Ames sœurs. Auteur : haniPyanfar. A Madame J.K.Rowling, merci pour tout et à Harry et Draco, merci d'exister dans notre imaginaire. °*°*°*°*°*°*°*°*°*°* Rappel : Il fait grand jour. Une chambre d'hôtel bien ordinaire. Un seul corps dans un lit. Deux yeux gris qui papillonnent un peu. Une seule baguette sur la table de chevet. Un carré de papier plié. Un message. « Rendez-vous le 31 août, dans le Magicobus pour Poudlard. H.P. » Chapitre 15 Gare de King's cross, 8 heures 50. Le nouveau Magicobus stationne devant la gare, un peu à l'écart des autres bus londoniens. Il a fière allure. Pour faire couleur locale moldue, il a été magiquement décoré de dessins psychédéliques très colorés. On le dirait sorti tout droit des années 70. Ernie Danlmur est au volant. Stan Rocade tient en main son distributeur de billets. Vingt mornilles pour le trajet jusqu'à Poudlard, ce n'est pas cher. Les élèves de septième année arrivent les uns après les autres, traînant leurs malles derrière eux. Plusieurs transportent aussi leur animal de compagnie, essentiellement des hiboux. Le Ebony de Harry fait sensation. Millicent a un pigeon voyageur. Le mari de sa tante Cracmol en fait l'élevage. Elle aura ainsi des nouvelles rapides et fréquentes de son fils. Hermione a récupéré chez les Weasley Pattenrond, son chat orange, et le ramène à Poudlard malgré les protestations de Ron qui se prétend allergique. Trévor, le crapaud de Neville, lui, est absent, il est retourné à la vie sauvage. Le jeune homme a offert à Hannah, sa fiancée officielle, un superbe lézard gecko aux écailles bleues scintillantes, une nouvelle espèce magique très recherchée. Ce ne sont qu'embrassades et cris de bienvenue. Tous sont contents de se retrouver, enfin tranquilles, pour une dernière année qui promet d'être agréable. Ils se sont habillés en Moldus avec plus ou moins de bonheur. Susan Bones porte des vêtements d'été, jupe très courte à fleurs, top rose noué sous la poitrine et tongs fluos. Elle a passé l'été chez Lavande qui arbore la panoplie complète de la parfaite gothique. Ernie MacMillan ressemble à un jeune bureaucrate BCBG et Dean Thomas à un joueur de cricket. Il avoue d'ailleurs avoir découvert ce jeu moldu typiquement anglais pendant les vacances et le trouver presque aussi intéressant que le Quidditch. Sous les huées de ses camarades naturellement. Blaise et Pansy ressemblent aux gravures de mode des journaux people ... Et Draco n'est pas là. « Il va venir, dit Greg en voyant l'air anxieux de Harry. Il a dit qu'il viendrait. Il viendra. » Mais Harry n'en est pas si sûr. Il n'a pas de nouvelles de son beau blond depuis le jour du procès. Fidèle à sa promesse, il n'a pas cherché à le voir. Il lui a « lâché la grappe ». Il n'a même pas envoyé de message par Ebony. Il est resté chez les Weasley, à se morfondre ... enfin juste un peu. De toute façon, Draco n'a pas écrit non plus. Il est 9 heures. Il manque encore quelques élèves de septième année. Peut-être le Magicobus les prendra-t-il en route. Par contre la vieille Madame Dumarais est montée au dernier moment avec son chapeau à fleurs, sa canne et son grand cabas violet. « Au pub des Lucioles, comme d'habitude ? » a demandé Ernie avant de démarrer en douceur. Au sortir de Londres, le Magicobus prend de la vitesse. Heureusement, les fauteuils et les canapés sont confortables et bien accrochés au plancher. La campagne défile et c'est le premier arrêt pour embarquer les jumelles Patil. Elles attendent devant un château aux multiples tourelles et aux dômes brillamment colorés, un vrai palais des mille et une nuits. Leur père porte des habits de satin et leur mère un splendide sari de soie. Ils paraissent émus et multiplient les « au revoir ». Les deux sœurs aussi sont en vêtements traditionnels indiens mais dès que le Magicobus s'est éloigné de leur demeure, elles se jettent mutuellement un sortilège et apparaissent vêtues d'un jean et d'un tee shirt. « Ah les parents ! soupire Padma. Depuis la fin de la guerre, ils ne nous lâchent pas. --Ils ne voulaient pas qu'on retourne à Poudlard. --Mais qu'est-ce qu'on s'ennuie dans cette grande bâtisse ! --Passer des heures