Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, l'univers non plus. D'où le bordel.

L'extrait utilisé en tête de chapitre est la propriété des Stealer Wheel.

Bêta : Duncan

Chapitre 8

Stuck in the middle with you

« Trying to make some sense of it all,

But I can see that it makes no sense at all »

« Clowns to the left of me, Jokers to the right,

Here I am, stuck in the middle with you. »

Extrait de "Stuck in the middle with you" des Stealer Wheel

« J'attends. Qu'est-ce que vous foutiez dehors à cette heure de la nuit? »

Il fronçait les sourcils, prêt à en découdre.

« Et vous avez pris le Truc, qu'est-ce que c'est que cette histoire? » Accusa-t-il.

Harry gratta sa pomme d'Adam, tenant le Truc d'une main qu'il ne voulait pas dissimuler derrière son dos, comme un voleur.

Granger se racla la gorge. Ce fut Bulstrode qui répondit, et elle ne cacha pas sa frustration :

« C'est pas tes putain d'oignons, Thomas ! Maintenant, sois un gentil garçon : retourne te coucher et oublie ce que tu as vu cette nuit.

- Il en est hors de question !

Sa voix grimpa dans les aigus, il se leva.

« Qu'est-ce que vous manigancez ? Insista-t-il.

- Dean, tu ne peux pas savoir, intervint Granger.

Elle se tenait droite, ses mains étaient serrées en poings.

- Ne me dis pas ce que je peux faire ou non. Je veux savoir ce qui vous prend de vous balader la nuit. Dans quoi est-ce que vous vous êtes embarqués?

C'est qu'il était têtu, le garçon.

- Tu veux vraiment savoir? Demanda Harry en avançant vers lui.

Il dépassa Granger qui fit mine de vouloir attraper Harry par le bras, il l'évita et vint se positionner juste en face de Thomas. Il remarqua, et pas pour la première fois, combien Thomas était grand : Harry devait lever la tête.

Thomas l'observa, sa mâchoire était serrée. Il avala difficilement et hocha la tête.

- Nous cherchons un moyen d'apprendre la magie, révéla Harry, un sourire goguenard aux coins des lèvres.

Il pencha la tête sur le côté et s'employa à étudier le défilement des émotions sur le visage de Thomas. Il y avait de l'horreur, de la terreur et autre chose.

- C'est de la folie, murmura -t-il. Vous risquez...

Il ne termina pas sa phrase, tous savaient ce qu'ils risquaient : prison, amnésie et autres joyeusetés, mais ils n'avaient rien à perdre - du moins c'était le cas pour Harry.

Thomas les scruta à tour de rôle, puis se mit à faire les cents pas. Harry pivota sur lui-même pour voir Bulstrode dévisager Thomas, quand elle se sentit observée, elle tourna son attention vers Harry. Elle ne dévoilait rien. Quand elle retourna à l'observation de Thomas, Harry nota qu'elle affichait de la curiosité. Granger était aussi fébrile que Thomas, elle avait son pouce coincé dans son appareil dentaire, et réfléchissait sans doute à un plan pour les tirer de cette situation.

Harry s'assit sur la table, à l'endroit où Thomas s'était tenu auparavant.

Ce dernier continua son petit manège pendant un bon moment, avant de s'arrêter net, entre Harry, Granger et Bulstrode.

« C'est quoi le plan ? Demanda -il.

- Le plan... ? Granger était désarçonnée, elle avait la bouche légèrement entrouverte.

- Comment allez-vous apprendre la magie?

- Oh...

Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, elle le regardait avec attention, tout comme Bulstrode et Harry.

Thomas attendit, les bras croisés. Ses yeux s'étaient arrêtés sur Granger, il avait dû comprendre que c'était elle, le cerveau de l'opération.

- On cherche une bibliothèque, dit-elle prudemment.

Une expression presque comique passa sur le visage de Thomas. Harry ne réprima pas un sourire narquois.

- C'est un plan pourri.

Il ne mâchait pas ses mots.

« C'est tout ce que vous avez trouvé, des livres?

Cette fois, Granger était scandalisée.

- Les livres peuvent nous servir ! S'écria-t-elle.

