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au 31 Mai 21 :
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Ames soeurs
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Surnaturel  -  fr
18 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     29 Reviews    
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Severus Snape.

Ames sœurs.

Auteur : haniPyanfar.

Lieux et personnages appartiennent à Madame Rowling, sauf l'Ile qui n'est à personne.

Chapitre 6

Haute Cour de Justice Magique, niveau 10 du Ministère de la Magie.  

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« .... considérant les faits suivants :

-En premier lieu, l'accusé Severus Snape, sorcier, a été un Mangemort, serviteur du défunt Tom Elvis Jedusor dit Lord Voldemort car il porte sur son bras gauche la Marque des Ténèbres. L'examen de sa baguette magique n'a toutefois révélé qu'un seul crime dont il sera question ci après.

-En second lieu, les différents témoignages, en particulier celui de Harry Potter, attestent que le dit accusé fournissait en secret des renseignements importants à l'Ordre du Phénix car, après quelques années d'errements, il avait rallié le camp opposé à celui de son Maître. Il bénéficie donc de l'indulgence du Jury et échappe ainsi à toute peine de prison à Azkaban.

-En troisième lieu, le dit Severus Snape reconnaît avoir tué Albus Dumbledore par un sortilège Avada Kedavra, d'une part sur l'ordre du Directeur de Poudlard qui n'avait plus que quelques jours à vivre, d'autre part pour honorer un serment inviolable fait à Narcissa Malfoy et concernant son fils Draco. Cet acte reste cependant considéré par la majorité des jurés comme passible d'une condamnation.

En conséquence de quoi, la Haute Cour de Justice Magique déclare l'accusé Severus Snape coupable d'homicide mais avec des circonstances atténuantes et pour ce fait, le condamne au bannissement des terres anglaises pour une durée de trois ans, avec toutefois la garde pleine et entière de son statut de sorcier, y compris la possession et l'utilisation de sa baguette magique.

Le présent jugement est exécutable immédiatement. Severus Snape devra avoir quitté le pays au plus tard demain à minuit. Dont acte. »

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Quelques sifflets, des cris mêlés d'applaudissements résonnent dans la grande salle ronde. Les procès des Mangemorts ont lieu en public et les sorciers présents manifestent leur satisfaction ou leur mécontentement à l'écoute de la sentence.

Certains sont là à chaque audience, à l'instar de Rita Skeeter qui s'en délecte et rédige de longs articles circonstanciés à l'aide de sa célèbre plume à papotes. Mais la plupart des sorciers ou des sorcières viennent surtout évacuer leur peur et s'assurer que les fidèles de Voldemort vont bien être enfermés pour toujours à Azkaban.

Aujourd'hui, il y a foule. Toutes et tous ont voulu écouter le témoignage de Harry Potter. C'est la première fois que leur Sauveur apparaît en public depuis sa victoire. Quand il se lève pour quitter la salle après l'énoncé du jugement, les applaudissements reprennent de plus belle.

Il sourit, fait un léger signe de la main et disparaît par une petite porte avant que la maudite journaliste n'arrive jusqu'à lui. Elle se mord les lèvres, dépitée. Tant pis ! Elle utilisera sa bonne vieille méthode. La longue plume rose va fumer ce soir.

Harry se rend dans une salle voisine où a lieu la remise en liberté du professeur Snape. Celui-ci l'accueille avec une sorte de rictus qui se voudrait un sourire mais qui n'y parvient pas. Le jeune sorcier lève les mains en signe d'impuissance. Cette condamnation à l'exil a surpris tout le monde.

Le Jury a été plus sévère que prévu. Mais finalement, c'est compréhensible. Severus Snape sait trop de choses. Il vaut mieux l'éloigner pendant un certain temps. La peur est encore partout et les gens influents du Ministère craignent pour leur carrière.

« Qu'allez-vous faire, professeur, demande Harry après les multiples actes de procédure. Où comptez-vous aller ?

--Ce ne sont pas vos affaires, Potter. Je vais récupérer quelques objets personnels et j'aurai quitté l'Angleterre avant demain soir. Ce n'est pas comme si je souhaitais recevoir votre visite. »

Harry soupire. Il sait que Snape ne dit pas ce qu'il pense vraiment et qu'ils ne se détestent plus comme avant. Mais l'habitude est trop forte. Pendant que deux assesseurs examinent une dernière fois la baguette de Severus avant de la lui rendre, le jeune homme glisse à voix basse :

« Professeur, pourquoi n'iriez-vous pas dans l'Ile ?

--Qui vous en a parlé ? reprend Snape avec surprise.

--Minerva MacGonagall. Elle s'apprête justement à s'y rendre. Vous devriez passer par Poudlard.

--C'était bien mon intention, Potter. Gardez vos conseils pour vous. Mais avant, j'ai une mission à remplir. Ne faites pas attendre plus longtemps vos « fans » et ... merci pour tout. »

Ces derniers mots ont été chuchotés mais Harry sait qu'ils sont sincères. Le professeur Snape s'éloigne en faisant voler sa longue cape noire.

«Aurais-je dû lui parler de Draco ? pense-t-il. Potter n'a pas l'air de se souvenir de la fin de la bataille. Et que penser de cette connexion entre eux pendant leur séjour commun à Sainte Mangouste ? Non, pour le moment, mon filleul est en sécurité à Azkaban. Il vaut mieux attendre son procès. Tout s'éclaircira sans que je m'en mêle ... »

Le jeune homme sort par une porte dérobée. Il n'a pas envie de rencontrer une foule d'admirateurs. Il ne désire plus que la tranquillité de Poudlard, ses jours paisibles ... et ses nuits délicieuses.

« J'aurais dû lui demander des nouvelles de Draco. Mais il aurait peut-être trouvé ça bizarre. De toutes façons, après ce que m'ont raconté Rusard et Trelawney, j'irai témoigner à son procès. Quelques semaines à Azkaban ne peuvent pas lui faire de mal, à mon beau Serpentard. Ça lui évitera comme à Snape d'y retourner après. Lui et sa bande ont-ils réellement mis le feu à une école moldue ? ... »

° ° ° ° °

Le lendemain matin, au château Malfoy.

Severus Snape transplane devant la grille et a la surprise de la trouver ouverte. L'elfe de maison qui l'accueille a l'air affolé. Il se tord les mains et s'incline jusqu'à terre.

« Maître Snape ! Thimoty est content de vous voir ! Des gens du Ministère sont entrés dans la maison et fouillent toutes les pièces. Ils écrivent sur de grands parchemins et touchent aux affaires de mon Maître. Celle qui les commande est dans la bibliothèque. Bugsy a disparu. Maître Snape ! Au secours ! »

L'elfe a débité son discours à toute vitesse mais le visiteur a déjà compris. Dolorès Ombrage n'a pas perdu de temps. Il la trouve en train d'empiler sur le bureau des livres dont un employé note les titres. D'un mouvement fluide de sa baguette magique, il renvoie les ouvrages à leur place d'un simple : « In locus » !