à choisir des bijoux ou des saris de cérémonie ! --A boire du thé avec la famille ! --A lire des poèmes envoyés par nos prétendants ou à écouter du sitar et des tablas ! --Les vacances n'en finissaient pas ! --Contentes de vous revoir, les amis ! » s'exclament-elles en chœur. Un arrêt plus loin, Madame Dumarais descend en faisant un joyeux signe de la main aux autres voyageurs. Théo, en polo et pantalon noirs très sexy, a entamé une partie d'échecs version sorcier avec Ron sous le regard attentif d'Hermione et rêveur de Harry. Le jeune Serpentard voit bien que le beau brun est préoccupé. Lui non plus n'a pas revu son ami depuis la petite fête après le jugement. En fait, personne ne sait où Draco a bien pu aller et ce qu'il a pu faire ces temps derniers. . Un nouvel arrêt, devant une petite maison de campagne et là, c'est une jeune femme qui monte dans le Magicobus. Elle tient par la main un garçon d'environ huit ans. Personne ne la connaît et elle semble apeurée en découvrant les nombreux autres voyageurs. Après un salut rapide, elle s'installe sur un canapé. Le jeune garçon pose sa tête sur ses genoux et s'endort presque aussitôt. Il est pâle et semble en mauvaise santé. Vont-ils consulter un médicomage ? Ernie tire sur son levier de vitesses et le Magicobus reprend la route sans aucune secousse. Il est vraiment beaucoup plus performant que l'ancien. Et cette fois, au nouvel arrêt, c'est Terry Boot qui apparaît, le bras et la cheville gauches entourés de gros bandages. Il n'a pas eu la moindre blessure le jour de la bataille et il trouve le moyen de s'amocher pendant les vacances ! « Chute de balai hier soir, annonce-t-il en rigolant. Pas la peine d'aller à Sainte Mangouste ! Madame Pomfresh me remettra tout ça en place en un rien de temps ! » Cette fois, Harry panique un peu. Il ne viendra pas. Il est parti je ne sais où. Il ne m'aime pas, cette fois c'est sûr. Quel crétin, non mais quel crétin ce Draco ! Il me demande de le lâcher, je le lâche et il disparaît ! Comme ça ! Sans même m'avertir ! Si tu m'as fait un coup pareil, Serpentard de mes deux, tu t'en repentiras, je te le jure ! Ah ! Une lumière clignote sur le tableau de bord d' Ernie. Dernier arrêt sans doute ! On est tous là sauf Draco. Dernière chance ? Le Magicobus s'arrête devant une grille monumentale. Au bout d'une allée sablée apparaît un élégant petit château au toit d'ardoise et aux grandes baies vitrées. La porte est ouverte et sur le perron se tiennent trois personnes et deux elfes de maison. « C'est le château Malfoy ? questionne la jeune femme en réveillant le garçon endormi. Harry n'en revient pas. Le Magicobus s'est arrêté devant l'ex demeure de Draco et descendant rapidement l'allée, Bill et Fleur Weasley arrivent vers eux, accompagné d'un beau blond aux yeux rieurs. Les deux premiers montent dans le bus. « Salut la compagnie ! s'exclame le grand roux au visage marqué par les griffes de Greyback. --Bonjour, Madame Fairwater, dit Fleur d'une voix douce. Et bonjour Wilfrid, ajoute-t-elle en tendant la main vers le jeune garçon. Bienvenue dans l'école Malfoy. C'est la surprise générale. Même Ron et Hermione n'étaient pas au courant. Tous savent qu'à la fin du procès, Draco a demandé à ce que son château devienne une maison de soins pour blessés de guerre. Contents de couper l'herbe sous le pied de Madame Ombrage qu'ils détestent cordialement, quatre des Jurés ont applaudi à cette généreuse proposition et elle a été adoptée. Mais personne n'imaginait que Malfoy souhaitait fonder un refuge pour les enfants mordus par Greyback ou par un autre loup-garou pendant la guerre. Et il y a eu de nombreuses jeunes victimes. Certaines en sont mortes. Les rescapés doivent chaque mois être isolés pendant leur transformation douloureuse. Pour leur famille, c'est une lourde charge, surtout si le jeune blessé a des frères ou des sœurs qu'il faut protéger les nuits de pleine lune. Certains enfants sont orphelins. La guerre a fait tant de morts parmi la population sorcière civile ! Pire ! D'autres sont moldus et la plupart sont rejetés par leurs parents qui ne savent pas de quoi ils souffrent. Cela fait un