si Poudlard rouvre ses portes ?

--Merlin non ! Mon grand-père n'est pas au courant pour nous deux ! Il est de la vieille école ! Il te jetterait dehors ou alors il exigerait qu'on se marie ! Tu nous vois mari et femme, à notre âge ! Pire que la pauvre Millicent enceinte !

--Mais je veux bien t'épouser, moi ! Je t'aime, Lucinda !

--Tu rigoles, mon cœur ! Pas question que je me mette si jeune la corde au cou ! Et puis, tu as pensé à Luna ? Elle est si heureuse depuis qu'elle est ici. Elle adore la mer. Il faudra peut-être trouver une solution en septembre, ça, ce sera l'affaire de Minerva MacGonagall. Mais en attendant, il vaut mieux que vous restiez tous les deux dans l'Ile.

--Pour la petite Fée, tu as raison. En bon Griffondor, je n'avais pas réfléchi plus loin que le bout de mon nez. Bon, j'essayerai d'éviter Malfoy. Ce ne sera pas facile, l'Ile n'est pas très grande. D'ailleurs, il n'a sûrement pas envie de me voir non plus. Toi, par contre, j'aimerais te voir plus souvent ! Tu pars demain? Tu reviens quand ?

--Ecoute ! Grand-père Christo me fait confiance. Ses rhumatismes le font encore souffrir. Il ne va plus à la pêche que deux fois par semaine. Il a pris l'habitude d'aller boire une bonne pinte et de jouer aux dominos avec ses amis moldus, au pub du Homard qui chante. Je lui emprunterai le bateau le plus souvent possible. Tu sais qu'il me le léguera dès que j'aurai fini mes études à Poudlard ?

--Tu veux devenir pécheresse ?

--On dit pêcheuse, gros bêta ! Mais non, je ne reprendrai pas son métier, c'est trop dur pour une fille seule.

--On sera deux, je t'aiderai. Tu piloteras et moi, je jetterai les filets et je poserai les casiers. .

--C'est trop gentil mais tu as déjà oublié qu'après Poudlard, on a projeté de faire le tour du monde avec le White Wing ? C'est un beau bateau, tu sais ! Il a deux cent cinquante ans. C'est un aïeul Fringant qui l'a construit de ses mains et à chaque génération, on l'améliore. Grand-père lui a ajouté son moteur magique.

--Et toi ? Qu'est-ce que tu vas lui faire ? Tu as déjà une idée ?

--Je vais changer ses voiles et ses cordages. Les Moldus utilisent maintenant des matériaux très performants. Il faut prendre les bonnes idées partout où elles se trouvent. Mais j'y ajouterai un peu de magie, ça n'en sera que meilleur. Tiens, si tu veux, demain, je t'emmène faire une balade. Tu dois apprendre les bases de la navigation si tu veux devenir marin. Tu seras le mousse et moi le capitaine.

--Rah ! Mademoiselle a toujours aimé commander ! Mais pour le bateau, je suis d'accord. Je lui ferais faire des cabrioles si je tenais la barre.

--Enfin, te voilà raisonnable ! Embrasse-moi, mon beau matelot ! Pour ça, on est à égalité, toi et moi ! Prends-moi dans tes bras. Tu sais quoi ? J'y suis bien ! ... »

Tard le soir, elle l'a rejoint dans sa chambre, elle a mis un doigt sur ses lèvres, s'est déchaussée et s'est allongée à ses côtés. Une larme coulait encore sur la joue imberbe de Colin. La nuit est le moment où les chagrins se réveillent. Elle l'a pris dans ses bras, a posé un baiser sur son front en chuchotant : « Dors, mon cœur ». Le sommeil les a gagnés tout doucement ...

« Le ciel clignote de millions d'étoiles. La lune en croissant tremble sur les déferlantes. Demain il fera beau. Demain est un autre jour. Le jour où le passé s'efface. Le jour où pour nous deux, tout commence. »

~ ~ ~ ~ ~

Petit déjeuner entre amis.

« Fred et Georges vont rouvrir leur magasin, jubile Ron en lisant une lettre que Hermès, l'ancien hibou de Percy, vient de déposer devant son bol. Les Mangemorts avaient pillé leur boutique quand ils ont attaqué le Chemin de Traverse mais la réserve d'ingrédients était bien protégée. Les jumeaux ont pu fabriquer de nouveau la plupart de leurs produits.

--Ils vont bien ? demande Neville. Ils avaient été salement blessés aux jambes ce jour-là.

--Fred a toujours un genou raide et Georges marche avec une canne. Mais ça aurait pu être pire. Heu, Mione, maman nous demande la date de notre retour de vacances. Charlie, Bill et Fleur sont partis. Si les jumeaux vont à Londres, il ne restera que Ginny. Maman dit qu'elle s'ennuie de nous. On pourrait peut-être aller faire un tour au Terrier, histoire qu'elle constate qu'on est en bonne santé?

