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N'oublie jamais
Par Ein
Originales  -  Romance/Drame  -  fr
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    Chapitre 3     Les chapitres     7 Reviews    
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Chapitre 3

Chapitre 3

 

Cela fait six mois jour pour jour que Liz nous a quittés. Je n’ai pas revu William depuis l’enterrement, ni pris de ses nouvelles. Je me fiche bien de ce qu’il peut devenir, je lui en veux encore tout en sachant pertinemment qu’il n’a rien à se reprocher si ce n’est d’avoir trop aimé ma sœur et de me l’avoir volée. Aujourd’hui, c’était aussi ma dernière séance de thérapie. La perte de ma moitié m’avait profondément marqué, au point que mes parents avaient cru un moment devoir préparer un second enterrement. Mais tout ça c’est du passé. Ma sœur me manque toujours, énormément, mais j’arrive désormais à en parler sans devoir m’enfuir aux toilettes pour pleurer. Mon thérapeute m’a conseillé de sortir régulièrement pour me changer les idées sans pour autant m’enfoncer dans l’alcool, et de me trouver une petite amie ou quelqu’un qui m’aiderait à surmonter tout ça. J’ai suivi ses conseils à la lettre. Lucille Fabre, 22 ans, brune aux yeux noisettes, un peu ronde mais d’une gentillesse à faire pâlir le Pape de jalousie. Ça fait presque cinq mois qu’on est ensemble maintenant, ma plus longue relation et c’est sans doute fait pour durer. Tiens, en parlant du loup…

- Hello beau brun, comment tu vas aujourd’hui ?

Ma petite amie s’installe en face de moi et commande son habituel chocolat viennois au serveur avant de tourner ses yeux pétillants vers moi.

- Mmh ça va. Et toi ? je lui réponds, en trempant mes lèvres dans mon éternel café noir sans sucre.

- Mon petit frère m’a bousillé un de mes bas ce matin… Visiblement le film sur le braquage de banque qui est passé à la télé hier lui a fait forte impression, il s’est baladé avec mon bas sur la tête pendant trois heures, impossible de le lui retirer !

Un sourire se profile sur mes lèvres tandis que je m’imagine la scène. Sam, le petit frère de Luce a 8 ans. Petit dernier de la famille, il est adorablement trop gâté et savoure la toute puissance qu’il a sur la gente féminine de sa famille pour semer la pagaille dès qu’il en a la moindre occasion et se réfugie derrière sa mère ou ses sœurs pour éviter les punitions. Un vrai professionnel, j’en reste souvent béat d’admiration.

Le mardi après les cours, Luce et moi, nous nous installons toujours à la fenêtre du petit restaurant à quelques rues du campus. C’est devenu une habitude depuis quelques mois. On parle de tout, enfin surtout de rien mais ça me permet de nous décontracter après une rude journée. Je suis en dernière année de Fac de philo et lettres, j’ai dû recommencer mon année à cause d’une dépression mais je compte bien réussir aujourd’hui. Luce, quant à elle, est en avant dernière de Fac de communication. Nos horaires sont rarement les mêmes alors le mardi, on en profite. Je ne sais pas encore ce que je veux faire l’année prochaine, si je réussis mais je me vois mal enseigner. Je penche plutôt pour un boulot dans l’édition… Enfin on verra, je ne suis pas encore là.

Luce me parle de sa journée de cours, j’écoute d’une oreille distraite tout en observant l’extérieur à travers la vitre. Une silhouette se détache soudain du lot de passants. Est-ce moi ou l’allure de cet homme me parait familière ? Je l’observe plus attentivement… Emmitouflé dans son long manteau noir, je ne distingue de lui que sa tignasse châtain et son nez droit rougi par le froid de ce mois de novembre.

- Al’ tu m’écoutes ?