moment que Bill et Fleur essayent d'aider les familles concernées. Mais ils se heurtent aux réticences des autorités et surtout des gens. Le mot « loup-garou » fait peur. Alors, ils ont accueilli la proposition faite discrètement par Draco avec enthousiasme. Le jeune Serpentard s'était souvenu de la lettre d'Hermione adressée à Harry dans l'île et qu'il avait rapidement parcourue des yeux. Et aussi de la scène coléreuse qu'il avait faite le soir au Griffondor. Il lui avait sorti à cette occasion quelques horreurs dont une allusion injurieuse au jeune couple Weasley. Il ne voulait pas se racheter, certes non ! Cette pensée n'est pas Malfoyenne. Mais l'idée du refuge lui avait plu. Oui, c'était ça ! Exactement ! Il avait discrètement contacté Arthur Weasley au Ministère, les démarches avaient été rapides et maintenant, à côté du bus, accompagné des deux elfes qui traînent chacun une malle, Draco attend en souriant la réaction des autres ... non, de Harry ... à sa trouvaille. Bill et Fleur descendent du Magicobus, accompagnés de la jeune femme et de l'enfant. Le beau blond monte en prenant un air modeste qui ne trompe personne. Il y a un bref silence puis les applaudissements éclatent de toutes parts. Même ceux qui n'appréciaient pas au départ le retour des ex Mangemorts à Poudlard revoient leur position. Ce Malfoy les étonnera toujours ! Merlin ! En plus, il est toujours aussi beau ! Aussi prétentieux aussi ! DEUX elfes pour porter ses malles ! Il ne manque pas d'air, l'ancien Prince des Serpentards ! Il n'a pas changé ! Quel poseur ! Mais pourquoi regarde-t-il avec insistance du côté de Potter ? Ils ne vont pas se battre et s'injurier comme autrefois tout de même ? Ah non ! Ils se sourient. Malfoy s'assoit à côté de Harry. Ils ont tous les deux les yeux qui brillent ... Et attendez ... C'est quoi cette nouveauté ? Ils ont aussi la même boucle d'oreille ! Qu'est-ce que ça veut dire ? ... Les élèves qui n'étaient pas dans l'île font des découvertes surprenantes. Celles et ceux qui sont au courant rigolent en douce. Il va y avoir du changement, cette année à Poudlard ! - _ - _ - _ - _ - _ Flash-back. Le lendemain du jugement, à l'hôtel. Draco ouvre les yeux dans une modeste chambre ... Seul ... Son beau brun s'est évaporé. Il a dû dormir un moment dans le deuxième lit car les draps sont froissés et l'oreiller conserve le creux de sa tête. Et puis il est parti. Sa baguette et ses vêtements ont disparu ainsi que ses achats de la veille dans les magasins moldus. Enfin, il n'y en avait pas beaucoup par rapport à l'amoncellement de ceux de Draco. Le beau blond se redresse d'un coup. Brusquement, il sent au creux de sa poitrine un grand vide. Harry l'a quitté. Sans un au revoir. Sans atermoiement, sans attendrissement superflus. Il lui a juste donné rendez-vous dans le Magicobus pour Poudlard mais sans insister, le laissant libre de venir ... ou pas. Il l'a « lâché », exactement comme il le lui a demandé la veille. Envolé le compagnon souriant, affectueux, un peu trop protecteur mais si agréable ! Disparu le presque frère, l'ami, l'amant qui l'a comblé de baisers et de caresses ! Son âme sœur a mis les voiles, elle est partie discrètement, sans laisser d'adresse. Et Draco ressent tout à coup un manque si intense qu'il en a le souffle coupé. Son cœur se serre si fort que toute sa poitrine le brûle. Il suffoque presque. Harry ! Sombre crétin de Griffondor ! Toujours à prendre des décisions extrêmes ! Tu ne pouvais pas attendre un peu avant de m'abandonner, tout seul, en territoire moldu ? Ça t'aurait bouffé le foie de rester à mes côtés jusqu'à mon réveil ? J'ai tant besoin de ta chaleur, de ton sourire, de tes yeux si verts, si lumineux, si ... Hola ! Tu périclites, Draco Malfoy ! Les yeux lumineux de Potter ! Tu sombres dans le pathos ! Tu te pouffsoufflises ! ... Heu ... non en fait ! Les yeux de Harry étaient vraiment lumineux, hier, quand il te disait ... Quoi ? Qu'est-ce qu'il voulait, ce lâcheur, ce traître, ce ... Cet amant merveilleux, qui te demandait, qui te suppliait presque de lui dire ... Juste trois petits mots ... Si peu de chose ! Et toi, soi-disant, tu ne pouvais