--Si tu veux ... »

Ils sont huit autour de la table ronde du cottage Griffondor, Ron et Hermione, Nev et Hannah, Colin et Lucinda, Luna et Harry. Ils discutent paisiblement tout en déjeunant. Kréatur a garni la table de leurs plats préférés. Il y a du thé, du café, du chocolat odorant et du jus de citrouille tout frais. L'elfe en sert un verre à Luna qui joue avec un collier de coquillages. Il l'adore.

Hermès, orphelin de son Maître Percy, a remplacé Errol, devenu déplumé et cacochyme. Il est l'un des rares hiboux à avoir trouvé l'Ile. Les autres déposent le courrier chez les Fringant et Christopher ou sa fille l'apportent quand ils viennent en visite. Le superbe oiseau picore des miettes de brioche sur la table. Tout à coup, il se redresse et tourne la tête vers la porte qui vient de s'ouvrir.

Tout le monde sauf Luna se fige. Draco Malfoy s'est arrêté sur le seuil du cottage Griffondor, attendant visiblement qu'on lui dise d'avancer. Il y a un silence qui paraît long tant il est lourd. C'est Hermione qui réagit la première.

« Malfoy ! C'est une ... heu ... bonne surprise ! Entre ! Veux-tu déjeuner avec nous ?

--Non, Granger. Je suis venu parler à Colin Crivey. »

Le jeune Griffondor pâlit brusquement puis rougit tout aussi vite. Il veut se lever mais la main ferme de Lucinda l'en empêche. Personne d'autre ne réagit. Ils sont tous bluffés par un Malfoy superbe dans ses habits moldus sans doute empruntés à Blaise, jean bleu clair et pull marine, ses cheveux d'or blanc flottant librement autour de son visage.

Mais il a l'air tendu, il est si pâle qu'on voit les veines bleues battre sur ses tempes et ses poings sont si serrés que les ongles doivent s'enfoncer dans ses paumes. Il se tient droit comme doit l'être un Malfoy, même en mauvaise posture, et il reprend :

« Crivey, je suis venu te parler de la mort de ta famille. Pour que tu croies ce que j'ai à te dire, je vais boire du Veritaserum que le professeur Snape m'a donné. Acceptes-tu de m'écouter ? »

--Oui, répond Lucinda à la place de Colin car celui-ci est incapable de dire un mot.

Même Luna est immobile. Elle a posé son collier et fixe Malfoy de ses yeux vides. Harry est encore plus stupéfait que les autres. Par orgueil, Malfoy a refusé de prendre du Veritaserum au procès. Pourtant, il savait qu'il risquait gros. Et là, il propose d'en boire pour convaincre un fils de Moldu de sa bonne foi. Ce geste doit lui coûter énormément et pourtant il le fait.

--Vérifie le contenu du flacon, Weasley, dit Malfoy à Ron qui est le plus proche.

Il a sorti de sa poche une petite fiole transparente. Le jeune homme roux la prend machinalement, respire le contenu et reconnaît la faible odeur d'amande amère. Il hoche la tête, toujours muet de stupeur et rend le flacon à Malfoy qui le porte à ses lèvres et boit le contenu sans hésiter.

« Maintenant, je suis à leur merci. Ils peuvent tout exiger de moi. Mais c'est le seul moyen pour qu'ils me croient ... pour que LUI me croit. »

Personne ne dit rien. C'est encore plus flippant qu'il ne croyait. Alors il commence d'une voix assez ferme mais qui s'enraye par moment.

« Je n'ai pas été témoin de la scène que je vais évoquer. Mes camarades Serpentards et moi, nous étions ... en ville. C'est ma mère, Narcissa Black Malfoy, qui m'en a parlé juste avant de mourir à Azkaban. On ne ment pas à l'article de la mort. D'ailleurs, le professeur Snape était présent. Il peut confirmer mes dires. Ce que je sais, c'est que, de temps en temps, le Lord Noir était pris de l'envie de tuer, de massacrer, de torturer salement, comme le faisaient ses fidèles Mangemorts. »

Il s'arrête un instant pour reprendre son souffle. Kréatur, assis dans un coin, a croisé ses mains sur sa tête et cache ses gros yeux globuleux dans ses genoux. Des scènes sanglantes sont dans toutes les mémoires. Ils ont tous vu de quoi les suppôts de Voldemort étaient capables. Malfoy reprend d'une voix plus basse :

« Il voulait avoir l'air grandiose dans tout ce qu'il faisait. Alors, ces jours-là, il empruntait la baguette d'un de ses sbires, il prenait son apparence en buvant du Polynectar et il partait en chasse avec sa troupe. Il se rassasiait des cris de terreur, des supplications des victimes, des hurlements de souffrance, de la vue du sang qui jaillissait. Je ne l'ai vu qu'une seule fois revenir d'une de ces expéditions. Il exultait, c'était horrible !

