Ames sœurs Auteur haniPyanfar Tout est à J.K.R. sauf Lucinda, ma petite Serpentarde à moi. Attention : Ce chapitre contient un lemon dans le paragraphe ayant pour titre : Le soir au cottage Griffondor. Si vous n'aimez pas, allez directement au paragraphe suivant : Le matin, chambre de Harry. Chacun est libre. Bonne lecture ! - _ - _ - _ - _ - _ - Rappel du chapitre 9 : --NON ! Je ne mettrai aucun maillot de bain, c'est tout ! Laissez-moi tranquille ! Je n'irai pas ! » Draco fait demi-tour et va s'allonger sur son lit, les mains sous la tête, les yeux fermés, l'air buté. Severus soupçonne tout à coup autre chose qu'un simple caprice. Il sait qu'il ne sert à rien de brusquer l'orgueilleux Malfoy. Il dit froidement aux Serpentards perplexes : « Tant pis pour lui. Venez vous autres, laissons-le mijoter dans sa mauvaise foi. Allons rejoindre nos hôtes ... Monsieur Malfoy, je vous laisse jusqu'à midi pour revenir à de meilleurs sentiments. Sinon ... --Sinon, parrain ? --Pas de potion de beaux rêves ! » Chapitre 11 Le pique-nique Sur la terrasse du cottage Serpentard, Draco Malfoy boude. Vautré dans le fauteuil de son parrain, les pieds sur le coussin d'un tabouret, le dos tourné au chemin qui mène à la plage, le blond jeune homme ressasse des pensées moroses. Il est seul, tout seul ! De la fenêtre de sa chambre, il a vu partir tous ses camarades, portant qui des paniers de victuailles, qui de la boisson, qui des serviettes de plage, Pansy en tee shirt et mini jupe et Millicent dans sa large robe de grossesse moldue, Blaise, Théo et Greg en grande conversation, Severus Snape en polo et pantalon de flanelle grise, les cheveux retenus par un catogan et même Winky, la taille ceinte d'un pagne en raphia vert, portant sur sa tête une grande corbeille de fruits ! Ils l'ont tous abandonné et ils ne se sont même pas retournés en chemin pour lui faire de la main un petit signe d'adieu ! Les traitres ! Il est bientôt onze heures. Ils ont déjà dû rejoindre les autres au bord de la mer et ils doivent sûrement s'amuser, peut-être même se baigner. Rien que d'y penser, Draco s'enfonce un peu plus dans le fauteuil et soupire. Bon d'accord, c'est de sa faute ! Non ! C'est à cause de ce foutu maillot de bain ! Quand il l'a essayé ce matin en sortant de sa douche, il l'a trouvé seyant, confortable même. Il n'en avait jamais porté. Il est vrai que les sorciers de haut rang n'ont pas l'habitude de passer leurs vacances au bord de la mer, les Malfoy moins que tout autre. Toute cette populace qui grouille sur le sable ! Ces enfants qui courent partout et leurs parents qui se dorent au soleil, enfin qui rougissent au soleil, comme des langoustes dans l'eau bouillante ! Toute cette promiscuité ! Il y a bien quelques plages privées réservées à l'élite sorcière mais on ne s'y dénude pas à la façon indécente des vacanciers moldus. Les dames portent des costumes qui couvrent leurs bras jusqu'aux coudes et leurs jambes jusqu'aux genoux, un peu comme sur ces anciennes gravures de mode des années 1920. Les messieurs portent des maillots une pièce très couvrant. Seuls les plus braves osent entrer dans l'eau jusqu'à la taille et aucun sorcier de Sang Pur n'apprend à nager, à l'exception de quelques aventuriers. Et c'est très mal vu ! Il est si facile de flotter en lançant un simple Fluctuare ! Draco Malfoy a donc enfilé son boxer short de bain, très classe, très correct car arrivant à mi cuisse, il s'est regardé dans le miroir et il s'est trouvé beau. Il s'est déjà vu nu, il sait qu'il a un corps parfait, les douches après les matchs de Quidditch lui ont permis d'exhiber sa poitrine et ses épaules de sportif bien entraîné, son ventre plat, son dos agréablement cambré et ses longues jambes. Blaise aussi a un très beau corps. Goyle est plus massif, plus charpenté mais agréable à regarder tout de même. Théo est mince et ... flexible. Seront-ils à leur avantage sur la plage ? Et Potter, comment est-il ? Il n'a jamais eu l'idée d'aller reluquer les joueurs dans les douches et les vestiaires de Griffondor. A Salazar ne plaise ! Mais dans ses rêves, le Balafré est drôlement bien foutu ! Donc, ce matin-là, le blond jeune homme s'est tourné et retourné devant son miroir, il a souri, il a remercié Merlin et sa mère de lui avoir donné une peau aussi douce et aussi blanche, il s'est trouvé TRES beau et soudain, alors qu'il levait le bras pour remettre en place une mèche folâtre, il L'a vue ! Noire sur fond blanc, indélébile, hideuse, la Marque des Ténèbres ! * ° * ° * ° * ° * ° « Malfoy n'est pas avec vous ? --Non, il ... --Il va arriver, Potter. Juste un petit retard dû à un souci d'esthétique.» Severus Snape a vu une brève lueur de déception sur le visage de Harry. Il est vraiment temps que ces deux-là s'expliquent. Son filleul a intérêt à ne pas trop traîner sinon il aura de ses nouvelles. Il dépose près des elfes le panier qu'il transportait et qui contient de la vaisselle. Le pique-nique prend bonne tournure. Il fait très beau, la marée est montante, dans une heure elle sera étale. C'est le moment idéal pour se baigner. Bien entendu, le sévère professeur de potions n'a pas l'intention de se mêler à cette jeunesse exubérante mais il marchera tranquillement sur le sable mouillé. Ça calme l'esprit et ça permet de réfléchir. Il aperçoit Luna qui erre au milieu des autres, toujours aussi légère et souriante dans sa robe claire. Que va-t-elle devenir ? Il est peu probable qu'elle revienne un jour parmi les vivants. Elle s'arrête et son regard se tourne vers la mer. Ses cheveux tout emmêlés balaient son visage. Elle a dû oublier de se coiffer ce matin. Pansy s'approche d'elle, sort une brosse de son sac et commence à lisser la blonde chevelure. Tout le monde s'occupe avec tendresse de la Petite Fée. La Serpentarde tresse les fins cheveux en une longue natte et enroule au bout un élastique. Luna la laisse faire et soudain, elle dit à haute et intelligible voix : « Partir ... bientôt ... » --Que veux-tu dire, Luna ? Qui va partir ? » Mais la jeune fille n'ajoute rien. Pansy hausse les épaules. Il arrive à Luna de prononcer quelques mots sans suite, sans rapport avec la situation présente. D'ailleurs, elle reprend sa marche au milieu des autres, allant paisiblement de groupes en groupes. On dirait qu'elle cherche quelqu'un. Mais qui peut savoir ce qui se passe dans l'esprit égaré de la Petite Fée ? ° * ° * ° * ° * ° * Au moment où il a vu sur son bras blanc la Marque des Ténèbres, Draco s'est pétrifié et son sang n'a fait qu'un tour. Pas question qu'il exhibe cette infamie devant les autres, même s'il l'a déjà dévoilée quand il est allé trouver Colin Crivey. Ce ne sera pas la même chose sur la plage. Il aura l'impression que tous les regards sont fixés dessus et pour sûr, son bras se mettra à brûler. Impensable ! L'orgueil insensé des Malfoy se réveille brusquement. Ce n'est pas possible ! Il ne peut pas faire ça ! Il se demande vaguement ce qu'ont prévu Théo et Greg. En tous cas, lui, sa décision est prise. Il n'ira pas. Rien à foutre de leur pique-nique à la noix ! D'ailleurs son parrain n'ira sans doute pas non plus. Les longues robes noires et les capes virevoltantes, ce n'est pas l'idéal pour marcher sur le sable. Draco Malfoy, en colère sans trop savoir pourquoi ... peut-être d'avoir pensé à Harry Potter qui n'a pas de marque noire, lui ... ah si ! au cou ! mais ça ne compte pas ! ... Draco Malfoy, donc, enlève ce short de bain carrément indécent et s'habille d'une chemise noire et d'un pantalon clair. Les vêtements moldus sont définitivement seyants ! Avant qu'il ait eu le temps de réfléchir vraiment à la situation, ses camarades Serpentards ont frappé à la porte, il a refusé de sortir, ils ont insisté, il s'est entêté et voilà le résultat. Même son parrain l'a laissé tomber ! Et qu'est-ce que c'est que cette menace de ne pas lui donner de potion de beaux rêves ? Quand lui a-t-il demandé ça ? Ah oui ! Il voudrait bien revoir le Harry d'avant, celui qui lui rendait visite toutes les nuits vers deux heures du matin ! Son beau brun, souriant et nu, qui l'enlace et qui l'embrasse ! Dire qu'en ce moment, le même Harry doit être en train de rire et de s'amuser sur la plage, avec les autres, en tenue légère, son corps élancé aux muscles fins se mouvant souplement en plein soleil ! Malédiction et pénitence ! Il s'est exclu lui-même de la fête ! Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire d'autre ! Y aller fièrement, voilà qu'il aurait dû faire ! Par le menton et tous les autres endroits poilus de Merlin ! Draco Malfoy, Prince ... ex Prince des Serpentards, Draco Malfoy est un imbécile ! Il s'est fourré tout seul dans une impasse ! Parce que tout de même, il ne peut pas, après tout le tintouin qu'il a fait tout à l'heure, se pointer sur la plage comme une fleur en disant : « Oui, bon, ben, tout compte fait, j'ai changé d'avis ... » Parce qu'il sera parfaitement ridicule ... Parce que ses « amis » se moqueront de lui et que pour une fois, ils auront raison ... Parce que tout ça n'effacera pas cette saloperie de Marque ... Et parce que ... Mais qu'est-ce qu'y a ? Qu'est-ce que tu veux, toi ? Tu vois pas que Draco Malfoy est dans une rogne noire et que t'as pas intérêt à foutre ta sale patte sur son bras et à tirer comme ça sur la manche de sa chemise ? « Fous-moi la paix ! ... Oh ! Luna ! Excuse-moi ! Je ne t'ai pas entendu arriver ! Qu'est-ce que tu veux ? » Elle est là, toute droite et ses yeux d'habitude vides sont fixés sur la Marque des Ténèbres. Draco a fait un brusque mouvement du bras en sentant quelqu'un le saisir par la manche, le bouton a sauté et le tissu a glissé, révélant ce qu'il tient tant à cacher. Le jeune homme pâlit et se fige ... Un terrible flash ! Yaxley, le Mangemort, posant ses sales pattes sur elle ... Pourtant, elle ne dit rien. Elle ne crie pas. Elle ne fond pas en larmes. Simplement, elle ne sourit plus. Elle fouille dans sa poche et en sort un ruban de satin. D'un geste un peu maladroit, elle l'enroule sur la Marque. Puis elle sort sa baguette magique, pose la pointe sur l'espèce de bandage et le tissu se colle exactement à la peau, dissimulant le sombre symbole. Elle lève les yeux et juste pendant une seconde, son vrai regard croise celui de Draco. Un instant de souffrance aiguë puis elle s'évade de nouveau vers son autre monde. Elle lui prend la main et le tire vers le chemin. Il ne résiste pas et se lève. Ils descendent ensemble les trois marches de la terrasse. Elle se tourne vers lui, de nouveau souriante. « Partir ... bientôt ...» dit-elle. Il ne comprend pas ce qu'elle veut dire, il serre doucement sa main et répond : « Oui, Luna, on y va. » * ° * ° * ° * ° * ° Winky, aux petits soins pour la future maman, a apporté pour Millicent un siège de toile. La jeune fille s'est assise et regarde d'un air amusé ses camarades prêts pour la baignade. Hannah porte un maillot de bain une pièce qui dessine son corps aux courbes appétissantes. Neville en bave un peu. Plus hardie, Pansy a mis un bikini rose avec des petits volants affriolants qui font briller les yeux de Blaise. Lucinda et Hermione, plus sagement, ont chacune un deux pièces classique, bleu marine pour l'une, bleu ciel pour l'autre. Les garçons portent tous un boxer short plus ou moins coloré ou décoré. Celui de Ron, façon bermuda hawaïen, est le plus exotique. Blaise exhibe une peau couleur bronze qui brille doucement au soleil. Colin a encore un corps d'adolescent trop vite grandi mais ses muscles sont durs sur ses bras et ses cuisses. Il s'est beaucoup entraîné au combat pendant la guerre. Le contraste est saisissant entre Greg, le sportif bien bâti, et Théo, légèrement androgyne. Aucun des deux n'a dissimulé la tache noire qui marque son bras. Cette chose est là, ils n'y peuvent rien. Alors ils assument. Ils n'ont pas compris la réaction coléreuse de leur camarade Serpentard. Mais ils connaissent leur ami, ils savent que l'orgueil Malfoyen est sans limites. Un peu plus haut, sur la plage, Severus contemple ses ouailles. Harry est le seul à avoir l'air un peu triste. Les autres rient déjà en entrant prudemment dans l'eau froide et en s'éclaboussant. Un cri retentit soudain. Hermione, la dernière à entrer dans la mer, s'exclame joyeusement : « Luna ! Malfoy ! » Ils apparaissent tout en haut de la plage, se tenant par la main. Harry en perd la respiration. Draco est beau comme un dieu, ses cheveux argentés voletant doucement autour de son visage. Le jeune homme blond n'est pas moins stupéfait. Harry est superbe ! Sa peau est légèrement dorée ! Il ne s'attendait pas à ça ! Dans ses rêves, leur peau à tous les deux était ... sans couleur ! Et là, son beau brun est ... Wouah ! Sans même y penser, sans faire attention aux autres qui les observent, ils s'avancent l'un vers l'autre. Deux aimants qui s'attirent irrésistiblement ... Ils s'arrêtent à deux pas et se regardent, prunelles grises contre iris verts. Quelque chose de vif et fugitif en même temps passe entre eux. Le temps se fige. Ils se retrouvent. Juste un instant magique ... Harry murmure : « Tu es venu ... --Tu me manquais ... » Ils n'en disent pas plus. Les mots sont inutiles. D'ailleurs la voix de Ron brise le charme. « Allez, Harry, viens ! Elle est bonne ! --Enfin raisonnable ! Va te changer là-bas, crie Blaise à Draco. --Viens Luna ! ajoute Hannah en faisant signe à la Petite Fée. Celle-ci descend vers eux et commence à léviter au-dessus des vagues comme d'habitude et soudain, elle lève les bras au ciel et s'enfonce toute droite dans l'eau, sa robe ondulant autour d'elle. Les vagues la portent et elle roule sur elle-même, faisant corps avec les eaux de la mer. Son visage irradie de joie. On dirait une nymphe au bain. Harry attend Draco qui se change rapidement derrière un petit paravent de toile installé par les elfes. Lorsqu'il réapparaît, torse nu, bras et jambes nus, un sourire un peu contraint aux lèvres, le jeune Griffondor sent les battements de son cœur s'accélérer. Le blond Serpentard n'est plus seulement beau, il est attirant, affolant, sexy, pour tout dire ... heu ... bandant. Pour faire baisser la tension qu'il sent monter dans une partie bien précise de son corps, Harry tente une vanne : « Tu es bien maigre depuis ton séjour à Azkaban ! --Un Malfoy n'est jamais maigre, Potter. Il est agréablement mince. Toi, par contre, tu as drôlement grandi. J'avais gardé le souvenir d'un gamin dégingandé. Tu es plutôt beau garçon, maintenant ! --Un compliment ! Pour la première fois de sa vie, Malfoy me fait un compliment ! Ça s'arrose ! Allez hop ! A l'eau ! --Pas si vite, Potter ! Je ne sais pas nager ! --Je vais t'apprendre si tu veux. Ce n'est pas difficile ! Regarde, Hermione fait un cours à Ron. Pfff ! Il n'a pas l'air rassuré ! Et Colin montre la brasse à Lucinda. ... Nous, les enfants de Moldus, nous apprenons à nager à la piscine dès notre première année d'école. Si tu sais flotter, tu sais presque nager. --D'accord, Potter. Apprends-moi. En échange, je t'enseignerai moi aussi quelques petites choses. --Quoi par exemple ? Et la voix de Harry se fait un peu rauque. --Je ne sais pas encore ... Quelque chose de basique ... A te coiffer peut-être ? Et le blond charmeur glisse ses doigts dans la chevelure ébouriffée de Harry qui rosit sous la caresse. « Mais regarde-les, murmure Pansy à l'oreille de Blaise. C'est incroyable ! Ma parole ! ILS FLIRTENT ! » Pendant une bonne heure, tous peuvent constater la bonne entente qui s'est installée entre les ex ennemis. Serpentards et Griffondors échangent des clins d'œil complices et rigolent discrètement quand les mains de Harry se baladent sur le dos ou les épaules de Draco sous prétexte de l'aider à faire la planche. Ou