Sa voix coupante a fait sursauter la femme en robe rose qui tenait en main un superbe exemplaire du Grand Albert, lequel rejoint la bibliothèque d'un vol gracieux. Elle se tourne vers lui et se redresse de toute sa courte taille.

« Je suis mandaté par le Ministère pour rechercher dans cette maison les objets touchant à la magie noire, dit-elle en élevant la voix plus que nécessaire.

--Personne n'a le droit d'entrer dans cette demeure tant que son propriétaire, Draco Malfoy, n'a pas été jugé et reconnu coupable, reprend Severus Snape d'un ton glacial. Veuillez rappeler vos fouineurs et sortir d'ici immédiatement.

--J'ai toutes les autorisations nécessaires.

--J'en doute ! Montrez-moi l'ordre de perquisition écrit et signé par le chef des Aurors.

--En quel honneur ? Vous n'appartenez pas à la famille Malfoy. Tout ceci ne vous regarde pas.

--Détrompez-vous, ma chère. Je suis le parrain de Draco Malfoy ce qui, en termes magiques, signifie que je suis son représentant légal quand il est absent. Et moi, je peux le prouver. Les papiers officiels sont dans le bureau de Lucius Malfoy. »

La façon dont Severus a prononcé les mots : « Ma chère » a fait passer un frisson dans le dos de Dolorès Ombrage. Elle connaît la puissance magique de l'ancien Maître des Potions. Elle fait signe au petit homme au visage chafouin qui se tortille près de la bibliothèque. Il se précipite à l'étage et revient avec trois autres sorciers.

« Accio », dit négligemment Severus Snape.

Une pièce de monnaie, un mouchoir brodé et un petit cadre ovale représentant une jolie jeune femme jaillissent des poches des arrivants et atterrissent dans ses mains. Dolorès rougit et apostrophe ses subordonnés d'un ton peu convaincant. Le Maître des potions ricane.

« Qui vole un Serpentard s'en repend tôt ou tard ! »

Un léger mouvement de sa baguette et le nez des trois chapardeurs s'orne d'un magnifique bouton violet. Ils se dirigent tous vers la porte sans oser protester. Au dernier moment, Dolorès Ombrage se retourne, l'air furibond et lance :

« C'est un nid de Mangemorts ici ! Nous reviendrons ! Et vous ne serez plus là demain pour vous y opposer ! »

Severus Snape comprend soudain d'où vient la sévérité de sa peine. Cette femme est dangereuse. Elle a des appuis au Ministère. Ses calomnies et ses insinuations ont influencé les juges, déjà peu disposés à l'indulgence. Il grimace. Depuis la guerre, le monde sorcier est rongé par la peur. Il est encore loin, le temps de la paix retrouvée.

Il s'approche des rayonnages de la bibliothèque. Il sait exactement où se trouve l'exemplaire des Contes de Beedle le Barde. Mais sa déception est grande. Le livre a disparu et les baguettes magiques qui devaient se trouver derrière n'y sont pas. C'est pourtant l'endroit indiqué par Narcissa Malfoy avant sa mort. Que s'est-il passé ?

Les visiteurs du Ministère n'ont pas pu les emporter. Thimoty n'est pas au courant. Où est Bugsy, le deuxième elfe ? Il se passe de drôles de choses au château Malfoy. Mais il reste à Severus un denier devoir à accomplir. Il sort de sous sa cape une petite urne de terre cuite. Il est temps pour l'ancienne maîtresse des lieux de rejoindre le tombeau de la famille.

° ° ° ° °

Au fond du parc se dresse une sorte de petit temple. La porte encadrée de deux colonnes est surmontée d'un fronton triangulaire orné du blason des Malfoy. L'intérieur est éclairé par deux vitraux de couleur verte. Au fond, un autel étroit supporte deux vases de fleurs fraîches.

Les noms de tous les membres de la famille sont gravés sur les murs. Le dernier en date est tout récent : Lucius Malfoy 1954-1998. Après la bataille, Severus Snape a fait inhumer le défunt Mangemort dans sa propriété. Personne ne s'y est opposé. Les corps des combattants des deux camps ont eu droit au même respect. Narcissa vient donc rejoindre son mari dans son tombeau.

Quand le Maître des potions ouvre la porte du petit temple, la première chose qu'il voit, c'est Bugsy, le deuxième elfe de maison, recroquevillé au pied de l'autel. Il serre un livre dans ses bras et pleure à chaudes larmes. Dès qu'il reconnaît l'arrivant, il se jette à ses pieds et se frappe le front sur le sol pavé en criant d'une voix lamentable :

« Bugsy n'a rien fait ! Bugsy ne sait rien ! Bugsy n'a rien volé ! »

Severus Snape reconnaît alors le livre que l'elfe tient convulsivement contre lui. Les Contes de Beedle le Barde ! Il saisit la petite créature magique par l'épaule et la relève en la secouant un peu.

« Que fais-tu ici ?

--Bugsy a vu arriver la femme en rose. Bugsy a eu peur et Bugsy s'est caché dans la petite maison du parc.

--Pourquoi as-tu pris ce livre?

--On l'a donné à Bugsy. Bugsy le jure !. Bugsy n'est pas un voleur !

--Qui te l'a donné ?

--Bugsy ne sait pas ! Bugsy ne s'en rappelle pas ! On a jeté sur Bugsy un sortilège ! »

L'elfe échappe aux mains qui le retiennent et se jette contre le mur, la tête la première. Il retombe tout étourdi. Snape le rattrape, le remet debout et le regarde dans les yeux. Il a compris. Le fameux « on » a jeté sur le malheureux elfe un sort d'Oubliette. Il tente quand même une question :

« La personne qui t'a donné le livre a-t-elle pris quelque chose dans la bibliothèque ?

--Bugsy ne sait pas ! Mais Bugsy veut rendre le livre à Maître Draco. Bugsy a honte ! Bugsy demande pardon ! »

L'elfe tente à nouveau de se jeter contre le mur mais Snape l'en empêche. Il dit d'une voix apaisante :

« Tu peux garder le livre, Bugsy. Ta maîtresse, Narcissa Malfoy, t'en fait cadeau. Elle est morte à Azkaban. Je viens mettre ses cendres dans le tombeau. »

Tenant toujours fermement la pauvre créature en larmes, il décrit un cercle avec sa baguette magique en murmurant une incantation. Presque sans bruit, une pierre se déplace sous l'autel, dévoilant un creux obscur. Severus Snape se penche et y glisse l'urne. La pierre reprend sa place.