--C'était encore plus horrible pour ceux qu'il venait de tuer, Malfoy, dit Neville d'une voix amère.

--Oui, Londubat. Je ne le nie pas. Quand il a commencé à donner des détails, je me suis enfui de crainte de vomir devant lui. C'est ce jour-là, je pense, que mon père s'est retourné contre lui.

--Ne raconte pas de bobards, Malfoy, dit Ron d'un ton menaçant, Lucius Malfoy n'a pas trahi son Maître.

--Je dis la vérité, Weasley, je ne peux pas mentir. Mon père ne pouvait se libérer ouvertement de ses chaînes. Voldemort venait souvent au château, il avait asservi ma mère et j'étais déjà sous ses ordres. Voilà sa marque, ajoute-t-il en découvrant son bras gauche.

Un cri aigu se fait entendre. Hannah a les yeux exorbités. Neville la prend dans ses bras et regarde Malfoy avec fureur.

--Tu oses ! siffle-t-il.

--Elle ne s'effacera jamais, Londubat. C'était mon choix.

--Tais-toi, Neville. Continue, Malfoy, dit Harry avec douceur. Nous avons tous nos blessures de guerre.

--Vous n'avez pas à en avoir honte. Moi si.

« Le Veritaserum me fait dire trop de choses. Et je ne peux mentir. Oh oui ! J'ai honte ! Mais ceux-là n'ont pas à le savoir ! Reprends-toi, Malfoy. Continue, comme dit ce crétin de Pot ... comme dit Harry. »

--Lord Voldemort s'est vite aperçu que mon père ne le suivait plus aussi aveuglément qu'auparavant. Alors, il s'est vengé de façon sournoise. Il l'humiliait devant ses fidèles. Il traitait ma mère comme une servante. Il nous donnait des ordres stupides. Il terrorisait nos elfes de maison. Et puis, un de ces jours où il était saisi de folie sanguinaire, il a pris l'apparence et la baguette magique de mon père et il est parti avec quatre Mangemorts « chasser le Moldu » comme il disait.

--Ils étaient cinq, c'est ce qu'on m'a raconté, murmure Colin d'une voix tremblante, et Lucius Malfoy était à leur tête.

--Non, Crivey. Ce n'était pas lui. Les crimes apparaissent sur sa baguette par le Priori Incantatem mais c'est Voldemort lui-même qui les a commis. Je ne prétends pas que mon père était blanc comme neige. Il devait parfois obéir aux ordres sous peine de subir des Doloris ou bien pire. Mais au moins, il a refusé de tuer.

Le silence s'installe de nouveau. On entend juste au loin le bruit des vagues. Autour de la table, ils sont immobiles. On dirait un groupe de statues. La scène paraît irréelle aux yeux de tous.

--On veut bien te croire, Malfoy, reprend enfin Hermione d'une voix enrouée. Mais les parents et le frère de Colin sont morts. Tu ne peux plus rien y faire.

--Si, je peux faire quelque chose. »

Et les paroles impensables, totalement incroyables dans la bouche de l'orgueilleux Malfoy, des paroles qui forcent le respect de tous, résonnent dans la pièce silencieuse.

« Je peux te dire ceci, Colin Crivey. Tous ceux qui se sont battus pendant la guerre et toi en particulier, vous m'avez démontré que le plus important pour un sorcier, ce n'est pas d'avoir le Sang Pur, c'est de savoir choisir. Moi, je me suis contenté de suivre mon père. Un Serpentard est forcément un disciple du Lord Noir. Alors, je n'ai pas réfléchi plus que ça et je me suis laissé marquer au bras comme du bétail. »

De nouveau, Hannah pousse un gémissement d'horreur. Les autres frissonnent. L'image violente les frappe de plein fouet. La main squelettique de Voldemort approchant sa baguette d'un bras blanc, le sinistre dessin qui apparaît pendant que la chair brûle, les rires et les applaudissements des autres Mangemorts ... Terrible épreuve !

Malfoy reprend d'une voix moins ferme :

« D'autres ont fait un meilleur choix : Parkinson, Zabini, plus tard Nott et Bulstrode. J'aurais pu les suivre mais je ne l'ai pas fait. Je suis resté, plus dégoûté de jour en jour, mais je suis resté. Mon orgueil de Sang Pur m'aveuglait. C'est maintenant, après la défaite de mon camp, après la prison, que je comprends mon erreur. On a toujours le choix. »

Il s'arrête un instant et personne ne songe à l'interrompre. Ce Draco Malfoy leur est totalement inconnu. Il y a autour de cette table les représentants des quatre Maisons de Poudlard. Cinq Griffondors, une Pouffsouffle, une Serpentarde en pièce rapportée et même une Serdaigle dont les yeux contemplent un monde parallèle. Et ils le regardent tous, fascinés.

