Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, l'univers non plus. D'où le bordel.
Bêta : Skalyann et Duncan
NdA : Vous avez donc sous les yeux une version éditée et nettoyée, avec quelques changements mineurs.
EVE OF DESTRUCTION
Chapitre 2
Stairway to heaven
...or Highway to hell?
Le ticket était corné et l'encre avait bavé à cause de la moiteur de ses mains. Harry tremblait légèrement et son estomac était rempli de plomb.
Pour se donner de l'assurance, il se concentra sur les chiffres qui indiquaient les dates et heures de départ : le 3 septembre à 13 heures 47 minutes. Dans moins d'une heure, il devait être à la gare de King Cross. Harry avait encore du mal à réaliser qu'il était si loin de St Brutus. Après tout, il n'avait connu rien d'autre depuis l'âge de douze ans. Il avait même participé à pulvériser le record du plus jeune élève jamais admis à St Brutus depuis trente ans.
Il fixait le labyrinthe de tuyauterie multicolore aussi appelé plan de métro, confus. Depuis Epping dans le comté d'Essex, où il avait laissé St Brutus derrière lui, il avait pris la ligne Central et était désormais au milieu du grand Hall de Liverpool Street qui, avec ses grandes arcades métalliques et ses hommes pressés en attaché-caisse, le rendait nerveux. Il remonta machinalement son sac à dos qu'il portait d'une épaule et qui glissait continuellement. A l'intérieur, il y avait toutes ses possessions terrestres, c'est-à- dire : un jean, deux slips trop grands, un T-shirt informe aux insignes de St Brutus, un pull en laine grisâtre et une paire de gants troués aux pouces.
Dumbledore lui avait écrit que l'uniforme lui serait fourni mais Harry restait septique avec toute cette histoire, toujours sous le choc du consentement des Dursley.
Dumbledore avait dû utiliser des arguments percutants pour que, moins d'une semaine après cette journée d'août, il reçoive une lettre de confirmation de son admission à Poudlard ainsi que le billet de train pour Edimbourg où l'attendrait un quelconque représentant de l'école.
Le Centre était pratiquement désert ainsi il n'eut pas affronter la jalousie chronique des autres et son départ fut assez discret. Witman lui écrasa les phalanges avec sa main froide et ferme et Buddy Halley, qui l'accompagna à la gare d'Epping, faillit lui arracher les cheveux en les lui ébouriffant.
Malgré cela Harry ne regarda pas en arrière.
Il était implacablement envahi par cette diffuse impression qui le taraudait, cette angoisse qu'il ne s'agisse en réalité que d'une vaste blague et que dès qu'il se serait fait berner par l'idée, on lui rirait au nez et illico presto il serait de retour dans ses quartiers à St Brutus en compagnie de ce bon vieux Ripley.
Harry avait appris très jeune une des vérités universelles qui érigeaient sa vie. En effet, dès que la baraka lui souriait, il fallait qu'il passe à la caisse pour recevoir la scoumoune qui lui était due. Cet équilibrage systématique, Harry le devait à son karma, Amen. Il avait dû manger quantité de chatons dans sa vie antérieur pour en arriver là.
Toujours était-il que maintenant, il devait prendre la ligne Circle pour arriver à King Cross.
Il se mit en mouvement au milieu de la foule affairée. Il se sentait nauséeux à cause de tous ces gens qui s'agitaient continuellement. Une fois dans le métro, il fut repris par ce sentiment de malaise ; les gens étaient tous très occupés à avoir l'air occupé et Harry ne savait pas quoi faire de ses mains qui trituraient le vieux ticket, voir de son corps en général si maladroit à occuper son espace.
Le trajet dura à peine dix minutes et il fut soulagé de sortir enfin du métro, à l'air frais. Il ne lui restait plus qu'à trouver la voie 10 d'où le train de 13 heure 47 le conduirait à Edimbourg.
Il ne tarda pas à trouver sa voie. Le train venait tout juste d'arriver, aussi patienta-t-il le dos si raide que ç'en était douloureux.
Le wagon 4 était celui qu'il devait détecter car là était sa place réservée. Il se mit en branle en même temps que les autres passagers, se déplaçant avec la discrétion qu'il avait acquise au cours de ses premières années à St Brutus, où devenir le garçon invisible était une question vitale.
Il monta donc et trouva sa place dans d'un emplacement carré à quatre sièges, face à face. Harry s'installa à sa place – côté couloir, son maigre sac à dos sous le siège. Croisant les bras, décidé à ne plus bouger d'un pouce les prochaines quatre heures et demi de voyage.
Le wagon se remplit progressivement et les places en face de lui commencèrent à être occupées : côté fenêtre, une fille. Enfin, elle faisait bien une tête de plus que Harry et, contrairement à lui, son corps s'employait à occuper le plus d'espace possible. Elle lui rappelait Ravelson, avec une paire de seins. Harry se sentait quelque peu embarrassé de ne pouvoir détourner ses yeux de sa poitrine, il gigota dans son siège. Il se souvenait parfaitement des discussions très détaillées qu'avaient les garçons du Centre autour du sujet – inépuisable. Harry ne parlait jamais, il écoutait.