Sans rien dire, le Grand Serpentard et le petit elfe restent immobiles, adressant une dernière pensée à l'ancienne reine de ce château. Pendant ce temps, lettre après lettre, apparaît sur le mur le nom de la défunte : Narcissa Black-Malfoy 1955-1998.

« Rentrons, dit Severus Les visiteurs sont partis et je vais jeter sur le château un sortilège qui les empêchera d'y entrer de nouveau. Tu n'as plus à avoir peur, Bugsy.».

« Qui est ce « on » qui est venu au château et a pris les baguettes magiques des jeunes Serpentards ? En quelles mains sont-elles tombées ? » pense-t-il.

Il sent qu'on le tire par le bas de sa robe. L'elfe ne pleure plus. Il tend sa main droite et l'ouvre. Au creux de sa paume repose un bouton.

« Quelqu'un l'a perdu dans la bibliothèque l'autre jour. Bugsy se rappelle seulement que ce quelqu'un portait une cape noire. Le bouton a dû se détacher et tomber. Il est joli mais Bugsy ne veut pas le garder. »

Et Severus reconnaît sur le bouton le dessin d'un serpent. Le visiteur est sûrement un Serpentard et là, toutes les suppositions sont permises. S'agit-il d'un complice de Voldemort ? Ou d'un ami des Malfoy ? Ou d'un envoyé du Ministère ? Qui a intérêt s'approprier les baguettes magiques des jeunes Mangemorts à qui on reproche déjà tant de choses ?

Severus Snape quitte le château après avoir désactivé toutes les cheminées par où des intrus pourraient s'introduire. Toutes les portes sont closes et ne s'ouvriront que pour Draco Malfoy ou après sa mort, Merlin l'en préserve ! Ombrage devra s'armer de patience avant d'ouvrir son soit-disant orphelinat !

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Prison d'Azkaban, le surlendemain du procès de Severus Snape.

«Malfoy ! Goyle ! Debout ! Prenez vos affaires ! Vous changez de cellule ! Dépêchons ! »

Réveillés en sursaut, Draco et Grégory regardent sans comprendre le grand et gros gardien de prison qui se tient devant eux, l'air méprisant. Il pointe négligemment sa baguette vers les deux prisonniers. A sa ceinture sont accrochés un lourd trousseau de clés et une matraque de bois.

« Où est Monsieur Dagbert ? demande Grégory en se levant.

--Votre ancien gardien a été muté. Il était trop vieux pour surveiller des Mangemorts, même des minables comme vous. Il s'occupe maintenant d'emmener les prisonniers devant le Tribunal de la Justice Magique. Je suis le gardien en chef Scavergy. Allons, ne lambine pas Malfoy. Debout !

--Qui vous a permis de me tutoyer ? répond Draco d'un ton sec, tout en mettant un pied hors du lit.

--Oh ! Le petit monsieur se croit dans son château, avec ses elfes de maison ! Ici, c'est moi qui commande, tu vas rapidement t'en apercevoir. Fais ton paquet et plus vite que ça ! »

Draco ne répond rien. Il a compris. Severus Snape n'est plus là pour les protéger, Grégory et lui. Il a dû se passer quelque chose au procès. Son parrain lui avait affirmé qu'ils resteraient dans cette cellule jusqu'à leur jugement. Apparemment, il y a du changement.

Il passe rapidement sa robe grise de prisonnier et empile le peu de vêtements dont il dispose sur son lit puis il tend la main vers les livres et les parchemins posés sur la petite table. Le gardien balaie tout d'un geste de la main.

« Inutile d'emporter tout ça. Tu auras autre chose à faire, crois-moi ! »

Grégory, lui, veut prendre sur l'étagère les flacons de remèdes que Snape a préparé d'avance pour soigner son père. Goyle senior allait mieux depuis que le Maître des potions s'occupait de lui. Là encore, le gardien arrête son geste.

« Le médicomage de la prison viendra les prendre. C'est pas tes affaires, Goyle !

--Mais il ne connaît pas les doses ! Le professeur Snape m'a tout expliqué. Il faut ...

--Traiterais-tu un guérisseur d'incapable, Goyle ?

--Non mais ... c'est pour mon père ! Il faut que je lui parle ! Je dois ... Aïe ! »

Grégory se tient le bras. Le gardien vient de lui envoyer un bref Doloris. Draco pose rapidement la main sur l'épaule de son camarade pour l'empêcher de faire une bêtise. Le gardien n'attend que ça pour lui balancer un nouveau sort. Il chuchote :

« Tiens-toi tranquille, Greg ! »

Scavergy ricane. Il recule vers la porte, pointant sa baguette vers les deux jeunes sorciers comme s'ils étaient de dangereux criminels. Il leur fait signe de passer devant lui. En sortant de la cellule, Draco remarque un peu plus loin, dans l'entrebâillement d'une porte, la tête du Directeur de la prison.

Il ne l'a vu que deux ou trois fois. Cet homme ne sort pratiquement jamais de son bureau. D'après Severus, c'est un fils de haut fonctionnaire qui n'espère qu'une chose, se faire bien voir du Ministère pour être bientôt nommé à un poste plus gratifiant que Directeur d'Azkaban.

Il ne s'occupe que de la paperasse, laissant les gardiens faire leur travail à leur guise. Il fronce toujours le nez, on dirait qu'il respire sans arrêt l'odeur d'une bouse de dragon. Là, il regarde passer les deux prisonniers et leur gardien comme s'il voyait des hippogriffes pour la première fois. Il rentre rapidement sa tête et claque la porte. Il n'y a aucun soutien à attendre de ce côté-là.

Le voyage à travers la prison est long, ponctué d'escaliers et de couloirs fermés par des grilles et gardés par de jeunes recrues qui remplacent depuis peu les Détraqueurs. Ils ont tous l'air d'avoir peur et saluent bien bas le gardien en chef qui les toisent en passant. Apparemment, Scavergy règne en maître sur la prison, tous sont à ses ordres et craignent de lui déplaire.

Ils arrivent enfin devant une porte de bois cloutée de fer agrémentée d'un judas grillagé. Le gardien chef l'ouvre et fait entrer ses deux prisonniers dans un petit bureau meublé d'un classeur débordant de parchemins empilés n'importe comment, d'une table carrée et de quatre chaises. Un sorcier les y attend, un papier à la main.

« Bonjour, chef Scavergy, vous avez une mine resplendissante aujourd'hui. Vous m'amenez vous-même nos nouveaux pensionnaires ? Vous leur faites trop d'honneur !

--Ils n'ont pas l'air d'apprécier. Où les as-tu mis ?