pas ... Pas sur commande ... Serment imprescriptible ... Et gnagnagna ! ... Mais ces mots-là, tu les avais pourtant au bord des lèvres ! Pire ! Tu les pensais vraiment ! Tu les ressentais au plus profond de toi ! C'était une vérité à la fois si simple et si profonde ! Trois mots ! Et tu n'as pas été capable de les prononcer ! Bien sûr que tu l'aimes, sombre crétin de Serpentard ! Tu l'aimes comme un fou ! Il fait intimement partie de toi ! Ensemble, lui et toi, vous êtes une « entité », une « uniquité ». Vous vous regardez, vous parlez, vous riez, vous vous opposez, vous vous réconciliez, vous communiquez, vous vous éloignez, mais tout vous ramène l'un à l'autre parce que c'est comme ça et que même si vous le vouliez, vous ne pourriez rien y changer. Merlin tout puissant ! VOUS VOUS AIMEZ ! POINT BARRE ! Draco retombe sur le lit, estomaqué par sa découverte, ou plutôt par la formulation précise de sa découverte. « Moi, fils de Lucius Malfoy et de Narcissa Black, filleul de Severus Snape, Prince des Serpentards, moi, Draco Malfoy, j'aime Harry Potter. C'est dit.» Oui, enfin, c'est dit comme ça, en solitaire, au petit matin, dans une chambre quelconque ! Maintenant, tu dois lui dire la même chose. En face. Les yeux dans les yeux. Et ça ne va pas être aussi simple que ça, mon bon Serpentard ! Il n'avait pas l'air commode, hier, le Griffon, quand il t'a renvoyé ta phrase, aussi dru et aussi sec qu'un cognard en chasse. « Compris ! On baise et pour le reste, je te lâche ! » Il va falloir les effacer, tes foutus paroles ! Et le mériter, ton prochain instant de grâce, celui où tu pourras lui dire sans rougir, avec sincérité : « Harry, je t'aime ». Ça devrait couler comme l'eau d'une source. Ce sera peut-être aussi dur que hisser un rocher en haut d'une montagne. Ou alors, ça pourrait être aussi élémentaire que sourire pour ton Griffondor. Hé oui ! Tu as laissé passer ta chance, hier ! Tu vas devoir te décarcasser un peu, maintenant, beau blond ! D'abord, là, maintenant, ton beau brun est loin. Sans doute au Terrier, chez les Weasley. Pas question de te pointer chez les miséreux ... chez les amis de Harry ... pour lui faire une déclaration en bonne et due forme. Et puis, ça manquerait de panache ! Tu aurais l'impression de lui courir après ... et cette impression serait justifiée ... Non ! Ta reddition se doit d'être grandiose. Tu dois faire pour Harry quelque chose d'exceptionnel, d'unique ! Oui mais quoi ? ... ... Hé bien, j'attends ! Creuse-toi un peu la cervelle, pur égoïste que tu es ! Tu n'as jamais pensé qu'à toi ! Il est temps de penser aux autres ! ... A un autre, si beau, si doux, si souriant ... ASSEZ MALFOY ! Tu as jusqu'à ce soir pour trouver quelque chose qui soit digne de lui, le Survivant, et digne de toute la lignée des Malfoy ! Je compte sur toi ! Au vu de l'air radieux de son Griffon préféré, il a bien trouvé. ° + ° + ° + ° + ° + Draco a passé les quelques jours qui le séparaient du retour à Poudlard à l'hôtel, dans le souvenir des derniers instants de bonheur passés avec Harry. D'accord, c'était « fleur bleue et eau de rose » mais c'était bon. Et puis, il ne savait pas où d'autre aller. Il a vécu là comme un Moldu, mais en gardant tout de même sa baguette à portée de main. Il aurait pu rencontrer des fâcheux, mais non. Il a été mangé dans des petits restaurants moldus, jamais deux fois le même, et foin du MacDo ! Il a voyagé à la moldu, pas dans le métro, non, mais dans les bus rouges à impériale. Il a visité plusieurs quartiers de Londres en se repérant sur des plans. Il a même réussi à retrouver la cabine téléphonique du Ministère et le Chaudron Baveur. Il a aussi fait des achats sur le Chemin de Traverse. Il a essuyé quelques regards malveillants mais rien de bien méchant. Les sorciers savent peut-être maintenant qu'il a réellement sauvé leur Sauveur. Son compte à Gringotts s'est encore enrichi de quelques centaines de gallions. Les lycoperdons se vendent bien. Les entrevues avec Monsieur Weasley, Bill et Fleur se sont déroulées à l'abri des regards, dans la brasserie moldue en face du Chaudron. N'empêche que les amis de Harry ont été soufflés