Titre : Ames sœurs. Auteur : haniPyanfar Pairing : Harry Potter et Draco Malfoy, what else ? Rating : T Disclaming : Le monde de Harry Potter appartient à Madame J.K.R. Le combat entre les Bons et les Méchants est à moi. Tous les ans, des fanatiques refont Austerlitz et Waterloo à leur guise. Pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, recomposer la bataille de Poudlard à notre convenance si l'originale nous a décus ? Chapitre 1 - - - - Parc de Poudlard, le jour de la grande bataille. « AVADA KEDAVRA ! » Le sortilège mortel est prononcé avec force par plusieurs voix en même temps et des corps tombent. Mais deux traits de lumière verte se percutent à mi-course, provoquant une boule de feu éblouissante qui jaillit vers le ciel, illuminant tout le parc jusqu'à la Forêt Interdite. Il y a une terrible explosion. Un souffle puissant, irrésistible, rayonne en un double cercle concentrique et projette à terre toutes les personnes encore debout, assaillants et défenseurs mêlés. Les vitres du château volent en éclats mais les murs millénaires résistent, protégeant ceux qui se trouvent à l'intérieur. Les premiers arbres de la Forêt Interdite vacillent. Certains sont déracinés et tombent dans un grand craquement. Quelques instants de violence sauvage et destructrice ... Puis lentement, le calme revient, ponctué plusieurs fois par l'écho de plus en plus faible de l'explosion. Un grand silence tombe, qui dure plusieurs minutes. Aucun bruit, aucun mouvement sur le champ de bataille. Seuls, quelques feuilles, quelques débris volettent, portés par un dernier reste du souffle. Une silhouette émerge de la porte grande ouverte du château. Minerva McGonagall, farouche combattante, apparaît, le regard étincelant, tenant d'une main sa baguette magique et de l'autre une lourde épée écossaise, une claymore tachée de sang. Le corselet de cuir qu'elle porte par-dessus sa robe noire de sorcière est tailladé en plusieurs endroits. Un casque doré recouvre sa tête. L'écharpe écossaise de son clan barre sa poitrine. Malgré son air épuisé, elle ressemble à la déesse guerrière qui lui a donné son nom. A ses pieds, sur le perron, gisent les corps des Mangemorts qu'elle et son groupe de défense ont repoussés. Il y en a d'autres dans le Hall mais les troupes de Lord Voldemort n'ont pas réussi à investir le Château. C'était la mission qu'elle avait à remplir et elle n'y a pas failli. Derrière elle apparaissent Sibylle Trelawney, Fillius Flitwick, Pomona Chourave, Horace Slughorn, d'autres professeurs et des élèves de sixième et septième années, toutes Maisons confondues, tous au bord de l'épuisement : Pansy Parkinson, Terry Boot, Ginny Weasley, Colin Crivey, les sœurs Patil, Dean Thomas, Ernie MacMillan et d'autres, les vêtements salis et déchirés, le visage noirci mais tenant fermement en main leur baguette magique. La directrice jauge la situation d'un coup d'œil circulaire. Les corps allongés sur l'herbe ne bougent pas. Il y a des morts, des blessés, d'autres sont évanouis, assommés par l'énorme souffle. Elle crie : « Désarmez les Mangemorts et immobilisez-les.» Son ordre est exécuté sur le champ. Tous se précipitent pour mettre leurs adversaires hors de combat. Les « Petrificatus », les « Cordem », les « Paralysis » se succèdent. « Où sont-ils ? Les voyez-vous ? » demande encore la directrice en s'avançant parmi les corps d'un pas rapide, l'épée toujours à la main. « Ici ! Ils sont ici ! » crie la voix de Seamus Finnigan. Ils sont là, étendus, immobiles, certains sans souffle et les yeux grands ouverts, d'autres respirant encore faiblement : Ron, Hermione, Greyback, Grégory Goyle et son père, Remus Lupin, Tonks, Bellatrix Lestrange, Neville, Severus Snape, Lucius et Narcissa Malfoy, d'autres encore, en cercle autour de ceux qu'ils cherchent. Lord Voldemort, les bras en croix, regarde le ciel de ses yeux rouges. Sa main ouverte a lâché la baguette qui a causé tant de deuils