--Dans la cellule 5. Son dernier occupant vient de descendre à l'incinérateur. Les prisonniers ne font pas long feu ici ... si on peut dire ... Ces deux-là seront en bonne compagnie. Tous des Mangemorts fidèles à leur Maître ! Je les inscris dans quel service ? »

Le gardien chef ricane. Autant il est gros et imbu de son autorité, autant l'autre est maigre et a l'air servile. Pourtant, quand on le regarde bien, on voit ses yeux briller d'une lueur rusée. On peut vite comprendre que par quelques flatteries, il mène l'autre par le bout du nez. Le vrai chef ici, c'est lui.

« Le grand costaud sera utile aux cuisines, je pense, et le jeune seigneur à l'entretien, vois toi-même, répond Scavergy. Tu es de garde ce soir ?

--Oui, chef. Une petite partie vous ferait plaisir ?

--Naturellement ! Invite nos deux amis. Plus on est de fous ... »

Le gardien chef rit de nouveau mais Draco a vu son regard s'allumer à l'idée d'une « partie ». Qu'est-ce qu'ils mijotent tous les deux ? Un frisson court dans son dos. Cet endroit n'a rien du quartier tranquille où se trouvait leur ancienne cellule, pas très loin des appartements du directeur et du sous-directeur, occupé un temps par Severus Snape.

Il se redresse un peu et garde sur son visage un air froid et digne. A côté de lui, Grégory semble un peu perdu. Le deuxième gardien a fini de remplir son papier. Il se lève. Il est très grand et si mince qu'il semble flotter dans son uniforme. Lui aussi a une matraque à la ceinture. Il ouvre une porte au fond du bureau et après un salut vers son chef, il fait entrer ses deux prisonniers dans une sorte de grande galerie.

Le long couloir est seulement éclairé par un faux ciel nuageux et des lanternes placées de loin en loin. A gauche et à droite s'alignent les cellules des prisonniers : un rectangle de trois murs donnant sur la galerie par une grille de gros barreaux. Pas de porte. Un sortilège prononcé par le gardien fait glisser deux barreaux, permettant juste le passage d'une personne.

A l'intérieur, deux lits étroits sur lesquels sont posés des draps pliés et du linge de toilette marqués du A d'Azkaban. Pour chaque prisonnier, un placard sans porte et une chaise. Au fond, les commodités : un lavabo et des toilettes dissimulés par un mur d'à peine quatre pieds de haut.

Il n'y a aucune intimité possible, les prisonniers voient tout ce qui se passe dans la cellule en face de la leur. Draco et Grégory ont la mauvaise surprise de découvrir que Yaxley et Dolohov sont leurs vis-à-vis. Ils sont tous les deux assis sur leurs lits et les regardent en riant d'un air moqueur. Les autres cellules sont vides d'occupants.

« Alors, Malfoy, on fait moins le fier ? lance Yaxley. On raconte ici que toi et tes chers parents, vous étiez des traitres et que vous ne vouliez plus vous battre aux côtés de notre Maître vénéré. Ça ne vous a pas porté chance, on dirait !

--Tiens, mais c'est Goyle ! Où est ton Crabbe préféré ? Entre nous, on vous appelait les Inséparables. Vous couchiez ? ajoute Dolohov avec un rire gras.

--Silence, vous deux ! dit le gardien. Vous êtes dispensés de travail aujourd'hui; mais un mot de plus et demain, je vous renvoie à la chaufferie !

--Ah ben ! Si on ne peut plus plaisanter, grogne Yaxley.

Mais ils se taisent et le gardien ouvre la cellule, on pourrait presque dire la cage, des nouveaux pensionnaires du numéro 5. Ils entrent et les barreaux reprennent leur place avec un bruit qui résonne comme un glas. Maintenant, Draco et Grégory sont vraiment à Azkaban.

= = = = =

Galerie des Mangemorts, pendant près de trois semaines.

Les jours passent, tous à peu près semblables. Le ciel magique rythme le temps et indique le début de la matinée et l'arrivée de la nuit. Une sonnerie bruyante tire les prisonniers du sommeil. Ils ont à peine un quart d'heure pour se préparer et ranger leur cellule. Un chariot passe ensuite pour le petit déjeuner : thé léger et pain sec passés à travers les barreaux par un prisonnier vêtu de bleu.

La première fois que Draco voit le préposé à ce service, il réalise soudain que la prison d'Azkaban n'est pas destinée aux seuls Mangemorts. Il y a aussi d'autres condamnés, des petits délinquants, des voleurs, des meurtriers, des sorciers ayant simplement bafoué la loi magique en exécutant un sortilège en présence de Moldus.

Ils sont logés dans une autre partie de la prison. La longue galerie est réservée aux seuls Mangemorts. Qu'ils aient déjà été jugés ou qu'ils soient en attente de jugement, du moment qu'ils portent la Marque des Ténèbres, ils sont enfermés là. Seul, Severus Snape a échappé à ce sort commun. Mais il n'a pas réussi à l'éviter à ses deux protégés.

Pour les condamnés de droit commun, les peines encourues sont bien sûr proportionnelles à l'importance des délits et la couleur de l'habit varie en fonction de leur durée. Une condamnation légère, souvent inférieure à trois mois de prison, et le prisonnier est vêtu de bleu.. D'autres portent un habit vert foncé ou rouge sombre. Ils sont coupables de vols ou d'agressions. L'habit noir rayé de jaune désigne les violeurs. Ceux-là sortent rarement de leurs cellules.

Le gris est réservé aux Mangemorts, ils sont ainsi aisément reconnaissables. Quand l'un d'entre eux passe devant la cellule de condamnés de droit commun, il n'est pas rare qu'il se fasse insulter par les autres prisonniers. Draco s'en rendra compte en accomplissant le travail que lui donne chaque matin le gardien de service.

Grégory a la chance de travailler aux cuisines. Sa carrure et l'air féroce qu'il peut prendre si on lui cherche querelle, lui valent le respect des autres prisonniers. Il ne se plaint pas trop en regagnant sa cellule le soir. Il est fort et soulève sans problème les lourds cageots de légumes et les chaudrons de soupe.

De plus, il n'est pas rebelle et obéit sans protester aux ordres que lui donnent les gardiens. Enfin, il ne faut pas exagérer non plus. Tous le savent et quand les poings du grand Serpentard se ferment, prisonniers et gardiens insistent rarement. Il ramène quelquefois à son compagnon de cellule quelques douceurs qu'il a chipé à la cuisine : du sucre, un gâteau, un fruit.