Il croisa encore plus les bras et de sous sa frange – où il faisait une chaleur insupportable - il pouvait distinguer le visage féminin aux airs de chiens hargneux.
Il fut arrêté dans sa morbide observation par une voix perçante qui zozotait et qui appartenait à une fille qui vint s'installer juste en face de lui. Il y avait décidément beaucoup trop de filles au goût de Harry. Celle-ci discutait avec fébrilité avec, selon toute vraisemblance, ses parents.
Ses cheveux bruns formaient une nébuleuse aura autour de son visage, assez banal, si ce n'était sa bouche où brillait l'éclat d'un appareil dentaire. Elle semblait avoir bu plus de café que de raison au vu de l'incroyable volubilité dont elle était capable.
Il s'enfonça dans son siège et jeta un coup d'œil à sa montre, cinq minutes avant le départ.
Les parents de la pipelette lui faisaient signe par la fenêtre alors que Ravelson-Fille leur tirait la tronche.
Le train était sur point de démarrer lorsqu'il vit une fusée rouge passer par la même fenêtre. Quelques minutes plus tard, un grand noir portant un survêtement rouge s'excusa auprès de Harry pour qu'il le laisse s'installer à la place à côté fenêtre. Le garçon était essoufflé et devait avoir l'âge de Harry.
Comme les deux autres filles.
Harry fronça les sourcils, c'était bizarre comme coïncidence. Il ferma les yeux et fit mine de se préparer à faire la sieste alors que le train se mettait en marche pour de bon.
Quatre heures et demi plus tard, Harry gardait les yeux résolument fermés. Il était bien content d'avoir choisi cette stratégie. Elle lui avait sauvée la mise.
En effet, quelques minutes après le départ, la Pipelette AKA Hermione Granger se présenta impudiquement auprès de la tablée et chercha à obtenir le plus d'informations sur ses compagnons de voyage qu'il n'était décemment permis.
Ainsi Harry apprit que la fille aux seins généreux s'appelait Millicent Bulstrod et le type au survêtement rouge Dean Thomas. Il s'avéra que leur emplacement n'était pas une coïncidence puisqu'ils étaient eux aussi invités à venir étudier à Poudlard. Ils avaient reçu la visite de chasseurs de têtes ainsi que divers courriers d'encouragement de la part d'institutions publiques.
Aucun d'entre eux n'avaient jamais entendu parlé de Poudlard et Granger s'était étonnée du manque de publicité d'un établissement aussi prestizieux puisqu'elle n'avait trouvé aucune information malgré ses rechersses (sic).
Harry était donc le seul à avoir été contacté personnellement par le Directeur, ce qui accentua ses soupçons.
Ensuite, Granger n'avait pas caché pas la curiosité que suscitait chez elle la présence de Harry à leur table. Il s'était retenu de ronfler.
Au bout de trois quarts d'heure à faire la conversation à sens unique, Granger s'était fatiguée et son silence fit du bien aux oreilles de Harry. Il n'entendait que la musique que diffusait le baladeur cassette de Thomas.
Le voyage aurait pu lui paraître interminable s'il n'avait vécu une partie de sa vie dans un lieu où la notion même de temps était complètement absurde.
Durant quatre heures et demi, il n'avait autre chose à faire que de fermer les yeux et attendre. Certes, c'était débile. Après tout, il était censé être un dur sorti d'un Centre de jeunes délinquants et pourtant il était là : enfermé sur lui-même, terrifié à l'idée d'échanger plus de trois mots avec un groupe de jeunes gens de son âge parfaitement normaux qui n'avaient jamais connu ni l'amertume de la solitude ni l'ivresse de la violence. Il préférait les éviter autant que possible. Harry était un solitaire, et ce, même avant St Brutus.
Lorsque le train ralentit, Harry ouvrit lentement les yeux et tomba dans le regard brun ouvertement curieux de Granger. N'aimant pas être pris au dépourvu, il la fixa durement sans ciller et elle baissa les yeux rapidement, intimidée.
Il se détendit, se sentant en terrain familier.
Quand le train s'immobilisa totalement, Harry sortit le premier, laissant derrière lui ses futures camarades de classe. Il trouverait bien la personne censée les accueillir avant l'arrivée des autres. Et en effet il ne la rata pas.
L'homme avait l'air d'être passé sous le train – étant donné que même les vêtements que portaient Harry n'avaient rien à voir avec l'état des loques qui couvraient le dos du type qui levait bien haut le panneau « Élèves de Poudlard ! »
Il avait les cheveux plus gris que châtains et l'air éreinté d'un vieillard malgré la jeunesse de ses traits.
Il le rejoignit néanmoins, les zozotements de Granger lui firent hâter le pas.
Harry s'arrêta net devant l'homme qui cligna des yeux lentement.