quand Malfoy essuie d'un doigt les joues de Harry qui vient de boire la tasse. Même Severus se permet un petit sourire en coin. Winky, prévenante, a apporté à Millicent un parasol. Les quatre elfes ont terminé les préparatifs du pique-nique. Ils regardent les jeunes sorciers s'amuser comme des fous alors que la mer est étale et que la marée ne va pas tarder à descendre. Luna s'est installée sur son rocher et scrute l'horizon. « Allez vous baigner aussi, dit Millie aux elfes, Vous l'avez bien mérité. Winky, Kréatur, Bugsy et Lumy se tournent vers le sévère professeur Snape qui acquiesce d'un hochement de tête. Et quatre petits êtres magiques, vêtus de pagnes rouge, vert, bleu ou jaune, couleurs de leur cottage, se précipitent dans les dernières vaguelettes. Chose étrange, ils nagent tous comme des poissons. Ron, qui vient de couler pour la énième fois, les regarde batifoler avec envie. Et puis les estomacs commencent à crier famine. Ils sortent de l'eau par petits groupes, se rincent en se lançant mutuellement des Aguamenti et se changent derrière le paravent. On est en Angleterre ! On a une bonne éducation ! Il n'est pas question d'avoir une tenue négligée à table ! Même si celle-ci se réduit à une couverture étalée sur les herbes. Les elfes transplanent au cottage Pouffsouffle où les plats préparés, les salades, les desserts et les boissons ont été mis au frais. Le pique-nique peut commencer dans la joie et la bonne humeur. Les couples se sont assis un peu au hasard sur les couvertures. Harry se retrouve en compagnie de Pansy, de Blaise et de Draco. Millie, Théo et Greg partagent une nappe à carreaux verts avec le professeur Snape. Luna a rejoint Colin et Lucinda. Lumy a beau passer plusieurs fois les plats sous le nez des deux amoureux, ils sont plus occupés à se dévorer des yeux qu'à garnir leurs assiettes. Ron au contraire, assis avec Hermione, Hannah et Neville, reprend de chaque plat et engloutit la nourriture avec entrain. Pourtant, il n'a pas un poil de graisse sur ses muscles bien dessinés. « J'ai besoin de beaucoup d'énergie, répond-il à Hermione qui le traite d'estomac sur pattes. Le début d'après-midi se passe agréablement et se termine par ... du champagne que Severus a ramené discrètement de France, la dernière fois qu'il est allé y chercher des ingrédients pour ses potions. « A la réconciliation, formule-t-il en guise de toast, en jetant un bref coup d'œil à deux de ses anciens élèves, assis l'un près de l'autre, très près même semble-t-il ... Vient le moment où les elfes commencent à débarrasser les restes du pique-nique, jetant quelques reliefs aux oiseaux de mer qui se sont attroupés un peu plus loin. Chacun se trouve alors une occupation reposante, qui une sieste, qui une promenade, qui un chaudron à surveiller, sauf Harry qui propose à Draco en souriant : «Ça te dirait d'essayer mon Eclair de feu ? Ça doit faire un moment que tu n'as pas eu l'occasion de voler. --Potter, je suis interdit de magie, je n'ai pas de baguette, dois-je te le rappeler ? --Ah oui, je n'y pensais plus, répond Harry en rougissant un peu car Malfoy a l'air blessé par sa proposition. Mais ça ne fait rien, reprend-il plus joyeusement. On peut voler ensemble sur le même balai. Tu sais bien qu'on peut partager ma baguette. --Qu'est-ce que vous dites, Potter ? dit vivement Severus Snape qui se trouvait à côté d'eux. Draco peut utiliser votre baguette ? Je l'ignorais. --Oh, désolé, professeur, je n'ai pas pensé à vous le dire. A Azkaban, nous avons fait jaillir nos deux Patronus ensemble pour repousser les Détraqueurs. Ils étaient si affamés que je n'arrivais pas à les combattre tout seul. Alors j'ai demandé à Malfoy de m'aider et de tenir ma baguette en même temps que moi. --En voilà une histoire, Harry ! dit Neville stupéfait. Tu ne nous en as pas jamais parlé. --Draco non plus n'a rien dit, ajoute Pansy aussi étonnée que tous les autres. Vous vous êtes battus tous les deux contre les Détraqueurs ? Racontez-nous ... --Une autre fois, Pansy, dit Draco en prenant Harry par le bras et en s'éloignant rapidement. Severus l'entend ajouter d'une voix froide : « Qu'est-ce qui te prend de leur révéler ça, Potter ? Ils vont s'imaginer toutes sortes de choses. Tu sais ce que ça signifie, quand deux sorciers partagent la même baguette ? --Ben oui, ça veut dire qu'ils sont âmes sœurs. --Je n'avais pas très envie qu'ils le sachent, figure-toi. Je n'ai pas fini d'en entendre parler. Ça va être ma fête, crois-moi. De toute façon, ce n'est peut-être qu'un hasard, une coïncidence. Harry s'arrête pile et dit d'un ton peiné : --Ça te déplait tant que ça ? J'avais pourtant cru ... Pour une fois, Draco comprend qu'il doit arrêter de se conduire comme un foutu imbécile. Il se plante devant le Griffondor qui a un peu pâli et dit : « Non, Harry. Ça ne me déplaît pas. Calme-toi et allons chercher ton Eclair de Feu. C'est vrai que j'ai très envie de voler. Crois-tu qu'il nous portera tous les deux ? --Bien sûr, dit Harry en le prenant par la main et en courant vers le cottage Griffondor. Il a de nouveau le sourire. Ce qui lui a fait le plus plaisir, c'est que Malfoy ... que Draco l'ait appelé Harry. *°*°*°*°*°*°*°*°*° Ils volent. Pas très haut, pas trop vite. L' Eclair de Feu est un balai de course, pas un vulgaire moyen de transport. Mais il a accepté sans problème de servir de monture aux deux jeunes hommes rieurs qui l'ont sorti de sa réserve. C'est un jour idéal pour la promenade. Et c'est bien plus agréable que de jouer au Quidditch sous une pluie battante. Le sorcier brun est devant. C'est lui qui l'utilise habituellement. Et plutôt bien d'ailleurs; C'est un virtuose des figures libres, un champion du vol de compétition. L'ami qu'il a invité à voler avec lui est ce blond qui jouait autrefois dans une équipe adverse, pas toujours fairplay d'ailleurs ! Il n'est pas très lourd, heureusement ! L' Eclair n'a pas envie d'avoir ce soir des courbures de manche. L'invité se tient étroitement serré contre son ami. Il a passé ses bras autour de sa taille, sa joue est posée sur son épaule, ses yeux sont fermés et il respire le parfum de ses cheveux comme si c'était une senteur enivrante. On dirait qu'une bulle de bonheur enveloppe ces deux-là. Ils sont amoureux peut-être. Tant mieux ! Ils vont bien ensemble ! L' Eclair de feu, guidé d'une main douce, survole l'Ile à l'écart des cottages, au-dessus des bosquets de jeunes arbres, des prairies verdoyantes et des gros rochers épars. Quelques mouettes l'accompagnent, lorgnant les deux humains de leur œil rond et brillant. Le jeune homme brun installé à l'avant a l'air tellement heureux que son visage resplendit de lumière. Doucement, il guide l' Eclair de Feu jusqu'au sol. Ils se posent en douceur près d'un arbre penché qui abrite sous son feuillage une longue pierre plate, une sorte de banc naturel. Le balai tombe sur l'herbe verte, les deux cavaliers se séparent, la main du blond glissant doucement sur la taille du brun. Ils se regardent. Les yeux verts cillent un peu. « Qu'est-ce qu'il est beau ! Il n'est pas beaucoup plus grand que moi finalement. Exactement comme dans mes rêves ! Son visage a changé ... Non, c'est son expression qui a changé. Il n'a plus l'air méprisant et ses lèvres n'ont plus ce pli moqueur ! Elles sont si douces ! Comme j'aimerais les embrasser encore ! « C'est ici que je viens quand j'ai besoin de solitude pour réfléchir ou pour rêver, dit Harry en se détournant du visage trop attirant. Veux-tu t'asseoir, Draco ? « Hum ... Un peu trop familier le Potter ! Je ne lui ai pas permis d'utiliser mon prénom que je sache ! Enfin, c'est sans importance ! C'était fichtrement bon de voler, collé contre son dos ! Nos deux corps sont faits pour s'entendre. Au moins autant que quand nous étions juste esprits ! J'aimerais le caresser, poser mes lèvres sur sa peau dorée ... Ses