Car à la prison, la nourriture est frugale. La journée de travail étant continue, les prisonniers ont juste droit à un en-cas au début de l'après-midi, le plus souvent un petit pain garni d'une mince couche de graisse qui n'a de beurre que le nom, accompagné de thé

Le seul repas chaud de la journée est servi le soir, dans les cellules et il n'est ni varié, ni copieux. Des légumes bouillis, du riz ou des pâtes, un peu de poisson ou de fromage, le tout arrosé d'eau. Le dimanche, un fruit complète le menu.

Grégory a bien remarqué que les prisonniers d'en face, Yaxley et Dolohov, ont parfois de la bière ou du vin mais ça ne vient pas des cuisines. D'où tiennent-ils ce privilège et pourquoi ne travaillent-ils pas tous les jours comme les autres Mangemorts, cela reste un mystère.

Ils sont emprisonnés depuis à peine plus de deux mois et ils sont dans la prison comme des poissons dans l'eau. Quelquefois, le soir, Scavergy vient les chercher et ils disparaissent une partie de la nuit dans la loge du gardien, les jours où le grand maigre est de service. Mais Grégory ne se pose pas trop de questions sur ce qu'ils y font, c'est leurs affaires.

Draco, lui, apprend à ses dépens que le mot « entretien » recouvre différents travaux pénibles qu'il n'a même jamais imaginés. Certains jours, il doit laver à grande eau les couloirs entre les cellules, balayer d'innombrables escaliers, astiquer des meubles ou déloger des araignées têtues qui s'obstinent à revenir chaque fois tisser leurs toiles à la même place.

Le pire, ce sont les jours de lessive et de repassage ! Dans la laverie, il fait très froid et l'eau est glacée. A la lingerie au contraire, l'atmosphère est étouffante et chargée de vapeur. Les fers à repasser sont chauffés directement au feu et Draco s'est plusieurs fois brûlé les mains. Rien n'est épargné à l'héritier Malfoy. A croire que quelqu'un lui en veut et cherche à l'écœurer de la vie !

Mais rien ne peut l'abattre ! Draco encaisse les ordres, ne dit rien et exécute parfaitement les tâches qu'on lui impose. En fin de journée, quand il regagne la cellule qu'il partage avec Grégory, il est souvent rompu de fatigue mais il garde la tête haute et le regard droit.

Lui, ce qui l'interpelle, ce sont les rires moqueurs de Yaxley et de Dolohov. Mais il y a plus que ça. Il y a les regards qu'ils lui jettent depuis leur cellule. Ils le fixent longuement, leurs yeux sont avides, comme s'ils l'évaluaient, comme s'ils le déshabillaient du regard.

Maintenant, quand Draco fait sa toilette, il demande à Grégory de tenir une couverture devant lui pour dissimuler son corps dévêtu et il fait pareil pour son compagnon, s'attirant des remarques grivoises, des commentaires grossiers ou des sifflements de frustration.

Un matin, alors qu'il lavait une nouvelle fois le sol de la galerie que les deux Mangemorts s'amusaient à salir en y jetant des détritus, il est passé un peu trop près de leur grille et Yaxley l'a attrapé par le bras.. Il l'a tiré vers lui et a murmuré à son oreille :

« Alors, Malfoy, on fait sa fillette ? On a peur de montrer sa peau blanche et ses tétons roses ? Tu ne crachais pas sur le sexe pourtant à Poudlard ! Faudrait voir à moins faire le malin ou il t'en cuira, fils de traitre ! »

Il l'a lâché et Draco a failli s'effondrer. La voix était chargée à la fois d'un tel désir et d'une telle haine que le jeune sorcier a vu tout ce qui l'entourait devenir d'un noir d'encre et ses oreilles se sont mises à bourdonner. La voix du gardien l'avait tiré de son malaise.

« Laisse-le, avait-il dit. Ou demain, tu descends au troisième sous-sol.»

Yaxley avait reculé d'un bond. Depuis, il laisse Draco tranquille. Qu'y avait-il au troisième sous-sol pour lui faire aussi peur ?

= = = = =

Cela fait environ trois semaines que Draco et Grégory occupent la cellule 5. Un soir, Scavergy s'arrête devant leur grille. Grégory et Draco sont en train de prendre leur maigre repas. Il annonce en fronçant ses gros sourcils :

« Malfoy, ton procès aura lieu dans cinq jours et le tien, Goyle, deux jours après. J'aurais bien voulu vous garder un peu plus longtemps ici. Vous faites du bon boulot. Mais vous reviendrez sans doute. On vous gardera votre place bien au chaud ... Alors, Malfoy, on a perdu ses airs de grand seigneur à ce que je vois. Tu la trouves comment, la vrai vie ?

--Elle ne me fait pas peur, Monsieur Scavergy. Un Malfoy sait se tenir en toutes circonstances. Par exemple, il ne se met pas en colère parce qu'il a perdu au jeu comme vous le fîtes hier au soir. Etre un bon joueur, c'est accepter de gagner ou de perdre selon les caprices de Dame Fortune. »

Un grand silence suit ce discours. Draco a repris le ton hautain et méprisant qu'il affectionnait dans sa jeunesse. Ça fait trop longtemps qu'il dompte son envie de clouer le bec à ce personnage détestable.

Le gardien chef devient rouge puis violet. D'une incantation prononcée, il écarte les barreaux de la cellule. Il tient sa matraque à la main et frappe plusieurs fois Draco avant que Grégory ne puisse s'interposer. Une sonnerie stridente retentit et plusieurs autres gardiens arrivent en courant. Les prisonniers crient et frappent leurs gamelles contre leurs barreaux. Le bruit est épouvantable.

Scavergy est tiré hors de la cellule. Tous les gardiens sortent de la galerie et la sonnerie s'arrête. Le calme revient peu à peu. Les prisonniers n'ont pas envie de payer une rébellion au prix fort. Et pour des traitres comme Malfoy et Goyle en plus ! Ils retournent à leur repas et à leurs occupations.

Seuls, Yaxley et Dolohov continuent à regarder Draco et Grégory d'un air triomphant. Cette fois, ils en sont sûrs, Scavergy voudra se venger de Malfoy. Il marchera dans leur plan. Il a perdu gros, la veille au poker magique. Il les a traités de tricheurs. Mais se servir de la légilimencie n'est pas interdit. Dolohov est peut-être un mauvais occlumens, Yaxley, par contre, est un excellent legilimens. Il prétend que c'est grâce à ses yeux rouges, les yeux du Maître !

La nuit dernière, quand les deux Mangemorts ont regagné leur cellule, le gardien chef criait si fort que toute la galerie est maintenant au courant de leurs petits jeux. Tant mieux ! Ça leur amènera peut-être d'autres partenaires ! Scavergy est plumé maintenant !