« Pourquoi, mais pourquoi leur dévoiler ainsi mes rancœurs et mes regrets ? Je n'aurais pas dû prendre de Veritaserum ! Ils vont m'abreuver de moqueries ! Pire ! Ils me prendront en pitié ! Où y a-t-il une corde pour que je puisse me pendre ? Tant pis ! Autant boire le calice jusqu'à la lie ! »

« Alors, voilà ce que je voulais vous dire. Vous valez tous bien mieux que le Sang Pur que je suis. Pas parce que c'est votre camp qui a gagné la guerre. Mais parce que vous avez fait vous-même vos propres choix. Toi, Crivey, et toi, Granger, fils et fille de Moldus ...

Il regarde chacun et chacune dans les yeux, sans flancher.

... toi, Potter, Sang Mêlé et accessoirement désigné comme Sauveur de notre Monde, toi, la petite Serpentarde qui n'hésite pas à sortir avec un Griffondor, vous autres aussi, Sangs purs comme moi, et même Lovegood, perdue dans les nuages. Vous valez tous plus que moi, moi qui ne suis venu ici que pour défendre le peu qui me reste, le nom des Malfoy. »

Le jeune sorcier blond, dos bien droit et poings serrés, se détourne pour partir, de peur que les autres ne surprennent les larmes qui pointent dans ses yeux. Merlin ! Non ! Pas devant eux ! Mais un cri le cloue sur place.

« Draco ! »

Harry s'est levé d'un bond et l'a rattrapé par le bras. Malfoy, yeux fermés, lèvres serrées, s'immobilise. Ne me pose pas de question, Potter, je t'en prie, je ne veux plus rien dire ! Je suis assez ridicule comme ça, tu ne trouves pas, Sauveur du monde ?

« Draco, pourquoi te rabaisses-tu ? Toi aussi, tu as fait un choix ! Et heureusement pour moi ! Qui a choisi de me sauver la vie ? Qui s'est jeté devant moi à la fin de la bataille ? Ne proteste pas ! Quelles que soient tes raisons, tu l'as fait, non ? Alors oublions tout ça ! Nous sommes tous saufs. Rien d'autre ne compte, tu m'entends ? Reste avec nous !

--Oui, tiens, ajoute Hermione d'une voix un peu trop aiguë. Viens boire un thé !

--Ou du café si tu préfères !

--Assieds-toi entre Luna et Harry, la chaise est libre.

--Kréatur, apporte des muffins, je crois que c'est ce qu'il prend au petit déjeuner.

--Et de la confiture de myrtilles.

--De la brioche aussi, ce goinfre de Ron a mangé la dernière tranche !

--Les émotions, ça creuse ! Je reprendrais bien un chocolat et un petit pain au lait.

--Qui t'as prêté ces vêtements, Malfoy ? Ils te vont parfaitement !

--Chut Hannah ! Plus de questions ! Malfoy est peut-être encore sous Veritaserum ! Ne le forçons pas à dévoiler ses secrets !

--Allez, mange ! Combien de sucres dans ton thé ? »

Ils parlent tous en même temps pour faire baisser la tension qui régnait. Et même si Draco aimerait mieux s'enfuir et regagner la tranquillité du cottage Serpentard, il s'assoit, le regard posé sur la table couverte de victuailles. Du thé fumant posé devant lui, un toast à la main, impassible sous les gros yeux de Kréatur, le blond Serpentard soupire doucement.

Ron reprend la lettre de sa mère et continue comme si de rien n'était :

« Bill et Fleur sont allés au Ministère. Ils voudraient fonder un refuge pour les jeunes enfants mordus par Greyback. Il faut les éduquer et leur apprendre à surmonter leur handicap avant qu'ils entrent à Poudlard. Le professeur Snape a inventé une potion Tue-Loup pour les aider les nuits de pleine lune. Tu devrais lui demander la recette, Malfoy, et lui faire changer le goût. Ça sent, paraît-il, la vieille chaussette ...»

Draco se sent soudain délivré d'un grand poids. Il a retrouvé une place dans son monde. Il l'a fait. Il s'est expliqué avec Crivey. Il ne sera plus hanté par son regard d'enfant blessé. Il ne lui reste plus qu'à parler à Potter, enfin à Harry ... Quand l'occasion se présentera ... Sans Veritaserum ...

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Cottage Serpentard, une bonne semaine plus tard, le matin.

Confortablement installé sur la petite terrasse devant la salle à manger, Severus Snape fume sa première cigarette en observant ses Serpentards qui terminent leur petit déjeuner. Parkinson et Zabini ont les yeux à peine ouverts. Ils ont encore dû passer une nuit agitée et s'aimer avec entrain. Qu'ils en profitent ! Les vacances dans l'Ile seront bientôt terminées.