et de souffrances. Son serpent, Nagini, la tête éclatée, repose en travers de sa poitrine, exposant son ventre clair et lisse. Ces deux-là sont morts. « Il est encore plus grand mort que vivant », dit Colin Crivey en frissonnant, sans savoir s'il parle du maître ou de son âme damnée. Allongé, face du Seigneur des Ténèbres comme il l'a été, mais debout, pendant tout le combat, gît Harry Potter. Ses yeux verts sont clos dans son visage d'une blancheur de craie. A la base de son cou, juste au-dessus de la clavicule, la peau est noircie, comme si on avait approché un fer rouge sans toutefois toucher la chair. La même blessure marque l'épaule au dos du corps qui recouvre à demi celui de Harry. Ces deux-là sont encore vivants. Mais si peu ... Sur le perron de l'école, Luna Lovegood vient d'apparaître, souriante, le regard vide, des fleurs dans les cheveux. Elle semble flotter au-dessus du sol. Derrière elle, Argus Rusard contemple le champ de bataille, les yeux exorbités. Il reste immobile, le visage et les mains en sang, marqués de multiples coupures de verre . Il répète les mêmes mots, comme une litanie : « J'ai tout vu ! C'était horrible ! J'ai tout vu ...» Hôpital Sainte Mangouste. Après la bataille. Des blessés debout, assis, couchés, partout dans le Hall d'accueil et dans les couloirs. Le personnel aidé de bénévoles s'affaire à soigner les plaies sans gravité. Tous connaissent les sorts de guérison les plus simples et les baguettes magiques s'activent. Les guérisseurs et guérisseuses répartissent les plus atteints selon l'origine de leurs blessures. Beaucoup souffrent du choc consécutif au souffle de l'explosion. Ils ont du mal à reprendre leurs esprits. Certains sont à demi sourds ou aveugles. D'autres ont reçu des sortilèges noirs, les Mangemorts ont eu recours au Sectum Sempra en de nombreuses occasions. Severus Snape, lui-même blessé au visage et au bras gauche, montre le contre sortilège à plusieurs jeunes guérisseurs qui ne l'ont encore jamais expérimenté. Minerva McGonagall a accompagné les élèves les plus touchés. Ceux qui ont des blessures sans gravité sont soignés à l'infirmerie de l'école par Madame Pomfresh. Mais Ron Weasley, Hermione Granger et Neville Londubat qui étaient en première ligne aux côtés de Harry Potter sont sous le choc. Ils sont déjà en salle de soins intensifs. Il faut trouver un endroit calme et discret pour les deux derniers. Elle réquisitionne une petite chambre à deux lits. « Mettez-les ici, dit-elle aux élèves valides qui transportent les blessés. Qui est responsable de ce service? ... C'est vous, guérisseuse Griffith ? Ils ont été atteints par le même sortilège, ce sera plus pratique pour les soigner s'ils sont dans la même pièce ... Un Avada qui heureusement les a juste frôlés sans les toucher ... C'est la deuxième fois que Harry échappe au sort mortel ... Oui, c'est Harry Potter, le vainqueur du Lord Noir ... » Déjà la guérisseuse et son aide installent le Survivant sur un lit. Blaise Zabini et deux élèves rescapés font léviter l'autre blessé sur le deuxième. A ce moment, un homme portant l'insigne du Ministère de la Magie et tenant en main une plume et un long parchemin entre dans la pièce. « Je dois faire la liste de toutes les personnes hospitalisées. Qui se trouve ici ? Ah ! Harry Potter, notre Sauveur! Prenez bien soin de lui, guérisseuse! Et lui ? ... QUE FAIT-IL DANS CETTE CHAMBRE ? C'EST UN MANGEMORT ! IL A LA MARQUE ! --Taisez-vous, siffle Minerva MacGonagall. C'est un hôpital, ici. Les blessés ont besoin de calme. --Mais tous les Mangemorts doivent être envoyés à Azkaban. On a installé une infirmerie là-bas. Le professeur Snape lui-même doit y aller quand il aura fini d'expliquer les contre sortilèges de magie noire à tous les guérisseurs. --Severus n'a rien à faire en prison. Il était espion pour l'Ordre du Phénix, le Ministère le sait. --Oui, nous sommes au courant de son rôle mais la loi est