quand il leur a proposé le château Malfoy pour fonder le refuge. Et tout a été très vite. ! C'était pour la bonne cause ! Et puis Guilbert Nigellus, mis dans la confidence, a été d'un grand secours. Serpentard un jour, Serpentard toujours ! Wilfrid Fairwater est le premier jeune loup-garou admis à l'école. Il a été mordu six mois auparavant par Greyback lui-même. Sa mère l'élève seule. Son mari l'a quittée quand il a découvert l'état de son fils. Il accuse son épouse de ne pas avoir assez surveillé l'enfant et d'être responsable de sa morsure. C'est un lâche mais heureusement la jeune femme est courageuse pour deux. Et du courage, il lui en a fallu ! Autant le garçon est habituellement doux et gentil, autant il est sauvage les nuits de pleine lune. Elle a été obligée d'emménager dans une maison isolée pourvue d'une cave solide. Le pauvre petit y passe deux jours et une terrible nuit chaque mois. Il en sort dans un triste état ! Maintenant, ses crises l'épuisent et s'il n'est pas rapidement pris en charge, il va mourir. Slug a promis de préparer rapidement de la potion Tue-loup mais Draco a aussi envoyé une lettre au professeur Snape. La préparation pourrait-elle être améliorée par des lycoperdons ? Severus va faire des recherches. Peut-être que la poudre verte, souveraine pour les maladies nerveuses, pourrait être intéressante dans ce cas. En attendant, un souterrain du château a été aménagé pour la prochaine crise du jeune loup-garou. Même si la potion Tue-loup est prête, elle ne sera peut-être pas complètement efficace. Bill a prévenu d'autres parents de jeunes enfants mordus. L'école ne va pas tarder à accueillir de nouveaux pensionnaires. ** 0 ** 0 ** 0 ** 0 ** 0 Arrivée à Poudlard. Ce n'est pas pour se vanter mais Draco est assez fier de son séjour en solitaire chez les Moldus. Il en a fait des découvertes ! Malins, les non sorciers ! Ils n'ont aucun pouvoir magique mais ils compensent par une imagination sans bornes. Les appareils ménagers en particulier fascinent le jeune sorcier. Et aussi la télévision. Finalement, l'électricité a quelque chose de magique ! Il en discutera avec Harry dès qu'ils seront arrivés à Poudlard. Il se traîne, ce Magicobus ! Le soir tombe quand enfin, les tours du château se profilent à l'horizon. Le portail est ouvert et une flopée d'elfes de maison, avec Kréatur et Winky à leur tête, accueillent les voyageurs et s'occupent aussitôt des bagages. La Directrice est debout dans le grand Hall. En la voyant bien droite dans sa robe noire de sorcière, plusieurs arrivants sont envahis par une bouffée de souvenirs. C'était ainsi que se tenait Minerva la guerrière le jour de la bataille, si farouche, si déterminée que les Mangemorts n'avaient pas réussi à investir Poudlard. Ils avaient assailli le château comme de noirs démons mais à chaque assaut, ils avaient été repoussés. Par de vieux professeurs, de jeunes élèves et des elfes armés de casseroles ! Minerva avait été l'âme de cette bataille, celle qui insufflait de la force dans les cœurs. Et maintenant, même si le regard reste ferme, des rides de fatigue et de vieillesse strient finement le visage sévère. « Bienvenue, dit-elle avec chaleur. Poudlard est heureux de vous revoir. Les sourires fleurissent sur tous les visages, les têtes s'inclinent pour un respectueux salut. --Les elfes vont vous conduire à vos appartements. Une aile du château a été rénovée spécialement pour vous. Vous disposerez chacun et chacune d'une chambre particulière. Vu votre âge, certains d'entre vous sont peut-être déjà en couples. Le conseil d'école s'est montré tolérant. Dans ce cas, vous pourrez vous installer dans des pièces communicantes. La nouvelle est accueillie avec une grande satisfaction par Pansy et Blaise ... et quelques autres. Depuis la fin de la guerre, les gens ont hâte d'être heureux. Il n'y a jamais eu autant de mariages que pendant les dernières vacances. La Directrice sourit brièvement et poursuit son discours. --Vous disposerez aussi d'une salle commune et elle servira pour les quatre Maisons réunies. Je compte sur vous pour que la bonne entente y règne. La réussite de vos études en dépend. Elle