Je sursaute et m’apprête quitter l’homme du regard quand celui-ci tourne subitement la tête et jette un regard vers ma direction. Mon cœur rate un battement. Bon sang, comment n’ai-je pas pu le reconnaitre immédiatement ? Sans doute parce qu’il a changé, profondément. Ses yeux rieurs ont disparu pour ne laisser que deux orbites sombres, mortes… Ses cheveux courts ont poussé, et la  barbe de trois jours qui pointe sur ses joues n’auraient jamais existé à l’époque…

Je me lève d’un seul coup et me précipite vers l’extérieur sous le regard médusé de Lucille.

- Will !

Ma voix sonne bizarrement à mes oreilles, trop aigüe à mon goût, mais qu’importe puisque William s’est arrêté et se retourne lentement vers moi avec un air mortifié. On dirait qu’il a vu un fantôme… Et c’est sans doute le cas. Ma voix à l’instant ressemblait trop à celle de ma sœur pour que cela puisse le laisser indifférent.

- Allen, se reprend-il en me voyant arriver en courant.

Sa voix est rauque, grave. Il a changé en six mois. Ses joues sont creusées et ses vêtements négligés. Tout à coup, je ne sais plus quoi faire. Pourquoi l’ai-je appelé ? Pourquoi me suis-je jeté hors du restaurant pour le rattraper ?

- Je… Tu as un peu de temps, là ?

Il m’observe, je sens ses yeux à moitié morts se réveiller pour y accueillir une lueur de curiosité. C’est vrai qu’avant, je ne lui aurais jamais demandé de m’accorder un peu de son temps, plutôt mourir… Mais aujourd’hui, c’était Liz qui était morte, et nous deux encore en vie, en train de survivre du mieux qu’on pouvait…

- Je m’apprêtais à rentrer…

Merde, il va refuser. Et pourquoi je dis « merde » moi ? Je devrais plutôt être heureux ! Boire un verre avec ce mec ? Et puis quoi encore ?

- mais je n’ai rien de prévu.

Je reste sur le cul quelques secondes. Je ne m’attendais pas à ce qu’il accepte… et je ne sais pas si je suis heureux de sa réponse ou non… sans doute un peu, au fond.

- Ok, cool… ça te dirait de...

J’hésite. Qu’est-ce qu’il me prend ? Pourquoi ai-je soudain envie de discuter avec lui alors qu’un an auparavant, je lui aurais volontiers craché au visage ?

Oui, mais c’était avant…

- ça te dirait de boire un verre ?

Il accepte après quelques secondes d’étonnement. Je le comprends. Il doit se poser la même question que moi : « qu’est-ce qui me prend ? ». Je n’en ai aucune idée, mais j’ai soudain besoin de lui parler.

Je reviens sur mes pas, William derrière moi. Je me charge de faire les présentations : Lucille-William, William-Lucille. Ma petite amie comprend tout de suite ce qui se passe et, même si je sens qu’elle meurt d’envie de rester, elle déclare qu’il est temps pour elle de rentrer. C’est dans ces moments-là que je l’aime le plus. Elle sait se montrer discrète quand il faut, s’effacer au besoin. Un véritable soutien. J’aurais définitivement sombré sans elle… Et William, il a quelqu’un pour le soutenir lui ? Je n’ose pas lui poser la question. Je n’ose rien dire, en fait, et le silence s’épaissit, gênant, oppressant.

Je décide de me lancer.

- Comment tu vas ?

Il sursaute et me jette un regard surpris. Il doit se demander si je me moque de lui ou si je suis sincère. Je crois que je ne le sais pas moi-même.

- On fait aller… et toi ?

- Pareil.

Le silence reprend sa place. Pourquoi l’ai-je invité à boire un verre, bon sang ?! Qu’est-ce qui m’a pris ?

- La fille qui vient de partir… C’est ta copine ?

J’hésite un moment.

- Ouais…

- Mignonne… mais pas vraiment mon genre.

Merde, ce con m’a fait sourire, je n’en reviens pas. Évidemment que ce n’est pas son genre, William a toujours préféré les tailles de mannequin comme ma sœur. Les beautés fatales, les tailles de guêpes… Enfin pour le « beauté fatale », ma sœur pouvait repasser… quoique, quand elle s’y mettait vraiment… Je soupirai.