formelle. Jusqu'à leur procès, tous ceux qui portent la marque de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-Nom ... --Vous pouvez l'appeler Voldemort, coupe la directrice avec mépris. Grâce à Harry, il ne pourra plus vous faire de mal. Mais ce jeune homme n'ira pas à Azkaban. C'est un élève de Poudlard. Il est sous ma responsabilité. --C'est ce que nous verrons. Quel est son nom ? » Le zélé serviteur de la loi voit s'avancer vers lui une Minerva MacGonagall furieuse et plusieurs jeunes hommes encore couverts de poussière et portant de nombreuses estafilades sanglantes. « Sortez d'ici, dit la directrice d'une voix froide. --Pas avant d'avoir son nom. Je peux faire venir les Aurors si c'est nécessaire. --Son nom, je vais vous le dire, murmure un grand jeune homme noir d'une voix dangereusement douce, tout en jouant avec une baguette magique qui brille déjà faiblement. Ensuite vous disparaîtrez et je ne veux plus vous revoir, ni vous ni vos sbires, dans cette chambre. Ce blessé, c'est mon ami, c'est Draco Malfoy. L'employé du Ministère pâlit et recule de deux pas. « Malfoy comme Lucius Malfoy ? Ce bandit est mort aux côtés de son Maître et sa femme est à Azkaban. Elle est gravement blessée et n'en a plus pour longtemps. Si c'est son fils, il n'a qu'à aller rejoindre sa mère. Tous des Mangemorts dans cette famille ! » Il recule encore car la baguette de Blaise Zabini vient de se poser contre sa poitrine. « Il restera ici et il recevra les mêmes soins que Harry Potter. --Mais ... mais ... pour ... pourquoi aurait-il ... un traitement de faveur ? Il ... il servait .. Celui-dont-on-ne- ... --Oui, il était aux côtés du Lord Noir pendant la bataille. Mais ce qu'il a fait à la fin ... » Blaise détourne les yeux et baisse sa baguette magique. Minerva et les autres se regardent d'un air indécis. L'employé du Ministère n'ose plus rien dire, on n'entend que la guérisseuse Griffith et son aide qui prononcent à voix basse les premières incantations de soins aux blessures magiques. C'est la directrice qui reprend la parole d'une voix brisée : « D'après Monsieur Rusard, le concierge de l'école, qui a vu toute la scène depuis une fenêtre du deuxième étage, Draco Malfoy s'est jeté devant Harry au moment où Lord Voldemort a lancé son Avada. Il l'a protégé de son corps. Il lui a sauvé la vie. » * * * * * Quelque chose s'est passé quand on a posé Harry sur le lit et personne n'a rien remarqué : une faible lueur orangée a brillé un très court instant au dessus de son nombril et ... «Dehors ... Je suis sorti de mon corps ... Où je suis ? ... Qui sont tous ces gens? ...Pourquoi ils crient ?... Mal ... J'ai mal ... Je rentre ... » * * * * * Sainte Mangouste, le soir de la grand bataille. Tout est calme dans la petite chambre. La lumière est douce. Les deux blessés, vêtus d'une chemise d'hôpital et protégés par un drap blanc, sont allongés sur leur lit, le visage calme et un peu moins pâle. Ils n'ont pas ouvert une seule fois les yeux. D'après la guérisseuse, la blessure qu'ils ont à la base du cou n'est pas dangereuse mais malgré le baume apaisant qui la recouvre, ils garderont une cicatrice. Le plus grave, c'est cette sorte de coma dans lequel ils sont plongés, ce sommeil très profond qui peut les mener aux portes de la mort. Pour les en sortir, elle a mis en œuvre tous les moyens de soins dont elle dispose. Entourant leur crâne sans toutefois le toucher, un demi cercle de métal émet une faible lueur bleue accompagnée d'un bourdonnement. La lumière et le bruit léger sont sensés réveiller chez les blessés le désir de voir, d'entendre, d'ouvrir leurs yeux et leurs oreilles. Les sept pierres de guérison flottent doucement au-dessus de leur poitrine et de leur ventre. Elles ressemblent à des petits galets polis par l'eau des rivières mais elles sont dorées, signe que tout va bien. S'il y a le moindre problème, elles deviennent rouges et un sifflement avertit immédiatement les