On est déjà au milieu de juin. Ces deux-là sont bien décidés à faire leur dernière année à Poudlard car l'école rouvrira ses portes en septembre. Finalement, MacGonagall a accepté de rester directrice pour un an. Ensuite, elle et plusieurs anciens professeurs prendront leur retraite. Severus a appris la nouvelle par un message apporté par la chouette hulotte de Minerva.

Scrimgeour a été perspicace sur ce coup. Il a compris que la rentrée serait plus facile pour les élèves s'il n'y avait pas trop de bouleversements après la guerre. Les plus âgés tiennent beaucoup à celle qui fut leur chef pendant l'année noire et les plus jeunes ont besoin d'être rassurés et de retrouver un environnement familier.

La passation de pouvoirs se fera paisiblement à la fin de la prochaine année scolaire et le Ministère aura ainsi le temps de recruter de nouveaux professeurs qualifiés et un directeur qui trouvera une école en état de marche. Ce sera sans doute Janus Turpin, ancien Serdaigle, grand oncle de la petite Lisa, un savant et un remarquable organisateur. Un bon choix, selon Severus.

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Au bout de la table, perdu dans ses pensées, Goyle mijote quelque chose. Il tient de longs conciliabules avec Bolby, l'elfe qui sert d'intendant à l'Ile. Mais celui-ci a, paraît-il, promis le secret et Winky n'a obtenu aucune explication sur l'attitude étrange du grand Serpentard. Severus a seulement constaté qu'il allait mieux et qu'il ne se renferme plus autant sur lui-même.

Nott aussi est rêveur. Il n'a pas beaucoup parlé de son séjour chez les Moldus. Cacherait-il un secret ? Une amourette avec un beau garçon ? Le professeur Snape sait depuis longtemps que Théodore est gay, même si le jeune homme n'en a pris conscience que depuis peu. Mais Severus a des antennes pour ces choses-là.

L'homosexualité ne le dérange pas. C'est admis dans le monde sorcier à condition que les personnes concernées soient discrètes. Chacun vit sa vie comme il l'entend. Ainsi, son filleul est bisexuel et c'est son affaire. Il ne lui a jamais fait de remarques à ce sujet.

Tiens, à propos de Draco, Winky a su par Kréatur qu'il était allé chez les Griffondors, il y a quelques jours et qu'il avait été invité à déjeuner avec eux après une discussion assez tendue. Depuis il semble plus serein, il discute poliment avec les autres résidents quand il les rencontre au hasard de l'Ile.

Même ses relations avec Potter semblent plus cordiales. Tant mieux ! C'était si puéril, cette hargne perpétuelle ! Ils ont enfin mûri tous les deux. Severus se pose tout de même des questions sur le phénomène lumineux qui a uni Harry et Draco pendant leur séjour à Sainte Mangouste. Il a lu plusieurs théories à ce sujet et ne sait trop quoi penser.

Est-ce son filleul qui l'a provoqué avec de la magie noire ? Cela paraît improbable. Est-ce la puissance de Harry qui se manifestait ? C'est possible. Ou alors ces deux-là ont-ils un destin commun? Existe-t-il entre eux un lien magique invisible ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'esprits qui fusionnent, cette version parue dans Magie et Voyance et signée du nom d'un médicomage de Sainte Mangouste ?

En tous cas, en ce moment, on a l'impression que Draco et Harry se tournent autour, qu'ils se cherchent mais qu'ils ne savent pas trop quoi faire et comment se rapprocher. Il faut sûrement attendre un moment favorable, une lune ascendante comme dirait Trelawney ...

Mais qu'est-ce qu'il va chercher là ? De l'astrologie maintenant ! Il ferait mieux de revenir sur terre. Il a quelque chose d'important à faire sans trop tarder. Les Serpentards se lèvent de table tout en discutant. Severus sort de son confortable fauteuil et dit :

« Pouvez-vous rester un moment, Miss Bulstrode ? J'ai à vous parler. »

- - - - - - - - - -

Pendant que Winky débarrasse vivement le couvert, Severus s'assied en face de Millicent, légèrement de côté, l'avant-bras posé sur la table. Il ne veut pas gêner la jeune fille mais il est la seule personne adulte présente et il faut mettre certaines choses au point.

C'est la première fois que le sévère professeur de potions doit s'occuper d'une élève enceinte. En ce qui concerne les remèdes, il n'y a aucun problème mais la psychologie féminine n'est pas son fort. Enfin, Millicent a meilleure mine, c'est déjà ça. Elle est restée assise à sa place. Même ainsi, sa grossesse se remarque.