- Tu as peut-être une autre idée? Demanda calmement Bulstrode.

- Demander à quelqu'un ? Proposa Thomas en soupirant lourdement.

Fatigué, il décroisa les bras pour se gratter l'oreille.

Harry avait aussi pensé à cette solution, mais il ne faisait confiance à personne.

- Qui ? Interrogea Granger en avançant également.

Elle s'installa à côté de Harry sur la chaise, ils l'imitèrent tous, chacun prenant place autour de la table ronde.

- Lupin ? Avança Thomas, peu convaincu.

- Je ne lui fais pas confiance, trancha Bulstrode.

- Et bien... Dumbledore.

Harry haussa un sourcil en sa direction. Thomas n'avait décidément pas froid aux yeux.

- Il perdrait son job.

- Revois tes priorités, Granger, on a bien plus à perdre et c'est lui qui a sous-entendu qu'il nous protégerait.

Il y avait un truc qui clochait, une idée. Harry fronça les sourcils.

- Dumbledore ! Mais bien sûr ! S'exclama Granger, en proie à une grande excitation.

Elle les regardait avec ses grands yeux bruns qui semblaient vouloir se décrocher de leurs orbites. Elle avait fait le même lien que Harry. Thomas et Bulstrode aussi, leurs visages le montraient clairement.

- Il doit discuter de l'enseignement, vous croyez que c'est ce qu'il voulait dire depuis le début?

Cela n'étonnerait pas Harry, il avait déjà classé Dumbledore dans la catégorie « vieux manipulateur ».

- Quand est-ce que cela doit avoir lieu ? Intervint Harry.

- Il avait dit un mois après la rentrée, c'est-à-dire que ce sera dans quatre jours, après la sortie à Édimbourg.

Un silence suivit la remarque de Granger.

Est-ce que cela était possible ? Avaient-ils vraiment compris ce que le vieux voulait dire ? Ou était-ce une extrapolation de leur part ? Toujours était-il que cela semblait à Harry une possibilité bien plus réelle d'apprendre la magie que de chercher en vain une bibliothèque.

Après encore un moment où ils discutèrent de la plausibilité de cette idée, ils décidèrent d'aller se coucher, mais pas avant que Thomas ne leur fasse comprendre que, la prochaine fois qu'ils envisageaient de se faire une promenade nocturne, il fallait faire avec lui.

o

Harry avait envie de pisser. Sa vessie semblait sur le point d'exploser.

Il regarda par la fenêtre pour se distraire de la voix désagréable de l'homme en noir. Le soleil était couché, les journées étaient très courtes dans cette partie du pays. Il voyait au loin la cime des arbres de la forêt qui marquait la limite entre ciel et terre.

Lupin n'était toujours pas revenu, cela faisait trois jours maintenant.

L'homme en noir était un type réglo. Il avait juste de très nettes tendances sadiques, rien de nouveau pour Harry. Il n'avait aucun problème à supporter ses remarques acerbes et autres piques. Harry se contentait de l'observer de façon la plus neutre possible. Il savait qu'il avait l'air un peu stupide comme ça, mais c'était une bonne façon de battre l'autre à son propre jeu.

L'impassibilité lui permettait de s'en tirer sans répondre aux provocations de l'homme en noir, alors que ce dernier avait la balance du pouvoir de son côté.

Harry remua sur sa chaise, c'était une affaire de secondes maintenant avant la fin du cours. Il commençait déjà à ranger ses stylos et cahiers -courtoisie de Lupin.

Quand l'homme en noir termina, il quitta rapidement la salle, comme il le faisait toujours, sans un regard en arrière, sa cape flottant derrière lui à la Darth Vader.

Harry se dépêcha de faire de même. Il avait une vessie à vider.

Il se retrouva dans le couloir avec Granger qui ne parlait à personne, en particulier du devoir d'anglais à faire, tandis que Bulstrode fermait la porte. Une chose attira son attention : le chat noir.

Il était devant leur porte. Celle de leur salle commune. Assis, il paraissait les attendre.

Bulstrode bouscula Finch Fletchley et Thomas pour s'en approcher. Harry n'aimait pas la bestiole, il la trouvait louche, ce qui était, en soit, suffisamment irrationnel pour qu'il ne partage pas son idée avec les autres.