= = = = =

Draco s'est allongé sur son lit, son bras replié cachant ses yeux. Il ne regrette pas son discours dédaigneux. Il sait seulement qu'il va le payer cher. Il a mal à l'épaule et à la tête, là où les coups de matraque ont laissé des marques bleues. Mais il a surtout le cœur serré.

Pour la première fois, il sent peser sur lui le sort qui l'attend. Les murs d'Azkaban pour seul horizon, les dures journées de travail, l'impossibilité d'étudier ou de se distraire ... Il a bien essayé de continuer avec Grégory les cours du professeur Snape. Mais il n'a ni livres, ni parchemins, ni plumes.

Alors il interroge son camarade sur la botanique et Greg lui fait énumérer tous les ingrédients de telle ou telle potion. Mais le grand Serpentard est de plus en plus taciturne, surtout depuis que Herman, le gardien maigre, l'a emmené une fois à l'infirmerie des hommes. Son père est mourant. Les remèdes de Snape, administrés à tort et à travers, n'ont pas eu l'effet escompté. Goyle senior n'en a plus pour longtemps.

Heureusement, il reste les nuits. D'ailleurs si Draco a apostrophé Scavergy tout à l'heure, c'est que ses cris l'ont réveillé à deux heures du matin, alors qu'il rêvait de Harry ... Harry et lui ... Se baignant nus dans les vagues de la mer, près d'une plage de sable fin ...

Où étaient-ils ? Chaque nuit, maintenant, le rêve est différent. Ils sont dans un lieu inconnu, un endroit très agréable. Il y a une autre personne, un autre esprit qui se promène pas très loin d'eux. De temps en temps, elle leur sourit et puis elle s'en va en flottant un peu.

Harry a l'air heureux. Ses yeux verts brillent et quand il sourit, tout son visage s'illumine. Draco donnerait la moitié de sa vie pour vivre une seule fois en vrai ces moments magiques. Il le sent bien. Lentement mais sûrement, il est en train de tomber amoureux de Potter. De Harry ...

* * * * *

Renaissance de l'Ile.

Le lendemain de son procès, en revenant du château Malfoy, Severus Snape est passé par Poudlard. Minerva MacGonagall s'apprête justement à partir dans l'Ile. Elle doit en premier lieu lever le sortilège de protection que Dumbledore avait autrefois invoqué .et qui la rend insoupçonnable pour les moldus comme pour les sorciers.

Quand Severus propose de l'accompagner et ensuite de rester là-bas à demeure, elle trouve l'idée excellente. Ils ne seront pas trop de deux pour réactiver les lieux. Cela fait longtemps que l'endroit est inoccupé, il faut tout remettre en état. La Directrice a d'ailleurs demandé à Kréatur, à Winky et à deux autres elfes de maison de l'accompagner.

Quand le sortilège sera levé, l'Ile restera incartable et invisible si on ne connaît pas le mot de passe pour la faire apparaître. Il n'est pas question que n'importe quel individu vienne y pique-niquer et laisse derrière lui des bièraubeurres vides et des papiers gras !

Pour ce premier voyage, les deux professeurs et les elfes utilisent d'abord un Portoloin, un cerceau qu'ils cramponnent tous d'une main ferme. Assez frigorifiés, ils atterrissent à Torbay, une petite ville balnéaire au Sud-est de l'Angleterre. Là vit Christopher Fringant, un des derniers marins sorciers du pays, le seul qui puisse encore s'approcher au plus près de l'Ile.

Quand le vieil homme voit devant sa porte deux grands sorciers à l'air sévère et les petits elfes tout recroquevillés de froid, il fait un bond en arrière et manque de tomber à la renverse. Heureusement apparaît derrière lui sa petite-fille, une jeune sorcière aux longs cheveux noirs, en qui Snape reconnaît une élève de Serpentard. Elle devrait être en sixième année mais elle est restée chez son grand-père puisque Poudlard a fermé ses portes.

Elle fait rapidement entrer les visiteurs dans une cuisine étincelante de propreté. La maison est assez isolée sur la lande mais il vaut mieux que les voisins ne sachent pas que des sorciers habitent près de chez eux. On est superstitieux dans le coin !

Minerva explique le but de leur visite : aller en bateau dans l'Ile Mais le vieux bougon ne l'entend pas de cette oreille. D'abord, il ne navigue pas de nuit, il faut attendre la marée et puis ... Et puis, il a peur des elfes, il les prend pour des petits démons et refuse de les embarquer sur son voilier.

Il faut que Snape lui promette une potion souveraine contre les rhumatismes pour qu'il accepte enfin de les transporter. Le pire est que Severus est obligé de dormir dans le bateau à l'ancre, enroulé dans une couverture. Il ne peut avoir un pied sur la terre anglaise après minuit puisqu'il a été condamné à l'exil !

Enfin, tout le monde embarque au petit matin; La mer est houleuse mais la traversée entre Torbay et les iles anglo-normandes est rapide. Le voilier s'appelle White Wing et il file sur l'eau comme si Eole lui-même gonflait ses voiles. Christopher, une pipe noire collée au coin de sa bouche, tient ferme le gouvernail. A ses côtés, Minerva et Severus font bonne figure mais tous les elfes, sauf Kréatur, ont le mal de mer.

L'ancien serviteur de la maison Black, envoyé à Poudlard par Harry, a l'air parfaitement à l'aise. Il s'est campé à la proue du bateau et c'est lui qui, le premier, signale qu'on approche des dangereux écueils des Minquiers. Le marin largue les voiles et jette l'ancre. Personne ne pourrait deviner que devant eux se trouve une grande et belle île.

Minerva tend son bras droit et sa baguette magique étincelle quand elle prononce une longue incantation en langue celtique. Et Elle surgit. Christopher en laisse tomber sa pipe. Un chenal étroit conduit à une petite crique abritée, on distingue plus loin des arbres, un chemin serpentant dans un pré et les quatre cottages.

Tout a l'ait en parfait état. Les feuilles des arbres et les herbes sont luisantes comme si la pluie venait de les laver. Les volets et les portes des cottages s'ouvrent dès que Minerva prononce l'Alohomora. Par contre, elle a bien fait d'emmener les elfes de maison. L'intérieur a besoin d'un bon nettoyage.

Le voilier repart. Christopher reviendra dans deux jours et cette fois, il amènera Lucinda, sa petite- fille. Minerva repartira seule à Poudlard. Elle attend des nouvelles du Ministère de la Magie pour savoir qui, finalement, sera nommé directeur ou directrice de l'école

Mais pour le moment, l'air est doux, le vent léger, l'Ile est un petit paradis. Elle est prête à recevoir ses premiers vacanciers.

# # # # #

En route vers l'Ile.

« Gare de King cross ! J'achète ! Quoi ? Cinquante gallions ?