« Avez-vous déjà prévu quelque chose pour le jour de votre accouchement, commence Severus, au cas où votre période probatoire ne serait pas terminée et où vous ne pourriez aller à Sainte Mangouste ?

--Oui, répond Millicent sans baisser les yeux. Quand j'étais chez elle, ma tante m'a emmenée en consultation chez une gynécologue, l'équivalent moldu d'une guérisseuse sage-femme. Je pourrais accoucher dans son hôpital. Vous savez, professeur, ajoute-t-elle en souriant, j'ai été étonnée par le grand savoir des Moldus. Par certains côtés, ils sont en avance sur nous.

--Comment cela ? répond le Maître des potions qui n'aime pas trop qu'on critique le monde sorcier.

--Hé bien, ils ont inventé une machine qui permet de voir le bébé dans le ventre de sa mère. Ils appellent ça ''faire une échographie''. On peut même connaître d'avance le sexe de l'enfant. J'attends un garçon, ajoute-t-elle en rougissant un peu.

--Ah très bien, reprend Severus en prenant aussi des couleurs tout à coup. Et quand l'enfant sera né, que ferez-vous ? Je vous demande cela parce que je suis ... j'étais le Directeur de votre Maison. Avez-vous envisagé votre avenir ?

--Je voudrais finir mes études, répond sans hésiter Millicent. En fait, la gynécomagie m'intéresse, je voudrais faire connaître les techniques moldues à notre monde. Je dois donc passer mes A.S.P.I.C. et étudier ensuite à la Faculté.

--Mais qui s'occupera de votre bébé ? demande le professeur ébahi.

--Nous en avons aussi parlé avec ma tante et mon oncle. Ils n'ont pas d'enfant. Ils le garderont pendant la semaine et je demanderai une dérogation pour pouvoir quitter Poudlard chaque week end et aller le retrouver ces jours-là et pendant les vacances. Vous savez, professeur, continue-t-elle avec animation, beaucoup de femmes moldues font comme ça. Elles sont très courageuses.

--Et votre mère, l'avez-vous prévenue ?

--Oui, depuis que mon père est à Azkaban. Avant, je n'osais pas, j'avais peur qu'il découvre ma cachette. Mais elle ne peut s'occuper du bébé. Elle a déjà mes quatre sœurs à charge et si les Juges saisissent nos biens, elle n'aura que sa petite rente personnelle pour vivre.

--N'envisagez-vous pas de prendre un emploi pour l'aider matériellement ? continue le professeur de plus en plus surpris.

--Non, professeur, répond la jeune fille sans hésiter. Je dois d'abord penser à mon avenir et à celui de mon enfant. Ma mère ne m'a pas beaucoup défendue quand mon père a voulu me « donner » à Voldemort. Elle était totalement soumise à ses volontés. C'est à elle de se débrouiller pour assurer sa subsistance et celle de ses filles. Heureusement, elle n'a rien à voir avec la guerre !

--Oui, en effet, cela jouera en sa faveur. Vos deux sœurs jumelles entreront à Poudlard à la rentrée ?

-- Oui, avec un an de retard, comme tous les autres enfants nés la même année.

--Et ... ne pensez-vous pas ... qu'il faudrait avertir les Flint de la naissance du fils d' Arctarus ? Il appartient aussi à leur famille. Je ne parle pas de nom ou d'héritage, je parle de filiation. Je les connais. Ce sont des Sangs Purs. Le vieux Gracchus accueillerait peut-être un descendant de son aîné avec joie.

--J'avais d'abord pensé que non. Puis j'ai réfléchi. Je vais leur écrire en précisant que je ne réclame rien. Il ont en effet le droit de savoir. Ensuite, ils feront ce qu'ils voudront. Pour moi, ma décision est prise. J'élèverai mon fils en lui parlant de son père. Je lui dirai qu'il ne voulait pas faire cette guerre. Je veux qu'il soit fier de lui, et de moi aussi.

--Il n'y a aucun doute là-dessus, Millicent, et vous avez tout mon soutien. Vous êtes une fille forte et courageuse. J'écrirai aussi au vieux Flint. Il est en fauteuil roulant depuis son accident de transplanage. C'est Marcus qui s'occupe de lui. Du coup, il n'a pas la Marque des Ténèbres. Il échappera au jugement bien qu'il ait eu de la sympathie pour le Lord Noir. Enfin il ne connaissait pas sa vraie nature.

--Beaucoup de ses partisans ont été déçus quand il est revenu d'entre les morts. Nous devons une fière chandelle à Potter et à ses amis. Même Draco l'a compris. Il est bizarre en ce moment. Je crois qu'il en veut à Potter. Il lui doit sa liberté après tout. Il n'a jamais appris à dire merci. Ça ne va pas être facile.