guérisseurs grâce à un appareil portatif A leurs poignets droits, ils portent un large bracelet relié à un goutte à goutte. Une potion nutritive passe directement dans leurs veines à travers la peau. Leur énergie physique, leur force mentale et leur puissance magique sont très affaiblies Il faudra du temps pour les reconstituer. Enfin trois fois par jour, quelqu'un viendra réciter les sept incantations pour ramener en eux leurs esprits égarés. La guérisseuse Griffith a fait tout ce qu'il était magiquement possible de faire. Pour les deux blessés. Exactement de la même façon. Maintenant, il faut attendre. + + + + + Après une visite à Hermione Granger, Ron Weasley et Neville Londubat, eux aussi hospitalisés mais dans un état moins critique, Minerva MacGonagall est repartie à Poudlard avec les élèves valides. Là-bas, ce n'est pas le travail qui manque. Mais au moins, la guerre est presque finie et les Forces du Mal sont en déroute. Blaise Zabini et Seamus Finnigan sont restés et veillent devant la porte. Il est hors de question que le petit rat du Ministère se pointe auprès des deux blessés. D'ailleurs, la guérisseuse a protégé la chambre par un sort anti-intrusion. Deux précautions valent mieux qu'une. Avachis sur deux fauteuils qu'ils ont traînés jusque là, les deux garçons se taisent et repassent dans leur esprit des bribes de la bataille. Il n'ont pas vu le combat entre Harry et Voldemort. Ils étaient dans le Hall et empêchaient les Mangemorts d'envahir l'école. Ils ont seulement entendu la terrible explosion. Même derrière les murs, ils ont senti le souffle Blaise a été projeté contre une armure qui se battait à ses côtés. Ils sont tombés ensemble dans un bruit de ferraille, assommant pour le compte un des derniers Mangemorts. Maintenant, le brun jeune homme pense à ses camarades Serpentards. Il ignore ce que sont devenus Millicent Bulstrode et Théodore Nott. Mais il a vu Grégory Goyle, blessé à la tête, étendu aux côtés de son père. Ils doivent être tous les deux à Azkaban. Vincent Crabbe est mort, écrasé par un arbre au bord de la Forêt Interdite.. Et dans sa tête tourne une question sans réponse. Où sont passées leurs baguettes magiques? On ne les a pas retrouvées près de leur corps. Draco n'en avait pas non plus. Ses anciens amis étaient-ils sur le champ de bataille, désarmés, sans défense ? Mais pourquoi ? Ils avaient choisi leur camp, ils avaient suivi leurs pères. Cela faisait presque six mois qu'ils ne s'étaient pas revus. Poudlard n'avait pas rouvert ses portes aux apprentis sorciers après la mort du professeur Dumbledore. Leur dernière année d'études attendrait la fin de la guerre. Mais à l'abri des murs millénaires, certains professeurs et un petit nombre d'élèves de sixième et de septième années avaient trouvé refuge et se préparaient à la bataille finale. Harry et ses deux amis allaient et venaient. Ils recherchaient le moyen de tuer définitivement Voldemort. Ils n'avaient pas donné plus d' explications. L'école servait aussi de Quartier Général à l'Ordre du Phénix. Ses membres avaient dû abandonner l'ancien, square Grimault, car Bellatrix Lestrange, qui était une Black, avait fini par le repérer. Prévenus par Severus Snape, ceux de l'Ordre avaient pu fuir avant l'assaut ordonné par Voldemort. A l'inverse de leurs camarades Serpentards, Pansy et lui avaient rejoint Poudlard car ils étaient amoureux l'un de l'autre. Pour lui, c'était facile, son père était mort et sa mère n'était pas impliquée dans le conflit. Mais Pansy était considérée par toute sa famille comme une traitresse. Après une terrible dispute avec son père, au cours de laquelle il lui avait infligé plusieurs Doloris, elle s'était enfuie et avait trouvé refuge à l'école. Il l'avait trouvée si belle quand elle était arrivée au portail, blessée, furieuse, avec pour seuls bagages, sa cape portant l'écusson de Serpentard et sa baguette magique. Oui, il aimait Pansy et Pansy