- Qu’est-ce que tu deviens ?

- Pas grand-chose. Ou plutôt toujours pareil. Mon boulot me prend pas mal de temps. Et toi ? Toujours aux études ?

- Dernière année de Fac. Je ne compte pas m’éterniser.

- Comment vont tes parents ?

- Toujours les mêmes.

- Je vois…

Merde, c’est quoi pour une conversation, ça ? À chier ! On tourne autour du pot !

- Tu vis seul ? Pas de petite amie, toi ?

Il garde le silence, je poursuis.

- Allez quoi, t’étais un vrai coureur de jupons, tu dois bien avoir quelqu’un… dis-je en me forçant un peu.

En réalité, je n’ai pas trop envie d’aborder le sujet mais la curiosité me ronge.

- Je… n’ai personne, murmure-t-il en baissant les yeux.

- Sérieux ? Personne ? Tu déconnes ! Depuis Liz tu…

- NE… m’interrompt-il brusquement.

Je me tais et l’observe. Ne ?

- Ne… prononce pas… son nom, poursuit-il plus bas.

- Hein ?

Je suis tellement surpris par sa réponse que je ne sais pas quoi dire. « Ne prononce pas son nom » ? C’est quoi ce délire ?

- J’ai… envie d’oublier. De l’oublier…

- Quoi ? Attend c’est quoi ce délire ?

- Je ne veux plus y penser… ça fait trop mal !

- Et alors !?

Ça me révolte qu’il veuille l’oublier ! C’est de Liz qu’il s’agit, bon sang !

- T’as vécu cinq ans avec elle, comment tu peux vouloir l’oublier !

Quand je m’énerve, ma voix monte dans les aigus et ressemble fortement à celle de ma sœur. Il a dû le remarquer car il tressaille soudain. Je décide d’enfoncer le bouchon un peu plus loin.

- Will !

J’utilise le surnom et le ton implorant que ma sœur avait l’habitude d’utiliser. C’en est trop pour lui, il craque. Je ne sais pas si c’est de le voir pleurer qui m’attendrit ou si c’est le fait qu’il n’ait toujours pas réussi à tourner la page. Parce que comprenez bien, je veux bien qu’il tourne la page, qu’il se trouve une autre petite amie et qu’il recommence sa vie, mais je suis totalement contre qu’il arrache la page nommée « Liz » et qu’il la jette aux ordures comme si elle n’avait jamais existé. Ça, c’est hors de question.

Je tends la main vers son visage mouillé de larmes qu’il cache entre ses mains mais suspend mon geste.

- Pardon.

Ma voix n’est qu’un murmure, je ne sais plus quoi faire. Il renifle et se mouche dans sa manche misérablement et je me rends compte combien il a maigri depuis six mois. L’homme que j’ai devant moi n’est plus que l’ombre de lui-même… et je comprends que son envie d’oublier n’est qu’une échappatoire à la souffrance qu’il a dû endurer seul durant ces six derniers mois… Mais ça ne m’empêche pas de lui en vouloir terriblement de désirer jeter les souvenirs de ces cinq années que Liz a passé avec lui plutôt qu’avec moi. Non, ça, je ne lui pardonnerai jamais.

 

oOo

 

Assis sur le tabouret haut de la salle de bain, je me regarde dans le miroir le résultat de mon chef-d’œuvre d’un œil satisfait. Depuis la mort de Liz, j’avais toujours refusé de me couper les cheveux, si bien qu’ils m’arrivaient maintenant aux épaules. Quelques coups de ciseaux bien ajustés, quelques traits d’eye-liner, un peu de fond de teint, un changement de style vestimentaire et le tour était joué. L’homme qui se reflétait dans la glace n’en était plus un. Mi-homme, mi-femme, ce visage androgyne en ferait douter plus d’un…

Et William en ferait partie.

 
 
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