--L'aire de transplanage de Pré-au-lard est encore plus chère ! Soixante-dix gallions !

--Oh non ! Azkaban ! Allez en prison ! Ne passez pas par la case Départ. Ne recevez pas deux cents gallions ! Ça tombe toujours sur moi !

--Chance : La banque Gringotts vous verse des intérêts de vingt mornilles !

--Allée des Embrumes, le terrain : dix gallions, une maison : trente gallions. J'achète !

--Tu ne peux pas acheter de maison, c'est Blaise qui possède l'autre allée, celle du Petit Fossé. Tu dois d'abord lui racheter son terrain. Allez, c'est pas cher ! Quinze gallions.

--Parking pour balais volants : cinq noises.

--Impôt de solidarité : un gallion, deux noises ! Je n'ai plus de monnaie !

--Combien il faut de maisons pour avoir un hôtel ? Je voudrais m'offrir le Chaudron Baveur, dit Hannah.

Blaise, Ron, Pansy et elle s'essayent au Magimonopoly. Hermione tient la banque et donne quelques conseils. Le célèbre jeu moldu Monopoly* vient d'être édité en version sorcière et les jeunes gens en route pour l'Ile font une partie pour se distraire et passer le temps;

Le voyage depuis Poudlard jusqu'à la côte sud est ainsi très joyeux et plein de surprises. Le nouveau Magicobus est beaucoup plus confortable que l'ancien. Il y a des fauteuils et des canapés fixes à tous les étages, les accélérations et les freinages sont plus souples et les virages se négocient en douceur. Minerva l'a loué pour envoyer tout son petit monde jusqu'au port d'embarquement.

Cela fait quinze jours que les premiers vacanciers attendent ce départ. Ils se font tous une joie de profiter un peu de la vie après des jours bien sombres. Cependant, tous ceux qui ont participé à la bataille ne font pas partie de ce premier voyage. La plupart d'entre eux sont rentrés dans leur famille.

Certains n'en ont plus et Poudlard est leur seule maison. Colin et Luna sont de ceux-là. Le jeune homme s'est demandé avec inquiétude si la « petite Fée » accepterait de quitter l'école pour quelque temps. Il lui a expliqué doucement qu'ils partaient en vacances à la mer.

Le mot « mer » doit avoir pour elle une résonance particulière car elle a commencé à tourbillonner, les bras écartés, la tête renversée en arrière, à quelques centimètres du sol. Elle a ri et dansé, elle paraissait très heureuse. « La mer ! » a-t-elle répété d'un ton extasié. Finalement, elle a été la première à monter dans le Magicobus et elle a offert un bouquet de fleurs à Ernie, le conducteur. Maintenant, assise dans un fauteuil, elle rêve.

Hannah Abbott non plus n'a plus de famille. Son père est mort quand elle était toute petite et sa mère a été assassinée par les Mangemorts au début de l'année. L'école a été son refuge. Elle fait partie du voyage avec Neville qui terminera sur l'Ile sa convalescence. Elle aussi est très heureuse. Le jeune homme ne souffre presque plus de ses brûlures et il lui a dit qu'il l'aimait. Pour le moment, il dort sur un des canapés.

Harry, Ron et Hermione sont bien sûr du voyage. Ron est pratiquement guéri et entend parfaitement. Ses migraines s'espacent de plus en plus. Plutôt que rentrer au Terrier où se trouvent déjà les jumeaux, Ginny, Bill et Fleur, il préfère faire un petit séjour sur l'Ile en amoureux avec sa « Mione ». La jeune fille est rassurée, sa vue s'améliore et elle a emporté une dizaine de gros bouquins pour « réviser », dit-elle. Elle ne porte plus ses lunettes bleues qu'en plein soleil.

Harry est mi heureux, mi inquiet. Snape s'est installé dans l'Ile et occupe l'un des cottages. Il accueillera Pansy et Blaise qui y seront plus en sécurité qu'ailleurs. Quelques sorciers ne croient pas en leur ralliement à l'Ordre du Phénix et les Serpentards ont mauvaise presse. Surtout à cause des procès de Mangemorts en cours. Rita Skeeter se charge de verser de l'huile sur le feu par ses articles venimeux.

Ainsi Snape a suivi le conseil de son ex élève.. Il est vrai que l'Ile n'est pas tout à fait un territoire anglais. Elle était à l'origine la propriété exclusive des Fondateurs et depuis molle ans, elle n'appartient en fait à personne. Qui peut revendiquer une île incartable et invisible, sauf de quelques initiés ? Son nom est d'ailleurs Poudlard-en-l'île puisque les quatre cottages portent le nom des Maisons de l'école.

Harry se demande quelle sera l'attitude de Snape à son égard. Il voudrait bien faire la paix avec le Maître des potions car il a l'intention de lui parler de Malfoy et de son procès. Ses rêves répétitifs lui montrent depuis quelque temps un Draco assez mélancolique.

Il y a souvent de la tristesse dans ses yeux et il a beau le câliner et lui dire des mots de plus en plus doux, le blond sorcier semble « ailleurs ». Harry donnerait cher pour voir de nouveau sur son visage son sourire amusé et son regard charmeur. C'est peut-être un effet d'Azkaban. Mais enfin, ça ne doit pas être si terrible ! Malfoy est bien le protégé de Snape, non ?

Harry somnole dans le fauteuil de velours rouge. La verte campagne défile sous ses yeux. Dans quelques heures, le Magicobus arrivera à Torbay au sud de l'Angleterre. Là, ils prendront le fameux bateau de Christopher. Aucun des jeunes voyageurs n'est jamais monté sur un voilier. MacGo a pris la précaution de leur donner des pilules anti roulis, anti tangage. .

Harry sourit. Ce sera bon d'être en vacances. Ce serait encore meilleur si Malfoy... si Draco ...

* * * * *

Monopoly, marque déposée, jeu de société inventé en 1933 par Charles Darrow et édité par Hasbro.

* * * * *

Le temps des vacances.

Pour une fois, Severus Snape préside la table où tous les jeunes gens en vacances prennent leur repas en commun. Il a toujours l'air aussi rébarbatif mais ce n'est qu'une façade. Depuis son installation dans l'Ile, le sévère professeur de potions trouve la vie bien agréable.

Plus de cours, plus d'élèves ignorants, plus de missions secrètes pour l'Ordre ! Puisqu'il ne peut plus poser le pied sur le sol anglais, il est allé en France et il en a rapporté une impressionnante quantité d'ingrédients pour potions. Depuis, il quitte rarement le petit laboratoire qu'il a installé au cottage Serpentard.