cheveux sentent la bergamote ... » Le blond laisse son regard errer sur la chevelure ébouriffée et reprend en s'asseyant sur la pierre : « Toi ? Tu as besoin de solitude pour réfléchir ? Depuis quand un Griffondor prend-il le temps de réfléchir, Potter ? --Harry. --Quoi, Harry ? --Tout à l'heure, tu m'as appelé Harry. --D'accord, HARRY ! Tu viens toujours seul, ici ? Je croyais que tu ne pouvais pas te passer de Granger et de Weasley ! --Eux aussi aiment être seuls, enfin en couple. --Et toi, tu as quelqu'un ? demande le blond en désignant une place à côté de lui. --Seulement en rêve, murmure Harry en s'asseyant à son tour. Le silence s'installe. Au-dessus d'eux, le feuillage bruisse sous l'effet du vent léger. Tout est calme. Cela fait si longtemps qu'ils n'ont pas été, l'un comme l'autre, dans cette sorte d'état de grâce, cette sensation d'être enfin délivrés de leurs chaînes, qu'ils en savourent en commun la magie nouvelle. Voldemort n'existe plus, vaincu par l'un, renié par l'autre. La guerre, les combats, les déchirements, tout s'estompe. Les années d'avant, tout ce qui concerne leur passé d'affrontements, tout paraît soudain sans importance. Dans cette Ile guérisseuse, dans ce no man's land entre deux époques, eux aussi se sentent neufs, renouvelés de l'intérieur par les épreuves traversées. Harry accepte très simplement cet état de choses. Jusqu'à maintenant, sa vie ne lui appartenait pas. Pendant longtemps, le monde sorcier a compté sur lui pour le débarrasser du Mal qui l'étouffait peu à peu. Il n'avait fait aucun projet d'avenir tant étaient minces ses chances de s'en sortir. Maintenant, il va vraiment commencer à vivre. Et cette fois, il le fera à sa façon, il ne se laissera plus diriger par personne. Il fera ce qu'il décidera de faire. Que Scrimgeour ne compte pas sur lui pour jouer les Sauveurs à des réceptions ou à des parades ! Et d'abord, il terminera ses études à Poudlard et il choisira un métier qui lui plaira ! Pas Auror en tous cas ! Et il aura une famille et ... Stop Harry ! Ne rêve pas trop loin. Tu n'as PLUS de famille. Te marier ? Avoir des enfants ? Ça semble peu probable après ce que tu as découvert récemment sur ta sexualité. Tu préfères les garçons, Harry ! Non, en fait, tu te sens attiré par UN garçon, le beau blond qui est assis là, juste à côté de toi ! Depuis quand l'aimes-tu ? Depuis ce qui s'est passé à Sainte Mangouste ? Depuis plus longtemps peut-être ? A quoi bon de toute façon ! Lui ne t'aime pas ! Mais vous pouvez être juste amis puisque vous êtes déjà âmes sœurs. Bizarre tout de même cette situation ! Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? ... Draco aussi est plongé dans ses pensées. Ce lieu est si tranquille qu'on peut y réfléchir à son aise. Potter ... Harry a raison, c'est un endroit propice à la réflexion et à la rêverie. Qu'est-ce qu'il ressentait tout à l'heure, collé au dos de son ex ennemi, les mains croisées sur sa poitrine, le nez dans son cou ? Il était bien. Il avait envie de ... De lui parler doucement, de le protéger, de lui faire oublier ses peines, d'effacer les anciennes années de hargne, de commencer avec lui ... quelque chose ... quoi ? Une amitié ? Une simple aventure sexuelle ? Son corps avait chauffé, si proche du sien. Son sexe avait gonflé même s'il lui avait intimé l'ordre de se calmer. C'était POTTER tout de même ! Potter ... non Harry ... il allait devoir s'y faire ! D'autant que son parrain lui avait expressément demandé de faire la paix avec lui ! Et d'abord de lui dire merci ! Bon, c'est vrai qu'un Malfoy ne possède pas ce mot dans son vocabulaire courant mais il peut faire un effort. Son double sauvetage d'Azkaban mérite bien ça ! Allons-y , faisons notre devoir ! « Harry ... Je voudrais réparer un oubli. Je ne t'ai pas encore remercier pour tout ce que tu as fait pour moi. J'ai envers toi une dette de vie que je te rembourserai quand tu voudras, comme tu voudras . Si un jour tu as besoin de quoi que ce soit qu'il me soit possible de te donner, n'hésite pas à me le demander, je te l'offrirai avec gratitude, cela me soulagera d'un grand poids. --Mais tu ne me dois rien, Draco, c'est toi qui m'as sauvé la vie et en risquant la tienne en plus ! Non, sur ce plan-là, nous sommes quitte ! --Tu m'as sauvé de pire que la mort à Azkaban ! Yaxley me voulait et il me menaçait des Détraqueurs si je ne lui cédais pas. Qui sait, j'aurais peut-être accepté, par peur, par faiblesse. Je ne suis qu'un Serpentard après tout ! --Ne dénigre pas ta Maison, Draco. Ses membres n'ont pas tous suivi le mauvais chemin. N'en parlons plus ! Toi et moi, nous sommes à égalité, un point c'est tout ! Tout en parlant, pour éviter de regarder son beau blond trop longtemps, Harry a sorti sa baguette et joue avec elle. Il ponctue ses dernières paroles en faisant un geste rapide du bras et de la pointe jaillissent des dizaines de papillons multicolores. Il rit de sa trouvaille mais Draco reste grave. Il se penche et ramasse à terre une mince branche sèche. Il fait le même geste que Harry et bien sûr, il ne se passe rien. « Nous ne serons à égalité que quand je pourrai faire ça avec ma propre baguette, Harry. Et mes papillons seront plus beaux que les tiens, ajoute-t-il avec un sourire. Dis-moi, à part des fleurs et des insectes de toutes les couleurs, y a-t-il quelque chose qui te ferait plaisir, là, tout de suite ? Harry le regarde droit dans les yeux, stupéfait par l'alléchante proposition. Oh oui ! Il y a quelque chose mais osera-t-il ? Et si Draco le prenait pour un pervers, comme l'autre, là, le Mangemort ? Mais la tentation est trop forte ... Et Draco est trop irrésistible avec ses yeux gris rieurs et son sourire aguicheur ! « Heu ... Me donnerais-tu un baiser ... heu, un petit ... comme celui qu'échangent des âmes sœurs ? Comme dans mes rêves ? --Merlin merci, il a mordu à l'hameçon ! Bien joué Draco ! ... Mais bien sûr ! Tout de suite ! » Ni une, ni deux, le beau blond attire dans ses bras le brun frémissant. Une seconde d'éternité ... et il pose ses lèvres sur la bouche rouge qui l'attire depuis que l'espiègle Griffon l'a embrassé par surprise après le jugement. Il n'a pas oublié la saveur fruitée de ses lèvres et la retrouve avec délices. Le baiser s'éternise, des mains se posent sur une nuque, des bras entourent une taille, des papillons multicolores dansent ... Et puis, quelque chose change. L'éreinte se resserre, les esprits vacillent, les corps s'embrasent. Le baiser se fait profond, les bouches s'ouvrent et les langues se joignent à la fête. Quand enfin ils se séparent, à bout de souffle, ce n'est plus un regard d'âmes sœurs qu'ils échangent. Ils sont affamés l'un de l'autre et recommencent encore et encore à s'embrasser avec passion. Des mains errent dans des cheveux très doux, d'autres mains se glissent sous un tee shirt, sur un dos musclé qui se cambre sous la caresse. Sans cesser de l'embrasser, Draco allonge Harry sur le banc de pierre et s'installe au-dessus de lui. Leurs corps s'ajustent exactement, leurs joues sont rouges, leurs souffles se précipitent. Le désir prend soudain possession d'eux. Déjà la chaleur se répand dans leur ventre, leurs sexes s'éveillent. « Je vais le baiser, là, tout de suite ! --Oh Merlin ! Il va me faire l'amour ! » Mais Eros a sans doute autre chose à faire et le banc est plutôt étroit. Un mouvement trop brusque et ils tombent tous les deux à terre. Harry se cogne la tête contre le pied du banc et lâche un « Aïe ! » retentissant. Draco a roulé à trois pas et se frotte les côtes. Leur ardeur soudain retombée, ils se regardent en grimaçant un peu. « Hola ! Qu'est-ce que j'allais faire ! Ne nous précipitons pas comme ça ! Il a demandé un baiser, pas une baise sauvage et rapide ! C'est Potter, tout de même ! Il mérite mieux ! Oh ! Quel dommage ! C'était si bon ! Mais ... Mais tu dérailles, Harry ! C'est Malfoy ! Le sex symbole de Poudlard ! Qu'est-ce qu'il va penser de toi ? Tu n'y connais rien en amour, ou si peu ! Tu aurais été ridicule ! » Le blond se relève assez souplement et tend la main au brun qui se redresse en se frottant le crâne ! Il se regardent et ensemble, ils éclatent de rire ! Harry s'assoit sur le banc, plié en deux, riant et hoquetant sans pouvoir s'arrêter. Draco se tient les côtes, le souffle court. Il n'a pas ri comme ça depuis ... des siècles. Lentement ils se calment, repartant d'un éclat de rire rien qu'à se regarder. L' Eclair de Feu est à leurs pieds et, est-ce un effet de leur imagination ? il tressaute comme s'il riait aussi. « Rentrons, dit Harry. Ça va bientôt être l'heure du thé. Ne faisons pas attendre les autres. --D'accord, répond Draco. Et n'hésite pas à faire appel à moi si tu as envie d'un autre baiser. Un seul ne suffit pas à combler ma dette ! --Compte sur moi ! Mais j'aimerais autant que ce soit à tête reposée. Aïe ! J'ai une belle bosse ! Allez, monte sur le balai ! C'est à ton tour de conduire ! Je me mets derrière cette fois-ci ! » Docilement, le balai magique les ramène sur la plage. Ils y sont accueillis par des regards amusés. Hem .. Joues rouges ... Cheveux décoiffés ... Vêtements débraillés ... What else ? **°°**°°**°°**°°**°° Les elfes ont apporté différentes sortes de thé et des gâteaux. Il y en a pour tous les goûts. Severus lui-même est revenu sur la plage. La mixture qui bouillonne doucement dans son chaudron a encore besoin d'un peu de temps pour être à point. Ah oui ! La potion de beaux rêves demande de la patience ! Quoique ... Elle ne sera peut-être pas nécessaire. Son filleul a dû suivre ses recommandations et discuter avec Harry. Et même plus que discuter semble-t-il ... Ils sont assis côte à côte et ne peuvent s'empêcher de pouffer de rire chaque fois qu'ils se regardent. Tant mieux ! Dans cette Ile enchantée, les querelles anciennes ne sont plus de mise. Crivey et Fringant ont aussi l'air un peu ébouriffés. Lucinda a encore dû emmené son petit ami sur le White Wing. Ces deux-là deviennent inséparables. C'est parfait, Colin a besoin qu'on l'aime, la disparition de sa famille l'avait traumatisé. Il ne semble plus en vouloir à Draco depuis que celui-ci est allé au cottage Griffondor. Severus aimerait savoir si cette relation nouvelle entre Lucinda et Colin dérange Luna. Le Griffondor s'occupe toujours autant d'elle mais pourrait-elle être jalouse de la jeune Serpentarde ? Non, ici, dans l'Ile, la petite Fée a fait alliance avec la mer. Tiens, justement, où est-elle ? Elle est là-bas, assise sur son rocher. Mais elle paraissait bien agitée tout à l'heure. Elle est allée de couple en couple et a plusieurs fois répété : « Partir ... bientôt ... » Parlait-elle de Granger, Weasley, Abbott et Londubat qui regagnent l'Angleterre demain avec le voilier? Qui peut savoir avec l'étrange jeune fille? Elle a ensuite gagné son emplacement favori en marchant légèrement au dessus de l'eau comme d'habitude. La marée est descendante mais autour du rocher, la mer est profonde. Il est toujours entouré d'une eau bleu marine. Elle est assise et scrute l'horizon, une main au-dessus des yeux. Soudain elle se lève et pousse un cri vibrant. Elle agite les bras, elle fait des signes et autour d'elle, l'eau se met à bouillonner. Tous ont tourné leur regard vers elle. Stupéfaits, ils aperçoivent des corps qui nagent autour du rocher. Des corps étranges. Des têtes de femmes au beau visage et aux longs cheveux flottants ... Des queues de poissons qui ondulent gracieusement ... Des sirènes ! Ce sont des sirènes ! D'ailleurs, l'une d'elle se hisse sans effort sur le rocher et rejette d'un geste sa longue chevelure derrière elle. Luna s'agenouille et tend les mains vers elle. Elle les prend entre les siennes et se met à chanter. Sa voix est envoûtante. Elle n'a rien à voir avec celle des sirènes du lac de Poudlard. Sur la plage, toutes les personnes présentes s'avancent jusqu'au bord de l'eau, sans souci des petites vagues qui viennent mourir à leurs pieds. Tout le monde est fasciné par la beauté et la puissance du chant. Luna a l'air extasié. Elle sourit et son visage semble illuminé de l'intérieur. La voix lance une dernière note haute et se tait. La sirène serre les mains de Luna et plonge. Combien sont-elles à nager autour du rocher ? Cinq ? Peut-être six ? Elles ont toutes des cheveux clairs aux reflets verdâtres. Leur poitrine est nue. Leur corps se transforme à partir de la taille. Leurs écailles brillent comme de l'argent. Soudain, l'une d'elle sort de l'eau et se pose près de Luna. Elle porte sur la tête un diadème de nacre et trois colliers de perles ornent son cou. Elle a l'air majestueux. Ce doit être leur reine. Elle aussi prend les mains de Luna et elle lui parle. Le vent porte sa voix jusqu'à la plage mais personne ne comprend ce qu'elle dit. Ce langage semble pourtant familier à la petite Fée. Elle hoche plusieurs fois la tête et semble ravie. La reine s'adresse aux sirènes qui nagent autour du rocher. Elles répondent toutes par un son mélodieux. Alors, elle prend à sa taille une branche de corail d'un rose soutenu et pose l'extrémité sur le front, le cœur et les jambes de Luna puis elle replonge parmi ses sœurs. Luna se dresse toute droite et se tourne vers le rivage. Aucun des spectateurs ne parle ou ne bouge. Ils sont tous figés par l'étrangeté de la scène. Puis tout se passe très vite. Luna détache ses cheveux et secoue la tête pour défaire la natte que Pansy a faite. Elle ôte sa longue robe et apparaît, blanche et nue. Elle fait un geste d'adieu et d'un bond gracieux, elle plonge dans l'eau profonde. Ils restent tous immobiles et muets, s'attendant à la voir réapparaître. Les sirènes ont disparu en même temps qu'elle et autour du rocher, la mer est vide. Soudain, un grand cri. « Elle va mourir ! » Colin se jette à l'eau et veut s'approcher du rocher mais il est repoussé par une force invisible. Harry et Hermione essayent à leur tour mais ils ne nagent pas assez bien pour plonger sous la surface de l'eau et voir ce qui se passe. Ils tentent de lancer un sortilège d'attraction mais la mer garde sa proie. Colin s'est effondré sur le sable et pleure. C'en est trop pour lui ! Lucinda le tient dans ses bras et mêle ses larmes à celles de son ami. Personne ne sait plus que faire. Luna, leur petite Fée, ne peut pas disparaître comme ça, avalée par la mer qu'elle aime tant ! C'est alors que Lumy, la petite elfe, se jette à l'eau. Elle nage comme un poisson et s'enfonce dans les profondeurs marines. Elle reste un moment assez loin sous la surface, son pagne bleu se confondant avec la couleur de l'eau. Ils ont soudain peur qu'elle n'ait été rejoindre la jeune Serdaigle de son cottage. Mais non ! Elle réapparaît et elle a le sourire ! « Miss Luna va bien ! Elle est en train de se transformer en sirène ! Ses jambes sont soudées entre elles et elles se couvrent d'écailles. Les autres sirènes lui tournent autour et la caressent. La reine lui a donné un de ses colliers. Miss Luna a l'air si heureuse ! Lumy est si contente pour elle ! » C'est au tour de l'elfe de s'écrouler en larmes sur la plage, mais ce sont des larmes de joie. Et cette joie est partagée par tous. Pansy pleure dans les bras de Blaise. Neville serre Hannah sur son cœur. Ron tape si fort dans le dos de Harry qu'il l'envoie valser contre Draco qui du coup manque de tomber et siffle une injure. Ce qui ne l'empêche pas de serrer contre lui son beau brun hilare. Hermione soutient Millicent qui pleure aussi. Greg et Théo semblent cloués sur place. Severus n'a pas bougé. Ses yeux s'écarquillent et il murmure : « Le conte de la Petite Sirène ! ... A l'envers ! ... Ce n'est pas la sirène qui devient humaine mais au contraire, l'humaine qui se transforme en sirène ! Les légendes ont