--Non, Millicent, en effet. Portez-vous bien. Je suis content de vous voir en si bonne disposition. Vous êtes une disciple de Serpentard hors pair. Tous mes compliments. »

Ces mots sont des pépites d'or dans la bouche de Severus Snape, grand Maître des potions et préparations magiques.

^ - ^ - ^ - ^ - ^ -

Une petite vie bien tranquille.

En quelques jours, tous les résidents ont trouvé leurs marques. Les quatre derniers arrivants sont maintenant tout à fait à l'aise. Les cottages sont proches les uns des autres mais l'Ile est assez vaste pour que chacun s'y trouve une place particulière. Les couples d'amoureux en particulier ont tous choisi un refuge où les autres ne viennent jamais les déranger.

Ils ont leurs occupations favorites. Hermione lit beaucoup depuis que ses yeux sont tout à fait guéris. Elle a des milliers de pages à rattraper ! Colin apprend à naviguer chaque fois que Lucinda vient dans l'Ile. Blaise, Ron, Harry et parfois Neville utilisent tour à tour l' Eclair de feu que le jeune sorcier brun a eu la bonne idée de mettre dans ses bagages.

Pansy et Hannah sont aux petits soins pour Millicent. Elles papotent beaucoup mais elles ne parlent jamais de ce qui s'est passé pendant la guerre. Ce temps-là appartient au passé. Elles font plutôt des projets d'avenir. Le bébé de Millie sera né au moment de la rentrée. Elle pourra reprendre les cours, du moins l'espère-t-elle.

Théodore joue aux échecs version sorcier quand il trouve un partenaire, Ron ou Draco principalement ou Millie qui est assez forte pour le battre à l'occasion. Ou alors il rêve face à la mer. Il observe Luna qui reste en permanence au bord de l'eau. Il se dit parfois qu'elle a l'air de faire le guet.

Elle a choisi un rocher plat assez loin du bord . Elle le rejoint en flottant juste au-dessus des vagues. Théo a eu peur la première fois qu'il l'a vu faire. Mais la petite Fée ne semble rien redouter de la mer. Elle sourit toujours et ses yeux semblent plus vivants, moins vides.

Elle s'assoit, les jambes à demi repliées sous elle, s'appuyant d'une main sur le rocher, et elle reste là des heures à regarder l'horizon. Parfois elle se lève et fait des signes de la main à quelqu'un d'imaginaire. Théo se dit que Luna est heureuse dans son monde personnel et que c'est bien.

Grégory Goyle aussi s'est créé un univers à part. Tous connaissent enfin ce que Bugsy n'a pas voulu leur révéler. Greg a découvert vers l'est de l'Ile un endroit plat, abrité et dégagé de toutes ses pierres, un ancien potager aujourd'hui retourné à l'état sauvage. Il a entrepris de le remettre en état.

L'elfe a acheté pour lui quantité d'outils de jardin, des sachets de graines et Greg s'est mis au travail avec ardeur. Il y passe ses journées et lui aussi paraît heureux. L' Ile est bienfaisante, elle guérit les corps malades et les cœurs blessés. Mais elle n'a pas encore atteint l'esprit rebelle de Draco Malfoy.

Le beau blond est tiraillé entre des désirs contraires. Parfois il voue tout le monde, et en particulier un certain Balafré, aux Enfers terrestres, maritimes ou célestes selon son humeur. A d'autres moments, il admet que l'Ile est un Paradis peuplé de gens bien aimables, surtout un beau brun toujours ébouriffé qui lui fait de l'effet chaque fois qu'il le croise.

Il fait beaucoup d'efforts pour que ses états d'âme contradictoires ne se remarquent pas. Sans succès d'ailleurs, ses camarades Serpentards, et aussi les autres Iliens, le trouvent qui bizarre, qui instable, qui agaçant, qui attendrissant ... enfin seul un Griffondor aux yeux verts le trouve ... heu ... attendrissant.

Cependant comme tout le monde, Draco Malfoy se montre poli ou affable ou même courtois comme il sied à une personne de Sang Pur, bien élevée et au courant des bons usages. Ici, chacun salue celui ou celle qu'il rencontre en chemin, de façon plus ou moins expansive, mais toujours avec un visage avenant.

Le professeur Snape lui même donne l'exemple. Quand le soir, à la brune, il sort de son laboratoire pour sa promenade quotidienne et qu'il rencontre quelque fumeur égaré ou quelque couple enlacé, il ne va pas jusqu'à sourire, non, cela paraîtrait incongru mais il répond aux saluts respectueux et il lui arrive d'échanger quelques mots avec les autres promeneurs.

C'est alors que tout paraissait simple et tranquille que le jour fatidique arriva.

\ / \ / \ / \ / \ /

La veille au soir, au moment du dîner, Harry Potter en personne est apparu à la porte des Serpentards et a lancé l'invitation.