Pansy et Blaise qui partagent sa demeure sont parfois témoins d'étranges phénomènes. Des fumées et des odeurs bizarres glissent sous la porte, de petites explosions retentissent et souvent, Severus Snape sort de son repaire avec le visage noirci ou les yeux rougis et larmoyants. Mais le Maître des potions est heureux. Il peut enfin se consacrer à sa passion en toute quiétude.

Aujourd'hui, ils sont onze à table. Lucinda, la petite-fille de Christopher, est arrivée à midi avec le voilier. Elle le manœuvre très bien seule et elle est venue chercher Harry qui part à Londres pour témoigner au procès de Draco Malfoy.

La jeune sorcière n'est pas là par hasard. Elle a insisté auprès de son père pour faire le voyage à sa place car elle cache un petit secret. Elle a eu le coup de foudre pour un des jeunes pensionnaires et il ne semble pas indifférent à son sourire timide et à la rougeur de ses joues. Colin Crivey ne sait plus où se mettre.

Il baisse les yeux et regarde par en-dessous la jolie fille brune qui lui fait face. A côté de lui, Luna sourit et ne dit rien. Depuis qu'elle a vu la mer, la petite Fée semble flotter dans un océan de béatitude. Elle passe des heures au bord de l'eau à contempler les vagues. Elle ramasse des coquillages et s'en fait des colliers ou des boucles d'oreilles. Quelquefois même, elle chantonne.

Colin et elle se sont installés au cottage Serdaigle. Une petite elfe de maison du nom de Lumy veille sur eux. Chaque elfe s'occupe d'une maison en particulier, avec entrain et bonne humeur. Kréatur a bien sûr choisi le cottage Griffondor où séjournent Harry, Ron et Hermione.

Winky, qui ne boit plus de bièraubeurre depuis la mort de Dobby, est aux petits soins pour les Serpentards et Severus Snape en particulier. Le cottage Pouffsouffle où résident Hannah et Neville est entretenu par un elfe à la peau ridée répondant au nom de Bolby. C'est le plus âgé et il prend au sérieux son rôle de responsable de l'approvisionnement et de la cuisine. Ce sont des elfes libres et ils reçoivent tous des gages en fin de semaine.

Severus Snape promène son regard sur les jeunes sorciers qui partagent son repas. Ils sont dix avec Lucinda, autant de garçons que de filles. Quatre sont déjà en couples, Zabini et Parkinson, Weasley et Granger. Londubat et Abbott sont bien partis pour s'unir aussi. Crivey et ... comment s'appelle-t-elle déjà ? Fringant, c'est ça ... ces deux-là ont l'air tout chose ... Y aurait-il anguille sous roche ?

Luna ... Luna est hors du monde. Snape connaît bien ce regard lointain. Il sait ce qu'il signifie. Et il sait qu'aucune de ses potions ne peut la faire revenir parmi les humains. Luna est déjà une sorte d'esprit. Son corps est vivant mais son âme est ailleurs, dans un autre espace. Elle est merveilleusement heureuse.

Potter ...

Non, pas Potter ... Potter, c'est l'autre, c'est James Potter, le petit crétin qui a hanté les souvenirs de Severus avec Sirius Black et Remus Lupin. Les Maraudeurs ! Les idiots qui ont fait de sa jeunesse un enfer ! La maudite bande !

Non, Harry Potter n'est pas comme son père. Il a hérité de son physique mais en fait, de sa mère, il a plus que les yeux, il a son caractère. Il est courageux, loyal, trop impulsif peut-être mais pour des causes valables. Un instant, le Maître des potions revoit Lili Evans, si belle, si indomptable ! Oui, finalement, Harry est le digne fils de sa mère.

D'ailleurs, il ne l'appelle plus Potter, mais Harry. Depuis que le jeune sorcier est venu le voir pour parler de Malfoy, aussi bizarre que cela puisse paraître, Severus Snape le considère comme une sorte d'ami un peu sauvage, avec qui il discute paisiblement, sans animosité dans la voix.

Ils ont mis au point une base de défense pour les jeunes Mangemorts en général et Draco en particulier. Ils ont évoqué les affirmations de Rusard et la présence de la marque noire sur le cou de chacun d'eux. Severus a aussi parlé à mots couverts de l'épisode lumineux de Saint Mangouste mais Potter ... Harry a rougi sans insister.

L'ancien espion a également révélé que Malfoy, Crabbe et Goyle seniors avaient refusé de participer à l'attaque de Poudlard. Voldemort avait failli les tuer à coup de Doloris puis son esprit tordu avait imaginé une basse vengeance. Leurs fils seraient de la partie, sans baguettes magiques. Les pères seraient obligés de se battre pour les défendre. Il a poussé la cruauté jusqu'à exiger la présence de Narcissa Malfoy.

Si seulement on pouvait retrouver les baguettes magiques des jeunes Serpentards ! Et que sont devenus Théodore Nott et Millicent Bulstrode qui ont disparu un jour sans crier gare ? Severus Snape, ancien Mangemort, ancien espion pour Dumbledore et l'Ordre du Phénix, ancien cauchemar de générations d'élèves, Severus Snape sourit intérieurement en regardant et en écoutant les jeunes convives. Il est « bien » dans l'Ile. Il a trouvé sa place.

+ ° + ° + ° + ° +

A bord du voilier Blanche Aile ou White Wing.

Le ciel est bleu, une bonne brise gonfle les voiles. Lucinda tient ferme le gouvernail. Harry est accoudé au bastingage. Il pense à Draco qu'on a dû amener par transplanage à l'annexe de la prison, au niveau dix du Ministère. Le procès a lieu le surlendemain mais les prisonniers arrivent avec un jour d'avance. Ils peuvent ainsi se procurer des vêtements civils et prendre une douche pour avoir bonne apparence.

Quoique cela ne serve pas à grand chose pour les Mangemorts. A l'exception de Snape, ils sont pratiquement jugés d'avance. L'examen de leur baguette magique est révélateur et on leur propose de boire du Veritaserum. S'ils refusent, ils sont condamnés d'office.

Harry pense que la Justice sorcière est trop implacable. Les Juges ne s'embarrassent ni d'avocats, ni de témoins à décharge. L'opinion publique sorcière veut des coupables, pas des présumés innocents. Mais il usera de sa renommée pour pouvoir témoigner en faveur de Malfoy. Snape lui a dit de se méfier de certains employés du Ministère et en particulier de Dolorès Ombrage.

Il regarde distraitement un groupe de dauphins qui escortent le voilier. Des dauphins ? On dirait des ... Soudain, autour de lui, tout devient d'un noir d'encre. Ses oreilles se mettent à bourdonner, puis il a l'impression de recevoir un coup violent sur la tête. Il entend un cri ... pire ... un hurlement de terreur ... et tout de suite après un appel désespéré ... La voix de Draco !

« HARRY ! »

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A suivre.

 
 
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