Bulstrode avançait doucement près de l'animal, pour ne pas l'effaroucher. Harry entendait à peine les mises en garde de Granger, fasciné.

Puis tout s'accéléra.

L'animal qui était resté de marbre face à l'approche de Bulstrode prit la fuite quand elle tenta de le caresser. Et Bulstrode évidemment le suivit.

Harry avait encore un mauvais souvenir de leur dernière course-poursuite.

Il lui emboîta le pas néanmoins, ainsi que Granger, Thomas, et même Finch Fletchley.

Granger appelait Bulstrode qui n'écoutait pas.

L'animal était rapide, et de façon assez surprenante, Bulstrode aussi. Harry regardait son énorme postérieur se balancer.

Ils traversèrent des couloirs qu'ils n'avaient jamais explorés, descendirent des escaliers.

Bulstrode en tête de peloton.

Harry n'était pas très loin, même s'il se demandait faiblement pourquoi il l'avait suivie. Toutefois, il sentait bien que quelque chose ne tournait pas rond chez l'animal, et que cela risquait de mal se finir s'il n'intervenait pas. Harry fronça les sourcils dans sa course. D'où lui venait ce fichu sens de justicier?

Il entendait les bruits de pas derrière lui. Thomas était juste derrière et Granger continuait de siffler le nom de Bulstrode. Ils ne croisaient personne pour l'instant mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne tombent sur quelqu'un. Et là, les ennuis arriveraient.

o

Ils finirent par arriver dans le grand hall d'entrée, ils purent entendre derrière les portes le brouhaha des jeunes sorciers.

C'était un miracle qu'il n'y ait personne dans les parages – mais avant qu'il ne finisse de se formuler cette pensée, Harry entendit des voix qui provenaient en grand nombre d'un des couloirs sur sa droite.

Ils allaient être pris. Ils étaient dans la merde jusqu'au cou.

Les voix se firent de plus en plus fortes. Harry accéléra à la suite de Bulstrode qui était déjà sortie du hall par la grande porte, juste après le chat. Harry se demanda follement comment la porte avait-elle pu s'ouvrir? Alors que ses jambes couraient, couraient, que son cœur pompait le sang pour alimenter en oxygène l'ensemble de son corps parcouru par un funeste pressentiment.

Une fois dehors, le soulagement d'avoir échappé aux sorciers ne dura pas, le froid le faucha. Ses yeux, peu habitués à l'obscurité, cherchèrent Bulstrode. Quand il la vit, il s'empressa de la rattraper. Thomas ne tarda pas à le dépasser. Et Harry se disait que, s'ils étaient pris ici, ce serait pire que tout. Ils étaient complètement à découvert.

La silhouette du chat se dirigeait vers la forêt, Harry comprit pourquoi Thomas avait accéléré, il ne fallait pas que Bulstrode y suive le chat.

C'était le chaos, Thomas hurlait désormais le nom de Bulstrode, et cette dernière avait atteint la lisière de la forêt où le chat était entré.

Elle s'arrêta quand elle entendit son nom, se tourna vers eux. Harry ne pouvait distinguer son visage plongé dans l'obscurité.

Une idée lui traversa l'esprit, peut-être que ce n'était pas du chat dont il fallait se méfier, mais d'elle. Cette idée disparut quand il entendit Bulstrode paniquer, hystérique :

« JE DOIS LE SUIVRE ! IL LE FAUT ! »

Et surtout, enclin à un désespoir sombrement familier.

Quand elle disparut à son tour dans la forêt, Harry ne réfléchit pas à deux fois, il rejoignit Thomas et ils y entrèrent en même temps.

Le bruit du vent, des arbres et de la nature s'effacèrent, remplacé par un silence oppressant. Cet endroit était malfaisant.

« Où est-elle ? Demandait Granger qui venait de les rattraper, pendant que Thomas appelait Bulstrode.

Finch Fletchley était très pâle, il avait la bouche sèche et grande ouverte, il ne disait rien. Harry ne s'attarda pas, il suivit Thomas qui avait trouvé une piste : Bulstrode qui criait au chat de l'attendre.