« Tu es Harry Potter. »
Il s'agissait d'une affirmation, pas d'une question. Il y avait une telle intensité dans sa voix rauque que Harry en eut la chaire de poule.
Harry fut sauvé du malaise de cette déroutante introduction par l'arrivée des autres qui étaient alourdis par le poids de grosses valises. Harry enfonça profondément ses mains dans ses poches et fit comme s'il n'était pas concerné.
Il se passait définitivement quelque chose de très louche.
« Bienvenue en Écosse ! S'exclama l'homme.
Il avait le sourire chaleureux qui compensait largement ses apparences de miséreux et une voix douce et agréable.
- Je suis Remus Lupin et je serais votre référent cette année durant. Seulement, vous n'êtes que quatre il en manque un. Puis-je avoir vos nom?
- Moi, c'est Hermione. Hermione Granger.
Toujours aussi prompte, elle avait une tête de première de la classe. Elle agaçait vaguement Harry.
- Millicent Bulstrod.
Harry n'était pas le seul à loucher sur ses seins. Par contre, Thomas n'était pas aussi discret. Il répondit en se grattant la nuque nerveusement :
- Euh... Dean Thomas.
Les autres regardaient Harry, intrigués. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche cependant :
- Et Harry Potter, termina Remus Lupin avec un sourire encore plus large. Il nous manque donc Monsieur Justin Finch-Fletchley. Il arrivera en voiture, de ce côté s'il-vous-plaît. »
Remus Lupin prit la direction de la grande porte et ils le suivirent avec plus ou moins de difficultés selon leurs bagages.
A l'extérieur, le vent était plus froid qu'à Londres et Harry plongea sa tête dans ses épaules.
Lupin les dirigea vers le parking et ils ne tardèrent pas à découvrir ce qui allait être leur moyen de transport : un triste minibus jaunâtre où était inscrit en lettre marron « POUDLARD M.B ».
Harry entendait le chuchotement furieux de Granger : c'était ça la Grande École Élitiste? Elle n'avait jamais vu le bus bleu marine où ils entassaient les gamins de St Brutus les rares fois où ils les sortaient. Avec ses grilles aux fenêtres et sa peinture écaillée, il avait l'air d'un panier à salade*. Harry soupira, alors que son ventre gargouillait.
Ils attendirent aux côtés de Lupin qui jetait à Harry, de temps en temps, des coups d'œil en coin, l'expression impénétrable.
L'attente ne dura pas : une luxueuse Bentley noire, vint se garer près d'eux. La portière arrière laissa échapper une femme blonde d'âge mûr en tailleur de haute couture et à la voix pincée, elle parlait au jeune homme aux épaules avachies qui la suivait. Il était aussi blond qu'elle, mais était bien plus maussade.
« C'est la dernière fois que je te pose cette question : es-tu sûr de vouloir faire ceci?
Le garçon soupira leur jeta un regard gêné.
- Pas maintenant maman.
- Eton ! Tu quittes Eton ! C'est de la folie furieuse mon garçon!
Pendant qu'elle le houspillait, il se dirigeait vers le coffre d'où il extirpa ses valises.
- Madame Finch-Fletchley?
Elle arrêta net sa harangue « et ton père, tu sais ce qu'il en pense de tout ça, mais... » et se tourna vers la voix apaisante de Lupin.
- Je suis Remus Lupin, le référant de votre fils, et je vous assure que Poudlard est l'école faite pour votre fils.
Elle le toisa des pieds à la tête, son regard glissa sur l'assemblée qui se tenait à ses côtés puis s'arrêta sur le minibus. Son visage exprimait bien plus de dédain que n'aurait pu le faire des mots prononcées à voix haute. Lupin lui sourit calmement.
- Aller on embarque, annonça-t-il joyeusement sans les regarder.»
Il leur ouvrit la porte du minibus, Harry se demandait s'ils allaient tous pouvoir grimper à l'intérieur avec leurs chargements. Il laissa passer les filles et Thomas avant de monter. Derrière lui, il laissa la voix pincée de la mère du blond partir dans les aigus.
Harry eut envie de descendre du minibus et d'en faire proprement le tour parce qu'il y avait quelque chose qui clochait avec les proportions. C'était étrangement plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur : il y avait de la place pour au moins une douzaine de personnes, bagages compris. De l'extérieur, il aurait parié pour à peine la moitié.
Il n'était pas le seul à s'interroger. Seulement, Granger avait déjà une réponse toute prête :
« C'est un effet d'optique, notre cerveau nous trompe. »
Harry posa son sac à la place libre à côté de lui – il y avait encore largement de la place pour le blond – et regarda par la fenêtre en essayant de mettre la voix de Granger en mode off.
Une fois que Finch Fletchley embarqua et s'installa, Lupin démarra.
« Jeunes gens, vous êtes officiellement entrés dans le monde auquel vous appartenez – quoi qu'on vous en dise. Préparez-vous à intégrer l'École de Sorcellerie de Poudlard.»
TBC... |