jette un bref regard à deux élèves en particulier et elle a le temps de remarquer le petit bijou qui brille à leur oreille. Ainsi, dans sa dernière lettre, Severus disait vrai. Il y a quelque chose entre les deux ex ennemis et c'est une bonne nouvelle. Le début de l'année sera sans doute difficile pour les anciens Mangemorts. Au moins, Serpentards et Griffondors ne s'affronteront pas. Enfin, sauf pour une raison bien précise ! --En ce qui concerne le Quidditch, ajoute-t-elle, j'ai le regret de vous annoncer que vous ne pourrez être joueurs dans les équipes de l'école cette année, vous êtes trop âgés. Mais si certains d'entre vous sont intéressés par le poste d'entraîneur, les places sont libres. Hm ! Les deux ex ennemis viennent de se jeter un coup d'œil rapide. Bonne idée qu'a eu là Madame Bibine ! Si Malfoy et Potter veulent en découdre, au moins que cela serve à quelque chose. ! Il va y avoir du sport dans tous les sens du terme. Ah ! Le Quidditch ! Quel invention épatante ! --Enfin, reprend-elle après une courte pause, j'ai nommé Monsieur Zabini et Mademoiselle Granger préfets en chefs mais pour les élèves plus jeunes, vous aurez tous rang de préfet. J'en ferai l'annonce demain au repas de bienvenue. Je vous laisse vous installer. Nous nous retrouverons dans une demi-heure, au dîner. A tout à l'heure ! » Elle s'éloigne vers son bureau, bien droite malgré le poids des années, et les arrivants suivent les elfes. Déjà les conversations vont bon train. Ron discute avec Hermione à propos de ces chambres communicantes. La jeune fille a l'air d'accord. Hannah par contre est rougissante. Des chambres voisines, oui sans doute. Communicantes, on verra plus tard, dit-elle à Neville. . Draco regarde Harry mais Harry regarde ailleurs. Le Griffondor est tout de même très content de voir que les chambres ont été attribuées à peu près par ordre alphabétique. Les jumelles Patil sont dans le couloir réservé aux filles et Théodore Nott a demandé à s'installer dans la chambre voisine de celle Grégory. Une vague histoire de cours de botanique ! Une lubie quoi ! Du coup, les portes aux noms de Malfoy et de Potter se retrouvent l'une à côté de l'autre. Et ça arrange bien les affaires du Serpentard et du Griffondor ! Ils seront séparés par un mur mais côte à côte quand même. Ouf ! ... Hé ! Attends un peu ! Théo avait un petit air malicieux en faisant sa demande ! Se pourrait-il qu'il ... l'ait fait exprès ? Harry se pose des questions tout à coup. La voix de Draco murmure soudain à son oreille : « On inaugure ma chambre ensemble ce soir ? lui souffle-t-il. J'ai du Whisky Purfeu en réserve. --D'accord ! J'apporte les biscuits salés et les cacahuètes. » Ils se sourient avec les lèvres et aussi avec les yeux avant d'entrer chacun dans leur chambre. Draco commence à aménager son domaine à son goût. C'est aussi à cela que servent ses deux malles. J'aurai bien une occasion de les lui dire, ses foutus trois petits mots ! pense-t-il. Pas si facile ! 1 ° 1 ° 1 ° 1 ° 1 ° 1 Le couloir est sombre. Une porte s'ouvre, une tête vérifie rapidement si la voie est libre et une ombre glisse jusqu'à la chambre voisine. Un mot de passe murmuré, une autre porte qui s'ouvre et se referme rapidement. Harry s'arrête, stupéfait par le décor qu'il a sous les yeux. La chambre de Draco doit ressembler à celle qui était la sienne au château Malfoy. Une tapisserie ancienne orne un mur. Les rideaux du baldaquin sont verts et argent. Le couvre-lit et les oreillers sont en satin mat de couleur grège. Plusieurs chandeliers aux bougies allumées éclairent la chambre d'une lumière dorée. Un bon feu ronfle dans la cheminée. Merci Winky ! Le whisky et les verres sont préparés sur une table basse, posée sur un tapis de laine vierge. L'ambiance est intime, à la fois raffinée et confortable. Le beau blond affiche un air content de lui. « Bienvenue chez moi, Harry, dit-il en penchant un peu la tête de côté. Il sourit et ses yeux sont légèrement moqueurs. Il est tout fier de sa surprise. Il est adorable et il le sait ! Harry, lui, panique un peu. Sa chambre, où il a prévu d'inviter Draco le lendemain soir, est toute simple. Il