C'était de la pure insanité, elle avait pété les plombs - ils avaient tous pété les plombs.

Harry ne s'était jamais senti aussi vulnérable, épié et oppressé dans cette forêt où il n'y avait aucun visibilité.

Aucun moyen de prévenir un danger, ni même de s'en défendre.

« Elle est là ! » Cria Thomas.

Ils la trouvèrent, seule, dans une semi-clairière. Ses cheveux étaient défaits par la course, la cape de son uniforme s'était ouverte sur une jupe qui était remontée jusqu'à ses cuisses. Harry remonta obligeamment son regard sur son visage décomposé. Bulstrode semblait sur le point de pleurer.

Apparemment, ses fantômes l'avaient rattrapée, elle avait fini par craquer.

Harry n'aimait pas être témoin de ce genre de spectacle. Il remarqua que Granger l'avait rejointe et qu'elle lui tenait les épaules des deux mains en lui parlant doucement.

« Millicent, s'il te plaît, il faut qu'on retourne au château, c'est dangereux ici. On essaiera d'attraper ce chat une autre fois, si tu veux. »

« Il voulait que je le suive ! » Répliqua-t-elle sourdement.

Elle se dégagea brusquement de Granger, pour observer les alentours à la recherche d'une trace de l'animal.

Harry nota que Finch Fletchley était toujours dans le même état et que Thomas se retenait pour ne pas

exploser, se voulant prévenant.

Harry, pour sa part, n'avait qu'une envie : uriner.

« Millicent je ne comprends pas ce que tu veux dire, ce n'est qu'un chat ! S'emporta Granger, frustrée.

- Je sais bien que ce n'est qu'un chat, mais quelque chose me dit qu'il veut que je le suive, continua Bulstrode.

- Et pourquoi donc ? S'interposa Thomas.

- Je- Je ne sais pas !

- Ne mens pas ! S'exaspéra-t-il.

- Va te faire foutre, Thomas, répliqua très élégamment Bulstrode.

- Millicent ! S'indigna Granger.

Elle s'apprêtait à répondre quelque chose de bien pire à Granger. Harry était pressé, il abrégea les retrouvailles.

- Peu importe, on ne devrait pas s'attarder ici, allons-y. »

Nul ne discuta, l'atmosphère sinistre des lieux leur pesait. Ils se mirent en marche. Ils avaient à peine fait quelques pas lorsqu'ils entendirent des bruits venant derrière les arbres. A l'endroit où se trouvait Bulstrode, elle se tendit. C'était un léger bruissement de feuilles. Harry n'aimait définitivement pas ça.

« C'est lui ! » Chuchota Bulstrode.

Elle n'eut pas le temps de bouger, car juste derrière Finch Fletchley vint un autre bruit. Bien plus imposant.

Ce dernier pâlit encore plus, si c'était possible.

Harry, qui était le plus proche, l'attrapa par le bras et le jeta derrière lui sans ménagement. Un coup d'œil par dessus son épaule lui indiqua que Thomas s'était armé d'un gros bâton.

Harry avait le cœur qui battait à tout rompre. Ses mains glacées étaient prises de légers tremblements.

Les bruits se firent de plus en plus marqués, des branches se cassaient et la terre grondait. Ce qui se préparait à venir n'était certainement pas un chat.

Harry recula, se sentant pris au piège. La présence bloquait leur voie pour retourner au château.

Il trébucha sur une racine, crut qu'il allait tomber sur les fesses, mais Finch Fletchley le retint. Ses bras le soutenaient sous ses aisselles, se croisant sur sa poitrine. Harry était bien trop obnubilé par l'arrivée imminente de la chose qui faisait trembler la terre pour faire attention au ridicule de sa position.

Les arbres se plièrent, craquèrent. Harry pouvait sentir la respiration saccadée de Finch Fletchley dans son oreille. Une ombre gigantesque les couvrit quand le géant apparut.

« Qu'est-ce que vous fichez ici ? »

Et le monde bascula quand Harry tomba dans la masse molle qu'était Finch Fletchley, lorsque ce dernier s'évanouit.

TBC...