l'aimait. Alors quitte à se battre, autant le faire du côté de l'amour et non du côté de la haine. Assis sur son fauteuil devant la porte close, Blaise pense à elle. Pansy est une fille bien et ils se marieront dès qu'ils auront fini leurs études. ° ° ° ° ° La poitrine de Draco Malfoy se soulève à peine. Ses yeux sont clos dans son visage très blanc. Ses cheveux blonds prennent des reflets bleutés sous le demi cercle de métal. Soudain une lumière rose pâle apparaît au sommet de son crâne et ... «Vivant ... Je suis vivant ... Où suis-je ? ... Sainte Mangouste ... Et lui ... Où est-il ? ... A-t-il survécu ?... Oui ... Je vois son corps allongé sur un lit ... Je me vois aussi ... Mais alors qu'est-ce que je suis ? Un fantôme ? Non je suis vivant ... Un esprit alors ... Mon esprit ... Hors de mon corps ... J'ai mal à la tête ... Je dois rentrer ... » ° ° ° ° ° Seamus Finnigan se lève et s'étire. La nuit promet d'être longue. Blaise somnole, sa baguette posée sur ses genoux. Mais il sera sur pied au moindre signe suspect. Les cours particuliers de Défenses contre les Forces du Mal qu'ils ont suivis ensemble à l'école leur ont forgé des réflexes rapides. Et ils en ont eu besoin pendant la bataille. Les Mangemorts étaient déchaînés. Ils attaquaient le portail de Poudlard en force. Mais depuis le Hall, la Grande Salle à manger et les escaliers mobiles, les défenseurs se battaient avec une énergie sans cesse renouvelée, sous les encouragements continus de Minerva MacGonagall. Plus personne ne verrait la directrice de la même façon après l'avoir vue organiser la défense et la contre attaque et commander sa petite troupe. La déesse romaine dont elle portait le nom pouvait être fière d'elle. Les attaquants étaient deux fois plus nombreux qu'eux mais ils se lançaient à l'assaut en désordre, sûrs de gagner face à des défenseurs si faibles : des professeurs, des élèves, trop vieux, trop jeunes, inexpérimentés. Ils avaient dû rapidement déchanter. L'école était restée inviolée. Mais ce n'est pas cette victoire-là qui réchauffe le cœur de Seamus. Il a atteint le but qu'il s'était fixé : Walden Macnair est mort et Justin est vengé. Justin ... son ami ... son frère ... son amant ... son amour ... Justin Finch-Fletchley, le plus beau et le plus adorable des Pouffsouffles ... Ils s'aimaient depuis un an déjà et puis Justin avait voulu passer Noël en famille. Malheureusement, il y avait eu une attaque de Mangemorts contre son village et il avait été capturé avec d'autres sorciers qui s'y étaient réfugiés. . Justin avait trois défauts rédhibitoires pour les serviteurs de Voldemort : il portait l'écusson de Pouffsouffle, il était fils de Moldus et surtout, il était gay. Ils l'avaient battu, humilié, torturé et finalement, c'était Macnair, le bourreau, Macnair, le boucher, qui l'avait achevé en lui tranchant la gorge. Seamus avait appris dans quelles horribles circonstances son ami était mort en entendant par hasard une conversation entre Severus Snape et la directrice. Pendant trois jours, il avait été pris de tremblements, de vomissements, de crises de tétanie. Il faisait des cauchemars atroces Le quatrième matin, il avait couru vers le lac, il voulait se noyer, se détruire, rejoindre dans la mort celui qu'il aimait. Il avait déjà de l'eau jusqu'à la taille et le froid l'avait saisi. Il s'était arrêté, il avait regardé l'eau noire et il s'était dit qu'il ne pouvait pas mourir sans avoir vengé son ami. Il avait levé le bras et il avait juré de tuer Macnair. Il avait tenu parole. Ça s'était passé après la bataille et il n'avait pas lieu d'en être fier. Mais il l'avait fait et maintenant, dans ce couloir silencieux, il se dit qu'il ne regrette rien. Il sait ce qu'il fera quand tout sera terminé et que Harry sera tiré d'affaire. Il entrouvre la porte, s'appuie au chambranle et regarde le Survivant plongé dans un profond sommeil. Sa poitrine se soulève à peine. C'est lui qui l'a