n'a pas pensé à la décorer en utilisant la magie. En fait, il possède très peu de choses. Et puis la décoration, ce n'est pas son truc. Il a toujours vécu très simplement, pauvrement même. Bon, Malfoy sera toujours Malfoy, prêt à épater la galerie. Harry sourit à son tour, ses yeux font le tour de la pièce et il siffle en prenant l'air admiratif qu'on attend de lui. «Pfiou ! J'ai transplané sans le savoir chez le Prince des Serpentards ! Excusez-moi, Monseigneur ! Je me suis trompé de porte ! Poudlard ne peut abriter une telle merveille ! Je me retire, je ne voudrais pas déranger votre Grandeur ! Le jeune homme brun s'incline et fait mine de partir. Mais il est aussitôt arrêté par deux bras qui l'entourent étroitement. « Idiot ! Ça te plaît ? J'ai tout arrangé pour toi ! --Oh ! Ça c'est gentil ! dit Harry d'une voix un peu tremblante. Il a si peu l'habitude que quelqu'un se donne de la peine pour lui qu'il est tout ému. Draco l'entraîne déjà vers la cheminée et le fait asseoir par terre sur le tapis qui se révèle moelleux. --Et ce n'est que le début, ajoute-t-il en posant ses lèvres sur le cou de Harry. Il a décidé qu'il dirait « les trois petits mots » tout à l'heure, après l'amour, mais la soirée commence bien. La peau de son beau Griffon est douce, dorée, un peu sucrée. Elle est tendre à savourer. C'est vrai qu'il a eu la tentation de la mordre l'autre fois, mais c'était juste parce que chez Harry, tout lui plaît. Le beau brun a le goût et le délicieux parfum d'une friandise irrésistible. Une gorgée de whisky et de nombreux baisers, des vêtements qui disparaissent un à un, dévoilant de plus en plus de peau nue, des soupirs, des mains qui voyagent, il n'en faut pas plus pour que la chambre se transforme en nid d'amour passionné. Une pensée furtive. J'ai bien pensé au Silencio, j'espère ? Et puis plus rien n'a d'importance. Deux corps s'invitent mutuellement à la fête. Depuis un moment, ils sont littéralement en manque l'un de l'autre. Maintenant, ils se retrouvent enfin. Ils se caressent, s'embrassent, se redécouvrent. Ses tétons ressemblent à deux framboises ! Mmmm ! Savoureux ! Ils ronronnent, gémissent et se tordent. Son nombril est comme une île au milieu d'une prairie dorée ! Ils s'appellent d'une voix qui devient soit aiguë, soit rauque. Leurs lèvres tracent des chemins aventureux. Leurs bras, leurs jambes s'emmêlent. Leurs cheveux collent à la peau de leur visage. La sueur fait briller leurs épaules, leurs cuisses, leurs dos. Le feu leur donne des reflets tantôt roses, tantôt argentés. Ils sont magnifiques. Un premier cri. Douleur désirée. Puis d'autres, forts, vibrants, simultanés. Ivresse partagée. Deux en un, l'un dans l'autre, hachés, rythmés, saccadés. Le temps qui s'enfle, qui saute, qui explose. Deux souffles mélangés. Deux échos triomphants qui se répondent ... Deux corps échoués, dérivant sur un tapis enchanté. Deux amants épuisés. Beaucoup plus tard, très tôt. Harry s'éveille dans un lit agréable. Il ne se souvient pas du moment où il a atterri ici mais il est drôlement bien. Un doigt caresse son oreille, là où brille un petit anneau. Mais au moment où il va ouvrir les yeux, le doigt vagabond se pose sur l'une de ses paupières et une voix chuchote à son oreille : « Non, garde encore les yeux fermés, j'ai quelque chose à te dire. Tu as intérêt à bien écouter parce que je ne le dirai pas deux fois. Peut-être même que tu croiras avoir rêvé mais ce sera vrai. Harry Potter, je ... « Il va le dire ! » -- ... je te trouve très attirant. Tu es un amant exceptionnel et je n'en voudrais plus d'autres. Acceptes-tu de te garder pour moi comme je me garderai pour toi ? --Oh ! C'est trop beau ! ... Avec joie ! D'ailleurs, je t'invite pour le prochain soir. Ma chambre n'est pas aussi jolie que la tienne mais le Griffondor qui t'attendra dedans comblera tous tes désirs. Qu'en dis-tu ? --Tous mes désirs ? Wouah ! C'est une promesse? --C'en est une. Je peux ouvrir les yeux ? --Non, je n'ai pas fini. Tu sais que cette année va être difficile pour les Serpentards. Nous allons être attaqués et nous devrons nous défendre avec nos propres armes. « Il tourne autour