toujours un fond de vérité ! Je ne l'aurais jamais cru si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux ! C'est extraordinaire ! Je vais écrire un article et je l'enverrai à Magie et Voyance ! Voilà qui fera plaisir à Trelawney ! --Que dites-vous, professeur ? demande Lucinda qui aide Colin à se relever. --Rien. Je vous expliquerai plus tard. Calmez-vous, gronde-t-il vers les elfes qui sautent autour de Lumy et semblent prêts à la porter en triomphe. Autour du rocher, soudain, les sirènes réapparaissent. Elles sont maintenant au nombre de sept.. Luna est parmi elles, rayonnante. Elle fait signe à ses anciens camarades et leur crie de loin : « A bientôt sur la mer ! Nous nous reverrons ! Nous suivrons parfois votre navire ! Maintenant, je m'appelle Ellunaë. Au revoir ! » Elles plongent et s'éloignent. La mer est presque étale. Des petits rouleaux d'écume viennent se briser au pied des personnes assemblées. Sur le rocher ne restent qu'une robe claire et une baguette magique abandonnées. Adieu Luna ! Adieu petite Fée ! Nous ne t'oublierons jamais ! * * * * * Le lendemain, un banc de pierre sous un arbre penché. Harry est seul. Ron, Hermione, Neville et Hannah sont partis sur le voilier tout de suite après le déjeuner. Au dernier moment, Colin a décidé de les accompagner. Il espère voir Luna et les sirènes pendant le voyage. Lucinda et lui trouveront bien une excuse à donner au grand-père Christopher. Le professeur Snape a eu la bonne idée de leur fournir à tous sa fameuse potion anti mal de mer. Assis sur son banc, Harry rêve. La veille, il a passé ici un moment extraordinaire. Il aurait bien voulu inviter Draco à faire un nouveau tour sur son balai mais il n'a pas osé. Et si le beau blond croyait qu'il lui court après et qu'il va lui demander sans arrêt des baisers ? Pas qu'il n'en ait pas envie ! Au contraire ! Mais Draco pourrait croire qu'il veut abuser de la situation. Alors Harry ferme les yeux et rêve. Il rêve et d'un mouvement de sa baguette magique, il fait s'envoler des nuées de papillons. Mmmm ... Des baisers papillons ... Oui, ça lui plairait bien ... Tous les baisers lui plairaient s'ils étaient donnés par un beau blond aux yeux gris et aux lèvres sucrées ! L'après-midi décline. Déjà les ombres s'allongent. Harry soupire. Il va rentrer au cottage Griffondor et il aura Kréatur pour unique compagnon ! Hermione s'en est inquiétée avant son départ mais étrangement, Ron lui a donné un coup de coude dans les côtes et lui a fait un clin d'œil malicieux. A croire qu'il s'en fout, le Ron, de le laisser tout seul dans l'Ile ! Deux des cottages sont vides. Colin et Lucinda ne retourneront pas à celui de Serdaigle puisque Luna est partie. Et celui de Pouffsouffle a été déserté par Hannah et Neville. Il n'y a qu'au cottage Serpentard que la vie continue comme avant. Quoique ... Blaise a parlé de présenter Pansy à sa mère avant la rentrée. Eux aussi vont bientôt partir. Les autres doivent attendre la fin de leur période probatoire. Millicent doit accoucher au milieu du mois d'août. Elle quittera l'Ile un peu avant, même si elle n'a pas de nouvelles de la Justice Magique. Elle ira chez sa tante et son oncle. Dommage que les Dursley n'aient pas été aussi accueillants ! La jeunesse de Harry aurait été bien meilleure ! Mais à quoi il pense, là ! Pourquoi se souvenir de cette époque malheureuse ? Il est libre ! Et puis il y a Draco ! Ah ! Draco ! Harry soupire. Il donnerait cher pour l'avoir en ce moment à ses côtés ... Draco ... Ses mains ... Son parfum ... Son sourire ... Ses baisers ! Même son nom est agréable ! D.R.A.C.O. Draco ! De la pointe de sa baguette, Harry trace les lettres dans l'air et les papillons s'envolent. Il y en a un qui se pose sur sa joue. La main de Harry tente de le chasser mais il revient, sur son nez, sur son front, dans son cou ... Quoi ? Ce n'est pas un papillon ... C'est autre chose ... de doux ... qui chatouille ... Harry ouvre grand les yeux et découvre son beau blond penché sur lui, une tige d'herbe à la main. Il sursaute et manque de tomber du banc. Draco le rattrape au vol et s'assoit à côté de lui en riant. « Co ... Comment es-tu arrivé jusqu'ici ? bégaye le brun, éberlué de voir apparaître son beau fantasme juste au moment où il pensait à lui. --A pied, comme n'importe quel Moldu, répond Draco tout sourire. J'avais repéré le chemin hier quand je conduisais ton balai. Ce n'est pas tout près mais j'ai été guidé par un nuage de papillons. Tu devrais laisser ces pauvres bêtes tranquilles. Il n'y aura jamais assez de fleurs dans l'Ile pour satisfaire leur appétit. --Ils ne vivent qu'une heure et n'ont pas de descendance. Aucun risque de voir une armée de chenilles s'attaquer aux plantations de Grégory ! ... Tu as vraiment fait tout ce chemin ... --Pour te voir ? Oui, bien sûr ! Je t'imaginais, broyant du noir après le départ de tes camarades. Mais je m'aperçois que tu t'amuses bien. Alors je vais rentrer. Invente des abeilles pour changer, ou des libellules ! --Non ! Reste ! On ... on repartira ensemble avec l' Eclair de Feu ! Reste un peu ! Je m'ennuyais ! J'ai le moral à zéro ! C'est vrai ! Je t'assure ! Tu me manquais ! Heu ... Mes amis me manquent ! Enfin ... tu comprends ... --Oui, bon, je constate que tu as besoin de compagnie. Alors, que dirais-tu de venir dîner ce soir au cottage Serpentard ? C'est une invitation en bonne et due forme. Il y aura du pigeon aux petits pois et de la crème au caramel. Je sais que tu adores. Et après, je te raccompagnerai au cottage Griffondor pour que tu ne te perdes pas en route. --Oh ! Vraiment ? C'est trop d'honneur ! --Mais avant, là, tout de suite, j'aurais besoin d'un petit remontant. Le chemin a été long. As-tu par hasard un peu de jus de citrouille bien frais ? --Heu non, désolé ! Si j'avais pu prévoir ... --Tant pis ! Par quoi pourrait-on remplacer ? Voyons voir ... Quelque chose qui me ferait vraiment plaisir ... » Draco et ses yeux brillants ... Draco et son sourire enjôleur ... Il prend mes mains entre les siennes. Elles sont si douces, si chaudes. Il me tire vers lui. Nos corps sont si proches que son parfum m'enveloppe et m'enivre. Nos visages se touchent presque, si près l'un de l'autre que je vois mes yeux verts se refléter dans ses prunelles d'argent. Nos lèvres se frôlent ... Oh Merlin ! Il veut m'embrasser sans même que je lui aie demandé. Il dit que ça lui ferait plaisir. Sa bouche est si près de la mienne que nos souffles se mélangent. Ses mains se sont posées en coupe autour de mon visage. Il ne bouge plus, il me regarde. Ce ne sont plus seulement ses lèvres qui sourient. Le haut de ses joues, le pli de ses paupières s'étirent Tout son visage reflète une sorte de ... tendresse moqueuse. Il est beau comme un soleil. Il resplendit ... Je t'en prie Draco ! Ne me fais pas attendre plus longtemps ! S'il te plaît ... S'IL TE PLAIT ... Embrasse-moi ... OUI ! Ses lèvres se sont posées sur ma bouche, entrouverte par mon désir de lui... Il mordille un peu, comme un chat qui goûterait une souris prisonnière de ses griffes. Et enfin ... enfin, il ... C'est trop bon ... Il m'embrasse vraiment ... Et je réponds ... de tout mon cœur. Maintenant je crois ... je crois qu'on peut mourir de bonheur. Ces choses-là n'existent pas seulement dans les livres. Rien qu'un baiser et autour de nous, le monde devient brume. Il n'y a plus de passé, pas besoin d'avenir, il n'y a que le présent, magnifique, ineffable, divin. Je l'aime, je le sais, je le sens ... M'aime-t-il ? ° ° ° ° ° ° Le soir, au cottage Griffondor. Dans la chambre faiblement éclairée par quelques bougies éparses, ils sont debout, face à face, immobiles et silencieux. Après le dîner, quand ils sont arrivés au cottage Griffondor, Harry a pris sans rien dire la main du Serpentard et l'a attiré à l'intérieur. Draco a souri, l'invite était claire. Maintenant, ils