repéré après la bataille parmi les corps étendus. En fait, il cherchait Macnair qui contrairement aux autres Mangemorts n'avait pas tenté d'attaquer le portail. Il avait retrouvé son ennemi juré dans un coin écarté des combats, un endroit tranquille du côté de la Forêt interdite. Il vivait encore. Il était seulement assommé par le souffle. Seamus n'avait pas eu l'ombre d'une hésitation. Il était seul et s'il y avait eu des témoins, il aurait agi de même. Il avait tendu sa baguette magique vers le cou de Macnair et il avait tranché. Le sortilège du « Rouge Gorge » était parfaitement efficace. C'était un sorcier français qui lui avait donné ce nom poétique. Le sang avait bouillonné hors de la plaie ouverte et avait taché d'écarlate l'herbe verte et tendre. La terre indifférente l'avait bu comme celui de tant d'autres combattants des deux bords. Justice était faite ... Non, la vengeance était accomplie ... Seamus n'a pas un regard pour le corps inanimé de Draco Malfoy. Il referme doucement la porte et se rassoit à côté de Blaise. Il a déjà décidé de son avenir. Dès que Harry sera réveillé, il lui dira adieu, à lui et aussi au monde magique. Il brisera sa baguette et partira chez les Moldus pour toujours. Son père exploite une ferme dans le sud de l'Irlande. Il ira le rejoindre et lui prêtera main forte. Il est soulagé d'avoir vengé Justin mais il sait aussi qu'il a agi de la même manière que ceux des Ténèbres. Il ne vaut pas mieux qu'eux. Il a assassiné Macnair de sang froid, sans lui donner la moindre chance de se défendre. Il doit expier son crime. Sainte Mangouste, le lendemain de la bataille, le matin. * * * * Deux guérisseurs s'activent auprès de Harry. Ils ont ôté les pierres et replié le drap au pied du lit. Le plus âgé des deux pose sa baguette sur différents points du corps du malade pendant que l'autre murmure des incantations. La pointe se pose au sommet du front « Coritem Saturnem.», sur les lèvres « Seguras Mercuras », sur la gorge « Perdimea Neptunea » ... Une faible lueur bleu pâle ... « Stop ! Guérisseur Craigg ... N'avez-vous rien remarqué ? ... » Et ... « Aïe ! Arrêtez ! Vous me faites mal ! ... Hé ! Qui êtes-vous? ... Hé ! Vous ! ... Mais ... Mais ils font comme si je n'étais pas là ! ... Ils ne me voient pas ! ... HE ! VOUS ! ... Ils ne m'entendent pas ! ... Qu'est-ce qui se passe ? ... Je suis sorti de nouveau ... Par une nouvelle porte ... » « Non, acolyte Simmons, Je n'ai rien vu de spécial. Continuons sans perdre le fil ...» Imperturbables, ils reprennent leurs incantations de guérison. Sur les mains « Bolsanus Uranus », sur le plexus solaire « Galdris Solaris » ... « Qu'est-ce qu'il fait, lui, avec son bout de bois ? ... Et l'autre, là, c'est quoi ce charabia ? ... Et comment ils sont habillés ! Ha ! Ha ! Ha ! ... Mais ... Mais ... Moi je suis tout nu ! ... Heureusement qu'ils ne me voient pas ! Vite, je rentre ... » Les deux hommes ont terminé leur série de sortilèges. Ils remettent en place les pierres de guérison puis, de la même façon, ils soignent l'autre malade et partent. Dans le couloir vide, le plus jeune redit à son aîné : « Vous êtes sûr ? Vous n'avez pas vu cette lueur bleutée ? » * * * * * Sainte Mangouste, deux jours après la bataille, l'après-midi. La guérisseuse Griffith, Minerva MacGonagall et Severus Snape sont au pied des lits où reposent les deux malades endormis. « Le Ministère vous envoie réellement à Azkaban, Severus ? C'est honteux ! --Rassurez-vous, Minerva. Je serai bien traité. On m'a promis une cellule individuelle, du chauffage et des livres. Et j'ai obtenu l'assurance que Draco Malfoy restera ici jusqu'à son réveil. La Haute Cour de Justice Magique commence les procès par les Mangemorts valides qui ont été capturés. --Narcissa Malfoy y échappera sans doute. Que faisait-elle parmi les alliés de Lord Voldemort? Elle et Bellatrix Lestrange étaient les seules femmes présentes dans l' Armée des Ténèbres. --Ne