« Bonsoir, professeur. Salut, les Serpents. Demain, vous êtes tous conviés à un grand pique-nique sur la plage. Ron et Hermione s'en vont chez les Weasley. Neville va présenter sa fiancée Hannah à sa grand-mère. Ils partent après-demain avec Lucinda et le voilier. Ils souhaitent réunir tout le monde avant leur départ. Serez-vous de la fête ?

--Naturellement, Harry. Tu peux compter sur nous, répond Blaise avant que quiconque ait pu ouvrir la bouche.

--Je viendrai faire un tour, mes expériences me laissent un peu de répit en ce moment, reprend Severus d'un ton posé.

--Parfait ! Rendez-vous sur la plage à onze heures. N'oubliez pas votre maillot de bain ! Bonne nuit ! »

Et Harry Potter s'en est allé en sifflotant.

-- __ -- __ -- __ -- __ -- __ --

Ce jour-là, cottage Serpentard, dix heures du matin.

« Je n'irai pas !

--Draco ! Ne fais pas ta mauvaise tête ! Sors de ta chambre !

--Fous-moi la paix, Pansy ! Je suis encore libre de faire ce que je veux !

--Mais enfin, tu as bien une raison ! On ne refuse pas une invitation comme ça, au dernier moment !

--J'ai une bonne raison et elle ne regarde que moi ! Va-t-en parader avec les autres, Blaise !

--Parader ! Elle est bien bonne, celle-là ! Avec les nouveaux vêtements que tu as reçu hier par Bugsy, tu vas encore éclipser tout le monde ! Prince des Serpentards, est-ce trop te demander que d'accompagner tes fidèles sujets à un petit raout entre amis ?

--Théo, je te conseille de cesser tes sarcasmes ! D'abord, j'ai horreur des pique-niques !

--Les Griffons vont se vexer, c'est eux qui ont tout organisé. Allez, Draco, il y aura de la glace à la framboise, celle que tu préfères. Les elfes ont préparé un vrai festin. Tu n'auras rien à manger si tu restes tout seul ici.

--Va te goinfrer si ça te chante, Greg, je n'en ai rien à faire. Winky me préparera un plateau.

--Oui, Maître Draco ...

--Pas question, Winky ! Tu es invité au pique-nique comme les autres. Si Draco veut manger, il n'aura qu'à fouiller dans la réserve. Je crois qu'il reste un quignon de pain et un morceau de fromage.

--Merci pour ta compassion, Millie ! Je t'ai connue moins aimable avec les elfes de maison. De toutes façons, je n'irai pas.

--Qu'est-ce qui se passe ici ? Que faites-vous tous devant la porte de Monsieur Malfoy ?

--Professeur, il ne veut pas venir avec nous et il refuse de dire pourquoi !

--Monsieur Malfoy, en voilà assez avec vos réactions puériles ! Sortez et expliquez-vous !

--Non ! Laissez-moi tranquille !

--Vous ne me laissez pas le choix, Monsieur Malfoy ! Alohomora ! »

La porte s'ouvre, révélant un Draco furieusement sexy, en vêtements d'été moldus très classe, de la pointe de ses sandales à sa chemise noire à longues manches qui dessine agréablement son torse, en passant par son pantalon clair mettant en valeur ses hanches fines et ses longues jambes. Le blond Serpentard est sublime !

--Wouah ! Draco ! Tu es magnifique ! Si je n'étais pas dingue de Blaise, je te sauterais dessus !

--Je te remplace si tu veux, Pansy !

--Hé ho ! Théo ! On reste calme !

--Alors Monsieur Malfoy, qu'est-ce qui ne va pas ?

--Je ne mettrai jamais « ça » !

Et Draco lève devant lui un short de bain bleu marine, tout simple, juste orné sur le côté gauche d'un petit dauphin blanc.

--Tu ne le trouves pas joli ? Si tu veux, je t'en passe un autre ! J'en ai un vert avec des fleurs exotiques ! Il flashe plus, c'est sûr !

--Ou un à carreaux noirs et rose fluo !

--Ou un plus long qui t'arrivera aux genoux !

--NON ! Je ne mettrai aucun maillot de bain, c'est tout ! Laissez-moi tranquille ! Je n'irai pas ! »

Draco fait demi-tour et va s'allonger sur son lit, les mains sous la tête, les yeux fermés, l'air buté. Severus soupçonne tout à coup autre chose qu'un simple caprice. Il sait qu'il ne sert à rien de brusquer l'orgueilleux Malfoy. Il dit froidement aux Serpentards perplexes :

« Tant pis pour lui. Venez vous autres, laissons-le mijoter dans sa mauvaise foi. Allons rejoindre nos hôtes ... Draco, je te laisse jusqu'à midi pour revenir à de meilleurs sentiments. Sinon ...

--Sinon, parrain ?

--Pas de potion pour faire de beaux rêves ! »

-

-

A suivre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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