se regardent et le blond hésite un peu. Harry ne fait rien, ne dit rien. Que veut-il exactement ? Draco penche un peu la tête pour capter son regard. « Ses yeux ... On dirait des diamants verts ... Ils sont trop grands, trop brillants ... Quel est leur message ? Veut-il plus que de simples baisers ? ... Si c'était n'importe qui d'autre, je serais déjà en train de le déshabiller. C'est peut-être ce qu'il attend ? « Drake, murmure Harry. Draco pose ses mains sur les épaules du Griffondor et d'un doigt, lui relève un peu le menton. --Oui ? répond-il d'une voix amusée. --C'est le nom que te donne tes amis. --Tu peux l'utiliser aussi si tu en as envie. --Drake, je voudrais ... Soudain, il ferme les yeux. Il a l'air ... inquiet ... désemparé ... Et Draco comprend tout à coup ... Il prend Harry dans ses bras et chuchote à son oreille : --C'est ta première fois ? --Avec un garçon, oui. --Tu as peur ? --Non, pas avec toi. -- ... ? --Je te fais confiance. «Que ... Quoi ? Il me fait confiance ? A moi ? Pour sa première fois ? --Je voulais que tu le saches, pour que tu ne me trouves pas trop ... nul. Enfin, si tu veux de moi ... « Et il me demande si je veux de lui ! Ce garçon est dingue ! Se rend-il seulement compte du cadeau qu'il me fait ? Il s'offre ... en toute candeur, en toute simplicité ! Il veut que je le baise ! NON ! Il veut que je lui fasse l'amour ! ... Es-tu encore capable de ça, Draco Malfoy, ex sex symbole de Poudlard ? Toi, le roi de la baise, qui prenais indifféremment les filles ou les garçons et les rejetais sitôt le désir comblé ? Les coups d'un soir, tu connais ? Et lui ? Lui que tu as embrassé et caressé en rêve ... comme le font d'angéliques âmes sœurs ... Il veut sans doute une nuit d'amour romantique ... quelque chose de doux et de tendre ... Seras-tu à la hauteur, Drake, ex Prince des Serpentards ? Sans compter que c'est dangereux ce petit jeu-là ! Tu pourrais t'attacher à lui plus qu'il ne faudrait ! Tu pourrais presque ... l'apprécier ? L'aimer ? A près tout, pourquoi pas ? Tu peux au moins essayer ... » --Harry ... murmure le beau blond dans le cou de son brun embarrassé. --Tu ne veux pas, c'est ça ... --Tais-toi, Harry, répond-il en soupirant. Il recule un peu, pose sur les lèvres du Griffondor un rapide baiser, puis il lui enlève prestement son tee shirt et commence à caresser les épaules rondes, les muscles déliés sur la poitrine, pinçant doucement au passage deux tétons qui se dressent, s'arrêtant à la taille et remontant le long du dos qui se cambre déjà. --Aucun doute là-dessus, Potter, rigole-t-il. Je te veux et je vais tout t'apprendre. » Il prend les mains de Harry et les pose sur sa propre poitrine. --A toi, glisse-t-il d'un air narquois. Le beau brun ne se fait pas prier même si ses doigts sont un peu maladroits quand il déboutonne la chemise noire. La poitrine apparaît, si blanche par contraste, et lui aussi découvre et caresse une peau satinée. Ça n'a pourtant rien à voir avec ce qu'il a fait l'après-midi quand il enseignait à Draco les rudiments de la nage. Le bout de ses doigts le brûle quand il effleure les tétons roses. Déjà son souffle s'accélère et ses joues deviennent rouges. Il se penche et pose un rapide baiser là où le cœur du blond est en train de s'emballer quelque peu. --Des initiatives ! Très bien, approuve celui-ci. Ça ressemble à un jeu mais c'est déjà beaucoup plus. C'est une sorte de rituel amoureux qui s'invente au fur et à mesure. Juste un regard. Aigu. Brûlant. Et le blond ouvre la fermeture du jean qui tombe à terre. Harry s'en débarrasse d'un coup de pied et envoie valser ses baskets, sans quitter son vis à vis des yeux. Son boxer présente déjà une belle bosse que Draco regarde en souriant d'un air gourmand. Il laisse son beau brun déboucler sa ceinture et se débarrasse prestement de son pantalon et de ses sandales. --Egalité, prononce-t-il, mais déjà sa voix devient rauque. Le désir commence à monter et il se sent tout à coup à l'étroit dans son boxer. Il entraîne Harry vers le grand lit qui trône au milieu de la chambre. Le couvre lit est rouge, tout comme les longs rideaux qui couvrent les fenêtres. Il l'enlève d'un geste vif tout en grommelant : --Ces Griffondors ! Aucun goût pour la décoration ! --Dis donc, Serpentard ! Ne critique pas ma Maison ! Et Harry tire brusquement sur le bras de Draco. Ils tombent ensemble sur le lit et se retrouvent peau contre peau, les lèvres à un rien les unes des autres. Le rien est comblé en un rien de temps et le baiser qu'ils échangent est rien moins que passionné. Ils se séparent, essoufflés, et se découvrent, détaillant leurs corps allongés sur les draps blancs. Harry est tombé sur le dos. Ses cheveux s'étalent sur l'oreiller, ses yeux verts sont rieurs et sa peau dorée contraste avec celle, beaucoup plus pâle, de Draco qui est collé à son flanc droit, appuyé sur un coude. Et sa main fine et blanche court déjà sur le buste et le ventre offerts. Puis le désir montant d'un cran, elle glisse jusqu'au boxer dont la bosse grossit sous la caresse. Harry se cambre et pour la première fois, un gémissement rauque lui échappe. Les baisers se mettent à pleuvoir sur son visage, son cou, sa poitrine tandis que la main se fait insistance. « Ça s'appelle les préliminaires, chuchote le blond en haletant un peu lui aussi. --C'est ... foutrement ... bon, parvient à dire Harry. --Attends un peu avant de parler de foutre, rigole Draco. -- ... ? montre l'air étonné de Harry. --Le foutre, c'est l'autre nom du sperme, ajoute-t-il, toujours riant. Harry devient rouge comme une tomate et cache son visage dans l'épaule du blond qui rit de plus belle. --Ce ne sont que des mots, Harry. Il ne faut pas en avoir peur. Et si nous libérions nos fournisseurs de foutre, qu'en dis-tu ? ajoute-t-il en passant la main sous l'élastique du boxer et en le tirant vers le bas. Le sexe de Harry apparaît, déjà bien excité, formant un arc d'un bel effet. Draco l'effleure du bout des doigts, la verge se gonfle et durcit, une fine goutte de sève perlant à son extrémité. Il se penche et passe doucement sa langue dessus, déclenchant en Harry un long frisson. --C'est foutrement bon, glisse-t-il en regardant son beau brun dans les yeux. Le silence s'installe, juste le temps pour chacun de sentir une bouffée de chaleur envahir son ventre.La voix de Harry se casse brusquement quand il dit : --On n'est plus à ... égalité ! Il tire à son tour sur le boxer de Draco, révélant un sexe dur, tendu, dont le gland rougit déjà. Il reste bouche bée et pâlit un peu. C'est « ça » qui va le pénétrer tout à l'heure. C'est vraiment ... impressionnant ! Il sait à peu près comment ça se passe. Autrefois ... il y a si longtemps ... avant la bataille, Seamus et Justin parlaient librement de leurs relations sexuelles. C'est maintenant que des expressions telles que « Woh ! J'ai du mal à m'assoir, ce matin ! Seamus m'a défoncé hier soir ! » ou « Prépare ton petit cul, Justin, ma libido est de sortie ! » prennent tout leur sens. Faire l'amour, ce n'est pas seulement les agréables préliminaires, c'est aussi laisser le sexe de l'autre s'enfoncer en soi et c'est certainement douloureux. Mais après la douleur, paraît-il, c'est ... c'est quoi au juste ? Les quelques expériences sexuelles de Harry du temps de Cho ou de Ginny ne lui ont pas apporté grand chose, en tous cas pas le plaisir absolu annoncé. Est-ce parce qu'il n'avait pas choisi la bonne voie, au propre comme au figuré ? Draco a vu le saisissement de Harry quand il a découvert son sexe. Il s'allonge sur lui, l'embrasse, lui mordille le cou et l'oreille. Des paroles telles que « Je serai très doux » ou « Tu ne sentiras rien d'autre que du plaisir » ne franchiront pas ses lèvres. Inutile de mentir. Mais il espère qu'après le moment de douleur, il verra sur le visage de Harry le même air extasié que sur celui de ses