parlez pas trop fort, murmure la guérisseuse,. Il est possible que les malades entendent nos conversations pendant leur coma. Sortons de cette chambre. » ° ° ° ° ° La porte se referme, une toute petite étincelle verte s'allume au niveau de l'estomac de Draco Malfoy et ... « Ils ont parlé de ma mère ... Pourvu qu'elle soit sauve ! ... Et mon père ... C'est à cause de lui ... Et de son Maître ... Le Seigneur des Ténèbres ... J'espère qu'il est mort ... Que l'Avada de Potter l'a tué ... Oui, sinon ils ne seraient pas si tranquilles ... » Dans la chambre silencieuse, un corps pâle flotte au-dessus du jeune homme endormi. Il lui ressemble trait pour trait, mais à part ses cheveux blond clair, ses yeux bleu gris et ses lèvres rouges, il est sans couleur. Il regarde ses mains, ses pieds, son ventre ... son sexe ... Il est nu ... Il veut voir son visage. Il y a un miroir fixé à la porte de la chambre. Il bouge ses jambes et s'aperçoit qu'il avance, exactement comme s'il marchait sur le sol. C'est très étrange de se déplacer ainsi dans les airs. Mais dans le miroir, il ne voit rien. Il est invisible. Lui seul peut se voir ... « Alors c'est vrai, je suis un esprit, mon esprit. Tiens, d'ailleurs, je suis relié à mon corps par un fil ... Il part de ce point d'où je suis sorti ... Une ouverture d'esprit ... Hem, un peu d'humour ne fait pas de mal ... Il s'accroche à mon cou... Qu'est-ce qui se passerait s'il se brisait ? Non, c'est fin comme un cheveu mais ça a l'air solide. Allez, suivons le fil, rentrons. » ° ° ° ° ° Les jours suivants, les deux esprits restent sagement dans leur corps. Harry est pudique. Le fait d'être nu quand il « sort » l'embarrasse. Et puis il se sent fatigué. Il a mal partout. Il a parfois l'impression d'avoir fait récemment des efforts surhumains comme soulever des montagnes ou porter sur ses épaules le poids du monde. Alors il « dort », en fait il déconnecte son esprit de la réalité. Le passage des « hommes bizarres » ne le surprend plus. Sauf que, à certains endroits, la baguette de bois le chatouille ou lui fait mal. Mais il ne peut rien y faire. Des gens qu'il ne connaît pas sont venus lui rendre visite. Une fille par exemple. Elle l'a appelé Harry. Ce doit être son nom. Celui-là ou un autre ... il ne se souvient de rien. Elle a pris sa main et elle a parlé à voix basse, comme s'ils étaient dans la chambre d'un mourant ou d'un mort. Il n'a pas compris la moitié des mots qu'elle disait. C'est peut-être une étrangère ? Elle a répété plusieurs fois « Poudar » ou « Pouldar», qu'est-ce que c'est ? Au bout d'un moment, il a fermé son esprit. Draco, lui, a eu la visite de Blaise et de Pansy. Il a bien reconnu leurs voix mais il n'a pas réussi à leur faire le moindre signe. Il ne peut remuer ne serait-ce que le petit doigt. Son cerveau ordonne mais ses muscles n'obéissent pas. Ils lui ont raconté la fin de la bataille. Voldemort est bien mort, Son corps et celui de son serpent ont été incinérés ensemble et les cendres ont été jetées en pleine mer. Ses partisans sont en prison ou en fuite. La guerre est finie. Draco aurait bien voulu avoir des nouvelles de ses parents mais ses deux anciens amis n'en ont pas parlé. C'est extrêmement frustrant de ne pouvoir communiquer. Juste avant de partir, Pansy a posé un baiser sur sa joue et a murmuré à son oreille : « Pourquoi as-tu fait ça ? » Fait quoi ? Un geste aussi stupide et aussi fou que de se jeter devant Potter pour qu'il ne meure pas ? Pour que cette ordure de Voldemort ne soit pas vainqueur ? Oui, il l'a fait et il en est content. Mais il ne faut pas en faire une montagne. Il l'a fait parce qu'il est un Malfoy et qu'un Malfoy a sa fierté. Qu'est-ce qu'il croyait, ce Sang-Mêlé, ce Revenu-d'entre-les-Morts, ce Serpent aux yeux d'escarboucles ? Il s'imaginait que lui, Draco Malfoy, était son esclave parce qu'il portait sa Marque ? Il l'avait acceptée sur l'ordre de son père, comme plusieurs de