du pot, là !» --Quoi qu'il puisse se passer, ne doute jamais de mon ... intérêt pour toi ... Harry, je ... « Ça y est ! » -- ... je t'apprécie de plus en plus. Seras-tu de mon côté quels que soient les adversaires ? --Raté ! ... Bien entendu ! Je proclamerai haut et fort que les Serpentards et les Griffondors ne sont plus ennemis. J'ajouterai même que nous sommes amis si c'est ce que tu désires. Ça te va ? Je peux ouvrir les yeux ? Ton visage me manque déjà ! --Non ! Je n'ai pas fini. J'ai encore quelque chose à ajouter. Merlin ! C'est plus difficile que je ne le pensais ! Harry, je ... « Oui ! OUI ! » -- ... je tiens beaucoup à toi. Je t'offre une place dans ma vie, la meilleure place si tu la veux. Parce que je ... « Dis-le ! Dis-le, Draco ! Ce n'est pas si compliqué ! Je t'en prie ! Dis-le ! Ha-rry-Je-t'ai-me ! » -- ... je suis dingue de toi ! Voilà ! Tes yeux me rendent cinglé ! Tes lèvres m'affolent ! Tes mains me mettent en transes ! Tu es mon envie, mon besoin, ma drogue ! Je ne peux plus me passer de toi ! Tu es devenu mon seul horizon ! Pour toi, je suis prêt à défier le monde ! Qu'est-ce que tu en dis, Griffondor ? C'est assez pour toi comme déclaration ? Tu peux ouvrir les yeux et me dire en face que je suis fou ! Parce que c'est vrai ! Je suis fou, fou de toi ! Voilà, c'est dit, j'ai fini ! Harry ouvre grand ses yeux verts et voit tout près deux iris gris, deux petits cercles d'argent, brillant autour de deux puits noirs. Deux lèvres entrouvertes frôlent les siennes, prêtes au baiser. -- ... Dingue de moi ! ... Drake ! C'est merveilleux ! Je ... je ne sais pas quoi dire ... Moi, je ne connais que trois mots mais je suis prêt à te les répéter, une fois, cent fois, mille fois si tu veux ! Drake, je t'aime ! --Moi aussi, Potter ! ... Moi aussi, Harry ... je ... t'aime ... » Le dernier mot est murmuré si doucement que seul, le coussin de satin l'entend ... et aussi l'oreille posée dessus. Mais il déclenche sur le visage du Griffondor un immense sourire. La dernière bougie est éteinte depuis longtemps mais la lueur des braises fait ressortir sur un fond d'ombre un visage d'un blanc lumineux, des cheveux d'or pâle en auréole, des lèvres roses qui viennent enfin de prononcer les mots, le serment d'amour de l'orgueilleux Malfoy à son Potter, autrefois détesté et maintenant ... oui, je l'ai dit une fois et je n'ai pas l'intention de le répéter. Enfin pas tout de suite ! Le doigt de Draco caresse doucement un petit anneau d'oreille. Le doigt de Harry en fait autant de son côté. C'était une si bonne idée ! Et maintenant, c'est vraiment vrai ! Ils sont liés ! Merci Merlin ! Merci Harry ! Merci Drake ! Merci la terre entière ! Merci la nuit qui se termine ! Merci le jour qui va bientôt se lever ! Merci pour tout ! Merci d'exister ! + _ + _ + _ + _ + _ Premier septembre. Rentrée à Poudlard. Ce fut le jour des longs couteaux. Les blanches armes égratignèrent ou transpercèrent des cœurs. Les âmes saignèrent et les larmes amères jaillirent sans soulager les douleurs ... Remus ... Vincent ... le pauvre Mondingus ... Percy ... Dobby ... et tous les autres ... Justin et Dennis, martyrisés ... et Luna, disparue à jamais ... Lames tranchantes des souvenirs. La guerre, les combats, la dernière bataille. Non pas pour la victoire mais pour la mort et la souffrance. Poignards aigus des regrets et des remords. Epées de l'amertume ... Marque noire sur les bras de Serpentards ... Bellatrix et ses yeux flamboyants ... Greyback aux griffes sanglantes ... Flammes vertes ... Sortilèges Impardonnables ... Quand le soir arriva, que le Poudlard Express eut dégorgé sur le quai les anciens et les nouveaux élèves, vinrent aussi les regards hostiles ... dagues acérés, fleurets démouchetés, armes cruelles. Les paroles suivirent, coupantes, haineuses, affûtées comme des rasoirs. Familles endeuillées, parents torturés, enfants égorgés. Assassins et victimes. Grondements et sifflements ... Et puis, à la table des professeurs, dominant du regard la salle houleuse, éteignant la rumeur d'un geste de la main, Minerva, Déesse Guerrière et Voix de la Sagesse, Minerva MacGonagall se leva et parla ... |