amants occasionnels. Il recommence à caresser et à embrasser le corps offert. Il descend sur la poitrine, sur le ventre, il trace des lignes à la fois humides et brûlantes autour du nombril puis ses lèvres se posent carrément sur le sexe dressé. Il lèche les bourses à petits coups puis sa main s'empare de la hampe chaude et commence à l'encercler, à la caresser, à la lisser. Cette fois, Harry s'embrase. Il ne pense plus à ce qui se passera ensuite, il se tord et gémit sous l'assaut d'un plaisir qu'il ne connaissait pas, une chaleur intense envahit chaque parcelle de son corps, le bien-être vide sa tête de toute pensée. Il est passé de l'autre côté. Il vibre. Il exulte, il plane, il est enfin vivant. Draco en profite pour glisser ses genoux entre ses cuisses et lui écarter les jambes. Une de ses mains continue à flatter le sexe de son partenaire tandis que l'autre s'insinue entre les fesses pleines. Harry sursaute et veut resserrer les jambes. Ce lieu est pour lui inviolé. C'est la première fois que quelqu'un le touche. Son corps se tend et il ferme les yeux. Draco se domine beaucoup mieux que lui. Il a de l'expérience et il ressent moins que Harry les effets ravageurs du plaisir. Il parle pour calmer son début d'angoisse. Des mots tout simples. Juste pour le son de sa voix. « Laisse-moi faire Harry, détends-toi. J'habitue ton corps à ma présence. Ne te crispe pas. Laisse-toi aller. Je veux juste te faire du bien. Sais-tu que ta peau est très douce? Et puis j'aime sa couleur dorée. Ouvre les yeux. Regarde-moi ... » Tout en parlant, il caresse l'orifice, puis, pour que l'accès en soit facilité, il prend les jambes de Harry sous les genoux et les remonte jusqu'à sa taille. Il commence à se balancer d'avant en arrière, imprimant le même rythme à ses caresses. Et quand il sent Harry se détendre, il glisse un doigt dans l'ouverture étroite. Cette fois, Harry crie et s'affole un peu. Draco se penche vers lui et pose des baisers sur tout son visage avant de reprendre son exploration. Un doigt, deux doigts et le brun s'habitue à la sensation étrange. Ce n'est pas encore douloureux. C'est juste ...inattendu. Accompagné des mouvements de Draco, c'est même plutôt agréable. Un troisième doigt s'insinue. C'est un moment délicat mais malgré l'impression d'être déchiré, Harry est distrait par toutes les sensations que son corps enregistre. La nouveauté de la situation, la vague de chaleur, des vibrations partout ... Et puis c'est Draco qui est penché sur lui et qui lui sourit ... Il halète, tente à son tour de sourire mais c'est un gémissement de frustration qui lui échappe quand les doigts se retirent. Allons bon ! Maintenant qu'il était habitué ! Mais à la place des doigts, c'est le sexe de Draco qu'il sent contre son orifice. Il entre en lui, un peu. Puis Harry croit qu'il va hurler de douleur quand la hampe dure le pénètre d'un coup. Sa respiration se bloque et tout à coup ... Tout à coup, il est traversé par une sensation fulgurante. Quelque chose explose au bas de son ventre et il crie, il crie mais ce n'est pas de douleur, c'est de plaisir ! Le sexe de Draco vient de frapper sa prostate, déclenchant une vague de plaisir intense. Ses yeux se voilent, Ses mains se crispent sur les draps. Il tend tout son corps vers le blond et quand il sent son sexe qui se retire, il l'appelle d'une bizarre voix rauque. « Draco ! Draco ! Drake ! Viens ! Viens ! » Le Serpentard qui avait assez bien retenu son ardeur jusque là répond aussitôt à sa demande. Il reprend son mouvement rythmé à l'intérieur du corps offert et à chaque coup de rein, il touche le point sensible, provoquant chaque fois une onde nouvelle de plaisir. Lui aussi exulte et en lui aussi, l'explosion est proche. Il savoure déjà sa récompense. Le visage de Harry resplendit de joie, ses cris de plaisir résonnent à ses oreilles comme autant de cris de victoire. Le mouvement s'accélère. Ils luisent tous les deux de sueur et leurs corps brillent faiblement sous la lumière des dernières bougies allumées. Le sexe de Harry, caressé, pressé au même rythme que le mouvement à l'intérieur de son corps, se libère d'un coup et sa semence se répand sur leurs deux ventres. Quelques coups de rein encore et c'est au tour de Draco d'exploser au creux de Harry. Il s'écroule sur lui, presque hors d'haleine, leurs deux corps comblés soudés l'un à l'autre. Le calme revient. Un blond, un brun, tous les deux repus, épuisés, heureux, reprennent pied dans la réalité et se séparent. Leurs souffles erratiques s'apaisent. Leurs bras et leurs jambes sont encore un peu emmêlés. Leurs visages sont proches. Ni l'un ni l'autre ne souhaite briser le bienfaisant silence. Une main caresse une joue. Un sourire. Deux sourires ... Une voix un peu étouffée : « Viens, je ne sais pas où est ta baguette magique pour le sort de nettoyage. On va prendre une douche. » Il tire, il pousse Harry déjà à moitié endormi vers la salle de bain. L'eau chaude le réveille un peu mais dès qu'il retrouve son lit, il s'endort comme une masse. Draco sourit, retrouve la fameuse baguette par terre sous le jean. Il s'active un peu puis s'éclipse. Le matin, chambre de Harry. Passant entre les rideaux rouges, un rai de soleil vient chatouiller le nez d'un jeune homme brun encore blotti dans les bras de Morphée. Il insiste tant et tant que le dormeur finit par ouvrir l'œil ... pour le refermer aussitôt. Ouille ! Il a l'impression d'avoir été piétiné par un troupeau d'hippogriffes ! Remuer un bras demande un effort surhumain et ... une partie bien précise de son corps est douloureuse. Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ? Il est allongé dans son lit, douillettement recouvert du drap et du couvre-lit. Sa tête repose sur un oreiller moelleux. Il est vêtu d'un confortable pyjama de coton, le rouge, celui qui a des petits vifs d'or sur le pantalon et un gros au milieu de la poitrine. Il sourit parce qu'il sait qu'il est heureux mais pourquoi ? Soudain, la folle soirée d'hier lui saute à la mémoire. Il a fait l'amour avec ... avec Draco Malfoy, son âme sœur et bien plus maintenant. Dit-on son corps frère ? Heu, Harry, ça s'appelle un amant ! C'est ça ! Draco Malfoy, le plus beau et le plus blond des Serpentards, est devenu hier soir son amant. C'est merveilleux ! C'est magnifique ! Mais où est-il ? Paupières closes, Harry tâte le lit à côté de lui mais la place est vide. De déception, le beau brun encore plus ébouriffé que d'habitude s'assoit brusquement dans son lit « Ouille ! » et se décide à ouvrir les yeux. Rien ! Personne ! Pas un bruit ! Même pas l'eau qui coule à la salle de bain ! Des poussières dorées dansent dans le rayon de soleil mais c'est le seul mouvement qui anime la pièce. Harry retombe sur son oreiller, tout sourire évanoui. Draco n'est pas resté dormir avec lui ! Draco l'a laissé ! Peut-être qu'il l'a déçu ! Oh Merlin ! Non, pas ça ! C'était tellement bon ! N'empêche qu'il s'est endormi aussitôt après ! Il n'a pas assuré, c'est sûr ! Le beau Serpentard n'a sans doute pas apprécié qu'il plonge aussi vite dans le sommeil ! C'est tout juste s'il se souvient d'avoir pris une douche ! Mais alors qui lui a mis ce pyjama ? Par Godric Griffondor lui-même ! Le pire de tous ! Un cadeau des jumeaux ! Qu'il avait caché tout au fond de son armoire ! Et qui l'a couché et bordé comme un enfant ? Qui a rangé la chambre et posé des vêtements propres bien en ordre sur sa chaise ? Le regard de Harry tombe alors sur le deuxième oreiller, bien droit, bien bombé, comme si personne n'avait hier roulé ses blonds cheveux dessus; Et là, il voit sa baguette magique posée bien à plat sur un parchemin plié en deux. Il le saisit précipitamment et l'ouvre. Tracés d'une écriture penchée et régulière ... pas comme ses pattes de mouche ! ... les mots lui sautent aux yeux : « Tu es mignon quand tu dors ! » - - A suivre. |