ses camarades. A l'époque, il croyait encore à ces histoires de Sangs-Purs, de sorciers supérieurs aux autres. Il a vite déchanté. Le fameux Lord Voldemort n'était qu'un Tyran, extrêmement savant en toutes sciences, en particulier en magie noire, d'accord, dominateur, séducteur et très puissant, certes. Mais dès que le masque tombait, on découvrait un despote méprisant et colérique, un autocrate qui ne supportait pas la contradiction, qui agissait pour son seul bon plaisir et qui en plus, voulait qu'on l'entoure d'une admiration sans bornes et d'un respect quasi absolu. Mais pour qui il se prenait ce dictateur au petit pied ? Draco Malfoy, Prince des Serpentards, n'allait pas se laisser faire sans réagir. Il avait oublié que le Lord Noir avait sur lui un moyen de pression imparable : ses parents. Lui et ses camarades, Crabbe, Goyle, Nott et Bulstrode avaient payé cher leur attitude rebelle . Saleté de Voldemort ! Finalement, c'est l'autre camp qui avait raison, le camp de l'Ordre du Phénix, le camp de Potter ... Potter, qui s'est battu comme un lion devant Poudlard ... Potter, qui a tué le Maître des Ténèbres ... Potter qui gît inanimé sur le lit voisin du sien ... * ° * ° * ° * ° * ° Il y a une porte ouverte dans sa poitrine, légèrement à gauche, à hauteur du cœur. Il va sortir et aller le voir. Est-ce que lui aussi peut « quitter » son corps ? Il ignore que l'esprit de Harry a emprunté la même voie quelques minutes auparavant pour aller « dehors ». L'esprit du sorcier blond repère tout de suite une forme blanche aux cheveux noirs au-dessus de Potter. L'autre ne l'a pas vu. Il est à genoux, assis sur ses talons, au-dessus des cuisses de son propre corps. Ses mains se promènent parmi les pierres de guérison mais elles ne parviennent pas à les déplacer ou même à les faire bouger. Sa tête est un peu penchée, il a l'air absorbé par son jeu. L'esprit de Draco s'approche et brusquement, il s'arrête, stupéfait. L'esprit de Harry pleure. De grosses larmes, brillantes et transparentes à la fois, perlent de ses yeux, coulent lentement sur ses joues puis disparaissent. Il a l'air si affligé, si vulnérable ... Où est le Griffondor qui se battait comme un démon face au monstre sanguinaire ? Celui-là ressemble à un enfant perdu ... Sans même réfléchir, Draco appelle : « Potter ? » Harry tourne son visage vers lui et ses yeux s'écarquillent. « Quelqu'un » flotte à côté de lui, ce « quelqu'un » lui a parlé, il a entendu sa voix. Et ce « quelqu'un » est ... aussi nu que lui. Instinctivement, il croise ses mains sur son sexe et demande bêtement : « Qui ... qui êtes-vous ? » Une dernière larme roule sur sa joue. Son visage reflète un ahurissement complet. Ses yeux verts brillent comme des étoiles. Il est ... « ... Mignon, pense Draco ... attendrissant ... adorable ... Je ne me souvenais pas qu'il était si beau ... Si ce n'était pas Potter ... » Le silence se prolonge. Il se passe quelque chose de bizarre ... Potter le regarde comme si ...comme s'il ne le reconnaissait pas ... comme s'il était un fantôme, un revenant, un extraterrestre ... Il ne bouge pas, c'est comme si ... on lui avait lancé un sort de Stupéfix ... Ah oui ! Bien sûr ! Il est nu ... « Potter ? répète Malfoy puis ne voyant aucune réaction, il articule plus fort : HARRY POTTER ? » Son vis-à-vis sort de sa stupeur. Il se relève, se précipite vers lui et le saisit par les épaules en criant : « Vous me voyez ? Vous me connaissez ? Vous aussi, vous êtes prisonnier dans cette chambre ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qu'on fait ici ? ... » C'est au tour de Draco de prendre un air stupide. Le Survivant ne sait pas qui il est et il ne le reconnaît pas. Par Salazar tout puissant, ce n'est pas possible ! Harry Potter est amnésique ! - - -Dites-moi si vous aimez, parce que si vous n'aimez pas, ce n'est pas la peine que je mette la suite ... Ce serait gâcher inutilement de l'espace ... . . . . |